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09 août 2019, 16:00
 RPG+  Enchevêtrement  LIBRE 
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Samedi 14 mai 2044
Parc — Poudlard
3ème année


« C’était bien plus beau avant qu’ces arbres arrivent, mais voilà c’est quand même pas mal. »

Avec un sourire, j’observe Zikomo regarder autour de lui avec émerveillement. Il bondit au-dessus de l’herbe pour ne pas se laisser distancer ; sa couleur ressort sur le parterre vert. L’avoir prêt de moi où que j’aille est un bonheur. Les premiers jours, je craignais qu’il souhaite s’éloigner de moi, prendre du temps tout seul, me laisser maintenant qu’il avait une enveloppe physique. Mais il n’a pas émis ce souhait à un seul instant. Il m’accompagne partout et lui, contrairement à moi, se fout qu’on le regarde étrangement. La dernière fois, cet idiot de Dimitri Jones — Merlin, qu’il est bon de me souvenir qu’Aodren lui a foutu son poing dans le nez — s’est payé sa tête en me demandant : « De quel rat tu t’es entiché, Bristyle ? ». Il a fallu toute la persuasion de Zik’ pour m’empêcher de lui sauter dessus.

Zikomo baigne dans le bonheur, tout comme moi. C’est étrange de me sentir si heureuse alors que le monde est en train de sombrer. Parfois, je m’en veux. Lorsque je vois la tête blafarde d’Aodren par exemple, ou lorsque je croise un fils ou une fille de moldu en pleurs, ou encore quand s’élèvent les Manteaux Noirs dans le ciel de Pré-au-Lard et qu’ils me rappellent qu’au-delà des protections du château c’est la folie. Puis je regarde Zikomo et j’oublie tout cela.
Je ne pensais pas éclater de rire un jour parce qu’un petit renard *un Mngwi !* plante ses dents dans mes mollets. Ni même attendre avec hâte le soir pour me coucher paisiblement, le pelage de mon ami me caressant la joue.
Je ne pensais pas l’aimer à ce point.

« Un jour, je te ferais découvrir Uagadou, » me dit Zikomo en trottinant vers moi.

« Vraiment ? souris-je (ce n’est pas la première fois que nous parlons de cela), j’aimerai beaucoup. »

Je m’assoie dans l’herbe, jambes croisées. Au loin, je vois les rives du lac noir — ou du moins ce qu’il en reste. Il m’est toujours étrange de penser à Poudlard comme à une île. Je me tords la nuque pour regarder le sommet d’Etash et Ojayit.

« Tu crois qu’il est méchant ? » demandé-je à Zik’ qui a fait sien mon genou gauche.

« Le paon ? répond le petit être en me piétinant avant de s’asseoir et de ranger sa queue autour de ses pattes. Si tu lui tire les oreilles comme tu me le fais, il le sera sûrement. »

Je lui lance un regard noir qui fait tout juste frémir ses moustaches. Cela fait un moment que Zik’ n’est plus effrayé par mes lubies. Malheureusement. Je soupire, mais ne peux retenir le léger sourire qui frappe mes lèvres.

« Les paons n’ont pas d’oreilles. »

Avec lui, c’est facile d’oublier. De croire que tout va bien, que les Manteaux Noirs n’emprisonnent pas n’importe qui, que le mot sang-pur ne revient pas à la mode, que des mouvements débiles de résistance ne se créent pas dans les couloirs. J’ai l’impression d’être hors de tout cela. Malgré mon inquiétude, malgré la peur sourde qui me prend lorsque je songe un peu trop à ce qu’il se déroule en dehors des murs. Mais Zik’ est là pour ça : m’empêcher de trop songer. Il n’est pourtant pas le dernier à me parler des événements qui secouent le pays. Zik’, il connaît beaucoup de choses. Il a vécu des drames lui aussi, il a conseillé des sorciers bien plus impressionnants que moi, fait face à des catastrophes bien plus dangereuses qu’un coup d’état. Les guerres qui ont secoué l’Afrique ne sont rien comparé à ce que nous sommes en train de vivre.

Songeuse, je laisse mon regard se perdre dans le paysage qui se déroule devant moi. Zikomo aime les silences autant que moi, il n’est pas rare que nous passions des heures côte à côte sans qu’aucune parole ne soit échangées.

Premier post réservé. 
Dernière modification par Aelle Bristyle le 08 mars 2020, 16:53, modifié 1 fois.

17 août 2019, 19:04
 RPG+  Enchevêtrement  LIBRE 
Le 14 mai 2044
Pleine après-midi

1ère année
TRANSITION

A l'intérieur du château,
4ème étage


Mes pieds ne touchent pas le sol, ils pendent au dessus du vide. Ils pendent au dessus des marches qui dégringolent jusqu'au troisième étage. Je me suis assise sur le bord d'une fenêtre, avec Lune, qui ouvre les escaliers à lumière du jour. Il fait beau, aujourd'hui. C'est une belle après-midi. Je n'en suis pas certaine, je montre mon dos au supposé soleil ; je fais attention à ne pas laisser mon regard sortir dehors. Sauf la nuit, je m'autorise l'obscurité car je n'y devine plus rien. Je n'y devine plus l'immensité des eaux qui entourent Poudlard, je n'y devine plus les immenses arbres et leur créature... *Stop !* Je secoue violemment la tête et manque de me cogner contre la cage de pierre qui entoure la fenêtre que j'ai élu perchoir. Je force mes pensées à se balader ailleurs.

