- 13 décembre -
- RPG normal -
- Privé avec @Isaac Avery -

Je haïssais l'hiver, le froid, la neige, le Parc de Poudlard en hiver, le Parc de Poudlard dans le froid et le Parc de Poudlard sous la neige. Et aujourd'hui, le Parc de Poudlard était en hiver, dans le froid, sous la neige. Cette dernière lui servait de manteau, un manteau glacial, blanc et compacte qui s'était déposé dès que novembre était arrivé et qui persistait. Heureusement que la neige ne tombait pas aujourd'hui, car je n'aurais pas supporter me promener alors que des flocons tombaient sur moi et me trempais littéralement. J'avais, comme tous les hivers, un rhume carabiné qui m'avait amené quelques jours plus tôt à aller à l'infirmerie prendre une bonne dose de Pimentine, ainsi qu'une tonne de couches de vêtements sur le dos. De derrière, je devais ressembler à un obèse tellement j'avais empilé de manteaux, de pulls et de T-shirt. Pour bien finir de prouver que je détestais l'hiver, mes cheveux étaient ternes, mon teint plus blanc que la neige dans laquelle je marchais et mon nez plus rouge que les cheveux de la fille de cinquième année qui parlait garçon avec une de ses amies devant moi.

Je marchais seul, derrière les deux filles de cinquième année - l'une aux cheveux aussi rouge que mon nez, l'autre aussi à la chevelure aussi blanche que la neige -, le regard perdu dans le vide. Moi qui détestais l'hiver et la neige était servi, mais j'étais quand même sortit dehors par manque d'activités physiques. J'étais rester barricadé à l'intérieur depuis l'arrivée du manteau blanc, sortant seulement pour aller aux cours de Vol ou de Botanique. Mais à présent, j'étais en manque de mouvements et en surdose de repos et j'étais sortit dans le Parc, enrobé de milliards de couches de vêtements. Mon quotidien, depuis quelques semaines, s'était résumer à ça : dormir, manger, suivre les cours, re-manger, re-dormir, re-suivre les cours, parfois parler à mes amis ou faire mes devoirs. Tout ceci étant très ennuyant, j'étais sortis pour voir le manteau blanc qui avait recouvert les arbres et l'herbe. A présent, je marchais tranquillement, les mains enfoncées dans mes poches, le regard vide. Mes pieds solidement harnachés de grosses chaussures s'enfonçaient dans la neige épaisse et compacte qui émettait un "crouic crouic" assez agréable.

La fille aux cheveux blancs et celle aux cheveux rouges s'éloignèrent en direction du Lac, tandis que je continuais de marcher parmi les arbres et les bosquets blancs de neige. Alors que j'arrivais devant une mini bute, un arbre à l'allure étrange s'imposa à moi. Il était doté d'un tronc et de branches noueuses et marrons, qui bougeaient en tous sens en faisant un bruit infernale. Je souris. J'étais devant le Saule Cogneur.

Qui disait hiver disait longues nuits, et qui disait longues nuits disait un Isaac heureux. Il aimait la brise nocturne, le calme reposant qui prenait place lorsque le soleil s'en allait. Par conséquent, il aimait l'hiver, et le froid qui l'accompagnait. De plus, les basses températures avaient tendance à éloigner les personnes bruyantes qui préféraient rester au chaud à l'intérieur, quoi de mieux pour une personne qui n'apprécie pas spécialement les troupeaux d'humains ? Ainsi, il marchait dehors tandis que la neige craquait à chaque pas. Non pas d'un pas pressé comme il en avait l'habitude, cette fois, il prenait le temps de profiter de cette fraîcheur qui ne ferait que s'accentuer à présent. Un livre à la main dans lequel était calée une feuille de parchemin, nous pouvions ainsi voir les mitaines en laine grises du jeune Serpentard, tandis que l'écharpe de sa maison entourait son cou et virevoltait derrière lui à chaque brise. Il avait un manteau droit noir qui n'était pas sans rappeler la forme des parkas, tandis que son bas d'une couleur semblable était retroussé. On pouvait ainsi voir des chaussettes assez épaisses dépasser, avec des motifs enfantins tels qu'un père noël sur une montagne dessus, tandis que ses chaussures étaient ses mocassins habituels utilisés aussi en cours.  

