Adrien était un bon gars, comme ceux qu'il croisait souvent près des collines de chez lui. Il était simple et si...vrai. Un peu trop timide sur les bords, mais pas mauvais. Il ne se cachait pas derrière un masque, chacun des mots qui sortaient de sa bouche étaient sincères, honnêtes...et Chems ressentait cette impression de l'avoir connu depuis longtemps. C'était une personne avec qui il voulait gardé le contact et il se demandait si, après un an d'apprentissage, Adrien perdrait cette même flamme qui l'animait maintenant au sujet de la magie. Chems espérait que ce ne soit pas le cas. Malgré sa tendance à dérivé sur ses bouquins, le garçon lui laissait une bonne impression. 
Mais il avait fallu qu'il fasse une bourde, comme à chaque fois. C'était plus fort que lui. Maintenant, il s'attendait à recevoir un saut d'eau froide en réponse à la disparition de la métamorphose dans les cieux, quelques larmes, et peut être même une réputation moisi. C'était pas vraiment important tout ça. Ce que Chems craignait surtout, c'était d'avoir définitivement gaffé avec le première année. 

À la place, un rire chaleureux et aimable souffla son malaise. Sa main crispé sur sa baguette se desserra d'un seul coup alors que son coeur se gonflait en voyant ce visage souriant et en entendant ce ton léger sans la moindre trace d'hostilité. Chems se laissa aller à un sourire détendu en lâchant ses épaules serrés. «Je crois que tu réfléchis à l'envers mon pote» ricana t-il de soulagement, en offrant sa main au garçon pour l'aider à se remettre sur ses jambes.  «Plus sérieusement, je fais comment pour mon cours? Tu pourrais m'aider?» Chems expira par le nez d'amusement. «Bien sur que je vais t'aider, je vais pas te laisser sans rien» 

La vérité, c'était que Chems avait déjà envisagé cette possibilité. Il n'aurait jamais prit le risque de faire disparaître complètement un objet qui, visiblement, tenait à coeur au première année, sans au moins une garanti derrière. Et il n'aurait lui-même jamais donné une valeur sentimental à un livre non plus en situation normal. Mais plus il y réfléchissait, plus une autre perspective le mettait de plus en plus mal à l'aise : Et si Adrien ou sa famille avait des difficultés avec l'argent? Ce n'était pas une chose auquel il pensait souvent, ou s'arrêtait pour réfléchir sérieusement. Sa propre famille n'était pas vraiment à l'aise sur ce plan. Son père s'en allait tapé à toute les portes pour ramener assez pour donner l'illusion d'une vie confortable. Chems avait gobé son manège pendant longtemps, avait toujours applaudit chaque fois que son clown de père revenait avec ce qu'il appelait à chaque fois un nouveau "travail révolutionnaire". C'est à sa première rentrée pour Poudlard que le jeune Poufsouffle avait réellement réalisé à quel niveau de l'échelle lui et sa famille se situait vraiment. Et si Adrien était dans la même situation ? Et si il avait lui aussi dû voir son père se démener pour lui acheter un livre pour au final le voir s'envoler à cause de l'intervention d'un deuxième année inconscient. 

Cette prise de conscience lui tordait l'estomac. Chems se précipita un peu en reprenant la parole, inquiet de laisser le nouveau dérivé sur des pensées pareilles. Ce n'était pas quelque chose auquel Adrien devait réfléchir maintenant. Pas pour cette première année à Poudlard dont il était si enthousiaste.

«J'te donnerais le mien ! J'ai exactement le même bouquin, il est presque neuf et il prend la poussière dans un meuble, se précipita le Poufsouffle en cherchant dans les pupilles brune la moindre trace de soucis pour pouvoir l'effacer. Tu verras même pas la différence... »