Finalement, c'est sur Lune que mon regard se porte. J'ai laissé au chaton la place nécessaire pour se percher. Lune me regarde. Je me demande depuis combien de temps ses yeux blancs sont posés sur moi. *Désolée* Je m'en veux de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Mais mon esprit est trop noirci par mes pensées et ma vue s'occulte parfois. Lune pose sa tête contre mon avant-bras, il est tendu et mes mains sont appuyées sur la pierre froide - je me rend d'ailleurs compte que ce contact ne m'est pas agréable. Mes yeux la caressent lentement. Les siens en attendent plus. Mais mes bras sont endoloris et j'ai peur de tomber si je bouge. Le nez humide et rose de mon chaton - comme c'est étrange de l'appeler mien - frotte mon coude. Elle me supplie de l'aimer. *Je...* Je l'aime. En fait, je n'en sais rien. J'ai du mal à créer des liens. Quelque chose remonte et serre ma gorge. *Comme avec... ma baguette* Je me l'avoue. J'avoue ne rien ressentir de plus que de la Peur pour ma baguette. Je veux que ça change. Mais je ne ressens rien d'autre que ce qui serre ma gorge.
J'ai détourné mon regard de Lune.

Je me vois, non, je le vois. Le moment où j'ai été conduite dehors, pour ériger un mur autour de Poudlard. Je crois que c'est la dernière fois que je suis sortie. Je n'ai pas été capable de...

Je secoue la tête.
J'ai détourné mon regard de Lune.
*Lune !* Je l'aurais crié si ma gorge n'avait pas été serrée. Mon partenaire félin saute de son perchoir. Je la regarde descendre les escaliers. C'est encore un si petit chat, et ses poils sont déjà si longs. Je suis désolée de ne pas l'avoir câlinée. Je suis désolée de ne pas l'avoir gardée contre moi. Je me redresse, brusquement, le chaton - mon chaton - dévale déjà les escaliers. Je ne peux pas la perdre de vue. Maintenant qu'elle n'est plus assise à côté de moi, je meurs d'envie de la voir revenir. Mes pieds tanguent mais je ne tombe pas. Je m'en félicite, mais rien n'agite mon visage qui, je le sens, tombe de tristesse. *Lune !* Bizarrement, Lune ne descend pas les escaliers aussi vite qu'elle le pourrait. Je peux la suivre sans avoir à m’essouffler.
D'ailleurs, nous voilà arrivées au troisième étage. Mais Lune ne s'arrête pas. Elle file en direction des prochains escaliers. Quand est-ce que Lune a eu le temps de visiter tout le château ? Je suis idiote, je laisse Lune seule très souvent. A chaque heure de cours, à chaque fois que je dois manger, à chaque fois que je vais à la bibliothèque, à chaque fois qu'elle a envie de... sortir. *J'suis désolée* Et je le suis.
Plus que l'angoisse, la tristesse.

A l'intérieur du château,
Aux portes du parc


Lune s'est arrêtée. Je m'en réjoui. Mes paupières s'alourdissent, flétrissent : je suis aux portes de l'extérieur. Devant moi se dresse le parc. Le parc que je fuis et le ciel bleu que je redoute. C'est une belle journée, je crois que j'en suis sûre cette fois. Mes yeux sont lourds et se voilent. Est-ce que je pleure ? *Nan !* Je ne pleure pas. Mais je crois que je suis immensément triste. Je regarde Lune, elle n'est pas haute et très peu large. Elle m'attend. C'est ce que j'espère. Elle ne jette plus un regard vers moi depuis qu'elle a quitté le bord de la fenêtre, depuis qu'elle m'a quitté moi. Je m'approche de Lune, je me baisse et pose même mes deux genoux au sol. Je serais prête à rester là si ça lui suffisait. « Lune… » je murmure. Le chaton ne se retourne pas. Alors je pose une main moite sur sa tête. Ses poils doux ne me semblent plus si doux, mélangés à la sueur de ma paume.

Je m'en veux.
S'en est-elle rendue compte quand elle a décidé de se ruer dans le parc ?


A l'extérieur du château,
Dans le parc

Lune

D'un bond, je m'élance à la conquête du parc. Cette fois, je suis sûre qu'elle me suivra. Mais je ne me retourne pas pour vérifier et je saute dans l'herbe. Je m'y frotte et y reste de longs instants. Je me suis remise sur mes quatre pattes et me suis décidée à regarder derrière moi. Elle est là-bas, aux portes du parc. Va-t-elle finir par en sortir ?
Je crois que je devrais abandonner. Un miaulement triste s'échappe en me secouant.
Aussi, presque immédiatement, mes pupilles bifurquent et s’agrippent à autre chose. Quelque chose qui vole. Deux ailes colorées et des antennes, j'en ai déjà vu de pareils. Mais ces bestioles m'intéressent toujours, alors je saute encore mais cette fois : à la poursuite de la tâche rouge. Les couleurs qui m'entourent me sont agréables, elles sont claires. Le soleil chatouille mes moustaches qui frétillent alors que le vent passe entre chacun de mes poils clairs. Entre caramel, gris et blanc.

Et puis, sans avoir pu profiter du paysage, je me retrouve devant les deux énormes arbres. Les arbres qui ont poussés il y a de ça quelques jours. La tâche rouge et volante s'est posée sur l'écorce. Je crois qu'elle ne s'est pas posée assez haut... Je m'élance et plantes les petites griffes dont je suis affublée dans l'écorce dure. J'ai raté la tâche rouge, elle virevolte encore au dessus de ma tête. Je tente de me défaire de l'emprise de l'écorce, et brusquement, je me retrouve sur le dos. Je grogne.

