L'estomac lui tomba dans les talons. Elle semblait mal à l'aise, bien plus qu'elle ne l'avait d'ailleurs jamais été avec lui et ça lui fit un petit pincement au cœur, de se dire qu'il l'avait rendu si mal à l'aise qu'elle n'osait même plus le regarder. Probablement qu'elle se sentait forcée de dire quelque chose alors qu'elle n'avait probablement qu'une envie, et c'était de partir en courant loin d'ici. Et loin de lui qui faisait remonter en elle un torrent d'incertitudes et de gêne. Il ne se sentait pas bien, et il avait envie d'aller hurler sur Blaze d'oublier ce qu'il lui avait dit alors qu'il n'avait rien fait. Et il avait envie de se rouler en boule dans son lit, avec son chien et Angélique qui lui chuchotait des mots doux à l’oreille. Mais Angie' était pas là et son chien encore moins et il savait pas comment réagir devant Panthéa maintenant. Il avait envie de lui hurler d'oublier et d'aller se cacher. Mais ça aurait gâché encore plus de choses qu'il ne venait pas déjà de foutre à la poubelle. 

    -J'vais te le mettre, dit-il en pointant la petite peluche dans les mains à Panthéa d'un doigt tremblant. Faible excuse pour ne plus voir sa figure toute rougie par la gêne et son regard qui ne voulait plus quitter le sol. 

    Bien sûr qu'ils étaient bon copains, et ça n'allait sûrement pas au delà, elle devait même penser qu'ils étaient plus que seulement amis maintenant, vu comment il avait tout gâchés. De bons copains. Ou de bonnes copines, lui souffla une voix à l'oreille. Se faire confondre avec une fille le faisait rire la plupart du temps, c'est vrai, il en jouait même ! Ça l'amusait que les gens le regardent quelques secondes avant de se fixer, ou que certains n'utilisaient simplement aucun mot qui s'accordait en genre quand ils parlaient, comme s'il n'était ni une fille, ni un garçon, mais un sombre mélange des deux. Il était un garçon, il se sentait comme un garçon, mais il prenait toujours plaisir à montrer qu'on pouvait ressembler à l'un tout en étant l'autre. En ce moment, ça ne le faisait pas rire. Il retira le petit nœud noir dans les cheveux de Panthéa et commença à tresser les cheveux en douceur. Il avait des manies de filles, il s'habillait parfois même comme une fille l'aurait fait. C'était logique que Panthéa soit gênée. Elle avait dû voir ça comme Eliott l'aurait vu si c'était Blaze qui lui avait dit ça. C'était étrange. Et il s'en voulait de l'avoir mise mal à l'aise et d'avoir tout gâché. 

    Il mit l’élastique sur la stresse et entoura la base avec le petit nounours. 
    -T'es pas obligée, hein. Si tu veux pas ou que ça te fait te sentir mal. Et puis moi, tant que tu es contente ça va, j'te promet. Et pis je vais pas partir pour ça. Tu fais ce que tu veux, Panthéa. E-et même si tu aimes bien Azaël je m'en fiche. Je vous ai vu tous les deux. Blaze l'aime pas mais moi il me dérange pas. Tu fais ce que tu veux, et pis je vais vraiment pas te forcer. Tant que tu es joyeuse, je le suis aussi. Je suis désolé de t'avoir mise mal à l'aise. 

Elle pouvait sentir ses doigts fins passer entre les mèches de ses longs cheveux et les réunir en une longue tresse. Panthéa appréciait beaucoup la délicatesse d'Herschel et son incroyable don pour la coiffer en lui donnant, à ses yeux, une allure particulièrement élégante - bien plus que la coiffure très banale qu'elle parvenait à se faire chaque matin. Mais cette fois-ci, ce moment privilégié passé avec lui semblait empli de tristesse et d'amertume. Elle avait senti le timbre de sa voix vaciller quand il lui avait répondu, et son coeur avait alors explosé sous la tristesse, convaincue qu'il était bel et bien déçu. Toutes ses craintes se réalisaient sous ses yeux et elle était incapable de trouver une solution pour y remédier. Elle l'avait blessé parce qu'elle n'avait pas trouvé les mots. Elle lui avait fait mal. Herschel souffrait et c'était de sa faute à elle. Elle eut envie de vomir et de hurler tout à la fois.

