Arya se promenait dans le parc, profitant du soleil qui pointait enfin le bout de son nez. Le temps s'était réchauffé, et elle avait enfin pu enlever cette maudite robe de sorcier qui la gênait dans tous ses mouvements. Ce jour-là, elle ne portait donc que sa chemise sur le dos, avec la jupe éternelle de l'uniforme des filles. Arya enviait les garçons, eux qui avaient le droit de porter des pantalons. Seule sa cravate marquait son appartenance à Gryffondor.

Perdue dans ses pensées, elle se surprit à songer à son dernier cours d'escrime, remontant déjà à Noël dernier. Son professeur lui manquait, mais pas seulement. Si le vol sur balai était une activité des plus passionnantes, Arya préférait encore le maniement de l'épée. Elle eut soudainement l'envie de s'entraîner, là, tout de suite. Bon, ce n'était certainement pas le lieu le plus approprié, mais elle n'aurait pas d'autres occasions aussi belles. Elle ne distinguait personne aux alentours, seulement des élèves dont elle ne pouvait voir que les silhouettes, au loin. De plus, elle avait peur d'avoir régressé. Se souvenait-elle au moins des mouvements de base ?

Mais un autre problème se posait. Elle n'avait pas de sabre, ni d'épée ou de fleuret sous la main. Elle jeta un regard autour d'elle et ses yeux s'arrêtèrent sur une fine branche de bois, aux pieds d'un arbre non loin de là. Ni une, ni deux, elle le rejoignit et s'empara de la branche qu'elle cassa en deux pour qu'elle mesure la taille d'une épée lambda.

Elle ne prit même pas le temps de vérifier une deuxième fois que le parc était quasi-désert et entreprit un premier mouvement. Son corps se souvint immédiatement de ce geste tant de fois répété et l’exécuta à merveille. Satisfaite de son premier essai, Arya se remémora ses entraînements et continua sa danse solitaire, imaginant que son professeur était devant elle, lui donnant des corrections pour s'améliorer. Elle pourrait presque entendre sa voix lui donner des indications, l'arme à la main. Perdue dans sa passion, la fillette avait perdu toute notion du temps.

« En faite, il est bien, ce cahier.. »

Certes, il était moche mais il était confortable et les carreaux aidaient à faire de meilleures visages-patates mais c'était impossible de lui retirer des feuilles proprement sans les spirales magiques qui maintenait le tout.. Mais il était quand même sympa donc Hestia n'avait pas trop de quoi s'en plaindre !

Elle finit tout de même son espèce de dessin d'un coup de crayon puis se permit d'admirer son œuvre qui était son premier dessin-pas-visages-patates : un rectangle debout ! C'était ce que verrait n'importe quel individu mais, aux yeux de la fillette, c'était son ancien carnet où elle gravait toutes ses idées, tous ses dessins désastreux.. C'était le vaillant combattant qui avait péri dans l'eau du lac qui se trouvait juste devant elle. Tout ça à cause de Mr Briggs et son horrible bourrasque !

Après avoir fini son hommage envers le défunt, la grande Générale Hestia se leva pour sacrer la nouvelle recrue, celle qui remplacerait Carnet : Cahier. Certes, au début, elle détestait ce cahier qui s'immisçait dans sa vie comme de rien n'était.. Mais, avec le temps et le désire d'évacuer ses idées, elle accepta ce que la vie avait à lui offrir et engagea ce cahier.

C'est donc l'esprit embrouillé par des coutumes chevaleresques que l'endeuillée glissa son nouvel allié dans sa sacoche et se dirigea d'un pas lourd vers le château qui se présentait au loin.. Avant d'interrompre sa marche : avec qui se battait cette Gryffondor, là-bas ?

La Générale s'approcha prudemment de la fillette qui semblait être victime d'hallucinations : elle se battait avec ardeur contre du rien.. Peut-être quelqu'un l'avait-il empoisonnée ? Ou peut-être que cette valeureuse chevalière essayait simplement de s'entraîner afin de faire face à son ennemi.. Mais quel ennemi ?! Peu importait : s'entraîner contre de l'air n'avait jamais formé quelqu'un !

À ses pensées, la jeune Andrew s'empara d'un bout de branche brisé qu'elle trouva là, sur l'herbe, avant de s'avancer d'une manière qu'elle imaginait furtive et de parer un coup porté en débarquant par le côté.

- Êtes-vous victime d'hallucination ou cherchez-vous un soldat afin de vous entraîner ?

Arya se figea lorsque sa lame – non, son bout de bois en rencontra un autre. Prise en flagrant délit, elle lâcha son arme qui chuta dans l'herbe, les yeux écarquillés.

