avec @Hestia Andrew
Le 18 octobre 2043
Aux alentours de Minuit


Comme convenu, c'était à la pleine lune d'octobre que les fillettes se retrouveraient. Elles avaient parlé d'un plan, lors de leur première rencontre, celle qui avait d'ailleurs mené à cette excursion. C'est vrai que les deux fillettes s'étaient hâtées d'organiser une sortie, alors même qu'elles n'avaient pas échangé leurs prénoms. Cependant, ce n'était rien de bien affolant, pour des fillettes de 11 ans. Des fillettes passionnées ! En plus de ça. En effet, c'est une passion commune pour les créatures magiques qui avait amené Hestia et Adaline à se rencontrer. Et depuis, elles s'étaient échangées quelques mots, quelques salut, en salle commune, dans les couloirs, au petit-déjeuner ou encore en salle de classe. Mais elles n'avaient plus mentionné leur plan. En effet, il semblait qu'elles faisaient profil-bas. En tout cas, c'est ce qu'Adaline s'était imaginée puisqu'elle s'employait à être discrète sur sa nouvelle amitié avec Hestia.

Ainsi, les huit jours qui avaient séparé leur première entrevue de la deuxième s'étaient déroulés plutôt normalement. Enfin... Adaline avait tout de même eu quelques besognes à accomplir. Mais en avait fini avec tout ça, et était soulagée. Contrairement à ce qu'elle pensait, la culpabilité ne la rongeait pas et elle se sentait détendue. D'ailleurs, le soir du 18 octobre, elle était assise, plutôt lovée, dans un fauteuil de la salle commune, aux côtés d'Hestia, à qui elle adressait de nombreux sourires. Hestia était la première Gryffone qu'elle osait qualifier d'amie. Et Adaline trouvait ça plutôt chouette. Quand elle y pensait, ça la réjouissait.

Ainsi, lorsque la nuit tomba, Adaline invita Hestia à la rejoindre sur une table en bois de leur magnifique salle commune. « Tu veux bien m'aider, pour ce devoir ? » avait alors demandé Adaline, en tentant de paraître la plus naturelle possible. Elle croisait d'ailleurs le regard rieur de sa camarade, et se retenait de pouffer. En effet, les deux fillettes n'avaient pas de devoirs, ainsi, Adaline avait descendu de son dortoir un manuel... de Potions, elle s'en rendit compte au moment où elle demanda de l'aide, et du parchemin, pour faire semblant.

Les deux fillettes s'étaient donc attablées, et avaient tenté d'entretenir une conversation basée sur ce qu'elles pouvaient lire sur le manuel de Potions, et sur les notes de cours qu'Adaline avait glissé à l'intérieur. Et ce jusqu'à ce que le dernier élève aille se coucher. Elles eurent même droit à un « Pas trop tard » d'un élève plus âgé... Peut-être un préfet ? Avant de se retrouver complètement seule, sur cette table, entourées d'un manuel dont elles se fichaient et éclairées d'une faible lumière. « T'as vu, ça a marché ! » se félicita Adaline, en tapant dans ses mains. Avant de se rappeler qu'il valait mieux être silencieuse. Elle se contenta alors de mimer son effusion de joie.

Ensuite, Adaline sauta, sans un bruit évidemment, de sa chaise, pour attraper la cape qui lui appartenait et qu'elle avait soigneusement descendue de son dortoir plus tôt dans la soirée. Elle l'enfila, et puis, considérant qu'il devait être assez tard, jeta un coup d’œil à Hestia, puis à la porte de la salle commune. « Tu penses que la porte est fermée ? Et celle du château ? Tu sais les déverrouiller, les portes ? demanda-t-elle alors, en chuchotant. Bon, on y va ? » ajouta-t-elle, un sourire emprunt d'excitation sur les lèvres.

