Inscription
Connexion

24 avr. 2019, 17:36
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Elle avait ce don de se retrouver dans des situations étranges et peu communes. Mais cette fois ce n’était pas vraiment de son fait, elle s’était juste fait embarqué là-dedans parce qu’elle passait à côté et qu’elle avait un peu eu de peine pour ce pauvre garçon de douze ans qui avait les larmes aux yeux ne sachant plus quoi faire et ayant peur de ne plus revoir celui qui l’accompagnait dans cet immense château : son rat. Aliénor avait dans un premier temps trouvé ce garçon touchant, mais elle cherchait depuis maintenant presque une heure sans succès et elle commençait sérieusement à penser qu’il était un peu stupide. Après tout tu ne sait pas t’occuper d’un animal, ben t’en prends pas. Surtout quand tu sais que la plus part des autres élèves apportent avec eux le prédateur naturel de ton animal de compagnie. Un peu de logique ne ferait vraiment pas de mal parfois !

Aliénor marchait dans les couloirs cherchant de moins en moins finalement. Elle laissait courir son regard sur les pierres si austères du château en se laissant aller à quelques rêveries. Elle avait une concentration digne d’un moineau consanguin mais elle s’y faisait. C’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait se concentrer plus qu’une dizaine de minutes sauf peut-être pour le Quidditch et quand elle dessine. Mais sinon son esprit part toujours dans un autre monde, ce monde noir et sombre qu’elle retranscrit sur ses dessins. Oui il est sombre, mais cela ne signifie pas qu’il est dépourvut de joie bien au contraire. Enfin bref. Elle rêvait, c’était là ou je voulais en venir. Mais alors qu’elle marchait maintenant sans presque aucun but dans un des couloirs donnant sur la cour du clocher, Aliénor remarqua quelqu’un qui sortait de l’ordinaire. Sortir de l’ordinaire dans un tel endroit n’était pas vraiment complexe, personne ne trainait seul ici. Que ce soit en couple ou avec des amis, personne n’était vraiment seul dans ce coin du château même malgré le froid de novembre qui pesait sur tout le pays. Elle reconnut cette silhouette nonchalante qu’elle croisait assez souvent. Ces cheveux cachant la moitié de son visage ne laissant presque jamais discerner la lueur de ses yeux. Aelle. Aliénor connaissait Aelle de nom principalement n’ayant jamais eu l’occasion ou l’envie d’aller plus loin dans une quelconque relation avec elle. Elle avait du mal avec ces gens renfermés qui ne laissaient rien paraitre ou du moins qui restaient dans leur bulle se lamentant sur leur sort ou elle ne sait quoi. Du moins l’aura d’Aelle n’attirait nullement la petite Delphillia. Mais elle devait quand même avouer qu’elle avait quelque chose d’intriguant. Et puis cette histoire de renvoi… Aliénor n’aimait pas se fier aux rumeurs que pouvaient lancer la pire espèce au monde : les adolescents. Mais là, c’était des faits, un aura de mystères sombre trainait autour de cette fille.

Aliénor passa à côté d’elle la dévisageant un peu comme une bête de foire. Mais la discrétion et la délicatesse ne sont pas vraiment des qualités qui définissent la fillette. Elle se voyait quand même mal la dévisager sans rien dire, elle tenta donc de se redonner un peu de contenance et qui sait, trouver ce fichu rat.

-T’aurais pas vu un rat ?

Mais pourquoi une fille comme elle aiderait un premier année à chercher un rat, c’était ridicule et totalement à l’opposé de l’idée qu’elle se faisait d’Aelle. Aliénor souffla bruyamment avant de balancer :

-Enfin aider à chercher un rat ça ne doit pas vraiment être ton truc. Laisse tomber.

Aliénor lui jeta un énième regard essayant de deviner ces réactions, la moindre petite chose pouvant lui prouver que cette fille n’était pas qu’un grand mur de fumée.

@Aelle Bristyle
Dernière modification par Alienor Delphillia le 02 juin 2019, 12:30, modifié 1 fois.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

25 avr. 2019, 10:45
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Mi novembre 2043
Couloir — Poudlard
3ème année


Lire en marchant est une aberration. Ce n’est bon ni pour ma marche qui en devient hésitante, ni pour mon attention qui en est diminuée. Peu importe que Frewd soit exaltant, actuellement je peine à ne serait-ce qu’intégrer le concept nébuleux qu’il théorise dans Tomber sans mourir. La seule chose dont j’ai réellement conscience c’est le poids du grimoire entre mes mains et la longueur de ce fichu couloir qui n’en finit pas. Lasse, je quitte des yeux les mots flous qui noircissent le papier et lève la tête. Je frémis à peine en avisant le corps qui se dirige vers moi. La fille est loin et son existence m’est aussi importante que la probabilité que les joncheruines existent est faible ; autant dire que je n’en ai rien à faire qu’elle soit ici ou ailleurs.

Je soupire indistinctement et retourne à ma lecture sans toutefois réussir à en lire plus de deux lignes. Je marche lentement pour tenter, en vain, de me concentrer. Pendant un instant, le regret de ne pas être resté à la bibliothèque me déchire ; l’instant d’après je me fustige : tout plutôt que ressentir le sentiment étouffant qui m’a pris là-bas. Je secoue la tête pour éloigner de moi le souvenir de cet instant de panique qu’a créé la seule vision de ces deux enfants pliées de rire. Krissel et… Je ne me souviens même plus du prénom de son idiote d’amie — Annabelle ou Anaïs peut-être. La petite blonde est passée devant ma table avec son amie, son rire était grand et insolent, son regard regardait partout sauf vers moi. Elle riait tant qu’elle n’a même pas fait attention à moi. Elle est passé, elle a ri, puis elle a disparu. Alors, le regard fixé sur la porte qui s’est refermée sur elles, j’ai cru pendant un instant que j’allais totalement disparaître et que personne ne le remarquerait.
Je n’ai pas laissé le temps à la sensation de s’installer.
Je ne suis pas folle.
J’ai rangé mes affaires, je me suis levée et je me suis barrée. Je n’ai pas attendu longtemps avant de sortir Frewd de mon sac ; il me permet de m’échapper. J’ai seulement oublié que lire en marchant est une chose que je répugne faire. Mais je n’ai pas eu le choix et malgré ma difficulté de concentration, peu à peu ma gorge s’est dénouée.

