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04 nov. 2019, 16:44
Affreux escargot  A.L 
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~ Blaze Rosenberg, deuxième année ~

@Anathema Lyndon
Début septembre 2044

L'été avait été épouvantable. Papa et maman ne se parlaient plus. Le divorce, c'était nul. Ils étaient toujours agacés et passaient leur temps à essayer de se convaincre que l'autre ne savait pas s'occuper des enfants, prêts à trouver tous les prétextes et arguments pour obtenir la garde exclusive des petits. C'était nul, et ils étaient tellement concentrés sur leurs papiers administratifs, le partage des biens et tous les autres problèmes d'adultes que ni papa, ni maman n'avaient songé à préparer le gâteau d'anniversaire préféré de Blaze. Il avait vécu le pire anniversaire de sa vie, surtout qu'entre les dettes, la boisson de papa et les autres soucis d'argent liés aux divorces, les cadeaux étaient plus modestes. Il en avait eu que neuf, en plus. Et Herschel et Eliott, ses meilleurs amis, ne lui parlaient plus. Blaze avait cassé les lunettes de Herschel parce qu'il l'énervait à pleurnicher à longueur de journée, puis après, il avait voulu s'excuser mais trop tard : c'était le départ pour les grandes vacances. Et ils étaient restés en froid. Et à la rentrée, pas le moindre signe de la chevelure rousse de son ami. Quant à Eliott, il avait décrété qu'il en avait marre que Blaze recopie toujours ses devoirs et il n'avait pas aimé non plus quand le petit brun avait cassé les lunettes de leur ami commun. 

En bref, Blaze débutait cette année scolaire de manière bien solitaire. Et il ne fallait décevoir ni papa, ni maman qui comptaient tous les deux sur lui pour avoir de meilleures notes que l'année passée. Maman lui avait dit de se faire de nouveaux amis. Oui, il y penserait, à l'occasion. La maison Serdaigle avait un avantage considérable : elle regorgeait d'élèves brillants. Dans un premier temps, il devait donc trouver une nouvelle personne qui accepterait de lui donner ses cours, puis ses devoirs, afin d'accomplir sa première mission : améliorer ses notes. Et peut-être porter son sac aussi, les manuels de deuxième année lui semblaient plus lourds que ceux de l'année précédente. C'était ce genre d'ami qu'il lui fallait.

Bien. Cible en vue. Blaze se mit en garde à la manière d'un chasseur à l'affût de sa proie. Il plissa les yeux parce qu'il avait vu des guerriers le faire dans un film moldu. C'était classe. Blaze Rosenberg était la classe incarnée. Anathema Lyndon avait une parfaite petite tête de victime. Il avait le teint pâle et semblait peut-être un peu ailleurs, comme sur une planète qui n'appartenait qu'à lui. Le petit bagarreur n'en ferait probablement qu'une bouchée. Le seul problème d'Anathema Lyndon étant qu'il traînait souvent autour d'Azaël Liderick. Mais au fond, était-ce vraiment un problème ? Malgré les remontrances de leur directrice de maison l'année précédente, le petit Serdaigle était plus que ravi d'avoir potentiellement un nouveau moyen d'attirer l'attention de Liderick sur lui. Ce naze lui avait peut-être un peu manqué, finalement.

Le garçon trouva sa cible dans un coin tranquille du parc où il y avait peu de passage. Anathema était seul et accroupi par terre. Il semblait fasciné par quelque chose qui se trouvait manifestement sur le sol. La curiosité de Blaze fut piquée à vif. Sur le sol, on trouvait des insectes, et les insectes, c'était cool. Anathema était peut-être comme lui : et s'il aimait ces petites créatures ? Ni une ni deux, son attitude de chasseur et sa prudence retombées comme un soufflé, il s'approcha sans crainte du jeune sorcier et s'assit à côté de lui. Il fut déçu de constater que l'autre n'observait non pas un insecte mais un escargot. Gros, bien baveux, avec une coquille tout à fait horrible.