Il n'était pas sans dire que le jeune garçon était intéressé par le savoir, il aimait connaître des choses et par dessus tout, les maîtriser avant les autres. Il passait bien du temps à la bibliothèque à consulter des sorts, et il était par hasard tombé sur le sortilège Immobulus que l'on apprend en deuxième année.. Et était tombé sur une note indiquant qu'il permettait notamment d'immobiliser le fameux Saule Cogneur. Il avait ainsi griffonné sur le premier bout de parchemin qu'il trouva toutes les informations relatives à la réalisation du sort, tandis qu'il avait aussi pris le livre avec lui au cas ou. Et c'est ainsi qu'il avait décidé de se rendre là-bas : après tout, la théorie c'est bien, mais la pratique, c'est mieux. Surtout lorsque ça concerne le lancer de sort, en apprendre sans pouvoir les utiliser ne servait à rien, cela allait de soi. Enfin, là n'était pas le sujet. Alors qu'il marchait, il vit qu'il arrivait bientôt à la sortie, et ne put s'empêcher de se mettre à trottiner, mettant en bataille ses cheveux plus qu'ils ne l'étaient déjà. C'est alors que ses yeux vairons remarquèrent des traces de pas. Quelqu'un était passé par là ? Il s'arrêta afin de prendre un instant pour les observer, puis plaça un pied à côté d'une trace pour comparer la taille. A peu près la même, la personne qui était passée devait être aussi un première année, ou au pire des cas, un troisième année petit. Ca, ce n'était pas prévu. Il voulait être seul pour s'exercer, il n'y avait plus qu'à espérer que les pas en question ne mèneraient pas au Saule... Et bien sûr, ce qu'il ne voulait pas qu'il arrive arriva. 

Il était à une bonne quinzaine de mètres de l'arbre, et vit devant lui un garçon... Non, une fille ? Quoiqu'il en soit, cette personne avait l'air obèse. C'est étrange, il ne se souvenait pas avoir déjà vu un élève obèse de son âge à Poudlard. Enfin, il faisait si peu attention à son entourage qu'il était même possible qu'ils soient dans la même classe qu'il ne le remarquerait pas. Il dévisagea la personne. Elle avait des cheveux bruns mi-longs, et avec ces vêtements qui recouvraient ses formes, il ne pouvait pas voir s'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon. Bon. Que faire ? Il serait bien tenté de lui demander de partir, mais ça ne se ferait pas. De plus, cette personne était là avant, elle avait l'air de contempler le Saule.. Il s'approcha de quelques pas, puis parla d'une voix suffisamment forte pour se faire entendre.

- Hé, toi. Si t'as tant envie de monter dans le Saule, t'as qu'à tenter, dit-il avait un léger ricanement qui montrait qu'il n'était pas sérieux, tandis qu'il continuait à s'approcher de la personne.

Je me tenais à une bonne distance de l'arbre, pour éviter de me faire cogner par ses grosse branches qui ne cessaient de gigoter et de donner des coups rageurs à l'air. Je ne voulais pas me retrouver à l'infirmerie, le crâne à moitié cassé. La neige qui s'était déposé sur le Saule Cogneur volait à chacun de ses mouvements, tandis que les branches sans feuilles ne cessaient de fouetter l'air en émettant un sifflement aigu. Je n'avais pas peur de cet arbre mouvant et sifflant, seul chose mouvante et sifflante dans ce calme plat installé par la neige, mais j'étais impressionné et respectueux. C'était tellement bizarre de voir un arbre bouger, moi qui n'en avais vu que des immobiles à Londres ! Et puis, j'avais entendu une rumeur comme quoi, dans ses racines, il y avait un passage secret qui menait directement dans Pré-au-Lard. J'aurais bien voulu le chercher, mais malheureusement, les branches mouvantes m'en empêchaient.

