Elwing était stressée.  Hier, elle avait rencontré Juliette, elle était tombée amoureuse, elle ne se l'était pas avoué.  En rentrant, sa meilleure amie Hélène lui a fait comprendre, et la jeune Poufsouffle a l'intention de parler à celle qui lui faisait perdre ses moyens et de lui avouer ses sentiments, sur les conseils d'Hélène.
  La jeune fille arriva au parc, elle espérait que la Gryffondor viendrait, elle était partie si précipitamment que cela avait dû sembler étrange, peut-être impoli.  Elle devrait s'excuser.  Elwing repensa au visage de Juliette, à ses cheveux roses, soyeux, à ses yeux d'un bleu profond, à ses formes si parfaites, à son sourire...  Elle s'en souvenait dans les moindres détails. 

  La jeune fille fut tirée de ses pensées, Juliette sortait du château.  Elwing la regarda, elle semblait chercher quelque chose.  La Poufsouffle hésita quelques secondes *Tu peux le faire Elwing, tu peux le faire*, elle se leva et se mit à courir le plus vite possible dans la direction de la Gryffondor.  Elle arriva devant elle, essoufflée, si bien qu'elle dût reprendre son souffle avant de pouvoir prononcer un mot.

- Salut, ça va ?  Je voulais savoir si... si tu avais réussi à faire ton devoir de Botanique !  Tu peux me demander des explications quand tu veux !  Hum...  Désolée d'être partie vite hier, je devais réfléchir...  Mais j'ai mes réponses maintenant.

Juliette avait dit qu’elle serait là. Le lendemain, au même endroit, à la même heure. Et elle y était. Au même endroit, à la même heure. Elwing était déjà là. 

Toutes deux avaient l’air très gênées, et l’étaient. Juliette avait essayé, tant bien que mal, de se concentrer, mais ni Raphaël ni ses pensées ne l’y ont aidé. Elle ne l’a pas fini, au final. 

Le soir même, son sommeil fut perturbé. Les regards qu’elles s’étaient lancés... Les gênes soudains qui peuplaient leur conversation... Et le départ subite et rapide d’Elwing. Mais que se passait-il, bon sang ?

« Toi aussi tu as eu besoin de réfléchir ? Moi aussi, et pas que sur mon devoi. D’ailleurs, en parlant de lui, je l’ai pas fini. Mais ça vient doucement, j’ai plus besoin d’aide. J’ai déjà bien avancé. ». 

Elle mentait. Elle n’avait écrit qu’une ou deux phrases en plus, ce qui n’était pas suffisant. Elle regardait ses pieds en se mordant la lèvre, tout en espérant que ça ne se voit pas. 

Relevant vite ses yeux, elle plongea son regard dans celui de la Poufsouffle de seconde année face à elle, et s’y sentit bien. Quelques secondes passèrent, regard dans regard. Alors, Juliette prit la parole :

« T’as quelque chose à me dire ? Je te laisse parler en première, après je parle. »

- T’as quelque chose à me dire ? Je te laisse parler en première, après je parle.

- Hum, heu, hum...  Je...  Enfin je croyais pas que t'allais dire ça, bon, c'est vrai, je dois te dire un truc.

  Elwing respira un bon coup, elle inspira et expira longuement en fermant les yeux.

- Tu viens t'asseoir ?

  La Poufsouffle s'assit à l'ombre d'un arbre, suivie de Juliette.  Son coeur battait tellement fort dans sa poitrine qu'elle avait l'impression qu'il pouvait exploser à tout moment.  La jeune fille n'arriva pas à parler au début, alors elle essaya de le faire avec le regard.  Elle regardait Juliette avec tout l'amour qu'elle pouvait ressentir. 
Elwing prit son courage à deux mains et parla.

- Bon...  Par où commencer...  Hier, je t'ai vue venir vers moi, c'était la première fois que ça m'arrivait.  J'ai senti un truc, je comprenais pas trop à ce moment-là.  C'était comme une connexion immédiate !  Après, je sais pas trop, j'étais perdue.  J'ai parlé à Hélène, ma meilleure amie, et là, j'ai compris ce que je ressentais. 

  Elwing n'arrivait pas à le dire, les mots qu'elle devait prononcer étaient trop lourds pour que ce soit si simple.  Elle ne les avait jamais dit à personne, et encore moins à une fille.

- Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire, je n'y arrive pas...  C'est... compliqué...

Juliette, une fois assise près d’Elwing, commença à avoir chaud. La température ambiante était agréable les autres moments, mais, à l’ombre de cet arbre, elle était écrasante et lourde. Pour calmer son stress, elle joua avec une mèche de ses cheveux, comme si un monstre était coince entre deux longues particules roses, et qu’elle voulait le chasser. 

La jeune fille écouta sa camarade, sans vraiment la regarder. Elle espérait ne pas la vexer, car là n’était pas son but. Elle n’arrivait juste pas à poser son regard sur les traits fins de la Poufsouffle. Beaucoup de gens trouvaient charmante Juliette, mais avaient-ils déjà vu Elwing ? Sûrement pas. 

Dans ses paroles, l’interlocutrice de la Gryffondor paraissait hésitante. Elle l’était. Pourquoi ? La fillette n’en avait aucune idée. Juliette aussi le serait, lorsque ce sera son tour de s’exprimer. Mais qu’est-ce que la Poufsouffle était mignonne, lorsqu’elle était gênée !

