C’était au moment du départ des autres vers leur famille qu’Aliénor réalisa vraiment tout ce qu’on avait pu lui dire sur ce qu’il se passait, les discours de Lucy ou Jeffrey lui revenaient en tête alors qu’elle était privée de ses parents pour cet été. Une vrai claque pour la fillette, ses cauchemars se réalisaient, elle ne pourrait pas revoir ses parents. Elle avait pourtant fait bonne figure devant le train qui était parti avec la plus part des gens qu’elle côtoyait ici et certains étaient rentrés chez eux d’une bien étrange façon. Aliénor se sentait tellement démunie et impuissante, elle devait rester à l’école pour les grandes vacances. Deux mois de plus dans cette école… Ce n’était pas vraiment des vacances non ?

La fillette soupira lourdement. Cela faisait deux jours que les autres étaient partis et elle s’ennuyait à mourir. Mais une idée avait germé en elle. Elle voulait devenir plus forte, réussir ses sorts où elle a tant de mal, maitriser ses foutus sentiments qui l’énervent au plus haut point et lui font faire des choses étranges en classe comme exploser ou geler des choses. Une fois dans le parc assez loin du grand arbre qui les protégeait, elle laissa tomber à ses pieds livres, parchemins et notes qu’elle avait prises en cours. Le tout s’éparpilla en quelques tas informes ce qui mit un sacré coup au moral et la détermination de la fillette. Mais non, si elle voulait être utile dans tout ce qu’il se passait en ce moment, elle devait progresser, devenir plus forte.

Elle s’assit donc en tailleur, sortant sa baguette de sa poche arrière pour commencer à trier ses affaires et surtout s’entrainer. Elle fit voler les feuilles devant ses yeux à l’aide de Wingardium Leviosa. Elle devenait de plus en plus habile avec les sorts qu’elle maitrisait. Mais maitriser les sorts de première année ce n’est pas un exploit quand on rentre en troisième. Peu importe. Les tas se formaient peu à peu devant elle, tous ses cours, ses notes et même quelques recherches expérimentales ou sur des sorts qu’elle avait hâte d’apprendre. Son regard se posa soudain sur un carnet qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Son vieux carnet de cuir dans lequel étaient ses nombreux dessins. Elle fit glisser ses doigts dessus avec précaution. Depuis que sa mère avait arrêté de peindre et qu’elle l’avait laissé ici à cause de son passé, Aliénor avait arrêté le dessin et tout ce qui s’y apparentait. Mais là, une pique de nostalgie transperça son petit cœur. Elle l’ouvrit et regarda les quelques dessins qui passaient sous ses yeux. Corbeaux, félins sanguinaires, singes étranges, serpents s’enroulant autour d’épées abandonnées… Son univers défilait sous ses yeux, même ses esquisses de dragon pour les tests du sortilège draconifors avec Rey. Tout y passait. Aliénor ne put réprimer un sourire devant ses souvenirs, ses tranches de vie. Elle secoua la tête, elle n’était pas là pour ça, elle était ici pour progresser.

Elle fit une liste des sortilèges à travailler et ceux qu’elle maitrisait. Ce n’était pas très glorieux, ça risquait de prendre du temps cette histoire. Elle soupira en s’appuyant sur ses bras derrière elle. Elle laissa sa tête tomber en arrière et respira un grand coup, elle était prête à tout reprendre et à s’entrainer comme une folle. Oui, elle fera ça. De toute façon elle n’avait rien d’autre à faire ici. Elle avait deux mois pour maitriser à la perfection les sorts vus cette année et surtout commencer à apprendre ceux de l’année prochaine. Voilà, Aliénor était devenue une bête de travail, et certainement que ça n’allait pas durer mais elle voulait profiter de cette motivation soudaine. Elle sourit puis posa ses yeux sur le premier sort qu’elle allait travailler : Diffindo. Couper des trucs, ça devrait le faire.

Elle regarda autour d’elle pour trouver quelque chose à découper, de toute façon dans sa liste elle avait aussi reparo donc bon… Elle attrapa la pièce de son père qu’elle avait toujours dans sa poche.

-Alors hasard, prêt à jouer avec moi ?