« C'est nul les escargots. » grommela-t-il sans même un bonjour.  « C'est moche, c'est pas beau du tout. Puis ça ne fait pas grand chose. Les insectes c'est mieux. Il y a plein d'insectes différents. Il y en a qui volent, d'autres qui nagent, d'autres qui courent et qui font plein de choses ! Et même que c'est plus joli d'abord. Un escargot, c'est nul. Pour se déplacer, ça ondule un peu bizarrement, et puis ça ne va pas bien vite. On a le temps de vieillir et de mourir dix fois avant que ton affreux escargot ne parvienne aux grandes portes du château. » fit-il en désignant l'entrée du domaine, presque à l'autre bout du parc. Il poussa un long et théâtral soupir avant de s'affaler par terre et de bâiller bruyamment. « M'ennuie. »

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04 nov. 2019, 18:09
Affreux escargot  A.L 
Le point commun entre le château familial des Lyndon et celui de Poudlard était leur location près d’une source d’eau. Et qui dit milieu humide, dit végétation et faune différente. De son point de vue, un point d’eau donnait toujours un côté un peu sauvage à un lieu. Non-domestiqué, non-contrôlé. Parce que l’eau, ce n’est pas un élément qui se contrôle. Il en faisait lui-même l’expérience au quotidien en peignant à l’aquarelle. Pour pouvoir maîtriser ce médium, il fallait faire preuve de beaucoup de patience, de calme, de concentration et de contrôle. Aussi d’imagination, car les erreurs arrivent vite et il faut savoir s’adapter.
C’était donc une activité parfaite pour lui, qu’il avait pu exercer, pendant l’été, car ses parents avaient voulus qu’il fasse plus ample connaissance avec une petite louve. Qu’au demeurant, il voyait comme quelqu’un de sympathique, bien qu’il ne puisse pas affirmer qu’il la connaissait. Contrairement à Iror et Pancréas. Eux, il commençait à les connaître. Et de ce qu’il en voyait, il se disait qu’il pouvait leur faire confiance. Car il se sentait bien en leur compagnie, rassuré. Après tout, ils étaient partis tous les trois du banquet de début d’année. Parce que c’était bien trop bruyant, bien trop agité. Que toutes les odeurs se mélangeaient et qu’il ne se sentait pas bien. Et eux, avaient vu, avaient compris. Sans qu’il n’ait besoin d’en dire plus que nécessaire.

Ça avait réchauffé un peu son cœur, lui avait donné confiance en lui. Au moins le temps d’une soirée. Car il avait du mal, à faire dans la constance, lorsqu’il s’agissait de relations sociales. Il se sentait encore très mal à l’aise en la matière. Certes, de part sa haute naissance, il était un habitué des bals et autres réceptions. Mais à ces événements, il n’avait qu’à réciter un discours de mondanités, serrer fort son corset des convenances et ça finissait par passer. A Poudlard, il était obligé d’improviser, car le cadre était bien trop différent. Et ça ne lui convenait pas. Ça le dérangeait. Il se sentait sans cesse pressé, bousculé, attendu. Et jamais, il ne réagissait comme il le fallait. C’était usant. Surtout qu’il ne comprenait pas pourquoi.

Heureusement, il pouvait toujours s’échapper. Il y avait pleins de salles vides dans le château. Il y avait une bibliothèque immense, avec toujours un coin tranquille loin des Autres. Et surtout, il y avait les petits coins cachés du parc. Il aimait bien, le parc. Il y découvrait toutes sortes de plantes. Des fleurs, des arbres, des champignons. Puis des abeilles, des coccinelles, des escargots, des araignées… Voilà tout ce qu’il aimait observer dans le parc. Surtout qu’il se laissait facilement distraire. Les fourmis aussi, parfois. Mais elles l’angoissaient, avec leur organisation presque administrative.

Les escargots sont plus reposants. Déjà par leur rythme, ensuite par leur forme. Il aime les courbes, les ronds, les cercles. Et là, les coquilles, c’est tout joli à regarder. Parfois à toucher, à attraper. Ce qu’il ne faisait qu’avec les coquilles vides, pour ne pas déranger les escargots vivant. Il se contentait de se trouver là, replié lui aussi, à les observer. Son sac d’une lourdeur reposante pour son épaule qui le tirait toujours dans sa douleur si particulière, laissé par terre à côté de lui. Il faisait toujours en sorte de se tenir de façon à ne pas se salir, car il avait à cœur sa propreté et son habit. Car on pouvait voir de quoi était fait une personne, en fonction de ses habits et sa façon de se tenir. Alors, il faisait toujours en sorte d’être comme tout le monde. Ou du moins, irréprochable. Pour que rien ne puisse le distinguer des Autres. Qu’il puisse être tranquille.

