Le Printemps était enfin là. C'était comme une caresse après la rudesse de l'hiver. Les journées étaient plus longues, les soirs moins sombres. Le chant des oiseaux chassait les sifflements du vent. Et surtout, le soleil et sa douce chaleur revenait pour chasser le mauvais temps. Les beaux jours étaient là, et avec eux le sourire de la petite Sangblanc.
Ce début d'année avait été bien trop vite pour Alice. Elle avait perdu des choses, mais en avait gagné d'autres. Cependant, elle ignorait si c'était un mal pour un bien. Certaines de ces choses lui manquaient plus qu'elle ne voulait bien se l'avouer. L'arrivée du Printemps, même si il ne pouvait rien lui rendre, lui apportait au moins un peu de réconfort. Au moins un peu de douceur dans ces jours qui lui étaient sombres.

En ce jour, le soleil brillait divinement. C’était la journée idéale pour profiter du printemps en travaillant. Alice aimait la fraîcheur de la bibliothèque et l’atmosphère de la salle commune. Mais elle avait besoin de soleil, et elle ne voulait pas croiser certains Serpentard. Le parc était idéal.
C’est avec Irisia qu’Alice avait décidé de travailler, sa camarade de chambrée à la chevelure aussi flamboyante que son caractère. Alice aimait sa compagnie, ne serait-ce que pour les fous rire que la rousse était capable de lui arracher. Sa personnalité électrique était parfois épuisante mais ces derniers temps, Alice appréciait de se sentir "revitalisée" par la présence d’Irisia. Elle la tirait en avant, peut-être même sans s’en apercevoir.
Irisia avait proposé que les fillettes étudient près du Lac Noir, et c'était une excellente idée. A l'ombre d'un arbre, aux abords de l'eau, les deux Serpentard ne pouvaient rêvé d'un plus joli cadre pour travailler. Alice déposa un châle vert pomme sur l'herbe avant de s'y asseoir délicatement. Elle sorti de son sac tout son matériel pour étudier : ses livres bien entendu, mais également des parchemins, sa longue plume blanche et son encre lilas. Tout fut placé stratégiquement autour d'elle, avec une certaine logique. Elle répondit au sourire d'Irisia du sien, avant de contempler le parc. Le ciel était bleu, parfois taché par quelques nuages timides. La surface du lac était limpide. Tout était calme autour des filles. C'était parfait.

Sa plume grattait son parchemin, déplié sur un de ses manuels. Ses yeux passaient de ses écrits à la page ouverte de son livre de métamorphose. Parfois, son nez se fronçait. Parfois, ses traits se détendaient. Ce devoir n'était pas le plus évident, mais cette difficulté lui plaisait énormément. Il occupait toute ses pensées lorsqu'elle travaillait dessus.
La voix d'Irisia l'arracha cependant à son devoir. Une proposition, sortie de nul part. C'était bien elle, ça. Imprévisible. Surprenante.
Action ou Vérité. Alice étira un fin sourire, alors qu'elle reposait sa plume pour ensuite refermer son encrier.

« - Tu n'es pas croyable. Allez, si ça peut te faire plaisir.

La fillette ramena ses pieds à elle pour s'installer en tailleur. Un sourire apparaissait petit à petit sur son visage.

- Disons... vérité. »

Autant ne pas prendre de risque avec cette chipie. Au moins pour commencer. De toutes façons, que ce soit une action ou une vérité, Irisia allait s'en amuser. Et ensuite, ce serait son tour.

{hrp: désolée pour le retard }

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Les doigts d'Alice s'enroulaient autour des brins d'herbe. La fraiche caresse de la verdure était la bienvenue sous cette chaleur. Heureusement, les deux filles étaient à l'ombre, sinon à quoi ressemblerait Alice ? A une grande pivoine, certainement. Le soleil n'avait jamais été tendre avec elle, et prenait plaisir à lui brûler la peau.

