Elwing courait en évitant les élèves qui marchaient dans l'autre sens tout en vérifiant que Cyanna la suivait, ce qui était le cas.  Une fois arrivée au parc, la Poufsouffle s'arrêta et fonça vers sa soeur de coeur.  La jeune fille attrapa Cyanna et tenta de la soulever mais elle était arrivée trop vite et tomba, entraînant Cyanna qui lui atterrit dessus.  La Poufsouffle rit de cette situation.  Elle tendit la main et caressa les doux cheveux qu'elle avait donné quelques minutes plus tôt à la jeune Poufsouffle.  Elle se félicita intérieurement.  
  Elwing réussit à s'asseoir et se releva.  Elle donna une main à Cyanna et tira pour l'aider à se remettre sur ses pieds.  Il faisait beau, la Poufsouffle était heureuse.  Elle prit Cyanna par la main et l'entraîna vers un banc.  

- Tu cours plutôt vite !  Je n'ai pas réussi à te semer et pourtant j'ai tout donné !  Qu'est-ce que tu veux faire petite soeur ? 

  Elwing se secoua la tête.  Elle ne voulait pas mettre mal à l'aise Cyanna en lui ajoutant une soeur sur le dos, cela lui était venu naturellement, elles se l'étaient dit plus tôt mais ces mots étaient nouveaux pour la Poufsouffle.

- Désolée, je crois que je suis trop enthousiaste à l'idée de retrouver une famille, je... Je ne devrais pas t'ennuyer avec ça, tes frères et soeurs te pèsent déjà assez comme tu me l'as dit.

Cyanna courait à perdre haleine derrière Elwing. Malgré le fait qu'elle soit essoufflée, elle souriait. Elle se sentait libre et courait aussi vite qu'elle le pouvait derrière sa soeur. Elle souriait encore plus. Sans qu'elle ne s'en rende compte, Elwing avait libéré Cyanna d'un poids dont elle même ignorait l'existence. La petite n'était plus "seule". Bien sûr il y avait du monde à Poudlard, mais Cyanna avait toujours eu une famille soudée et tes importante dans sa vie. Aujourd'hui, elle avait Elwing, mais avant Elwing, elle n'avait personne et cette solitude commençait à lui peser.
Alors Cyanna riait aux éclats comme l'enfant qu'elle était. Oubliant qui elle aurait dû être, qui elle n'était pas, qui elle ne devait pas être... La petite oublait tout. La seule chose qui lui importait c'était sa soeur qu'elle avait presque envie d'appeler maman par instants.

Sa sœur qui se retourna pour lui foncer dedans et essayer de la porter. Elles tombèrent riant toujours. Elwing aida Cyanna à se relever et elles allèrent s'installer sur un banc :

- Tu cours plutôt vite ! Je n'ai pas réussi à te semer et pourtant j'ai tout donné ! Qu'est-ce que tu veux faire petite soeur ?

Cyanna sourit de ce sourire qu'elle ne contrôlerais sûrement jamais, puis réfléchit mais sa soeur reprit la parole :

- Désolée, je crois que je suis trop enthousiaste à l'idée de retrouver une famille, je... Je ne devrais pas t'ennuyer avec ça, tes frères et soeurs te pèsent déjà assez comme tu me l'as dit.

Elle secoua la tête de gauche à droite :

- Mes frères et soeurs sont parfois un peu pesant mais ce n'est pas pour cela que toi tu ne dois pas faire partie de ma famille. Et puis, après tout c'est toi la grande soeur !

Et la petite lui répondit à sa précédente question :

- On peut... se balader ? Ou... rester là... ou Elle regardait le lac avec envie...nager ?

- Merci Cyanna.

  Elwing ne voyait pas d'autres mots, c'était vrai, elle était la grande soeur, le poids s'était enlevé des épaules de Cyanna.  La Poufsouffle se réjouit à l'idée de plonger dans le lac.

- Quelle bonne idée !  On y va tout de suite !

  Elwing courut jusqu'à la grande étendue d'eau, enleva les vêtements qu'elle pouvait (elle a gardé un t-shirt et une jupe, n'exagérons pas).  Elle attendit que sa soeur en fasse de même.

- Je suis vraiment heureuse d'être avec toi.

  Elwing avait fini à peine sa phrase qu'elle poussa Cyanna qui tomba dans le lac en éclaboussant la Poufsouffle au passage.  La jeune fille riait, elle plongea dans l'eau à son tour, elle était heureuse !

