Inscription
Connexion
02 juin 2019, 22:11
Une ombre pour deux  PV 
Le cœur alourdi par le sombre regard d’Elena Stoyanov, Kristen se dirigeait vers l’entrée de la forêt interdite. Elle marchait vite pour rejoindre Stanislav Stoyanov, mais il était hors de question qu’elle se mette à accélérer trop le pas, l’image serait trop cocasse. Elle ne se souciait pas, en revanche, de ce que les gens qui les voyaient penseraient de cela. Qu’ils parlent ! Ils ont bien mieux à faire en ce moment. Ce n'est pas comme si elle s'était déjà préoccupée de l'avis d'autrui sur ses fréquentations. Elle lança un regard par-dessus son épaule, observant ces nombreux sorciers œuvrer pour la reconstitution des défenses de Poudlard. Ce château redeviendra une forteresse, pensait-elle. Et tout le monde serait en sécurité à nouveau.

Le temps pressait. Les événements s’étaient enchaînés beaucoup trop vite. Ramdani, un coup d’état, le chemin de Traverse attaqué, un village pris d'assaut, Sainte-Mangouste en danger, le retour de Sybille, les révélations sur Arseni et l’apparition de Stanislav… Kristen avait besoin de souffler, de trier ces informations dans sa tête. Mais elle n’avait pas de temps à perdre : elle devait parler au frère d’Arseni, tant qu'il était là.

Dès qu’elle avait appris qu’une part d’Arseni vivait en lui, elle avait voulu le voir, essayer de percevoir Arseni à travers lui, à travers son regard, ses gestes, si jamais quelque chose se dégageait de lui, pour sentir sa présence. Et surtout, en apprenant l’œuvre de la vie de celui qui avait été son seul ami, elle voulut se donner une nouvelle mission : poursuivre celle d’Arseni. Faire en sorte que Stanislav redevienne celui que son frère admirait et aimait. Ce ne serait pas une tâche aisée ; on ne négocie pas facilement avec Stanislav Stoyanov, et pour ce qui est de l’influencer, ne serait-ce qu’un peu, la tâche devait être encore plus compliquée. Mais si elle pouvait ne serait-ce qu'essayer, pour la mémoire de son seul ami…

Kristen ne cessait de penser à la dernière fois qu’elle avait vu Arseni, qui était aussi la première fois qu’elle lui avait dit clairement qu’il était son ami. Ce jour-là, il lui avait montré ses souvenirs liés à son histoire familiale, et donc ce qui tournait autour de Stanislav. A la lumière des révélations du jour, Kristen percevait ce dernier moment passé avec Arseni d’une toute autre façon - même si elle éprouvait toujours des regrets de ne pas avoir été plus sincère avec lui. Mais comment aborder le sujet avec son mage noir franchement dangereux de frère ?

Elle arriva enfin à la hauteur de cet homme lugubre. Elle l’observa de côté, tentant une nouvelle fois de percevoir Arseni à travers lui ; sans succès.

« Merci pour votre aide. Arseni… tenait beaucoup à cette école. »

Elle regarda autour d’elle. Les deux sorciers n’avaient pas encore atteint la forêt. Le regard bleu de Kristen se fixa au loin.

« Il est enterré… là-bas, dit-elle en balançant sa tête dans une direction. »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou
04 juin 2019, 23:53
Une ombre pour deux  PV 


Je marchai sans but ni allure particulière. Je marchai, voilà tout. Kristen Loewy marchait à mes côtés avec l’aisance d’une personne qui sait parfaitement où elle met les pieds. Ses paroles, en revanche, étaient bien moins assurées. De simples banalités balancées pour accrocher mon attention, certainement.

Je tournai brièvement mes yeux dans la direction qu’elle m’indiquait et observai le chêne solitaire posté comme une sentinelle face au lac de Poudlard. Je jugeai l’endroit parfaitement détestable, indigne de la dépouille de mon frère. Un mausolée érigé à sa gloire dans notre région natale aurait mieux valu que cet endroit désolé, mais les choses étaient ainsi faites. Mon frère s’était amouraché de cette école. Je ne sais pas par quel miracle un fils de Durmstrang avait pu succomber au charme désuet de Poudlard, mais mon frère possédait de son vivant une remarquable collection de choix douteux. Mais après tout, il était en quelque sorte mort pour cette école ; il y avait donc une certaine logique au fait qu’il repose auprès d’elle. Même si c’était au milieu de nulle part, loin des siens et de ceux qui l’aimaient.