Adrien accepta la main tendue de Chems pour qu'il puisse se remettre sur ses jambes. Il était posté devant Chems, il espèrait que ce dernier puisse l'aider. Il ne pourrait jamais en vouloir à Chems, c'était une évidence. Sa plus grande crainte c'était son père. Il lui arrivait parfois d'avoir une crise de colère pour pas grand chose. Il savait qu'il aurait du mal à expliquer comment il a perdu son bouquin. Il n'arriverait pas à accuser Chems, il l'appréciait trop pour ça. Son père pouvait paraître assez calme quand on le voyait. Il avait un air assez sérieux qui pouvait effrayer certaines personnes. Ses cousins, quatre ans plus jeune que lui, lui disaient souvent qu'ils avaient peur de son père. Ils étaient loin d'être les seuls, Adrien craignait la colère de son père. La moindre erreur qu'il émettait pouvait coûter cher. Souvent, il voyait une forme d'injustice dans les punitions qu'il recevait. Lui venait en tête son père qui venait à renverser sans faire exprès sa tassee de café sur la nappe qui venait d'être lavée. Personne ne disait rien, sa maman disait simplement que ce n'était pas grave et que ça arrivait à tout le monde. Lorsque c'était Adrien qui faisait la même erreur, son père lui criait dessus. Il n'avait jamais compris cette différence de traitement. Il ne comprenait pas ce comportement. Sans doute que son père avait de nombreuses qualités mais elles étaient entachées par ce défaut qui pouvait prendre énormément de place. Il savait que sa mère lui dirait que ce n'est pas grave, elle lui enverrait la somme nécessaire mais Adrien espérait juste ne pas devoir se tourner vers ses parents pour leur demander une quelconque somme d'argent.

«Bien sur que je vais t'aider, je vais pas te laisser sans rien»

Par ces paroles, il fut rassuré. Il ne doutait pas que Chems était quelqu'un de très gentil mais là il en avait la confirmation. Adrien n'était pas insensible à cette volonté d'aider. Il est vrai que Chems était en tort mais il aurait pu très bien le laisser dans cette situation et partir sans dire un mot. Oui, il avait perdu son livre mais il avait gagné un ami. Il ne faisait aucun doute que cela avait une valeur beaucoup plus importante.

«J'te donnerais le mien ! J'ai exactement le même bouquin, il est presque neuf et il prend la poussière dans un meuble »

Chems portait un regard sur Adrien qui était réconfortant. Au fond il était content de se dire qu'il allait pouvoir utiliser le livre de Chems, peut-être lui porterait-il chance. La crainte de se tourner vers ses parents s'étaient évaporées. Sa famille ne manquait pas d'argent, disons qu'Adrien vivait dans une famille de classe moyenne. Ses parents travaillaient tous les deux et avaient la possibilité d’engranger assez d'argent pour avoir un budget acceptable. Ses grands-parents étaient assez riches, ils pouvaient aider en cas de besoin. Toujours est-il qu'Adrien détestait demander à ce qu'on lui paie quelque chose, il se limitait au strict minimum. Il aimait se débrouiller tout seul et ne pas se sentir dépendant d'une autre personne. Sans doute, aurait-il puisé dans ses économies si aucune solution n'avait été trouvée. Cela aurait éviter que son père s'énerve et lui ne se serait pas senti coupable de les amener à payer un bouquin qui avait déjà été acheté quelques semaines auparavant.

«Tu verras même pas la différence... »

Comme à son habitude, Adrien lui sourit. Chems le mettait à l'aise et faisait en sorte qu'il ne soucie plus de la perte de son livre. Ce côté réconfortant lui plaisait beaucoup.

«- C'est tellement gentil de vouloir me le donner, je n'ai pas de mot. Tu es vraiment sûr de vouloir me donner ton livre? Je ne voudrais pas que tu regrettes ensuite. Je sais, ton amour pour les livres est limité mais ça reste un livre de première année, un des premiers que tu as acheté pour l'école. C'est tout de même symbolique. »

Il se rapprocha un peu de Chems et lui tapota l'épaule en signe de remerciement.

«- Tu as des frères et sœurs? S'ils sont plus petits que toi, peut-être devrais-tu garder le livre pour leur donner ensuite, il sera utile. D'ailleurs tu viens d'une famille moldue, de sorciers ou tu es un sang-mêlé? J'ignore encore tout de toi. Tu n'as pas le choix de me répondre, après tout c'est de ta faute si je n'ai plus mon livre. Tu me dois ça en contre-partie. » dit-il avec un petit rire.

Il allait sûrement s'amuser à lui répéter souvent qu'à cause de lui il n'avait plus son livre. Il le ferait avec un peu d'humour mais il savait que ça pouvait être lourd de le rabâcher à chaque fois. Il se promit de faire attention pour ne pas perdre son ami Chems.