Le regard argent de la petite Sangblanc se reporta sur Irisia alors que cette dernière souriait beaucoup trop au goût d'Alice. Le fait que la fillette ai choisi une vérité pour la première manche semblait plaire à Irisia. Qu'allait-être la question ? Avec cette petite tornade, il fallait s'attendre à tout !

« - Alors Alice chérie : quelle partie de ton corps détestes-tu ?

Alice haussa un sourcil, ses lèvres étirées d'un sourire. Rien que ça ? Irisia aurait pu être plus virulente. Tant mieux, elle avait décidé de commencer en douceur.

- La partie de mon corps que je déteste, répéta Alice en se regardant.

Elle ne s'était jamais posé cette question ! Peut-être s'agissait-il de ses pieds ? Ou peut-être ses mains qu'elle jugeait trop frêles, trop faibles ? Il y avait aussi sa bouche, trop fine ? Sa bouche, se serait sa bouche.
Alice tapota ses lèvres du bout des doigts en souriant à Irisia.

- Je ne la déteste pas, mais c'est ma bouche que j'aime le moins ! Maintenant, friponne... à ton tour !

La petite fille se glissa sur le ventre pour imiter Irisia. Son menton dans ses paumes, elle observait Irisia et espérait que cette dernière choisisse une action.
Hélas, se fut une vérité ! Tant pis, ce serait pour un tour prochain. Alice replaça l'une de ses boucles derrière son oreille.

- Une vérité pour toi, d'accord...

Alice prit quelques instants pour réfléchir, les yeux au ciel. Lorsqu'elle eu trouvé sa question, elle étira un grand sourire en reportant son attention sur Irisia.

- Si tu devais choisir entre abandonné Dragan ou te raser la tête, qu'est-ce que tu ferais ?

Le grand sourire d'Alice se mua en un petit rictus amusé. Alice connaissait l'attachement de son amie pour son dragon en peluche... mais qu'en était-il de sa chevelure ?
Les jambes d'Alice s'agitaient un peu, battant la mesure d'un rythme inexistant. A présent, les yeux de la petite fille ne lâchaient plus Irisia. Elle avait envie de jouer.

- A moi... et je vais choisir une action, cette fois ! »

C'était dangereux, car Irisia aussi aimait jouer. Il restait à espérer que sa camarade de chambre ne pousse pas l'amusement trop loin !

La réponse de Irisia était à mourir de rire ! Abandonner sa chevelure pour sauver une peluche... un ami, comme elle disait ! C'était n'importe quoi, Irisia était vraiment une petite folle sans aucune notion du sens des priorités. Cette vaillance pour protéger son petit dragon en peluche, c'était vraiment amusant et très touchant. C'était son amie tout craché.

Mais à présent, c'était à Irisia de rire un bon coup : son sort lui appartenait le temps d'une épreuve. Et sans surprise, la rouquine avait sauté sur l'occasion de tourné Alice en ridicule. Ajouter «Irisia est géniale» à chacune de ses phrases pendant dix minutes. Ce n'était pas bien méchant mais... Alice grimaçait. Ses sourcils se fronçaient au dessus de ses yeux plissés. Quelle petite peste. Et elle la narguait en plus !

« - Aucune protestations.... Irisia est géniale.

Alice roula des yeux. C'était un jeu stupide, vraiment stupide ! Condamnée à devoir dire qu'Irisia était géniale... les dix prochaines minutes allaient être très, très longues. Mais c'était le jeu, et Alice voulait le gagner. Au regard de défi d'Irisia, la petite blanche répondit par un sourire en coin, dévoilant alors ses petites dents blanches. La plaisanterie était terminée !

- Encore une vérité ? Irisia est géniale, mais pas très courageuse. Irisia est géniale, elle parle beaucoup, mais quand il est question de passer aux choses sérieuses, Irisia se défile ! Mais Irisia va l'avoir, sa vérité, et va moins faire la maline, même si Irisia est géniale !....

Quelle saleté d'action... mais quelle saleté d'action ! Irisia savait la rendre folle, elle la connaissait beaucoup trop pour le bien d'Alice. Mais elle préférait l'avoir comme amie plutôt que comme ennemie. Elle n'imaginait pas les bêtises que pouvait faire la rousse pour faire du tort à autrui.

