Mangé par un chat. Ou par une vipère cachée au fond des cachots. Non, il était méchant, et les deux filles avaient plus l'air de boulotter des suçacides plus que des petits moineaux totalement adorables. Il observa la fille blonde aux yeux couleur armoise, s'attendant presque, comme un vieux gag, à ce qu'elle avale le petit moineau devant eux juste pour lui prouver que, si, certains élèves se plaisaient à manger de petits animaux qui n'avait rein demandé à personne et, de plus, totalement cru, ce qui pourrait lui apporter la mort. Sûrement que la malice ne lui sortait pas par les yeux, finalement et qu'elle pouvait être aussi gentille que quelqu'un d'autre, même si elle avait donné un nom vraiment laid au petit oiseau. 

    Est-ce qu'il savait voler ? Ils ne pouvaient pas lui envoyer un sort, ce serait dangereux et il ne pouvaient pas non plus le prendre avec leurs mains ou sa maman pourrait ne plus en vouloir après. Est-ce que ça fonctionnait comme ça avec les humains aussi, parfois ? Qu'une maman pouvait ne plus vouloir de son enfant si quelqu'un l'avait touché ou s'il traînait avec une ou deux personnes que sa maman n'aimait pas ? Ce serait impossible, selon lui. Les maman étaient gentilles, toutes sans exceptions. Ou simplement peut-être était-ce seulement la sienne et qu'il voyait donc toutes les autres comme ça. 

    -J'pense qu'on aurait pas dû le nourrir. Papa dit qu'à la ferme on peut le faire mais qu'il faut éviter de nourrir les autres animaux sinon ils deviennent dépendants et ils oublient leur instinct de survie. Il aurait trouvé à manger tout seul, c'est sa nature de faire ça, même quand il est tout seul.

Le garçon roux supposa qu'à cause du fait qu'ils avaient nourri l'animal, il deviendra dépendant et perdra son instinct de survie. Soudain, une peur s'insinua dans l'esprit de Julie à l'idée d'avoir ruiner la vie du pauvre pioupiou en le nourrissant. Et s'il finissait mort de faim dans un arbre, tout ça parce que Julie lui avait donné à manger par pure bonté. Il était si mignon, il ne pouvait mourir, non ? 

-Mais qu'est-ce qu'on fait alors ? demanda-t-elle à ses camarades, désespérée. On ne peut pas le laisser là ! Ce serait trop cruel ! Et s'il se faisait manger par l'animal d'un autre élève ? Et s'il ne savait pas voler ?

Elle continua à citer toutes les raisons qui pouvaient causer la mort de l'oiseau, puis s'arrêta, essoufflée. Cela ne servait à rien de parler de la mort de l'oisillon, ils devaient le sauver. Une idée lui vint, mais elle était sure et certaine que ses camarades refuseraient. 

-On pourrait... le recueillir jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour voler et rejoindre sa famille sans mourir, proposa-t-elle, peu convaincu par sa propre idée. En fait oubliez ce que je viens de dire c'est stupide

En effet, aucun d'eux ne voudrait sans doute le mettre dans son dortoir pour qu'il émette des petits cris toute la nuit. En tout cas, Julie ne le souhaitait pas. Et puis, ils ne pouvaient pas le mettre dans la volière, au milieux des rapaces qui fréquentaient cet endroit où flottait une écoeurante odeur. Alors leur problème n'avait toujours de solution, et c'était difficile à avouer pour la jeune fille qui ne supportait pas ne pas avoir de réponses.

La brune écouta les avis de ses deux camarades en réfléchissant à une solution pour sauver le petit oiseau. Effectivement, ils étaient assez limités. Le toucher était impossible, le laisser par terre leur paraissait inconcevable. C’est seulement quand Julie évoqua l’idée de le recueillir qu’une illumination traversa l’esprit de la petite brune.