Arrivée à la fin de ma phrase, mon regard se perd entre les lignes. J’ai déjà oublié les mots que je viens de lire et je suis prise d’une telle lassitude que j’en perd jusqu’à l’envie de tourner la page. Je soupire, encore, et je lève la tête.
Je ralentis quand mon regard rencontre la fille, toute proche de moi.
*D’jà là ?*, songé-je. Puis je la reconnais et mon coeur rate un battement idiot : *Delphillia !*. Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle je me souviens de son nom, à cette Autre. Le fait est que sa tête est si proche de celles qui bercent mon quotidien que je ne peux m’empêcher de la regarder ; d’un regard bien plus profond que ceux que je lui offre lorsque nous sommes en Salle Commune.

Je n’ai pas le temps de me demander ce qu’elle fait là et moins encore de songer à la malchance que j’ai de tomber sur une Autre susceptible de me parler. Elle parle et je fronce les sourcils en sentant son regard me décortiquer l’âme.

« T’aurais pas vu un rat ? »

*Un rat ?*
L’idée est si saugrenue et la phrase lancée si soudainement qu’un sourire commence à m’habiller le visage. Sans en avoir forcément conscience je ferme mon livre dans un claquement sonore.

Je m'arrête. J’ouvre la bouche pour lui répondre qu’il n’y a aucune raison pour que je trouve un rat dans un couloir, mais elle m’interrompt : un soupire bruyant s’échappe de ses lèvres et fait dégringoler mon sourire. Je prends son geste comme m’étant totalement dédié et j’en viens jusqu’à me demander si quelque chose sur ma gueule a fait comprendre à cette fille ce qu’elle est pour moi — c’est à dire pas grand chose. Puis je me rappelle qui je suis et je me souviens qu’elle sait parfaitement qui je suis ; j’en conclus que cette gamine a une dent contre la Aelle Bristyle dont les Autres parlent depuis la rentrée.

Puis elle me jette le reste de ses mots et une moue déforme mon visage ; ils me confortent dans mon hypothèse. Passée la lassitude de me voir toujours et encore victime des regards des Autres, ne reste plus que l’envie de lui montrer qu’elle se trompe ; elle ne me connaît pas.

« On dit qu’tomber c’est s’ouvrir à tout un d’tas trucs, lancé-je en pensant à Frewd. J’pense pas qu’ton rat soit venu s’cacher dans mon sac. »

Je détourne le regard en prononçant ces mots, regardant au loin pour ne pas être tenté de hurler au visage de cette Autre tout ce que je brûle de dire à tous les autres : fiche-moi la paix ! Cette pensée tout juste formulée, j’en viens à penser qu’elle est le plus gros mensonge que j’ai proféré de la journée.

25 avr. 2019, 18:19
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Alors qu’elle fit mine de retourner chercher ce rat, la voix d’Aelle remplit ce silence qui avait, durant quelques secondes essayé de s’installer dans ce couloir venteux. Aliénor se redressa essayant de comprendre les paroles de la Poufsouffle avant de faire face à ce visage si énigmatique. Du moins autant que ces paroles qui n’avaient pas vraiment de sens. Elle lui avait juste demandé si elle avait vu passé un rat et pas si elle était tombée ou si elle l’avait séquestré dans son sac. Même dans le ton de sa voix elle n’arrivait pas à savoir si elle se fichait royalement d’elle ou si elle répondait par pure politesse très sérieusement.

Elle se décida à se retourner cherchant toujours une réponse à ces paroles jetés comme une bouteille à la mer, on espère que sa parvienne à quelqu’un mais on n’a pas trop d’espoir quand même. Ben là le message avait clairement prit l’eau !

-Je…

Elle laissa cette idée en suspens. En fait elle ne savait pas vraiment quoi répondre. Aliénor était une fille très instinctive. Elle n’avait pas pour habitude de vraiment réfléchir avant de parler, les mots venaient seuls. Mais là… C’était le vide total, elle se sentait stupide et à la fois happée par ces mots mystères. C’était comme un code à décoder pour elle, comme un jeu où le but final était de répondre à la question : Qui est Aelle Birstyle ?
Elle fronça légèrement les sourcils en réfléchissant puis elle souffla comme pour lâcher prise. Réfléchir des heures pour une simple réponse était bien trop complexe pour la fillette.

-Ben visiblement je ne suis pas tombée parce que là, je ne comprends rien du tout…Je sais bien que tu n’as pas de rat dans ton sac, c’était juste une question.


Elle ne savait pas ? En fait elle n’en savait rien, peut-être qu’Aelle avait un rat domestique elle aussi et qu’elle le gardait dans son sac. En fait elle savait rien de cette fille, rien du tout. Elle planta son regard dans les yeux d’Aelle, enfin ce qu’elle permettait de laisser voir de ses yeux… Et elle lança sans crier gare :

-Pourquoi t’es compliquée Aelle ?


Alors là ! Vous voulez une question qui vient du cœur, qui manque totalement de tact et qui doit être extrêmement gênante ? Et ben on est en plein dedans. Mais Aliénor ne se démontait pas, elle restait droite face à son interlocuteur attendant patiemment la réponse. Cette méthode n’était certainement pas au goût de tous et Aelle pourrait très bien se braquer à cette question franche. Mais comme elle ne connaissait rien d’elle, Aliénor ne pouvait pas s’adapter, faire attention, elle ne pouvait qu’être elle-même, franche, simple et indélicate.
Elle voulait chasser toute cette fumée qui cachait la personnalité de cette fille en face d’elle. Juste avoir une idée de ce qu’elle pouvait être. Mauvaise ou bonne, elle s’en fichait. Mais se serait son avis, l’avis d’Aliénor Delphillia sur la Poufsouffle qui s’est fait renvoyer quelques temps de l’école.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

26 avr. 2019, 18:58
 RPG+  Moment de dérive  privé 
« Ben visiblement, je ne suis pas tombée parce que là, je ne comprends rien du tout… »

Je tourne la tête vers elle. Quand je rencontre son regard, je me rends compte qu’en effet, elle n’a pas compris grand chose. Je fronce les sourcils, mes lèvres se tordent en une grimace qui pourrait vaguement ressembler à un sourire. Je ne crois pourtant pas m’être exprimée avec des mots compliqués, mais je ne cherche pas plus loin : cette fille n’a pas lu Frewd, c’est évident.

