Ulysse était-il sérieux ? La jeune fille était douée pour deviner les émotions et quand le Gryffondor lui affirmait que ce n'était pas grave, elle eu des doutes sur sa sincérité. Et alors, est-ce que ça a vraiment de l'importance qu'il mente ou non ? Je ne le connais pas, il ne me connais pas et il y a peu de chances qu'on devienne vraiment amis, alors on s'en fout qu'il le pense ou non... La jeune fille émit une petite grimace, juste quand le première année ajoutait quelque chose.

Katherine poussa un soupir. Ulysse croyait-il vraiment qu'elle n'avait pas déjà essayé ? Rien que quelque jours plus tôt, avec un Serdaigle, ça s'était plutôt bien passé, à un moment elle n'avait presque plus besoin de se forcer à être sympa. Pourtant, le naturel était revenu au galop juste après cette rencontre. Étais-ce à cause de la difficulté de la chose ? Parce qu'elle avait la flemme de changer ? Ou parce qu'elle savait que quoi qu'elle fasse, elle ne pourrait jamais redevenir comme avant, quand tout allait bien ? Peut-être un peu des trois à la fois. Ce fut à cet instant que la part la plus noire de son esprit mit à profit sa vulnérabilité pour lui souffler de mauvaises pensées à l'oreille :
«Au fond, est-ce que tu veux vraiment changer ? Deamon t'a appréciée malgré ça, Elwing t'a appréciée malgré ça, alors ce n'est pas une mauvaise chose... En plus, tes parents te fichent la paix. Et ça t'éviterait de trop te fatiguer... Ton temps est précieux, tu ne vas pas le gaspiller comme ça, juste pour avoir de amis. Tu n'as besoin de personne.» Elle déglutit, déstabilisée. Puis elle se reprit. «Si, j'ai besoin de Dee. Et d'Elwing et de Chan et de Grand-Maman Lee ! Et je veux des amis ! Je veux que les gens m'apprécient !»

La fillette serra très fort les poings, se mordant la lèvres inférieure jusqu'à ce que celle-ci saigne. Son cerveau fonctionnait à toute allure, si bien qu'elle ne chopait que quelques pensées éparses en chemin, ainsi que tout un tas d'émotions dont elle ne savait que faire. Elle savait qu'elle devait suivre le conseil d'Ulysse, mais en serait-elle capable ? Cette manière de repousser les gens était profondément ancrée en elle et si elle avait réussi à se faire quelques amis, elle n'était pas sûre de pouvoir s'ouvrir complètement à d'autres personnes ou même de les laisser vraiment s'approcher d'elle.

-Changer... Ça fait trois ans que je suis comme ça, c'est comme une seconde peau pour moi. Bien sûr, je serais ravie d'être une fille différente, mais... je ne sais pas si j'y arriverais. Pas avec tout le monde, en tout cas. Qu'est-ce que je devrais faire, d'après toi ? demanda-t-elle en se tournant vers son camarade.

Pas sûr que celui-ci soit de bon conseil, mais elle l'avait sous la main, alors elle pouvait essayer. Autant devenir "méchante" lui était venu facilement, autant redevenir "gentille" lui posait plus de problèmes.

-Se laisser couler est bien plus facile que de se reconstruire..., philosopha la Gryffondor à voix haute.

Pas de soucis pour le retard

"Changer... Ça fait trois ans que je suis comme ça, c'est comme une seconde peau pour moi. Bien sûr, je serais ravie d'être une fille différente, mais... je ne sais pas si j'y arriverais. Pas avec tout le monde, en tout cas. Qu'est-ce que je devrais faire, d'après toi ? Se laisser couler est bien plus facile que de se reconstruire..."

