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22 déc. 2018, 22:27
 OS  Tourbillon
[CONTEXTE]

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12 Septembre 2043
Parc – Poudlard
2ème année




Arrête !


Le Monde tourne autour de moi, je vois les Autres qui s'écartent, qui murmurent sur mon passage. Je crois qu'il y en a un qui hurle, avec une face toute déformée, mais je ne l'entends pas. Si, certains de ses Mots parviennent jusqu'à moi, trainants et visqueux. « Tarée... » Je bouscule une gamine à l'air stupéfait *t'as l'air conne, tu sais*, je me faufile entre deux corps d'un mouvement de hanches et je me glisse entre deux rangées, les poings toujours serrés. Mes ongles trop longs s'enfoncent dans ma chair, me coupent le souffle juste en lacérant mes paumes.

J'te déte...


« Dégage... » L'Autre gueule toujours ; ses Mots fusent dans l'espace autour de moi, laissant des trainées presque visibles, mais sont ralentis lorsqu'ils s'approchent de mon corps. L'espace-Temps est difforme, sinueux, autour de moi. Je suis dans ma Bulle ; une Bulle de Solitude. « Pourquoi... tu t'enfuis... la suite..., » hurle l'Autre fait de colère. Les Mots me contournent, se métamorphosent, entre dans mon esprit comme si l'Autre était à des milliards d'années-lumière d'Ici. Ici. Où est l'Ici ? Ici, Ailleurs. Je suis dans l'Ici, je crois *j'comprends rien* mais peut-être que ce sont les Autres qui sont dans l'Ici, et que je suis dans l'Ailleurs. Non, parce que l'Ailleurs est lui aussi empli d'Autres tels que ceux là ; d'Autres me fusillant de leur regard. Alors où j'suis ? Mon corps est au même endroit que les Autres mais pas Moi ; leurs Mots, leurs cris, ils me traversent, me contournent.

Où j'suis ?


Peut-être que je suis dans le Nulle-Part. Dans le Non-Lieu. Dans le Non-Retour. Je ne sais pas où je suis ; mais je suis Perdue. Le Monde tourne autour de moi, je trébuche sur une jambe étendue devant moi, m'écrase à terre. *'peuvent m'toucher, final'ment* C'est l'Autre assit là qui m'a fait mal, et je ne sais pas quoi en penser. Mes ongles grattent le volet je puise dans ma force qui n'existe pas pour me relever, souffler en même temps que mon corps me pousse, m'emmène en avant. Je suis poussée par une Chose invisible, imperceptible et qui me coupe le souffle. Mais l'Autre m'a fait trébuché ; mon corps est dans le même Ici que les Autres, même si moi, je suis dans un Non-Lieu sans Nom.

Je trébuche encore un peu, mon corps court toujours mais je ne le contrôle plus. Je me prends le bout des tribunes en plein dans la face, mais je le contourne et je sors de ce Trop-Plein, de ce lieu oppressant par la densité des Autres qui l'occupent. J'avance encore un peu ; je suis cachée par les arbres, maintenant. Tout près du Château, mais les débiles sont presque tous en train de regarder bêtement *moi aussi j'le fais* ce tournoi qui ne sert à rien.

D'toute façon, il est fini !


Mes jambes se dérobent soudainement sous mon poids, sous la pression de mon Être devenu trop lourd ; lourd de masse, lourd de pensées. *'tournoi, foutu tournoi* Mon corps s'est dérogé à son devoir ; il s'est enfui à la même vitesse que ma force, et maintenant je suis allongée sur le sol, face contre terre. Mon nez se déforme sous le poids de mon visage, et je glisse sur le côté sans même l'avoir voulu. Pourtant, je suis mieux *libérée* sans l'Écrasement que cette Terre toute-puissante exerce sur moi. Je sens des grains de terre sur mes lèvres desséchées ; ces choses rugueuses et dégueulasses essayent de rentrer dans ma bouche close, s'infiltrent entre mes dents. « ..., » craché-je. J'essaye de gueuler, de hurler ma douleur, mais je m'étouffe.

Aide moi !