– Heu, je... je... balbutia-t-elle, affolée.

Elle parvint à se reprendre en examinant son interlocutrice. C'était une première année, tout comme elle, elle n'avait pas à paniquer. Pour l'avoir déjà vu en salle commune, elle la savait à Gryffondor. Elle avait sûrement dû se demander ce qu'elle fabriquait. Elle tenait un cahier à la main, ce qui surprit quelque peu Arya. Ici, tout le monde utilisait des parchemins, pas de matériel moldu. Mais bon, après tout elle venait de se servir d'une branche comme d'un fleuret, alors...

– Je m'entraîne, s'expliqua-t-elle avec plus d'assurance. C'est tout. Désolée, je ne voulais pas t'embêter, je... je vais partir.

Elle n'avait jamais réussi à s'entretenir correctement avec un inconnu. Sans se demander si son interlocutrice l'avait comprise, elle ramassa son bout de bois. Hors de question de le laisser ici. Il avait la taille, le poids et la largeur parfaite, elle pourrait le réutiliser plus tard si l'envie lui prenait. Et puis, avec un peu de chance, il rentrait dans sa valise, et elle pourrait même le ramener chez elle pour s'entraîner dans son jardin, à Dover.

Elle tourna le dos à sa camarade et commença à s'éloigner tout en se demandant comment elle pourrait rentrer dans le château sans paraître trop étrange avec sa branche à la main. Elle pourrait peut-être la cacher sous sa chemise... Mauvaise idée, cela ne ferait qu’accroître le soupçon. Et si on ne la laissait pas rentrer ? C'était juste un bout de bois, non ? Dans le pire des cas, elle pourrait toujours cacher la branche quelque part dans le parc, loin des regards...

« Mais.. Pourquoi elle part ? »

La mine d'Hestia se décomposa tandis qu'elle sortait de ses rêveries enfantines et essayait de se rappeler de ses paroles : elle avait juste demandé si elle pouvait se battre avec elle.. Ou si elle avait des hallucinations.

« Peut-être que tu l'as vexée en la traitant de folle ? »

Mais non ! Avoir des hallucinations, c'était pas être fou, déjà ! Et puis c'était même pas notre faute quand on en avait : c'était la faute des champignons embêtants qui lâchaient des gaz toxiques sur les aventuriers !

Elle lâcha son bout de branche avant de se précipiter de rattraper la chevalière qui disparaissait au loin vers le château :

- Hé, attends !

« C'est bien beau de dire "attends" mais faut dire quelque chose, derrière ! »

Mais quoi.. ? Qu'était-elle censée dire ?! Qu'est-ce que cette inconnue avait dit, déjà ? Ah oui ! Elle pensait qu'elle la dérangeait.

- Tu me dérangeais pas, c'est même moi qui te dérangeait.. Je suis désolée si j'ai gâché ton entraînement, tu peux le reprendre.

La fillette, satisfaite de ses excuses, se dirigea elle-même vers le château.. Mais s'interrompit bien vite lorsqu'elle sentit qu'il lui manquait quelque chose : cette désagréable impression d'avoir quelque chose dans la main.. Alors que ce n'était pas le cas.

« La branche ? »

Mais oui, la branche ! Une branche-épée avec laquelle elle pouvait se battre ou taper sa cousine de loin ! Ce n'était pas une occasion à louper.

Cependant, lorsqu'elle se tourna, une énième fois, vers la branche qu'elle avait délaissée, elle se rendit compte de la supercherie : elle était désarmée face à un adversaire qui venait de s'entraîner et qui, lui, avait une arme. Cette chevalière faisait-elle en réalité partie de l'affreuse Confrérie des Balais ?! Cela ne m'étonnerait pas, étant donné sa fourberie et sa cravate rouge.

- Malin..

Arya sursauta lorsque sa camarade la rappela. Elle n'avait pas oublié sa présence, non, mais était perdue dans ses pensées, comme trop souvent. Elle se retourna vers la première année qui lui présenta des excuses, lui indiquant qu'elle pouvait continuer de s'entraîner, avant de partir à son tour vers le château.

La fillette prit quelques secondes à réagir. Bon, peut-être qu'elle s'était levée trop tôt ce matin.

- Attends... Quoi ? Mais...

L'inconnue fit volte-face, mais pas grâce aux bégaiements d'Arya. Non, elle semblait chercher quelque chose dans l'herbe. La jeune Gryffondor suivit son regard et remarqua la branche qu'elle devait avoir laissé tomber. Un petit silence tomba entre les deux élèves, jusqu'à ce qu'Arya se rende compte que l'inconnue fixait son arme à elle - non pardon, son bâton. La fillette fit passer son regard plusieurs de sa branche à l'inconnue, avant d'enfin comprendre la situation. Finalement, c'était peut-être qu'elle n'avait pas assez dormi.