Le jour J arrivait à grand pas. Hestia aurait enfin l'occasion de réessayer lors de cette prochaine pleine lune ! Mais elle ne serait pas seule, cette fois : Lynn, une Gryffondor qu'elle avait rencontrée grâce à son bestiaire, l'accompagnerait et, ensemble, elles vaincraient les ténèbres des couloirs ! "Tu te crois trop dans un livre, là". Mais comment ne pas se croire dans un livre lorsqu'on s'apprêtait à aller voir des créatures aussi mythiques, la nuit et illégalement ?!

C'est pourquoi un sourire rêveur dominait l'expression de la fillette, le soir de la pleine lune, quand elle descendit dans la salle commune. Son amie, visiblement plus que ponctuelle, l'attendait déjà, à moitié lovée, dans un fauteuil. La brunette lui rendit son large sourire : elle était beaucoup trop excitée !

- Tu veux bien m'aider, pour ce devoir ?

L'envie d'exagérer son accord telle une pièce comique la titillait beaucoup mais son léger brin de bonne volonté la ramena sur Terre en lui disant qu'"il ne fallait pas se faire démasquer !". Elle se contenta finalement d'un large sourire, le sourire de l'actrice qui était sur le point d'éclater de rire mais dont le personnage, heureusement, était censé être joyeux.

- Bien sûr ! Où est-ce que tu bloques ?

La jeune Andrew s'installa aux côtés de son amie et elles commencèrent leur pseudo-devoir de potions. Elle eut l'impression d'avoir attendu une éternité avant que le dernier élève ne disparaisse. Hestia retint son "Enfin !" tandis qu'Adaline s'enthousiasma sans retenue.. En tapant dans ses mains ! Paniquée, la brunette mima des Stops.. Heureusement, l'autre brunette se reprit bien vite et commença un mime d'une joie. Ouf.

La jeune Gryffondor esquissa tout de même un regard paniqué en direction des escaliers des dortoirs. Personne ne venait. Parfait ! Lorsqu'elle vit Lynn bondir de sa chaise, elle l'imita, se saisit de sa veste sombre puis répondit aux interrogations de l'autre Gryffondor :

- Bah, euh.. La porte de la salle co' est censée être verrouillée par un mot de passe.. La porte du château, par contre, aucune idée. Peut-être qu'un Alohomora suffira ? Au pire, on passera par les fenêtres : ce sera dix fois plus génial !

Un sourire peignit le visage de la petite fille aux cheveux longs : une fugue par les fenêtres ! Ce serait tellement épique ! Elle referma sa veste puis jeta un coup d'oeil malicieux à la porte de la salle commune :

- On y va.

Et c'était à ce moment que le héros, dans les films, était censé détruire la porte pour faire une arrivée épique dans le lieu en question.. "Sauf que ce ne serait pas du tout discret, donc tu vas faire comme dans les livres et juste passer au chapitre suivant". Ce serait plus sûr, en effet..

Passer par les fenêtres ? Tout d'un coup, Adaline commençait à douter. Était-il bien raisonnable d'envisager une pareille entreprise ? Est-ce que les deux fillettes arriveraient ne serait-ce qu'à sortir ? La petite brune secoua la tête. Il suffisait de réussir à sortir. Et puis, Alohomora était un sort facile, en effet, qu'elle et son amie sûrement maîtrisaient déjà. Pas de quoi s'inquiéter. Il suffit juste de réussir à sortir dans le parc, sans penser au retour... Le retour ! Et si elles passaient la nuit dehors ? Adaline pensait que ce serait le moins pire qui puisse arriver. Dormir dehors, rien d'inquiétant, tant qu'elles ne se faisaient pas prendre.

Adaline saisit son courage à deux mains, comme elle le fit avec sa cape. Elle venait d'enfiler sa cape mais un frisson parcourait bientôt son dos, ainsi, pour la tenir fermer, Adaline y avait posé ses deux mains. « Bon... On connaît le mot de passe, ça c'est bon. Pour Alohomora, on sait l'utiliser... Tu as ta baguette ? demanda Adaline subitement. Elle se mit à fouiller les poches de sa cape en quête de sa propre baguette. Ainsi, elle brandit sa baguette, 24,7 centimètres, bois de saule et ventricule de dragon. Puis Hestia fit de même, après avoir elle aussi fouillé quelques poches. Adaline hocha la tête en souriant. Super. Donc Alohomora... c'est bon. » conclu-t-elle, avant de se retourner pour faire face à la porte de la Salle Commune.