La peur m'envahit. Elle a la couleur du noir, je crois. Non, ce n'est pas du noir. Si... je sais pas. Non, c'est une terreur qui n'a pas de couleur ; peut-être qu'elle vient d'un lieu bien trop dissimulé dans les Profondeurs pour posséder une couleur si banale. *Pas banale* Le noir n'est pas banal ; c'est la couleur de... de quoi ? Des Ténèbres ? Non, les Ténèbres, ils sont miroitants, pleins de reflets. La couleur de la Mort, c'est le rouge du Sang et le blanc du Rien. Alors le noir ? Je ne sais pas ce que c'est, le noir. Mais je m'en fous, en fait. Ouais, je m'en fous, et je ne m'en rends compte que maintenant.

Tu m'défies ?


Ma terreur virevolte dans mon cœur, et je crois que si elle avait un visage, elle afficherait un grand sourire. Elle est en train de gagner *j'veux pas !*, de m'envahir, de s'insinuer dans les interstices de mon Être pour me bouffer. Je veux lui lancer un cri, un hurlement de défi, je veux me défendre ! Elle ne me contrôlera pas comme ça, ma peur. *JE-VEUX-HURER !*, crie mon corps torturé par la douleur. Je veux hurler, mais je ne parviens qu'à cracher : « Arrgghhhh, » dégueule ma gorge sèche. C'est un râle de douleur au lieu d'un cri de défi. Mon corps que je ne sentais plus reviens à la vie, pour me faire ressentir la vague de douleur qui fonce sur lui, sur moi, sans que je n'en connaisse l'Origine. Le seul moyen, pourtant, c'est que je trouve l'Origine. Mais je n'arrive pas à la trouver, et la douleur me brûle les entrailles, me bouffe toute entière.

JE-VEUX-PAS-T'OBÉIR !


Je suis affalée à terre, toujours, et je hurle dans ma tête puisque je suis incapable de projeter mes Mots vers le Monde extérieur. Au moins, l'Ici est enfoui entre les feuillages, je suis protégée des Autres. Je suis protégée des Autres, mais à la merci de la douleur *doloris* – est-ce que ce Sortilège fait plus mal ? Ce n'est pas possible, rien ne peut être plus douloureux que cette douleur de *d'quoi ?* culpabilité. « Qu..., » laissent échapper mes lèvres qui s'entrouvrent sous le poids de la douleur. Celle ci me ravage sans que je comprenne pourquoi – j'ai rien fait, je ne me suis pas fait mal.

J'suis pas coupable !


J'ai rien fait ! Pourquoi est-ce que la douleur me rend coupable, alors ? Pourquoi est-ce qu'elle me dévore et me hurle que c'est parce que j'ai fait du mal ? J'ai rien fait !

Menteuse !


*J'mens pas !*, hurle mon esprit. Mais je sens les arbres, les plantes et tous les Autres invisibles qui me transpercent de leurs Perles incandescentes. Incandescentes ? Non, non, leurs Perles ne sont pas incandescentes, elles sont fades. Douloureuses, mais fades. Je peux les ignorer, si je veux. Oui, il faut que je me concentre sur autre chose.

J'suis la plus forte !


*Foutez moi la paix !* C'est moi la plus forte, pas vous ! Je vous oublie quand je veux !
Oui, c'est ça.
Je. Vous. Oublie. Quand. Je. Veux.
C'est. Moi. Qui. Décide.
Dégagez !

Je veux pas de vous !


C'est moi la plus forte, je les oublie quand je veux, les regards ! Leurs Perles sont fades, de toute façon ! *Fades...* Fades. Vides. Tout est fade, tout, *non-non-non* comparé à Aelle. Ses Perles à elle, elles n'étaient pas fades, hein ? Elles étaient brûlantes, Profondes de sa colère, de sa douleur et de sa haine.
Je les oublie quand je veux, les regards. C'est difficile, mais je les oublie quand je veux.
Elle, je ne peux pas l'oublier.
Je ne peux pas.

Aelle !


