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17 mai 2019, 15:29
 RPG+  Moment de dérive  privé 
La fillette eu un léger mouvement de recul quand Aelle s’approcha d’elle pour fixer ses yeux. Elle s’y était habitué, que les gens tiquent dessus et l’observent étrangement. En fait ça ne lui faisait plus grand-chose, de toute façon elle ne pouvait rien y changer. Ca faisait partie d’elle-même si elle aurait préféré avoir les deux yeux bruns. Son œil bleu étant un peu trop expressif à son goût. Elle détourna le regard un instant avant que la voix d’Aelle remplisse de nouveau le couloir extérieur. Etrange, erreur ? Aliénor c’était toujours dit que ses yeux vairons étaient une erreur de génétique, esthétique pour certains, perturbant pour d’autres, mais une erreur. Et elle ne le disait pas péjorativement, ce sont nos erreurs qui nous font grandir et qui nous différencie. Si tout le monde était parfait notre monde serait d’un ennui…

Elle haussa les épaules pour toute réponse, de toute façon elle n’avait rien à dire là-dessus. Mais son regard traina un peu sur son interlocuteur. Elle n’avait jamais vraiment fait attention à Aelle, la croisant dans les dortoirs, à la grande salle… Mais sans plus. Alors poser ce regard sur elle permettait à Aliénor de partir sur une relation plus saine, neutre de tout.

- Tu veux… m’apprendre ?

Aliénor se redressa pour pouvoir déchiffrer le visage de sa camarade mais, la face vers le sol, elle était fermée à toute interprétation physique. Aliénor ne savait pas vraiment quoi dire, que pouvait-elle bien lui apprendre ? Aliénor n’est pas le genre de personnes à avoir des dons ou des connaissances à transmettre. Elle est juste une enfant banale. Mais alors que la fillette allait ouvrir la bouche pour répondre, le regard de la troisième année l’arrêta net.

- Tu veux savoir quoi ?

Aliénor prit une grande inspiration en fermant les yeux, se soustrayant un instant de cette discussion surréaliste pour elle. Non pas qu’elle n’appréciait pas la tournure de la discussion, mais elle ne savait pas vraiment comment interpréter ce revirement. Elle rouvrit les yeux avec une lenteur calculée avant de les plonger dans ceux d’Aelle.

-Savoir ? Je ne veux pas savoir, je veux voir. Je voir qui tu es, voir qui est Frewd, voir comment tomber.


Elle s’arrêta un instant. Aliénor n’était pas une fille de savoir, elle ne pouvait pas emmagasiner des tas d’informations venant d’un bouquin. Elle avait besoin de concret de quelque chose qui ferait marcher ses sens et qui ferait que ce souvenir reste vivace dans son petit cerveau étriqué et étrangement sélectif sur les informations qu’il garde. Etrangement, il aime beaucoup garder en mémoire ses conneries et beaucoup moins ses cours.

-Je ne pense pas avoir grand-chose à t’apprendre tu sais… Je me contente de faire ce que je peux dans ce monde ou ces mondes ? Je ne sais plus…

Elle sourit à Aelle en haussant les épaules. Ce qu’elle faisait le mieux c’est être simple et faire des conneries. Une vie simple en somme sans grandes questions sur la vie, un cour d’eau tranquille.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

22 mai 2019, 07:45
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Mon cœur, ce fou, est pris dans une course sans fin. Il me rappelle inlassablement à quel point je suis effrayée, à quel point je ne sais pas ce que je fais. En un battement, il est capable de me dire de m'enfuir rapidement ; en un second, il m'enjoint de rester parce que, par Merlin, je meurs d'envie de parler de n'importe quoi avec n'importe qui si cela m'empêche d'être seule.

Ma main moite est refermée autour de mon livre. Je le brandis comme un étendard pitoyable : dit oui ! dit-il. Mais Delphillia ne dit rien. Ses yeux se ferment et se rouvrent ; exactement comme moi lorsque je veux m'empêcher de hurler ou de pleurer. Souhaite-elle me voir partir ? Oh Merlin et si jamais je l'ennuie ? Tous mes efforts peuvent bien la faire rester, mais rien ne saurait la forcer à apprécier l'instant. Si je l'emmerde, décidé-je, elle le regrettera. De m'avoir fait croire le contraire ; je me le promets en une fraction de seconde : *joue pas avec moi, Delphillia !*. Je fronce les sourcils pour cacher mon trouble, mais j'ai conscience de ne parvenir à rien.

Dans ses yeux, je me sens mourir. Et tomber. Comme s'ils allaient m'avaler toute entière. Je suis tentée de me détourner, mais je suis incapable de le faire ; elle me tient. Par sa présence, par mon envie. Quand elle parle enfin, je me relâche légèrement, comme rassurée. Je me redresse, ne ressentant plus aucune urgence maintenant qu'elle m'offre ses mots.

« Savoir ? Je ne veux pas savoir, je veux voir, »  dit-elle.

*Même chose*, jette mon esprit perdu.

« Je veux voir qui tu es, voir qui est Frewd, voir comment tomber. »

Je n'en peux plus.
Je baisse la tête, me dérobe. J'arrache mes yeux des siens. J'emprisonne ma lèvre entre mes dents. L'instant d'après mon regard, comme attiré, se relève.
C'est comme si elle avait un effet apaisant. Entendre ces mots, même si je ne partage pas son avis, me calme instantanément. Après une dernière embardée, mon cœur s'apaise et mon regard se fixe.

J'attrape les mots de la fille au vol et aussitôt mes futures paroles s'inscrivent dans ma tête. Je comprends en une fraction de seconde qu'elle n'a pas compris ce que j'ai dit. Le doute m'emplit le cœur : si elle ne comprends pas ce que je dis, comment pourrait-elle comprendre ce que je suis ? Est-elle seulement sincère lorsqu'elle dit qu'elle veut voir qui je suis ? Ses mots ont l'air sincères, mais sa tête ne me dit rien ; rien de bon. Il n'y a pas le sourire rassurant de Narym, ni même le regard plein de sincérité de 'Naël.