Elle posa la pièce sur l’herbe avant de lire ses notes sur ce sort. Elle prit une grande inspiration en se concentrant sur la pièce pour la visualiser coupée en deux. Mais alors qu’elle s’apprêtait à lacer le sort, une sauterelle lui sauta dessus. Surprise, Aliénor lâcha un cri et dans l’action, elle lança le sort sur cette pauvre bestiole. Celle-ci fut couper en deux et Aliénor, dans sa grande capacité magique s’entailla par la même occasion la cuisse.

-Mais quel boulet…

Elle pressa sa main sur la petite plaie, rien de grave, juste un peu de sang et une fille visiblement capable de lancer ce sort mais qui ne maitrise toujours rien.

RPG libre, comme toujours, si personne ne répond je le poursuivrait en solo

La fillette passa son pouce doucement sur la petite plaie et le porta à sa bouche afin de le nettoyer du liquide rouge. Une pratique qu’elle avait l’habitude de faire au cours de ses petites aventures. Aliénor se blessait souvent superficiellement et ne s’en formalisait plus vraiment. Elle soupira toute de même devant cette incompétence magique, mais elle avait tout l’été pour corriger ses lacunes. Elle attrapa un morceau de parchemin et réitéra le sortilège. La feuille se coupa net ce qui fit instantanément sourire la fillette. Elle n’était peut-être pas un cas si désespéré que ça. Les histoires de son père lui revinrent en tête. Il avait toujours été excellent en classe et n’avait pas de problème avec sa magie contrairement à elle. Mais bon, quand elle avait une idée en tête elle s’y tenait et elle allait essayer ses sorts jusqu’à la fin de l’été. Elle allait devenir incollable enfin au moins elle espérait passer de danger public à élève normal.

Elle se concentra de nouveau pour lancer un reparo sur ce malheureux bout de parchemin. La visualisation n’allait pas être complexe, remonter dans le temps pour cette feuille. Rien de bien complexe. Mais Aliénor s’y repris quand même par deux fois avant de réussir à retrouver son bout de parchemin entier. Elle l’attrapa pour s’éventer un peu en regardant sa liste de sorts à réviser. Elle était bien trop longue à son goût… Elle enviait vraiment les gens qui réussissait par on ne sait quelle magie à reproduire les sortilèges montrés en classe avec un naturel déconcertant. Mais el soit qu’el intérêt d’être parfait, la magie d’Aliénor était atypique et surprenante, elle lui ressemblait et même si elle ne le voyait pas encore c’était une force pour elle. L’instinct développé de la fillette pourra l’aider plus tard, quand elle acceptera un peu plus de vivre avec des sentiments.

Elle plaça sa baguette derrière son oreille alors qu’elle reprit quelques notes de cours. Elle serait aussi bien meilleure si elle était vraiment assidue en classe. Toutes ses notes étaient couvertes des dessins en tout genre, de croquis plus ou moins ratés, d’essais à la proportion… Même si elle ne dessinait plus sur son carnet offert par sa mère, Aliénor se rendit compte en voyant ses prises de notes qu’elle ne pouvait pas abandonner le dessin à cause de sa mère.

Elle secoua la tête. Elle devait rester concentrée si elle voulait avancer au mieux dans ses révisions. Elle attrapa sa liste et sa plume qu’elle avait posé à côté d’elle ainsi qu’un encrier qui allait certainement être renversé sur le sol s’il restait ici. Il y avait dans cette liste des sortilèges qu’elle avait déjà travaillés et qu’elle maitrisait plutôt bien. Elle attrapa sa baguette et la fit tourner entre ses doigts comme elle le ferait avec sa pièce. Elle lança successivement un lumos et un nox à la perfection. Ceux-là elle les maitrisait sans problème et encore heureux ! Elle les barra avec joie de sa liste de révision ainsi que perriculum qu’elle avait déjà utilisé à plusieurs reprises. Le sortilège de lévitation eu le droit au même sort que les précédents. Aliénor sourit. L’organisation n’était pas vraiment sa tasse de thé, mais elle se trouvait pas mal pour le moment. Les révisions n’allaient pas être simple, mais elle avait ce sentiment qu’elle pouvait y arriver. Même si pour la plus part des sorts, Aliénor aurait besoin d’un acolyte. Mais tant pis, pas pour le moment, elle n’avait pas vraiment envie de voir quelqu’un. Elle réviserait la théorie.