Non ! *Dégage d'mes pensées !* Ce sont mes pensées, par les siennes. J'en fais ce que je veux. C'est pas elle qui décide. Pas elle. Pas elle ! JAMAIS ! Je me mets à trembler de tout mon corps. Les battements de mon cœur palpitant se répercutent dans tout mon Être, balance mon Âme à terre sous le poids de leurs coups. Je ne veux pas d'elle. Je ne veux pas d'Aelle. Mais elle est là, elle est avec moi alors que je veux qu'elle soit Ailleurs ! Non, nul part. Je veux qu'elle ne soit nul part.

J'en ai marre de c'tournoi !


Pourquoi je pense à Aelle, d'ailleurs ? J'étais tranquille à regarder ce tournoi de merde, non ? Pourquoi je pense à elle, maintenant ? Pourquoi est-ce qu'elle me dévore toute entière, là, tout de suite ? Ce n'est pas à elle que je devrais penser, non. C'est à Elles.

Charlie


Dis moi, Charlie. Pourquoi est ce que tes Perles sont comme ça, Charlie ? Pourquoi est-ce qu'elles ressemblent à celles de Sky mais qu'elles ne sont pas pareilles ? Pourquoi est-ce qu'elles sont Émeraudes et qu'on dirait un Flux de Puissance ? Pourquoi ? Pourquoi tes Perles sont comme ça, Charlie ? Pourquoi tu es comme ça, toi ? Pourquoi est-ce que t'es partie ? T'étais là, mais t'es partie. Pourquoi tu t'es évanouie ? Pourquoi est-ce que t'arrives à lui faire confiance ?
Hé, tu sais quoi ? C'est ta faute.
Mais de toute façon, toi aussi tu vas te faire abandonner.

Qiong


Oh non, pas toi. Je ne veux pas, pas toi. Mais pourtant t'es là, hein ?
Pourquoi est-ce que tu es aveugle, Qiong ? Pourquoi est-ce que tu es si belle alors que tes Perles sont vides ? Elles sont vraiment vides, elles. Vides du Monde, vides de couleur. Pourquoi est-ce que moi je n'y arrive pas, Qiong ? Pourquoi est-ce que je n'ai pas réussi à garder les yeux fermés comme toi ? Pourquoi est-ce que tu es si forte ? Pourquoi est-ce que tu me fais si peur ? Pourquoi est-ce que tu arrives à survivre ? Pourquoi est-ce que tu arrives à être heureuse ? Pourquoi est-ce que tu arrives à susciter une telle confiance ?
Toi, tu ne vas pas te faire abandonner, non ? Je crois que tu t'es déjà fait abandonner, de toute façon.
Tes Perles, elles t'ont abandonnées dès que tu as vu le jour.
Mais tu sais quoi, Qiong ? C'est encore plus de ta faute.

Trinité


Charlie, Qiong.
Il n'y a qu'elles qui comptaient.
Tally, Mei.
Elles ont imposé leur force.
Diana, Chu-Jung.
Ils étaient insignifiant.
Charlie, Tally, Diana.
Elles, elles vont revenir et elles vont se faire abandonner. Elles seront toutes seules mais ce ne sera plus jamais comme avant.
Qiong, Mei, Chu-Jung.
Eux, ils vont devoir s'unir. Ils n'ont pas tous envie mais ils vont devoir s'unir.
Loewy.
C'est de sa faute, à elle.
Trinité.
Pourquoi Trinité ?
C'est de votre faute à tous.

Ça m'brûle !


Je tremble à cause de la chaleur qui s'écarte en arabesques depuis ma poitrine. Ma main toute molle remonte jusqu'à mon cou, tire sur la chaine d'or qui y est lacée, et fait pendre l'objet devant mes yeux. Tout ça alors que je suis toujours allongée par terre, le visage tassé contre le sol. J'ai un haut-le-cœur en voyant le foutu Sablier. Je hais le Temps ; il me modèle et m'arrange à sa manière, mais moi, je ne veux pas. *Pourquoi ?* Les grains de sable dans le Sablier tourbillonnent plus harmonieusement que jamais. Ils sont ordonnés, lents et terrifiants. Je sais ce que ça veut dire.
J'Attends.

Mais j'attends quoi ?