Je soupire, le cœur au bord des lèvres.

« Non, j't'ai dit... J't'ai demandé si tu voulais apprendre à me connaître. »  Anxieuse, ma main s'envole vers ma poche dans laquelle se trouve ma baguette. « J'sais pas encore si tu peux m'apprendre quelque chose. »

Je hausse les épaules. Je suis tétanisée, mais mon esprit est clair. Je sais ce que je veux, je sais ce dont j'ai peur et je sais ce que je dois dire. Je fais un pas dans le couloir, baladant mes yeux sur les murs de pierre.

« Moi, commencé-je d'une voix lente, tu peux me voir. Les mots d'Frewd aussi. »  Je secoue le livre, toujours dans ma main gauche. Un sourire me déchire les lèvres : « Mais tu peux pas voir comment tomber. » Ma grimace se transforme en petit rire qui me secoue les épaules. « C'est pas un truc qui s'voit, mais qui se ressent. C'est comme… »

Songeuse, je laisse mes mots en suspens. Comment expliquer à une inconnue, une Autre, l'intégralité de trois cent pages de savoir ? Je sais comment parler à Zak', à Papa, à Narym. Je connais les mots qui font résonner ma vérité dans leur esprit. Mais comment parle-t-on à une inconnue ?

Soudain, je me redresse. Mon visage s'éclaire :

« Comme la magie ! m'exclamé-je. Il faut apprendre. Puis il y a une part de... Génétique aussi comme tu dis. Pas tout le monde est capable de tomber à la Frewd. »

Ma voix m'apparaît légèrement trop forte. Comme si elle n'avait pas sa place dans ce couloir, comme si je n'avais pas ma place dans cette conversation. Mais je n'ai aucune envie de connaître ma réelle place ; je suis ici, avec une Autre qui essaie de me voir autrement que moi. Puis, me dis-je au fond de moi, je me fous de ce qu'elle veut réellement. Tant qu'elle me donne ce dont j'ai besoin.
Le reste n'est pas important, n'est-ce pas ?

22 mai 2019, 22:59
 RPG+  Moment de dérive  privé 
C’était devenu presque comme un jeu pour Aliénor, essayer de comprendre la fille en face d’elle et elle lui offrait un moyen bien plus simple d’y arriver que ses énigmes du début de leur discussion. Aliénor haussa les épaules à sa première phrase. Bien sûr qu’elle voulait apprendre à la connaitre, en dehors de ces préjugés que la petite Delphillia pouvait avoir sur elle. C’était une évidence, si elle était là, à lui parler, c’est qu’elle voulait en savoir plus sur elle. Mais Aliénor apprendre quelque chose à Aelle, on en revenait au même point, elle n’avait pas à grand-chose à lui apporter, elle ne semblait avoir besoin de rien et de personne alors qu’Aliénor elle, était dépendante des autres et de ses émotions du moment.

*Pas voir comment tomber, ressentir…* Comme quand elle dessinait, elle ne pensait à rien d’autre, elle s’abandonnait à un monde qu’il lui était autant connu que mystérieux. Ce monde qu’elle façonnait mais dont elle ne pouvait être l’acteur, que le spectateur. Elle ne le voyait qu’après l’avoir expérimenté. C’était ça, ce dont elle parlait ? Ressentir ?
Mais Aelle se redressa brusquement, comme la magie ? Et la génétique ? Tout cela paraissait de nouveau compliqué à la fillette. Elle était instinctive, mais ne pensait jamais à ce que cela pouvait engendrer. Là, elle devait réfléchir à ce qu’elle devait ressentir et elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il pouvait en découler. Elle fit une grimace incontrôlable montrant brièvement son trouble intérieur. Elle voulait sincèrement comprendre, mais c’est comme si tout lui passait au-dessus de la tête. Tout était loin d’elle, pauvre humaine de ce monde.

-Je veux apprendre à te connaitre tel que tu es vraiment Aelle… Mais je n’ai rien à t’apporter à toi.

Son regard tomba sur ses mains dont elle entortillait les doigts entre eux. Elle se sentait dépourvue de toute capacité comme si sa vie n’était rien et qu’elle ne pouvait rien apporter au monde. Bien évidement c’était faux, comme toute personne de ce monde elle était là pour une raison, mais elle ne voyait pas encore pourquoi.
Mais une lumière passa dans ses yeux et elle redressa la tête avec une lenteur calculée comme pour faire désirer son interlocuteur.

-Je sais dessiner, et puis je peux t’en apprendre plus sur moi, une âme pour une âme…


Sa tête tomba sur le côté comme pour attendre la réaction de l’autre Poufsouffle. Ne sachant pas comment Aelle pourrait réagir, elle ne voulait pas non plus déclencher un ouragan chez elle. Mais Aliénor ne réfléchissait que très peu avant de parler. C’est alors qu’elle lâcha de but en blanc :

-Tu sais tombe c’est rien, depuis tout petit on tombe et son se relève, c’est après la chute qui importe. Je ne sais pas comment il tombe Frewd mais ça ne doit pas être bien différent de nous.