Je fixais la jeune fille. On aurait dit que les quelques phrases que j'avais maladroitement prononcées pour la consoler l'avait changée. Alors que quelques minutes auparavant, Katherine était une fille énervée et éternellement furieuse, qui semblait prête à me frapper et à m'insulter, elle était devenue une enfant perdue et triste, qui avait les larmes aux yeux et se demandait comment elle pouvait changer. Et, le plus marquant pour moi était qu'elle me demandait conseil, à moi qui m'étais moqué d'elle quelques instants avant. Je la regardais avec un mélange de surprise et d'admiration. Personnellement, j'étais tout à fait incapable de changer aussi vite d'émotions et de personnalité, contrairement à Katherine.

Elle me demandait ce que je pensais de son problème... En fait, je n'en savais trop rien. Et puis je n'étais pas sûr de vouloir l'aider, avec tout ce qu'elle m'avait dit et fait. Et puis je ne savais ni consoler ni conseiller les gens sur n'importe quel sujet. Pourtant, je l'avais fait avec Taylor : je l'avais aidé à se débarrassée du souvenir de son ancienne meilleure amie, Roxane. Elle ne se sentait plus coupable, ou du moins prétendait qu'elle ne l'était plus, depuis notre discussion à propos de la mort de cette fameuse Roxane. Mais le problème de Katherine était totalement différent, et je n'avais pas de conseils particuliers à lui donner. Je n'étais pas psy, non plus ! Malgré cela, poussé par ma gentillesse, je dis :

"Tu sais... tu es à Gryffondor, ce qui veut dire que t'es courageuse. Et si t'es courageuse, tu es capable d'arriver à changer avec un peu de persévérance. Et puis, être sympa, ça veut dire que les autres sont sympas avec toi, que tu leur fait plaisir et qu'ils te font plaisir. Et tu sais, ça fait du bien parfois de se dire : j'ai des amis. Après, ça devient comme une famille."

Je souris. Toutes ces paroles s'étaient échappées de ma bouche sans que je n'y réfléchisse avant, mais elles étaient sincères et spontanées. J'espérais que Katherine serait rassurée et satisfaite de ma réponse, et peut être même qu'elle suivrait mes conseils.

Elle écouta avec attention les conseils d'Ulysse et lui sourit même, touchée par sa gentillesse. Elle ne savait pas trop comment la situation était passée de très tendue a presque normale, mais elle en était contente. Malgré ce que les apparences laissaient penser, crier sur tout le monde pouvait être épuisant. Peut-être que ça va être facile de changer, finalement... Les derniers mots de son camarade la firent pourtant grimacer.

-Comme une famille ? Je ne sais plus ce que c'est, une famille. (Elle soupira, sachant qu'il avait quand même raison.) Bon, je vais quand même suivre tes conseils, ils n'ont pas l'air trop pourris. Enfin... enfin ils ne sont pas pourris du tout, c'est ça que je voulais dire.

Elle était tellement habituée à tout dénigrer qu'elle ne faisait même plus gaffe à ce qu'elle disait. Ce n'est pas bien, ça, Katherine. La jeune fille se renfrogna. Ça arrivait à tout le monde de faire des erreurs, non ? Ce n'était pas un drame si elle avait encore de vieux réflexes. Elles mettrait du temps à s'en débarrasser. Tout à coup, la tâche lui parut insurmontable. Si un instant plus tôt elle se disait qu'elle y arriverait, à présent elle avait des doutes. Elle avait de la volonté et c'était une vraie tête de mule, mais cela suffirait-il ? Trois ans à rejeter tout le monde, ce n'était pas rien, et ça avait sans doute laissé des traces très profondes en elle. Elle était irrécupérable... Non, ce n'est pas le moment de flancher ! Pas maintenant ! Tu t'es enfin décidée, tu ne vas pas baisser les bras avant même d'avoir commencer.

-Ça va être long. M'enfin je crois. Je me fixe comme objectif d'y arriver avant ma deuxième année, voilà. C'est dans plusieurs mois, mais mieux vaut y aller par étapes. Petit à petit, l'oiseau fait son nid, comme on dit. Je ne sais pas si ça peut s'adapter à ma situation, mais bon.