Ce qu'il ajouta quand il eut terminé sa tresse acheva de la détruire complètement. Pourquoi parlait-il d'Azaël ? Qu'avait-il à voir dans cette histoire ? Peut-être qu'il lui en voulait de lui avoir pardonné alors qu'il avait voulu le frapper, lui aussi ? Peut-être qu'il se sentait trahi à cause d'elle ? Elle eut les tripes retournées à l'idée qu'en ayant été parfaitement convaincue de faire le bien elle avait, en fait, fait beaucoup de mal. Elle avait voulu pardonner et aider Azaël, mais elle avait visiblement détruit tout ce qui fondait la confiance qu'Herschel avait en elle. Elle se détesta profondément.
Dans son immense bonté, il lui soutint même que, malgré la visible déception et la tristesse dont il était affligé à cause d'elle, il ne souhaitait que son bonheur. La phrase sonna comme un "au revoir" terrible et effroyablement poli. Le genre d'au revoir que l'on dit quand on ne veut justement pas se revoir. L'au revoir qui veut dire adieu.

Il lui souhaitait son bonheur. Et c'était tout. Et ce n'était pas grave.
Cela pulvérisa tous les espoirs de la jeune fille de pouvoir se rattraper auprès de lui. Elle eut la sensation de le perdre. Le cosmos s'était arrêté pour ne plus jamais reprendre sa route.
Elle voulait lui hurler dessus pour lui demander de la pardonner, lui crier de ne pas s'en aller, qu'il était tout pour elle et qu'elle n'envisageait rien sans lui. Mais elle était nulle. Ses mots l'avaient blessé sans qu'elle le veuille, alors même qu'elle lui avait tenté de lui avouer ressentir bien plus qu'une franche amitié pour lui ! Il n'était pas question qu'elle aggrave son cas parce qu'elle ne savait pas s'exprimer correctement. Pas question qu'elle lui fasse davantage de mal parce qu'elle n'était pas fichue de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait.

Panthéa réalisa qu'elle ne savait pas comment rattraper son horrible faute. Elle se sentit impardonnable, monstrueuse et affreuse d'avoir blessé le seul garçon qu'elle avait toujours apprécié depuis son arrivée ici. Le seul qui ne l'avait jamais heurtée. Le seul. Herschel.

Elle l'avait sans doute perdu.

Elle se cacha le visage dans sa main et éclata en sanglots, incapable de faire face à la charge émotionnelle qui lui tombait sur les épaules et anéantissait sa vie. Elle ne méritait rien de ce qu'il faisait pour elle.

"Je suis désolée.", bafouilla-t-elle entre deux larmes. "Je ne voulais pas te faire de mal, je ne voulais pas ... J'ai tout gâché ..."

Elle ramena ses genoux sous elle et cacha son visage entre ses bras. Elle n'avait plus rien. Elle n'était plus rien.
Elle avait voulu tout lui dire, et avait tout perdu.

     Abruti, pauvre imbécile ! Elle pleurait, et c'était de sa faute à lui tout seul. Il détestait tellement la voir pleurer, tellement, tellement. Parce qu'il n'y avait pas de joie dans ces perles liquides qui coulaient sur les jolies joues de poupée de Panthéa, simplement de la tristesse infinie. Le coeur au bord des lèvres et des sanglots déchirants qui passaient ses lèvres sans qu'elle ne puisse les arrêter. Elle plaça sa tête dans les mains et ramena ses genoux vers elle. Et il se détesta encore un petit peu plus sans pouvoir s'en empêcher. Panthéa était la personne la plus douce, généreuse, délicieuse dans son comportement que cette planète n'ai jamais porté. C'était criminel de la faire pleurer, de lui faire perdre son beau sourire pour lui créer de grosses larmes. 

    Il se pencha vers elle en étouffant un sanglot et attira ses épaules pour les entourer de ses bras et la serrer contre lui de toute ses maigres forces, écrasant son front dans le creux de son cou. 

    -Pleure pas, s'il te plait, pleure pas. J'suis désolé, c'est pas de ta faute, et t'as pas tout gâché, c'est moi. Je t'aime beaucoup et si tu veux pas, c'est pas grave parce que je suis content d'être ton meilleur ami. 

     Elle avait toujours été particulièrement sensible, il l'avait vu dès la première fois, que ce petit bout de femme adorable avait un cœur aussi mou que de la guimauve et qu'il fallait y faire terriblement attention. Un petit diamant caché au fond de sa poitrine. 

