IH

La Gryffondor était descendue avec tellement d’acrobatie de l’arbre que j’étais resté bouche-bée une fois arrivé en bas. Tellement surpris par cette prouesse que moi, simple coureur de rues, je n’avais pas complément compris la réponse jusqu’à ce que mon cerveau me traduise le tout en un « rester au parc c’est mieux ». Je n’y voyais pas d’objection. Alors tout allait pour le mieux.

Dans ce cas je reste avec toi. Je veux bien aussi rester dehors. Et tu es très forte en escalade, tu devrais peut-être en faire en club non ?

Même s’il faisait moche, je savais que derrière ces nuages gris se cachaient un soleil qui n’allait pas tarder à arriver. Une prémonition. Pour un sorcier, c’est banal non ?

EH

Le garçon marchait donc. Le château étant devenu une île, ils ne pouvaient en faire que le tour. Alors, il essaya de parler actualité. Une actualité passée pour sûre. Parlant de Coupe du Monde de Quidditch qui allait arriver bientôt, de sport, de musique. Roman n’était pas super à la page, mais au moins, il apportait un sujet de conversation.

Tu es pour quelle équipe toi pour la Coupe du Monde ? Moi j’adore l’Ecosse, en plus, ils ne sont pas mauvais en ce moment. Ils n’ont pas la meilleure côte auprès des gens, mais moi je les trouve plutôt réguliers. Et cette première année, tu en es contente ?

Le sujet était ouvert, il était partit sur du non scolaire et du scolaire à la fois. Parce que cette première année ne se résumait pas qu’à des cours non ?

IH

Et puis il faisait moche, autant parler de belles choses. Je voulais connaître de nouvelles choses. Peut-être que la fille m’en apportera ? Ou pas.
Mais bon, même si le temps se couvrait, en même temps je le découvrait.
Alors tant pis si nous étions à découvert, car nous allions nous redécouvrir.

Roman accepta de rester encore un peu au parc, ce qui réjouit la fillette. Quand il mentionna l'escalade, elle prit le temps d'y réfléchir. Elle aimait grimper aux arbres, elle en était certaine, mais voulait-elle réellement pratiquer en sport en activité ? Grimper aux arbres était son oxygène, elle ne souhaitait pas voir ce loisir se transformer en un rendez-vous, et perdre toute la liberté qu'il lui procurait.

- Non, j'veux pas. Un mur d'escalade n'est pas un arbre, c'est pas... la même chose. Et puis, je fais déjà de l'escrime pendant les vacances, ça me suffit.

D'autant plus qu'elle avait la chance d'avoir un maître d'armes qui l'adorait et qui acceptait de lui donner des cours particuliers dès qu'elle rentrait à Dover. Il ne lui posait jamais de questions personnelles et se contentait de lui donner les meilleurs conseils pour lui permettre de s'améliorer.

Quand Roman parla de Quidditch, une lueur s'alluma dans les yeux de la jeune Gryffondor, et un sourire fleurit sur ses lèvres alors qu'elle lui répondait :

- Je suis pour l’Écosse bien sûr ! C'est mon équipe préférée de toute l'histoire du Quidditch ! Je suis sûre qu'ils vont gagner la coupe du monde, il sont bien partis.

Et puis, ils avaient intérêt à gagner, surtout. C'était ses origines, l’Écosse, elle serait si fière de voir son équipe s'élever si haut ! Elle rêvait souvent d'intégrer l'équipe plus tard, et s'imaginait portant leur tenue avec noblesse.

Ils marchaient dans l'herbe, contournant le château, où tant d'élèves devaient être en train de travailler, de s'amuser, de bavarder. Et eux, restaient là, alors que le temps n'était pas si propice à une promenade. Mais la fillette préférait largement être ici.

- Je crois qu'elle s'est bien passée dans l'ensemble. J'arrive à maintenir une bonne moyenne, j'imagine que c'est tout ce qui importe.

Ou en tout cas, c'était tout ce qui importait pour sa famille. Elle ne collectionnait pas les O comme ses sœurs, mais faisait de son mieux pour ne pas être une honte à sa famille. Elle voudrait se détacher de ce cercle vicieux, mais n'y parvenait pas. Alors, elle travaillait, comme elle le pouvait.