- Tu... te sais te servir de ça ? finit-elle par demander en désignant sa branche. Si tu veux, on peut se battre ensemble. Je vais pas t'attaquer alors que tu es désarmée, hein. C'est un principe.

Ou peut-être qu'elle ne voulait pas du tout se battre et simplement récupérer sa branche ? Pourtant, il lui semblait qu'elle lui avait proposé, tout à l'heure... Peut-être n'en avait-elle plus envie ? Et pourquoi diable Arya avait toujours du mal à se faire comprendre de ses paires ?

- Ah.

Eh bien, visiblement, son "adversaire" n'était pas si méchante : elle ne souhaitait pas combattre quelqu'un de désarmé !

« Ou peut-être qu'elle attend simplement que tu prennes ton arme pour te donner un coup dans le dos pour respecter ses "principes" ?! »

Chut, cerveau.

- Baah.. On va dire que j'ai quelques bases avec "ça".

« Par "quelques bases", tu sous-entends tes combats de cuillère avec Isaac ? »

Et en quoi les combats de cuillère avec son cousin seraient de mauvaises bases ? Et puis, de toute façon, elle avait aussi testé d'autres armes comme le coussin ou le truc pour attiser le feu de cheminée !

« Et t'es sûre que ces entraînements suffiront ? »

Bah.. Ça ne devait pas être plus compliqué qu'avec le truc pour attiser le feu de cheminée.. Même si ce truc était quand même hyper lourd et qu'elle le portait généralement à deux mains comme un sabre.. Ou un espadon, plutôt, vu son manque de grâce dans les gestes.

- Eh bien, je serai ravie de faire un combat avec vous, preuse chevalière !

« Preux se met au féminin ? »

Chut ! Ça pouvait se mettre au féminin, c'était obligatoire : les filles aussi avaient le droit d'être chevalière.

« Et, chevalière, ce n'est pas une bague ? »

Si....

Sa cousine avait cassé les délires de chevalière de la fillette il y a déjà longtemps. Elle avait d'ailleurs été assez dégoûtée sur le moment.. Mais ne s'en était pas occupée plus que ça derrière. Pourquoi cela lui revenait d'un coup, comme ça, pour gâcher cette bataille qui s'avérait être si épique ?!

Malgré l'éternelle guerre qui se faisait dans son cerveau, Hestia garda un air hautain chevaleresque en se dirigeant vers son épée : elle était dans le rôle, elle ne pouvait pas le quitter !

« Même en cas d'incendie crânien ? »

Même en cas d'incendie crânien.

Elle se saisit finalement de son épée - qui était, cette fois-ci, bel et bien une épée et non espadon - et s'avança lentement vers son adversaire, tête haute, regard de défi et sourire enfantin qui trahissait son excitation.

Arya sourit lorsque l'inconnue accepta le combat, surtout en l'appelant "chevalière". Quand elle était petite, elle rêvait souvent de combattre dans les temps médiévaux, sauvant le monde avec son épée et son armure. Et même si les femmes combattantes n'étaient pas très présentes dans les récits de cette époque, la fillette continuait de s'imaginer mille et une aventures, devenant pour l'espace de quelques instants l'héroïne qu'elle souhaitait être.

Son adversaire reprit sa branche et vint se placer en face d'elle. Arya ne pouvait retenir son sourire. Elle n'avait jamais espéré pouvoir trouver une véritable adversaire pour s'entraîner en se promenant simplement dans le parc. L'escrime n'était certes pas une pratique magique des sorciers, mais la jeune Gryffondor la trouvait tout aussi noble.

Elle plaça son arme à la verticale à quelques centimètres de son visage, comme son professeur le lui avait apprit il y a déjà cinq ans, lorsqu'elle commençait ce sport. Elle effectua le salut traditionnel, attendant que son adversaire face de même. D'ailleurs, en parlant d'elle, elle ne connaissait toujours pas son prénom... Peut importait, elle pourrait très bien lui poser la question à la fin du combat. À condition qu'aucune d'elles ne s'enfuient vers le château, cette fois. En fait, il valait peut-être mieux qu'elle le lui demande pendant le combat, et non ensuite, après réflexion...

Fidèle à elle-même, Arya commença immédiatement à lancer son offensive, favorisant l'attaque à la défense. Voyons comment son adversaire se débrouillerait...

Elles étaient maintenant face à face, prêtes à... Ah non, il fallait d'abord saluer.