-Attention, la bataille va commencer... Préparez vos mains pour mouiller votre adversaire... A vos marques... Prêts ?  Partez !

  Elwing lançait des regards à Cyanna dignes des westerns pour la faire rire et lui envoyait de l'eau de tant en tant essayant de la surprendre.  Elle se prenait aussi de temps en temps de l'eau à la figure, ce qui la faisait rire.

- Bien joué, jeune Padawan !  Tu deviens experte en mouillage d'adversaire.  Oh, j'espère que tu connais Star Wars !  C'est un film moldu culte !  J'adore !  Tu connais des films moldus toi ?

Elwing remercia Cyanna. La petite lui sourit. Elle n'avait peut être jamais autant sourit en si peu de temps. Et dire qu'il y a quelques heures elle ne connaissait pas cette fille, cette fille qui désormais était sa soeur.

Elle suivit son aînée jusqu'au bord du lac où elles se déshabillèrent partiellement, la Poufsouffle n'eût pas le temps de réfléchir qu'elle se retrouvait déjà la tête la première dans l'eau. Poussée par sa sœur. Elle avait entendu le début de ce qu'Elwing avait essayé de lui dire mais pas la fin. Et de toute manière la petite n'aurait pas eu le temps de répondre, elle était déjà sous l'eau. Lorsqu'elle ressortit, sa soeur plongeait. Puis il démarra une grande guerre. Les deux filles riaient aux éclats. Elwing lançait à Cyanna des regards intimidants. En échange, l'enfant se mit à la dévisager comme la première fois qu'elle l'avait vue dans les couloirs, quelques heures auparavant.
La bataille se calma, Elwing la félicita :

- Bien joué, jeune Padawan ! Tu deviens experte en mouillage d'adversaire. Oh, j'espère que tu connais Star Wars ! C'est un film moldu culte ! J'adore ! Tu connais des films moldus toi ?

Cyanna acquiesca. Bien sûr qu'elle connaissait Star Wars ! Elle répondit :

- Oui bien sûr que je connais ! Après tout j'ai été élevée comme une molle ... heu... on dit comment déjà ?

La petite était étonnée que cette culture reste uniquement chez ceux qu'elle nommait "mols" aussi elle demanda :

- Les sorciers ne connaissent pas les films des non-sorciers ?

- Ah ah, je ne sais pas, il faudrait le demander à un sorcier !  Et on dit moldu !  Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs...

  Elwing était fatiguée de cette bataille sans merci, elle n'arrivait presque plus à se maintenir à la surface.  Elle s'assit donc sur le bord.  La Poufsouffle connaissait maintenant pas mal de choses de son interlocutrice, mais une question lui brûlait les lèvres.

- Je...  Tu sais pourquoi tu es fermée au premier abord ?  C'est comme une coquille, un masque qui cache celle que je vois et qui a un sourire accroché au visage et les yeux qui brillent face à moi.  Je me suis toujours dit que ce masque, les personnes qui le portent l'ont mis à un moment pour quelque chose.  Je voulais savoir ce qui avait pu te pousser à le mettre et pourquoi moi, j'arrive à le faire tomber !  Je n'ai rien d'exceptionnel, je suis une élève comme une autre, toi aussi mais pourtant aujourd'hui tu es entrée dans la famille que je n'avais pas.

  Elwing reprit son souffle après cette longue tirade.  Cyanna lui donnait envie de se battre, de la défendre et de l'aider, et son discours était sincère.

- Désolée, je parle beaucoup...  ça ne m'arrive presque plus, seulement avec le stress, l'excitation...  Je m'inquiète pour toi je crois...

Elle sourit en entendant Elwing et pousse une exclamation lorsqu'elle lui rappelle le véritable nom pour dire "non sorcier" : Moldu. Son aînée s'asseoit sur la berge. Mais Cyanna aime trop cet élément pour en sortir. Elle reste à barboter dans l'eau un peu trouble du lac.

Elle écoute Elwing. Elle se fige et sens son coeur s'accélérer au fur et à mesure que sa soeur parle. Son sang bat à ses tempes et elle sentirai presque une perle de sueur froide couler dans son dos. Elle a peur et tente de ne pas le montrer mais c'est trop tard et son visage se fige. Un peu, mais elle est certaine que c'est à ses pour qu'Elwing le remarque.

