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22 mars 2019, 22:55
 OS  Le retour de l'Oiseau de Jupiter
Avril 2044


Quand soudain
Semblant crever le ciel
Et venant de nulle part
Surgit un aigle noir



« Professeur Loewy, nous avons des nouvelles de la prison des Seize Länder à vous communiquer. Nous vous attendons à l’entrée du domaine, fit la forme argentée avant de s’évaporer.»

Kristen fit tomber son encrier sur son bureau. Un liquide noir, épais, se déversa sur les parchemins, qui s’imbibaient sous les yeux soudainement vidés de Kristen. La plume dans sa main était suspendue au-dessus de ce drame. Elle se mit à trembler, et Kristen lâcha brutalement la plume, dégoûtée par l’idée même de tenir entre ses doigts quelque chose qui pouvait renvoyer à toute sorte de volatile. La directrice de Poudlard saisit sa baguette, qu’elle prit plus par réflexe que pour son utilité actuelle, et laissa en plan ses parchemins buvant la noirceur liquide de l’encre, se levant brusquement de son siège directorial. Elle dévala les marches qui la mèneraient au parc de Poudlard, puis à l’entrée du domaine, maudissant Dai Hong Dao d’avoir ainsi ralentit ses déplacements. Elle qui avait l’habitude de transplaner sans cesse n’en était pour le moment plus capable, et sa perception du temps et des distances en était complètement distordue.

Enfin, essoufflée comme elle n’en avait pas l’habitude, Kristen arriva devant le portail de l’école. Son visage affichait d’ores et déjà une certaine colère. Rien ne pouvait être normal, si on lui donnait des nouvelles de la prison des Seize Länder ; et le ciel lui semblait désormais pareil à une chape de plomb.

Deux hommes se trouvaient de l’autre côté du portail aux deux sangliers ailés. Kristen les dévisagea, le visage fermé, les mâchoires serrées. Oubliant toute forme de politesse, elle dit sèchement, en allemand :

« Eh bien ? Quelles sont ces nouvelles ? »

Les deux hommes échangèrent un regard. Ils devaient chercher la meilleure façon de lui annoncer la nouvelle. Finalement, le plus jeune des deux prit la parole :

« Il y a eu un accident. Une… une faille dans la sécurité. Plusieurs prisonniers se sont échappés. »

Kristen n’y tenait déjà plus. Tout son être se mit à trembler de rage.

« Et ? Qu’est-ce que cela veut dire ? lança Kristen, qui savait très bien ce que cela voulait dire. »

Les deux hommes semblaient décidés à se relayer dans l’annonce de la mauvaise nouvelle, et ce fut l’autre qui compléta la réponse du premier :

« Baldur Feuerbach, le prisonnier que vous avez livré, fait partie des fugitifs. »

La respiration de Kristen s’accéléra, mais ses paupières devinrent soudain plus lourdes. La rage était si intense qu'elle aurait pu s'évanouir. Kristen serra sa baguette si fort que tout son bras, trop contracté, lui faisait mal. Elle avait une furieuse envie de détruire quelque chose, n’importe quoi ; mais à quoi bon ? Que pourrait-elle détruire, forte des quelques sortilèges primaires qu’elle avait pu réapprendre depuis la perte de ses pouvoirs ?

« Comment est-ce possible…, fit-elle d’une voix éteinte.
- C'était imprévisible, il y a eu des morts des deux côtés, la situation est désormais maîtrisée à l’intérieur mais certains ont réussi…
- Comment est-ce possible…, répéta-t-elle pour elle-même, fulminant tout à fait.
- Nous les recherchons tous activement, mais puisque vous étiez responsable de l'incarcération de Feuerbach et de son transfert, nous avons pensé que… »

Kristen resta derrière les barreaux du portail, comme Baldur aurait dû rester derrière les siens. Le monde n’était-il pas suffisamment hostile ? Il fallait maintenant que cet homme disparaisse dans la nature, et il ne lui voudrait certainement pas du bien. Elle voulait détruire, encore, massacrer quelque chose, serrer dans son poing une fleur parfaite, un bout de verre, des bras, n’importe quoi, mais il lui fallait se libérer du poids de la rage qui lui semblait imprégner chaque goutte de son sang brûlant. Et pourtant, elle ne pouvait rien faire, rien d’autre, pour le moment, que se réfugier derrière les grilles de Poudlard.

Et protéger Owen. S’il venait pour lui, que ferait-elle ? Il ne fallait rien dire, pas encore. Le protéger de la vérité, de ce mal que représentait Baldur. Une furieuse envie de broyer le crâne de son ancien amant - comment avait-elle pu ? -, de sentir ses os craquer sous la pression de ses poings. Mais rien, pour le moment. Seule subsistait la rage. Il faudrait transformer cette rage en puissance, en énergie dévastatrice, pour anéantir Feuerbach une bonne fois pour toutes. La prison, c’était trop facile. Effacer son visage, effacer son sale sourire, c’était trop aimable. Détruire, ravager. Voilà ce qu’il fallait faire.

« Bien… Merci pour ces informations, Messieurs… »

La colère de Kristen devait être palpable, l’air devait en être imbibé comme un buvard plein d'encre noire. Le jeune homme ravala sa salive et conclut :

« Nous ferons notre possible, Madame, soyez-en sûre. »

Kristen murmura « oui… », mais son air était absent. Son esprit, ailleurs. Tourné vers la rage, vers une obscurité sans fond dans laquelle elle se sentait glisser, lentement, lentement… Sans plus de cérémonies, elle tourna les talons et se dirigea vers les portes du château à pas de loup. Un loup, un loup qui déchirerait la chair de Baldur Feuerbach et ne laisserait plus rien de lui.

C’est alors que je l’ai reconnu
Surgissant du passé
Il m’était revenu

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

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