« Je sais bien que tu n’as pas de rat dans ton sac, continue-t-elle, c’était juste une question. »

Cette fois-ci, je soulève un sourcil comme Zakary sait si bien le faire. Je regarde l’Autre franchement et me demande quand est-ce qu’elle a bien pu comprendre ce qu’elle sous-entend dans ses mots. La seconde d’après, je décide que je n’en ai rien à faire et je hausse les épaules. Aujourd’hui, je n’ai pas envie d’expliquer Frewd. Par alors que ses mots ne parviennent pas à s’inscrire dans ma tête. Puis j’ai la sensation que cette fille n’est pas une Wood — ce qui est fort dommage, chante mon coeur. Je n’ai pas envie de grand chose, à vrai dire, mais l’idée de me confronter aux Autres me donne envie d’avoir envie de n’importe quoi pour me faire quitter cet endroit.
Elle ne semble pas de cette avis.
L’Autre.
Elle me regarde avec ses grands yeux et *bizarre*. Je fronce les sourcils, me balade entre son oeil droit et son oeil gauche. *Y’a un truc qui va pas*. Je me penche légèrement en avant, intriguée par le regard de Delphillia ; quelque chose dans ses yeux attire mon attention mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

« Pourquoi t’es compliquée Aelle ? »

*Quoi ?*
Je me recule, surprise par le ton employé. Je ne peux m’empêcher de grimacer quand les mots atteignent ma compréhension et que je prends conscience de son regard bizarre qui me décortique. Mon coeur remue en attendant mon prénom dans cette bouche inconnue, mais actuellement c’est la question en elle-même qui retient mon attention. C’est la première fois que l’on me chante cet air-là. J’ai déjà eu le droit à des « C’est toi l’idiote, Bristyle ! », des « Pourquoi t’as fait ça à Poudlard ? Tu nous as fait honte ! » ou même des « Tu peux m’apprendre à être comme toi ? » et des « T’es vraiment incohérente, comme fille ! ». Mais des questions comme la sienne, je n’en ai jamais eu.

Je fronce les sourcils, hésitante quant à la suite. Mon coeur qui s’emballe veut l’envoyer chier, cette fille, mais mon esprit — encore tremblant des images aperçues à la bibliothèque — se plaît à croire que sa question est légèrement différente de toutes les autres que l’on m’a posé. Pendant un instant, je suis tenté de croire que c’est la fille qui est différente, mais son soupir d’il y a peu et ses mots précédent me confortent dans ce que je sais déjà : celle-là, c’est une Autre comme on en fait tant.

Je me redresse légèrement et laisse mon regard se perdre loin de Delphillia. Je triture le dos de mon livre, caressant du bout des doigts sa couverture. Sous ma peau, je sens les lettres épaisses qui composent le titre de l’oeuvre. Finalement, je soupire et laisse une moue déformer mon visage.

« J’suis pas compliquée, Delphillia, c’est les Autres qui cherchent pas bien. Ils changent pas d’point d’vue, » lui dis-je, pleine de rancoeur en songeant à l’unique conversation agréable que j’ai eu avec Loewy.

Je fais quelques pas dans le couloir, en profitant pour me soustraire au regard dérangeant de la fille.

27 avr. 2019, 11:56
 RPG+  Moment de dérive  privé 
La réaction de la partie adverse ne se fit pas attendre. La troisième année recula surprise face à cette question franche et simple. C’était sorti sans passer par un filtre, pur et tranchant. Sa réaction était on ne peut plus normale, tout le monde serait décontenancé par une telle question. Mais Aliénor ne s’excusa pas, elle voulait vraiment avoir une réponse et si possible une réponse qu’elle comprenait. Mais encore un truc tordu fait des métaphores ou de mots complexes. Son père la tuerait de penser comme cela, lui qui manie les mots avec soin. Mais elle n’est pas comme lui pour ça. Elle ne gère pas encore son impulsivité et ces pensées. Tout est cru chez Aliénor et oui ça peut lui porter préjudice, mais aussi lui ouvrir des portes.

- J’suis pas compliquée, Delphillia, c’est les Autres qui cherchent pas bien. Ils changent pas d’point d’vue.

Il y avait plusieurs choses qui ne plaisaient pas à Aliénor dans cette phrase. Elle fronça les sourcils. Elle avait l’habitude d’être appelée par son nom de famille, mais là, elle avait l’impression qu’il mettait une distance immense entre elle et l’autre Poufsouffle. Au moins autant que ce regard qui errait dans un autre monde où elle n’était pas invitée.
Puis les autres ? Qu’es ce qu’elle eut dire par là ? Les autres c’est quoi, tous les gens qui l’entourent ? Alors quoi, elle met tout le monde dans le même panier et colle des petites étiquettes sur la tête des gens ? Dans sa bouche, autre, avait l’air tellement péjoratif, comme une insulte ou une marque d’insignifiance totale. Et elle ose lui dire que c’est aux autres de changer de point de vue, mais visiblement elle était bien ancrée dans le sien.

Peut-être que cette fille était plus cultivée que la petite Delphillia, mais ça ne signifiait pas qu’elle pouvait se croire plus intelligente ou au-dessus. Certainement qu’Aliénor se trompait, mais sur le moment, c’est comme ça qu’elle comprit les paroles d’Aelle. Elle plaça un pied en arrière comme pour mieux s’ancrer dans le sol, comme pour préparer un combat. Elle ne voulait pas se battre, mais elle savait que sa pensée allait faire réagir Aelle. Mais comment ? C’était une bonne question.

-Alors quoi ? Tu mets une étiquette autre à ceux qui ne te conviennent pas ou ne te comprennent pas ? Tu ne penses pas que c’est toi qui es butée dans ton point de vue là ?


