Une chocogrenouille dans la bouche, Irisia se promenait tranquillement dans le parc, le regard pensif bien que son cœur était serein et heureux. Ses parents lui avaient envoyé une lettre la félicitant de ses excellents résultats scolaires, lui assurant qu'ils l'aimaient et qu'ils étaient fiers d'elle, qu'ils étaient impatients de rencontrer cet ami qu'elle avait réussi à se faire. De ce fait, elle avait reçu des dessins de ses frères et des bonbons de sa famille et c'était avec les poches pleines de dragées surprises de Bertie Crochues et de chocogrenouilles, de patacitrouilles et de fondants du chaudron qu'elle profitait de son après-midi à se promener dans le parc.

L'air était doux, le vent légèrement frais, mais le soleil brillait sur les eaux du lac et l'herbe humide du parc. Aliosus n'était pas encore là aussi se promenait-elle seule pour le moment, marchant tranquillement, contournant les arbres et ramassant quelques fleurs sauvages pour faire une couronne de fleur. Ses vacances en Irlande lui avait fait du bien mais du coup, à son retour, elle se sentait nostalgique et mélancolique.

Et de toute évidence, il n'y avait pas qu'elle... Au détour de sa promenade, Irisia aperçut une petite serpentarde recroquevillée contre un arbre, l'air aussi peu joyeuse que la rousse. Hésitant, elle finit par s'approcher d'elle et s'assit doucement à ses côtés, remontant ses genoux sous son menton, les entourant de ses bras en soupirant doucement.

« Toi aussi tu es triste parce que ta famille te manque ? »

La rousse termina son bonbon avant de lui tendre des chocogrenouilles, posant sa joue sur ses genoux, l'observant gentiment.

« Moi, ma famille me manque... Même s'ils sont contents de moi, ils me manquent beaucoup... »

L'irlandaise fixa doucement la petite brune , jouant doucement avec les lacets de ses souliers.

« Toi aussi t'es une première année, je te reconnais. Tu t'es fait des amis chez les Serpentards ? »

Irisia ne cessait de lui parler gentiment en l'observant doucement, un petit sourire doux aux lèvres pour l'encourager et attirer son attention. Elle espérait surtout la dérider pour l'amener à se confier et surtout retrouver le sourire... C'était toujours triste de voir quelqu'un si seul et si amer comme elle semblait l'être maintenant...

Ses lèvres goûtant toujours le chocolat, Irisia se les lécha en s'asseyant à côté de la jeune serpentarde si triste. Pourtant il faisait beau et la rousse ne comprenait pas pourquoi elle ne souriait pas... Alors, malgré son hésitation à la laisser tranquille, elle suivit sa curiosité naturelle et s'installa à ses côtés pour voir ce qui n'allait pas.

Ses yeux si clairs posés sur la petite brune, elle ouvrit ses lèvres pour lui poser quelques questions, essayant de la dérider et de la pousser à la confidence. Ce n'était jamais bon de rester enfermer sur soi-même de toute manière et puis, entre vert, il fallait se serrer les coudes : on était comme une seconde famille pour l'autre après tout.

« Hein ? Ah bon ? »

Alors là, l'irlandaise ne s'y attendait absolument pas. Qu'elle n'ait pas encore d'amis, qu'elle soit perdue, d'accord c'est normal... Mais qu'elle soit déçue d'être à Serpentard, ça elle ne comprenait pas du tout ! Haussant un sourcil, perplexe et troublée, la rousse tourna les yeux vers le lac, l'observant avant de se tourner vers l'autre petite fille, lui souriant en lui tendant la main pour la serrer doucement.

« Je m'appelle Irisia et je serais contente d'être ta première amie. »

Le sourire joyeux et chaleureux, le regard pétillant, Irisia souffla sur ses boucles sauvages qui lui chatouillaient le nez avant de croiser les jambes, tirant sa jupe pour couvrir ses cuisses avant de fouiller dans les poches profondes de sa robe pour ressortir une myriade de bonbons qu'elles posa sur les plis de sa jupe.

« Tiens ! Prends ce que tu veux ! Vas-y ! J'en ai trop pour moi ! J'ai des chocogrenouilles, des dragées surprises de Bertie Crochue, des patacitrouilles et de fondants du chaudron ! »

Elle enroula une boucle autour de ses doigts pour jouer avec, regardant autour d'elles en réfléchissant à comment essayer de comprendre ce qui n'allait pas.

« Dis... Pourquoi t'es déçue d'être à Serpentard ? Quelqu'un a été méchant avec toi ? Tu peux en parler aux préfets si on t'embête parce que c'est interdit : on va être tous ensemble pour sept ans alors on est comme une famille d'adoption. »

Elle lui sourit de nouveau, espérant la rassurer, continuant de réfléchir.