Tant pis si elle offensait ce Frewd ou qui que ce soit d’autre. Mais expliquer un phénomène aussi simple n’avait pas grand intérêt sauf si cela permettait de dissiper le mur de fumée autour d’Aelle.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

28 mai 2019, 07:43
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Sa grimace me fait perdre mon air jovial. Je m’arrête face à elle, tentant de décrypter cette chose qui s’est installée une fraction de seconde sur ses traits. Une chose qui ne laisse aucun doute sur ce qu’il se passe dans la tête de la fille : elle n’aime pas mes mots. C’est clair et douloureux de comprendre cela. Comme si, malgré tout mes efforts, j’étais incapable de discuter avec une Autre lambda dans un couloir. La chose en elle-même, vouloir discuter, est assez étrange pour qu’elle me préoccupe, mais le fait que ce soit un échec me désappointe plus encore. La douleur dans mon coeur revient, celle que j’ai ressentie en voyant Krissel et l’autre fille ensemble. Une douleur sans nom, qui s’installe doucement, comme un voile sur mon âme qui me cache, pendant un instant, toute possibilité d’avenir. *J’vais d’v’nir quoi ?*. La question flotte dans mon esprit, s’envole tout aussi facilement et finalement il ne reste plus que la moue qui s’inscrit sur mon visage et qui veut dire : j’ai compris, je vais m’en aller. Encore une fois, je me demande ce que j’aurais fait avant. Avant Kristen Loewy, avant les Chinois, avant Tha

« Je veux apprendre à te connaitre telle que tu es vraiment Aelle… »

Surprise, mes paupières papillonnent. Surprise de sa voix, mais également de ses mots. Delphillia m’extirpe de ma mélasse de sentiments et m’en ressort à bout de bras ; je ne m’en échappe pas totalement. J'observe la fille d’un regard neuf, de celui qui Sait, mais qui cherche à comprendre. Si elle n’apprécie pas ce que je suis, ce qu’elle voit, pourquoi dit-elle qu’elle veut apprendre à me connaître ? Fait-elle semblant ? *Oui*. Elle veut me faire croire des choses, mais elle n’est pas assez intelligente pour cacher ce qu’elle pense réellement. 
J’ai mal. Quelque part dans mon coeur. Ou dans ma gorge qui se noue. Je crois que j’ai mal. 

« Mais je n’ai rien à t’apporter à toi. »

Je cache la moue attristée de mon visage en baissant la tête sur le sol. Mes épaules se relèvent légèrement et ma tête acquiesce, en accord avec les mots de la fille. Mots qui me paraissent tout aussi étranges que la vérité qu’ils énoncent : elle n’a rien à m’apporter, certes. Alors qu’est-ce que je fous ici, par Merlin ? Pourquoi je reste, pourquoi je veux qu’elle me comprenne, pourquoi je cherche à lui apprendre Frewd ? Je la regarde par dessus mes cils, essayant de comprendre pourquoi ma colère est si ténue, pourquoi elle ne lui explose pas au visage. Pourtant, elle se fout de moi ! Pourtant, elle n’a rien à m’apporter ! Pourquoi je ne lui crache pas dessus, pourquoi ne lui dis-je pas qu’elle n’est rien, rien du tout ? 
La réponse est tout près de moi, mais je n’arrive pas à la saisir. Les seules choses que je peux ressentir, c’est ma colère ridicule, mon injustice et mon envie douloureuse de ne pas quitter ce couloir tant que l’Autre y sera. *J’y comprends rien*, songé-je en serrant ma baguette dans mon poing. 

« Je sais dessiner, dit-elle en recueillant mon regard au sein du sien. Et puis je peux t’en apprendre plus sur moi, une âme pour une âme... »

Je fronce les sourcils. En quoi son âme m’intéresserait-elle ? Qu’est-ce qu’une âme d’une première ou d’une seconde année pourrait-elle m’apprendre ? Je connais la réponse : absolument rien. Rien à côté de la Connaissance de la bibliothèque ou de celle, légendaire, de Zikomo. Rien du tout. Pourtant, ses mots me perturbent assez pour faire sursauter mon coeur : j’aime des âmes. Celle de Maman et de Papa, celle de Zakary, quoi que j’en dise. Celle de Stalbeck, même si jamais je ne l’avouerais. Celle de Loew *non, ça c’est faux !*. Et Thalia. Thalia, j’ai voulu apprendre à la connaître, non ? Mais cette fille, décidé-je en observant Delphillia, c’est loin d’être la même chose. 

Je soupire, lasse. Je ferme brièvement les yeux. Je ne sais pas quoi penser, pas quoi faire, pas quoi ressentir. Je reprends ma marche lorsque l’Autre reprend la parole. Sans réagir, je l’écoute, marchant d’un mur à un autre à petits pas, le regard levé vers l’obscurité du plafond. Delphillia m’offre une voie royale ; de celles qui ne demande ni choix, ni sentiment. La voie du Savoir. 

« Frewd se fout de la chute, dis-je d’une voix pleine de torpeur. C’est tomber qui l’intéresse. (Je regarde l’Autre). Tomber, laisser tomber les barrières, laisser tomber c’que t’as appris. » Un sourire ironique traverse mon visage. « Oublier c’que tu crois savoir sur moi pour m’connaître. Si t’y arrives. » Je soutiens son regard, passant d’un oeil à l’autre, avant de me détourner. « C’est ça qu’il veut dire, Edgard Frewd : tomber pour accepter, pour comprendre. Pour voir différemment, que ce soit les… Autres ou la magie. Ou n’importe quoi. »

A la fin, ma voix s’étiole. Elle se perd dans mon souffle et elle me perd dans le même temps. Je pousse un long soupir et jette une nouvelle fois mon regard dans les hauteurs. 

« On arrête jamais d’apprendre Frewd. »

*Merci, P’pa*. De m’avoir donné cette vérité, avant même que je n’entre dans ce château. Merci de me permettre, aujourd’hui, de remplir le silence. Penser à Papa me fait mal au coeur, car avec lui je n’ai pas besoin de me demander ce qu’il pense : je m’en fous, il m’aime déjà. 
*J’veux pas qu’elle m’aime, elle*. Je jette un regard à Delphillia. Aucune importance. 

« Comment… » Ma voix, d’elle-même, prend la décision de parler. Je déglutis, baisse les yeux, mords ma lèvre. *Lui dit pas qu’tu sais pas !* « Pourquoi une âme pour une âme ? » Dire pourquoi pour ne pas dire comment ; ça fait longtemps que j’use de cette supercherie pour apprendre sans avouer que je ne sais pas. Je rajoute dans un haussement d'épaules : « J’veux pas apprendre à dessiner. »

Dessiner me rappelle Diafora. Cela fait longtemps que je n’ai pas penser à elle. Et à son dessin et à son comportement d’enfant, sa colère idiote. Maintenant, deux ans après les faits, je me dis que les choses auraient pu se dérouler autrement. 

