Arya sourit à Roman. Pour elle, voler était comme une seconde nature, une seconde peau qu'elle avait toujours eu. Elle ne savait pas si elle pouvait vraiment l'aider. Pour aller, apprendre quelqu'un à voler était comme apprendre à quelqu'un comment respirer. Quasiment impossible. Mais s'il insistait, elle pouvait toujours essayer.

Le Serpentard demanda si elle avait tout de même eu des amis sorciers. Arya secoua la tête en regardant ses chaussures.

« Non, à part mes sœurs et mon père, j'ai pas côtoyé d'autres sorciers dans mon enfance. Je suis allée dans une école moldue en primaire, mais je me suis jamais fais d'amis là-bas. Mes sœurs avaient plutôt bien réussi à s'intégrer quand elles y étaient passées, mais c'était pas vraiment mon cas. »

Arya se souvenait des récréations passées assise sur une marche seule pendant qu'elle regardait les Autres s'amuser. Ça avait été long, cinq années assise sur cette marche. Quelques fois, elle s'était bagarrée avec des camarades, mais ses seuls contacts s'arrêtaient là.

Roman lui expliqua qu'il ne parlait pas habituellement. Il en avait l'air navré, ce qu'Arya comprenait. Elle n'avait jamais été une grande bavarde non plus, mais parvenait à se forcer lorsqu'il le fallait. Car c'était tout ce dont les Autres attendaient de nous, de dire quelque chose.

« Et ça va mieux, maintenant ? Je veux dire, les Autres ne t'embêtent pas trop quand tu ne parles pas ? »

Elle savait que Poudlard demandait constamment des contacts humains. Du matin au soir, l'on n'était jamais seul, on dormait avec les Autres, on mangeait avec les Autres, on étudiait avec les Autres... Un véritable enfer pour les introvertis. À moins de faire sa petite vie tranquille dans son coin, mais c'était rarement tout à fait possible.

Arya leva les yeux au ciel alors qu'elle recevait une goutte d'eau sur le nez.

« Tu crois qu'on devrait rentrer ? Il va pas tarder à pleuvoir des cordes ici, fit-elle remarquer. »

Elle n'en avait pas très envie, mais n'avait pas non plus envie de devoir se sécher les cheveux une fois revenue aux dortoirs. S'il y avait bien quelque chose qu'elle haïssait, c'était se sécher les cheveux. Ça prenait du temps et après, ses cheveux étaient impossibles à démêler. Mais si elle ne le faisait pas, elle attrapait froid. Un cercle vicieux.

IH

Il faut dire que ça n’avait pas été simple pour moi non plus. Je le savais et me le répétais trop souvent. À force, j’avais finis par trouver ça normal, Roman Blackbirds devait rester seul. Ce fut apparemment difficile pour elle aussi. L’humain est capable de chose assez horribles, et ce, même sans s’en rendre compte. Le harcèlement faisait mal, et même ceux qui n’y participaient pas activement, ceux qui ne faisaient que sourire discrètement étaient coupables. Coupables de ne rien dire, coupables de ne rien faire. J’avais été une victime, le souvenir demeurait trop fort dans ma mémoire pour que je puisse le laisser revenir. Mon visage se crispe, je ne veux pas y repenser, pas à ça. Pas à ce moment...

EH

Le garçon sentit la goutte au moment même où Arya prononça ses paroles. Il fallait effectivement aller au château. Il approuva la jeune fille par un signe de la tête. Cela faisait un peu de temps déjà qu’ils étaient descendus de l’arbre et Roman n’avait pas vu le temps passer. Pour une fois qu’il était déridé en présence d’une enfant du même âge que lui. Il avait apprécié ce moment mais il savait que sa fin approchait. La pluie signifiait obligatoirement un retour au château et donc dans la Grande Salle ou bien dans les salles communes respectives. Quoi qu’il en soit, les deux enfants allaient se perdre de vue trop rapidement au goût de Roman. Et ce dernier réfléchissait déjà à un moyen de ne pas s’arrêter là avec cette Arya.

Dis, au château, on va aller dans la Grande Salle, tu devras aller du côté de Gryffondor, et moi vers celui de Serpentard. On va se quitter. Je ne sais pas si... si on se reparlera, si on arrivera à se recroiser par hasard. Ce que je sais c’est que ta compagnie m’a fait du bien. Si tu veux m’envoyer un hibou, mon nom c’est Blackbirds, l’Oiseau noir. Voilà !

Il avait dit tout cela en marchant en direction du château et maintenant l’immense bâtisse prenait de l’ampleur à leurs yeux. Ils y étaient presque, presque à l’intérieur du château. Et Roman fit une chose qu’il n’avait jamais fait. Ô grand jamais.
Il embrassa Arya sur la joue. Geste tendre, sans sous-entendus. Comme pour la remercier de cette discussion qui prenait fin.
Il attendit quelques instants, puis se dirigea vers le château. Retournant dans l’ombre. Lui, le garçon qui ne parlait pas pouvait devenir interessant lorsque l’on s’approchait de lui, que l’on prenait soin de lui...

Arya aimait la pluie généralement. Elle n'avait connu quasiment que ça pendant son enfance en Écosse. Elle aimait l'odeur de l'herbe trempée, la sensation de fraîcheur qui se dégageait du vent qui grandissait. Quand elle était petite, sa mère la suppliait toujours de rentrer à la maison lorsque l'orage grondait. La fillette restait dans son arbre seulement pour la faire rager. Elle avait ainsi appris à apprécier le déluge.

Seulement à présent il fallait rentrer. Non pas parce que sa mère lui demandait, non. Mais si sa mère lui avait appris à se rebeller, Poudlard lui avait appris à rentrer dans les rangs. Et à rentrer au château lorsqu'il se mettait à pleuvoir. Elle jeta un dernier coup d’œil aux arbres du parc, déjà nostalgique de la sensation de bien-être qu'ils étaient capables d'apporter.

Roman exprima sa peine. Arya l'écouta en hochant la tête. En effet, il leur fallait se quitter. Les circonstances l'exigeaient, l'instant qu'ils venaient de passer ensemble ne pouvait pas durer éternellement. Même si elle aurait adoré passer plus de temps avec le Serpentard, toutes les bonnes choses avaient une fin.

« Merci pour ce moment Roman, j'ai adoré. Mais c'est pas la dernière fois, je parlerai à mon père pour qu'on se revoit cet été, tu devras encore supporter ma tronche. »

Il lui rappela son nom de famille, pour qu'elle puisse lui envoyer un hibou. Elle grava le nom dans sa mémoire, afin de ne pas l'oublier. Elle avait tendance à oublier ces choses-là.

« J'oublierai pas. Moi c'est Nightshade. La Belladone... »

C'était la première fois qu'elle lui confiait son nom de famille. Une preuve de confiance, en soi, puisqu'elle détestait se présenter avec.

Ils arrivaient déjà au château, trop vite à son goût. C'est alors que Roman déposa un baiser sur sa joue. Arya se figea, elle n'aimait pas que les gens s'approchent trop d'elle, habituellement. Elle aurait armé son poing si ce n'était pas Roman qui venait de le faire. Elle le laissa donc faire, puis ils se regardèrent sans dire un mot. Ils n'en avaient pas besoin.

Après quelques instants, il entra dans le château, et Arya resta plantée là. La pluie commençait déjà à tomber à flot, et la Gryffondor leva la tête pour l'observer chuter. Finalement, après un sourire, elle s'engouffra à son tour entre les murs de pierre.

FIN DU RP

Merci à toi pour cette merveilleuse Danse. On recommence quand tu veux !