La Gryfonne ne savait pas trop quoi faire, à présent. Elle ne savait même plus si elle appréciait ou détestait son camarade de maison. Son doute aucun des deux. Il s'était amusé à la faire tourner en bourrique et n'avait pas l'air de vouloir la connaître, ce qui pouvait se comprendre, mais il avait quand même essayer de la consoler et il n'avait pas l'air d'avoir un mauvais fond. Il lui faisait penser à Deamon. Ils avaient d'être tous les deux charmeurs, dragueurs, sur d'eux et heureux. Leur carrure et leur taille était sensiblement la même et si leurs traits se ressemblaient plus, elle se serait demandée si ils étaient frères. Elle prit une décision.

-Merci. De m'avoir aidée, et de m'avoir remontée les bretelles inconsciemment ou non. Même après ça, je ne vais pas dire que je voudrais être amie avec toi ou quoi que ce soit, par que je n'en sais rien. Mais je te respecte. Et puis, si Dee t'apprécie, ça me suffit. Alors on fait la paix ? Pas qu'il y ait eu vraiment une guerre, m'enfin... c'est pas passé loin quand même.

Elle lui tendit la main pour qu'il la serre. Le ferait-il ?

Les mots de Katherine résonnèrent dans mes oreilles, et les informations commencèrent à monter au cerveau. Mon talent de détective comprit presque aussitôt le sens de la phrase "Je ne sais plus ce que c'est, une famille". Cela voulait forcément dire qu'elle n'avait plus de famille, ou que la sienne était tellement étrange qu'elle ne savait plus ce qu'était une véritable famille. Et alors, si elle n'avait pas une famille digne de ce nom, elle aurait très bien put être triste à cause de ça, et se refermer sur elle-même et développer un caractère de solitaire. Toutes les pièces du puzzle de la vie de Katherine s'emboîtaient dans ma tête, et j'écarquillais les yeux.

Je portais un regard nouveau sur Katherine, qui n'était plus du tout l'horrible fille d'avant, méchante et taciturne, qui passait le plus clair de son temps à hurler et à se disputer avec les autres. Avant notre discussion, je la pensais foncièrement mauvaise, sans aucunes explications sur son comportement méchant, mais à présent... je comprenais un peu pourquoi elle était comme ça. C'est étrange de penser que, quelques minutes auparavant, j'étais en train de me moquer d'elle, de lui reprocher son mauvais caractère et que, maintenant, je commençais à ressentir de l'empathie pour elle. Je réalisais que je commençais à l'appréciée, cette fille que je méprisais une heure plus tôt.

J'essayais de lui dire avec douceur :

"D'ailleurs, tu sais... si tu veux parler de quoi que ce soit avec moi, ou même prendre des cours de gentillesse, je suis partant, hein."

Je lui adressais un petit sourire avant de reporter mon attention sur le lacet défait de l'une de mes chaussures. Tandis que je faisais une jolie boucle, Katherine continua à parler, et je l'écoutais attentivement. Au final, je me plaisais à jouer le super-gentils qui aide ses camarades à se sentir mieux, et à leur donner des conseils. Je pourrais me lancer dans une carrière de psychologue, en fait... A deux reprises, j'avais aider des filles à être en paix avec elles-mêmes : Taylor, en février, alors qu'elle pleurait la mort de son ancienne meilleure amie Roxanne, puis Katherine, alors que notre relation était partie sur de très mauvaises bases.

La jeune fille brune me remercia, et me tendit même la main en me disant que nous pourrions être amis, puisque Deamon m'appréciait. Je me sentis plein de fierté, et me félicitais silencieusement pour mon bon caractère qui m'évitait de nombreuses disputes. Je tendis la main à mon tour, et je serrais la sienne avec l'air sérieux des hommes politiques en train de conclure une affaire de la plus haute importance.

"De rien, Kit Kat. Je suis ravi de t'avoir aidée. Au fait, ça ne te dérange pas que je t'appelle Kit Kat ?"

Je lui lançais un regard espiègle, avant de lâcher sa main et de sauter avec aisance sur mes pieds.