29 mai 2019, 10:07
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Aelle s’arrêta dans le couloir, elle n’avait plus envie de fuir ? Aliénor n’en savait rien. Jamais une discussion ne lui avait demandé de tant réfléchir. La manière de fonctionner d’Aelle était totalement à l’opposé de celle d’Aliénor. La petite Delphillia fonçait dans le tas, préférant l’action au savoir et à la lecture, souhaitant vivre des tas d’aventures et non pas les lires. Alors lire Frewd ? On en était loin…

Mais cette histoire de tomber lui paraissait étrangement réaliste, assez concret même si visiblement elle n’y comprenait pas grand-chose. Tant pis, elle avait une chance de passer outre les préjugés sur cette fille et qu’elle tâche ardue c’était… Aelle ouvrit de nouveau la bouche, pour lui dire qu’elle disait encore n’importe quoi. Ca arrivait souvent à Aliénor de dire n’importe quoi… On pourrait facilement la prendre pour une débile, mais mettez-là devant quelque chose qui nécessite de l’instinct et elle fait des merveilles.

Mais laisser tomber les barrières ? Oublier et repartir à zéro, faire table rase. C’était loin d’être simple. Enfin tout dépendait de quelles barrière on parlait. Aliénor était une vrai muraille de chine pour ceux qui essayaient de la connaitre, montrant que ce qu’elle voulait bien. Toute cette partie d’elle-même qui ne se révélait que dans ses dessins. Une âme plus sombre que ce que l’on croit, un corbeau qui sommeille au fond de cette lumière qui anime la fillette. Elle vivait encore séparée en deux et un jour, tout s’assemblera pour créer la vrai Aliénor, complète, entière.

Elle hocha la tête encore dans ses pensées alors que sa camarade de maison continuait de lui expliquer. C’était juste une autre façon de voir en fait.

- Pourquoi une âme pour une âme ?

Aliénor se redressa face à quelque chose qui enfin la concernait vraiment. Elle pencha la tête sur le côté alors que son regard se perdit dans une réflexion interne. Pourquoi ? Et bien Aliénor veut apprendre à connaitre Aelle. Pourquoi ? Parce qu’elle l’intrigue. Mais est-ce qu’elle veut apprendre à la connaitre ? Et puis Aliénor est-elle prête à lui montrer qui elle est ? Certainement pas. En fait, cette discussion tournait en rond et ne menait certainement à rien. Aliénor perdait son temps devant cette fille qui s’ouvrait autant qu’elle se fermait. Elle pensait que cette fumée pourrait s’évanouir, mais plus elle avançait, plus elle s’épaississait.

-Je voulais juste me faire une vraie opinion sur toi, pas celle des autres. Mais si tu ne veux pas, je n’ai rien à faire ici, j’ai un rat à retrouver.

Aliénor expira lourdement, cette discussion l’avait visiblement fatiguée pour rien et elle en avait marre d’essayer de comprendre cette fille qui visiblement ne faisait pas d’efforts. Ou du moins Aliénor ne les voyait pas. Elle haussa les épaules puis releva la tête avec un léger sourire.

-A plus Aelle le mystère.


Elle se retourna pour partir. Elle n’avait pas vraiment envie de retrouver ce rat maintenant, elle avait la tête ailleurs oscillant entre ce qu’Aelle lui avait dit et ce sentiment d’échec. Un de plus ou de moins, elle n’était plus à ça près.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

06 juin 2019, 06:51
 RPG+  Moment de dérive  privé 
« Je voulais juste me faire une vraie opinion sur toi, pas celle des autres. »

*Là !*, hurle mon esprit. Il crie à l’instant même où j’ose regarder l’Autre au plus profond de son étrange regard. Elle l’a dit ! Me faire une vraie opinion sur toi, ça veut dire qu’elle accepte l’enseignement de Frewd, n’est-ce pas ? Elle accepte de laisser tomber pour apprendre. M’apprendre. Pas celle des autres est la partie de sa phrase que je préfère ; celle qui dit qu’elle n’est pas aussi bête qu’elle a parue l’être au début, celle qui dit qu’elle est réellement intéressée par moi. Ou du moins, celle qui le prétend. Mais je n’en ai rien à faire de la limite ténue entre la sincérité et le mensonge ; moi, ce que je veux, c’est que l’on me parle.

Je me redresse, comme si ma fierté était incapable de prendre place dans un corps rabougri. Je me redresse bien haut, étire mon dos et soulève quelque peu mon menton. Tout à coup, la journée me semble moins terne, moins difficile. A présent, je n’ai plus si peur de retourner dans mon dortoir et de retrouver la solitude de mon lit. La fierté que je ressens face aux mots de la fille m’enlève toute crainte.

« Mais si tu veux pas, continue alors Delphillia, je n’ai rien à faire ici. » *Quoi ?!*. Mon sourire s’échoue sur mes lèvres, j’abandonne mon port de fierté — je ne suis pas certaine de comprendre. Je fronce les sourcils, plus attentive que jamais. « J’ai un rat à retrouver. »

Un rat… Ce rat ? Celui dont elle parlait lorsqu’elle s’est pointée dans mon couloir ? Mais en acceptant de me parler, n’a-t-elle pas intrinsèquement décidé d’abandonner cette quête au profit d’une autre ? Perplexe, je reste les bras ballant à la regarder. Son soupire, immense celui-ci également, me pourfend le coeur. Il me jette à la gueule ce que j’ai oublié en deux secondes : elle n’aime pas mes mots, quoi qu’elle en dise elle ne veut pas parler avec moi.
Mais je ne veux pas me rappeler.
Comment se rappeler ?
Peut-être la pensais-je sincère ? Finalement, je n’avais aucun doute sur la sincérité de ses sentiments. Est-ce pour cela que c’est aussi douloureux ?Est-ce pour cela que tout à coup je me sens si lourde ? Elle hausse les épaules, me lance à la gueule un sourire qui pue le ridicule. Moi, j’ai envie de hurler. Je me sens complètement idiote. Et j’ai mal au coeur. Comme si elle avait fait quelque chose qui m’avait terriblement blessé ; enfin, c’est idiot, elle ne peut pas me blesser sans me connaître.
Et pourtant, bouche bée, je suis incapable de réagir, absolument incapable car dans mon esprit je comprends qu’elle s’en va et qu’elle le fait parce qu’elle ne me comprend pas.