« Je sais, ton amour pour les livres est limité mais ça reste un livre de première année, un des premiers que tu as acheté pour l'école. C'est tout de même symbolique. »

Chems roula des yeux, un bout de sourire sur les lèvres. Théâtralement, il posa sa main droite sur son cœur, exagérant le jeu d’un chagrin fallacieux. « J'ai une bonne pile de livres symboliques sur mon bureau, mais t’inquiètes, je me remettrais d’au moins une petite séparation tragique » Il ne partageait pas la sensibilité débordante du première année de nature. Mais l’attention du garçon était étrangement agréable compte tenu du fait qu’il ne s’attachait généralement pas aux objets. La seule chose dont Chems avait besoin comme souvenir, il l’avait dans les discussions animées de la salle commune de Poufsouffle, dans les batailles d’oreillers de son dortoir, dans les amis et nouvelles connaissances, et dans toute la joie qu’il ressentait à partager son expérience avec eux. Adrien faisait aussi partit de son expérience rocambolesque maintenant. Mais son livre de première année presque neuf ? Chems était surprit de s’être rappelé ne serait-ce que de la couleur de sa couverture.

La discussion prit une tournure inattendue que le deuxième année se surprit d’entendre la requête de son nouvel ami.  Qu’en plus, Adrien commence à faire usage de la plaisanterie le laissa aussi épaté que béat. Il était vraiment bien plus qu’un garçon timide ! Osera-t-il le croire, Chems avait même renifler un dessous de sournoiserie à l’entendre faire cette espèce de chantage qui le fit s’esclaffer à gorge déployée. -Voyez-vous ça ? « PffftAHAHAH !!! Tu manques pas d’air ! Mon livre de compensation te suffit pas comme excuse alors ? » railla-t-il entre deux souffles, essuyant une larme de coin en azimutant Adrien, les épaules encore secoué de son fou rire. Intérieurement, la violence de sa propre réaction le laissa dubitatif. Le soulagement de ne pas avoir provoquer de mauvaise réaction à cause de sa bêtise, l’euphorie de voir Adrien s’accommoder à sa présence malgré leur départ de discussion tendu, -mais aussi tous les rappels et souvenirs que le garçon avait involontairement fait ressurgir de sa propre première rentrée avaient créé un cocktail d’émotion que Chems n’avait pu faire ressortir que par un rire convulsif qu’il se força à atténuer pour reprendre le fils de la conversation. « En plus c'est pas vrai ce que tu dis ! Tu sais maintenant que je suis hypra talentueux pour défaire mes sortilèges » renifla t-il en levant exagérément son nez, avec une attitude faussement présomptueuse.

Mais les sous-entendus persistant de la question d’Adrien ramenèrent vite un semblant de sérieux et dissipèrent son hilarité lorsque ses pensées se posèrent sur son grand-frère. Aidan… Il aimait bien se moquer de son frère, ramenant tout à leur rivalité. Mais cette fois ci, Chems n’avait pas envie de rire de ça. Aidan avait été très bizarre durant les vacances. Beaucoup plus bizarre qu’habituellement. Les disputes d’ordinaire superficielles se faisaient de plus en plus sérieuses. Les temps d’isolements plus longs. Et les sourires plus rares… Chems ne voulait pas croire que les choses avaient changés entre eux…
Inspirant brusquement par le nez pour se débarrasser de ces idées bien moins joyeuses, poussant ses deux mains dans ses poches, il releva son visage, qu’il ne se souvenait pas d’avoir baissé, vers celui d’Adrien, un rictus cette fois moins large au bord des lèvres. « J'ai un grand frère, mais il a pas de magie. »

Il s’arrêta soudainement, dévisageant les pupilles brunes de ce garçon qu’il venait à peine de rencontrer. Adrien était un gars sympa et honnête, il se sentait presque à l’aise à l’idée de lui parler de chose dont il ne parlait pas habituellement si il pouvait évité de le faire. Mais plus il essayait de se convaincre de répondre plus honnêtement, poussé par cette étrange confiance qui résultait de cette échange innocent, plus il sentait l’atmosphère perdre de sa légèreté. Il n’avait pas envie d’écraser cette sérénité à coup de souvenirs amers. Pas maintenant. Alors il préféra rapidement dévié vers son père, si fou de magie et moldu lui aussi. « Il sait pleins pleins de chose ! Plus que moi même » gloussa t-il, des images plus colorés et amusantes florissant cette fois dans son esprit. Un oiseau passa proche d’eux pour se poser sur une des arcades détourant une partie du parc, lui rappelant sa plus récente métamorphose partit trop vite et rajouta : « Il lit beaucoup sur la magie…. un peu comme toi » sourit-il sincèrement en désignant le première année d'un mouvement de menton sans sortir ses mains de ses poches. « On a tout les deux une famille moldu ! » élucida-t-il, les yeux brillants, sans se soucier de son intonation ou des têtes d’élèves s’étant retournés autours d’eux.