Cette contemplation m'avait fait presque oublié le froid mordant et mon apparence d'obèse. En voyant que mes bottes étaient déjà recouvertes de neige, je grognais en les sortant de la poudreuse. Le vent me fouettait et j'avais du mal à respirer. Quelle idée j'avais eu de sortir dans le Parc ! Même mon souffle avait froid, car c'était des nuages de buée qui sortaient de ma bouche et de mon nez. Je soupirais, créant un plus gros nuage de buée. Soudain, une voix moqueuse retentit derrière moi, me faisant sursauter et perdre l'équilibre. Je tombais par terre, sur les fesses, en poussant un petit cri aigu de douleur et de frayeur. Heureusement qu'il y avait la neige, elle amortit ma chute.

En face de moi se tenait un garçon châtain à l'air encore plus moqueur que son ton. Je le fusillais du regard en rougissant de honte. Quelle allure je devais avoir, avec ma tonne de manteaux et mes cheveux décoiffés, assis sur la neige avec un air de surprise ! Me relevant avec quelques difficultés, j'écoutais ce que la garçon avait à dire. Il me disait que si je tenais temps à monter dans le Saule Cogneur, j'avais qu'à tenter. Mais pour qui se prenait-il, celui-là ? Je bombais le torse - mais ce fut invisible car l'épaisseur des couches de vêtement empêchait de voir - et répondit, la tête haute :

"Je dois le prendre pour un défi ou juste une blague ? Et d'abords, je ne tenais pas à monter..."

Maintenant que la personne s'était retournée -en tombant maladroitement-, Isaac put apercevoir son visage.. et ainsi voir qu'il était un garçon. De dos, ça portait à confusion ! Puis il n'avait pas un visage particulièrement potelé, il n'avait pas l'air obèse ni rien. En fait, il devait simplement être frileux. Isaac sourit narquoisement, quel pauvre enfant. Il le regarda se lever, visiblement contrarié par sa remarque. Le jeune Serpentard s'apprêtait à aller s'installer plus loin, peut-être attendre que ce garçon s'en aille, mais c'était sans compter sur le fait qu'il réponde sérieusement à ses paroles. Lui qui avait commencé à tourner les talons s'était de nouveau mis face à cet inconnu. Il s'apprêtait à répondre qu'il s'agissait là d'une simple taquinerie, qu'il n'était en rien sérieux.. Mais maintenant qu'il y pensait, un défi pourrait être amusant aussi. Après tout, il n'avait jamais vu une personne tenter d'escalader le Saule Cogneur, et il était curieux de voir la manière dont cette entrevue se terminerait. Certes, il avait des chances d'être par la suite puni pour avoir délibérément incité une personne à se mettre en danger, mais la curiosité prenant le dessus... 

« Comme un défi. »

Isaac lui sourit de toutes ses dents, un beau sourire bien innocent et bien trop angélique pour être sincère. Il suffisait de le voir pour savoir qu'il n'en avait rien à faire des possibles conséquences, qu'il souhaitait simplement s'amuser.. au détriment de la sécurité d'une personne, mais il s'agissait là d'un simple détail. Il alla ensuite s'installer plus loin. Après tout, si son interlocuteur relevait le défi, il ne voudrait pas se prendre une branche par mégarde. Il mit sa main gauche -libre, celle qui ne tient pas le livre avec le bout de parchemin coincé dedans- dans une poche de son manteau tout en se tournant à nouveau vers le garçon.

« Enfin, tu fais ce que tu veux hein. »

Une branche mouvante du Saule me frôla et je sautais en arrière pour l'éviter. Elle continua sa route pour aller frapper le vide, comme un poing hargneux donnant un coup rageur à l'air. Je me félicitais pour mes réflexes toujours aussi vifs malgré le froid pour m'avoir sauver d'une mort douloureuse. Je déglutis et me rapprochais du garçon derrière moi, qui me répondit que c'était comme un défi. Je déglutis de nouveau, plus bruyamment. Il fallait être vraiment fou pour tenter d'escalader un arbre aussi hargneux et brutal que le Saule Cogneur. A coup sur, si je grimpais, je ne tiendrais même pas une seconde avant de me faire assommer. Je n'y tenais pas particulièrement. Par contre, je tenais énormément à ma vie... Je regardais le garçon avant de lancer fermement :

"OK, je le fais. A une condition..."