Remise sur mes pattes, je ne cherche plus la tâche rouge. Cette fois, une autre chose attise ma curiosité... Une tâche bleue. Et une autre tâche un peu difforme. Les deux tâches se confondent, peut-être parce qu'elle sont trop loin de moi ? Lentement, je m'en approche, je tente de cacher mon museau dans l'herbe, je me baisse. Mais les deux tâches ne sont pas si loin. Et rapidement, je tombe nez-à-nez avec... la tâche bleue. Est-ce que c'est moi ? En bleu ? Je ne distingue pas grand chose, l'autre animal est une boule bleue. Ses poils sont longs... Ses oreilles sont pointues. Est-ce que les miennes le sont aussi ?
Une autre humaine est entremêlée à l'autre moi ; la tâche difforme.
J'observe curieusement.

Je miaule doucement.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 01 nov. 2019, 14:34, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

22 août 2019, 10:10
 RPG+  Enchevêtrement  LIBRE 
Le temps est doux. Quelques élèves se promènent ici ou là, mais bien peu pour la période. Il n’y a que moi, Zik et ces immenses arbres et leurs ombres qui se rapprochent de nous en même temps que s’échappe le temps. Les yeux balayant les lointaines rives, je songe. A la Maison, mais pas que. Je songe à Zuhri qui est quelque part à Pré-au-Lard avec pour voisins des Manteaux Noirs. Je songe à Ursula Parkinson Beurk et me demande comment elle peut avoir grandit avec de telles idées à notre époque. Je songe aux faits que l’on relate dans le journal, aux emprisonnements, à la disparition du Ministre. Encore une fois, je me demande si cela est bien juste. J’ai beau  vouloir comprendre la situation des deux camps, je dois avouer être perdue concernant celui de Parkinson — pourquoi, comment, à quelle fin ? me demandé-je constamment. Zik dit qu’elle veut imposer une nouvelle société et de nouvelles valeurs. Mais quel intérêt d’empêcher les sorciers d’origine moldu à vivre leur vie ?

Je soupire profondément et jette un coup d’oeil au Mngwi. Il regarde en direction du château ; je me demande à quoi il pense. Il pense beaucoup, Zik. Et moi aussi. Trop, même. Mais j’ai la solution pour ça. D’un geste souple, j’attrape mon sac que j’avais laissé tombé à terre. A l’intérieur, il y a un grimoire de sortilège. Malgré tout ce qui arrive, les examens se rapprochent et j’ai l’impression que cette année ils seront ardus. Mieux vaut réviser efficacement que penser inutilement.

« Tiens, c’est quoi ça ? » Zikomo se redresse, les oreilles dressées. Il regarde l’horizon ; je n’y vois rien.

« Un paon qui vient t’bouffer, peut-être ? »

Ma plaisanterie me fait sourire, mais Zikomo n’a aucune réaction. Je hausse les épaules et extirpe enfin le livre du gouffre qu’est mon sac. Je le pose lourdement sur mon genoux et l’ouvre à la page marquée par un morceau de parchemin.

« Quelque chose approche, » insiste Zikomo.

Je regarde dans la même direction que lui. J’ai beau plisser les yeux, je ne vois que l’infinité de l’herbes et des collines du domaine de Poudlard. « T’as peur des papil…, » commencé-je avant de me taire. Là, devant Zikomo vient d’apparaître un chat à l’air curieux et au pelage coloré. Zik s’est figé, tout comme moi, et nous regardons la bestiole s’approcher lentement. Il nous salue d’un miaulement.

« Rien qu’un chat, » dis-je en fronçant les sourcils. Je fais un tour d’horizon, mais n’aperçois pas le ou la propriétaire. Il y a bien ce groupe de garçons en contrebas, mais ils sont occupés à rire bruyamment. Je me décrispe légèrement — pas d’Autres en vu.

Pendant ce temps, Zikomo n’a cessé de soumettre le chat au jugement de son regard. Neutre, il se contente d’observer. Si le chat croit qu’il jouera avec lui, il espère pour rien.

« Où est son propriétaire, tu crois ? » me demande le Mngwi.

« Loin, j’espère, » grommelé-je. Puis, au chat : « Hey toi, t’as intérêt d’être v’nu seul. En fait, il est intéressé que par toi, Zik. L’a jamais vu d’truc aussi bleu. »

Je tends ma main pour la placer sous le museau du félin. C’est marrant, ce chat. Il me rappelle celui de Tyr — aucun moyen de me souvenir du nom qu’il lui avait donné. Je n’ai jamais revu ce chat. Et Tyr, à peine plus. Le garçon se contente d'apparaître de loin, de temps à autre. Le souvenir du jeune homme file dans mon esprit puis finit par disparaître dans les limbes de ma conscience. Un léger sourire aux lèvres, je regarde le chat.

11 nov. 2019, 22:16
 RPG+  Enchevêtrement  LIBRE 
A l’intérieur du château
Dans les escaliers vers le Premier étage


Lune vient de me quitter. Elle vient de s’élancer dans le parc, en me lassant là, derrière elle. Là, aux portes du parc. Là, toute seule. Mon cœur est toujours serré, alors que je m’emploie à monter lentement les marches des escaliers qui mènent au Premier. Je sais que je devrais sortir, je sais que Lune a raison de me laisser seule, je sais que je suis trop débile. *Vraiment trop débile* je pense en m’arrêtant devant la fenêtre. Dehors se dresse le parc, je distingue sa verdure à travers la vitre. Je devrais sortir. Mais j’ai bien trop Peur de sortir, c’est un sentiment qui me prend au cœur. Qui l’enchaîne et le meurtri. Ça me fait tellement mal que je préfère m’enfermer. Mais je préfère quand Lune est avec moi ; c’est si rassurant de voir ses yeux ronds et incroyablement blancs levés vers moi, de pouvoir caresser son dos et sentir ses poils doux contre ma peau – toujours froide. Les extrémités de mon Corps sont toujours très froides, de mes orteils à mes doigts. Je les fourre toujours dans les poches de ma robe de sorcier. Que je porte d’ailleurs. *J’ai froid !* alors qu’un frisson me fait sursauter. Je suis en équilibre entre deux marches quand je plonge finalement mes mains dans mes proches. C’est sur la marche suivante que je décide de m’arrêter pour de bon ; il faut que j’essaie de repérer Lune. J’aimerais beaucoup pour la suivre. Je me penche vers la fenêtre, le rebord de cette dernière est plutôt large, mon angle de vue n’est pas suffisant. Je me permets même d’aller jusqu’à monter sur le rebord ; mes deux genoux me tiennent en équilibre. Mais ils me font mal, *merde* pensé-je en posant une sur la dite-fenêtre pour m’assurer l’équilibre.