Mais ça, ça ne fonctionnait pas toujours. Jamais, même. Il y avait toujours chez lui, quelque chose qui criait la différence. Qui la hurlait à s’en faire saigner les cordes vocales. Et lui, ne savait pas d’où ça venait, mais aimerait bien le savoir. Pour s’en débarrasser. Pour ne plus avoir l’impression d’être toujours jamais comme il faut.
Malheureusement, ce jour n’était pas aujourd’hui. Il le comprit en sentant une présence inconnue venir prendre place à côté de lui. Comme ça. Ses muscles se crispèrent en le sentant approcher, puis en le devinant à côté de lui. Car il n’avait pas daigné relever sa tête couronnée de bouclettes blondes. Son regard demeurait sur la jolie coquille de l’escargot. C’était bien plus intéressant que tout ce que l’autre nouveau venu avait à lui raconter.

Surtout qu’il parlait beaucoup.
Vraiment, beaucoup.

Il demeura silencieux, pendant sa tirade et encore un peu après. Comme s’il ne l’avait pas entendu. Car il focalisait toute son attention sur le compère escargot, qui semblait bien décidé à poursuivre son chemin.

« - C’est toi qu’est nul. » Fut le début de son commentaire, édicté de son ton monotone habituel. Pas ennuyé ou agacé. Simplement monotone. Car il n’y avait rien de plus à en dire. « - J’aime bien, quand l’escargot prend son temps. Parce que, de toute façon, ça tourne, c’est toujours la même chose. »

Et pour le fait de tourner en rond, ou en boucle, il s’y connaissait. Son cerveau abritait pas mal de pensées qui faisaient du tricot. Jusqu’à se transformer en épines, progressivement. Ces dernières venaient lui percer le crâne, c’était son angoisse. Et ça s’emmêlait, encore et toujours. Souvent très rapidement. Il n’avait pas le temps de tout prendre en considération.
Ça allait trop vite, tout simplement. Alors qu’il n’aspirait qu’à un calme, à une tranquillité.

Du moins, jusqu’à ce qu’il commence à s’ennuyer. Ça serait la fin d’un cycle et le début d’un nouveau.

« - C’est toujours la même chose. »

Et comme l’escargot ne verrait jamais le bout du domaine, lui-même n’en verrait jamais le bout non plus, de toutes ces choses qui se répètent.
Alors autant faire avec.

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04 nov. 2019, 18:44
Affreux escargot  A.L 
Ce garçon était encore plus bizarre qu'il ne le pensait. Déjà, il y avait forcément quelque chose qui ne tournait pas rond chez lui, parce que ce n'était tout simplement pas normal de préférer les escargots aux insectes. Mais soit, Blaze était prêt à accepter cette différence pour se rapprocher de lui et lui subtiliser ses devoirs en douceur. Enfin, jusqu'à ce que l'autre lui balance un « - C’est toi qu’est nul. » dans la face. Le visage du petit brun se décomposa sous l'effet de la surprise, rapidement succédée par la colère. Pourquoi un nul lui disait-il que c'était lui, le nul ? Qu'est-ce qui chez lui, Blaze Rosenberg, était nul ? Rien ! Rien du tout, messieurs dames. Ce blondinet n'avait pas les yeux en face des trous. Enfin si techniquement, il les avait, mais ces mêmes yeux ne daignaient même pas se poser sur le petit sorcier. Il se contentait d'observer son affreux escargot. Quel manque de goût. Et lui il balança une phrase qui n'avait aucun sens, sur le fait que ça tournait et que c'était toujours la même chose. Blaze ne savait même pas de quoi il parlait. 

Il eut envie de le bousculer, de taper ce garçon qui ne le regardait pas. Et il allait le faire, mais il se ravisa au dernier moment. Il venait de se souvenir qu'au départ, il souhaitait lui demander un service. Le petit brun se redressa et au lieu de balancer son poing dans la figure de l'autre, il commença par lui sourire puis se rapprocha de lui jusqu'à ce que leurs épaules se touchent et que leurs visages soient suffisamment proches pour que Blaze ait une vue imprenable sur tous ses grains de beauté et pores de la peau. Il s'approcha encore un tout petit peu puis glissa malicieusement son bras autour de l'épaule du garçon, tout en minaudant : « Ana... Je peux t'appeler comme ça, non ? Ana, dis-moi... » Il sourit, la bouche en cœur, tout en cherchant à capter le regard du blond. « La prof d'histoire de la magie nous a déjà donné un devoir... elle abuuuuuseee, c'est le début de l'année... tu l'as fait, ce devoir ? Tu veux bien me le montrer ? Là, tout de suite maintenant, pour que je puisse vérifier quelque chose ? Donne-le moi. »

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04 nov. 2019, 19:41
Affreux escargot  A.L 
Il essayait souvent de faire comme les canards, qui sont constitués de la même façon que les parapluies ou les capes de pluie. Dans le sens où ça glisse sur leurs plumes et que rien ne s’accroche à eux. C’était tout de même magique à observer.
Imperméable.
C’était le mot.