L'inconnu me coupa pour me dire que je faisais ce que je voulais. Je haussais les épaules, sachant que maintenant que j'avais accepté, malgré ma peur panique, je ne pouvais pas reculer. De plus, je ne voulais pas passer pour un trouillard de première classe qui disparaissait chaque fois qu'on parlait de choses dangereuses et de paris à faire. Déterminé, je me ravançais de quelque petits pas timides. Serrant les poings, je me tournais vers le garçon, le visage crispé, et lui déclarais de ma voix la plus solennel :

"Un défi, ça se relève. Et j'suis pas trouillard. Mais à une condition : que tu montes toi aussi, sinon j'y vais pas."

Avant qu'il ne réponde, je commençais à enlever ma grosse doudoune qui me gênerait plus qu'elle ne me serait utile. En me battant avec les branches de l'arbre, j'aurais surement chaud. Une fois mon manteau enlevé, je devins moins gros, mais il me restait encore deux pulls, une polaire et trois couches de T-shirt. Inutile de dire à quel point je me sentais engoncé et mal à l'aise là dedans. Je retirais ma polaire et un de mes pulls, le vent froid pénétrant à travers les mailles de l'autre. L'air était glacial et j'allais mourir de froid avant d'être arrivé à trouver un moyen d'escalader le Saule Cogneur. J'étais tout simplement malade mental, fou, toqué, bon à enfermer. Et sur le point d'abandonner. Voyant l'écharpe rouge et or pendre à mon cou, je fus prit de courage. J'étais un Gryffondor, oui ou non ? les Gryffondor étaient courageux, hardis et ne reculaient ni devant le froid ni devant le risque ! Il fallait que je prouve à ce garçon que j'étais un vrai Gryffon aimant les risques.

« Qu.. »

Que venait-il de dire à l'instant ? "A une condition : que tu montes toi aussi, sinon j'y vais pas" hé bien Isaac avait bien l'intention de lui dire qu'il n'irait pas et qu'il pouvait dès à présent abandonner ce défi ! Le jeune Serpentard rouvrit la bouche pour contester, mais s'arrêta dans son élan en voyant que son interlocuteur se déshabillait déjà.. Mais il était hors de question que lui monte là-dessus ! Sur ça ! Il fronça les sourcils, puis attendit qu'il termine de se dévêtir pour parler à nouveau.

« Désolé, mais j'ai pas l'intention de monter. Je peux arrêter l'arbre de bouger si t'es en danger, par contre. »

Oui enfin.. Il avait simplement la théorie du sortilège Immobulus en tête, il ne l'avait jamais pratiqué. Néanmoins, il a toujours été particulièrement doué quand il s'agissait de lancer des sorts, alors il se disait que peut-être, au grand bien "peut-être", il pourrait par miracle réussir du premier coup dans le pire des cas ? Après tout, lui était venu au Saule Cogneur afin de s'entraîner à lancer ce sort qu'il venait à peine d'apprendre, alors quoi de mieux que de s'entraîner dans des conditions extrêmes avec la possible vie d'un camarade en jeu ? Dit ainsi, cela sonnait extrêmement irresponsable de sa part, mais il fallait l'avouer, la tentation était bien forte.. Non seulement il pourrait rire de le voir galérer dans cet arbre, mais en plus, il pourrait pratiquer ce qu'il était venu faire. Double plaisir, non ? 