« Le recueillir dans nos dortoirs me semble compliqué, du moins chez Serpentard. Il ne verrait pas la lumière du jour, il ne serait pas heureux. Herschel, je ne sais pas comment est votre salle commune, mais tu n’as peut-être pas envie de prendre la responsabilité de cet oisillon. Donc j’ai une idée qui pourrait marcher, expliqua-t-elle. Pourquoi on ne le mettrait pas dans une serre ? Il y sera au chaud, à l’abri des prédateurs, et en plus de ça, Miss Kwon le trouvera demain matin en allant s’occuper de ses plantes ! Et elle pourra faire ce qu’il faut pour lui ! »

Elle observa les deux autres en ce demandant s’il allait approuver son idée qui lui paraissait pour l’instant être la plus raisonnable. Elle jeta un petit coup d’œil à l’oisillon qui était toujours à terre et qui semblait complètement déboussolé. Elle n’aimait pas spécialement les animaux, mais ce petit la était vraiment adorable, et elle espérait vraiment qu’il pourrit s’en sortir. Elle releva la tête vers Herschel et Julie.

« Alors vous en pensez quoi ? »

La brune proposa une très bonne idée : les trois enfants pourraient déposer l’oisillon dans une serre afin que le professeur Kwon le retrouve et puisse s'occuper de lui  jusqu'à ce qu'il puisse retourner dans son nid. C'était une excellente proposition, et la blonde l'approuva immédiatement, mais prit le temps de peser le pour et le contre avant de répondre à l'affirmative, ou à la négative. Elle entendait en arrière plan la première année demander ce que les deux enfants en pensait, mais elle se résolut à ne pas lui répondre jusqu'à ce qu'elle sache si c'était une si bonne idée ou non. Elle avait sans doute l'air d'une idiote, le regard pensif et une main posée sur son front pâle, mais le sort de l'oiseau était entre leurs mains et il était hors de question de le condamner à être renié de sa famille ou à mourir.

-D'accord ! déclara la jeune Eragon après quelques minutes de réflexion. Oui, tu as raison, c'est une bonne idée, le seule problème, c'est qu'il faut le transporter jusqu'à la serre sans le toucher, et qu'on a dit qu'on ne devait pas le toucher. On devrait peut-être le prendre dans une feuille, ou un sac, ou quelque chose comme ça.

Elle fit tomber son sac de cours de son épaule et le déposa à terre, à quelques centimètres de l'oisillon.

-Si vous voulez, on peut le mettre dessus en mettant d'abord un ver, ou un truc comme ça, pour l'attirer, et le ramener vite fait dans la serre. Peut-être la numéro 1, c'est celle où il y a le moins de plantes bizarres, comme ça il se fera pas bouffer par derrière.

Désolée pour le retard

Quand Julie approuva sa proposition, la brune fut soulagée de savoir qu’elle allait enfin pouvoir rentrer au château et profiter d’un bon repas. Sa camarade proposa de transporter l’oisillon dans son sac pour éviter de le toucher, et le lâcha quelques instants plus tard au sol. Pendant ce temps, Orphéa en profita pour chercher un nouveau ver de terre et enleva sa veste. Elle alla déposer le repas de l’oiseau sur le rebord du sac, et s’accroupi, veste à la main pour pousser doucement la bestiole vers son nouveau moyen de transport. Après quelques sursauts, il fini finalement par y rentrer, et Julie récupéra délicatement son sac. 

Les élèves se dirigèrent tranquillement vers les serres, jetant quelques coups d’oeil à l’oiseau, pour vérifier qu’il allait bien. Orphéa ne prononça pas un mot, ne sachant pas réellement quoi raconter. Enfin quand ils arrivèrent devant la serre n°1, la Serpentard poussa la porte en verre. Alors qu’elle laissait Julie sortir la petite bête de son sac comme elle le pouvait, la fillette trouva un petit panier en osier.

« Regardez ! Dit-elle en le brandissant sous leurs yeux. Cela pourrait lui servir de nid et ça éviterai qu’il tombe »

Elle le déposa sur le plan de travail et une fois que l’oiseau fut déposé à l’intérieur, elle s’attela à chercher des petits vers qui pourrait lui servir de repas en attendant que Miss Kwon ne le prenne en charge.