"Et, d'ailleurs... je suis désolé de m'être moqué, tout à l'heure, mais c'est que je ne t'appréciais pas tellement. Mais en fait, je crois que j'ai changé d'avis sur ton compte, tu es réellement sympatoche quand tu ne t'énerves pas. Je suis OK pour qu'on soit amis."

J'espérais que Katherine par l'affirmative, car je me sentais d'humeur à être ami avec quiconque. J'entendis soudain un gargouillement provenant de mon estomac, et finis par proposer :

"Pour sceller notre amitié, on peut manger ensemble, non ? Je meurs de faim."

Ceci était mon dernier post, j'ai été ravi de partager ce RP avec toi !

Prendre des cours de gentillesse ? Ce n'était pas une mauvaise idée. Elle imaginait déjà comment se serait. Cours n°1, que faire quand quelqu'un vous percute ? Lui crier dessus, ricana son esprit. Biiiip. Mauvaise réponse. Même pas drôle. En effet, ça ne l'était pas. Ça ne l'empêcha pas de glousser intérieurement. Elle était folle. Clairement. Poussant un soupir, elle revint à la conversation. Ulysse lui serra soudain la main et elle comprit que c'était bon. Un trêve s'était faite entre eux. Ça au moins, c'était fait. Ulysse avait l'air plutôt malin et rusé, l'avoir comme ennemi ne serait pas une très bonne idée.

-Mmm... pour le Kit Kat, évite s'il te plait. Quoique... j'aime bien le chocolat.(Une intense réflexion lui fit plisser le front.) Mouais, évite, ça vaudra mieux. Désolée.

La jeune fille lui rendit son regard espiègle avant de rire un peu. Ça faisait du bien. Clairement. En se réveillant ce matin elle n'aurait jamais pensé vouloir changer à ce point. Deux jours plus tôt, elle avait manqué de motivation. Maintenant, on pouvait dire qu'elle en avait. Peut-être un peu parce qu'elle se mettait en concurrence à son camarade. À qui saurait être le meilleur ami pour Deamon. Peut-être qu'Ulysse ne le voyait pas comme ça, néanmoins c'était encore plus attrayant ainsi. Elle aimait bien la compétition. Même si il la battait haut la main pour l'instant. On verra dans quelques temps. Son sourire s'élargit, devint plus démoniaque. Que le meilleur gagne. C'est pourri, ça. Et puis il va forcément gagner vu qu'il a de l'avance niveau gentillesse. En plus pour lui, c'est surement même pas une compèt. Faut que j'arrête avec ça. Elle se sentait bête.

Elle observa le jeune garçon faire ses lacets, les yeux dans le vague. Son cerveau s'était deconnecté, si bien qu'elle sursauta quand il lui parla. Il voulait être son ami. Drôle de choix. Mais après tout, pourquoi pas. Il avait tous deux un ami en commun, ça pourrait les rapprocher. Un peu. Elle ne s'imaginait pas être une très grande amie pour lui, mais ça pourrait être sympa. Ça serait comme une famille, comme il disait. Sauf qu'Ulysse aurait plutôt le rôle du frère chiant et casse-pied. Cela lui fit penser à son frère à elle, son vrai frère. Chan. Aucune nouvelle de lui depuis son départ. Toujours rien. Non qu'elle ait envoyé quelque chose de son côté. Sa Grand-Maman disait que son côté têtu la perdrait. Elle n'avait peut-être pas tort.

-Je ne t'ai pas apprécié non plus au départ, alors on est quittes. Mais... sympatoche ? Moi ? T'as bu ou quoi ?

Katherine pencha la tête sur le côté, amusée. Sympatoche n'était clairement pas un terme qui pouvait la définir. Même quand elle ne s'énervait pas. Mais c'était gentil à lui de jouer le jeu. Il lui apparut un peu plus sympathique qu'avant. Comme quoi, tout pouvait arriver.

-Manger pour sceller notre amitié ? Tu me prends par les sentiments..., s'amusa la brunette.

Elle s'assit à son côté et sortit quelques friandises volées de sa poche.

Merci pour ce RP, c'était très agréable