- Et toi ?

IH

Quand je te parlais de club d’escalade... ce n’était pas forcément un mur déjà tout fait, des Moldus font ce qu’ils appellent du Parkour si je me trompe pas. Un parcours est fait à travers un endroit urbain ou forestier, et il s’agit d’aller le plus vite en faisant les meilleurs figures. Je n’ai jamais essayé, moi je ne fais que courir dans Oxford, c’est déjà ça, et puis je n’aime pas avoir mal et toutes ces figures, si on se loupe, ça doit faire beaucoup mal.
Et sinon, c’est bien l’escrime ? Je n’ai dans la tête que deux personnes vêtues de blanc avec des armes semblables à celles des mousquetaires, mon image doit être dépassée non ?

Je me sentais comme libéré, libéré de ce silence. Et je prenais plaisir à parler de choses qui m’intéressaient, je n’avais plus à feindre. Et ce qui était sur, c’est que ce dont j’avais parlé avait enflammé Arya.

EH

Le Quidditch, ça avait l’air d’être le truc de la jeune fille. Roman en avait regardé avec son Papa qui avait essayé de le sensibiliser à ce sport si magique, surtout depuis qu’il n’y avait que quatre joueurs. Mais Roman n’avait réussi à avoir de l’intérêt pour le Quidditch seulement en le regardant. Arya avait eu l’air plutôt contente de son parcours scolaire, enfin, de cette première année. Les bonnes moyennes, c’est ce qu’il fallait pour accéder aux études que l’on voulait, et surtout, pour ne pas s’attirer les foudres des professeurs.

Moi aussi je m’en suis bien sortit, il y a quelques matières où je suis très bon, et d’autres où je pêche un peu plus, comme le vol, je suis meilleur spectateur qu’acteur ! Mais le professeur ne m’en tient pas trop rigueur, je suis assidu et je fais de mon mieux à chaque fois. Et puis, il y a Papa et Maman qui m’aident souvent, pour me donner un coup de pouce ou bien le donner l’envie de faire telle ou telle chose. Heureusement qu’ils sont là, mais bon, je n’ai pas de frère ni de sœur, ils ne peuvent s’occuper que de moi. Et de ton côté, ta famille est élargie ou pas ? Tu t’entends bien avec elle ? Et tu vis où ?

C’était sûr et certain, des conversations comme celles-là, Roman les aimait beaucoup beaucoup...

Roman lui expliqua en quoi consistait le Parkour, et Arya hocha la tête. Elle en avait déjà entendu parler, mais l'activité ne l'intéressait pas. Peut-être essaierait-t-elle un jour. Mais pour le moment, faire des figures au travers d'une ville ne lui correspondait pas. Elle préférait être seule dans un arbre. Au moins là haut, elle ne risquait pas de rencontrer quelqu'un. Sauf Roman, bien entendu.

- Mais t'as raison, c'est la tenue standard de l'escrimeur, lui confirma-t-elle. On met une combinaison blanche avec un casque. Même si les armes ne font pas faites pour blesser, on se protège de notre mieux. Mais on est comme des chevaliers médiévaux, on se salue avant un combat de manière si traditionnelle, c'est... c'est géant.

La fillette ne parvenait pas à se détacher de son sourire. L'escrime, plus que le Quidditch, c'était toute sa vie. C'était aussi l'une des choses qui l'avait le plus démarqué de ses sœurs. Alors qu'elles préféraient rester dans leur bibliothèque, Arya prenait son sac d'escrime et partait pour le gymnase. L'escrime, c'était son monde. C'était peut-être un sport moldu, et pourtant... Godric Gryffondor avait une épée, non ?

Ils continuaient de marcher côte à côte, ne faisant pas attention à ce qu'il se passait autour. Arya était heureuse de pouvoir parler de choses à la fois banales et importantes avec le Serpentard.

Elle l'écouta parler de la matière où il n'était pas l'aise, alors que pour elle, c'était sa spécialité.

- Je pense qu'on a tous des matières qui nous correspondent plus que d'autres, fit-elle remarquer.