Maintenant, je n’ai plus qu’à me concentrer pour retrouver la boule claire et caramel qui doit s’y promener. De là, je peux voir l’immense arbre – ou les deux arbres ? – qui ont poussés récemment, tout récemment. Je frissonne encore. *Mince* J’ai froid alors que le Soleil brille. Et cette fois, je suis sûre qu’il brille, même si c’est à travers la fenêtre, il inonde mon visage de sa fichue Lumière. Je sais que j’aimais ça, je ne sais pas quand ça s’est arrêté. *Si, j’le sais* pensé-je contre mon gré. Je préférerais rayer cette journée de ma Mémoire. Mais au fond de moi, je le sais. Je sais que tout s’est arrêté ce 2 mai. Que tout s’est arrêté quand Poudlard est devenu une île. Je suis tellement débile.

« Oh ! » je m’exclame en collant presque mon visage sur la fenêtre de l’école. Je crois que je vois Lune. Elle virevolte dans le parc mais je n’arrive même pas à sourire ; je n’en ai pas du tout envie. Je réalise que j’aimerais être avec elle. Dehors… *Non, j’peux pas !* et je m’emploie à ne pas perdre la minuscule tâche crémeuse qu’est Lune. Elle s’approche dangereusement d’une autre tâche. Plus grosse… C’est un Autre élève ? Et… Qu’est-ce que cette tâche bleue ? Est-ce un autre animal ?
La tâche Lune se mélange à l’autre tâche.
Je tente d’approcher ma tête plus encore.

A l’extérieur du château
Dans le parc

Lune

Lune est un chat discret, et qu’on pourrait probablement qualifier de bien élevé. Lune ne dérange pas les affaires des camarades de dortoirs d’Adaline, elle se contente de fouiller dans les affaires de cette dernière. Elle n’a jamais l’air d’être agressive et a l’air d’aimer les gens, plus qu’Adaline tout du moins. Lune passe ses journées à se promener et à dormir. Elle laisse les élèves qu’elle rencontre la caresser, en leur adressant un miaulement.

Cependant, cette après-midi est plus palpitante que les autres. Le petit chat est en face de quelque chose de totalement nouveau. Elle est plantée devant une fille, ses cheveux sont châtains et Lune s’emploie à l’observer, la tête penchée. Ce ne dure qu’un instant, l’attention du chaton est happée par le pelage bleu du Mngwi – un renard bleu inconnu de Lune et plus encore d’Adaline. Même les mots que lâche la fille ne déconcentrent pas le chaton qui s’apprête à s’approcher de la sublime créature bleue. C’est quand elle tend sa main et la glisse sous le museau du chaton qu’il stoppe son avancée. Peut-être que l’inspection minutieuse de l’animal bleu – qui jauge le petit chat – peut attendre. Lune profite des caresses qu’on lui accorde, et se met même à ronronner. Mais finalement, alors que ses yeux clairs sont toujours posés sur le Mngwi, le chaton se décide à abandonner les caresses pour l’inspection qu’il a tant envie d’effectuer.

Lune quitte la fille pour se rapprocher de l’animal, assis sur ses pattes arrière, les oreilles dressées et le regard fixé sur l’autre boule de poils ; Lune. Le chaton s’approche dangereusement, le museau tendu. Il capte toutes les odeurs qu’il peut capter. Celle que dégage l’animal est particulière. Elle ne ressemble à rien d’autre. Elle est… Magique.

Un miaulement plus fort s’échappe de Lune, qui s’approche encore.

Magic Always Has a Price
6ème année

14 déc. 2019, 13:26
 RPG+  Enchevêtrement  LIBRE 
Je n’ai jamais aimé les contacts. J’ai toujours trouvé cela horripilant. Même quand Papa me prenait dans ses bras, toute petite déjà je braillais pour qu’il me lâche. Avant, c’était une lubie. Mais en grandissant, j’ai finis par comprendre que lorsque les gens s’approchent physiquement, ils parviennent à avoir un impact à l’intérieur de moi, dans mon coeur ou dans ma tête. Les sentir tout près de moi me fait me sentir fébrile, mon coeur s’emballe, ma peau chauffe, les frissons me guettent. Natanaël m’a dit un jour : t’es trop bizarre Aelle de pas aimer qu’on te touche. Je pensais réellement être bizarre jusqu’à ce que Maman m’avoue qu’elle ressentait tout comme moi.
Alors moi, je n’aime pas les contacts. Pas avec les humains. Pourtant, quand Zikomo s’est couché tout près de moi le premier soir, quand pour la toute première fois j’ai senti les doux poils de sa tête me caresser la joue, j’ai ressenti une chose que je n’avais jamais ressenti avant : je ne voulais pas qu’il s’éloigne. Pourtant, lui aussi est un corps tout chaud et ses yeux sont aussi vivants que le sont ceux des Autres ; mais avec lui, je me sens bien.