Elwing s’arrêta de parler. Complétement. La fillette aux cheveux roses pensa qu’elle allait continuer, mais, au bout de quelques secondes, le silence était toujours là. L’enfant aurait aimer parler, pour inciter sa camarade à continuer, mais sa gorge était trop nouée pour cela. Elle fit donc un signe de tête, et espéra que sa camrade l’eut vu. 

Elle même gênée, la Johnson se déplaça sur le banc, histoire d’être encore plus droite pour cacher son malaise et son gêne. Pourquoi, mais alors pourquoi, ces sentiments se glissaient toujours sous la peau de Juliette seulement au pire moment ? Une malédiction, sûrement.

  Juliette ne répondait pas, Elwing commença réellement à stresser.  Et si Juliette ne l'aimait pas ?  Avait-elle compris quelque chose des sentiments d'Elwing ?  La Poufsouffle avait mille questions en tête.  Elle avait besoin d'une réponse.  Elle ne pouvait s'arrêter de contempler le visage magnifique de cette fille qu'elle aimait, il exprimait du stress, de la gêne peut-être...  Elwing se rendit compte que c'était assez similaire à ce qu'elle ressentait, cela pouvait vouloir dire ses sentiments étaient réciproques ?  Il fallait que la Poufsouffle en soit sûre.

- N'ai pas peur de parler, je...  J'ai peut-être plus de faciliter à sortir des sons mais cela ne m'aide pas à te dire ce que je voudrais te dire.  Bon, je vais te dire quelque chose d'important, vraiment important.  Je ne sais pas ce que tu ressens de ton côté mais je ne peux plus attendre, ça me brûle les lèvres.  Juliette, je...

  Les mots ne sortaient pas, et Elwing commença à s'énerver contre elle-même de ne pas en être capable.  C'était si contradictoire, ce qui pouvait être dans sa tête et ce qui était possible d'en sortir.  La jeune fille était persuadée qu'elle arriverait à le dire, elle se redonna du courage et respira longuement.  Elle regarda Juliette dans les yeux, lui sourit, posa sa main sur la sienne et se lança.

- Juliette, je t'aime.

Juliette n’en croyait pas ses yeux. Du moins, ses oreilles, car elle regardait droit devant elle, le dos crispé, et le visage effaré. Elle ne savait pas quoi faire, ni quoi dire. Elle aimait Elwing. Elwing l’aimait. C’était bien. Mais après, que faire ? 

« Ah, heu... je... ». 

La Gryffondor enchaînait des syllabes incompréhensibles et avait plus honte qu’autre chose. Les mots ne marchaient pas, elle n’arrivait pas à en enchaîner deux correctement. Pourtant, elle savait quoi dire. Elle l’aimait aussi, même si ses sentiments étaient confus. Elle en était sûr, ou presque. 

Les gestes marcheraient peut-être mieux que les paroles ? L’enfant commença par se décrisper, puis, elle se tourna vers Elwing, et ses yeux se remplirent d’étoiles. Elle tendit la main pour serrer la Poufsouffle dans ses bras puis se ravisa, et prit la main de sa camarade dans ses mains. Leurs doigts se lièrent, comme par enchantement. Juliette ne savait pas exactement ce qu’il se passait mais la peau de sa bien-aimée contre la sienne était douce, et leurs gestes comme assurés, bien que prudents. 

Autour d’elles personne. Du moins, personne pouvant gâcher leur moment. Aucun bruit ne perçait cette bulle de bonheur qui entourait les deux premières années. Leur regard se croisèrent, et Juliette en oublia de rougir. Ça ne risquait pas d’arriver de nouveau, car l’amour liait les deux cœurs, à présent. 

L’amour est puissant, si puissant...

  Elwing attendit la réaction de Juliette.  Ces secondes lui semblaient des heures...  Elle balbutia quelques mots que la Poufsouffle ne comprit pas.  Elle était surprise alors ?  Elwing sentit des larmes monter lorsque la Gryffondor lui saisit les mains.  Elles se liaient à la perfection... 
  Les yeux de Juliette étaient remplis d'étoiles, ceux d'Elwing aussi.  Elle était heureuse car la jeune fille partageait finalement ses sentiments.  La Poufsouffle ressentait un bonheur indescriptible, c'était une sensation incroyable quand l'autre vous aime en retour.  
  Elles restèrent là à se regarder pendant un petit moment, Elwing ne savait pas quoi dire.  Tout était bien, le soleil brillait...  La jeune fille se perdait dans les yeux de sa bien-aimée aux cheveux roses.  Elle détourna le regard quelques secondes pour se rapprocher de Juliette. Elle se colla à elle et passa un bras au dessus-de son épaule, la serrant légèrement.

- Tout va bien ?  Je... Je sais pas quoi dire, je suis heureuse !  C'était comme une évidence...  Je...  merci d'être là...

  La Poufsouffle regarda Juliette encore une fois, elle lui montrait le plus beau des sourires qu'elle pouvait.  La Gryffondor en avait un si craquant, Elwing fondait complètement face à ce visage parfait, aux traits purs.  La Poufsouffle réalisa qu'elle ne connaissait presque rien de la jeune fille mais elle l'aimait, c'était ce qu'on pouvait appeler un coup de foudre.  Une envie prit le dessus sur toutes les autres tout à coup.  

  Elwing approcha doucement sa tête de celle de Juliette, attendant le contact avec ses lèvres.