« C’est vous qui avez choisi cet endroit ? demandai-je en ramenant mon attention sur Kristen. »

Derrière nous, les détonations de sortilèges nous parvenaient très clairement. Savoir à quoi oeuvraient tous ces hommes, ces femmes, et ces enfants, ne m’intéressais aucunement. J’étais beaucoup plus intrigué par la demande d’entretien de Kristen Loewy et par cette enfant qui s’était présentée à moi sous le nom d’Elena Stoyanov. Que me voulait la grande directrice de Poudlard ? Que lui était-il arrivé pour dégager une aura aussi médiocre ? Et dans quel puzzle la petite Elena Stoyanov s’imbriquait-elle ? Je guettai avidement les réponses à ces questions, alternant entre des regards au loin et des regards un peu plus appuyés à l’intention de Kristen tandis qu’une centaine de mètres devant nous, la magie d’Issa Sidiki creusait des sillons larges comme le lit d’une rivière. Le vieillard avait encore de la ressource.

« Hm… depuis quand votre magie se morfond à ce point ? »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
05 juin 2019, 12:43
Une ombre pour deux  PV 
Kristen fut soudainement happée par les mouvements magiques derrière elle, par le bruit alentour, par tout Poudlard qui s'agitait pour reconstituer ses défenses. Elle resta captivée par tout ce qui se passait autour d'elle et qui ne provenait pas d'elle, mais de tous les autres sorciers présents ici, venus protéger son école. Un dôme doré coulait du ciel et allait entourer l'école, une forme gigantesque montait du sol jusqu'au ciel, des grondements creusaient le sol, des spectres quittaient la forêt comme un troupeau. Son cœur se serra et elle prit une grande inspiration. C'était beau, tout simplement.

La voix de Stanislav la tira de son admiration, d'abord lorsqu'il évoqua l'emplacement de la sépulture d'Arseni, puis la magie de Kristen qui, d'après lui, se morfondait. La directrice fronça légèrement les sourcils. Pour un sorcier tel que Stanislav Stoyanov, la diminution de ses pouvoirs devait être aisément perceptible.

« J'ai dû faire quelques sacrifices pour me permettre d'aller plus loin. Vous devez savoir qu'il y a souvent un prix à payer pour pouvoir repousser ses limites, fit-elle. »

Évidemment, Kristen était de plus en plus pressée que ses pouvoirs se régénèrent et qu'elle puisse ainsi devenir plus forte qu'elle n'aurait jamais pu l'être : les événements le nécessitaient. Cependant, la route était encore longue pour y parvenir. Elle planta son regard dans celui de Stanislav Stoyanov avant de faire revirer ses pupilles vers l'endroit où reposait Arseni.

« Quand l'hiver est assez froid, il arrive que le lac soit gelé, au moins partiellement. Ce n'est pas Durmstrang, mais quand je regarde cet endroit sous la neige, il me semble que je pourrais presque percevoir Arseni, adolescent, se couvrir d'eau glacée, inconscient du froid et des regards que lui adressent les jeunes filles de Durmstrang. »

Kristen se souvenait de ce que lui avait montré Arseni, dans sa pensine, la dernière fois qu'elle l'avait vu vivant. Elle afficha un sourire triste. Elle doutait que Stanislav puisse ce souvenir de ce moment très précis qu'il avait partagé avec son frère, qui avait pourtant été suffisamment significatif pour qu'Arseni le lui montre, quand il lui avait raconté son histoire - qui était aussi l'histoire de Stanislav, en quelque sorte.

Elle voulait de tout cœur imaginer cet Arseni inconscient, souriant, comme il lui avait demandé de se rappeler de lui, mais trop souvent, ce souvenir de sourire que Kristen s'était créé se confondait avec l'image du cadavre de son ami, rampant vers elle. Elle prit une nouvelle inspiration tandis que ses sourcils froncés retenaient tant bien que mal l'émotion qui était la sienne.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou
08 juin 2019, 07:20
Une ombre pour deux  PV 
2.


« Assurément, commentai-je, indifférent au sous-entendu qu’elle venait de soulever. »

Pour savoir qu’il y avait un prix à payer, je le savais ; et sans doute mieux que quiconque. Personne en ce bas monde ne pouvait soupçonner tous les sacrifices que j’avais consentit pour en arriver là.

