Enfin le printemps ! Enfin, je peux sortir en jupe sans collants, enfin le monde n'est plus en noir et bleu. Et aussi, je peux enfin traîner mon cousin dehors.
C'est donc ce qui nous amène dans le parc, sous un arbre près du lapacho. Teddy et moi sommes seuls et nous avons prévu de quoi buller au calme : une nappe, un livre chacun, deux bouteilles de jus de citrouille et une petite boîte de biscuits et bonbons sorciers.
Nous nous installons, puis, nous nous mettons à papoter. Edward m'écoute lui raconter mes cours et mes rencontres les yeux mi-clos, puis il ouvre ses yeux bleu nuit (je contate qu'il n'a pas mis sa lentille) pour me regarder, l'air réjoui lorsque je lui annonce avoir décidé de jouer dabs l'équipe de Tally Jenkins. Il me raconte alors a son tour ses cours, comment ses matières le passionnent et les amourettes qui naissent dans son année.
Lorsqu'il a fini, il pose sa tête blonde sur ses bras, se retouvant ainsi en position allongée sur le dos, et nous avons fini la moitié de la bouteille.
Finalement, nous nous mettons à lire. Lui, il lit un roman de cape et d'épée en français, et moi, je lis les Fables de Jean de la Fontaine, toujours en français. De temps à autre, l'un d'entre nous demande à l'autre la signification d'un mot ou d'une expression et nous essayons de prononcer ces fameux mots. Aussi, le roman de Teddy fait des allez-retours réguliers avec son dictionnaire grâce à un translatio.
Au bout d'une bouteille de jus et la moitié des biscuits, Edward rompt le silence:
«J'ai du mal à m'imaginer la scène que je lis. Tu pourrais me la mimer,
Awena ?
-Quel genre de mime est-ce ? je lui demande en français, mes yeux toujours rivés sur mon livre.
-C'est un duel. répond -il de meme. Je ne suis pas sûr que l'on dise "Quel genre de mime est-ce ?" en bon français. Ça je serait pas "quel genre de scène est-ce ?"poursuit-il mi en anglais, mi en français
-Tu dois avoir raison. Mais je n'ai rien pour mimer le combat. Je pose mon livre, puis je le regarde translater mon livre et un autre à lui. Il s'agit du Livre de métamorphose pour sorciers s'ennuyant ferme ou qui veulent voyager léger. .
«Il y a le sort qui me permettra de métamorphoser un bâton en fleuret dedans. »
Au bout de dix minutes, une branche tombée par terre devient un magnifique fleuret, et cinq minutes plus tard, poignée orthopédique en main, je suis en train d'exécuter les mouvements que lit Edward, les chevaux au vent et me prenant pour un chevalier, malgré ma jupe plissée bleue et mon chemisier un peu plus clair.

Après sa rencontre avec la mystérieuse élève de Gryffondor, Arya était régulièrement venue au parc avec sa branche en guise d'arme pour s'exercer à l'escrime. Elle avait vraiment peur de découvrir qu'elle avait régressé lorsqu'elle rentrerait à Dover et verrait son maître d'arme. Elle venait donc au parc le week-end principalement, cherchait un coin tranquille où personne ne viendrait lui demander ce qu'elle était en train de faire, et reproduisait les mouvements appris au fils des années. Elle ne voulait pas décevoir son professeur et se forçait à se remémorer chacune de ses corrections. Elle l'entendait presque ses recommandations au creux de son oreille.

Attention, ne plie pas autant des genoux, tu finiras par te faire mal. Ne considère pas ta main libre comme un poids inutile. Tu es gauchère, sers t'en pour déstabiliser ton adversaire en début de combat.

Elle avait hâte que l'année se termine pour qu'elle puisse reprendre ses cours. Elle voulait à nouveau revêtir cette tenue blanche et ce casque qui mettait comme une grille entre elle et le reste du monde. Elle voulait de nouveau sentir la transpiration après un entraînement de plusieurs heures.