Je n’ai jamais été habituée aux échecs. Toute petite déjà, je réussissais à peu près tout ce que j’entreprenais. Apprendre, comprendre n’a jamais été difficile pour moi. Et je n’ai jamais considéré mon incompréhension des Autres comme une difficulté puisqu’ils n’ont aucune réelle importance à coté du savoir et de la vie. Je crois. *Le croyais ?*. Non. *J’en suis sûre !*, décidé-je en me sentant si misérable en regardant Delphillia. Absolument certaine.
L’échec ne faisait donc pas partie de ma vie avant Poudlard.
Depuis, tout semble se retourner contre moi.
Et actuellement, son « A plus, Aelle le mystère. » Sonne si fort comme un échec que j’ai envie d’éclater de rire à la face du monde pour qu’il comprenne bien qu’il n’a aucune sorte de logique.

Les mots enflent dans ma bouche. Ils sont si grands, si imposants que je ne peux même pas les retenir. De toute façon, voir le dos de la fille s'éloigner de moi me fait si mal que je n'ai aucune envie de réfléchir, de me retenir, ou de faire quoique ce soit d'autre qui ne soit pas moi.
Alors je ne retiens rien.
Je balance.
Parce que l'Autre le mérite.
Parce que j'ai mal.

« T’abandonne, j’en étais sûre ! je lui lance. C’est comme ça qu’tu compte faire gagner les Frelons ? En abandonnant ? »

Ma voix tremble, mais je m’en fous. Je peux bien trembler moi aussi que cela n’aurait aucune importance. Mes poings sont serrés autour de moi, mes sourcils se rejoignent au milieu de mon front de colère et mes yeux me brûlent.
Mais ce n'est pas ma colère la plus douloureuse. Non, c'est cette pique persistante qui fait battre mon cœur, celle qui me fait me sentir si mal, celle qui me rend misérable. C'est ma triste débile qui est la plus moche ; *débile débile débile débile*.

« C'est pas du tout Frewd, ça ! lancé-je en me rapprochant de quelques pas. C'est tout le contraire même. Et c'est pareil pour l'apprentissage. T'es pleine de ces… Ces barrières qui empêchent tant de monde de devenir de bon sorcier. Et elles te rendent aveugle, Delphillia ! »

Ma voix de colère emplit le couloir et brûle dans mon cœur. Je n'ai plus l'impression de tomber. Non, je suis déjà à terre, écrabouillée par la rage que mettent les Autres à être aussi cons.

07 juin 2019, 22:41
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Elle souffla alors qu’elle s’avançait dans le couloir, comme un combattant revenant d’une bataille ardue qu’il venait de perdre. Aelle était un vrai casse-tête mental pour la fillette et elle n’avait ni la patience, ni les neurones pour ce genre de discutions. Avec elle cette fille, elle avait l’impression de devoir analyser chaque mot, chaque phrase.

Mais la phrase de la troisième année l’arrêta net dans sa marche lente. *Qu’es ce qu’elle vient de dire le mur ?* Elle tourna doucement la tête, non pas tout son corps, mais juste sa tête pour regarder en biais celle qui venait de prononcer ses paroles qui l’insultait. Aliénor, abandonné ? Jamais, ce n’était pas dans son comportement, elle ne voulait juste pas déranger quelqu’un qui ne voulait pas d’elle, point barre. Et en plus Aelle enfonçait le clou en parlant des Frelons. Le dernier barrage qui retenait la colère d’Aliénor céda brusquement. La fillette n’entendait même plus la voix d’Aelle, elle voyait juste sa bouche bouger mais tout le reste était flou. En une fraction de seconde elle rebroussa chemin et se retrouva en face d’Aelle à une distance bien trop réduite de son visage. Les yeux coléreux et emplis de larmes de rage. Elle était allée trop loin, elle ne la connaissait pas ! C’était Aelle qui venait de juger Aliénor alors qu’elle lui reprochait de le faire avant ! Mais c’est qu’elle était gonflée la Miss Bristyle. Aliénor serra les poings à s’en planter les ongles dans ses paumes et sa mâchoire tressautait sous la pression de ses dents entre elles.

-T’as dit quoi là ?

Sa voix tremblait à la fin de sa phrase, cette fois c’était à Aelle de bien choisir ses mots, à quelques syllabes près elle pouvait se prendre un coup de poing. Aliénor n’était pas une grande adepte des bagarres mais quand on l’énervait elle ne répondait plus de rien.

- Les seules barrières présentes en moi m’empêchent de t’étriper là de-suite. Tu sais pas qui je suis, tu sais rien de moi et si t’as pas envie d’apprendre à me connaitre, alors n’invente pas des choses à mon sujet.

Aliénor ferma les yeux en inspirant profondément. Ses lèvres se pincèrent, elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre d’échange aujourd’hui. D’ailleurs elle voulait en avoir le moins possible des conflits. Mais là, c’était allé trop loin pour elle. Déjà depuis un moment elle ne comprenait pas le comportement de la troisième année, mais là, c’était hors du temps tellement ça lui paraissait aberrant.
Mais elle était d’autant plus blessée qu’en effet, elle était une catastrophe avec la magie. Sa magie n’en faisait qu’à sa tête, elle pouvait faire exploser des objets en voulant juste les déplacer. La maitrise des sentiments, elle qui n’y comprenait rien, ça n’aidait pas. Une larme roula le long de sa joue jusqu’à s’éclater au sol.