Un éclat de lumière refléta soudainement sur l’appareil photo d’Adrien, attirant son attention. Mince ! Il avait presque oublié ! Involontairement, il avait ignoré ce sujet un moment dans leur discussion, trop emporté par son idée calamiteuse de métamorphose. Grimaçant légèrement de sa propre attitude, mais irrémédiablement attiré par la direction de la conversation plus par curiosité à l’égard d’Adrien que par envie de raconté sa propre vie en dehors de l’école, il poussa sa chance : « Je peux les voir tes photos ? »

« J'ai une bonne pile de livres symboliques sur mon bureau, mais t’inquiètes, je me remettrais d’au moins une petite séparation tragique »

Adrien savait qu'il s'en moquait de son livre. Ce non-attachement aux livre le fit réfléchir. Il avait pour grand défaut de garder toutes ses affaires sans les jeter de peur que ça lui manque. En réalité, la plupart des objets qu'il avait, il n'y prêtait pas attention. Ils les laissaient rangés et les oubliaient quasi. Cela lui rappela les paroles de sa mère. Bien que sa mère soit très gentille, elle lui répétait souvent qu'il pourrait ranger sa chambre et qu'elle voulait bien l'aider. Adrien refusait chaque fois, il avait peur du déchirement qu'il aurait en se séparant d'un objet. Son père, par contre, ne supportait pas cette forme de désordre et s'énervait assez souvent en rentrant dans la chambre d'Adrien. En plus d'avoir des affaires inutiles, il était bordélique. Adrien avait ce fâcheux défaut. Il ne supportait pas qu'on vienne remettre ses affaires en ordre.Il avait l'impression d'être perdu et ne savait plus où se trouvait tel ou tel objet. Au fond ce désordre apparaissait comme ordonné dans sa tête. Il se demandait comment il retrouverait sa chambre quand il reviendrait chez ses parents. Toute ces pensées l'amenèrent à réfléchir et il se demanda s'il ne fallait pas parfois se séparer de choses. Chems l'avait sans doute mener à comprendre que le matériel était loin d'être important, l'amitié passait bien au-delà.

« PffftAHAHAH !!! Tu manques pas d’air ! Mon livre de compensation te suffit pas comme excuse alors ? »

Adrien se mit à pouffer de rire. Il avait eu une de ses chances de rencontrer Chems. Il l'avait percuté et s'en était suivi une belle conversation. Il aimait être en sa présence, il avait l'impression d'être lui, d'être plus à l'aise et de pouvoir rire sans être jugé. Ce sentiment de bien-être se voyait dans son regard qui brillait de mille feux. Il regardait le visage de Chems qui semblait bien détendu, tout paraissait sincère et cela ne faisait que le rassurer.

Alors que la conversation semblait se passer très bien, le visage de Chems s'assombrit tout d'un coup. Adrien sentait son cœur battre à grande vitesse, il lisait dans la posture de Chems qu'il était moins à l'aise. Quelque chose semblait être venu à toute vitesse s'infiltrer dans sa tête, le rendant un peu triste. Adrien tentait de garder le sourire, pas pour faire semblant de rien mais pour que Chems se sente à nouveau bien. Le sourire est parfois le meilleur des remèdes, c'est ce que sa grand-mère lui disait souvent. En voyant Chems regarder vers le bas, Adrien fut inquiet mais il se taisa. Il voulait lui tendre la main ou lui faire un câlin mais il n'osa pas. Il ignorait ce qui trottait dans la tête de Chems.