Je me laissai surprendre par le couplet suivant, tant par sa puissance évocatrice que par le flot d’émotions charrié par ce souvenir d’un autre temps. Je me revis, instantanément, du haut de mes vingt-ans, claquer amicalement le dos constellé de cicatrices d’Arseni. Il avait la quinzaine, possédait le corps d’un athlète, et ses yeux noisette vous observaient en laissant cette impression qu’ils pouvaient déchiffrer votre âme dans ses moindres détails les plus intimes. Il faisait froid, très froid, ce jour-là. Je me souvenais parfaitement de la vapeur qui accompagnait chaque expiration et chaque prise de parole. La mienne visait à le taquiner en lui révélant la présence d’un véritable club d’admiratrices à la proue du navire de l’institut, ancré à une centaine de mètres de là. Arseni n’y avait pas prêté attention, comme à son habitude. Je m’apprêtais à quitter Durmstrang. Il s’apprêtait à marquer l’histoire de l’institut. Nos existences étaient, déjà à l’époque, vouées à s’entrecroiser sans réussir à fusionner. Je lui annonçais mon départ imminent. Nous échangeâmes une longue accolade, puis je l’abandonnais, le coeur serré, il me semble, et la gorge nouée à la simple idée de le laisser seul derrière moi.

Mes yeux étaient baissés sur Kristen. Je clignai des yeux en retrouvant les racines de cette désagréable réalité.

« Il n’avait pas la moindre idée des sentiments qu’il éveillait chez les autres. C’est une réalité qui lui échappait totalement, m’entendis-je déclarer. »

Le silence qui suivit était à la hauteur du trouble qui m’envahit. C’était comme s’entendre parler à travers un poste de radio : vous saviez qu’il s’agissait de votre voix, mais vous ne pouviez vous empêcher de penser qu’elle appartenait à quelqu’un d’autre, qu’elle avait ce je-ne-sais-quoi de différent. J’étais exactement devant le même cas de figure, me demandant pourquoi j’avais prononcé ces mots ou plutôt comme ils étaient parvenus à jaillir hors de moi, comme ça, furtivement, sans même s’annoncer au travers d’une pensée. Cette sensation d’égarement m’embêtait.

« C’est un bel endroit, mentis-je. »

La seule vraie place d’Arseni était auprès de moi.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
08 juin 2019, 21:11
Une ombre pour deux  PV 
Kristen plissa les yeux et tenta de percevoir Arseni à travers son frère, à nouveau. Elle lâcha un petit "Mh" et reprit la direction de la forêt, car il fallait bien rentabiliser son temps. Parler avec Stanislav Stoyanov était déjà une façon intéressante d'occuper son temps, mais celui-ci était aussi à l'action, et Kristen ne pouvait se permettre de l'oublier. Après quelques longues secondes de silence, elle reprit, d'une voix dont la nostalgie perçait la monotonie :

« Même en n'étant plus là, il continue d'éveiller chez les autres de forts sentiments. C'est une belle façon d'atteindre une sorte d'immortalité. »

Elle laissa échapper un petit rire nerveux et s'en voulut aussitôt. Immortalité. Ce concept qu'elle avait tant voulu toucher du doigt, et qui l'avait perdue. Finalement, marquer les esprits par sa façon d'être vivant n'était-elle pas la meilleure façon de rire au nez de la mort ? Elle qui avait toujours eu la mort en horreur, cette fin de tout, elle qui avait trouvé en Baldur Feuerbach son complice anti-Mort, aurait gagné bien du temps à formuler cette hypothèse bienpensante plus tôt. Pourtant, cette idée ne restait qu'une hypothèse dans l'esprit de Kristen : sa crainte de faiblir, de décroître, puis de n'être plus et de pourrir, la hantait toujours, en dépit de l'exemple d'Arseni. Ses pensées se raccrochèrent à son complice d'un autre temps, dont elle avait appris l'évasion de prison il y a peu, et elle manqua de vouloir taper son poing dans quelque chose de dur, ou de lancer un sort ravageur sur quelque chose de vivant. Elle repensa aux viscères qui coulaient du corps de ce Mangemort, à Beauxbâtons, et en imaginant Baldur dans cette même situation, elle se sentit presque apaisée par sa propre colère. Ses mâchoires se relâchèrent et ses muscles se décontractèrent. Cet accès de rage passablement calmé, elle poussa un long soupir.