Un sortilège de la liste attira le regard de la fillette. Flambios. Elle l’avait travaillé lui aussi, avec Ethan, le premier année qu’elle avait un peu prit pour un imbécile en voulant s’infiltrer dans les dortoirs des garçons. D’ailleurs elle n’a toujours pas réussi à entrer dans ce lieu bercé de mystère. Enfin, elle s’égarait de nouveau. Elle se concentra et essaya de se visualiser le garçon ainsi que la colère qu’elle avait ressenti à ce moment-là.

-Flambios.

Le bout de la baguette d’Aliénor s’illumina légèrement et la fillette commença à tracer dans l’air quelques courbes qui s’apparentaient rapidement à un félin. Mais avant qu’elle ne put finir son dessin, les traits de flamme s’estompaient. Elle n’était pas assez puissante pour que ceux-ci restent longtemps embrasés. Tant pis. Elle se laissa tomber sur le dos en soupirant avant de retenter l’expérience en dessinant au-dessus de sa tête. Que la magie est belle…

Alors que le bout de sa baguette dessinait sans que son cerveau ne fasse quoi que ce soit, une larme roula sur la joue de la fillette. Dessiner comme ça, librement, lui rappelait sa mère et surtout ses mois durant lesquels elle a abandonné son carnet. Carnet qu’elle a failli laisser dans un couloir au hasard, jeté comme un malpropre, mais qui lui est revenu dans les mains d’Harriet. Elle devait lui pardonner, en fait Aliénor se rendait compte que sa mère lui manquait atrocement. Sa douceur dans ses paroles, se tremblement presque imperceptible quand elle touche Aliénor alors qu’elle a abandonné tout contact tactile après la mort de sa famille. Contact qu’elle supporte de nouveau avec Cyril et Aliénor, mais toujours tremblante. Et son parfum, son doux parfum qui manque tant à la fillette.

Elle souffla tout l’air de ses poumons, ne voulant pas craquer. Oh que sa mère serait d’un grand secours là de suite. Les derniers traits de feu s’estompent dans l’air alors qu’elle reste les yeux fermés, ses joues de plus en plus souillées par l’eau salée de ses larmes. Elle posa une main sur ses yeux comme pour se protéger du soleil. Elle qui voulait être plus forte, la voilà en train de pleurer. Oh si elle pouvait prendre u recul et voir à quel point elle est déjà forte face à cette situation. Mais non, elle ne se voit uniquement comme une fillette en manque de sa maman incapable de se contrôler. Ah foutus sentiments qui sont un tel mystère pour elle. Mais retenir ses larmes était devenu une habitude bien mauvaise. Aliénor ne devait pas devenir une bombe à retardement surtout que sa colère était de moins en moins simple à maitriser. Adolescence quand tu nous tiens.

Elle se redressa d’un seul coup et avisant le bout de parchemin sur lequel elle s’entrainait, elle lança dans la précipitation un incendio. La flamme fut bien plus forte que prévu ce qui fit reculer la fillette sur les fesses et écarquiller les yeux comme un poisson que l’on aurait sorti de l’eau pour le mettre dans le l’huile. Aliénor écrasa le parchemin à grand coups de pieds dans une position qui n’était pas le moins du monde naturel. Une fois les flammes effacés, Aliénor soupira en constant qu’il ne restait pas grand-chose du parchemin. Elle arqua un sourcil en laissant sa tête tomber sur le côté. Un nouveau manque de maitrise, un impulsivité à travailler, mais surtout, beaucoup trop de sentiments d’un coup dans sa petite tête. La fillette plaça ses indexes et majeurs sur ses tempes et commença un massage crânien. Elle devait y voire plus claire. Elle avait enterré les sentiments liés à sa mère et cette session de travail venait de tout ressortir comme une pièce de monnaie que l’on sortirait d’un tas de linge sale. Comment font les gens pour gérer leurs émotions et paraitre si naturel avec ça ? Certainement parce que c’est naturel ! Mais assez réfléchit sur sa famille pour aujourd’hui. Elle attrapa sa liste et nota à côté d’incendio :

A travailler, faire très attention à l’état émotionnel.