Contrairement à celui de sa camarade, le regard d’Aliénor était percutant et se heurtait à Aelle comme à un mur. Non elle ne comprenait pas le raisonnement de cette fille. Quoi à la fin de cette discussion Madame allait décider si Aliénor allait être classée comme une autre ? Mais que c’est rabaissant, mettre des étiquettes sur les gens révulsait la fillette. Elle ne pouvait pas vraiment être comme ça. Une expression de dégout s’imprima sur sa tête. Ce qu’elle découvrait de cette fille n’était pas vraiment positif. Alors sa réputation était vraie ? Ou du moins en partie. Mais là, elle ne faisait rien pour redorer son blason.

-C’est peut-être à toi de changer ton point de vue. Si tu fais des efforts les autres comme tu dis en ferons aussi. N’est seul que celui qui le désire et c’est pareil pour être compris.

Cette fille faisait comme certains auteurs pour trier leurs lecteurs. Ils faisaient de longues parties explicatives et descriptives qui larguaient les moins accrochés pour ne garder que ceux qui en étaient digne. C’était stupide pour Aliénor elle ne voyait pas vraiment ce que ça pouvait leur apporter. Se sentir supérieur à dire mon livre n’est accessible qu’à une élite… Mais le plus débile des hommes à beaucoup à apprendre au plus puissant. C’était exactement ce qui se reflétait dans le comportement d’Aelle pour la fillette. Et elle n’aimait pas ça. Si elle ne voulait pas lui parler et qu’elle la trouvait débile et ben qu’elle lui dise mais qu’elle arrête de faire tant de mystères. Ce n’était pas nécessaire.

Mais Aliénor était persuadée qu’en chacun, si on creusait un peu, on découvrait une nouvelle facette, souvent à l’opposé de la première. Comme elle avec la colère et ce monde qu’elle dessine, ou Harriet et sa carapace d’insulte et de mauvaise humeur.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

08 mai 2019, 13:15
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Étrangement, me soustraire à ses yeux étranges ne me donne pas l’impression de me cacher de leur attention scrutatrice. Malgré mon propre regard qui frôle le sol, malgré mon profil que je lui montre je ressens exactement la même sensation que lorsque j’étais face à elle, si fragile sous ses yeux. Je déteste cela, par Merlin. Pourquoi certaines personnes ont-ils des regards dérangeants ? Je n’aime pas me sentir mise à nu et j’aime moins encore que l’on me reluque sans impunité.
Plus attristée qu’agacée, j’emprisonne ma lèvre entre mes dents et la mordille. J’aimerai que Delphillia s’en aille et j’aimerai qu’elle reste. Je ne sais pas ce que je veux ; j’espère seulement qu’elle est aussi ouverte qu’elle semble l’être de premier abord. Puis si elle ne l’est pas, je l’envoie se faire voir et je me casse. De toute manière, ma journée est déjà gâchée par cette idiote et stupide Krissel. *Gamine de merde*, maugréé-je en me souvenant de son rire.

Les mots de Delphillia ne me surprennent qu’à moitié. Ma tête se penche légèrement sur la droite quand elle prend la parole et le rythme de mes pas ralenti. Du coin de l’oeil, j’aperçois ses pieds ; elle ne voit rien de moi, ma tête est baissée et mes bras serrés autour de mon bouquin.

« Alors quoi ? Tu mets une étiquette autre à ceux qui ne te conviennent pas ou ne te comprennent pas ? »

Ma tête se lève si vite que mon cou craque. Je jette mon regard dans celui dérangeant de l’Autre et lui offre mes yeux écarquillés. *Quoi ?*, hurlé-je à l’intérieur de mon esprit. *Elle a rien compris !*. En une fraction de seconde, mon calme s’effondre pour laisser place à un sentiment de déception si fort, si puissant qu’il me perd. J’ai envie de lui crier qu’elle est injuste, qu’elle se trompe, qu’elle n’a rien compris, rien rien du tout ! Mon coeur s’est emballé tout seul, le fou. Le sentiment d’injustice que je ressens me frappe si fort que je suis prête à dégueuler tout ce que je pense à cette idiote, mais elle est plus rapide que moi :

« Tu ne penses pas que c’est toi qui es butée dans ton point de vue là ? »

Injuste. Injuste. Injuste.
C’est bien ce que je pensais : une Autre. Et en plus, elle profère des mots qui n’ont rien à voir avec les miens ; elle ne m’a même pas écouté. Une Autre idiote qui ne cherche pas à comprendre et qui reste coincée dans son petit esprit étriqué parce qu’elle ne comprend pas ce que je suis en train de lui dire. Une Autre qui mord alors que j’essaie, pour une fois *par Merlin !*, de partager quelque chose. Je m’en rends compte soudainement : j’aurai pu me taire, j’aurai pu lui dire la vérité, qu’elle était trop bête pour comprendre, qu’elle n’avait aucune sorte d’importance et que je ne gagnais rien à lui parler. Mais non, j’ai décidé de lui faire comprendre que je n’étais pas si compliquée, que j’étais juste moi, et que personne ne semblait le comprendre car le monde est égoïste. Mais elle a réagit comme tous les Autres.
Avec méchanceté. Avec égoïsme. Et avec son petit esprit étriqué.

J’ai honte. Oh Merlin, pourquoi cela me fait-il aussi mal ? Je ne la connais pas, elle ne me connaît pas ; ce n’est qu’une Autre de plus qui pense en savoir plus que moi et qui a décidé de ne pas me laisser me présenter. Ce n’est pas la première à être ainsi, et ce ne sera pas la dernière. Alors, par tous les Mages, pourquoi ai-je si mal de constater, qu’une fois encore, je me confronte à quelqu’un qui ne me veut pas ?

Mon regard n’est plus écarquillé. Il est juste absent, régnant sur une face de dégoût — ou de colère, au choix. Il subit sans trembler la puissance des yeux de l’Autre.

« C’est peut-être à toi de changer ton point de vue. Si tu fais des efforts les autres comme tu dis en ferons aussi. N’est seul que celui qui le désire et c’est pareil pour être compris. »

Tiens donc. Des efforts, n’est-ce pas ? J’en fais tous les jours des efforts, te parler est un effort, avancer est un effort, ne pas pleurer est un effort. Et tout au fond de moi, je suis tellement persuadée qu’elle ne pourra jamais entendre un seul de mes mots qu’un sourire vient chatouiller mon visage. Il s’inscrit presque naturellement sur ma face de dégoût et étire mes lèvres. Il me laisse un goût horrible dans la bouche, ce sourire.

