Allongée au beau milieu du Parc, ses longs cheveux noirs étalés sur l'herbe, Katherine jouait avec le bandage qui recouvrait sa main. L'image de la jeune fille et de ses cheveux reposant sur le sol aurait pu sembler poétique et sortie d'un conte de fée si il ne lui arrivait pas fréquemment de s'asseoir sur sa trop longue tignasse. D'un coup, le charme se rompait. Elle se demandait souvent ce que la princesse Raiponce (princesse de contes moldus) devait ressentir en marchant ou en trébuchant sur ses cheveux. Bizarrement, même après avoir retourné le conte dans tous les sens, rien ne faisait allusion au fait que Raiponce devait se prendre les pieds dans sa chevelure blonde. C'est vraiment pas crédible du tout, grommela-t-elle en pensée. L'auteur ferait bien de réfléchir un peu avant d'écrire n'importe quoi. Pfff, faut vraiment être ignorant pour penser que même une princesse ne peut pas se faire mal de cette manière ! Si je rencontre un jour ce conteur, il va m'entendre !

La jeune Gryffondor quitta bientôt ses pensées chevelues, se rendant bien compte que ça ne la mènerait nulle part. Elle leva les yeux vers le ciel et le contempla pendant plusieurs minutes, essayant de trouver des formes bizarres aux nuages. L'un d'eux ressemblait un lion et un autre à un chapeau haut de forme. À un moment, elle crut apercevoir un cheval, mais ce fut très furtif. Katherine finit par abandonner et se chercha une autre occupation productive. Elle adorait venir dans le Parc pour réfléchir ou pour dessiner, mais elle n'avait pas la tête à penser et avait oublié son carnet à dessin. La flemme d'aller le chercher. Mais peut-être que... Mince, c'est quoi le sortilège pour amener les choses à soi, déjà ? Ah oui Accio ! La fillette savait bien que ce sortilège n'était pas de son niveau, et de plus, elle ne se souvenait pas quel était le bon mouvement, mais elle se redressa en position assise et essaya tout de même, en agitant sa baguette dans les sens :

- Accio carnet ! Accio carnet à dessin ! (Puis, voyant que ça ne marchait pas : ) Accio carnet à dessin à couverture pingouin appartenant à Katherine Bailey ! Avec un crayon aussi, si possible ! Merci d'avance !

Elle attendit quelques minutes, mais toujours aucun signe du carnet ou du crayon. Avec une grimace et un juron, elle attrapa une pierre et la jeta au loin, énervée. Elle allait devoir rentrer au château pour aller chercher tout son matériel, puis revenir, tout en espérant qu'elle soit toujours d'humeur à dessiner. Et puis crotte, je reste ici ! Pas envie de bouger... La jeune fille croisa les bras et commença à bouder, le regard meurtrier.

@Ulysse Mage

Février. J'aimais bien ce mois - même si ce n'était pas mon préféré - car c'était la fin de l'hiver, de la neige, du froid et de mes rhumes. La liberté, en quelques sortes. Et pour fêter ce prochain retour de ma saison préférée (le printemps) j'étais sorti dans le Parc, ne supportant pas d'être enfermé un jour de plus en présence des élèves serrés comme des sardines dans différentes pièces du château. Dehors, il faisait beau et l'herbe avait déjà retrouvé de sa splendeur d'antan : plus aucunes traces de blanc, rien que du vert un peu trempé. Pour la première fois depuis quatre mois, je n'avais pas mis les quinze couches de T-shirt, les 6 couches de pull et ma doudoune qui me donnait un air d'obèse. Et je me sentais si léger que l'impression de voler dans la brise encore froide, telle une petite plume de corbeau. Et pourtant j'étais resté sur terre, les deux pieds bien collés au sol.