Aliénor attrapa la feuille de parchemin avant de soupirer devant. Elle avait vraiment du travail à faire sur elle-même si elle voulait être utile et devenir quelqu’un de fort.

La fillette leva les yeux du parchemin qu’elle tenait encore entre ses doigts. Elle avait déjà pas mal travaillé pour aujourd’hui, il était temps d’aller en salle commune. Elle posa le parchemin au milieu de ses notes et entrepris de trier ses cours. De toute façon elle reviendrait demain pour continuer ses exercices. Elle voulait maitriser ses sorts, que tout ce passe sans accros pour son début en troisième année. Pour une fois qu’elle était autant déterminée pour travailler que pour faire des conneries.

Et puis ses heures de travail lui permettait aussi de réfléchir un peu, sur elle-même et ceux qui l’entouraient. C’est d’ailleurs durant l’une de ses séances de travail qu’Aliénor se pencha sur une autre partie de son existence qui pourtant ne lui posait pas tant de problèmes, sa relation aux autres.



Un nuage de fumée s’estompait doucement alors que la fillette toussait assise en tailleurs au milieu. Fumos, un autre sortilège qu’elle travaillait depuis 2 jours maintenant. Il y avait de nombreux sortilèges qui avaient déjà étés barrée, mais elle continuait tout de même à travailler sur ceux-ci. On ne sait jamais peut-être qu’un jour elle sera capable d’être une grande sorcière.

Elle balaya de ses mais les restes de fumée avant de remettre ses cheveux en place. Son chignon ne ressemblait déjà plus à grand-chose alors s’agiter dans la fumée n’avait rien arrangé à cela. Elle souffla bruyamment alors que son regard tomba sur son carnet. Elle c’était remise à dessiner dedans et en le rouvrant plus souvent, de nombreux souvenirs avaient refait surface. Elle avait cette manie de représenter les gens qu’elle côtoyait par des animaux en tout genre. Elle riait devant le lémurien qui représentait Lili souvent vexé ou en colère pour protéger les siens, ou alors l’isatis qu’était Betty, ce petit renard des neiges, en bien plus petit pour signifier la taille de la fillette. Qu’Aliénor aimait la chambrer sur sa taille. Mais elle lui rendait bien. Le dragon pour Rey bien sûr et faire attention à la proportion pour qu’il puisse vivre. Elle en avait fait des croquis de dragon pour leur projet… Et de nombreux autres, parfois même des créatures totalement inventés comme Eileen qui avait le droit à une espèce de créature mi-félin mi-biche, un audacieux mélange de nature. Mais tous ses gens qu’elle côtoyait plus ou moins, elle n’arrivait pas à les appeler amis. C’était une raison plutôt obscure qui la faisait agir comme cela. Mais pourquoi n’arrivait-elle pas à les considérer comme tel ?

Elle attrapa son carnet et l’ouvrit à une page bien précise. Un dessin qu’elle travaillait depuis maintenant plusieurs jours. Un félin, plus précisément un puma dont le corps était zébré de crevasses rougeoyantes et lumineuses. Elle aimerait bien comprendre ce lien étrange qui peut unir des « meilleurs amis ». Aliénor l’avait bien compris, Betty la considérait comme tel. Mais, pour Aliénor, elle était encore la camarade aux aventures étranges avec qui elle aimait passer du temps. Mais c’était ça un ami ?

Aliénor resta le crayon en suspens au-dessus du papier. C’est quoi la définition d’un ami pour elle. Si elle n’arrive pas à les considérer comme tel, c’est bien que sa définition est erronée. Un ami… Une personne en qui on a confiance. Oui elle avait confiance en certaines de ses connaissances et même si elle était méfiante dans le fond, elle avait déjà donné sa confiance à plusieurs reprises. Mais c’était un premier point. Ensuite, une personne envers qui on est loyale. La loyauté. Une des valeurs de Poufsouffle et la fillette ne dérogeait pas à cette valeur. Elle savait être très loyale, voir même protectrice. Mais soudain quelque chose revint en tête d’Aliénor. Les amis c’était une faiblesse supplémentaire.