-Tous les sorciers ont des difficultés et ce n’est pas de la politesse qui va m’empêcher de progresser.

Un sanglot passa sa gorge et elle se maudissait pour cela. Mais que voulez-vous elle est encore jeune, elle apprendra à maitriser tout ça. Peut-être quand elle acceptera que ses sentiments ne sont pas une faiblesse humaine… Mais on n’en est pas là.
Elle essuya d’un revers de manche ses yeux.

-Je voulais apprendre à te connaitre, mais franchement… Tu donnes pas envie parfois.

Oui c’était certainement dur, mais elle était énervée et attristée par la même occasion. Elle ne maitrisait plus grand-chose en ce moment, droite comme un piquet, les yeux embués les poings serrés. Voilà une image qui ferait réagir si quelqu’un arrivait. Mais elles étaient seules et c’était peut-être ça le problème. Deux âmes qui ne se comprenaient pas mais qui pourtant s’intriguaient l’une l’autre.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

09 juin 2019, 15:11
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Je respire rapidement ; l’événement ne pourrait supporter une respiration sereine, non. Il secoue les corps, il brise les coeurs et il réveille la colère. Mes mots lancés dans le couloir n’attendent pas longtemps avant d’avoir une réponse. Je frémis.
Elle se retourne. Je tremble carrément et mon coeur sursaute si fort qu’il me coupe le souffle. *Elle s’approche !*. Elle arrive ! Par Merlin, j’ai réussi à la retenir. J’ai réussi ! La victoire emplie mon coeur, mais rapidement elle est remplacée par l’urgence. Je reconnaîtrais la démarche de la fille parmi des milliers d’autres : la colère n’est pas une émotion que l’on peut ignorer, oh non, et la sienne est tellement palpable que je dois prendre sur moi, de toutes mes forces, pour ne pas reculer en la voyant s’approcher tout près.

Trop près.
Je retiens mon souffle quand elle se plante tout juste devant moi. Mon coeur s’ébat à un rythme incroyable, ma respiration n’est plus qu’un souvenir, quelconque oubli d’une autre vie. De toute façon, plus rien n’importe. Mon corps fait n’importe quoi et ma tête, elle, est pire encore. Des centaines de pensées tournent dans mon esprit et l’image persistante de Delphillia en train de me frapper fout la merde dans toute cette mélasse. *Ça m’déplairait pas*. Ah ouais ? Peut-être. Qu’elle me frappe. Ou que je la frappe.
Quoi qu’elle fasse, décidé-je, je lui enverrai mon sourire à la figure, à cette Autre ! Comme ça elle saura qu’elle n’a plus jamais intérêt à se foutre de ma gueule.

« T’as dit quoi là ? »

Oh, cette colère !
Je fronce les sourcils, me grandit autant que je le peux, serre mes poings autour de moi. Je n’essaie même pas de ne pas trembler. J’ai envie d’ouvrir ma bouche et de lui répéter tout ce que je viens de dire. Si elle n’a pas compris, c’est la preuve que j’ai raison. Et lui rappeler sa parfaite incompétence, son abandon minable et ses barrières de gamine ne pourrait que la mettre plus en colère que jamais, n’est-ce pas ? J’ouvre la bouche, désoeuvrant ma grimace de dégoût, pour lui jeter ces mots à la gueule. Mais trop tard, elle parle.

« Les seules barrières présentes en moi m’empêchent de t’étriper là de-suite. » Vraiment ? Un simulacre de sourire se dessine sur mon visage. S’il y a bien une chose dont je suis persuadée, c’est bien le fait qu’elle soit incapable de m’étriper moi. « Tu sais pas qui je suis, tu sais rien de moi et si t’as pas envie d’apprendre à me connaître, alors n’invente pas des choses à mon sujet. »

A cet instant, l’injustice me frappe si fort qu’il empêche le moindre de mes mots de dépasser la barrière de ma bouche. Je pince les lèvres et plonge mon regard charbon dans l’un de ses yeux, je ne sais même pas lequel. Je sens ma colère se rouler en boule à l’intérieur de moi. Elle se rassemble, se rassemble, j’ai l’impression qu’elle gagne l’intégralité de mon corps, qu’elle envahit mes jambes et mes bras et ma poitrine et mes yeux. J’ai l’impression qu’elle devient immense et que plus jamais je ne pourrais la contrôler.
Si t’as pas envie d’apprendre à me connaître.
*ELLE A RIEN COMPRIS*
Oh Merlin, absolument rien du tout. J’étouffe sous l’injustice, j’étouffe sous la colère, j’étouffe sous la peine. Et elle, elle et sa colère ridicule, elle me reproche tout ce dont elle est coupable ! Son abandon, son idiotie, son incompréhension. C’est parce qu’elle a honte qu’elle refuse de voir toute sa mauvaise foi ? Ou c’est parce qu’elle me déteste si sincèrement qu’elle prend plaisir à voir les choses tourner aussi mal ? *Sûr’ment ça*. Ouais. Elle me déteste si fort, cette Autre.

Figée, blême, j’observe son visage. Je vois tout. Et cette larme qui coule le long de sa joue me tord le coeur d’une étrange manière. Oh oui, d’une manière qui me donne envie de rire et de crier : tu t’fous d’moi avec ton jeu minable ? Envie d’hurler et de pleurer : toi tu r’ssens rien, ma peine à moi est bien plus réelle !

Elle parle sans savoir à quel point je la méprise. Ou peut-être s’en doute-t-elle ? Elle me sort sa merde et rajoute une couche en surjouant un sanglot ridicule. Son visage se tord joliment, je pourrais presque y croire. Mais je ne peux plus croire à rien, pas avec elle alors qu’elle se fout si drôlement de moi.