La porte, maintenant. Il s'agissait de l'ouvrir et de sortir dans les couloirs, les escaliers, du château, en tout discrétion. Adaline était en tête. D'ailleurs, elle s'approcha de la porte la première, puis jeta un coup d'oeil à Hestia qui lui rendit un clin d'oeil pour l'encourager à, visiblement, passer devant. Adaline haussa les épaules.

« Bon d'accord... Je passe devant... Tu penses que... commença la petite Gryffone, qui posa déjà une main sur la porte.

La porte va... Adaline s'employa à tirer très fort la porte. Comme il était coutume de l'ouvrir. Était-ce encore possible de l'ouvrir comme ça, à cette heure là ?

S'ouvrir ? » Puis dans un grincement très bruyant, qui fit sursauter et Hestia et Adaline, la porte de la Salle Commune des Gryffondor s'entrouvrit. Juste à peine, pour laisser passer les fillettes.

Adaline adressa alors un signe de tête à Hestia, comme pour lui indiquer que la voie était libre. Elle n'oublia pas de signifier que le silence était de mise, et posa sa main sur sa bouche en articulant un Chuuut, avant de se décider à sortir de la Salle Commune.

Ainsi, la petite Adaline se glissa, vêtue en conséquence et baguette à la main, devant le tableau de la Grosse Dame. Qui, fort heureusement, semblait dormir. D'un côté, il était préférable que cette dernière dorme ; les fillettes se seraient sûrement faites dénoncer par une orchestrale chanson et c'aurait été la fin de l'aventure. Mais d'un autre, il s'agissait d'être aussi discrète que possible. De plus, le château était plongé dans l'obscurité la plus totale. Allumer sa baguette réveillerait la Grosse Dame. Il fallait alors faire sans.

Adaline attendit Hestia à l'extérieur de la Salle Commune, avant de décider de laisser la porte entrouverte... pour leur retour. Elle lui fit signe d'avancer, en espérant qu'elle réussisse à le distinguer, si ses yeux s'étaient un tant soit peu habitués à l'obscurité, à l'image de ceux des chats. La Gryffone, suivie d'Hestia, commença à descendre un premier escalier. Puis un autre...

Et ce jusqu'au Hall d'entrée, sans trop de soucis. Les portraits rencontrés sur leur chemin semblaient tous assoupis.

- Tu as ta baguette ?

Baguette.. Avait-elle sa baguette.. "Bien joué, tu pars pour une mission suicide sans baguette !". Elle devait avoir sa baguette ! .. Normalement.. Hestia se mit à farfouiller les poches de sa veste, paniquée. Et si elle n'avait pas sa baguette ? Et si... "Ah ! Bah elle est là !". Il fallait vraiment qu'elle arrête de paniquer pour rien.

La fillette enroula ses doigts autour de la baguette dans sa poche puis observa Lynn brandir la sienne d'environ vingt-cinq centimètres. La petite gamine qu'était Hestia pencha légèrement la tête sur le côté en dévisageant la baguette de son amie, soudainement intriguée. La jeune Gryffondor sortit alors lentement sa propre arme, la mit parallèle à la baguette de son amie et se mit à comparer les deux.

- Hé ! La mienne est plus grande que la tienne ! Je suis plus puissante !

Théorie totalement débile, certes.. Mais il était toujours réjouissant de pouvoir se vanter d'un bout de bois de vingt-six centimètres quatre.

- Ne t'en fais pas ! Je vais te protéger !

Elle avait beau avoir appris un seul sortilège d'attaque, la petite Andrew se sentait capable de soulever des montagnes avec son Lashlabask ! Lorsqu'Adaline s'approcha de la porte, cependant, sa brève confiance s'évapora immédiatement. Elle planqua sa baguette dans la poche de son jean et encouragea son amie à partir en tête.