Elle plaça son crayon au milieu de son carnet de cuir et le referma. Une faiblesse supplémentaire. Elle serait capable de se mettre en danger pour ses amis et les gens pourraient faire pression sur elle en s’en prenant à ses amis. On pouvait l’attaquer d’une nouvelle façon, plus sournoise. Alors non, avoir des amis ce n’était peut-être pas fait pour elle. Pas d’amis, pas de faiblesse.

Elle se laissa tomber en arrière et le soleil vint taper dans ses yeux. Elle râla et plaça sa main sur ses yeux de manière à ne plus souffrir de cet agresseur de Soleil. N’avait-elle vraiment pas d’amis ? Il y avait des gens qui comptaient pour elle ça oui. Mais après elle n’est pas comme les autres. Aliénor ne traine pas qu’avec une bande d’amis, toujours les mêmes. Non elle reste avec plusieurs personnes voguant entre chaque groupe et faisant des rencontres tout le temps. Elle aimait bien ça. Elle aimait changer et voir d’autres personnes, Zoé, Franz, Nova… Des tas de gens différents. Mais pourquoi elle n’était pas pilier dans un groupe d’amis. Elle était toujours la pièce rapportée qui s’en allait et qui revenait. Celle qu’on aimait voir arriver mais que si elle n’était pas là ce n’était pas grave. Mais au final c’était ce qu’elle aimait, elle était libre comme l’air et pas liée à un groupe d’amis précis. Elle faisait ce qu’elle voulait comme elle le voulait. Un électron libre. Un sourire apparut sur les lèvres de la fillette, elle était bien comme ça et elle resterait comme ça et tant pis si elle n’a pas vraiment d’amis avec qui elle reste tout le temps, elle a des tas de connaissances et de gens qu’elle apprécie. Elle se redressa, il était temps de reprendre le travail, pas de retard à prendre !

Un bruit de détonation, de la fumée, un petit feu qui consumait un parchemin et une Aliénor debout comme un I les pieds collés au sol. L’entrainement portait doucement ses fruits elle était de plus en plus à l’aise avec certains sortilèges. Elle arrivait même à les enchainer. Même si ce n’était que des sortilèges simples, la fillette était fière d’elle. Elle progressait et c’était toujours ça de pris.

-C’est bête de se coller les pieds soi-même…

Son regard posé sur ses pieds, elle devait travailler son finite incantamem. Mais cela faisait quelques jours déjà et ce n’était pas vraiment acquis. Elle ferma les yeux pour se concentrer se redisant les notes qu’elle avait faites en boucle. Elle voulait vraiment y arriver, mais cela faisait presque 2h qu’elle travaillait et déjà la fatigue commençait à pointer le bout de son nez.

-Finite incantamem.

Même pas besoin d’essayer de bouger, Aliénor avait mal prononcé le sort comme d’habitude, elle n’arrivait pas à faire cette intonation en dehors des moments critiques. Aliénor souffla et laissa tomber ses fesses en arrière alors que ses pieds eux étaient toujours collés au sol. Elle grimaça quand son fessier heurta violement la terre. Elle essuya d’un revers de manche la transpiration qui perlait sur son front. Le soleil tapait à travers les branches des arbres du parc et tout particulièrement l’énorme arbre qui siégeait là depuis quelques temps maintenant. Les sentiments, Aliénor faisait de gros efforts pour les maitriser, mais c’était vraiment dur pour elle. Elle fit rouler sa pièce entre ses doigts. Elle se faisait à cette distance imposée par ses parents. Après tout là-bas ils étaient en sécurité. Elle qui rêvait de voir l’Espagne, elle attendra encore un peu. Décidément cette année n’avait pas été de tout repos pour la fillette. Elle en avait appris beaucoup sur sa famille du côté de son père ou de sa mère. Mais cet été, elle avait aussi appris qu’elle ne pouvait en vouloir à sa mère, que quoi qu’elle en dise, elle avait des sentiments et elle s’attachait aux gens qu’elle côtoyait, et aussi que même si elle n’avait pas le même type d’amitié que les autres, elle était très bien comme ça.