Elle sentait son âme se vider au même rythme que les sanglots qui secouaient tout son corps.
Panthéa ne supportait pas de blesser les autres, encore moins Herschel, et encore moins en ayant voulu faire l'exact opposé. Elle avait voulu s'ouvrir, et dans l'horreur de son manque d'assurance et de sa difficulté à parler de ses sentiments, elle avait tout fichu par terre. Foulé au pied la magnifique amitié qu'ils avaient forgé jusque là. Brisé tout ce en quoi elle avait le plus tenu depuis son arrivée à Poudlard.
Et le pire, c'est qu'il se montrait encore bien meilleur qu'elle en ne lui en tenant pas rigueur. Le jeune garçon était blessé mais cherchait encore à la consoler ! Il était absolument inestimable.
Elle aurait voulu disparaître immédiatement et être effacée de l'histoire pour toujours.

Tandis qu'elle s'épuisait à pleurer, elle sentit soudain les deux bras d'Herschel l'enserrer doucement. Son visage vint se lover dans son cou, et là, tout près d'elle, il lui demanda d'arrêter de pleurer, s'excusa deux puis trois fois, répéta qu'il l'aimait beaucoup et que cela n'était pas grave si ce n'était pas réciproque, qu'il était content d'être simplement son meilleur ami.

Son coeur se brisa de nouveau. Il ne l'avait vraiment pas compris la première fois. Tout était de sa faute.
Elle redressa légèrement le visage et posa sa main sur le bras d'Herschel qui la serrait contre lui. Les sanglots serraient sa gorge avec tant de force qu'elle arriva à peine à bafouiller quelque chose, à vois très basse, comme un murmure :

"Moi aussi. Comme toi."
Elle se sentait faible. Elle se sentait naze. Elle espérait qu'il avait compris parce qu'aucun autre mot ne pourrait plus franchir ses lèvres maintenant. Elle était bien trop bouleversée pour cela. Elle bascula de nouveau la tête entre ses bras et s'y oublia complètement, égarée par ses émotions, perdue dans la tornades de sentiments et de sensations qui l'envahissait. Elle voulait retrouver son lit ou les bras de sa mère. Elle ne voulait plus avoir mal, mais son coeur avait été profondément meurtri.

Panthéa voulait qu'on l'oublie pour ne plus jamais faire souffrir. Pour ne plus jamais souffrir non plus.

    Il lui semblait qu'après que tout le poids du monde lui ai été jeté dessus, il s'était enlevé et avait été remplacé par un cocon de nuages d'où il ne voudrait plus jamais s'enlever. C'était doux et tout chaud et ses joues rosirent de plaisir alors qu'il essuyait son visage avec la manche de sa robe avant de se lever en vitesse. Il attrapa Panthéa sous les épaules pour la relever et lui faire face, un grand sourire au bout des lèvres alors qu'il essuyait les joues de son amie. Amie, plus qu'amie ? Ça ne changeait pas grand chose à leur relation, après tout ce n'était pas comme si ces simples phrases auraient pu remettre en question toutes les petites choses qu'ils avaient vécu jusqu'à en changer leur relation à sa base. C'était bien de pouvoir essayer de mettre des mots sur eux deux, mais ça n'allait pas plus loin. Ils étaient trop jeunes, pas assez matures pour que cela veuille dire autre chose que des mots. Il entoura les mains de la fillette des siennes et la fit valser autour de lui en faisant bien attention qu'elle ne trébuche pas. 

    -Il faut se promettre de ne plus nous faire pleurer, d'accord ? Ni moi, et encore moins toi. 

    Il détestait la faire pleurer autant qu'il détestait ne pas pouvoir faire autre chose pour l'empêcher de verser des larmes, puisque c'était techniquement et entièrement de sa faute sur ce coup là. Et il se sentait très coupable d'avoir souillé le cœur de Panthéa avec de la tristesse qui n'aurait pas dû s'y trouver, encore moins à cause de lui. Il n'était pas devenu son ami pour la faire pleurer mais pour la faire rire, et pour le moment il n'y arrivait vraiment pas du tout. 