« Ou si c'est pas quelqu'un qui t'embête... Tu n'aimes pas la couleur verte ? »

Bon, ça pouvait paraître ridicule dit comme ça mais pour certains ce n'était vraiment pas facile et puis ça pouvait être un souci comme un autre.

La jeune fille semblait se décrisper peu à peu à son contact et la rousse ressentit cela comme une petite victoire. Lui présentant ses bonbons sur sa jupe, dans le creux de ses jambes, Irisia la laissa se servir en lui souriant de plaisir.

« Alors Miahna, pourquoi es-tu déçue d'être dans cette maison ? »

D'accord c'était un sujet qui fâche mais bon, une fois qu'elle aurait vidé son sac, ce petit poisson aurait sûrement le cœur un peu plus léger. Enfin... Quoique vu ce qu'elle racontait, l'irlandaise avait un léger doute finalement. Mais comment pouvait-on dire ça à sa sœur ?! Jamais elle aurait osé faire une chose pareille aux jumeaux ! Déjà parce que peu importe dans quelle maison irait ses frères, elle sera toujours fière d'eux et ensuite parce que ses parents l'auraient sacrément puni si elle osait tenir un discours pareil ! C'était vraiment méchant et mesquin de dire des choses comme ça.

« C'est pas parce que dans le passé, il y a eu des mauvais sorciers chez les serpentards, que notre maison est mauvaise, ce n'est pas vrai ! »

Il fallait être idiot pour dire une chose pareille ! Idiot et bête ! C'était décidé, Irisia n'aimait pas son requin de frangin !

« Déjà, c'est pas à ton frère de dire des horreurs pareilles. Et puis, un papa et une maman, ça aime leurs enfants alors je ne pense vraiment pas que tes parents feront ça d'accord ? Tu es dans une très bonne maison, tu es à ta place parmi nous, même si tu es timide et gentille. »

La rousse fronça le nez, tortillant ses boucles, réfléchissant en regardant le ciel aussi bleu et profond que l'océan.

« Tu sais, tu devrais quand même le dire à tes parents d'accord ? N'écoute pas ton frère. Et si jamais ça se passe super mal, je t'aiderai et on ira voir la directrice de notre maison, Miss Solar Kwon. Tu verras, elle est très douce et très gentille elle aussi, elle prend très soin de nous. »

La rousse caressa doucement le dos de sa comparse, continuant de lui sourire gentiment sans cesser de partager ses bonbons.

« Faut que tu gardes une chose à l'esprit Miahna : quoiqu'il se passe, ta maison à Poudlard est ta seconde famille. Personne ne te laissera tomber si tu es en galère : tu pourras compter sur les serpents. »

L'irlandaise lui offrit un sourire éblouissant, posant sa tête sur son épaule pour l'entourer et la rassurer.

Irisia comprenait sacrément mieux pourquoi la jeune asiatique semblait si paniquée à l'idée d'être chez les Serpentards... Ce n'était vraiment gentil de dire des choses pareilles. Si jamais elle croise son frère, aucun doute qu'elle lui expliquerait sa façon de penser si jamais il osait attaquer Miahna sous ses yeux. Non mais oh !

« J'ai deux petits frères, des jumeaux. Ils ont six ans donc ils ont encore le temps de venir ici. Et quand ils ont su que je suis à Serpentard comme eux quand ils étaient plus jeunes, ils étaient très contents. Mais tu sais, si j'avais été dans une autre maison, ils auraient été super heureux aussi : parce que je suis une sorcière exceptionnelle et que c'est pour ça que Poudlard m'a envoyée une lettre. Donc toi aussi tu es une sorcière exceptionnelle alors je suis sûr que tes parents seront aussi très contents. »

La rousse lui offrit un sourire éblouissant avant de glisser une chocogrenouille dans sa bouche, fixant pensivement devant elle.

« Ça se trouve, en vrai, ton frère est juste super jaloux que tu sois chez les serpents et pas lui... Du coup, ça explique pourquoi il est aussi méchant avec toi. Maman dit souvent que les gens jaloux et méchant, ce sont des gens malheureux qui s'en prennent aux autres pour se sentir mieux. Alors oublie-le d'accord ? Il ne vaut pas la peine que tu te rendes malade à cause de lui : il sera plus intéressant quand il sera plus intelligent. »

Levant le nez en l'air, elle était prête à se battre contre lui avec la sauvagerie et la force d'un dragon en fureur si jamais il faisait mine de grogner ou de vouloir se battre. Hargneuse comme elle l'était, il risquait de tomber sur un os avec Irisia... Continuant de manger des friandises, la rousse l'entoura de sa présence et de sa chaleur pour la rassurer, lui donnant d'autres bonbons pour essayer enfin de faire éclore un sourire sur ses lèvres.