Lorsque le chat accepte ma caresse, mon coeur se soulève. Un peu comme avec Zikomo, mais en moins fort. Un sourire vient se déposer sur mes lèvres et je ne l’entrave pas. Non, je le laisse grandir, grandir jusqu’à ce qu’il occupe toute la place sur mon visage. Parce que cette caresse que je sens dans le creux de ma main, cette douceur, cette petite vie est si simple, si belle qu’il ne peut en être autrement. Ce petit animal est absolument tout ce qu’il y a de plus sincère dans ce monde : il aime les caresses alors il se laisse caresser, il est heureux alors il ronronne. Son ronronnement est d'ailleurs la chose la plus douce qu’il m’ait été donné à entendre et je ne peux retenir le petit rire qui me défracte la gorge ; un petit gloussement qui secoue mes épaules.

« J’adore quand ils ronronnent, » soufflé-je à Zik.

Le Mngwi me regarde mais ne dit rien, sûrement ne veut-il pas faire fuir l’animal. Je lui en suis reconnaissante. Celui-là n’est pas du tout comme les autres chats du château, c’est d’ailleurs le premier à venir me voir sans crainte, à s’approcher sans appréhension, sans idée préconçue. Mon esprit fait le rapprochement sans que je ne le veuille : *pas comme les Autres*, me souffle-t-il. Parce que les Autres quand ils viennent, eux, ils sont toujours riches d’idées qui leur bouffent la cervelle.

Tout à coup, le chat s’éloigne. Je fais claquer ma langue sur mon palais, déçue, mais tout sentiment négatif s’évapore de mon coeur lorsque je vois ce que s’apprête à faire l'animal. Curieux, les oreilles en avant, il s’approche de Zikomo qui ne moufte pas. Il ne secoue même pas une moustache ! Il le laisse s’approcher, encore et encore, jusqu’à ce que leur museau se frôlent. Le Mngwi se penche en avant pour combler la distance. Enfin, ses oreilles frémissent ; je le connais assez pour comprendre qu’il retient un rire. Je fais de même, la lèvre enfermée entre les rangées de mes dents, je me contrôle.

La bestiole miaule. Zikomo remue la queue. Je pousse doucement livre pour qu’il retombe sur le sol et me penche en avant, curieuse de ce qu’il se passe devant moi. Au loin, j’ai conscience du vent qui souffle autour de moi, du rire des garçons que j’entends plus bas, du balancement des feuilles d’Etash et Ojayit qui bruissent dans la brise. J’entends tout cela, mais la scène que je regarde me permet de m’en détacher complètement, comme si pendant un instant j’avais la possibilité de n’être que cela : une enfant qui s’amuse avec son ami.

Zikomo frémit lorsque son museau rencontre celui du chat. Et, alors que je ne m’y attendais pas, il ouvre la bouche et dit tout doucement, d’une voix basse et tranquille :

« Bonjour, toi. »

Excuse-moi d'avoir mis tant de temps, Plume. 

14 déc. 2019, 19:35
 RPG+  Enchevêtrement  LIBRE 

Le temps est doux. Il l'est presque autant que Lune. Lune est âgée de quelques mois, non c'est un peu plus que ça ; le chat est âgé de 7 mois. En fait, c'est encore un chaton. Il deviendra adulte lorsqu'il aura à peu près 18 mois. Mais Lune ne grandira probablement pas, c'est un petit chat. Et même si, en ce moment, elle est en pleine puberté de chat, son minois change mais pas sa taille. Et puis, Lune est là, dans le parc de Poudlard.

Et plus que ça, le chaton est en train de découvrir quelque chose. Ses oreilles tendues, il s'est approché de la Découverte. Si près qu'il l'a touché. Lune a sursauté, quand le museau du Renard bleu - du Mngwi - à frôlé le sien, contre toute attente. Les yeux, irisés d'un blanc très clair, presque transparents - les iris du chaton reflètent la moindre Lueur, à tout instant - du chaton louchent sur le museau sec de cette Découverte Bleue. Le Renard est en train de se pencher, pour approcher du chaton. Quelque chose tombe derrière Lune, qui en frissonne mais ne se retourne pas ; ce qui se passe est bien trop intéressant. Et puis, doucement, le Mngwi pose son museau sur celui du chat. Le contact, pourtant - le museau de la Créature Bleue Magnifique est sec, est humide. La truffe de Lune l'est beaucoup, le Renard a probablement dû le sentir, sous un toucher délicat. Incroyablement.

« Bonjour, toi. » énnonce le Renard. Cette fois, Lune sursaute carrément. Elle se redresse, abandonnant le museau de Mngwi. Même si ce contact était agréable, Lune est encore curieuse. Après s'être écartée d'une patte de chat, elle retourne à l'assaut. Lune effleure bientôt le visage du Renard, maculant de son pelage blanc le Bleu. Le chaton, les sens en branle, sent chaque partie que le Mngwi lui laisse sentir. Et, de toute sa curiosité, il pose sa patte sur celle de Renard. Ce nouveau contact le fait sursauter. Finalement, il recule largement. Et pour s'écarter, il met une patte derrière l'autre. A un mètre, un peu moins d'un, le chaton s'assied, posant son derrière dans l'herbe. Le vent passe dans son pelage, ébouriffant son visage. Puis il s'allonge, il miaule et fini par poser sa tête sur ses pattes, les yeux plantés sur le Renard.
Il en aurait presque oublié la fille qui est assise juste un peu plus loin encore.