Mes mains tremblent contre mon livre. Le bout de mes doigts s’enfoncent dans la couverture, ma poitrine se soulève à un rythme effrayant ; j’essaie de le cacher le plus possible. Je ne veux pas qu’elle sache que je voulais autre chose d’elle. Que j’aurais aimé qu’elle cherche à me comprendre, à me voir. D’ailleurs c’est faux,  n’est-ce pas ? Pourquoi aurais-je voulu une telle chose ? Je m’en fous de cette fille. Et si les Autres et les autres ne peuvent pas me comprendre, ce n’est guère important. Moi je me comprends et je comprends Frewd. C’est déjà énorme, n’est-ce pas ?

Je prends une intense inspiration pour calmer ce coeur qui bat et déloger la boule qui s’est installée dans ma gorge. Je détourne mon regard piquant de Delphillia pour le jeter contre les murs et me redresse — peut-être qu’alors elle ne verra pas que je meurs d’envie de me rouler en boule ?

« Tu fais l’contraire de c’que tu dis, dis-je d’une voix qui manque de force. Et tu fais tout c’que moi j’dis : tu cherches pas à comprendre. » Presque naturellement, je tourne mes yeux vers elle : « Et ça, c’est pire que pas comprendre. »

Mes sourcils se fronçent. Ma respiration s’emballe et mon visage se tord en une grimace de colère.

« J’m’en fous qu’les Autres fassent pas d’effort ! J’dis juste que si tu cherches pas, tu croiras toujours que j’suis compliquée ! craché-je alors, pleine de rancoeur. Puis de toute façon, j’en ai rien à faire ! T’as qu’à pas comprendre. Je m’en fous. De toute façon, c’est certain que pour toi, je suis trop compliquée. Tu pourrais pas m’suivre. »

Je prends une respiration tremblante. Je sens que je devrais me taire, que je vais trop en dire. Mais par Merlin, je veux lui faire payer cette déception qui ne veut pas me quitter. Je veux lui faire payer de m’avoir fait mal, de m’avoir laissé croire, pendant un instant, qu’elle était intéressée par moi : « Et moi, grogné-je, j’veux pas m’coltiner un boulet d’ton genre. »

09 mai 2019, 22:17
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Aliénor suivait du regard la fille devant elle qui avançais doucement, sans fuir et pour autant sans rester là. Elle ne savait pas vraiment si sa présence était acceptée ou alors si Aelle essayait de la congédier poliment. Mais elle était là, et elle voulait creuser derrière cette carapace, cet écran de fumée. Elle tenait toujours ce livre entre ces mains. La lecture n’était pas le fort de la fillette au grand dam de ses parents. Mais elle préférait vivre elle ces aventures plutôt que de les lire.

Mais la réponse à la réaction de la fillette fut tout aussi cinglante qu’elle. Elle se prenait un coup, les deux filles se rendaient visiblement coup pour coup. Même si Aliénor s’y attendait, les paroles de la troisième année firent vaciller une fraction de seconde la petite Delphillia. Elle n’essayait pas de comprendre ? C’était pourtant dans cette démarche qu’elle avait engagé la conversation. Elle se sentait jugée bien trop vite et que ce jugement était faux. Visiblement les deux filles n’étaient pas faites pour se comprendre. Aliénor serra les dents pour encaisser les reproches qu’elle lui faisait. Oui elle était compliquée pour Aliénor, mais ce n’est pas en l’engueulant et en la catégorisant qu’elle allait la comprendre ou même vouloir la comprendre. Aliénor expira de façon pas du tout calme et régulière. Elle prenait sur elle, elle ne s’attendait pas à ça oh non. C’était la première fois qu’elle faisait une rencontre de ce type et son cerveau ne suivait pas.

- De toute façon, c’est certain que pour toi, je suis trop compliquée. Tu pourrais pas m’suivre.


Mais pour qui elle se prenait ? Parce qu’elle pourrait suivre Aliénor ? Non elle en était sûre. Cette phrase respirait l’arrogance exactement comme ces auteurs dont elle avait pensé tout à l’heure. Cette fille ne se prenait pas pour n’importe qui et la phrase suivante n’allait pas sauver ce jugement.

Aliénor était maintenant un boulet ? Et ben si elle traite comme ça tous les gens qui daignent lui parler c’est normal qu’elle soit seule et que tout le monde la regarde bizarrement. Des larmes de rages pointèrent aux coins de ces yeux. Elle allait exploser, elle venait de faire un effort pour essayer de comprendre cette fille et elle se prenait un revers de bâton gratuit dans la tête.
Elle essuya ces larmes du dos de sa main avant de reprendre un ton froid. C’est ça, une colère froide pointait en elle, comme si la glace fondait dans son ventre.

-Si c’est ce que tu veux, reste seule. Les Autres comme tu dis continuerons de te regarder de travers et je leur donnerais raison.

Elle passa une main sur son visage excédée par ce qu’elle avait en face d’elle.

-Tu donne raison aux rumeurs Aelle et rejeter les seuls personnes ayant l’amabilité de te parler rendra les choses encore plus complexes.

La colère grondait en elle, personne ne pouvait la traiter de boulet alors qu’elle n’avait rien fait.

-Tu déshonore notre maison.

Pour Aliénor, c’était la pire insulte qu’elle pouvait formuler. Cette maison, Poufsouffle, c’était sa famille ici, son phare dans la tempête et cette fille, Aelle, elle ne pouvait pas faire partie de cette famille avec ce comportement. Aliénor n’aimait pas juger les gens si rapidement, tout le monde avait des jours avec et des jours sans. Mais en trainant cette réputation et en agissant de la sorte, Aelle c’était condamnée aux yeux de la fillette. Rien n’était logique pour elle dans son comportement. Aliénor pouvait être ce qu’elle voulait, une Autre, un boulet, elle était fière de l’être parce qu’au moins, elle n’était pas seule. Le seul boulet qu’Aelle trainait c’était elle-même.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

10 mai 2019, 17:32
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Comprends-moi.
Comprends-moi.
*Y’a rien à comprendre !*
S’il te plait, comprends que je te demande de me parler.
*Je la déteste déjà !*
S’il te plait, ne m’en veux pas.
Dis-moi de me taire.
*C’est pas elle qui…*
Dis-moi que tu chercheras à me comprendre malgré mes cris.
*C’est pas elle qui risque d’le faire !*
Dis-moi que tu t’en fous des rumeurs.
Dis-moi que mes grognements ne t’effraient pas.
Dis-moi que tu n’as pas peur.
*Tais-toi, tais-toi, tais-toi, Ely ! Elle t’déteste déjà, ‘façon !*
Dis-moi que tu me comprends.