- Je.. Protège tes arrières ! Peut-être qu'un loup-garou va nous sauter dessus !

A ses mots, elle se mit dos à la Macbeth afin de respecter ses dires. Après tout, c'était la pleine lune, non ? Peut-être que des lycanthropes se cachaient derrière les tapisseries ! Et peut-être bien.. Que c'était vrai. Pour la première fois, Hestia commença à se questionner sur ses excursions. Et si un élève était atteint de cette maladie ? Et si elles le croiseraient dans les couloirs et qu'il leur sauterait dessus ?!

- Tu crois qu'il a des lycanthropes à Poudlard, d'ailleurs ?

La brunette se tourna timidement vers l'autre Gryffondor.. Et sursauta à l'entente de l'affreux grincement.

- J'espère que personne ne s'est réveillé..

Les deux fillettes s'engouffrèrent par l'ouverture puis continuèrent leur route dans la pénombre. Au moins, elles avaient le même raisonnement : ne pas user de Lumos pour ne pas attirer tous les adultes. Quoique.. Peut-être qu'autre chose inquiétait Lynn ? Un frisson parcourut l'échine de la fillette aux cheveux longs lorsqu'elle repensa à la question des loups-garous. "Non, il n'y a pas de loups, sinon il y aurait eu des morts le mois dernier". Mais si, le mois dernier, le loup avait pris sa potion tue-loup et pas ce mois-ci ?!

La brunette, terrifiée, chercha à tâtons la main de l'autre fillette. Heureusement que les ténèbres cachaient son expression ! Par contre, il fallait une excuse.. Et vite !

- Je te vois mal.. Au moins, on ne se perdra pas, comme ça.

Et sa voix n'avait pas flanché, de plus ! Trop fière, la petite Gryffondor se permit de bomber le torse, croyant que le noir dissimulerait cette attitude étrange, et les deux brunettes atteignirent le hall d'entrée ainsi.

Lors de la descente jusqu'à l'imposant hall d'entrée du château, Hestia avait attrapé la main d'Adaline. La fillette avait froncé les sourcils et eut comme premier réflexe de lui lâcher la main. Cependant, l'obscurité qui régnait et qui avait régné tout le long de leur chemin justifiait bien qu'elles se tiennent la main. En effet, si l'une tombait, l'autre pouvait envisager de la rattraper. De plus, il était essentiel de ne pas se séparer.

Cependant, et ce ne pouvait pas en être autrement pour Adaline, elle détestait le contact. Et le fait de tenir cette seule main la répugnait un peu. Mais qu'Hestia soit sale, non, elle avait l'air même plutôt propre, et elle sentait toujours bon. Ça n'empêchait pourtant pas Adaline de se sentir répugnée.

Elle avait prit sur elle, en attrapant cette main, et en continuant son chemin sans broncher. Mais ses sourcils étaient froncés.

Et finalement, le hall était là. Il s'étalait devant elles, et à la lueur de la Lune à travers les très hautes, et petites, fenêtres, Adaline distinguait bientôt Hestia. Ce fut alors l'occasion de lâcher la main de cette dernière. Le hall n'était plus très sombre, d'ailleurs Adaline pensa aux portraits. Elles avaient été discrètes et silencieuses. Mais était-ce suffisant ? Ainsi, elle observa un à un, en tournant sur elle-même, les nombreux portraits accrochés là. Il n'y avait personne. Enfin, une vieille dame avait les yeux fermés, sur un portrait peu éclairé dans un recoin du hall.

Adaline souffla.

« On devrait tenter un Alohomora, pour la porte... dit-elle, alors qu'elle s'était tournée vers Hestia, qui l'accompagnait, et qu'elle pointait du doigt l'énorme porte qui donnait sur le parc. Elle était moins grosse que la porte principale, mais elle était tout de même imposante.
J'essaie en premier... »

Sur ses derniers mots, Adaline s'approcha de la porte. C'était bien la porte qui donnait dans le parc, c'était une porte qu'elle avait déjà utilisé, de nombreuses fois. Elle, on peut le dire, la connaissait déjà bien. Cependant, elle n'avait jamais eu à l'ouvrir elle-même. Est-ce qu'elle était lourde ?