Il suffisait de regarder ses résultats en potions et en métamorphose pour s'en apercevoir...

Elle hésita à lui parler de sa famille. Elle n'aimait pas l'idée d'être rattachée à 7 autres personnes, elle ne voulait qu'il n'y est qu'une Nightshade, et que ce soit elle. C'était peut-être égoïste. Mais étant la petite dernière, elle était arrivée dans une famille déjà construite, où elle avait à peine réussi à se faire un place. Elle savait qu'elle n'était pas un enfant désiré. Ses parents avaient décidé de ne plus en avoir après Madison. Elle était arrivée à l'improviste, surprenant tout le monde, comme toujours.

- J'ai cinq sœurs, finit-elle par avouer. On a beaucoup de différence d'âge, alors mes sœurs les plus vieilles sont comme des inconnues à mes yeux. Je ne suis proche que d'Alison.

Elle en resta là, trouvant déjà qu'elle en avait dit énormément. Il n'était généralement pas facile de faire le lien entre elle et ses deux sœurs encore à Poudlard, grâce à leurs différences physiques. Elles se ressemblaient comme chien et chat.

- Je vis à Dover, dans le sud. C'est beau là-bas. 'Y a un coin qui fait penser à l'Écosse. Et toi, tu vis où ?

EH

Le plus beau était sûrement son sourire. Elle parlait avec sûreté et elle savait ce qu’elle faisait, elle aimait ce qu’elle faisait. Roman avait cet air là quand il dessinait, il le savait, et même si le jeune garçon était parfois maladroit, si quelque chose le passionnait, il en parlait avec la même passion. En tout cas, il avait eu raison quant aux équipements de l’escrime, il était plutôt fier de savoir ça.

Quant à la remarque d’Arya sur les cours, il se dit qu’elle avait raison et que certaines choses étaient faites pour aller à certains et déplaire à d’autres. Telle était la vie.

Et quand il fallut parler de la famille, il vit une sorte de rétractation chez elle. Étrange, quelqu’un qui a peur, ou du mal à parler de sa famille.

IH

Cinq c’est beaucoup. Moi qui étais tout seul je ne savais même pas si j’avais voulu avoir un frère ou une sœur, enfin, si c’était une sœur comme Arya, ça ne m’aurait pas posé de problèmes, j’avais l’impression de pouvoir parler librement avec elle. Mais cinq sœurs, c’était vraiment énorme, ils étaient donc 7 chez eux... Moi au Domaine, j’avais de la place, même peut-être trop mais chez elle ça devait être exiguë, confiné. Et je trouvais ça vraiment dommage qu’elle ne puisse pas s’entendre avec ses sœurs. Je savais que l’âge faisait beaucoup, je ne connaissais presque personne en dernière année, ni même dans la classe supérieure. Alors si il y avait plus d’écart, je la comprenais, même si cela était dommageable.

Tu as une grande famille dis-donc. Je t’ai dis que j’étais seul mais je ne sais pas si j’ai envie que ma famille s’élargisse, il est peut-être trop tard. Sinon, moi, j’habite à Oxford, c’est très grand et Papa et Maman connaissent pas mal de monde là-bas. Papa est commercial et Maman est artiste. On a une grande maison, c’est même un Domaine. Et toi ? Tes parents ils font quoi ? Tu va faire quelque chose pendant ces vacances ou pas ?

Voilà, j’avais encore une fois dis ce que j’avais à dire. Rien de plus rien de moins. J’aurai pu rajouter quelque chose sur le fait qu’elle pourrait essayer de s’intégrer un peu plus à sa famille. Mais tout le monde a ses raison que le monde ignore.

- Je m'imagine pas être fille unique... Ce serait trop bizarre.

Si elle avait été fille unique, tout aurait été différent. Chez elle, ce sont ses sœurs qui animent la maison, sans elles, elle serait comme abandonnée. Mais si elle avait été fille unique, toute cette histoire de répartition n'aurait peut-être jamais eu lieu. Son père ne l'aurait jamais comparé à ses autres filles, et jamais elle ne se serait brouillée avec lui. Peut-être n'aurait-elle pas été si solitaire. Elle avait toujours préféré s'isoler des Autres, parce que ses sœurs l'isolaient déjà involontairement à cause de leur différence d'âge. C'était devenu un mode de vie chez elle.