    Comme il était compliqué d'avoir onze ans, douze. De ne pas bien comprendre ce qu'on ressent et encore moins ce qu'on fait ressentir aux autres et ne pas comprendre comment s'empêcher de faire du mal aux autres sans le faire exprès parce qu'on ne sait pas choisir les bons mots. Qu'il est difficile d'essayer de faire rire les autres quand on perd ses moyens devant leurs larmes. 

Panthéa sentit les mains de son ami lui attraper les siennes avec douceur et la tirer pour l'obliger à se mettre debout. D'abord réticente, elle se laissa rapidement convaincre et, une fois sur ses deux pieds, regarda Herschel avec les yeux et les joues rougis par les larmes. Elle renifla très fort et passa une main rapide dans ses cheveux, soucieuse de ne pas paraître trop mal mise à ce moment-là.
Le sourire qu'il lui adressa amena tout de suite un élan de chaleur dans son coeur et dans ses entrailles. Il ne semblait plus fâché, ni déçu ni triste, et cette constatation valait tout l'or du monde ! En fait, Herschel semblait même avoir regagné toute sa joie et son entrain habituel puisqu'il la fit tourner avec lui. La vitesse et sa réaction, aussi soudaine qu'inattendue, lui arrachèrent un sourire et bientôt, Panthéa riait avec son ami comme si rien de tout cela n'avait eu lieu. Ou plutôt, comme s'ils étaient tombés profondément d'accord.

Il lui fit promettre de ne plus jamais se faire pleurer, ni l'un ni l'autre, ce à quoi la jeune fille n'eut aucun mal à rétorquer un joli : "Promis !" d'une voix douce et sincère.
Entendre la déception et la tristesse dans la voix de son meilleur ami avait été si déchirant qu'il avait aussi fait réaliser à la jeune fille l'ampleur de l'affection qu'elle exprimait à son égard. Une affection sans faille comme elle n'en avait jamais ressentie pour qui que ce soit. Une affection qui lui faisait tourner la tête à ce moment-là, à moins que ce ne fut la vitesse de rotation qui commençait à lui retourner l'estomac.

Elle ralentit leur ronde avant de s'arrêter complètement, puis serra les mains du jeune garçon dans les siennes en plongeant son regard dans le sien. Observer son visage était quelque chose qu'elle appréciait beaucoup faire, la joie qui transparaissait dessus la rassurait toujours.

"... Et si on allait montrer tes cadeaux à Blaze et Eliott ?", dit-elle timidement. Sans faire partie de leur trio, la jeune fille savait bien l'amitié profonde qu'Herschel et les deux autres garçons éprouvaient les uns pour les autres, et elle se doutait qu'ils auraient, eux aussi, envie de partager l'anniversaire d'Herschel avec ce dernier.

    Il savait qu'entre Blaze et Panthéa, ça n'avait pas été le grand amour au tout début, même l'inverse et même s'ils ne lui avaient jamais vraiment dit, il avait su que ce n'était pas le grand amour vu la façon dont ils se regardaient et se parlaient, mais un jour quelque chose avait changé, il ne savait pas quoi et maintenant ils semblaient presque bien s'entendre. Il savait aussi que parfois Panthéa avait dû supporter de ne pas jouer avec certaines personnes parce qu'elle était une fille et l'autre groupe des garçons, elle lui en avait parlé. Il se demandait parfois si ça l'a dérangeait qu'il ne reste pas avec elle et qu'elle faisait juste semblant d'aller bien avec ça, mais il avait bon espoir que si elle se sentait mal là dessus, elle lui dirait à force de traîner avec lui. Et puis avec ce qu'ils s'étaient dit aujourd'hui, il savait qu'il n'avait pas à s'en faire, il savait que Panthéa tenait à lui autant qu'il tenait à elle et malgré tout ça, il était fier de se dire qu'une personne le portait dans son cœur de la même façon que lui le faisait. 

    Le fait qu'elle lui propose d'aller jouer avec Eliott et Blaze et qu'elle ne veuille pas simplement le garder pour elle en disait beaucoup sur sa gentillesse, une des choses qu'il aimait le plus chez elle. Et malgré tout, il ne lâcha pas sa main mais prit son colis de l'autre avant de remonter vers le château, sa main dans la sienne. Il avait envie de rester avec les personnes qui comptaient pour lui, aujourd'hui, et Panthéa y avait largement sa place. 

    -Et tu n'as pas le droit de partir, on reste tous les deux ! D'accord ? 

Fin du RP pour moi, j't'aime fort