Adaline
A l'intérieur du château
Toujours dans un escalier entre le Premier et le Deuxième étage


Sous mes yeux, je suis sûre de regarder Lune. *Mince* je pense quand je me rend compte qu'elle n'est pas avec moi, mais là-bas, dans le Parc. Mais je ne peux rien y faire. Je suis penchée à une fenêtre, du mieux que je peux. Ma robe de sorcier tire sur mes épaules, elle est probablement prise dans le petit renfoncement d'une pierre usée. Je grogne. Plus encore quand le chaton, Lune, sous mes yeux, se fait caresser par une Inconnue. Je fronce les sourcils, peut-être pour mieux voir ? Mais mon regard se détourne brusquement lorsque je crois reconnaître... *ça peut pas être elle !* C'est pourtant Elle. Qui m'a humiliée - faux. Elle qui me surplombe largement en tous points. Des connaissances au Savoir-être.

Je secoue la tête, en quittant la fenêtre. Et me voilà, je me dresse dans un escalier, complètement seule. Sur mes paupières que je clos se forme l'image de la Fille, de l'animal Bleu - que je n'ai même pas regardé assez, diable de moi - et de Lune. *Bordel !* Je pense en attrapant ma tête entre mes mains. Qu'est-ce que je vais faire, maintenant ?

Mais je ne suis pas au bout de mes peines. Bientôt, un Torrent de pas, de bruits, de voix s'élève au dessus de l'escalier sur lequel je suis plantée. Bientôt, ce Torrent déferle sur moi. Des dizaines d'élèves descendent les escaliers, je crois que la plupart sont Jaunes, des Poufsouffles. Leur salle commune est là, plus ou moins au bout de cet escalier ; je comprend. Mais je grogne. Des coups de coudes me brusquent, et un élève me lance « Bouge ! » Et je me le prend au visage. Un long instant, le Torrent ne s'interrompt pas, Torrent terrible, long, dense.

Et puis, les élèves se font plus rares. Les bruits et voix s'estompent en emportant avec leurs pas. Je souffle.

*J'devrais remonter* je pense, en croisant le dernier élève qui a décidé de descendre cet escalier. Je me mets en marche ; il me faut rallier mon dortoir.

Magic Always Has a Price
6ème année

23 déc. 2019, 10:34
 RPG+  Enchevêtrement  LIBRE 
La réaction du petit être est instantané : il sursaute. En miroir, comme un pâle reflet languissant, je me redresse, le coeur agrandi de surprise. Fascinée, je regarde le chat Découvrir. Il comprend tout à coup que la chose bleue face à lui n’est pas tout à fait comme il se l’imaginait. Un peu comme moi quand, quelques mois après avoir rencontré Zik, je me suis rendu compte qu’il n’était pas seulement un Mngwi venu d’un pays lointain, une source de connaissance inépuisable, un Conteur né ; non, il était également l’être le plus… Le plus sincère que je connaisse et le seul, le seul près duquel je pouvais me pencher pour chuchoter au creux de son oreille bleue les choses qui me faisaient mal ; et celles qui me faisaient m’envoler. Et avec le temps, ce sentiment s’est renforcé. Plus encore depuis quinze jours, depuis que Zik peut m’accompagner partout et voir de ses propres yeux ces Autres dont je lui parle. Il n’a pas dit grand chose à leur propos. De toute façon, Zik préfère observer que parler. C’est peut-être pour cela que je l’aime autant.

Là encore, il regarde. Il toise. Il glousse à peine quand le petit chat vient se frotter à lui comme s’il n’était qu’un coin de mur. Il se laisse faire ; le chat s’approche et s’éloigne et s’approche. Et Zikomo répond à ses tentatives, il se penche sur lui, se laisse caresser et ne dit rien quand l’animal s’éloigne de quelques pas et s’installe dans l’herbe. Là, juste devant nous. Comme s’il voulait rester avec nous et qu’il était bien ici, sans condition, sans demande particulière. Merlin, si seulement les Autres n’existaient pas, si seulement il n’y avait que moi, Zikomo, Maman, Papa, mes frères, Thalia. *Gabryel… ‘t-être même Ebony* — une part de moi, la plus inconsciente, entend une pensée sur laquelle elle ne se penche pas : *y’a deux ans, y’aurait eu personne d’autre dans c’te liste, à part moi*. Il y a deux ans, peut-être aurais-je songé à Charlie. Mais Charlie n’est pas là, elle ne le sera plus jamais et c’est très bien comme ça. *Très bien*, me chuchoté-je comme souvent avant de donner un coup mental au souvenir pour qu’il aille rejoindre mes Limbes.

La tête sur les pattes, le chat se contente d’être. Et Zikomo, sur ma droite, se contenter d’être également, respirant lentement, le poil au vent. Mais lui, contrairement au chat, me regarde. Et comme bien souvent quand je croise son regard depuis le début du mois, lorsque je me rends compte que ce n’est pas un esprit que je regarde, mais bien un être d’os et de chair, des nuées de frissons dévalent mon corps, de mon dos à mes jambes, en passant par mon coeur qu’elles emportent dans leur Envolée. Doucement, j’approche une main. Je me penche, tordant mon bassin, écrasant mon ventre ; et je pose deux doigts sur le pelage de Zikomo. Je reste ainsi, le regard plongé dans celui doré du Mngwi, puis je m’éloigne et ramène ma main tout contre moi.

« T’es vraiment là, chuchoté-je, ébahie. Vivant. »

Notre quotidien.
Pas un jour ne passe sans qu’il n’ait lieu.
Parce que je n’en reviens pas qu’il soit là, pour moi — on dirait une grosse blague de l’univers.

« Vivant, oui, » murmure Zikomo sur le même ton, un léger sourire se devinant sur ses lèvres de créature.

Pour toi, entends-je dans ma tête. Mais je ne sais pas si ce sont mes pensées que j’entends ou celle de Zikomo qui, exceptionnellement, se sont fait entendre sous mon crâne.

Le Mngwi tourne la tête vers le chat, puis me regarde de nouveau : « Et lui, tu crois qu’il va rester combien de temps ? »

Je souris, détache difficilement mon regard de Zikomo pour le porter sur la petite boule de poil qui semble à son aise, son regard barbotant proche de celui de Zik.