« Je voulais apprendre à te connaître, mais franchement… Tu donnes pas envie parfois. »

Oh.

« Tu veux rien du tout, Delphillia et c’est bien pour ça qu’t’es capable de rien. » Je ne pensais pas que ma voix tremblerait si fort, mais elle le fait, complètement chamboulée par ma colère. « D’rien du tout, qu’ce soit d’m’étriper ou d’me comprendre. » Mon visage est tordu dans une grimace de dégoût, mes yeux brûlent de colère et le ton de ma voix monte sans que je ne puisse l’en empêcher. « C’est pour ça que tu t’barres, hein ? Parce que tu sais que t’en es pas capable. C’est bien plus facile de pas l’faire plutôt que de risquer de… D’échouer ! »

Je me tais. Je respire difficilement. Je la quitte du regard une seconde, m’éloigne légèrement. Merlin, j’ai mal au coeur.

« Si t’avais pas abandonné, t’aurais compris que… » *Lui dit pas !* Je lève le menton. « Tu aurais compris bien des choses. Dont le fait que j’voulais apprendre à te connaître. Et t’aurais un peu appris d’Frewd, c’qui peut pas t’faire de mal. »

Je ne lui dis pas que ça ne ferait de mal à personne, je préfère lui laisser croire qu’elle est vraiment un cas perdu, alors qu’elle en est tout simplement au même point que tous les Autres.

« Chiale pas, lui dis-je soudainement. Ça sert à rien d’faire semblant, Delphillia. » Mes yeux me brûlent. *Envie d’pleurer*. Cette sensation agit comme un électrochoc. Je crie : « Barre-toi ! » en me penchant en avant, le corps bouleversé. « Barre-toi, t’façon j’ai pas b’soin de toi ! Finalement j’m’en fous qu’tu restes avec moi, alors dégage, ok ? Va chercher ton rat, si tu crois qu’c’est ça qui t’permettra d’pas échouer ! »

10 juin 2019, 18:17
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Elle était folle. C’était la seule conclusion qu’Aliénor pouvait faire sur Aelle. Cette fille était tarée et elle insultait Aliénor elle ne savait même pas pourquoi. Et son argument c’était quoi ? Qu’Aliénor avait peur de l’échec ? Elle peur, vu le temps qu’elle passe avec ce bip d’échec ? La fillette avait vraiment du mal à retenir la colère qui bouillait en elle. Une boule se formait dans sa gorge qui lui faisait atrocement mal, sa respiration la brulait alors que les paroles de la troisième année étaient comme des aiguilles que l’on plantait dans son corps. Elle serrait les dents, elle encaissait, mais elle devait arrêter, arrêter de parler si elle ne voulait pas réveillée se côté bien trop sombre d’Aliénor. Cette sombre silhouette qui sommeille en elle et qui ne se retranscrit que dans ses dessins. Même elle, elle en avait peur, elle ne savait pas se maitriser quand elle était comme cela et c’était bien la première fois que ce personnage sombre n’allait pas agir contre Aliénor. Car oui, Aliénor est la seule personne à se faire sortir de ses gonds. La plus part du temps elle s’énerve contre elle-même. Ses réactions, ses faiblesses, ses sentiments qui font d’elle une petite chose sans défense, elle se détestait tellement pour ça. Mais cette fois-ci toute cette colère était dirigée contre Aelle, le mur de fumée.

Et elle osa lui dire qu’elle faisait semblant. Aliénor ne savait pas faire semblant, mais si elle aurait cherché à la connaitre un minimum elle l’aurait su ! Elle ne pouvait plus en entendre plus, elle devait arrêter. *Arrête toi Aelle*. Mais son corps agit plus vite que sa pensée. Sa main se leva, droite ferme et sans lever les yeux, la sentence tomba. La main de la fillette s’écrasa sur la joue de sa camarade pour qu’elle se taise. Elle ne pouvait plus, Aelle était allée trop loin dans des contrées où personne ne devait s’aventurer.

Aliénor releva doucement la tête, elle était en larmes ne pouvant plus rien retenir. Toutes ses barrière c’était affaissées, elle qui avait mis tant de temps à les bâtir, Aelle venait de les abattre à grand coup de pieds comme si ce n’était que des légos.

-Tu ose me dire ça à moi, moi qui suis incapable de lancer un sortilège correctement, moi qui ai lutté contre ma peur de l’eau durant 3 ans ? L’échec je le connais par cœur Aelle et je les essuie un par un, mais il ne veut pas me lâcher ce connard. Alors oui je vais me barrer et oui tu vas rester seule et oui je vais te juger. Parce que tu le mérite.


Aliénor se retourna à peine sa phrase terminée, elle ne voulait pas en entendre plus, elle ne pouvait pas rester là. C’était trop pour elle, ce qu’elle était en cet instant, elle ne pouvait pas se montrer ainsi devant quelqu’un. Elle n’aimait vraiment pas cette partie d’elle-même.

Ses pas résonnaient maintenant dans le couloir alors que ses larmes s’arrêtaient doucement de couler. Elle avait besoin de se retrouver seule, alors direction le dortoir. Sans plus de réflexion elle emprunta le chemin de la salle commune. Tant pis, elle n’en apprendra pas plus sur Aelle, mais elle aura au moins essayé.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

14 juin 2019, 17:44
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Je veux qu’elle chiale encore. Je veux voir ses yeux se remplir de larmes, son visage se tordre, son coeur crier sa peine. Je veux que toute sa douleur sorte de son corps et lui fasse crier à la gueule du monde combien elle a mal.
Je veux qu’elle ait tort, qu’elle soit minable et qu’elle le sache. Je veux qu’elle s’en veuille, qu’elle se dise que tout aurait pu bien se passer si elle avait agi autrement ; je veux qu’elle se haïsse.
Je veux qu’elle soit pitoyable, qu’elle soit incapable de ressentir autre chose que la honte. Je veux qu’elle s’excuse, qu’elle se répande de pitié, qu’elle me dise que j’ai raison et qu’elle a eu tort. Elle a eu tort, tort, *tort ! complètement tort !*.