« J'ai un grand frère, mais il a pas de magie. »

Adrien comprit qu'il devait éviter de reparler de ce sujet ou en tout cas en parler à autre moment quand ils se connaîtraient mieux. Il ne voulait pas le mettre dans un état pareil, il voulait le voir bien, c'était important pour lui. Par ses paroles, Adrien pu constater que ce n'était pas toujours simple pour ceux qui n'avaient pas de magie d'accepter que l'autre ait cette capacité. Adrien avait eu la chance que personne n'était jaloux, ils étaient plutôt fiers. Ses frères n'avaient pas encore pu voir ses capacités. Certes, dans son enfance il y avait eu des évènements inexplicables autour d'Adrien mais jamais il avait pu faire un sort de son plein gré.

Lorsqu'il parla de son père, Chems semblait plus serein. Il était revenu dans son état de départ. Adrien sentait que son stress s'était évaporé. Il n'avait pas perdu le Chems qu'il appréciait tant. Ils avaient un point en commun, qui n'était pas des moindres, il venait d'une famille moldu. Adrien était heureux, il se sentait encore plus lié à Chems. Il savait maintenant qu'il n'était pas le seul, il avait une preuve à l'appui, il ne se sentait plus si différent. Adrien regarda son appareil photo, il se dit dans sa tête "merci de m'avoir fait croiser Chems", comme si l'appareil avait pu vraiment choisir de le merner à sa rencontre.

« Je peux les voir tes photos ? »

Adrien s'empressa d'allumer son appareil photo pour lui montrer les nombreuses photos qu'il avait déjà pu faire.

«Bien sûr que tu peux les voir, je suis content de les partager avec toi. D'ailleurs ça te dirait de faire une photo ensemble? Je pourrais la montrer à mes parents, ils seront contents de voir que je fais de belles rencontres. Comme tu peux le voir j'ai fait des photos d'un peu partout, je prends des détails. Je trouve que l'architecture du château est magnifique. J'ai zoomé sur certaines parties. Je ne vais pas leur envoyer tout, sinon ils vont s'endormir.
Par contre, je sais que tu aimes bien transformer les objets que j'ai, j'espère que mon appareil ne va faire les frais de ta sorcellerie. Tu es sans doute très doué mais je préfère que mon appareil reste auprès de moi, je ne voudrais pas qu'il devienne un oiseau ou je ne sais quel autre animal.» dit-il en riant.

Y’avait un sacré nombre de photos. En scrutant les différents plans prit par le première année, il se reprit plusieurs fois à s’interroger sur la provenance et la localisation de certaines photos, et réalisa combien il avait manqué plusieurs détails de son entourage. Comment avait-il pu rater autant de chose en ayant vécu presque un an entre les murs de ce château ? Chems renifla. Il ne pouvait pas faire l’ignorant, pour sa première année, il avait été très distrait, perturbé par les différences entre le monde magique et moldu. Mais Adrien ?...

Levant les yeux sur le visage souriant du garçon, le Poufsouffle le dévisagea, admiratif, en l’écoutant à moitié. Adrien n’était pas comme lui. Il avait cru que cette timidité envahissante était un désavantage dans l’observation et l’appréciation des choses. Mais ce garçon possédait déjà, contre toute attente, un sang-froid que lui n’avait pas eu à sa place. Adrien avait mis moins d’un mois pour commencer à se projeter dans Poudlard quand lui en avait pris six. Il parlait déjà avec tant d’enthousiasme, et souriait face à l’inconnu quand lui avait voulu se détourner de ce monde. Rien que pour ça, Chems savait qu’il entretiendrait un respect pour ce première année étourdi mais pas moins impressionnant –et un peu trop amateur de bouquin. Perdu dans ces pensées, il se laissa surprendre par la demande soudaine du garçon.

Prendre une photo ensemble ? Chems fixa l'appareil, perplexe, mais finit éventuellement par hocher positivement la tête. Pourquoi pas après tout. « Alors comme ça je suis une belle rencontre ? » taquina le Poufsouffle, chineur, en haussant un sourcil, zieutant le première année en diagonale. « Je suis touché »

Il plaisantait, mais un sourire persistant ne semblait plus vouloir quitter ses lèvres. Chems n’était pas souvent du bon côté de la barrière. Il était plus habitué à être le vaurien du village que la "jolie rencontre".  Ce n’était pas une sensation désagréable d’avoir une image impeccable (pour au moins le temps que ça prendra.) Aussitôt Adrien aura t-il raconté à ses parents comment son bouquin tout neuf c’était retrouvé à voler indépendamment, cette image toute clean serait entaché. Mais qu’importe ! Du moment qu’Adrien ne lui tenait pas rancœur, il se foutait bien du reste.