Je descendis la pente douce menant au Parc à grandes enjambés. C'était certain, j'allais m'ennuyer tout seul, mais contrairement à moi, mes amis avaient préférer rester cloîtrés dans la salle commune ou à la Bibliothèque. J'avais déjà épuisées toutes mes ressources de bêtises. J'avais déjà testée la plongée du Lac (que je n'étais pas prêt de recommencer), l'escalade du Saule Cogneur (que je n'étais pas non plus prêt à recommencer) et tout un tas d'autres choses plus dangereuses les unes que les autres. A présent seul, je ne pouvais rien faire sauf profiter du beau temps tant attendu et du paysage ayant enfin retrouvées des couleurs après quatre mois de neiges intempestives. Une fois arrivé en bas de la mini colline sur laquelle était perchée Poudlard et ses multitudes de tours qui lui donnaient un air de gâteau plein de bougies, je cherchais des yeux un endroit où je pourrais faire ou des rencontres ou des bêtises.

Mes yeux translucides tombèrent presque aussitôt sur une fille brune assise, qui tendait sa baguette. Comme rien ne se passait, j'en vint à la conclusion que l'inconnue était nullissime en Magie. De loin je ne voyais pas très bien son visage, mais les quelques traits que j'arrivais à distinguer dans les rayons de soleil me disaient quelque chose... A grandes enjambées, je la rejoignais. J'arrivais pile à l'instant où, consciente de son échec, elle croisa les bras et se mit à bouder. Comme elle me tournait le dos, je ne pouvais pas voir son visage...

"Eh, toi là ! T'es qui ?" demandais-je sans plus aucunes politesses.

La jeune fille sursauta vivement en s'entendant apostrophée ainsi et se retourna aussitôt, énervée. Elle ne prit même pas le temps de regarder son interlocuteur avant de répondre le plus sèchement possible, l'air mauvaise :

-Et qui t'es pour me demander ça ?

Ce garçon était vraiment un malpoli pour lui parler sur ce ton, surtout qu'elle n'avait absolument rien fait qui puisse lui en donner le droit. Elle l'observa et se figea soudain. Gryffondor, cheveux longs, queue de cheval... Mais ça ne serait pas le pote à Deamon ? Comment s'appelait-il, déjà ? Ulysse... Sorcier ? Magicien ? Prestidigitateur ? Non, Mage. Ulysse Mage. En tout cas, il ne lui semblait pas aussi sympa que ce que lui avait dit Deamon. À dire vrai, la brunette était plutôt encline à tourner les talons. Elle se retint pourtant. C'était un ami de Deamon, il fallait lui laisser unechance. Il était peut-être juste de mauvaise humeur. Ou alors il ne se comportait en abruti qu'avec les filles.

Katherine se releva, espérant que cette position lui apporterait un peu de dignité. Car elle s'était soudainement rendue compte qu'Ulysse avait dû la voir rater royalement son sort, ce qui n'était pas forcément la meilleure manière de rencontrer quelqu'un. Ou en tout cas, ce n'était pas celle qu'elle préférait. Elle l'affronta du regard, le défiant de se moquer d'elle à haute voix. Si il le faisait... Oh, elle risquait de ne pas être très gentille.

La jeune Bailey se demanda si Deamon avait parler d'elle à Ulysse et si ce dernier la reconnaissait. Non pas qu'elle en avait quelque chose à faire, mais... bon si en fait, elle en avait quelque chose à faire. Si son meilleur ami avait oublié de parler d'elle... Mais pourquoi je m'énerve ? Il doit me prendre pour une malade mentale, maintenant ! La Gryffondor reprit un air neutre et croisa les bras, attendant une réaction de son camarade de maison.

Je me rendis compte trop tard de mon manque de politesse, et je rougis un peu. Si ma mère ou Taylor avaient été là, j'aurais surement été réprimandé. La fille allait mal le prendre, c'était certain, et me haïrait sans même me connaitre. C'était comme ça à chaque fois, je me rendais compte de mes erreurs bien trop tard. Aussitôt que cette pensée fut émise, la brune se retourna vivement, l'air surpris et énervé à la fois. Glourps, elle n'avait pas l'air très commode, celle-ci. Plutôt placard. Je rougis de plus belle en me désespérant d'avoir put penser une seule seconde à un jeu de mot aussi pourri.