Néanmoins, il ne se leurrait pas. Il savait que sa proposition avait complètement l'air d'être en sa faveur, et quel idiot accepterait une clause qui le désavantage ? Pas même un Gryffondor, hélas. Il n'avait néanmoins pas l'envie de lui dire "Fais-le en premier, et ensuite j'irais" puisque cela sonnerait comme une invitation à escalader le Saule, or, Isaac souhaitait qu'il y aille de sa propre volonté pour ne pas risquer de se faire accuser de l'y avoir incité par la suite. En lui ayant dit "Tu fais ce que tu veux", il avait bien l'intention de se déresponsabiliser en cas d'un quelconque accident, et il ne voulait certainement pas reprendre cette responsabilité qu'il avait lui-même rejeté ! Il soupira. Peut-être valait-il mieux abandonner ? Lui dire dès à présent qu'il n'avait pas besoin d'escalader le Saule Cogneur et qu'ils pouvaient tous les deux simplement oublier cette entrevue ? C'était sûrement la chose la plus sensée à faire.. Enfin, il continua de regarder le garçon, sans laisser apparaître son doute sur son visage. Mieux valait voir sa réaction avant de proposer d'abandonner le défi, il serait dommage de lui faire cette proposition s'il avait l'intention d'accepter tout de même.

A peine je fus délesté de mes vêtements lourds et encombrants que je commençais à trembler comme une feuille, l'air froid d décembre pénétrant sous mon pull et me gelant de l'intérieur. Je déglutis en regardant une nouvelle fois l'arbre que je devais escalader. Malgré tout mon courage, ma fierté et ma détermination, je ne voulais pas y aller. J'avais l'impression d'être une fourmi à côté d'un rocher mouvant, qui allait m'écraser en moins de deux secondes. Et cette impression n'en était pas qu'une, car on aurait dit que le Saule Cogneur avait la réelle intention de le faire. Mon regard se détourna de l'arbre, pour éviter de prendre la fuite, pour aller fixer le garçon en face de mois arborant les couleurs de Serpentard. Il me répondit alors, aussi surpris qu'apeuré, qu'il n'avait pas l'intention de monter, mais qu'il pourrait faire arrêter l'arbre de bouger si j'étais en danger. Cette phrase me fit froncer les sourcils, et poser les mains sur les hanches. Pour qui se prenait-il, celui-là ?

"Si tu n'y vas pas, j'y vais pas. Je ne veux pas être le seul à me retrouver à Sainte-Mangouste, ça se fait pas !" dis-je d'une voix que je voulais posée, mais où transperçait un début de colère.

Je n'aimais pas me disputer - ayant toujours été un enfant au caractère simple - et je ne le faisais pas souvent, détestant m'énerver. Et pourtant, aujourd'hui, j'étais bien tenté de gifler ou de crier sur ce peureux qui me servait de compagnon de risques. Une chose que je haïssait encore plus que le fait de me disputer : que l'on me prenne pour un idiot de première classe. Et ce garçon semblait bien se foutre de moi. Croisant les bras et le regardant d'un air mécontent, j'attendais qu'il capitule ou s'excuse. Et s'il ne faisait aucun des deux, je me rhabillerais et partirais à la recherche d'une autre bêtise à faire. Déjà que l'idée de grimper sur le Saule Cogneur ne me tentait pas plus que ça, l'idée d'y aller seul alors qu'un garçon en bas se moquait de mes piètres talents de grimpeur me répugnait. J'avais beau être courageux, il y avait des limites à ne pas franchir.

Je m'éloignais un peu plus du Saule pour éviter qu'une branche plus longue que les autres ne m'atteigne et ne me fracasse le crâne, avant de dire dans un frissonnement :

"Bon ben, si tu ne te décides pas, je vais rentrer. Il caille ici."

J'accompagnais mes paroles d'un geste vers le bas afin de récupérer mon second pull déposé sur le paquet de vêtements que j'avais moi même portés quelques minutes auparavant, avant que ce défi débile ne soit lancé. je le fis avec un air de défi qui résumait mes pensées.

En guise de réponse, Isaac lui sourit de toute ses dents comme un enfant venant de faire une bêtise. Il se fichait bien du Gryffondor en faisant cela, et c'était la raison même pour laquelle il le faisait.