Je n'ai pas envie d'Attendre. Pourtant, le Sablier enchanté me dit que j'Attends. Le Flux du Temps me murmure que j'Attends quelque chose qui ne respecte pas le Temps. Quelque chose d'Harmonieux, sinon le tourbillon ne serait pas aussi beau que ça. Mais je ne veux pas Attendre.
Qu'est-ce que j'attends ? Je ne sais pas. Mais ça me fait mal au cœur, d'un coup. Je crois que la réponse est juste là, mais que je suis incapable de la voir. Elle est indiscernable à mes yeux de gamine ; elle s'enfuit.
Je n'ai terriblement pas envie d'Attendre.
Mais il semblerait que j'Attende tout de même.

Trinité


Les trois chinois envahissent de nouveau mes pensées. Et leurs trois binômes. Charlie, Qiong, Tally, Mei, Diana, Chu-Jung. Non, y'en a que je peux enlever.
Tiens, je vais faire le tri, dans l'ordre de l'importance. Je vais les enlever, un à un. Le moins important d'abord.
Pas d'hésitation :
Charlie, Qiong, Tally, Mei, Chu-Jung.
Il était pas si nul, finalement, mais si insignifiant tout de même :
Charlie, Qiong, Tally, Mei.
Je ne t'aime pas mais pourtant c'est toi qui as failli les sauver :
Charlie, Qiong, Mei.
Tu es forte et étrange, mais les deux autres sont si Belles :
Charlie, Qiong.
Comment je choisis, maintenant ?
Je ne peux pas, je crois.
Je ne peux pas.
Si, je peux.
Je vais les enlever toutes les deux :
Aelle.

Juste à deux


« Non..., » soufflé-je dans un murmure douloureux. Douloureux. *'non* Ce n'est plus douloureux. D'un coup, je n'ai plus mal. Plus mal du tout. Je suis bien, et c'est ça qui me fait mal. Pourquoi est-ce que je pense à ça, encore ? Je pensais au Temps ; je préfère penser au Temps, même si c'est si douloureux. *J'sais pourquoi j'suis là* Ah, Loewy m'a fait si mal avec sa Trinité. J'aimerais bien savoir comment Qiong va pouvoir faire partie d'une Trinité où il n'y a pas Charlie.
Moi aussi, je veux faire partie d'une Trinité.
Pas une Trinité à trois.
Une Trinité à deux, on appelle ça comment ?



Pourquoi toi ?


Je ne veux pas.

Pourquoi maintenant ?


J'étais bien.

Pourquoi ça ?


Je suis désolée.

Aelle, je suis désolée.
Désolée.
Désolée.

J'veux pas être désolée !


Si, je veux.
Je suis désolée, Aelle.
Où t'es, Aelle ?
Viens avec moi, Aelle.
Pars pas, Aelle.
Tu te souviens, Aelle ?
Tu te souviens que je t'avais dit de rester, Aelle ?
Tu te souviens que j'avais promis, Aelle ?
Tu te souviens comme j'ai trahi, Aelle ?
Et comme t'es partie, Aelle ?
Je veux que tu restes avec moi, Aelle.
Que tu restes avec moi pour toujours, Aelle.
Toujours, Aelle.
Mais je veux aussi que tu partes, Aelle.
Je ne sais pas ce que je veux, Aelle.
Je sais juste que j'Attends, Aelle.
Mais je ne sais même pas ce que j'Attends, Aelle.
Tu veux bien venir avec moi, Aelle ?
Je crois que c'est toi que j'attends, Aelle.
Mais je ne veux pas t'attendre, Aelle.
Je ne sais pas ce que je veux, Aelle.
Je veux que tu sois avec moi, Aelle.
Je veux ne plus jamais te revoir, Aelle.
Je ne sais plus, Aelle.
Je crois que je te veux toi, Aelle.
Oui, toi, Aelle.
Mais non, c'est faux, Aelle.
Je te hais, Aelle.
Je n'ai pas menti, Aelle.
Mais je regrette, Aelle.
Oh, s'il te plait, Aelle.
Laisse moi, je t'en pris, Aelle.
Laisse moi tranquille, Aelle.
Je ne sais plus rien, Aelle.


Aelle.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]