« J'espère que mon appareil ne va faire les frais de ta sorcellerie » « …. »

Ou peut être qu’il l’avait un peu en travers de la gorge finalement… Pas étonnant. Chems avait fait disparaître son passe-temps favori… « Me tente pas ou j'le transforme en crapaud ....-quand j'aurai appris le sortilège » précisa t-il, croisant les bras sur sa poitrine en faisant semblant d’être vexé. Il ne tint pas l’acte longtemps cependant, les prémices d’un recours curieux au bord des lèvres. « Ok pour la photo ! Mais à une condition … »

Chems savait déjà qu’il allait pousser le bouchon trop loin, qu’il dépassait les bornes du raisonnable. Venait-il à peine de métamorphoser irréversiblement son livre qu’il quémandait encore la confiance d’Adrien. Mais ma foi, il n’en ressentait aucune gêne. Ça pouvait marcher comme ça ne pouvait pas… Il saurait pas tant qu’il aura pas essayer de toute façon. Alors il se planta devant le garçon et tendit sa main : « C’est moi qui la prend. »

Adrien était heureux de passer en revue toutes les photos effectuées ses derniers jours. Il avait parfois du mal à savoir où il avait fait la photo mais ce qui comptait c'est qu'il montrait une part de sa vie. Oui, il aimait lire mais Adrien ne se définissait pas qu'à cela. Il avait d'autres caractéristiques. Il prenait un malin plaisir à montrer ses différentes facettes. Il ne voulait pas être vu comme l'intello. Sa vie n'était pas qu'étude et c'était une très bonne chose. Adrien avait besoin aussi de se détendre et de profiter du lieu dans lequel il était. Il serait bien triste qu'il reste dans la bibliothèque tous les jours sans porter son regard vers le monde qui l'entoure. Il aimait regarder les paysages qu'il avait photographiés à des heures différentes. Le château était d'une merveille lorsqu'il était pris en plein coucher du soleil. Les quelques nuages prenaient la teinte rose, cela avait pour effet de faire rêver le jeune garçon.

Il sentait que Chems le dévisageait plus qu'autre chose mais il n'y prêta pas attention, il continuait sa tirade tout en souriant.

« Alors comme ça je suis une belle rencontre ? »

Évidemment que ça en était une. Adrien ne prendrait pas autant de plaisir à lui parler si c'était l'inverse. Il aurait fui le plus vite possible pour ne plus avoir affaire à lui. Il aurait pu être déçu d'avoir perdu son livre mais le fait de gagner un ami avait largement compensé cette perte matérielle. Adrien comprit après quelques secondes qu'il plaisantait par cette question.Il était rassuré de voir qu'il voyait bien que pour Adrien c'était une très belle rencontre, sans doute la plus belle depuis son arrivée à Poudlard.

« Me tente pas ou j'le transforme en crapaud ....-quand j'aurai appris le sortilège »

Adrien ria de la situation. Cet air faussement boudeur que prenait Chems ne pouvait qu'amener le jeune Serpentard dans un fou rire. Il savait de mieux en mieux déceler quand Chems plaisantait. Cela ne faisait pas longtemps qu'il le connaissait mais assez pour voir sur son visage ce qu'il pensait réellement. Il pensa tout de même à la possibilité que Chems transforme son appareil en crapaud. Il n'avait pas intérêt à le faire car il était évident qu'il serait déçu. Cela avait beaucoup plus de valeur que son livre perdu. Ses photos étaient uniques et il avait pris le temps pour photographier chaque endroit du château. En un sort, il pouvait tout perdre et ça l'effrayait rien que d'y penser. Il savait que Chems ne le ferait pas mais peut-être qu'une autre personne mal attentionnée pourrait le faire.

« Ok pour la photo ! Mais à une condition … C’est moi qui la prend. »

Adrien se demanda s'il s'agissait d'une farce ou non. Il lui avait déjà pris son livre et l'on sait chacun ce qu'il est devenu. Comment Adrien allait-il pouvoir trouver une parade pour éviter que ce soit Chems qui la prenne. Il lui faudrait un certain temps avant de lui faire totalement confiance. Il avait peur qu'il veuille à nouveau l'impressionner et que pour finir son appareil photo subisse des dégâts.