- Qu'est-ce que tu détestes le plus chez Aliosus, Irisia est géniale ?

Un sourire narquois étira immédiatement les lèvres d'Alice. Le cousin d'Alice était le point faible d'Irisia, la petite Sangblanc le savait. Il était le meilleur ami de la fougueuse irlandaise mais, malgré cela, il avait forcément un défaut pour Irisia, c'était une certitude ! Alice avait sa petite idée sur la question.
A présent, c'était à elle d'annoncer son choix : action, ou vérité ?

- Irisia, tu es géniale, et je te déteste de m'avoir lancé cette action ! Je vais choisir Vérité cette fois, même si tu es géniale espèce de petite démone ! »

Un rire s'échappa d'entre les lèvres d'Alice. Ce n'était pas toujours très amusant, mais ce jeu avait le mérite de satisfaire ses envies d'embêter Irisia.

Désolée pour le retard

En se levant ce matin, jamais Alice n'aurait imaginé s'amuser autant. C'était inattendu, car en général la fillette ne se divertissait pas en jouant avec les autres enfants. Elle trouvait leurs activités idiotes, sans réel intérêt, sales et même parfois méchantes quand elles consistaient à se moquer de quelqu'un. Mais aujourd'hui, avec Irisia, Alice s'amusait. Elle souriait, riait même lorsqu'elle voyait la rousse tempêter. Irisia avait une bonne influence sur elle. Avec elle, elle était heureuse, elle sentait qu’elle pouvait être elle même…. au moins un peu.

La réponse de l'irlandaise aux yeux verts arracha un sourire bien plus amusée à Alice. Elle était jalouse d'une Poufsouffle ? De quelle Poufsouffle ? Est-ce qu'Aliosus avait une amoureuse ? Cela n'étonnerait que peu la petite Sangblanc, son cousin était vraiment très beau. Mais tout de même, une Poufsouffle... Ce n'était pas bien, et Alice ne se gênerait pas pour lui dire ! Il y avait bien assez de gentilles filles chez les Serpentard. Il y avait Irisia, par exemple. Elle était un peu folle, parfois bête, mais d'une gentillesse exceptionnelle. Ses jolis yeux verts s'accorderaient bien avec le blond des cheveux d'Aliosus. Ils feraient de beaux bébés.
Et puis, Irisia continua à jouer.

« - Si j'ai déjà fait quelque chose d'illégal ? demanda Alice en haussant les sourcils.

Son sourire moqueur laissa place à une moue d'inconfort. Qu'est-ce qui lui prenait à celle la de poser ce genre de question ? Depuis le début de l'année, Alice additionnait les écarts de conduite. Entre ses sorties nocturnes et ses excursions à Pré-au-lard, elle n'était véritablement pas un modèle de sainteté. Irisia se doutait-elle de quelque chose, était-ce la raison de cette question ? C’était certainement une coïncidence…

- Oui, répondit-elle en soufflant du nez. En décembre, j'ai été à Pré-au-lard en passant par un passage secret du château... et je me suis faite attraper par monsieur Saunders, tu sais, le professeur de Vol que nous aurons certainement l’an prochain... J'ai été en retenue pendant tout un mois... Tous les samedi matin, en fait...

Alice détourna le regard, son minois renfrogné. Elle en avait peut-être dit beaucoup trop, c'était même une certitude. Mais Irisia n'allait tout de même pas raconté tout cela autour d'elle, si ?
La petite fille reposa ses yeux sur la rousse, ses sourcils froncés.

- Attention, tu n'en parles à personne ! Ni à Thalea ce soir, ni à Aliosus ! Jamais ! Tu promets !