J’aurai dû me taire. J’en suis tellement persuadée que l’évidence me saute aux yeux : les paroles font du mal. Encore une preuve, là, sous mes yeux. Si je m’étais tu, m’aurait-elle davantage aimé ? Si je n’avais rien dit, m’aurait-elle davantage comprise ?
Je n’ai pas à me taire ! Je dois dire ce que je pense, sinon le monde n’a pas de cohérence. N’est-ce pas ? Si je ne dis pas les choses, à quoi ça sert de les vivre, hein ? Pourquoi je devrais me taire pour lui plaire ? Après tout, c’est tout le contraire de ce que je veux : qu’elle me comprenne. Si je me tais, si je ne dis pas les choses, elle ne pourra jamais me comprendre.
*Mais elle veut pas m’comprendre*
Certes. Elle s’en fout.
Comme les autres. Les Autres.
Pour elle, je suis Aelle Bristyle. Je suis tout ce qu’Ils veulent, mais jamais ce que moi je veux être.
*P’t-être que si tu l’avais pas insulté…*
Mon coeur tressaute ; oh Merlin, mais je l’ai insulté pour qu’elle comprenne. Merlin, si elle n’est pas capable de comprendre cela, elle ne pourra jamais rien comprendre d’autre !

Mon coeur bat comme un fou sous ma poitrine. Mes yeux, eux, sont incapables de quitter l’Autre du regard. Je la regarde avec tant de force que je pourrais la clouer sur place. Je ne suis pas capable de contrôler mon visage, ni la grimace de regret qui me déchire les traits, ni même mon souffle qui se coupe sous la force de ce sentiment.

C’est idiot.
A quoi cela sert-il de regretter ?
Après tout, je pense tout ce que j’ai dit. Sauf une chose. Je m’en fous. Mais tout le reste était vrai. Alors pourquoi je regrette, par Merlin ? Pourquoi mon estomac se tord-il de cette façon ? C’est douloureux de voir que mes mots ont un impact. Je voulais qu’elle paie, qu’elle ait mal comme j’ai mal de me voir encore rejeté. Et elle a mal ; ces larmes, au coin de ses yeux, c’est bien de la douleur, n’est-ce pas ? Par tous les mages, voir ces larmes me fout en l’air. Je baisse les yeux pour ne plus avoir à les supporter. Elles me font me sentir moche. Dégueulasse. C’est à cause d’elles que je regrette, c’est certain.
Tout ça parce-que je voulais, pour une fois, que l’on se donne la peine de fouiller dans ce que je suis. *Idiote*. N’est-ce pas ? Les Autres ne veulent pas voir plus loin en moi. Je n’en vaux peut-être pas la peine.
*Ou c’est eux qui en valent pas la peine*
Ouais.

« Si c’est ce que tu veux, reste seule. » Je la caresse de mon regard. Mon visage ne dit rien ; mon coeur, lui, se soulève si fort qu’il me fait un mal d’enfer. Reste seule. Oh. Merlin. « Les Autres comme tu dis continuerons de te regarder de travers et je leur donnerais raison. »

JE M’EN FOUS DES AUTRES.
Je veux hurler.
Non. Il y a autre chose qui monte du plus profond de mon corps. Une sensation tordante, piquante, délirante. Elle remonte des bas-fonds de mon être pour s’installer dans mes yeux : j’ai envie de chialer. *Non, non !*. Je fronce les sourcils pour repousser loin de moi toutes ces envies, tous ces sentiments qui font mal. Il me faut les oublier, il me faut les oublier ! C’est facile de ne pas voir. Il suffit de ne pas y penser.

« Tu donnes raison aux rumeurs Aelle et rejeter les seules personnes ayant l’amabilité de te parler rendra les choses plus complexes. »

Parler ? C’est ce qu’elle croit avoir fait ? C’est ce qu’Ils croient qu’ils font ? Les Autres pensent que c’est ainsi que l’ont doit parler ? Ils se trompent totalement. Parler, c’est discuter sans a priori, c’est échanger de choses qui n’ont rien avoir avec ce que je suis ou ce qu’elle est. C’est parler du monde, de la magie, de la connaissance ; c’est s’apporter.
Je voudrais hurler, crier, pleurer. Mais je n’ai pas envie. Tout se mélange dans ma tête et je n’ai pas envie de me noyer dans mes émotions. Pas aujourd’hui. Je veux juste qu’elle se rende compte de son idiotie, de son injustice

« Tu déshonores notre maison. »

Les mots sont lancés si sincèrement qu’ils me broient le coeur. La surprise s’inscrit sur mon visage et cette fois-ci je ne fais rien pour la cacher.

« Tu comprends pas, » soufflé-je. Ma voix me semble horrible, mais elle réveille une chose qui me fait plus peur encore. Je ne peux retenir le cri qui monte dans ma gorge : « TU COMPRENDS RIEN ! » crié-je.

Je me détourne, essoufflée. Mes yeux se ferment. Mon souffle est court. Mes gestes sont tremblants ; je fourre mon livre dans mon sac à bandoulière puis je me fige, les poings serrés, les bras ballants autour des hanches, dos à l’Autre.

« Les rumeurs existent seul’ment parce que des gens comme toi les valident sans raison. » Ma voix est si tremblante, que je me fais pitié. Mais à vrai dire, je n’y songe même pas. « J’m’en fous de c’qu’elles disent… »

Je me retourne légèrement. Mes yeux noirs flambent. Mais pas de colère, non. Je ne crois pas que je pourrais être en colère. Je me sens vide. Complètement vide. Parce que j’ai devant moi tout ce que je veux et que je n’arrive pas à l’avoir. Peut-être, finalement, que c’est pour mon bien que je suis seule ?