Elle respira un grand coup puis, elle posa de nouveau les yeux sur ses pieds toujours collés au sol. Elle pointa de nouveau sa baguette vers eux et réessaya.

-Finite incantatem.

Elle bougea ses orteils avant de tenter ses pieds. Ceux-ci bougèrent sans problème. Aliénor sourit. Mais elle ne savait pas vraiment si c’était dû au temps qui avait un peu passé et que sn sortilège c’était arrêté seul ou alors que son finite avait réussi. Du moins sa prononciation était bien mieux. Elle verra bien demain si ce n’était qu’un coup de chance.

Elle regarda sa pièce avant de la jeter vers le ciel. Celle-ci tourna dans l’air avant de retomber dans la paume de la fillette. Troisième année, auror avec une option pour les cours de vol. Le reste elle verra bien. Auror… Elle n’avait aucune idée si c’était ce qu’elle voulait devenir plus tard. Non, pas la moindre idée, mais ça paraissait pas mal, pas trop ennuyant. Mais elle ne comptait pas non plus arrêter le Quidditch d’aussi tôt. Une chose était sûre, Aliénor voulait bouger dans sa vie plus tard. Rester au même endroit tout le temps, sans façon. Et pourquoi ne pas devenir un espion magique, une sorte d’agent de terrain pour les secrètes défenses. C’est beau de rêver Aliénor… La fillette se mit à sourire, elle ne savait pas à quel avenir elle était destinée, mais elle ne voulait pas non plus s’en faire toute une montagne si tôt dans sa jeunesse. Elle avait encore le temps non ?

Le temps, il file bien trop vite celui-là. Tout change et elle, elle se pose des questions sur son avenir. Elle ferait mieux de réfléchir à son présent qui est déjà assez embrumé comme ça. Elle n’y comprenait pas grand-chose et elle ne c’était jamais penchée sur les questions de politique. Que voulez-vous, à 13 ans…

Elle en avait entendu parler. Le MERLIN ou un truc du genre. Comme si les élèves avaient une quelconque influence sur ce qu’il pouvait se passer en dehors. On n’avait même plus le droit d’aller dehors sans être surveillé. On lui avait proposé de venir à cette réunion étrange. Son père était un employé au ministère et même s’il était parti pour l’Espagne avant que tout cela ne se mette en place, Il était en lien même indirect avec le gouvernement de Blackwave. Mais ce n’était pas vraiment le truc de la fillette. Elle ne voulait pas avoir son nom trainant sur un papier qui allait on ne sait où sur le fait qu’on n’était pas d’accord avec un gouvernement dont on ne sait pas grand-chose. Après tout cette bonne femme, certes elle a renversé le gouvernement actuel pour imposer le sien. Mais qu’es ce qu’elle cherche ? Rétablir la supériorité du sang à ce qu’a entendu Aliénor. Mais il n’y a que peu de sorciers qui se rallieraient à une cause si pauvre, tout particulièrement de nos jours, le racisme de sang étant bien moins fort. Enfin, elle avait bien croisé cette écervelée de première année qui prétendait être une sang pur. Qu’elle idiotie, tout le monde a du sang moldu dans les veines ou alors ils sont consanguins ce qui n’est pas forcément mieux.

Aliénor souffla, tout cela lui paraissait dingue, elle avait l’impression d’être dans des livres d’histoire de la magie, vivant à l’époque de Grindelwald. Elle s’appuya sur ses mains posées derrière elle. Si elle voulait être utile à ce monde la seule chose qu’elle pouvait faire c’est devenir plus forte et surtout ne pas trop faire de vagues. L’image du corps inerte du jeune Serpentard lui revint en tête. Elle ne voulait pas finir comme ça, la mort n’était pas dans ses projets proches. Tout cela lui paraissait tellement lointain alors qu’elle était en plein dedans.