Ce mot-là, il voulait l’appliquer partout : sur ses vêtements, ses cheveux, sa peau, ses oreilles, ses yeux, son nez, son cœur. Partout où il pourrait et même plus encore. Comme ça, peut-être n’aurait-il plus jamais de problèmes, car il n’aurait pas besoin d’autant s’attacher, à ces-dits problèmes ? Car c’était souvent lui qui réagissait mal, on le lui avait dit. Même s’il n’avait jamais l’impression de fauter. Au contraire, il devait souvent ravaler quelque chose, jusqu’au fond de sa gorge, qui ressemblait beaucoup à un sentiment d’injustice. Comme lorsque l’on essaye d’avaler, avec le nez bouché. Ce n’est vraiment pas agréable, c’est même dégoûtant, et ça fait plus de mal que de bien, même si l’on ne peut faire autrement.

Et ça revenait souvent.
Et ça ne partait pas.
C’était cyclique. Comme la course de l’escargot contre le Temps.

Et plongé dans toutes ces considérations, le regard toujours rivé sur la coquille de son escargot du jour, il ne se rendit pas bien compte qu’il y avait un danger potentiel, sur son territoire. Danger potentiel qui lui, n’attendit pas qu’il prenne conscience de son environnement pour l’attaquer. Danger qui, à partir du moment où il se rapprocha autant, devint bien plus qu’un potentiel : une véritable menace !

En le sentant près de lui, son épiderme commença à sonner l’alerte. L’autre avait pénétré dans une zone de protection érigée tout autour de lui. Sa bulle increvable car, ayant en horreur et en dégoût le contact physique, il n’allait évidemment pas le rechercher.
Mais là, elle venait d’éclater. Dans un « pop » sinistre, tant il semblait lourd de conséquence.

Il avait froid, et des frissons le traversaient, tandis que ses muscles se crispaient avec douleur et rapidité. Il entendait crier dans sa tête mais ne savait pas bien d’où sa venait. Il sentait le corps de l’autre, si proche, avec sa chaleur poisseuse, lui qui avait toujours du mal à se réchauffer. Il sentait son souffle, qui faisait dresser ses cheveux le long de sa nuque. Il sentait ses yeux s’écarquiller, son souffle s’arrêter, presque en état de choc. Il sentait ses mots sur sa joue. Il sentait sa main sur son dos, sur son épaule.

Tout ceci le paralysa. Il ne savait comment réagir et n’en était pas vraiment conscient. Un bruit lui siffla dans les oreilles. Ça criait toujours.

Et dans un geste qui ne dura pas plus que quelques secondes, il attrapa son sac de cours, chargé de ses livres, parchemins et carnets pour l’envoyer contre la menace qui venait le souiller de sa présence.
C’était violent, c’était impulsif. Ça tranchait comme une lame. Et surtout, ça heurtait le visage et l’épaule de la menace pour la faire partir, le plus loin et le plus vite possible de lui.

Fermement, il tenait son sac, son corps tremblant, tout en avisant l’autre avec des yeux écarquillés. Il semblait prêt à frapper de nouveau tandis qu’il bredouillait les mots suivants : « - M-M-Mais t-tu fais pas ç-ça ! Tu me touches pas ! » Sa voix commençait à partir dans les aigus, sous l’emprise de la panique. « - Tu me t-t-touches j-jamais ! »

Et pour ponctuer ses paroles, ses doigts se crispèrent sur son sac, qu’il tenait désormais comme une arme de dissuasion, prêt à asséner un nouveau coup au prochain geste qu’il estimerait suspect.

Son cœur avait commencé à s’agiter, à battre un peu trop vite. Sa mâchoire se crispait et ses orteils se repliaient sur eux-mêmes. Beaucoup trop d’agitation pour lui. Où était son calme et sa tranquillité ?
En sentant tout ça venir par vagues successives : les interrogations du pourquoi du geste, de l’autre, des sensations dont il n’arriverait pas à se défaire avant longtemps, qu’il sentait presque imprimé sur lui, il eut envie de pleurer.
Il se sentait moche.
Peut-être parce qu’il l’était.