Elle brandit sa baguette, qu'elle tenait toujours dans la main qui n'avait pas servi à prendre celle d'Hestia.

« Alohomora ! »

Après s'être accordé quelques instants de concentration. La porte ne bougea pas, forcément, ce n'était pas le but.

Les sourcils froncés, c'était une vraie habitude, Adaline tenta d'ouvrir la porte. Elle la tira, comme elle put, vers elle. Mais la porte ne semblait pas vouloir s'ouvrir. Les rides de concentration sur son front se firent plus intenses.

« Alohomora ! »

Elle réessaya. Et cette fois, un clic résonna jusque dans les pierres froides qui ornaient le sol du hall. Les sourcils toujours froncés, Adaline, qui jusque là ne l'avait pas calculée, se tourna vers Hestia.

Encore une fois, elle agrippa la porte et tenta de la pousser. Elle grinça mais céda. Cependant, les petits bras d'Adaline ne suffirent bientôt plus à l'ouvrir.

Tiens, la main de Lynn s'était crispée ! Sans doute dû à la peur.. Hestia n'était alors pas la seule à être terrifiée de cette obscurité dissimulant des lycanthropes en tout genre ! D'ailleurs, elle ne lui avait toujours pas répondu.. Y croyait-elle aussi pour ne pas vouloir affronter la vérité ?! "Tais-toi et accélère !".

Les deux fillettes atteignirent bientôt le fameux hall et celle aux cheveux courts mis immédiatement fin à leur contact. La petite Gryffondor se mordilla la lèvre en essayant d'observer l'expression de sa camarade à l'aide des petits rayons de lune.. Avait-elle fait quelque chose de mal ? La brunette ne semblait pourtant pas plus s'en préoccuper : elle tournait sur elle-même à la recherche de.. De quoi ?

Hestia imita machinalement son amie.. Et remarqua qu'elle inspectait les tableaux ! Alors les tableaux lui faisaient plus peur que les probables loups-garous qui se promenaient dans les couloirs ? "Finalement, c'est toi, la plus courageuse !". Exactement ! En tant que courageuse, elle se devait donc de protéger les moins courageux !

Elle dégaina alors sa baguette et se mit à inspecter chaque recoin de son regard sombre. Elle acquiesça d'un bref mouvement de tête lorsqu'Adaline proposa de lancer un Alohomora et la suivit, toujours sur ses gardes.

- Alohomora !

"Ah ! C'était quoi, ça ?!". Il y avait eu un bruit, là-bas ! Elle en était sûre !! Hestia s'approcha lentement de la source de ce petit bruit.. Voilà qu'il recommençait ! Une sorte de sifflement.. Qui venait de là-haut ? "Un serpent ! Ça ne peut être que ça !". Mais non, les serpents avaient des sifflements moins.. Humains.

Lorsqu'elle releva la tête, la seule chose qu'elle trouva à faire fut de froncer les sourcils : c'était les ronflements d'une dame-tableau qui dormait.. "Finalement, Lynn a peut-être bien fait de vérifier les tableaux..".

- Viens m'aider à l'ouvrir !

- Hein ? Ah, euh, oui..

La jeune Andrew avait été si inquiète qu'elle avait réussi à en oublier son amie ! Elle se rua alors vers la Gryffondor et la lourde porte qui avait cessé de s'ouvrir. La brunette porta donc à son tour ses bras sur cette porte entêtée et la poussa du mieux qu'elle put.. Jusqu'à, finalement, sentir une bouffée d'air frais.

- On aurait dû attendre que la nuit tombe à l'extérieur.., souffla-t-elle après être parvenues à une ouverture plus imposante, essouflée, Il faudrait peut-être que je me remette au sport, d'ailleurs..