« Bon retour. »

Il fallait se le dire il était un peu déçu. Pas une bien grande déception bien sûr, ce n'est pas comme s'il avait de grandes attentes, cela lui aurait simplement été profitable qu'il soit plus idiot ou casse-cou et relève son défi, les conditions d'entraînements n'auraient été que meilleures. Néanmoins, cette légère déception partit bien vite : il avait ce qu'il voulait dans un premier temps, que le garçon s'en aille pour le laisser seul. Ainsi, il pourrait s'entraîner à lancer ce sortilège nouvellement appris qu'est Immobulus. Il retira son écharpe et la plia soigneusement sur la neige, puis déposa délicatement son livre ainsi que le bout du parchemin au-dessus afin de ne pas les mouiller. Il se redressa ensuite en croisant le regard du Gryffondor. Il y avait une lueur de défi en lui, mais il était hors de question de le relever, il pouvait bien se le garder ! Qu'il aille donc à Sainte-Mangouste seul. 
Alors que le jeune Serpentard se relevait, il crut apercevoir quelque chose du coin de l'oeil. Il tourna instinctivement son regard vers cette chose pas encore identifiée, avant de voir qu'il s'agissait d'une énorme branche qui s'approchait dangereusement de son camarade. Isaac n'était pas courageux, il préférait laisser les autres prendre les dangers et les coups à sa place et n'aimait pas se salir les mains, mais cette seule vision avait suffit à éveiller tous ses sens. Par pur réflexe et sans aucune réflexion derrière, le visage décomposé, il tendit sa main vers le rouge et or en s'approchant rapidement de lui. 

« Ta main !! »

Il savait qu'il était trop loin, que le temps qu'il se rende compte du danger il ne pourrait ensuite avoir le luxe de se précipiter vers lui et d'attraper sa main comme il venait de le lui crier. Néanmoins, il ne réfléchissait pas, il avait simplement la vision d'un enfant de 11 ou 12 ans qui se prenait une énorme branche qui le projetterait plus loin, qui au moment de l'impact lui briserait peut-être des os, et d'autres scénarios du genre. 

Le garçon, un large sourire arrogant collé aux lèvres - sourire que je connaissais très bien puisque je l'arborais à la première occasion - me souhaita un "bon retour", ce à quoi je répondis par un regard mauvais qui voulait tout dire. J'étais à la fois furieux contre nous deux et heureux de m'être sorti indemne de cette histoire, sans avoir été obligé de grimper sur l'horrible Saule Cogneur. Et heureusement, car j'avais une chance sur deux de me ratatiner ou de me faire réduire en bouillie par l'une de ses branches en furie. Mon regard translucide allait de l'arbre cogneur jusqu'au garçon pénible dont je ne connaissais même pas le nom. Et je n'avais pas envie de le savoir, étant donné que la seule chose que je voulais faire était de les quitter, lui et sa tête à claques. Et aussi de rentrer dans ma salle commune, bien au chaud auprès de la grande cheminée, mais c'était une autre histoire. Décidant d'arborer le même sourire hautain que le garçon, je dis d'une voix neutre :

"Bon, eh bien au revoir. Au plaisir de ne jamais te recroiser."

La voix que j'avais employée était aussi hautaine que mon sourire fixé sur mes lèvres. Remettant deux ou trois mèches derrière mon oreille, je me baissais pour me saisir, vraiment cette fois-ci, de mon second pull et de le revêtir. Je me sentais déjà plus au chaud, sous les deux épaisseurs de mailles tricotées mains par ma grand-mère paternelle. Sans un regard de plus pour le Garçon-Au-Nom-Inconnu, je remis ma laine polaire par-dessus mon épaisseur de pull et de T-shirt, et me sentis encore mieux. Mes trois ou quatre couches commençaient à couper le vent et le froid qui m'agressaient à coups de couteaux glacials. En sentant une nouvelle branche me frôlée le dos, je fus très heureux de me savoir bien à l'abri les deux pieds sur terre, et non en train de peiner à escalader l'arbre diabolique sous le regard moqueur du garçon ainsi que des coups répétés des branches furibondes.