Hestia leva son épée à la manière de son adversaire : elle avait vu les chevaliers se saluer comme ça dans l'unique film qu'elle avait vu sur ce thème. Ça devait être une tradition très importante pour que, même ici, à Poudlard, on l'exécute !

Enfin bref, c'était enfin l'heure du combat, le véritable duel, la bat... Argh ! Mais elle attaquait déjà ?!

Pris par surprise, les réflexes de la jeune fille ne suffirent pas à parer le coup porté qu'elle reçu au bras gauche.

« Bon.. Là, techniquement, t'as plus de bras. »

Mais elle ne pouvait pas prévenir avant d'attaquer ?!

« Attaque "surprise", ça te dit quelque chose ? »

Mais pas si ça lui coûtait un bras ! Ça faisait mal, quand même, de perdre un bras.. Enfin.. Elle supposait que ça faisait mal : elle n'avait jamais perdu de bras auparavant.

Bon.. Que pouvait-elle faire, maintenant ? La jouer honnête et se tordre de douleur au sol ou attaquer comme s'il ne s'était rien passé ?

« Pourquoi pas un mixte des deux ? »

Un mixte des deux.. ? Mais comment pourrait-elle..

Le regard d'Hestia s'illumina lorsqu'une idée lui traversa la tête. Certes, déloyale, mais digne des plus grandes idées de génie !

Elle tomba alors lourdement au sol en prenant soin de jeter son épée à portée de main avant de se tenir le bras gauche de douleur.

- Grands dieux ! Je perds mon bras !

Il ne suffirait plus que la chevalière se penche pour l'aider et, bam, elle lui sauterait dessus !

Arya avait à peine porté son premier coup sur son adversaire que cette dernière chuta au sol, criant douleur en tenant son bras gauche. La fillette resta un moment éberluée, surprise. Elle n'avait pourtant pas eu l'impression d'avoir frappé fort. L'escrime était avant tout une affaire d'agilité, et non de force, aussi jamais elle n'aurait pu penser pouvoir faire mal à quelqu'un avec. Peut-être que la branche y était pour quelque chose ? Ou bien son adversaire avait menti pour lui faire plaisir et elle ne s'y connaissait pas vraiment. Malgré tout, son cri de douleur lui semblait bien exagéré.

Elle s'approcha de sa camarade en lui tendant sa main droite, la gauche tenant toujours sa branche.

- Désolée, je n'avais pas l'impression d'avoir frappé fort... s'excusa-t-elle en la regardant dans les yeux. Tu as besoin d'aller à l'infirmerie ?

Elle savait bien que de s'entraîner au milieu de Poudlard n'était pas une bonne idée. Elle aurait dû s'empresser de ranger son arme une fois qu'elle l'avait trouvé, et non s'amuser comme une enfant immature dans le parc. Elle voulait sans cesse prouver à sa famille qu'elle n'était pas si "sauvage" comme elle lui reprochait tout le temps, mais au final, elle ne faisait que leur donner raison. Elle se maudit intérieurement, serrant sa branche fort dans sa main pour ne pas exploser.

Bingo ! Elle se pench... Ah mais elle sortait de son rôle de loyale chevalière, en même temps ! C'était nul..

- Baah.. Non.. Mais, dans le jeu, tu m'as coupée un bras, non ?

.. Non ?

« Ou peut-être qu'elle avait simplement pas le même délire intérieur et qu'elle t'avait simplement entaillée le bras.. »

Mais c'est toi qui a dit que j'avais plus de bras !

« .. Voire qu'elle pensait que ton armure en fer t'aurait protégée ? »

Oh.. Peut-être..

Mais la Générale Hestia était bien trop forte pour porter une armure aussi lourde, voyons ! C'était un point qu'il fallait préciser, tiens : quel type d'armure étaient-elles censées porter en ces circonstances ?

Mais, déjà, quelles étaient les circonstances ?

La rencontre était-elle prévue dans une arène ? En petit comité directement dans la cour du château ? Ou en privé et en secret dans les bois, peut-être.. ? À moins que ce ne soit une embuscade dans les bois ! .. Voire même une bataille acharnée entre les deux contrées ?!

La brunette se saisit finalement, d'une main hésitante, de son bout de bois : le combat reprenait-il alors qu'elle était en position de faiblesse ? Redémarrait-il de zéro ? Est-ce qu'il était censé reprendre alors qu'elle avait été désarmée ?

« Bah demande à la pro, non ? »

Pas bête.

- Euh.. Du coup.. On recommence.. ?

« T'as d'autres trucs à demander, non.. ? »

- Ah oui ! Et, euh, tu portes une armure en fer ou en cuir ?