La fille me répondit alors sèchement qui j'étais pour demander ça. Je n'étais pas surpris par sa réaction qui était tout à fait normale, quoique un peu violente. Pour toute réponse, je lui adressais un sourire franc et sympathique, celui qui faisait craquer toutes les filles (à l'exception d'Hestia, bien entendu). Je m'assis confortablement dans l'herbe, en tailleur, toujours sans à mot. Puis je posais mes coudes sur mes genoux et appuyaient mon menton sur mes mains, de façon à être penché et bien montrer à l'inconnue que j'étais assis pour longtemps, et que je ne partirais pas de sitôt. Mon sourire toujours scotché à mes lèvres, je poussais un soupir en la dévisageant. C'était ma façon d'énerver les gens : prendre du temps, ne pas parler... Très souvent, ça marchait bien, surtout pour les personnes impatientes.

La fille ne m'était pas totalement inconnue, son visage me disait quelque chose. Grande, brune, peau pâle et yeux d'un bleu magnifique, elle ressemblait à quelqu'un... Mais je ne saurais dire qui. Fronçant les sourcils, mon regard translucide rivé sur elle, je tentais de faire marcher mon cerveau un peu rouillé ces derniers temps. Enfin, il avait toujours été rouillé, mais ces derniers temps encore plus étant trop occupé par une jeune fille dont je tairais le nom. Soudain, il y eut un déclic dans mon esprit. Le visage d'un garçon brun et assez séduisant refit surface dans mon esprit : Deamon, mon super pote. La fille n'était autre que sa meilleure amie Katherine.

Mon sourire s'agrandit et, me relevant, je lui lançais sur le ton de la rigolade :

"Eh, mais t'es la fille canon qui traine avec Deamon ! Tu dois être Katherine, c'est ça ?"

Je lui lançais mon regard d'enquêteur que je lançais très souvent lorsque je tenais une piste pour l'une de mes enquêtes. J'étais presque sur que c'était elle car elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Sauf si, bien entendu, c'était sa soeur jumelle...

Katherine regarda le garçon, un air suspicieux sur le visage. Non, pas "le garçon", Ulysse. Il s'appelle Ulysse. Ulysse... Ulysse comment, déjà ? Prestidigitateur ? Ah non, Mage. Mage. Ulysse Mage. Drôle de nom quand même. Ulysse, donc, s'était assis par terre et ne semblait pas pressé de s'en aller. La jeune fille ne savait pas trop si elle devait s'en aller ou rester et se tint plantée là pendant quelques secondes, avant de se décider à s'asseoir à quelques mètres d'Ulysse. Pile au moment où elle commençait à se baisser, le Gryffondor parla enfin. Et la brunette s'écroula par terre.

-Pardon ? T'as dit quoi, là ?

Elle ouvrit la bouche, stupéfaite, ne tenant même pas compte du fait qu'elle était à moitié allongée par terre, qu'elle avait de l'herbe dans les cheveux et que (et crotte !) son poignet l'élançait furieusement car elle venait de tomber dessus. Elle était juste focalisée sur ce que l'ami de Deamon venait de lui dire. Katherine serra les poings, furibonde. La plupart des filles auraient été très contentes de ce compliment, mais elle n'était pas la plupart des filles. Comment ose-t-il ! En cet instant, la Gryfonne avait très envie de l'étrangler furieusement et lui donner des coups de pieds sur la tête. Cette réaction était légèrement violente, mais elle n'aimait pas être déstabilisée et ça... et bien c'était déstabilisant, voilà.