Alice ne doutait pas de la capacité d’Irisia a garder un secret… mais avec ce phénomène, il valait mieux être prudent. Ce n’était pas le genre de personne à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Non, Irisia contrôlait mal son flot de parole, il était facile d’imaginer des informations confidentielles s’échapper.
Du bout des doigts, Alice dégagea une boucle blanche qui retombait sur son visage. Ses grands yeux plantés sur Irisia, la fillette se préparait à lui rendre la monnaie de sa pièce. Une action, elle voulait une action ! Un sourire cruel naquit aux lèvres d’Alice. Enfin, elle prenait des risques. Qu’est-ce qu’Alice allait bien pouvoir lui faire faire ? Se jeter dans le lac ? C’était une bonne idée, mais cela couperait court au jeu, autant la garder pour la fin. Elle pouvait aussi demander à Irisia de ne s’exprimer qu’avec des mots ne contenant pas la lettre “E”, cela rendrait sa camarade beaucoup moins bavarde.
Des grands s’étaient rapprochés des deux Serpentard. Ne pouvait-on jamais être tranquille, dans ce maudit château ? Alice releva ses yeux sur les garçons, agacée d’être dérangée alors qu’elle s’apprêtait à se venger. Que voulaient-ils, ces idiots ?

Les embêter. Ils voulaient seulement les embêter. C’était bien une activité d’imbécile, ça. A côté de ces garçons, Irisia paraissait toute petite… mais elle ne s’écrasait pas. Elle ne s’écrasait jamais. Elle répondait même avec agressivité, comme une petite dragonne qui cracherait son feu sur des plus âgés. C’était tout Irisia.
Alice était resté tranquillement assise, ses mains sur ses cuisses, ses grands yeux plantés sur les grands.. Elle ne disait rien, observait Irisia et écoutait les garçons. Elle n’aimait pas ce qu’elle entendait, et haussa gravement les sourcils en entendant le défi que venait de lancer l’un d’eux.
Il défiait Irisia d’embrasser Alice. Qu’est-ce que c’était que cette idiotie ? Avant d’avoir eu le temps de protester, Alice vit Irisia fondre sur ses lèvres, tel un faucon sur un petit lapin. Les yeux d’Alice s’étaient exorbités, alors que ses dents choquaient contre celles de son amie. Cet immonde échange salivaire dura si longtemps pour la petite fille ! Heureusement, tout s’arrêta enfin.
La petite fille écarta son visage de celui d’Irisia et essuya ses lèvres mouillées du revers de sa main, qu’elle éponga aussitôt dans le châle sur lequel elle était installée. Les Serdaigle s’en étaient allés, non sans bruits. Alice se fichait d’eux à présent, toute son attention était portée sur son amie, sur cette espèce de petite folle ! Et elle se permettait en plus de faire une remarque !

- Mais ça ne va pas bien dans ta tête ! Lança Alice, sous le choc. Tu m’as bavé dessus ! Comme…. comme un chiot !

Sa main vain encore une fois essuyer son visage, rendu rouge par les émotions. Irisia riait devant elle, visiblement amusée par ce qui s’était passé.
Le coeur d’Alice s’apaisa, calmé par le léger rire d’Irisia. Cela n’avait rien de drôle, et pourtant elle riait.

- Tu es vraiment… un phénomène, Irisia. Il ne fallait pas leur donner satisfaction, à ces idiots. Maintenant, ils vont penser qu’on est amoureuses.

En réalité, Alice ne se préoccupait que peu de ce qu’on pouvait bien dire sur elle. Un petit rire s’échappa d’entre ses lèvres qu’elle vint aussitôt couvrir de ses doigts. Embrasser Irisia, ce n’était vraiment pas prévu. De toutes façons, Irisia n’était pas prévisible. Elle agissait toujours de façon désorganisé, préférait rire et s’amuser. Elle était insouciance, comme un petit chien fou.

Alice se racla la gorge un instant et se remit à parler.

- Tu voulais une action, je crois ? Demanda la petite fille en plantant ses yeux dans ceux d’Irisia. D’accord, tu vas en avoir de l’action.

D’un geste de la main, Alice dessina un cercle tout autour d’elle, désignant le parc qui se dessinait autour d’elles.