«Je ne doute en rien de tes talents pour faire des photos mais je préfère la faire moi-même. Cet appareil m'a couté assez cher donc je préfère ne pas te le confier. J'espère que tu comprends, ce n'est pas contre toi. Il a une valeur sentimentale très grande.»

Adrien se sentait un peu mal à l'aise de devoir lui dire ça. Il ne voulait pas lui faire du mal. Après tout, il ne le connaissait à peine et il le voyait un peu comme quelqu'un de maladroit. Même s'il savait qu'il avait l'envie de bien faire, le résultat n'était pas toujours celui escompté. Adrien posa son regard vers le sol, il ne voulait pas voir dans le regard de son ami une forme de déception.

Logique...

Chems n'était pas surprit par le refus d'Adrien au vu de comment ça c'était terminé la première -et probablement dernière- fois que le première année lui avait donné sa confiance. Un appareil dont il se servait pour ramener des souvenirs à sa famille, et probablement assez cher aussi...Chems se doutait un peu de sa réponse avant même de tendre sa main, qu'il laissa d'ailleurs nonchalamment retombé. 

Les yeux fixé sur l'outil inaccessible, un demi-gémissement de caprice s'échappa du fond de sa gorge et il dû s'empêché de rouspéter de justesse. Dommage... il aurait aimé testé. Chems trouvait beaucoup de plaisir à dessiner quand l'envie lui prenait, et son manque de patience était souvent compensé par sa concentration sur le modèle qu'il choisissait de représenter, donc il ne s'était jamais arrêté sur l'idée de prendre des photos. Le résultat était approximativement similaire au fond. Mais comme le première année s'adonnait à l'activité avec tant de passion, bien sûr, ça avait eu le don d'attiser sa propre curiosité pour ne pas changer.

C'était rapé d'avance, mais Chems n'était pas du genre à laisser passer ses opportunités par prudence. Maintenant, il pouvait soit faire du forcing comme il aimait bien le faire, ou se trouver un autre appareil photo à tester et laisser Adrien respirer parce que c'était un mec sympa et que Chems voulait pas le mettre  trop dans l'embarras, surtout vis-à-vis de sa timidité affolante. Levant les yeux sur le visage du première année pour tester la température, il réalisa trop tard qu'Adrien était déjà dans l'embarras. Et voila qu'il se remettait à dévorer le sol du regard! Il se fustigea mentalement en laissant tombé ses épaules de découragement : Bien Chems, t'as tout gagné...Ok..peut être que juste avec Adrien, il devrait penser à être prudent finalement. Le Poufsouffle ferma les yeux et se mordit la langue, soufflant silencieusement par le nez. C'était comme ci ils étaient revenus à la case départ. Il sentait presque l'atmosphère se refroidir et la volonté du première année à s'éloigner au plus vite de ce sujet...voir pire, de cette conversation. Oh non non non, Chems laisserais pas le garçon s'échappé sur un malentendu, une incompréhension, ou n'importe qu'elle autre bêtise qui bousillerait ce qu'ils avaient déjà réussit à construire. D'autant qu'il l'aimait bien ce gars.

Prenant les devants, il s'approcha et passa précautionneusement son bras gauche autours des épaules d'Adrien. « Écoute mon pote, commença t-il doucement pour par bousculer le première année dont il avait apprit à se méfier de la sensibilité, ce qu'on va faire c'est qu'on va prendre cette photo-, il s'interrompit brusquement et se ravisa pour éviter d'amplifier la confusion, et par on, je veux dire toi.»  Précisa t-il, se raclant la gorge pour bien mettre l'accent sur le fait qu'il avait entendu son plaidoyer pour ne pas qu'il touche son appareil et qu'il n'en était pas gêné ou peu importe ce qu'Adrien était en train d'imaginer que ce refus avait provoqué. Au mieux, qu'il s'en fichait.  Chems reprit, le prémisse d'un sourire amusé au coin des lèvres devant la situation. Y'avait mieux pour rassurer... « Et il va falloir que tu relèves les yeux pour ça ok? »

Souriant, il attendit de voir la réaction d'Adrien, incertain de sa performance, mais au moins sûr d'avoir été clair sur la question du " J'espère que tu comprends, ce n'est pas contre toi". Il haussa un sourcil et rajouta pour la forme : « À moins que t'es changé d'avis et que tu préfères prendre une photo avec le sol ? »