C'est l'ami de Dee, tu ne peux pas le taper. Enfin si, tu peux, mais tu risquerais d'avoir des problèmes avec Deamon si tu le fais. Donc, tu serres les dents, tu pestes et tu l'insultes de tous les noms dans ta tête si tu veux, mais tu ne le tape pas. Elle étouffa un grognement de contrariété, mais dû admettre que sa conscience avait raison : elle ne pouvait pas. À moins que je ne cache son corps... Personne ne saura que c'est moi ! Sa conscience tapa du pied, l'air agacé. Bon, OK je lui fais rien ! Contente ? Sa conscience hocha aussitôt la tête, satisfaite.

-Oui, je suis bien Katherine. Et toi tu es Ulysse Prestidigitateur, c'est ça ? lui dit-elle avec un sourire faux.

Elle l'avait fait exprès, c'était trop tentant. Et puis, il fallait bien qu'elle se venge un de ce qu'il lui avait dit plus tôt, non ? Non ?

La fille - Katherine, me semblait-il - s'écroula par terre en entendant mes paroles sur sa canontitude. C'est ce qu'on appelle couramment tomber des nues. Cette réaction et cette chute me firent rire, ainsi que les paroles prononcées par la brune. Elle n'en revenait surement pas qu'un garçon la trouve canon, et c'était bien normal. Surtout un garçon aussi craquant que moi. Un grand sourire s'afficha sur mes lèvres à cette pensée, et je regardais l'état de Katherine. Elle était à moitié allongée par terre, de l'herbe dans ses longs cheveux noirs et l'air d'avoir envie de m'étrangler. Apparemment, le compliment ne lui avait pas plut. Pourtant, l'envie de continuer à l'embêter, à lui rabâcher qu'elle était belle ne me quittait pas. prenant mon air et mon sourire dragueur qui faisaient habituellement craquer les filles, je dis d'une voix douce :

"Mais tu sais, tu es ravissante. Même Deamon l'a dit."

C'était complètement faux, mais je voulais absolument voir la réaction de la brune à propos de Deamon, pour confirmer ou non ma théorie de leur amour. Mais Katherine ne semblait pas aimer mon humour, et me demanda d'un ton railleur si j'étais Ulysse "Prestidigitateur". Cette blague, on me l'a faisait souvent. Tout le temps même. Pour ce moquer (gentiment ou non), les gens m'appelaient Ulysse "Sorcier". Cela ne me faisait ni chaud ni froid, car j'avais apprit à prendre du recul sur la situation et à trouver les bons mots pour soit me moquer soit être carrément méchant et insultant. Dans ce cas-là, avec la belle meilleure amie de mon pote, j'allais plutôt suivre la première option. C'était bien plus marrant de voir sa tête déconfite lorsque je lui disait qu'elle était canon.

Sans relever sa moquerie, je tendis la main et retirais un brin d'herbe qui était dans ses cheveux et l'expulsait loin d'ici, un sourire goguenard collé aux lèvres. C'était mon côté dragueur qui ressortait, mais aussi celui moqueur, car le geste que je venais de faire était plutôt là pour se moquer gentiment de Katherine plus que de la draguer. De toutes façons, la seule personne qui était réellement belle à mes yeux était Alaska. Repensant à Deamon, je décidais de ne pas aller trop loin dans la moquerie, sachant qu'il tenait à Katherine comme à la prunelle de ses yeux. Je demandais à la brune, moqueur :

"Tu sais que Deamon me parle tout le temps de toi ?"

Katherine repensa à ce qu'Ulysse avait dit. "Mais tu sais, tu es ravissante. Même Deamon l'a dit." Était-il sérieux ou se moquait-il simplement d'elle ? Car si c'était vrai... La jeune fille ne savait absolument pas comment réagir. Si Deamon l'a trouvait aussi "ravissante", cela voulait-il dire quelque chose ? Ou c'était seulement une constatation et rien de plus ? Et quand je croiserais Deamon, toute à l'heure, qu'est-ce que je pourrais bien lui dire ? Je ne saurais pas faire comme si de rien n'était en sachant qu'il me trouve jolie.