« Regardez Elena. Elle ne l'a jamais connu, mais les sentiments qu'elle éprouve pour lui m'ont l'air d'être indéfinissables. Ce que vous vous êtes dit ne me regarde pas, mais je crois qu'elle m'en a voulu de la priver de la présence d'un Stoyanov qui lui était inconnu. »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou
11 juin 2019, 10:06
Une ombre pour deux  PV 
3.


Stanislav cala son allure sur celle de Kristen. Ses longues jambes cessèrent de s’allonger au-delà du raisonnable tandis qu’il croisait les bras dans son dos.

Devant eux, à une soixantaine de mètres désormais, la terre continuait de se morceler comme si une quelconque créature souterraine s’évertuait à la remuer. L’épaisse forêt noire se profilait derrière, frissonnante. A croire que tous ces arbres à l’écorce sombre craignaient d’être engloutis sous ce tapis de terre en mouvement ou tout simplement déracinés par les eaux effervescente du lac.

Stanislav écouta les propos de Kristen sans ciller, son regard de faucon fixant à tour de rôle la forêt, Kristen, et la minuscule silhouette de Naata Robinson par-dessus son épaule. Jugeant qu’il était dangereux de continuer dans cette direction, il s’arrêta en barrant d’un bras tendu le chemin de Kristen. Songeur — ce qui, chez lui, se remarquait au léger plissement de ses yeux — il esquiva la vue du chêne solitaire sous lequel reposait son demi-frère pour observer la danse du vieux sorcier africain à deux cent mètres de là. L’immortalité, ce vieux renard en connaissait un rayon sur le sujet. L’Elixir de Longue-Vie avait étiré son existence au-delà des limites humaines, retardant l’oeuvre de la Mort. Stanislav se demanda ce que cette dernière en pensait. Était-elle frustrée de devoir attendre ? Stanislav espérait que oui, ne lui pardonnant toujours pas d’avoir emporté son demi-frère sans le consulter.

« Que fait cette enfant, ici ? De qui descend-elle ? »

Le son dur de sa voix se heurta aux grondements des éléments : gonflées par la symphonie de Naata Robinson, les eaux du lac se ruèrent dans le lit creusé par les pouvoirs d’Issa Sidiki. En l’espace d’une minute, un bras d’eau large d’environ deux cents mètres sépara Stanislav et Kristen de la forêt que cette dernière cherchait à atteindre. Le cours du bras d’eau dessinait une longue courbe qui le reliait par les deux bouts au reste du lac. Poudlard était désormais une île.

Stanislav ancra son regard sur l’autre rive tandis qu’il lui semblait apercevoir la robe nacrée d’un esprit à l’orée des arbres. Arseni était-il réellement devenu immortel ? Stanislav en doutait. L’histoire ne retiendrait de lui qu’il avait été assassiné dans l’exercice de ses fonctions… de fait, tout le monde avait déjà oublié l’incroyable champions de duel de sorciers et le redoutable mage noir qu’il avait été.

Les hommes aimaient vivre dans le mensonge. En ce sens, Arseni était déjà un spectre mort et enterré pour une grande majorité d’entre eux.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
11 juin 2019, 16:39
Une ombre pour deux  PV 
Kristen continua un instant d'avancer quand le bras de Stanislav barra sa route, ainsi entra-t-elle brièvement en contact avec lui et se raidit, sans savoir trop pourquoi. Était-ce simplement sa présence indéniablement inquiétante, ou le fait de savoir qu'Arseni vivait encore partiellement dans ce corps, qui la troublait tant ? Elle observa les nouveaux mouvements de Poudlard, alors que la voix de Stanislav lui posait une nouvelle question. Kristen ne put répondre immédiatement, impressionnée par ce qui se passait sur le domaine de son école. La forêt semblait de plus en plus loin, inatteignable, tant la rivière qui scindait le parc grossissait. Les épaules de la directrice de l'établissement s'affaissèrent. Ne pourrait-elle vraiment rien entreprendre pour aider Poudlard, ce soir ? En tout cas, son plan tombait à l'eau. Littéralement. La frustration gonfla ses veines et ses mâchoires se serrèrent. Face à de telles démonstrations de magie, elle se sentait impuissante, perdue. Inutile. Et Merlin savait que Kristen détestait chacun de ces trois attributs. Résignée, elle se décida finalement à répondre au demi-frère d'Arseni :

« C'est la demi-sœur d'Arseni. Aller la chercher était la dernière mission qu'il m'a confiée, alors qu'il n'était déjà plus là. Elle était enfermée chez des Moldus qui la croyaient folle. Arseni craignait qu'elle n'ait commencé à développer un Obscurus. Je l'ai tirée de là et elle est restée quelques temps avec moi à Poudlard, en attendant que je trouve une famille pour l'accueillir. »

Kristen doutait de l'utilité de lui dire qui, précisément, avait fini par recueillir Elena. Elle marqua une pause, légèrement hésitante sur la manière d'aborder le sujet qui la préoccupait...