Un masque...
Une coquille...
Masque... Masque...
Faire tomber...

Elle a du mal à se concentrer. Elle ne sait pas répondre à Elwing. En fait si. Elle sait très bien le faire mais... Mais... Sa soeur touche une corde sensible. Lui mentir ? Cyanna n'en a pas envie. Lui dire la vérité ? Elle ne peux pas. Oui, elle ne peux pas. Elle le veut, oh oui qu'elle le veut ! Mais c'est là dans sa gorge bloqué. Vous savez ces principes qui nous définissent. Ces riens qui sont les maîtres de nos vies. Ces choses que nous savons sans savoir. Que nous acceptons avec résolution. C'est ça.
Elle lève un regard presque suppliant sur sa soeur et ouvre la bouche. Elle veux lui répondre...

- ... T... Je... Masque... Je... Je ne peux pas. C'est pas possible.

Des larmes se mettent à perler sur son visage qu'elle maintient près de l'eau à la manière d'un crocodile. Elle pleure... Oui elle pleure parce qu'en elle c'est la tempête. Son coeur reste serré comme une étau glacial et les mots qui ne veulent pas sortir de sa bouche l'asphyxient.
La seule chose qu'elle puisse dire c'est :

- Pardon... Excuse moi... Mais j'y arrive pas. Tu n'as pas à t'inquiéter. Ne t'en fais pas.

Elle reprend ensuite après un léger moment d'hésitation :

- Par contre je peux répondre à ton autre question : Tu es... différente. Je ne te connais pas mais tu viens me montrer le chemin dans les couloirs. Tu ne sais pas qui je suis mais tu m'accompagnes dans les dortoirs et tu m'aides. Tu n'as aucune raison de le faire mais tu te confies à moi comme si... comme si... comme si nous nous connaissions depuis longue date. Tu es... gentille.

  Elwing s'en voulut en voyant des larmes discrètes couler sur les joues de Cyanna et son désarroi après cette question.  Elle se sentait vraiment mal et sentit qu'elle aussi laissait des larmes s'échapper de ses yeux.  Jamais elle n'avait ressenti un aussi grand malaise, elle voulait bien faire et comprendre sa soeur mais son masque était encore là, en partie.  Elwing ne pourrait avoir une réponse que si elle parvenait à ouvrir complètement Cyanna.  Cela prendrait du temps, certes, mais elle y arrivera, elle était prête à tout pour la jeune Poufsouffle.  

- Je...  Désolée Cyanna, je...  Je ne voulais pas..., glissa-t-elle entre deux sanglots.

  La Poufsouffle saisit la main de Cyanna, la tira vers elle et l'enlaça aussi fort qu'elle le pouvait en murmurant des excuses aux oreilles de sa soeur. 

- Je t'aime, murmura-t-elle avant de relâcher son étreinte.

    Elwing repensa a ce qu'avait dit Cyanna après.  Peut-être qu'elle ne lui en voulait pas ?

- Merci de ces compliments mais...  Je ne suis rien ici, regarde, je n'arrive qu'à te faire pleurer.  Je suis altruiste mais je n'arrive pas à t'aider...  Au moins, j'ai réussi à te faire sourire...
Hum, je voudrais te poser une dernière question, je suis désolée d'être si curieuse...  Tu t'étais déjà ouverte comme à moi à un autre ?  

- Je...  Désolée Cyanna, je...  Je ne voulais pas...

Non ! Elle ne voulait pas faire pleurer sa soeur ! Incapable ! lui hurle la même voix que celle qui la baillonnait pour ne pas qu'elle réponde. Elle s'en veut et murmure :

- Pleure pas... Mais sa voix se brise.

Elwing la serre dans ses bras. Fort. L'enfant lui rend son étreinte.

- Je t'aime

Elle enfouit sa tête au creux du cou de son amie, ce qui , chez Cyanna veut dire "moi aussi". Mais elle ne peut pas. Les mots sont encore coincés dans sa gorge et ne peuvent s'échapper.

- Merci de ces compliments mais...  Je ne suis rien ici, regarde, je n'arrive qu'à te faire pleurer.  Je suis altruiste mais je n'arrive pas à t'aider...  Au moins, j'ai réussi à te faire sourire...
Hum, je voudrais te poser une dernière question, je suis désolée d'être si curieuse...  Tu t'étais déjà ouverte comme à moi à un autre ?  