« Tu sais pourquoi ? demandé-je d’une voix faible. Parce qu’elles sont toutes vrais, ces rumeurs. Alors j’m’en fous moi. Et toi, tu devrais t’en foutre aussi. Mais nan. Parce qu’tu crois que c’que tu veux. Parce que t’es butée et que tu vois pas par mes yeux. »

J’ouvre la bouche, j’hésite.
Je la referme.
Finalement, je prends une inspiration :

« Tu sais… » *Tais-toi, elle pourra pas comprendre !*. *Elle va s’foutre de toi !* « Si tu m’avais parlé d’une aut’ manière, je… Ça se s’rait pas… »

Je ne sais même pas ce que je veux dire.
Je baisse les yeux.
J’ai envie de faire quelque chose. J’ai envie qu’elle me comprenne, qu’elle cherche à me comprendre. Qu’elle reste un peu avec moi. Juste aujourd’hui. Juste maintenant ; et sans me reprocher tout ce que je suis. J’aimerai juste qu’elle
*Arrête, c’est con !*
me dise
*Débile !*
qu’elle me comprend.

« S’tu veux m’suivre, j’suis prête à corriger c’qui va pas chez toi. »

Oh Merlin, qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je crois que je suis en train de lui apprendre à me comprendre.
Un sourire nerveux m’effleure les lèvres.

« Puis comme ça, on pourra vraiment s’parler. Tu vois ? Vraiment s’parler c’est… Euh… Parler de Frewd, lui dis-je en montrant mon sac. Oui, je pourrais t’expliquer Tomber sans mourir et tu pourras me dire pourquoi tu as des yeux si étranges ? »

Mon coeur bat plus vite que jamais. Je me sens idiote. Et en même temps je me sens fière : j’y arrive ! Regarde Ao’, j’suis en train de proposer à quelqu’un de passer du temps avec moi ! Je me sens fière de pouvoir être capable de pardonner à Delphillia, de ne pas céder à la colère, de lui donner les pistes pour pouvoir agir avec moi. D’avoir la force d’accepter sa compagnie. 

« J’te l’dit encore, dis-je alors, sûre de moi. J’suis pas compliqué, Delphillia. »

12 mai 2019, 17:47
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Elle renifla peu élégamment pour ravaler les quelques larmes qui la déstabilisait un peu trop. Elle ne voulait pas paraitre faible, mais elle ne s’attendait pas du tout à ça en cherchant ce foutu rat pour aider un premier année. Mais là, elle s’était heurté à un mur, et sacré mur qu’était Aelle. Sa réaction ne se fit pas attendre et elle était bien normale enfin presque, elle n’en savait rien en fait. Son cerveau ne suivait pas du tout le fil logique de cette conversation. Elle ne faisait que réagir et renvoyer la balle se sentant jugée et menacée. Elle était un peu comme un félin en attaquant un autre. Mais elle ne voulait pas en arriver là à la base et c’était peut-être ça qui la chagrinait.

Elle reçut un uppercut quand la voix bien plus forte qu’auparavant d’Aelle la percuta. Elle était peut-être allée un peu loin dans ses paroles, mais elle ne pouvait pas faire marche arrière maintenant. Elle encaissait en essayant de ne pas montrer sa surprise. Mais c’était sans compter son visage qui, toujours indiscipliné, laissait transparaitre ses émotions. Elle était peinée de voir quelqu’un dans cet état à cause d’elle, mais aussi en colère d’être jugée si vite. Elle resserra les dents en écoutant son interlocuteur.

Les rumeurs, au final il n’y avait pas vraiment grand-chose de concret dans ce qu’avait entendu Aliénor sur sa camarade de Poufsouffle. Une histoire avec un des chinois étant venus à Poudlard qui lui a couté un renvoi. On lui donnait une image d’une fille qui ne maitrisait pas sa colère et qui restait seule dans son coin. Une espèce d’extraterrestre. Mais la fin de sa phrase radoucit les trais de la fillette.

- J’m’en fous de c’qu’elles disent…

Les yeux de la fillette s’agrandirent. Aliénor prônait sans cesse de genre de raisonnement, passer au-dessus de ce que les gens peuvent penser, ne pas les écouter parce que toi seul sait qui tu es. Oui Aliénor se fichait bien de l’image que les autres pouvaient avoir d’elle et retrouver cela chez Aelle changeait la perception des choses pour la petite Delphillia. Elle se heurta au regard noir de la troisième année. Quel abysse de ténèbres que ces grands yeux noirs. Une âme cachée et incomprise, le cœur d’Aliénor se serra. Son père avait des yeux bruns presque noirs, mais elle n’avait jamais vu un regard comme cela. Celui de son père brillait toujours, une étincelle de bienveillance, comme des bras qui te soutiennent dans la nuit noire. Mais là, il n’y avait pas cela. C’était percutant de rage mais enivrant de mystères. Aliénor se sentit comme paralysée par ce regard alors que la voix d’Aelle complait toujours le couloir.

Les rumeurs son vraies, c’est ce qu’elle dit. Mais alors pourquoi en ce moment Aliénor avait du mal à le croire ? Elle ne ressentait pas cette haine et ce mépris qu’avaient pu mettre les gens dans ces rumeurs.

Mais la surprise fut encore plus grande quand Aelle prononça ces quelques mots.

- S’tu veux m’suivre, j’suis prête à corriger c’qui va pas chez toi.

La suivre ? Enfin quelque chose qu’Aliénor comprenait, quelque chose de simple, sans équivoques et sans sens caché. Aliénor prit une grande inspiration, elle avait du mal à suivre et il était même impossible de retrouver le fil de la pensée d’Aelle, mais elle essayait d’assembler les mots pour en faire une suite logique. Que pouvait-elle bien dire par corriger. Ça ne ressemblait pas à une insulte même si la fillette pourrait le prendre comme cela mais non. Elle voyait à ce moment-là une faille. Une faille dans cet échange qui tournait au pire. Aliénor ne comprenait pas vraiment comment elle en était arrivée à ce retournement de situation mais elle y était. Elle se détendit doucement, son regard ce fit moins ferme. Elle avait l’impression que le mur de fumée ce désépaississait et q’elle avait enfin accès à quelque chose d’Aelle.