« L'une de mes collègues a été retenue à l'Académie des Arts Obscurs. Elle y a croisé une jeune élève. Serafina Stoyanov. »

Du coin de l’œil, Kristen guetta la réaction de son terrible interlocuteur.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou
11 juin 2019, 23:13
Une ombre pour deux  PV 
4.


Stanislav enregistra précautionneusement chaque information, qu’il rangea dans un espace bien compartimenté de son cerveau. Ainsi, cet Elena était la demi-soeur d’Arseni. Autrement dit, ils partageaient la même ascendance non-sorcière par leur père ; père qui, très probablement, n’avait rien trouvé de mieux à faire que d’enfermer sa progéniture entre quatre murs pour soigner sa folie sorcière. Du refoulement de ses pouvoirs magiques — car nul doute qu’Elena était une sorcière — un Obscurus était peut-être né. C’était du moins l’hypothèse qu’Arseni avait émise de son vivant et qu’il avait souhaité réparer en faisant appel à la loyauté de Kristen. Quel autre secret m’as-tu caché, petit frère ? se demanda Stanislav en basculant son regard vers Kristen.

Comme un écho à sa question, Stanislav entendit sa conscience lui souffler : bien plus que tu ne l’imagines. Les sourcils froncés, il commença à se demander si l’antique magie de Poudlard n’essayait pas de détraquer sa perception car jamais, jusqu’alors, il ne s’était sentit si exposé. Une sensation d’autant plus désagréable qu’il n’avait pas la moindre idée d’où elle pouvait bien provenir.

Mais quelque chose de bien plus grave devait le contrarier durablement. Lorsqu’il entendit l’académie des Arts Obscurs être associée au nom de sa fille, le tout dans une bouche sensée tout ignorer de ces deux univers, son sang ne fit qu’un tour. Bousculé en son for intérieur, il planta son regard d’une noirceur absolue sur Kristen tel un charognard sur le point d’engloutir un cadavre. Malgré lui, il laissa sa baguette magique glissée le long de son avant-bras jusqu’à sa main. Baguette qu’il braqua entre les yeux de Kristen avec l’agilité et la souplesse d’un grand félin.

« Vous allez tout me raconter, dit-il d’une voix tranchante, son bras tendu à l’extrême, droit et rigide comme une branche. Vous n’allez omettre aucun détail. Absolument aucun… »

Il jeta un coup d’oeil à la lente progression du dôme magique et, de sa main libre, il arracha son manteau qui se métamorphosa instantanément en fumée noire. Une sorte de voile de ténèbres qu’il fit claquer autour de lui et de Kristen, les entraînant tous les deux dans une tornade de noirceur.

« Lumos »

Une lumière s’alluma à l’extrémité de sa baguette magique, éclairant l’intérieur du cyclone noir dans lequel il se trouvait en fâcheuse compagnie. Des vents noirs tournaient et s’entrechoquaient à deux bons mètres de distance, les masquant tous les deux aux yeux du reste de l’univers.

« … car je dois savoir comment le nom de ma fille a pu éclore de votre bouche. »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
12 juin 2019, 00:18
Une ombre pour deux  PV 
Kristen encaissa d'abord le regard de Stanislav, la baguette pointée droit sur elle, et enfin le tourbillon obscur, sans rien dire. Elle demeurait stoïque, tandis que de l'extérieur, cette scène devait sembler surréaliste. Elle savait qu'elle ne pouvait rien faire face à Stanislav Stoyanov, mais elle croyait aussi qu'aujourd'hui, rien de plus mauvais que ce qui s'était déjà produit ne pouvait lui arriver, aussi ne ressentait-elle aucune peur dans cette situation. Et puis, son instinct de mère se réveilla quand Stanislav confia que Serafina était sa fille. Kristen le savait : elle aurait pu réagir de la même façon si quelqu'un qu'elle n'appréciait pas spécialement lui avait parlé d'Owen alors que personne n'était censé être au courant. La directrice de Poudlard se contenta donc de répondre, d'une voix calme et presque désolée :

« J'ignorais qu'elle était votre fille. Bien que cela semble logique, tout compte fait. »

Kristen fit glisser ses yeux sur la baguette de Stanislav, qui n'était plus entre ses yeux mais la pointait toujours. C'était une sensation étrange, de savoir que l'on ne pouvait rien faire. La conscience de son impuissance aidait paradoxalement Kristen à se sentir plus calme. Elle n'avait pas non plus d'autre choix que d'être honnête, et avait bien l'intention de l'être.

