La petite était assise sur un muret et regardait le parc. Tout était calme en ce mois de décembre et elle était venue profiter de son temps libre pour regarder les belles couleurs de l'automne sur les arbres. Les cours l'accaparaient et les devoirs, trop nombreux ne lui laissaient jamais le temps de sortir s'amuser. Peut être qu'elle en faisait trop ? Cyanna partait du principe qu'avec sa culture moldue, elle avait un énorme retard sur les nés sorciers et élevés sorciers et qu'elle devait rattraper ce retard. La jeune fille avait donc fait de la bibliothèque sa deuxième maison et elle avait pour objectif de la lire en intégralité, chose qui comblait les rares moments de libres que lui laissait son emploi du temps.
Un des principales raisons pour lesquelles Cyanna se trouvait là, seule, était aussi quelque chose qu'elle refusait de s'avouer. La petite n'avait pas beaucoup d'amis... A part Elwing qui, malheureusement était en deuxième année, elle était très souvent seule. Trop renfermée ? Timide ? Elle ne savait pas ce que les autres lui trouvaient mais ils ne l'approchaient que peu. Et, elle ne pouvait pas nier le fait d'en faire autant.
L'enfant aimait tout de même beaucoup réfléchir dehors et si, cette fois elle n'était pas allée sur le terrain de quidditch pour voir voler les joueurs, elle avait choisit de rester dans le parc. Cette fois, pas question non plus de rester la nuit pour admirer les étoiles, il faisait trop froid, les arbres suffiraient.
Elle respirait, doucement, ce qui faisait qu'une petite mèche se soulevait devant ses yeux à un rythme régulier, en même temps qu'un nuage de vapeur se formait à la sortie de ses lèvres. Elle fixait les branches qui se balançaient un peu au gré du vent de saison, juste de quoi faire tomber quelques feuilles, mais cela donnait déjà un magnifique spectacle à Cyanna. Les grands arbres du parc étaient teintés de toutes les couleurs de l'automne et le sol semblait recouvert d'un magnifique tapis orangé. Qu'est ce qu'elle aimait l'automne... C'était magnifique et la petite aurait pu rester sur son muret des heures durant si elle n'avait pas été perturbée.
Elle entendit d'abord un bruit de glissement sur les feuilles mais n'y fit pas attention, puis, alors que le bruit s'intensifiait, elle crut entendre comme un sifflement, mais absorbée dans ses pensées, elle le confondit avec le vent. Ainsi, perdue dans ses pensées, la petite ne vit pas l'animal ramper jusqu'à elle, et encore moins celui qui l'avait créé. Enfin, il vint un moment où elle ne put plus l'ignorer, lorsqu'il apparu à ses pieds, la touchant presque, elle fit un bond. Elle ne hurla pas comme le faisaient les autres filles de son âge, elle bondit, ce qui eu pour effet de l'éloigner un peu de l'animal, lui laissant un peu de répit. Elle ne hurla pas, parce qu'elle était plutôt de nature silencieuse, elle ne hurla pas parce qu'elle ne voulait pas ressembler à ces filles idiotes qui gloussaient pour un oui ou pour un non. Sa peur fut muette et, retrouvant bien vite son sang froid, la petite grimpa sur le muret. Ainsi perchée, il ne pourrait l'atteindre, si ? Elle hésitait et regarda aux alentours pour chercher une autre solution, c'est là qu'elle le vit, à moitié caché, en désespoir de cause, elle l'interpella, chose qu'elle n'aurait jamais osé faire dans une autre situation :

- Dis moi ! Eh toi ! Y a un serpent qui m'attaque !! Il est sur le sol, il essaye de monter ! T'as pas un sort à lancer pour le... neutraliser ?

Elle espérait qu'il ne soit pas en première année comme elle. Son ton était resté posé, elle n'avait pas crié, mais à sa tête, on devinait qu'elle n'était pas sereine :

- Je sais pas pourquoi il m'attaque... On dirait qu'il m'en veut... Tu penses qu'il est venimeux... Ah... Mais je suis bête tu dois pas le voir de là où t'es. Bouge pas surtout, faudrait pas qu'il t'attaque toi aussi !