« Elle, précisé-je à mi-voix. C’est une fille. » J’en suis persuadée, même si je ne sais pas très bien pourquoi. Cela se remarque, c’est tout. « Longtemps, j’espère, » rajouté-je du bout des lèvres. Je soupire profondément et lève la tête pour plonger mon regard dans le ciel, évitant soigneusement de regarder les grands arbres. « On est bien, là. On pourrait jamais partir. »

Mais on partira.
Après les examens, après les résultats, on partira. Moi et Zik. On ira à la Maison. Je suis certaine que Maman adorera Zik. Elle pourra longtemps parler avec lui, il lui apprendra un tas de choses super sympa. Et Papa… Sa douceur rencontrant celle de Zikomo, ils ne pourront que s’adorer, je le sais. Ensemble, ils feront battre mon coeur si fort que je ne pourrais plus respirer. Narym posera tout un tas de questions inutiles à Zikomo. Il lui demandera de veiller sur moi, je le sais déjà. Et le savoir me donne envie de sourire jusqu’aux étoiles. Natanaël, lui, je ne sais pas ce qu’il en pensera. Il sera surpris, il me posera des questions, mais à moi. Et d’où il vient ? Comment tu l’as eu ? Comment ça s’fait qu’il soit avec toi ? Et moi, je mentirais à tout va. Je l’ai dit à Zikomo, déjà : pas question de parler de Nyakane à qui que ce soit. Trop dangereux. Alors je dirais simplement que moi et Zik on s’est trouvés et qu'on a décidé de rester ensemble, c’est tout. Et… Zakary ! Que dira-t-il ? Zakary, je le crains. Il me reprochera de ne pas avoir parlé de lui dans mes lettres. A lui, je dirais que je ne voulais pas que les Manteaux Noirs apprennent l'existence de Zikomo parce qu’il est rare et que c’est dangereux. Oui, peut-être dirais-je cela. Peut-être.
Mais je me fous de ce que je vais dire. La seule chose que je veux, c’est rentrer à la Maison. Même si je ne vois pas Thalia de deux mois, ce n’est pas grave. 
Moi, je veux la Maison. Je veux rentrer chez-moi.

02 mars 2020, 13:24
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Dehors, là
Auprès d'eux


Auprès de la créature bleue et de cette fille, Lune a l'air tranquille. Ses oreilles semblent flotter au gré des courants de l'air et du Vent qui en est maître. Ses poils aussi subissent la volonté du Vent, s'écartant sur la peau claire en dessous, s'entortillant les uns dans les autres, dans une myriade de couleurs claires, crémeuses et douces.
Mais ses yeux, eux, aussi blancs qu'il est possible qu'ils soient, sont toujours grands ouverts. Une pointe de curiosité est toujours lisible dans ces derniers, dans le creux de leur blancheur et leur semblant d'innocence. Lune est un chaton, encore, et cela se voit sur sa mâchoire trop petite ; qu'elle est en train d'ouvrir grand dans un bâillement. Sa tête qu'elle avait posé sur ses pattes se dresse dans cet ultime mouvement, pour retomber lourdement.

Lune n'a pas l'air de vouloir bouger. Probablement restera-t-elle couchée là jusqu'à ce que la créature bleue décide que c'est assez, jusqu'à ce qu'elle et son amie humaine décident de se lever d'un même mouvement.
Mais pour Lune, c'est comme si ce ne sera jamais assez.
Ses yeux ne daignent même pas se fermer.
Elle contemple.


Au même moment,
Languissante,
Dans le dortoir des Gryffones

Adaline

Je viens de simuler un sourire pour l'odieux portrait qui ouvre ma salle commune. Je grogne à l'intérieur à chaque fois que je dois faire ce faux sourire. *Elle est odieuse* pensé-je, pour m'assurer que j'ai raison de le penser, toutes ces fois. Cette énorme dame, qu'est-ce qu'elle est odieuse. Si Lune savait parler, je lui demanderais : est-ce que j'ai raison ?
Mais... *Bordel* je pense, les sourcils froncés, Lune n'est pas là. A mes pieds, personne ne me suit. Et lorsque j'irais m'affaler dans mon lit, personne ne se blottira contre moi. Alors je traverse ma Salle Commune les sourcils froncés. Personne ne cherche à me parler, parmi les quelques gryffons qui sont là. Je ne suis qu'une petite Première Année, finalement. Ils ont tous l'air plus vieux, aux grains des voix qui entrent dans mes oreilles. Je passe derrière le canapé rouge, celui qu'occupe les plus grands, sans y jeter un regard. D'habitude, quand Lune marche à côté de moi, je me le permets. Mais je suis si nue, seule, que je file tout droit vers l'escalier en colimaçon.

Et bientôt, mes pieds me portent dans les marches. L'escalier tourne, encore, et encore. Mais à mesure que je monte, mes sourcils se détendent. Je suis seule, cette fois. Je n'ai pas à empêcher mes yeux de se promener. Même si il n'y a rien à voir, je me plais à regarder les marches de pierre et la colonne autour de laquelle je suis en train de tourner. Bizarrement, je me sens à l'abri, même si n'importe quelle fille pourrait surgir et m'emporter.

Pourtant, j'atteint mon dortoir, la deuxième porte sur le chemin, deuxième étage, sans être interrompue. *Ouf* je souffle, en poussant la miteuse porte en bois qui me sépare de l'allée de lits rouges. Tous sont encadrés par le même rideau rouge, et recouverts de la même couette. J'y jette un œil distrait, mais j'avance décidément. Je n'arrive à penser à rien, rien d'autre que Lune. Lune qui n'est pas avec moi ; qui flâne dans le parc. L'image de la boule de poils qui m'accompagne souvent au côté d'autres tâches persiste sur ma rétine. J'ai l'impression qu'elle ne partira jamais, cette image douloureuse.
Bizarrement, j'ai l'impression languissante que je ne pourrais jamais contenter Lune.
La lassitude et la flemme me prend.