Elle se souvint avec amertume du jour où sa maîtresse moldue a convoqué sa mère parce qu'elle s'inquiétait. « Elle n'a aucun ami, elle reste toujours seule pendant les récrés... Je pense sincèrement que vous devriez l'emmener voir un psychologue pour enfants. L'amitié est primordiale à son âge. » Arya s'en souvenait comme si c'était hier. Elle se tenait près de sa mère, assise devant le bureau de l'institutrice. Sa mère lui avait répondu de ne pas s'inquiéter. D'après elle, sa benjamine se tenait à l'écart de ses camarades parce qu'ils étaient moldus. Il arrivait que ses sœurs agissent ainsi. Seulement la fillette se moquait que ses camarades soient sorciers ou non. Elle enviait ces groupes d'amis. Mais elle ne savait pas comment faire avec eux. Ils lui semblaient appartenir à une autre planète. Un autre monde. Le monde des Sociables.

- Ta mère est artiste ? Elle fait quoi, plus précisément ? De tout ?

Arya était vraiment curieuse de connaître sa réponse. Tout ce qui avait un rapport avec l'art l'impressionnait. Elle n'était malheureusement pas très douée ce domaine, privilégiant les activités physiques, et préférait donc observer l'art de loin.

- Mon père est marchand de balais, et ma mère... Je t'avoue que je sais pas trop. Elle est toujours à la maison, en train de travailler sur des papiers, et je lui ai jamais demandé.

Elle ne s'était jamais vraiment posé la question non plus. Quand, à l'école, on lui demandait ce que faisaient ses parents, elle répondait qu'ils étaient écrivains, comme le lui avait appris son père. Elle se souvenait très bien des nombreuses recommandations de son père pour mentir au sujet de la magie dans sa famille. Car, malgré leur mère, la magie prédominait dans la famille Nightshade.

- Je pense que je vais commencer par reprendre l'escrime. Et puis, j'espère revoir Alison. Je crois qu'elle finit sa formation cet été. Et puis c'est à peu près tout. Et toi, t'as des trucs de prévus ?

Arya remarqua que Roman était bien plus grand qu'elle, maintenant qu'ils marchaient côte à côte. Elle ne l'avait pas remarqué lorsqu'ils étaient dans l'arbre. Ce qui n'était pas très étonnant, étant donné qu'à peu près 90% de Poudlard était plus grand qu'elle. Elle était comme une naine dans un royaume de géants.

- Pourquoi tout le monde est plus grand que moi... marmonne-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

IH

La fille s’était perdue dans ses pensées après avoir avoué qu’elle n’aurait pas pu être fille unique. C’est vrai que c’est un monde étrange. Et que l’on soit en famille nombreuse ou non, on n’avait jamais vécu ce que l’autre avait vécu. Nos bases c’était ce qu’on avait vu, fait, et c’était tout.
Mais l’absence de la jeune fille ne dura pas longtemps : elle rebondit sur le travaille de Maman. Il me fut facile de lui répondre, en même temps, Maman travaillait à la maison.

Maman fait des tableaux, des sculptures, des dessins. Même que une fois, elle a peint un mur entier pour des Moldus en rue, du street art je crois. Il paraît qu’elle est bien connue dans le monde de l’art, mais je sais pas trop, c’est peut-être pour ça qu’elle part en voyages des fois. Et puis, tout ce qu’elle fait, c’est soit au pinceau, truelle ou baguette magique, la magie ça rend plus beau, et ça permet aux choses de se mouvoir. Du coup on a des œuvres magiques au Domaine.

Ton père est vendeur de balai ? Il a pu t’en donner ou t’avoir des réductions ou pas ? Parce que moi, Maman, elle me donne certains de ses tableaux. Et pour ta mère, si tu regardais ce qu’elle faisais, ça pourrai peut-être t’intéresser non ? Plutôt que pas savoir ce qu’elle fait.

Ben oui, je trouvais logique de s’intéresser aux choses avec lesquelles on vivait, qui plus est sa mère.