La petite n'avait pas encore pleinement réalisé le danger de la situation lorsqu'elle s'était réfugiée sur le muret. Elle pensait pouvoir, entant hors de sa vue, éviter sa colère, mais maintenant que le serpent, visiblement acharné contre elle, se tortillait inlassablement à ses pieds en tentant - avec des essais de plus en plus concluants - de la blesser, elle prenait conscience de sa bêtise. Elle aurait largement eu le temps de fuir et de courir loin de cette bête ! Quelle idiote ! Maintenant, elle était perchée sur le muret, et, avec toute l'adresse et l'équilibre qu'elle possédait, elle n'osait plus bouger, de peur de tomber directement entre les crochets du serpents.

La bête, plutôt féroce pour un simple reptile, avait du voir en Cyanna un grand danger pour chercher à la tuer de la sorte, car, bien qu'elle ne soit pas certaine que sa morsure soit venimeuse, l'animal exprimait sa haine meurtrière envers l'enfant avec beaucoup de vigueur. En réponse à ce désir de violence, la petite tremblait comme une feuille, menaçant encore plus de chuter vers la gueule de la chose.

Le garçon qui, heureusement pour elle semblait assez serviable, malgré qu'il reste timide et/ou gêné, sûrement à cause de son interpellation brutale devait, comme elle se trouver en première année, ou du moins, c'est ce qu'elle interpréta de sa réponse puisqu'il ne connaissait aucun sort pour lui venir en elle. Elle pesta, toujours tremblante.
Il semblait, de là où il était, pouvoir apercevoir l'animal puisqu'il supposa que le serpent appartenait à l'espèce des vipères, ce que la petite aurait bien été incapable de dire. Une vipère donc... Les pensées de Cyanna firent écho aux paroles du garçon :

- Sa morsure peut être dangereuse oui.

Elle paniqua encore un peu plus, toujours prise de légers tremblements. Elle blêmit sûrement en regardant la créature avec un air nouveau, soudain, le serpent qui s'agitait sur le sol lui paru plus gros, plus imposant et surtout plus près ! Elle entendit son sang battre vigoureusement à ses tempes et, au moment ou sa vision commençait à s'obscurcir, les paroles du jeune homme la ramenèrent à la réalité :

- Je suis désolé. Je voulais te faire une mauvaise blague mais je crois que j'ai pas pris en compte les risques ... On va essayer de se débrouiller comme on peut. Faudrait arriver à le bloquer et lui couper la tête pour qu'il arrête de te suivre.

Elle ne prêta même pas de véritable attention aux paroles du garçon dans l'urgence. Elle était tellement effrayée qu'elle ne l'avait même pas vu chercher un bâton et s'approcher doucement du muret. En entendant la violence avec laquelle il comptait mettre fin aux jours du serpent, elle frémit. Elle lui répondit d'une petite petite tout aussi tremblante que son corps frêle :

- Nous verrons cette histoire blague plus tard mais je n'oublie pas. L'heure n'est pas au règlement de comptes et... si tu me le permets, je pense que m'aider n'est, dans ce cas, qu'une question de morale et je suis sûre que, malgré leur réputation, les serpentards ont de l'honneur. Bien sûr, je ne vais pas t'obliger à m'aider, d'ailleurs je ne suis pas en position de le faire, mais...sa voix se brisa avant qu'elle ne se reprenne, s'il te plaît fais le...

Elle n'avait pas crié et son ton ressemblait même à une supplique, voilà à quoi elle était réduite ! Mais elle ne pouvait plus cacher son angoisse. L'animal, semblant progresser de secondes en secondes, lui inspirait une si grande peur, que, malgré son sang froid, l'enfant était pétrifiée par la peur. Pourtant, elle ajouta, en repensant aux risques auxquels il allait s'exposer pour elle :

- Surtout n'approches pas plus !! Il pourrait s'en prendre à toi aussi !

Cyanna était littéralement pétrifiée. Tout son corps semblait figé, non pas figé comme la pierre, mais comme la glace qui, malgré tout, restait fragile. Fragile, l'enfant était tout sauf solide en cet instant. A chaque seconde, elle manquait de tomber droit dans les crocs de la bête, chaque seconde durait une éternité. Elle devait constamment lutter contre son envie de pleurer, parce qu'elle voulait conserver le peu de dignité qu'il lui restait face à ce Serpentard farceur, dont le nom lui restait inconnu. Ce n'était pas vraiment le moment de faire les présentations et aucun son n'aurait de toute manière pu sortir de la bouche de la fillette.