"Mais oui, c'est parfaitement le moment de faire ce genre de réflexion !". Mais elle était essoufflée après avoir poussé une porte avec de l'aide ! Ce n'était pas normal !! "Mais la porte fait trente fois ton poids !". Peut-être. La brunette leva le nez pour déterminer la taille de la porte, soudainement prise par une autre pensée. Combien devait peser une porte aussi imposante ?

Porte ouverte. Nouveau Monde.
L’Extérieur était aussi effrayant que prévu. L'Extérieur laissait briller la Lune sur son ramage. L'Extérieur offrait milles et une possibilités. L'Extérieur était plus accueillant que l'Intérieur. L'Extérieur brillait.

Adaline entendit Hestia, bientôt dans son dos, alors qu'elle faisait quelques pas vers l'Extérieur, mais ne lui répondit pas. Elle n'en avait plus envie. Elle était prise par autre chose. Prise par l'Envie de rejoindre la Lune dans le Ciel, prise par l'Envie de se fondre dans les Ombres de l'Extérieur, l'Envie de ne plus être à l'Intérieur.

Un regard derrière elle, vers l'Intérieur. Hestia s'en extirpait, difficilement, et alors, Adaline fronça les sourcils. Elle ne pouvait pas laisser la porte ouverte. Ça sonnait comme une évidence, mais était-ce si évident ? Adaline s'approcha, les sourcils toujours froncés par cette répugnante vue sur l'Intérieur qui ne brillait pas mais qui se permettait de refléter fièrement l'Extérieur, comme si il en avait le droit. Elle détestait l'Intérieur, comme elle détestait l'école. Elle jeta un œil sur tout le Château qui surplombait la Porte entre-ouverte. Une Prison. Elle revit William. Elle revit le dégoût qu'il avait pour cette école. Et, à ce moment précis, elle le partageait. Elle avait besoin de l'Extérieur. Alors Adaline, maintenant plantée devant la Porte, n'eut pas à hésiter longtemps avant de poser ses deux mains sur cette dernière et la refermer, au moyen de grognements.
Plus facile à Fermer, qu'à Ouvrir.

Quelques minutes. Quelques minutes s'étaient écoulés dans le silence, et dans l'indifférence d'Adaline, qui n'avait pas adressé un seul regard à Hestia. *Hestia...* Adaline se retourna brusquement, et trouva Hestia debout, Là. Elle soupira. Quel genre de Soupir était-ce ? Elle secoua la tête. L'Extérieur. L'Extérieur n'était plus que sa seule vocation, sa seule Envie, le but de sa Vie.

Elle venait encore de laisser passer de longs et silencieux instants. Sans informer Hestia. Sans daigner l'accompagner. Est-ce qu'Hestia ressentait ça ? Est-ce qu'Hestia sentait à quel point l'Extérieur était Beau, Grand ? Silence.

« Suis-moi... »

Adaline brisa le Silence.
Avec un Ordre. Adaline donna un Ordre. Elle ne l'avait pas voulu. Elle n'avait pas d'Idée d'où est-ce qu'elle mènerait Hestia, d'où est-ce qu'elle se mènerait. Le Monde Extérieur était vaste. Est-ce que le Parc l'était ?

Sous la lumière de la Lune, qui montrait clairement les visages pâles d'Adaline et Hestia, les pieds trouvaient le chemin. Adaline trouvait le chemin. Elle marchait dans l'herbe humide, qui mouillait ses chevilles et trempait les coins de sa cape. Il faisait froid, mais le vent ne soufflait pas. L'Adrénaline qui alimentait l'étrange Energie d'Adaline la conservait au chaud, ainsi, elle n'avait même pas besoin de serrer sa cape contre elle. Elle avait juste besoin de marcher, de se frayer le chemin, Hestia sur ses talons. Hestia, elle était là, mais est-ce qu'Adaline l'écoutait ?
Adaline n'écoutait plus que la Lune.