EH

Pour l’été ça avait l’air d’être complet chez elle. Mais pas chez Roman, il n’avait aucune idée de ce qu’il allait bien pouvoir faire. Étrange non ? Peut-être qu’il pourrait inviter du monde, Arya peut-être, ou bien Elfia. Il ne savait pas.

Et il tiqua lorsqu’elle lui dit que tout le monde était plus grand qu’elle.

Tu sais, c’est toi-même qui me l’a dit « L'avis des autres ne devrait pas nous empêcher de faire ce qu'on veut ». Alors pourquoi se dire que l’on est petit ou grand quand notre base c’est nous-mêmes. Tu n’as pas à te dire que tu es trop petite, mais plutôt que ce sont les autres qui sont trop grand. Et puis moi non plus je n’ai pas une taille élevée. Et aussi, la grandeur ne se mesure pas forcément en centimètres. Dumbledore bien qu’il soit petit était un grand homme, enfin, je crois qu’il était petit.

Et pour cet été, mes parents ne m’ont rien annoncé de particulier. Alors je sais pas. Pas du tout. Je réviserai les sorts de deuxième années, on ira faire les courses au Chemin de Traverse.

Roman n’avait pas vraiment d’autres questions, il se contentait de marcher et ceci lui allait très bien. Et s’ils continuaient tous les deux à marcher comme ça, ils auraient bientôt fait le tour du lac noir.*

*quand je parle de faire le tour du lac, c’est la propriété de Poudlard, sans passer par la forêt interdite. À l’heure où se déroule le RP, Poudlard n’a pas encore été attaqué et le lac noir n’en fait pas le tour.

Arya écouta attentivement le Serpentard parler du travail de sa mère, qui avait l'air passionnant. Elle laissa son esprit s'imaginer toutes les œuvres d'art qu'elle avait pu faire au cours de sa vie. Elle se demanda si elle avait légué ses aptitudes à Roman, par tout hasard. Certainement était-il un artiste, lui aussi. Mais tout le monde n'était-il pas un peu artiste au fond de soi ?

- Mais dis donc, chez toi, ça doit être pleins de tableaux et de sculptures ! Ça doit être magnifique ! s'exclama-t-elle avec envie.

Chez elle, tout était épuré, pour plaire à tout le monde d'après sa mère. À part un ou deux tableaux, les murs étaient immaculés, et seules les chambres avaient droit à de la décoration. Dans la sienne, Arya avait quelques posters de Quidditch et d'escrime, sans plus. Elle considérait que son véritable jardin secret était dans les arbres, pas dans une pièce de la maison.

La Gryffondor fut amusée de la réaction de Roman à l'annonce du métier de son père. Vendeur de balais, ça paraissait être génial, vu de loin.

- Non, mon père a une toute petite boutique, et il peine déjà à joindre les deux bouts. S'il m'offrait un balai, ce serait juste une perte d'argent. Je veux pas l'handicaper plus que ça en lui en réclamant un.

La fillette réfléchit un instant à la façon dont elle pourrait demander à sa mère le métier qu'elle faisait. La scène lui parut si étrange qu'elle fronça un sourcil et en haussa un autre.

- Heu... T'as p't-être raison, mais je me vois pas demander ce genre de chose à ma mère.

La scène serait aussi naturelle que si elle venait demander à sa sœur de lui apprendre à danser la salsa. Complètement incongru. Elle aurait presque envie d'en rire.

Elle fut sincèrement touchée par les paroles de Roman. Tout le monde lui reprochait tout le temps qu'elle était trop petite, et elle avait fini par se le reprocher à elle-même. Roman était bien le premier à lui dire le contraire.

- Merci, c'est... c'est gentil de me réconforter. Je t'avoue que sur ce sujet-là, je suis pas bien placée pour donner des leçons de morales. Je dis des choses, mais je ne les applique jamais.

Elle ne plaisantait qu'à moitié, mais était réconfortée par ses paroles. Elle ne détestait pas réellement sa taille, mais à force de se recevoir des remarques, elle s'était forcée à la haïr, elle qui la plaçait toujours en-dessous des autres.

- Dis, Oxford, c'est loin de Dover ? demanda-t-elle avec un sourire espiègle.

