Une légère brise fit virevolter une mèche de ses cheveux qui tomba devant ses yeux. D'un geste doux, il se recoiffa et inspira une grande bouffée d'air.
Son regard se perdit au loin tandis que l'air pur s'infiltrait dans ses poumons permettant de mieux le réveiller.
Lewis se tenait debout, le lac à sa droite et le saule cogneur à sa gauche. Après quelques instants, perdu dans sa pensée, il commença à marcher sans but précis, appréciant à sa juste valeur la douce chaleur du soleil en cette tranquille matinée.

Quelques élèves étaient dehors pour profiter de la même manière, mais la plupart de ses camarades se trouvaient dans leurs lits. Il avait bien une heure avant de devoir rentrer pour assumer ses responsabilités vis à vis de ses nombreux cours de la journée.

Il sorti de sa poche un exemplaire d'Histoire de la Magie Moderne et s'assis en tailleur dans l'herbe encore légèrement humide. Il regretta de s'être posé, mais l'attrait que représentait son livre a eu raison de son confort. Il ouvrit là où il s'était arrêté, et repris avec avidité sa lecture.
Ce n'avait beau pas être la première fois qu'il lisait cet ouvrage, mais il vivait tout de même sa lecture en totale immersion, sans tenir compte de son environnement, plongé au cœur des histoires d'aventures et de politiques qui ont façonné le monde récent.

Irisia était en train de sortir de la salle d’étude quand on lui donna un drôle de message. Déjà cet air de conspirateur et de moqueur, d’entrée de jeu comme ça, ça lui fit hausser un sourcil. En plus ils ne restaient même pas pour vérifier qu’elle lisait bien le message… Ils étaient bizarre quand même ces deux-là.

« Okay... »

Perplexe, la rousse remonta l’anse de son sac de cours sur son épaule avant de déplier le message, le lisant avant curiosité avant de rougir furieusement.

« Oh... »

Irisia,
Ta crinière de lion
A mon cœur, fait faire des bonds
Ton visage d’ange et ton uniforme couleur lierre
Me font quitter la terre.

Quand je te vois, l’orage disparaît
Tu es mon petit trèfle irlandais
Et quand tu souris, c’est un concerto de grelot
Il fallait que je me confie au plus tôt :

Je t’aime ♥
Ton Lewis Kent

« Mais c’est quoi ça... »

Jamais elle ne s’était pas senti aussi gênée pour le coup ! C’était la première fois qu’on lui donnait un message d’amour ! Et un poème aussi par la même occasion…

« C’est qui ce Lewis Kent ? »

Encore plus troublée, Irisia finit par poser des questions histoire de trouver qui était justement cette personne. Apparemment un serdaigle tout timide et tout discret… Bon et à part ça ? Il se cache où ? Dans le parc ? Bon et bien on va dénicher un garçon avec un uniforme bleu et tout seul dans son coin. Soupirant doucement, la rousse se dirigea d’un bon pas vers le parc pour le débusquer, son regard furetant à droite et à gauche pour tâcher de le trouver. Hmm non… Trop nombreux… Des filles… Ah ? Peut-être lui ?

Plissant les yeux, la rousse s’approcha de lui et tapotant gentiment son épaule avant de se pencher en souriant.

« Excuse-moi, tu es Lewis Kent ? »

Le regard brillant de curiosité, Irisia attendit son assentiment avant de s’agenouiller à ses côtés, se triturant les doigts en inspirant profondément.

« Hmmm on m’a donnée ton message. C’est vraiment très gentil et ton poème était très mignon ! Mais j’suis désolée : j’suis pas amoureuse de toi… T’es beau mais je préfère mon meilleur ami… Voilà. »

Gênée, rougissante, Irisia sourit avant de se gratter la joue, soufflant doucement.

« Hmmm t’es pas trop triste au moins ? »

Se mordillant les lèvres, l’irlandaise le fixait avec un brin d’inquiétude.

Partant en quête de son amoureux pas si mystérieux, Irisia le chercha dans tout le château avant de déboucher dans le parc. Apparemment il s’agissait d’un serdaigle solitaire… Plutôt excentrique comme approche pour quelqu’un d’aussi timide mais, malgré qu’elle était touché, elle ne pouvait pas répondre à ses sentiments. Si jamais on apprenait que quelqu’un était amoureux d’elle, on allait se moquer d’elle… En particulier sa famille.

Son regard balayant l’horizon, Irisia essayait de repérer la silhouette qui serait la bonne. Mais si Aliosus apprenait qu’un garçon lui tournait autour… Il serait tellement triste et ça, il n’en était pas question.