La dernière chose qu'elle avait dit n'avait, d'ailleurs, servit à rien. Le jeune garçon était passé outre son ordre et s'était approché avec son bâton en essayant vainement de terrasser l'animal. Cyanna lui criait de tout son être de reculer, de s'éloigner et de se protéger, mais elle était incapable de formuler sa pensée sur ses lèvres qui restèrent pincées, signe de sa peur. Alors il continua à donner des coups, sincères mais inefficaces. Le serpent semblait doté d'un troisième oeil et esquivait sans peine chaque assaut du Serpentard. L'enfant désespérait et l'animal se faisait de plus en plus agressif. Il la regardait, elle n'était peut être pas fourchelangue, mais elle devinait aisément que le serpent souhaitait sa mort.

Ses yeux jaunes se fixaient dans ceux de la jeune fille d'un bleu grisonnant, leurs pupilles, animées par deux émotions différentes étaient pourtant toutes deux si minces qu'on les distinguait à peine. Cyanna, se sentit un instant dans la peau de cet animal étrange et, si il n'avait pas joué le rôle de son bourreau, ils auraient peut être pu s'entendre... s'entendre ? Qu'est-ce qu'elle racontait ?! Au fond d'elle, une voix lui intimait que s'était la peur qui lui faisait avoir des pensées étranges. Voix qu'elle écouta.

C'est alors que le farceur réussi à atteindre le reptile avec son arme précaire. Non seulement, l'animal ne semblait pas blessé du tout et en plus de cela, il s'était enroulé autour de bras du garçon. Cyanna ne saurait dire combien de temps ils restèrent ainsi, figés dans un autre espace temps, un monde à part, une bulle s'était créée autour d'eux et seuls leurs coeurs qui battaient la chamade pouvaient leur donner une vague idée des secondes qui s'égrenaient lentement. Elle aurait voulu l'aider. le sauver comme il avait essayé, mais s'était à la fois si rapide et si long. Elle était pétrifiée, mortifiée. Cyanna n'eût pas le temps d'esquisser un mouvement que la bulle vola en éclats.

Il agita son bras et ce fut fini. Le serpent bondit ou fut projeté, peu importe, il se retrouva à ses pieds. Elle arrêta de respirer, elle devait ressembler à une statue de marbre, non de glace. De glace parce que les crochets de l'animal la brisèrent. Elle ressentit une vague de douleur l'envahir, une douleur à la fois vive et lancinante. Une douleur omniprésente. Elle ne se sentit même pas tomber du muret où elle était toujours perchée, elle n'entendit pas le garçon hurler. Elle ne sentit pas les larmes couler le long de ses joues et sa voix pousser une courte plainte de douleur. Elle n'était plus là, sa vue était brouillée, obstruée par un voile noir, des étoiles noires... le monde tournait... Elle s'évanouit, de peur, de douleur, de soulagement pour le garçon qui semblait indemne, de rage contre lui et sa farce idiote, de...

*noir*

Aïe... *douleur*
*douleur*

Elle ouvrit les yeux. Brusquement, sa sombre amie qui l'avait accompagnée dans sa chute, cette douleur profonde et omniprésente qui l'envahissait et gagnait du terrain sur l'ensemble de son corps, l'assaillit.
Elle ouvrit les yeux et vit, devant elle, l'herbe fraîche, humide à cause des larmes qui roulaient toujours sur ses joues. Elle leva les yeux vers le garçon, espérant qu'il ne l'ait pas abandonnée, elle le trouva près d'elle. Elle ne pensait pas s'être évanouie plus d'une minute et, implorante elle le regarda et prononça la première chose qui lui vint à l'esprit :

- J'ai mal...

Que dire d'autre ? La douleur n'était plus étrangère à l'enfant, elle était avec elle, elle ne faisaient qu'une et Cyanna souffrait maintenant en silence, incapable de penser à quelque chose d'utile.

Excuse moi pour le retard... J'ai eu quelques problèmes IRL