IH

Elle avait l’air contente de voir que je prenais en quelque sorte sa défense. C’était vrai quoi, tout le monde était différent et personne n’avait à être jugé pour ses différences. Si moi j’étais différent, personne n’avait à me jauger, me caser dans un moule. Sauf qu’à rejeter l’avis des autres, il n’y a plus personne pour nous aider, nous remettre sur le droit chemin. Alors que l’enfer c’était les autres, il n’y avait qu’eux pour être notre miroir. Je devais être un garçon, la société me le disait, mais c’était pourtant grâce, ou à cause d’elle que je doutais. Il y avait des barrières qui ne pouvaient être détruite, ou bien même juste un peu effacées.

Pour son père, c’était dommage. Peut-être que Papa pourrait l’aider, Papa est « homme d’affaires », c’est lui qui le dit. Comme il s’occupe de gallions, de beaucoup de gallions, il ne dirait sûrement pas non pour aider le papa d’Arya... j’espère.
Et pour sa mère, ça ne pouvait que s’arranger. Il n’y avait pas de problèmes de sous qui eux ne pouvaient pas se résoudre en un tour de main, la solution devait la plupart des cas être externe à nous. Par contre, les émotions, l’amour et la famille, il y avaient certaines choses qui venaient de nous-mêmes. Peut-être fallait-il juste dire les choses. Mais bon, parfois il ne fallait pas chatouiller le dragon endormi, draco dormiens nunquam titillandus, au risque de tout faire imploser.

Chez moi c’est très beau oui, coloré. Et puis, le Domaine est assez grand. Si ton père a besoin, mon Papa à moi il apporte son aide aux artisans sorciers, je peux lui en parler si tu veux.
Et c’est pas grave moi aussi je dis des trucs que je fais jamais, faut juste pas te laisser influencer négativement par les autres.
Sinon, je n’en ai aucune idée, je sais pas du tout où est Dover. Tu as une idée derrière la tête !?

Arya fut touchée que Roman voulût aider son père. C'était gentil, généreux, mais elle savait déjà qu'une telle chose ne pourrait jamais arriver. Si son père tenait bien à quelque chose, c'était son indépendance. Il avait créé sa boutique à lui tout seul afin de jouir de l'autonomie dont il rêvait. Certes, elle lui prenait énormément de temps, mais la fillette était convaincue qu'il aimait son métier plus que tout au monde. Jamais il n'accepterait une aide financière ainsi.

- C'est gentil, mais je ne pense pas qu'il accepterait. Il est trop fier pour accepter ce genre de chose, et trop amoureux de sa liberté pour avoir une dette quelconque envers quelqu'un. Il s'en sort toujours, de toute façon.

Elle avait déjà vu son père au plus bas, lorsqu'il pensait qu'il allait bientôt devoir fermer boutique et abandonner ses rêves, même s'il ne le lui montrait jamais. Chaque fois, par un de ces stratégies que seuls les commerçants connaissaient, il s'en sortait haut la main, et le magasin continuait de vivre, même si sa localisation n'était pas forcément la meilleure qui soit. Mais au moins, le loyer y était moins cher qu'en plein Londres.

- Dover, c'est tout au sud, à côté de la mer, à un peu plus d'une heure et demie de Londres en voiture moldu.

Elle avait fait le trajets tellement de fois, en taxi, pour accompagner ses sœurs au Poudlard Express, puis pour s'y rendre elle aussi. Assise sur la banquette arrière, généralement à côté de sa mère ou de son père, elle imaginait sa vie une fois qu'elle aurait intégré Poudlard.

- Je m'étais juste dis que si c'était pas trop loin, on pourrait peut-être se voir pendant l'été, répondit-elle en souriant. Mes vacances sont généralement quasiment vides et je m'ennuie à mourir, alors ça pourrait être sympa. T'en penses quoi ?

Elle n'avait pas envie de s'incruster dans la vie du Serpentard, et ne comptait donc pas insister s'il se révélait qu'il avait déjà des plans pour l'été. L'idée lui avait simplement traversé l'esprit, et elle se demanda si Roman avait pensé à la même chose.