Et puis soudain, ses réflexions furent interrompue par une main sur ses cheveux. Le garçon lui retirait un brin d'herbe, qu'il jeta ensuite au loin. Et ce sourire... Oh ce sourire, elle allait le retirer immédiatement ! De même pour ce stupide air charmeur. Grinçant des dents, elle le fusilla d'un regard assassin et commença à fomenter un plan de meurtre. Mais le Gryffondor lui lança quelque chose qui l'ébranla. La brunette se figea, horrifiée. Oh non, c'est pas possible ! Pitié, faites qu'il raconte des salades ! Bien sûr, Deamon pouvait parler souvent d'elle simplement parce qu'ils étaient meilleurs amis, mais si on ajoutait à cela la potentielle idée que son ami la trouve jolie... Il n'y avait plus aucun doute sur les sentiments que Deamon avaient à son égard. Et ce serait vraiment la pire catastrophe de tous les temps ! La Gryffone se tourna vers son camarade, en quête de quelque chose à dire. C'est en voyant sa façon de sourire qu'elle comprit. Il se moque de moi ! Elle serra les poing, furibonde. Son poignet la lança de nouveau et elle avait la main droite blessée, mais la jeune fille sans moquait comme de sa première paire de chaussette. Elle se leva et toisa Ulysse.

-Toi, tu cherches vraiment les emmerdes... J'ai une furieuse envie de t'assommer. M'en fout si j'ai déjà la main en compote, que je risque de rouvrir mes blessures, que ça pissera le sang comme pas permis et je j'aurais un mal de chien.(Elle désigna sa main droite bandée) Et même si j'avais peur de me faire mal, je pourrais toujours te donner un coup de tatane. Car figure-toi que je donne de super coups de pied qui peuvent aller bien plus haut que ta ridicule petite queue de cheval ! siffla-t-elle. Alors monsieur le Prestidigitateur, fais bien gaffe à ce que tu dis. Si tu voulais m'embêter, c'est chose faite, mais ne t'attends pas à ce que je laisse couler ! La seule chose qui va couler, c'est le sang qui sortira de ton nez une fois que j'en aurais fini avec toi ! Tu as beau être l'ami de Dee, j'en ai rien à cirer !

Elle avait hurlé les deux dernières phrases. Sa réaction était peut-être trop violente et elle avait sans doute dû passer pour une folle furieuse, mais elle n'aimait pas qu'il plaisante sur le fait que Deamon était peut-être attiré par elle. Parce que si ils se mettaient ensemble, elle savait que ça ne marcherait pas et elle aurait perdu le meilleur ami qu'elle aurait jamais pu avoir. Hors de question de le perdre. Hors de question de me retrouver de nouveau toute seule. Hors de question de gâcher l'une des meilleures choses qu'il me soit arrivé. Une larme coula le long de sa joue, silencieuse. Elle ne chercha même pas à l'essuyer tandis qu'elle laissait son regard dériver au loin.

Voyant la réaction de Katherine face à ma remarque sur sa beauté approuvée par Deamon, je compris qu'il ne fallait vraiment pas rigoler sur ce sujet. Elle me foudroya d'un regard noir digne de ceux qu'Hestia me lançait parfois entre deux cours, et j'attendis une réponse orale, sachant pertinemment que si je continuais à me moquer sans la laisser parler, les conséquences seront graves. Et je n'avais pas particulièrement envie de finir à l'infirmerie avec la haine de Katherine et mon pote Deamon sur le dos, surtout que la jeune fille semblait prête à commettre un meurtre. Et je sentais que si je forçais trop sur son "amour" avec Deamon, elle en serait capable. C'était certes ridicule de s'énerver de cette façon pour une chose aussi stupide, je la comprenais un peu. Si on m'embêtait autant avec Taylor, je réagirais comme ça à la fin. Cette réaction surréagi était peut-être la preuve qu'il y avait un peu de vérité dans mes paroles...