« Où te caches-tu Lewis Kent… Si seulement je savais à quoi tu ressemblais... »

Se mordillant les lèvres en laissant ses yeux vagabonder sur les groupes d’élèves, l’irlandaise finit par tomber sur un garçon tout seul dans son coin, à l’ombre… En train de lire ? Sûrement lui. Et puis ça ne coûtait rien de demander. Au pire, il saurait peut-être qui était celui qu’elle cherchait. Souriant en remontant l’anse de son sac sur son épaule, Irisia se dirigea vers lui d’un bon pas, lui demandant s’il était bien lui avant de s’agenouiller à ses côtés, tordant ses doigts. Il lui fallait maintenant trouver les bons mots pour s’assurer de ne pas le blesser…

Inspirant profondément, l’irlandaise réussit à lui faire part de ses tracas, essayant de garder une voix douce et posée pour adoucir la peine qu’il ressentirait peut-être… Ou peut-être pas. A sa plus grande surprise, le garçon se mit à rire en la regardant et il ne semblait même pas blessé ou triste ! Avait-elle loupé quelque chose ? Perdue, Irisia cligna des yeux en l’observant avec attention, tirant sur une de ses éternelles boucles rebelles.

« Une blague… ? »

C’était du vent ce qu’ils avaient fait… Pourquoi est-ce qu’ils se moquaient d’elle… Étaient-ils de mèches les troisièmes années qui l’embêtaient tout le temps ? Qu’est-ce que ça leur apportait de lui dire qu’on était amoureux d’elle… Soupirant doucement en repoussant une boucle derrière son oreille, Irisia baissa les yeux avant de rire doucement.

« Au moins, ils ont choisi un beau garçon pour leur blague… Désolée de t’avoir embêté... »

Hmpf… De vrais véracrasses. Froissant sa jupe de ses poings, gênée et honteuse, la rousse souffla doucement pour se reprendre avant de se redresser pour le regarder en souriant gentiment.

« Tu étais en train de lire quand je t’ai dérangée… Tu lisais quoi ? »

Ses joues rosissant, elle espérait ne pas trop le déranger… Au pire elle lui dirait au revoir et s’en irait. Le pauvre, ça devait lui faire tout drôle de voir une serpentard débarquer comme ça avec un poème d’amour… Irisia espérait ne pas l’avoir mis mal à l’aise pour le coup.

Quelle blague débile et totalement moisie… Qu’est-ce que ça pouvait faire qu’on l’aimait ou pas ?! Et puis en quoi ça pouvait être une farce ?! C’était totalement con et ridicule ! Fâchée et gênée, Irisia s’en voulait drôlement de s’être fait avoir si bêtement… Au moins n’avait-il pas l’air blessé ou fâché, il était même surpris et content… Enfin. Les autres idiots avaient au moins bon goût : Lewis était apparemment doux, souriant et très mignon, surtout avec ses grands yeux bleus. Un léger sourire finit par fleurir sur les lèvres de la rousse même si elle n’avait qu’une idée en tête : disparaître et se faire oublier.

« Histoire de la Magie moderne ? »

Pourquoi avait-il besoin de lire un truc pareil… C’était un énorme pavé indigeste ! Bon d’accord, on y apprenait plein de trucs super intéressant mais à ce point ? Il venait peut-être d’une famille moldue, ce qui expliquerait pourquoi il était content de lire cet ouvrage… Le pauvre, il devait être un peu perdu alors, non ?

« Tu sais, tu peux aussi demandé à ceux qui ont des parents sorciers pour t’aider ! Et puis c’est quand même plus amusant que de lire un livre ! J’adore tout savoir mais je passerai pas mes journées à le lire. »

Irisia haussa un sourcil avant de rire doucement en le regardant, tirant sur les brins d’herbe, les cassant et les arrachant distraitement, son autre main froissant le « poème ».

« Tu veux… Le lire ? Euh bah écoute si tu veux... »

Après tout c’était censé être de lui hein donc bon… Et puis qu’il le lise ça ne changeait pas grand-chose à la situation en y réfléchissant de toute façon… Haussant les épaules, l’irlandaise abandonna les brins d’herbe avant de défroisser et lisser la feuille de parchemin sur son genoux. Une fois plus ou moins « propre », Irisia le lui tendit et l’observa pendant sa lecture.

« Je sais pas si c’est joli pour toi mais moi j’ai souris en le lisant. C’était très mignon… Après ça dépend de celui qui le lit je suppose. »

Grimaçant, toujours rosissante, la serpentarde se gratta la joue en fixant le parc autour d’eux, attendant qu’il finisse de lire et qu’il digère l’oeuvre qu’il aurait écrit.

« Dis… On t’a déjà écrit des lettres d’amour ? Enfin toi t’es mon premier. Enfin tu étais censé l’être. Mais c’est pas toi. Donc tu l’es pas vraiment. Je sais pas si tu comprends... »

Et voilà qu’elle s’affolait et s’emmêlait les pinceaux… Elle frisait violemment le ridicule là non ?! Le rose de ses joues s’accentua pour devenir rouge vif. Mais que devait-il penser de la première année franchement… Irisia allait vraiment finir par s’enterrer dans son lit pour le reste de la journée. Mortifiée, elle bredouilla quelques excuses avant de lui offrir un sourire hésitant et un signe de la main pour se relever et attraper son sac, fuyant courageusement. Tu parles d'un comportement glorieux... Que devait-il penser d'elle maintenant...