« Comme je vous l'ai dit, l'une de mes collègues a été faite prisonnière à l'Académie des Arts Obscurs. Elle a mentionné y avoir aperçu une certaine Serafina Stoyanov, ce qui aurait remis en doute votre position : cela aurait pu être une preuve que vous étiez du côté des Lignées. Mais je n'y ai pas cru, car je suis persuadée que la mémoire de votre frère et votre esprit vengeur passent avant une quelconque association avec eux. J'imagine donc que votre fille est une de leurs élèves pour une excellente raison, et que le fait que cette information soit révélée au grand jour peut compromettre vos objectifs. »

La directrice de Poudlard réfléchit aux plans possibles de Stanislav. Il était évident qu'il avait impliqué sa fille dans sa vengeance personnelle. Bien sûr, Kristen était loin de l'approuver : elle n'aurait jamais fait une chose pareille à son fils. Mais il ne lui appartenait pas, actuellement, de juger les actes de Stanislav Stoyanov, encore moins son rôle de père - après tout, quelle mère avait-elle été ; était-elle ?

« D'une manière générale, il vaut mieux s'assurer que les gens ignorent le fait que des sorciers comme... comme vous sont parents, n'est-ce pas ? »

Puis, après une nouvelle pause, elle conclut, préférant aller du côté des éventuelles solutions que du discours qui, en ce moment, ne jouait pas en sa faveur :

« Au regard de mes capacités actuelles, je ne peux... intervenir sur la mémoire de ceux qui ont entendu ce nom. »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

@Mentionnez-moi pour activer le Tabou
13 juin 2019, 08:48
Une ombre pour deux  PV 
5.


Kristen ne se laissa pas impressionner par mon tour de force. Au contraire, elle m’apparut plus calme qu’elle ne l’avait été jusqu’à présent. Sa voix, calme et posée, tranchait avec le cadre que je lui avais imposé, bien que son regard s’abaissait de temps à autres sur ma baguette magique comme pour vérifier qu’il n’en sortait rien de mauvais.

Etonné par son comportement, je ramenai ma main armée le long de mon corps, l’oreille tendue, tandis que mon cerveau enregistrait chaque détail de sa réponse et formulait déjà de nouveaux questionnements. Souhaité ou non, le discours de Kristen comportait un certain nombre de zones d’ombre. A aucun moment, elle ne me révéla l’identité de cette collègue ni comment celle-ci avait pu pénétrer l’académie des Arts Obscurs, peut-être l’école la plus secrète du monde. Nulle part, elle ne mentionna pourquoi cette collègue avait été faite prisonnière, encore moins pourquoi Serafina lui avait été présentée. Les questions se bousculaient au portillon ; ma tête en était envahie.

J’y imposai toutefois le silence en apprenant que Kristen et sa collègue n’étaient pas les seules à avoir entendu le nom de ma fille.

« Combien de personnes sont au courant de cette information ? demandai-je d’une voix peu commode — je pouvais clairement ressentir la colère qui montait en moi comme sur le coup d’une trahison. »

Il me fallait agir vite si je voulais encore conserver le contrôle de la situation. La sécurité de Serafina en dépendait certainement. Mais avant d’en arriver là, il me fallait faire toute la lumière sur les événements qui avaient précipités cette mystérieuse collègue de Kristen dans la gueule béante des Lignées du Nord. A partir de ce point, et seulement à partir de là, je pourrai établir une stratégie viable.

Je fis donc un pas vers Kristen et lui saisis le bras en signe de contrainte. J’abaissai mon regard sur elle, jouant de ma hauteur pour raffermir mon emprise sur elle.

« Ne sous-estimez pas ma patience, dis-je. Elle est beaucoup plus limitée que vous ne vous le figurez présentement. L’académie des Arts Obscurs ne devait exister qu’au sein d’un cercle très fermé d’initiés. Qui est votre collègue, que possède-t-elle, qui explique qu’elle y ait été emprisonnée ? Comment est-ce arrivé et comment se fait-il qu’elle ait pu témoigner ? Répondez ! »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)