A cette pensée, je fronçais le nez. Non, c'était impossible car Deamon était trois fois trop bien pour cette petite peste qu'il considérait comme sa meilleure amie. Mais ce songe fut bien vite effacé par le fait que la petite peste en question se lève et me domine de toute sa taille - étant encore assis. Et elle se mit à me crier dessus en me menaçant de me taper, de "faire couler mon sang" et même de me tuer. Je reculais vivement, surpris par cette réaction violente et sanguinaire que je n'avais encore jamais vue chez une représentantes de la gente féminine. Katherine semblait hors d'elle, et je me levais par précaution, au cas où l'idée la prenait de vraiment me frapper. Elle était complètement folle, la meilleure amie de Deamon. Il ne fallait pas que je me laisse faire par une malade mentale, mais pas non plus que je sois trop agressif. Tentant de garder sur mon visage mon sourire goguenard, j'essayais d'avoir l'air le plus détendu possible malgré le pli qui s'était formé entre mes yeux.

"Eh ! Relax, Kit Kat ! C'est pas la mort, ce que j'ai dit. Et t'as le droit d'être belle, c'est plutôt un compliment que je voulais te faire. D'abords, moi c'est Ulysse Mage, et pas Prestidigitateur. Alors, respires un bon coup et calmes-toi."

Je me tenais à quatre ou cinq pas d'elle, pour éviter de me prendre une claque ou un coup de pied si elle décidait de mettre son projet de meurtre à exécution.

Katherine resta quelques secondes à observer le paysage autour d'elle. Puis, elle se souvint qu'elle n'était pas seule et passa le dos de sa main sur ses joues pour effacer ses larmes. Hors de question qu'Ulysse la voit pleurer. Elle tourna la tête vers lui pour le fixer et crut percevoir quelque chose dans son regard, une émotion fugace. Et elle comprit. Il pense que je suis folle. Il se demande comment Deamon peut être ami avec quelqu'un comme moi. Cela la blessa au plus profond d'elle-même car elle savait qu'il avait raison. Elle était une petit peste lunatique, jamais contente. Comment un garçon comme Dee pouvait-il être son ami ? Son meilleur ami. Son futur "ami de sang".

Elle écouta à peine ce qu'Ulysse lui répliqua, ne tiqua même pas en entendant le "Kit Kat". Il aurait pu la traiter de pieuvre cyclope ou de hyène à dix pattes qu'elle n'aurait même pas réagi. Je ne mérite pas Deamon. Comment peut-il rester avec une fille comme moi ? Comment peut-il vouloir faire un pacte de sang* pour sceller notre amitié alors même que je passe mon temps à le rabrouer er à lui donner des coups de livre sur le crâne ? Bien sûr, son meilleur ami n'était pas parfait : c'était un dragueur, un charmeur et un vantard, mais ces trois défauts qu'elle avait pourtant haïs lui semblaient à présent dérisoires en comparaison des siens.

Il avait toujours été là pour elle, ne l'avait jamais forcée à parler de ses parents parce qu'il savait que c'était un sujet sensible pour elle, il avait tout fait pour combler le vide que son frère avait laissé, jusqu'à presque réussir à lui faire oublier à quel point il lui manquait.Deamon était vraiment un ami en or. Et qu'avait-elle fait pour lui ? Absolument rien.

La jeune fille releva la tête pour fixer l'autre ami de Deamon. Nul doute que lui, il devait être un super ami, pas assez égoïste pour faire passer sa petite personne avant les autres. Il avait peut-être l'air d'avoir le même caractère que leur ami commun et il s'était surement bien amusé à l'embêter et à la faire tourner en bourrique, mais ce n'était pas une mauvaise personne et s'en prendre à lui était digne de la pire des garces. Merdre, mais qu'est-ce que je suis devenue ? Depuis quand suis-je aussi horrible ? Elle s'était toujours considérée comme faisant partie des "gentils", même si elle était froide et asociale. Pourtant, ses attitudes laissaient croire qu'elle était plus du côté des "méchants".

-Je suis vraiment désolée..., s'excusa-t-elle d'une voix cassée.
Quand est-ce que je me suis transformée en peste ?, ajouta-t-elle pour elle-même. Ais-je toujours été comme ça ?