C'est avec ce genre de pensée qu'elle traversa le parc en jetant des regards autour d'elle dans l'espoir de trouver un coin tranquille. Ses yeux se posèrent malgré elle sur une jeune fille non loin d'elle. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu'elle vit un fleuret dans sa main. Quelle coïncidence ! Curieuse, elle s'approcha d'elle, comme aimantée. Avant Poudlard, sa vie se résumait à l'escrime. Elle avait toujours été attirée par tous ce qui avait un rapport avec cette passion.

- Excuse-moi, c'est un fleuret ? Tu fais de l'escrime ? demanda-t-elle de but an blanc.

Arya n'était pas du genre à y aller par quatre chemins. Lorsqu'elle voulait savoir quelque chose, le peu de politesse dont elle était capable s'envolait et les bonnes manières avec. Tout ce qui lui importait, c'était de savoir si quelqu'un d'autre dans ce château aimait autant l'escrime qu'elle.

Une voix féminine m'arrête net dans un mouvement et arrête aussi Teddy dans sa narration emjouée et enflammée. Je baisse mon fleuret qui était pointé sur la fille aussi frêle que moi, mais plus petite en taille que moi. Ce qui fait d'elle quelqu'un d'assez petit, étant moi même dans la moyenne de taille.
Avec un léger sourire, j'hoche la tête doucement pour lui répondre
«Oui. Je suppose que toi aussi. Tu veux un fleuret toi aussi ?»
Sans attendre sa réponse, je me dirige vers une autre branche tombée au sol, à vingt ou vingt-cinq mètre de nous, et la remmène à mon cousin blond qui l'atrape.
«Tu feras bien un duel avec moi ? Je n'en ai plus fait depuis des lustres,
me semble-t-il ! »
«Ce sera un fleuret pour toi aussi ?»
Tandis que mon cousin et la fille règlent les details techniques, je m'echauffe doucement, excitée à l'idée de livrer un duel après tout ce temps passé à le faire seule et contre un enemi qui n'était pas là.
Je vais même peut-être m'en faire une amie, et c'est cool ça. Je natte rapidement mes longs cheveux en une tresse simple pour ne pas manger mes cheveux lots du possible duel. Que j'ai hâte ! J'espère qu'elle va accepter! Je pourrais même sautiller de joie et d'excitation, mais cela ferait trop petite fille de 11 ans. Or j'en ai 12, c'est bien plus et très important, assez pour être noté !

La réponse de la fille éclaira le visage de la Gryffondor. Quelqu'un d'autre qu'elle faisait de l'escrime à Poudlard ? Et elle venait de la trouver ? Décidément, elle avait choisi la bonne journée pour sortir !

Quand elle lui proposa un fleuret, la fillette hocha vigoureusement la tête, enjouée par cette idée. Un véritable fleuret ? En dehors de son habituel gymnase d'entraînement ? À Poudlard ? C'était la meilleure idée du monde. Si elle avait été capable de le faire, elle aurait certainement déjà pleins d'épées, de sabres et de fleurets à sa disposition. Malheureusement, Arya n'était pas très douée pour la métamorphose, et n'aurait donc jamais réussi cette prouesse d'elle-même, en partant du principe qu'elle avait le niveau suffisant.

La fille s'empara d'une branche à terre et la tendit au garçon blond près d'elle. Elle lui proposa un duel, et immédiatement, un sourire fleurit sur le visage de la Gryffondor. Ce sera son deuxième duel en un mois. Quelle chance de tomber sur un adversaire expérimenté !

- Oh oui ! s'exclama-t-elle. Avec plaisir !

Le garçon lui proposa un fleuret, et elle hocha la tête.

- Un pas trop grand s'il te plaît. Comme ça, lui indiqua-t-elle en étendant ses bras pour lui montrer la mesure qu'elle désirait.

Une fois qu'elle eut son arme, la Gryffondor prit le temps de l'examiner de long en large, heureuse d'enfin pouvoir toucher une arme d'escrime depuis Noël. Elle la manipula rapidement, le temps de s'habituer à elle. Entre-temps, la fille s'était échauffé et attaché les cheveux. Arya se plaça devant elle, un sourire espiègle collé sur le visage, et brandit le fleuret à la verticale, à quelques centimètres de son visage pour exécuter le salut.