Elle pencha la tête sur le côté. Frewd ? Elle ne connaissait pas, certainement un manque de culture de sa part, mais si elle devait passer par là pour avoir accès à l’humanité d’Aelle, elle prenait. Elle ne voulait pas d’une nouvelle ennemie dans le château et encore moins dans sa propre maison.

-Je…Je veux bien que tu éclaires mon regard Aelle.

Elle ne savait pas vraiment comment s’y prendre. De duel de félins, on en était arrivé à une sorte de bête apeurée et Aliénor ne voulait pas que sa camarade se braque de nouveau. Même si elle n’avait pas l’habitude de ce genre d’exercice, elle avait enfin l’impression de percer le mystère qu’entourait cette fille.

-Et mes yeux… Tu sais la génétique fais des erreurs.

Elle tenta un sourire. Ce sourire lui faisait du bien, elle se sentait tellement plus légère qu’il y a quelques secondes. Son cœur s’allégeait et elle ne voulait pas de nouveau se retrouver dans ces ténèbres étranges.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

14 mai 2019, 16:43
 RPG+  Moment de dérive  privé 
Je suis en train de tomber. Pourtant, je n’en ai pas l’air ; je suis plus droite que jamais, le bout de mes mains tremblent, mais je tiens bon. Je soutiens le regard de la fille qui me fait face. Je suis bien ici, bien présente, bien vivante.
Pourtant, j’ai la sensation de tomber.
Mon esprit vrille, mon coeur s’échoue sans fin sur la lande de mon être.
Je suis bien présente et j’ai parfaitement conscience de la connerie que je suis en train de faire. Je sais, mais je ne fais rien pour l’empêcher.

Je déglutis difficilement. Merlin, j’aimerai être capable de décrypter les émotions des Autres. Qu’est-ce que cette grande inspiration veut dire, qu’est-ce que ce visage me dit ? Je ne sais pas, je ne sais rien. Je regarde Delphillia, je ne loupe rien des agissements de son corps et de sa face, mais je suis incapable de comprendre la moindre chose. A vrai dire, cela n’aurait pas grande importance ; bientôt, elle va m’envoyer me faire voir.
Je le sais.
Je le sais parce que c’est une Autre et que personne n’est capable de me comprendre. Même ma famille, même Thalia, même Ebony et moins encore Charlie. Personne. Alors c’est évident que dans mes mots Delphillia verra tout ce qu’elle voudra y voir ; et lui restera invisible la Vérité : ma demande pitoyable.

*J’suis bête*, je me répète comme une litanie. *C’pas moi, ça*, me dis-je.
Mais mon corps dit le contraire. Mon attente impatiente, mon coeur torturé, mon souffle retenu, mes yeux noyés d’espoir.

Elle penche la tête sur le côté et je me tends. Je plonge mes mains dans les poches de ma cape pour qu’elle ne voit pas mes tremblements ; surtout pour enfoncer mes ongles dans ma paume. La douleur est la seule chose plus puissante que la peur. La seule chose qui permet à notre esprit d’éloigner la terreur.

« Je…, » commence Delphillia. *Veux crever*, hurlé-je dans ma tête. « Je veux bien que tu éclaires mon regard, Aelle. »

Encore ce prénom.
Encore ce… *Quoi ?*
J’ouvre la bouche et mes yeux s’écarquillent ; je me redresse plus encore si c’est possible. J’atteris brutalement dans mon corps et j’ai soudainement une conscience accrue de tout ce qui est en train de se dérouler autour de moi. *Elle s’fout d’moi ?*, ne puis-je m’empêcher de me demander. Car si ses mots s’incrivent dans ma tête, je peine à les comprendre.
Elle veut que je l’éclaire ?
A propos de moi ? Ou de Frewd ?
Elle veut me comprendre ?
Elle veut m’apprendre ?

« Et mes yeux… » Je cligne les miens pour me concentrer sur son étrange regard. « Tu sais la génétique fait des erreurs. »

*La génétique fait des erreurs…*
Mes paupières papillonnent. Troublée, je baisse les yeux. Avant de soudainement les relever ; un léger pas en avant m’approche de la fille. Je me penche, j’observe ses yeux. La compréhension me frappe tout à coup ; un oeil bleu, l’autre marron. C’était donc cela ! Je passe de l’un à l’autre, peinant à croire que je sois passé à côté d’une telle évidence. Maintenant que je les ai sous les yeux, je suis incapable de me décider sur lequel regarder. Je suis de toute manière attirée par une chose beaucoup plus déplacée ; juste en dessous, un sourire. Un sourire vague, un sourire qui ne veut rien dire, mais un sourire tout de même.

« C’qui est étrange n’est pas forcément une erreur, » balbutié-je alors.

Ma propre voix m’apparaît comme lointaine. Une voix qui ne m’appartient pas, mais qui fait pourtant peur. Je baisse la tête, le coeur battant à tout rompre. Le silence m’arrache les oreilles et je me retrouve complètement perdu dans mon immense esprit.
*Elle veut m’apprendre* ; c’est ce qu’elle a dit, n’est-ce pas ?

« Tu veux… m’apprendre ? »

Ma voix décide de parler. J’emprisonne ma lèvre entre mes dents, regrettant mes paroles. Lui poser une question si directe, c’est prendre le risque de la voir répondre non. Et si elle me répond par la négative, que pourrais-je faire ? Elle partirait et me laisserait toute seule. Elle partirait et je ressentirai encore cette horrible sensation.
Comme si j’allais mourir et que personne ne s’en soucierait.
Mon ventre se noue, mais je redresse mon corps qui s’était affaissé. Sans vraiment savoir comment, je fais face à Delphillia et plonge dans son double regard ; il ne s’est déroulé aucun temps depuis mes dernières paroles, mes mots résonnent encore à mon esprit. Sans lui laisser le temps de décider, je m’octroie son droit de refus. Je plonge ma main dans mon sac et en ressors l’exemplaire de Tomber sans mourir de Frewd.

« Tu veux savoir quoi ? » déblatéré-je à toute allure.