"Combien devait peser une porte de cette taille ?". A vrai dire, c'était une question assez stupide.. Et Adaline l'avait compris, elle, pour passer à quelque chose de plus intéressant : le Parc ! Cette plaine imposante qui donnait sur de l'air frais.. Cela faisait d'ailleurs un drôle d'effet d'observer cette plaine depuis l'intérieur sombre : le faisceau de lumière qui jaillissait par l'ouverture était étrangement semblable à celle de la lumière qui apparaissait au bout des tunnels de voitures polluantes qui faisaient vomir.. Et Lynn disparaissait dans cette lumière tandis qu'Hestia faisait des comparaisons louches.

La jeune Gryffondor finit par suivre son amie dans cette lumière pour atterrir dans cette fameuse plaine, ce fameux Parc tant attendu.. Huit jours ! Huit jours d'attente affreusement longues pour, enfin, atteindre ces veaudelunes ! Certes, la température avait grandement chuté et la fillette tremblotait plus qu'en journée.. Mais c'était quand même fabuleux : des veaudelunes étaient à la clé ! Enfin.. Ils n'étaient pas tout à fait garanti : il fallait encore les trouver ! Qui savait quels dangers devraient-elles encore affronter pour les voir ?! Un frisson parcourut l'échine de la jeune fille tandis que ses inquiétudes s'emboîtaient à ses théories précédentes : et si les élèves-loups-garous étaient en réalité cachés à côté des veaudelunes ?!

Elle se tourna, inquiète, vers sa partenaire.. Avant de rester perplexe : Adaline avait prit un air déterminé - voire en colère ? - en fixant l'énorme porte qui était désormais derrière elles. Pourquoi s'attardait-elle sur cet obstacle ? Pourquoi semblait-elle le mépriser seulement après l'avoir franchi ? Sans prévenir, Adaline porta ses mains à la porte et la referma d'un coup sec, d'une force qui semblait surhumaine. Que diable lui arrivait-il ?!

Hestia restait plantée là, fixant le visage de sa camarade dont la chevelure ne le laissait voir que partiellement.. Elle était effrayante : elle fixait sans but l'immense porte qu'elle avait refermée avec des gestes mécaniques après l'avoir méprisée sans raison.. Elle était effrayante.

Soudainement, l'apeurée regretta de ne pas avoir empêché son "amie" de fermer cette porte. Elle regretta de ne pas être restée au chaud dans son lit. Elle regretta d'avoir établi ce plan.. Elle regrettait d'avoir rencontré cette "amie" semblant gentille au premier abord mais qui révélait maintenant ses crocs mortels et sa nature inhumaine.. Était-ce elle, le loup-garou ?!

Argh ! La louve porta son regard épineux sur sa proie, puis.. Rien. Juste un soupir qui osa briser le silence qui s'était installé depuis bien trop longtemps.. Avant que celui-ci ne revienne, plus fort et plus incommodant que jamais. La fillette avait, à de nombreuses reprises, essayé d'instaurer un dialogue, d'être amicale, n'importe quoi ! Maintenant qu'elle l'avait fermé, elle se rendait réellement compte de la nature terrifiante de l'autre Gryffondor. Pourtant, rien : sa tête ne s'allongeait pas en un museau, ses dents de s'aiguisaient pas, sa chevelure ne virait pas au gris.. C'était l'exacte réplique du visage de la fillette qu'elle avait rencontrée au lac à l'exception de son sourire. Son sourire qui la rendait joviale, amicale, avait disparu.. Pourquoi ne daignait-elle pas lui adresser la parole ? Avait-elle fait quelque chose de mal ? Pourtant, en salle commune, Lynn semblait encore joviale ! Elle avait son sourire ! Que s'était-il passé entre temps ?!

- Suis-moi...

Deux mots. Un simple ordre. Et ce fut la dernière attention qu'elle lui adressait : elle se hâta aussitôt de poursuivre sa route.

- Attends !

Attendre.. Mais attendre quoi ? En tout cas, son ordre ne passa pas aussi bien celui de sa partenaire car elle continua sa route sans faire attention. Sans prendre l'attention de revenir, s'arrêter ou même répondre. Hestia se contenta de suivre les pas de sa camarade en commençant à culpabiliser : elle ne souhaitait pas de querelle.