Elle se fige. Tremble. Extérieurement, elle se ressaisit mais en elle c'est le chaos. Que répondre ? La vérité ? Sûrement. Cyanna inspire mais l'air semble si lourd... Alors pendant un instant elle ne dit rien.
Mais pourtant c'est faux ! Comment Elwing peut dire une chose pareille ? Elle est si gentille ! Ce n'est pas elle qui fait couler les larmes de Cyanna. Elle veut lui dire, de tout coeur, mais ne sait comment formuler ses pensées. Alors elle tente, elle parle s'en vraiment préparer les phrases dans sa tête comme elle en a l'habitude :

- Je... Non ! Tu n'es pas ce que tu crois. Tu... C'est pas ta faute. Je pleure à cause de moi. Parce que je ne peux pas te répondre. Parce que... Un sanglot lui brise la voix Je suis incapable. J'y arrive pas et pourtant je voudrais. C'est pas ta faute. Et puis toi... Je... jamais... jamais j'aurais dit ça. Avant. Avant...toi. Jamais. sa voix se termina sur un murmure.

  Les mots de Cyanna réchauffèrent le coeur de la Poufsouffle.  Elle allait la protéger pour toujours, c'était sûr !

- Ne t'inquiète pas, tout ira bien.  On est une famille, je ne t'abandonnerai pas.  Un jour peut-être tu arriveras à dire ce que tu gardes enfui, nous avons tout notre temps.  Tu as déjà fait du progrès, regarde tout ce que tu as pu me dire.  Sèche tes larmes, ce n'est plus la peine de se rendre triste.

  Elwing vit le soleil décliner tout doucement, le soir approchait, il était temps de rentrer.  Un lit bien chaud les attendait à l'intérieur.

- Je sais que tu penses pleins de choses merveilleuses et qui me font plaisir, je les sens et tu n'as pas besoin de les exprimer.  On est soeurs je te rappelle, je comprends tout !  On devrait rentrer, il se fait tard.  Après toutes ces mésaventures, tu mérites bien un peu de repos !  Je n'ai jamais vu quelqu'un avoir autant de choses dans une même journée !  Ce doit être épuisant.

  Elwing fit un clin d'oeil à Cyanna et lui tendit le bras pour l'aider à se relever après en avoir fait de même et lui prit la main.  Sur le chemin, la Poufsouffle passa sa main dans les cheveux de sa soeur, elle se félicita intérieurement de ce beau travail, esquissant un sourire discret.  C'était une belle journée qui s'achevait...

Elwing comprenait. Elle n'était pas fâchée. Ouf... Cyanna ressentait un grand soulagement. Sa soeur la rassura et la réconforta. Ses dernières paroles firent même sourire légèrement la petite qui, même si elle n'en avait pas l'air du tout, regorgeait d'énergie.
Sa soeur pensait que sa journée avait été fatigante, il était vrai que ce n'était pas l'une des plus calmes, mais l'enfant avait 'habitude de toutes ses mésaventures qui constituaient son quotidien : se perdre, se "faire mal" ou en l'occurrence perdre quelques cheveux, courir à toute allure pour rattraper un éventuel retard ou pou échapper à celui dont elle avait cassé un petit objet aussi fragile que précieux, s'excuser, ne pas arriver à parler... C'était "normal" pour la jeune maladroite et peu chanceuse. Elle répondit donc à sa soeur sans perdre son sourire :

- Tu sais... Je ne suis pas si fatiguée que ça. J'ai l'habitude de ce genre de mésaventures... Ca m'arrive tous les jours... D'ailleurs, si on est souvent ensemble, tu t'en rendras vite compte !

La vision d'un lit bien chaud la tentait tout de même. Un livre et une tasse de thé dans les fauteuils de la salle commune des Poufsouffles seraient les bienvenus !

- Mais tu as raison, il est temps de se reposer ! Direction la salle commune !

Et la petite se mit en marche vers le grand château, suivie par son amie.

C'est la fin de la fin il me semble. Mais nous nous reverrons ! Ce n'est qu'un au revoiiiiiiiiiiir... Hum... Bref.
C'était un plaisir de faire évoluer ma petite création si timide et renfermée au creux de ta plume maternelle et tendre. A bientôt pour de nouvelles aventures, ou devrais-je dire mésaventures !