Je serais capable d’en dire des centaines d’autres comme ça pour avoir ce que je veux !
T’es faible ! T’as échoué !
Incapable !
Peureuse !
Minable !
Menteuse !

Une menteuse d’avoir voulu me faire croire qu’elle voulait me connaître ; qu’elle pouvait me connaître. C’est cela, n’est-ce pas ? C’est impossible que ce soit autre chose, ce qui fait d’elle la pire menteuse, la plus moche menteuse, la plus horrible, la plus grande. La reine des menteuses ; avec son regard étrange et sa colère qui pleure. Je me souviendrais d’elle comme cela, gamine sans foi, gamine sans honneur. Ouais, je ne l’oublierais pas. Et je n’oublierais pas non plus qu’elle m’a prouvé qu’elle était absolument incapable de me comprendre.

Je la déteste, par Merlin, je la déteste !
*J’me déteste !*
Je la hais de me rendre plus mal encore qu’à mon départ de la bibliothèque. Ça aurait dû être impossible. J’aurai dû me promener, oublier Krissel, avancer. Mais rien a marcher, rien du tout et elle en est la seule fautive ! J’ai l’impression que le ciel est rempli de nuages et que jamais plus il s’éclaircira. Jamais plus.

Elle lève le bras.
Qu’elle fasse donc ! Qu’elle essuie ses larmes, qu’elle cache sa colère d’enfant !
Elle le baisse.
Le choc est si soudain que tout le bruit que faisaient mes pensées cesse tout à coup. Toutes mes voix intérieures, tout le bruit de mon coeur, tout s’arrête et le silence me frappe. Je lève ma main sans la voir ; je la sens qui se pose sur ma joue douloureuse. Sous ma paume, ma peau est brûlante et douloureuse.
Douloureuse.
Mais pas autant que mon coeur qui s’échoue tout au fond de moi.

Une claque. C’est une claque.
Mes yeux s’écarquillent, comme si je ne pouvais pas le croire. Mais je le crois bien, je suis parfaitement consciente, parfaitement éberluée. Ma bouche ouverte n’a aucune parole à dire.
Une claque violente qui parle de la colère que je vois dans son regard.
Tout doucement, je retrouve mon souffle. Je prends conscience de la fille face à moi, de ses larmes intarissables, de son regard impitoyable.
Une claque comme celle de Zakary. Elle me fait plus mal encore que la sienne. Comme est-ce possible ?

Comme alors, mes yeux se remplissent de larmes. C’est si soudain que je suis incapable de m’arrêter. Et tout au fond de mon corps arrive le Monstre ; il n’a aucun nom, aucun statut. C’est le même que dans la forêt ce jour-là. Peut-être a-t-il besoin d’une baffe pour se réveiller ? Il s’installe dans ma gorge et les sanglots m’échappent sans rencontrer de résistance.
*Arrête-toi !*
Mais mon corps ne m’écoute pas, il pleure, il sanglote et j’ai honte. J’ai tellement honte que je baisse la tête pour me dérober au regard si Puissant de Delphillia.

« Tu oses me dire ça à moi, moi qui suis incapable de lancer un sortilège correctement, moi qui ai lutté contre ma coeur de l’eau durant trois ans ? » Sa voix est aussi puissante que sa claque ; elle parle et je me tais.
Quand elle dit mon prénom, je frémis. « Aelle. » Elle n’a pas le droit.

« Alors oui je vais me barrer, et oui tu vas rester seule, et oui je vais te juger. Parce que tu le mérites. »

Elle se retourne et s’éloigne.
J’arrive enfin à me détacher d’elle, à me reculer légèrement. Mes sanglots disparaissent en même temps qu’elle et je me retrouve seule dans le couloir, les yeux douloureux et la morve au nez.

Je n’arrive pas à penser ; peut-être aurai-je trop honte de moi si je pouvais ? Je suis incapable de faire quoi que ce soit alors je reste immobile, la main sur ma joue brûlante. Peu à peu, mon coeur se réchauffe ; je me dis c’est injuste, je me dis elle regrettera, je me dis elle a été lâche !
Je me dis que je vais aller la retrouver et que je lui exploserai le nez. Voir l’image dans ma tête me fait du bien. Je me sens puissante quand je me vois devant elle et que je regarde, sourire aux lèvres, son nez plein de sang.

Je fais quelques pas dans le couloir dans la direction qu’elle a pris. Je trébuche un peu, me redresse ; je n’arrive pas à baisser la main qui appuie contre ma joue.
*J’vais la tuer !* me dis-je. Et je le pense sincèrement.
Mais après j’entends ses paroles. Comme si elle était près de moi : « Oui tu vas rester seule. Parce que tu le mérites. » et comme si mes souvenirs voulaient se venger de moi, ils me lancent à la gueule « pas d’amis ! » avec la voix de Mcwood.

Alors je m’arrête, je parviens enfin à baisser mon bras. Je me revois dans la bibliothèque à suivre du regard une Krissel qui ne me calcule pas. *Elles ont raison*, je me dis et tout à coup une envie terrible de me rouler en boule et de disparaître me prend.
*Elles ont raison…*
Je ne sais pas trop ce que ça veut dire.
Il faudrait peut-être mieux que j’oublie tout cela. Oublier, envoyer mes pensées au loin, me plonger dans un livre, penser à autre chose, à ailleurs, à demain. Oublier, effacer la honte, gommer la douleur. C’est peut-être mieux, non ? C’est plus facile de ne pas se rappeler, de ne pas y penser, de ne pas savoir. Mais cette fois-ci, j’ai la sensation que je n’y arriverais pas. Comme avec Zak’ ; la claque est trop forte, les mots trop vrais *hein ?* pour être effacés.

- Fin -