Soudain, alors que je me retournais pour partir vers le château, mes vêtements restants en mains, j'entendis la voix étouffé par le sifflement du vent du garçon me crier "Ta main!" Faisant vole face, je découvris deux choses : d'une part la main tendue de mon camarade, ainsi que son visage effrayé, de l'autre une énorme branche, bien plus grosse et longue que les autres. Et elle fonçait sur nous, à toutes vitesses. Je criais quelque chose d'inaudible en essayant de partir en attrapant la main du garçon, toute haine oubliée, mais lorsque nos doigts de frôlèrent, un choc me projeta en l'air. La branche m'avait heurté sur la hanche dans un craquement. Je criais à l'aide, et des larmes submergèrent mes yeux tandis que ma hanche m'élançait bien plus douloureusement que tout ce que j'avais put connaître jusqu'alors. Sentant mes pieds décollés du sol, le coeur bondissant dans ma poitrine tel un chat enragé, je m'agrippais à la première choses que mes doigts rencontrèrent : l'écorce de la branche.

Frôlant ses doigts, les yeux écarquillés, il vit le rouge et or se prendre violemment la branche. Le temps semblait comme s'être arrêté. Il ne voyait que le visage du Gryffondor, son visage dont des perles semblaient avoir submergées ses yeux sur le coup, un cri, puis tout s'éloigna à une grande vitesse, comme si rien ne s'était passé. Sur le coup de la rapidité et en vue de la courte distance qui le séparait de l'endroit où eut lieu l'impact, ses cheveux virevoltèrent vers l'arrière, comme si un simple grand coup de vent venait de passer par là. Puis ses yeux suivirent le garçon, celui qui était à présent désespérément agrippé. Comment ? Comment ? Ils s'étaient éloignés de l'arbre, pas très loin mais suffisamment pour ne pas se faire toucher par lui, alors comment cette branche pouvait-elle avoir pu s'approcher aussi près, mais surtout, le toucher ? Alors instinctivement, il baissa son regard, les sourcils froncés, et observa. En fait.. Il n'y avait pas que les branches de l'arbre qui pouvaient bouger, son tronc le pouvait aussi un minimum, surtout le haut. Et ce mouvement était justement ce qui lui manquait pour les toucher. 

Isaac pesta en sortant sa baguette de sa manche -une caractéristique du Serpentard, il préférait la ranger là plutôt que dans l'intérieur des vêtements. Devait-il tenter Immobulus, comme ce qu'il était venu faire au départ ? Après tout, s'il réussissait il arrêterait l'arbre et tout s'arrangerait.. Enfin, pas pour le corps du garçon, mais là il y avait plus urgent. Mais s'il touche le Gryffondor sans le faire exprès.. Ca ne serait pas bon. En plus l'arbre n'arrêtait pas de se mouvoir.. Appeler un professeur ? Le temps d'en trouver un et de revenir, il n'aurait plus un seul os intact ! Il fallait prévenir sans bouger.. Les fusées rouges, un signal de détresse, un simple crépitement, peut-être qu'avec un peu de chance quelqu'un le verrait ? Alors il leva sa baguette, « Periculum ! » et le sort fut lancé, mais que pouvait-il à présent faire pour réduire au maximum les dégâts du Saule sur son camarade ? Il n'avait pas le choix, il devait tenter Immobulus. Alors il tendit sa baguette vers l'arbre cette fois, et.. à peine tendue que cette dernière finit dans la neige. 

'arbre semblait avoir attendu le bon moment pour attraper le jeune Serpentard, car celui-ci n'avait pas vu une branche arriver lorsqu'il avait levé son regard pour lancer son sort. Il ne s'était pas pris une grosse branche comme le Gryffondor, celle qui l'avait percuté était plus fine, mais la douleur n'en était pas moins présente. Il avait lâché un cri de douleur, et par instinct de survie, s'agrippa à cette branche qui le faisait à présent tournoyer dans tous les sens.. Tout allait si vite, sa vue n'avait pas le temps de s'adapter. Il était agrippé, recroquevillé, il jurait intérieurement, il avait fermé les yeux, il avait peur. Mais qu'avait-il donc fait pour mériter ça, il n'était venu que pour s'entraîner à l'origine ! Il était si secoué, et il avait mal, mal à la côte gauche qui s'était pris cette branche. Pitié Merlin, faîtes que quelqu'un ait vu le signal !