Je m'assied lentement sur mon lit. Aucune fille n'est dans le dortoir. C'est ce qui me pousse à laisser ouverts les rideaux de mon lit à baldaquin. C'est aussi parce que le soleil me caresse doucement le visage que je laisse ouverts les rideaux.

Mes membres sont endoloris. Maintenant que je suis assise, je me demande comment j'ai fait pour tenir debout. Je m'allonge sur mon lit. *Mince* je pense, en me tournant sur le côté. Je pourrais dormir, ou étudier. Mais mes bras ne veulent plus bouger du tout, je serais incapable d'attraper quoi que ce soit. Mes yeux, eux aussi, refusent de se fermer. J'aimerais qu'ils puissent le faire, pourtant. Ils me font mal, ainsi ouverts, perdus.
C'est étrange.
Et ça me prend tout entière.

Je veux dormir. Je veux oublier cette sensation. Je veux me lever dans quelques heures et que ce soit derrière moi. Je veux ouvrir les yeux sur Lune qui m'aurait rejointe.

Mais ça s'empare de moi, alors que mes yeux sont ouverts. Ça me tire et m'emporte.
Je sombre.
Mais pas dans le sommeil.

Fin.


Pour Adaline, c'est ici que cela s'arrête. Pour le moment. Je te laisse écrire encore si tu le souhaites, Plume. Nous nous retrouverons bientôt.

Magic Always Has a Price
6ème année

09 mars 2020, 10:23
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La brise m’emporte. Elle caresse mes cheveux, coule le long de la pente en direction du lac et effleure la surface de ce dernier, faisant trembler l’eau. Le soleil est une couverture de bien-être qui me réchauffe de ses rayons et qui suspend le temps. Là, dans le parc, en si bonne compagnie, je ne sens presque plus les battements de mon coeur. J’en oublie la crainte qui murmure dans les couloirs, l’ambiance sombre qui fait se refroidir les coeurs et les discussions à n’en plus finir sur ce qu’il s’est passé il y a deux semaines. Ici, je suis toute seule en bonne compagnie. Les cris des Autres qui s’amusent un peu plus bas n’est pas dérangeant, ils me rappellent que je suis bien là, que je suis bien vivante, et que dans mon petit monde tout va bien.
Pas de Manteaux Noirs ici.
Pas de peurs, pas d’attaque.
Pas de Conseil ou que sais-je encore.
Seulement moi et mon coeur heureux. Moi et Zik. La vie paraît alors plus belle qu’elle ne l’a jamais été. Désormais, il ne pourra plus rien m’arriver de malheureux, je ne pourrais plus jamais pleurer ou crier, jamais je ne sentirais mes lèvres se retrousser de tristesse ou mes yeux se fendre de colère. Non, je serais toujours ce que je suis actuellement. Pleine d’une joie tranquille qui fait sursauter mon coeur à intervalle régulier et qui me fait aimer tout ce que je voix. Même cette ombre à l’orée de mon regard ; je la trouve belle et apaisante — Etash et *me rappelle plus*. Oui, tout est beau lorsque l’on est heureux.
Peu importe que le monde se casse la gueule.

Je baisse les yeux sur le chat. Il semble aussi bien que moi, le poil au vent et la truffe frémissante. Il observe avec sa curiosité féline ce qu’il se passe autour de lui *elle* et ne semble pas vouloir bouger. Tant mieux, qu’elle reste. Les chats sont apaisants, ils sont calmes et savent apprécier la beauté d’un rayon de soleil. Actuellement, c’est tout ce dont j’ai besoin. Je lui offre un sourire, même si c’est un chat et qu’elle n’est pas capable de comprendre pourquoi je souris. Zikomo, lui, le peut. Alors je me tourne vers lui pour rencontrer son regard qui sourit autant que le mien. J’ai appris avec le temps à deviner ce qu’il se passe dans son crâne en observant son visage ; je suis étonnée de savoir aussi bien le faire, même depuis qu’il a retrouvé sang et os. Ce qui m’effraie légèrement, c’est qu’il semble tout à fait capable de faire de même avec moi. Mais la plupart du temps, je m’efforce de ne pas y penser.

Avec un soupir d’aise, je me laisse tomber en arrière, posant ma tête sur l’herbe fraîche et étendant mes bras le long de mon corps. Je balance mon regard dans le ciel, plissant les yeux pour échapper à l’éclat du soleil. Mon corps se détend peu à peu, je me laisse caresser par le vent. Un mouvement attire mon attention. Zikomo, sans un mot, me rejoint et se roule en boule contre mon épaule. Il pose son museau sur cette dernière et je sais sans le voir qu’il ferme les yeux, prêt à se reposer — et à digérer les rongeurs qu’il a goulûment avalé, très certainement. Sa chaleur contre moi ne me dérange pas. Elle ne me répugne pas comme lorsque je frôle des Autres ou que Papa me serre contre lui ou quand Zakary plaque ses lèvres sur ma joue. Elle est naturelle, la chaleur de Zik, elle ne m’a jamais rebuté. Peut-être parce que c’est une créature et pas un être humain. Les êtres humains sont plus dérangeants, plus dangereux.
Zikomo, lui, il est parfait.
Zikomo, lui je l’aime.
Je pourrais rester toute ma vie ainsi. Regard au ciel, coeur en amour.

- Fin -


Merci pour cette tendre Danse et à bientôt, pour voler dans les Mots.