Non, a une époque elle avait été une enfant joyeuse, pétillante et pleine de vie. Elle était gentille avec tout le monde même si elle aimait souvent s'isoler. Mais cette époque était révolue depuis bien longtemps. Déjà, depuis la naissance de son frère, elle avait commencé à se renfermer. Et puis, un soir de Noël, alors que Chan avait trois ans, elle avait changé du tout au tout. À cet instant précis, elle n'avait jamais autant détesté sa mère. Et elle ne s'était jamais autant détestée de s'être laissée affecter à ce point.

*Kat et Deamon ont fait un pacte de sang pour sceller leur amitié le 22 février 2044, dans le RP "Satanas et Diabolo".

Tout à coup, je sentis un pincement au coeur. Katherine, qui s'était détournée de moi, ne répliqua rien. Au début, pendant les dix secondes de silence qui passèrent comme dix minutes, je crus qu'elle l'avait fait pour ne pas encore me voir, et résister à la tentation de me gifler. Pourtant, lorsqu'elle se retourna, j'eus une vision fugitive d'une larme qu'elle essuyait. Ses yeux étaient rouges et humides, et j'en arrivais à la conclusion que je n'étais pas complètement fou. Katherine la prétentieuse avait bel et bien verser une larme. Surpris de ma constatation, je fronçais les sourcils. Pourquoi est-ce qu'elle pleurait ? Avais-je été si méchant que ça ? Pourtant, en lui disant qu'elle était canon, je ne voulais pas la vexer... Mais cette fille était bizarre, et son esprit sûrement un peu tordu, il ne fallait pas que je me pose des questions sur sa façon de raisonner, je ne trouverais pas de réponses.

Je ne savais que faire, que dire. Fallait-il la consoler, lui demander ce qui la chagrinait, ou encore lui faire comprendre qu'elle était totalement folle et qu'elle devrait peut-être aller voir un psy pour retrouver des émotions à peu près normales ? La seconde solution semblait la meilleure, c'est pourquoi j'ouvris la bouche pour lui demander : "Qu'est-ce qu'il y a ?". Mais Katherine murmura, à ma grande surprise, qu'elle était désolée. J'arquais les sourcils, la fixant avec les yeux ronds. Elle était vraiment étrange. Pourtant, ce n'était pas le moment de le lui faire remarquer.

"C'est pas grave. Moi aussi je suis désolé pour ce que j'ai dit, je peux être parfois relou..."

Même si je ne pensais pas un mot de ce que je disais, je le faisais en prenant une tête innocente et désolée qui tromperait n'importe qui. Je ne le faisais pas pour Katherine - qu'est-ce que j'en avais à faire d'elle ? - mais pour Deamon. Ce serait gâcher notre amitié que de se disputer avec sa meilleure amie. Les dernières paroles de Katherine me surprirent. Ainsi donc, Katherine l'horrible personne qui me piquait Deamon n'avait pas toujours été une peste ? Première nouvelle.

Chassant cette pensée cruelle de ma tête, je vis que Katherine était réellement peinée. Comment la consoler ? Lui dire qu'elle pouvait s'améliorer ? Ma lèvre supérieure trembla tandis que j'hésitais à parler. Elle semblait plongée dans ses pensées, serait-il intelligent de l'en sortir ?

"Katherine ?" essayais-je. "Tu sais, lorsqu'on a l'impression de ne pas être fort dans quelque chose, le mieux c'est de tenter de s'améliorer..."

Je reprenais cette phrase d'une des innombrables lettres de ma mère, lorsqu'elle me reprochait de ne pas être très fort en cours - elle pensait même que j'étais nul, mais ça, elle ne le disait pas à voix haute. J'eus un pincement au coeur en songeant que je n'avais jamais suivi son conseil, et que je ne faisais aucuns efforts pour m'améliorer.

Sincèrement désolé pour cet impardonnable retard...