Mais elle avait pourtant autre chose à penser que les problèmes du monde sorcier. Sa mère et son père étaient partis en Espagne pour arrêter de vivre sous la pression de la police anglaise et laisser le temps à l’enquête d’avancer. Une histoire de drogue, répercutée des années plus tard. Les moldus étaient eux aussi très forts pour ce créer des problèmes. Mais son père dans la dernière lettre qu’elle avait reçu, lui avait dit que l’enquête avançait. Grâce aux informations de Claire, la police avançait assez vite et qu’un ami sorcier aidait la police pour qu’ils aient tous les éléments sans découvrir le secret magique. Mais à cause de cette réduction du nombre de hiboux, certains revenants blessés et certaines lettres ouvertes ou modifiés, ils avaient dû arrêter de parler de cette enquête. Visiblement ça ne plaisait pas trop au nouveau gouvernement d’avoir un sorcier en discussion avec la police moldu.

Tant qu’ils vivaient et qu’ils étaient en sécurité, cela n’importait que peu. Aliénor était bien plus sereine depuis qu’elle avait pardonné à sa mère au début de l’été. Cette prise de conscience lui avait fait du bien et avait quelque peu apaisé cette colère qui bouillonnait en elle depuis Mars. Elle n’en est pas encore à accepter ses sentiments, mais on avance. Doucement mais surement Aliénor grandit.

Le soleil tapait assez fort sur le crane de la fillette alors qu’elle était assise devant une boite à enchainer les alohomora et les calloporta. Malheureux est celui qui vit cette période trouble de l’adolescence. Aliénor était en plein dedans, se réveillant parfois en colère et parfois joyeuse. Se posant des questions existentielles le soir alors qu’elle devrait dormir. Et bien sûr dans son esprit, personne ne pouvait la comprendre. Gare à celui qui lui adresse la parole au mauvais moment. Mais oui, elle faisait des progrès. Mais elle avait toujours du mal à gérer sa colère mais aussi ses sentiments qui la rendaient si faible et si atteignable. Non elle ne pouvait plus nier qu’elle s’était attachée à certaines personnes du château. Même si elle ne les appelait pas amis, elle ne voulait pas qu’il leur arrive malheur. Ce qu’elle redoutait ce produisait, elle avait de nouvelles faiblesses.

Mais ce n’était pas ça qui vint hanter l’esprit de la fillette à cet instant. Mais de nouveau sa mère. Aliénor avait compris pourquoi elle était partie et pourquoi elle avait emmené son père avec elle. Mais il restait toujours cette tâche sombre, pourquoi donc l’avait-elle laissée tant en retrait ? Pourquoi sa mère n’écrivait pas dans les lettres qui venaient d’Espagne ? Pourquoi elle s’éloignait comme ça d’Aliénor ? La fillette ne pourrait avoir sa réponse qu’en en parlant directement avec Claire. Mais elle ne la verrait pas d’aussi tôt. Le monde n’aurait pas pu choisir un autre moment pour jeter des cailloux dans le lac si paisible de la vie de la petite Delphillia ?

Aliénor souffla un grand coup alors que la serrure était pour la énième fois ouverte par ses soins. Elle attrapa son parchemin et raya les deux sortilèges d’un coup de plume assez sec ce qui manqua de traverser la feuille. Aliénor n’avait pas vraiment conscience de sa propre force. Elle qui cherchait à le devenir, le Quidditch avait nettement amélioré sa forme physique. Elle était plus résistante aux chocs et à la douleur mais aussi plus endurante qu’avant. Aliénor a toujours été sportive, mais être dans l’équipe de Quidditch de sa maison lui imposait un tout autre rythme qui lui allait à merveille. Elle adorait ce sport qui lui permettait de ne plus penser à ses problèmes et d’avoir de bonnes notes en cours de vol. Le vol… Les filières… Le choix.

Aliénor c’était penchée sur ce choix qu’elle avait à faire il y a quelques temps déjà et elle ne savait pas vraiment quoi faire. Mais elle l’avait fait. Ce n’était pas là une preuve qu’elle était capable de passer des épreuves ? A ses yeux si. Alors pourquoi sa mère ne lui expliquait rien et ne lui écrivait pas ? Elle avait besoin d’elle et pourtant elle avait placé des barrières qui brisaient le cœur de la fillette à la suite de ce remuage du passé. Mais le passé, les casseroles que l’on traine, ce n’est pas forcément bon, mais ça fait partie de ce que l’on est. Alors sa mère ne redeviendra-t-elle jamais celle qu’elle était auparavant ? Peut-être… Mais elle manquait à Aliénor cette ancienne Claire. Si elle est toujours dans le cœur de sa mère, Aliénor ferait tout pour la revoir un jour et que cette silhouette sombre et tourmentée s’en aille.