- Tu vas courir tout autour du parc en criant qu’Alice Sangblanc est la meilleure, la plus belle, la plus intelligente.

Un sourire satisfait chassa les joues rougies d’Alice. Ce n’était pas bien méchant, mais ce serait drôle !

- Et je prendrai une vérité quand tu reviendras, ajouta Alice en se relevant. Allez hop, au trot Irisia ! Sinon, je te vole un bisou ! »

Embrasser Irisia deux fois dans une seule journée… Ce n’était pas raisonnable, mais ce serait une punition bien méritée !
Mais était-ce bien une punition ?

Alice se sentait bien, et surtout, elle se sentait heureuse. Le rire d’Irisia sonnait à ses oreilles comme un chant d’oiseau, comme l’arrivée du printemps après un rude hiver : il était réconfortant.
Sans surprise, Irisia avait préféré la course et le défi à la facilité d’un nouveau baiser. C’était mieux ainsi ! Irisia bavait beaucoup trop à son goût pour qu’Alice accepte de l’embrasser encore une fois. *Un chiot, c’est bien trop éloigné de la vérité* pensa la fillette en observant son amie courir à travers le parc en criant à quel point Alice était formidable. *Cette fille est un chien fou, avec la bave qui va avec*
Mais quelque soit l’animal qui convenait à Irisia, Alige était folle de son amie. Elle pétillait de bonheur, débordait d’une énergie qu’Alice ne connaissait à personne d’autre. Parfois, la compagnie d’Irisia était épuisante, éprouvante, il arrivait même à la petite Sangblanc d’espérer que la rousse tombe malade, soit clouée au lit avec l’incapacité de prononcer le moindre mot. Et puis, finalement, Alice admettait silencieusement que sans Irisia, sa vie serait bien triste.

Lorsqu’Irisia revint enfin, le souffle court et le visage luisant de sueur, le sourire d’Alice était grand. Elle l’observait s’écrouler au sol, presque surprise de constater qu’il était possible d’épuiser cette boule de nerf.

« - Je saurai quoi te lancer comme défi, lorsque tu redeviendra bruyante et casse pied, s’amusa Alice en ajustant une mèche de cheveux derrière l’oreille de la rouquine.

Maintenant qu’il était l’heure de se venger, Irisia reprit la parole, et annonça la question.
Le visage d’Alice s’empourpra immédiatement alors que le regarde angélique de Christopher s’imposa à son esprit. Ce n’était pas un vrai baiser qu’ils s’étaient échangé, rien qu’un bisou sur la joue comme le font deux très bons amis. Mais eux, ils n’étaient pas de bons amis, il n’y avait aucun lien de ce genre entre eux. Pourtant, il y avait bien quelque chose.

- Eh bien ... Ce n’était pas vraiment embrasser, ce n’était pas sur la bouche... Mais c’était tout comme... alors oui.

Alice se racla un peu la gorge, se gardant bien de donner un quelconque détail. Après tout, Irisia n’avait pas demandé à savoir, il n’y avait donc aucune obligation d’en dire trop ! Et c’était tant mieux.

- Tu veux encore une action ? s’étonna Alice en posant des yeux ronds sur Irisia. Tu ne tiens même plus debout, ne me provoques pas ... Mais bon, si tu insistes...

Alice fit mine de réfléchir, son menton pincé entre ses longs doigts d’opale. Qu’allait-elle bien pouvoir demander à Irisia, à présent ?

- Oh, je sais ! Dans ma grande mansuétude, je vais t’épargner une nouvelle action qui te fera perdre des années de vie : tu vas devoir t’exprimer sans utiliser la lettre e ... pendant quinze petites minutes.

La petite fille s’imaginait déjà le visage d’Irisia lorsqu’elle se creuserait la tête à décortiquer chaque mot dans sa tête, sa petite langue sortant sur le côté.

- Et je veux une action, moi aussi. Une action sans la lettre e, bien sûr. »

Alice souriait, regardant Irisia avec hauteur.