« Hm ? Bien sûr oui, pas de souci. Je serais là si tu as besoin de quoique ce soit. Tu verras : elle est vraiment très gentille et douce, très patiente. Je suis sûr qu'elle a une solution à ton problème ! »

Hochant vigoureusement la tête, l'irlandaise était vraiment convaincue de ce qu'elle avançait. A chaque fois qu'elle avait pu avoir l'occasion de discuter avec l'adulte, ça s'était bien passé et elle avait été souriante. Vraiment très gentille... C'était une directrice de maison vraiment très responsable donc elle saurait quoi faire pour Miahna.

« Si tu veux, je pourrais t'aider pour ta lettre. Ou je peux demander à mon meilleur ami Aliosus si tu veux ? Il est beaucoup plus diplomate que moi et plus adulte aussi. Je suis sûr qu'il arrivera à trouver les bons mots. »

Irisia lui sourit gentiment, toujours aussi enthousiaste et chaleureuse, agitant une baguette de réglisse. Aliosus était capable de faire de grandes lettres et de beaux discours, il serait certainement beaucoup plus doué qu'elle pour rédiger de beaux messages bien sérieux pour annoncer la maison de Miahna.

« Dis, tu as pu faire connaissance avec d'autres personnes que moi ? Ou tu étais trop triste ? Si tu veux, je peux te présenter pleins de gens comme ça tu ne seras pas toute seule. On est une super maison chez les serpents donc tu seras jamais de côté. Je t'en fais la promesse. »

Et l'irlandaise lui tendit son petit doigts pour en sceller la promesse, son regard pétillant de milles feux alors qu'elle la regardait avec beaucoup de joie et d'innocence.

Cette toute petite fleur de magnolia si froissée par la tristesse et la peur… En même temps quand des membres de la famille proche vous lançait des horreurs pareilles, il ne fallait pas s’attendre à être joyeux et danser la gigue. Bon, elle aurait été à sa place, elle aussi aurait eu le cœur serré de devoir avouer à sa famille la réalité des faits… Heureusement que ce n’était pas le cas et qu’ils étaient un modèle d’ouverture d’esprit ! Et qu’ils seraient toujours fiers d’elle et que si Poudlard lui avait envoyé une lettre c’était parce qu’elle était une sorcière extraordinaire ! Et c’était ce qu’elle répétait aujourd’hui à Miahna.

« Mouais… De toute façon, pas question de te laisser tomber et que je l’attends au tournant s’il devient méchant contre toi ! Faut vraiment que tu y crois Miahna parce que c’est la vérité : si Poudlard t’a envoyée une lettre c’est que tu es une sorcière extraordinaire et peu importe ta maison ici ! »

Et Irisia était inflexible et inébranlable dans son opinion. Si ses parents le lui ont dit, c’était que c’était vrai après tout, même Grand-père Eden le pensait donc encore mieux ! Croquant distraitement dans un bonbon, la rousse se remit à sourire en hochant la tête.

« Oui fais-le . Je suis sûr que tu ne le regretteras pas tellement elle est gentille ! Elle saura trouver les mots pour t’aider ! J’suis sûr que tout se passera bien ! »

Hochant la tête, elle finit sa bouchée avant de lui proposer un coup de main de Aliosus pour rédiger une lettre et préparer sa famille et ses parents à cette nouvelle. Tellement directe, impulsive et brute de pomme, Irisia serait capable de les froisser rien qu’en disant bonjour… Alors que son meilleur ami était quand même beaucoup plus doux, patient et diplomate.

« Je suis sûr que non. Je lui demanderai d’accord ? Ou je te le présenterai carrément ! Tu verras, il est vraiment très gentil ! »

L’irlandaise lui fit un clin d’oeil et s’essuya les mains avant de lui tendre le petit doigt pour sceller sa promesse de ne pas la laisser seule, un sourire chaud aux lèvres.

« On scelle cette promesse, on la verrouille pour ne jamais l’oublier, on fait une copie pour être sûr de ne jamais la perdre et on met le tampon pour valider la promesse. »

Petit doigt crocheté au petit doigt, elle pressa son pouce contre le sien avant de glisser sa paume contre la sienne et de heurter gentiment son poing contre le sien.

« C’est Grand-père Eden qui m’a appris, parce que je suis encore trop petite pour les serments sorciers. Alors il m’a dit que ça, c’était une promesse de petite sorcière et que c’était aussi puissant qu’un serment de sorcier adulte. »

Un rire pétillant sur ses lèvres, Irisia lui donna un gentil coup d’épaule avant de lui tendre un fondant du chaudron tout en fronçant le nez alors qu’elle venait de tomber sur une dragée de mauvais goût.

« Tu te sens mieux maintenant ? Tu veux faire autre chose ? Ou tu veux aller voir la directrice tout de suite ? »

Peut-être qu’elle voulait se promener ou jouer ? Ou voir Miss Kwon tout de suite? Continuant de discuter et de rassurer la jeune serpentard, Irisia finit par l'accompagner jusqu'au dortoir pour aller voir la directrice. Elle espérait que tout se passerait bien...