Fin du RP pour moi, merci beaucoup pour cet échange, c'était bien chouette

Adrien lorgnait le sol sans soulever son regard. Peut-être que Chems serait déçu de sa réponse, peut-être avait-il perdu un ami à cause de sa réaction. Il n'arrivait pas à chasser de ses pensées le pire des cas de figure. Il avait passé un tellement beau moment avec lui qu'il ne voulait absolument pas que la fin soit négative. Il était même prêt à changer son discours pour lui prêter son appareil photo. Chems arriva à l'extraire des ses pensées en venant auprès de lui et en posant son bras sur ses épaules. Il avait toujours un peu peur du contact tactile avec les gens surtout quand il s'agissait d'un garçon mais il ne releva rien, Chems était quelqu'un pour qui il avait de l'affection. Ce geste ne le perturba pas.

« Écoute mon pote, ce qu'on va faire c'est qu'on va prendre cette photo et par on, je veux dire toi.Et il va falloir que tu relèves les yeux pour ça ok? À moins que t'es changé d'avis et que tu préfères prendre une photo avec le sol ? »

Adrien releva son regard et regarda Chems dans les yeux, il lui sourit. Bien sûr qu'il souhaitait avoir un beau souvenir avec Chems, bien sûr qu'il voulait faire cette photo. Il était content de voir que Chems ne l'avait pas mal pris. Le sol était beaucoup moins intéressant que son nouvel ami, cela ne faisait aucun doute.

«Tu sais bien que c'est avec toi que j'ai envie de prendre la photo. Bon, il faut avouer que le sol est très beau aussi et qu'il supporte mes foulées sur lui tous les jours, mais il ne dit pas grand chose.» dit-il avec un petit rire.

Il prit son appareil photo et le dirigea vers eux deux. Il regarda attentivement pour faire en sorte qu'ils soient tous les deux bien au centre de la photo. Il décida d'en prendre plusieurs pour s'assurer qu'il y en ait au moins une qui soit bonne. Il regarda ensuite le résultat, c'était parfait. Chacun souriait et avait une tête des plus acceptables. Adrien n'aimait pas trop faire des photos de lui, il ne se trouvait pas très beau mais le principal c'est que les deux avaient l'air heureux. Adrien fit une accolade à Chems.

«Merci Chems, mes parents seront contents de voir que j'ai un ami. Je dois rentrer dans ma salle commune pour terminer un devoir. J'espère que nous nous reverrons, tu es une chouette personne.»

Adrien avait toujours peur de perdre ses amis, il craignait qu'ils trouvent quelqu'un de mieux, de plus sympathique, de plus drôle. Il savait qu'il n'était pas parfait mais il osait croire que sa personnalité était suffisante pour que Chems veuille garder contact avec lui. Il lui serra la main et lui fit encore un grand sourire tout en regardant les yeux de son interlocuteur.

Leurs chemins allaient se séparer pour un temps, en tout cas Adrien espérait que cela ne serait que temporaire. Il se dirigea vers l'école et fit un signe de la main à son nouvel ami. Il continuait son chemin tout en regardant derrière lui de temps en temps pour voir si Chems était encore là, que tout ce qui s'était passé était la réalité. Oui, il savait intimement que c'était réel mais il restait une part de doute malgré tout. Il était de plus en plus loin de Chems et leur conversation lui manquait déjà.

Rentrant dans le grand château, il ne pouvait plus voir Chems. Il rentra dans la Grande salle quelques instants, il vit que Poufsouffle avait pas mal de points et que Serpentard aussi. Quelques points vinrent se rajouter chez Poufsouffle et malgré cela Adrien était content, il avait un ami dans cette maison, il ne les voyait plus comme des concurrents. Peut-être que cela ne signifie pas grand chose pour certains, mais dans la tête d'Adrien, cela voulait dire beaucoup.

Il reprit son chemin pour se diriger vers la salle commune. Il n'avait plus son livre mais il ressortait enrichi de sa petite virée. Il avait construit une belle amitié avec une chouette personne et il espérait que cette relation soit de longue durée. En attendant, il regardait les quelques photos qu'il avait fait durant cette journée et il eut un grand sourire en voyant Chems. Oui, les belles rencontres ont lieu aux moments les plus inattendus et c'est cela qui rend encore plus beau l'évènement.