Le regard déterminé, Aliénor attrapa la boite et les parchemins qu’elle avait amenés aujourd’hui. Elle avait assez travaillé pour la journée, une petite pause ne ferait pas de mal. D’autant plus que ses sessions de révisions la faisait bien réfléchir. Un instant de détente dans des vacances, qu’es ce que s’est ?

Le regard de la fillette passa sur la liste des sortilèges qui lui restaient à travailler. Un sourire apparut sur son visage. Elle ne pensait pas être si régulière dans sa remise à niveau pour la troisième année. Elle avait révisé tous les sortilèges de seconde année et elle en maitrisait la plus part. Ses notes étaient extrêmement bien triées et son manuel n’avait jamais autant souffert. Elle était même allée à la bibliothèque de son plein grès. Même si ce n’était pas le lieu de prédilection de la fillette elle avait trouvé des ouvrages intéressants. Elle avait même emprunté le livre de sortilèges pour la troisième année. Elle l’observait à la volée alors que sa liste ne ressemblait plus à grand-chose à force d’annoter sur les côtés. Mais elle était fière tout de même. Elle avait toujours un léger problème avec les sorts demandant un état d’esprit précis, ayant toujours un certain problème à assumer ses sentiments et à les contrôler. Mais elle avait fait des progrès c’était indéniable. De plus, aujourd’hui elle était dans un bon état d’esprit ce qui lui permettait de voir ses progrès. Car, oui, c’était rarement le cas, elle avait une fâcheuse tendance à ne pas voir les produits de ses efforts et à toujours s’en demander plus. Elle s’était même endormi la tête dans ses bouquins la dernière fois, ce qui ne lui était jamais arrivé.

Elle notait les informations qui passaient sous ses yeux pour les sorts qu’elle apprendra l’année suivante. Elle ne voulait pas se tenter à les travailler directement en pratique, même si elle se retenait. Sa nature fonce dans le tas était mise à mal. Heureusement, elle pouvait voler pour évacuer toute cette frustration. Le vol lui faisait toujours autant de bien et s’il y avait bien une chose qu’elle avait envie de reprendre, c’était le Quidditch. Ce sport lui manquait et ses coéquipiers aussi. L’entrainement ce n’était pas la même chose que les matchs. Cette tension, l’adrénaline qui b
Monte, la fatigue, les clameurs dans les tribunes et aussi les raclées (ça en fait bien parti…). Tout ça lui manquait.

Aliénor inspira fortement un sourire aux lèvres. Dans un mois tout pile, tout reprendra. Mais si ce n’était pas le cas ? Après tout, les gens n’en n’ont que faire d’une petite compétition sans importance pour les 4 maisons de Poudlard. Il y a bien plus grave qui se passe dehors. Enfin de ce qu’elle en percevait. Isolée du monde à Poudlard, elle ne savait pas vraiment où en étaient les choses.

Elle observa le Saule toujours si agité, si fort et dégageant cette impression d’invulnérabilité. Il était fascinant et repoussant à la fois. Aliénor espérait qu’un jour, elle dégage autant de puissance que cet arbre… Il avait quel âge cet arbre ? Bien trop vieux pour Aliénor en tout cas.

-Il nous enterrera tous.

Aliénor sourit à cette idée. C’était bon de savoir que certaines chose dans le monde perduraient dans le temps et n’étaient pas comme des étoiles filantes, aussi belles qu’éphémères. La fillette secoua la tête à cette pensée. Ce n’était pas faux en soi, mais à l’échelle humaine, Aliénor avait encore du temps. Du temps qu’elle devait mettre à profit pour bien préparer son année. Avec toutes ses révisions, elle avait assez travaillé pour une année… Mais bon quand il faut, il faut. C’est ça de ne pas avoir de don, quand on fait partit du commun des mortels et bien on travaille, pas le choix. *Le commun des mortels… T’es même pire Ali.*