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04 nov. 2019, 22:05
Affreux escargot  A.L 
Les devoirs. Blaze avait déjà repéré le gros sac du garçon, il semblait bien rempli. Il était persuadé qu'il recelait aussi de parchemins couverts d'une écriture aussi fine et gracile que leur propriétaire. Son bras était enroulé autour de son épaule. Son visage était si proche de celui du garçon que son nez aurait presque pu venir chatouiller sa joue. Il sentait bon, en plus. Mais il n'eut pas le loisir d'analyser plus longuement l'odeur de son camarade. Une masse vint brutalement s'abattre sur son visage et son épaule. C'était douloureux. Blaze mit un moment à comprendre ce qu'il venait de lui arriver. Il écarquilla les yeux, toucha sa joue douloureuse du bout de ses doigts et comprit quel était l'objet du crime en apercevant le garçon tout tremblant serrant fort son sac contre lui. Il l'avait frappé, rapidement en plus ! avec ce sac rempli de gros livres. Décidément, il était plus fort qu'il ne le pensait. Sauf que maintenant, il ressemblait à une brebis apeurée.

Le petit sorcier massa son épaule et tâta son visage à la recherche de petites égratignures. L'autre n'y avait pas été de main morte, ça faisait mal. Ce freluquet avait réussi à le frapper. Blaze était plutôt surpris -et pas tant en colère que cela. Il considéra le garçon d'un air grave pendant un moment, se demandant en quoi et pourquoi il était en faute. Il n'avait strictement rien fait de mal -il avait gentiment demandé un service au Serdaigle tout en se montrant amical et avenant avec lui. Alors pourquoi avait-il réagi ainsi ? Un coup, ça devait être rendu. Il serra son poing en grimaçant. Mais quelque chose dans l'attitude de son interlocuteur le mettait mal à l'aise. Blaze ne frappait que les personnes fières, confiantes et impolies. Des gens comme Azaël Liderick, en somme. Son présent adversaire tremblait comme une feuille et bredouillait des  « Tu me touches pas ! » comme si Blaze était atteint d'une maladie très contagieuse. Ce qui n'était manifestement pas le cas, comme il débordait d'énergie et de santé. Alors il devait y avoir quelque chose d'autre. Quelque chose qui échappait totalement au petit brun. 

Il s'écarta prudemment, autant pour rassurer l'autre que pour se protéger d'un éventuel nouveau coup. Fronça les sourcils. C'était quoi ce garçon. Il semblait complètement paniqué. Un vague sentiment de culpabilité atteignit Blaze en plein cœur. Que pouvait-il faire ? Soudain, une idée. Peut-être un peu stupide mais c'était rigolo. Le garçon leva brusquement ses mains et écarta les doigts. Il les agita un peu à la manière d'un salut puis ouvrit grand la bouche et tenta tant bien que mal d'y engouffrer ses deux mains. Tout en manquant de s'étouffer, il déglutit plusieurs fois et imita des bruits de mastication. Ceci fait, il cacha rapidement ses mains dans son dos en lâchant un « Taaaa-dam !!! » rempli d'enthousiasme. « Tu vois, je ne peux plus te toucher, j'ai mangé mes mains.  » ajouta-t-il avec sérieux. Puis il demanda d'une voix inquiète : « J'ai fait quelque chose de mal ?  »

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06 nov. 2019, 20:13
Affreux escargot  A.L 
Il n’avait suffi que d’un seul mouvement. Une poussée, un élan, pour que ses mains, serrées sur son sac, crispées par la gêne que lui inspirait l’autre, ne viennent abattre son sac de cours sur sa personne. Il ne réagissait jamais avec violence, qu’importe ce qu’il pouvait se passer. Ne réagissait jamais vraiment, de toute façon. Il n’y avait bien que le contact physique, qui pouvait provoquer chez lui des réactions violentes, tant envers lui-même qu’envers les autres. C’était quelque chose qu’il avait fondamentalement en répugnance et ne pouvait tolérer que s’il s’agissait de personnes en qui il portait une confiance certaine. Ou bien, parce qu’il était obligé, dans les cadres particuliers où Alastair Lyndon devait montrer qu’il avait de l’affection pour lui, face au public des nantis.
Mais il n’en voulait pas, de ces attentions physiques. Il en avait une répugnance intime qui le poussait à se frotter consciencieusement et de manière répétitive, les zones où il sentait encore la trace que l’autre avait laissée sur lui. C’était purement physique, quelque chose qu’il sentait, que son hypersensibilité amplifiait. Ce n’était juste pas possible, pas tolérable. Ça ne faisait pas mal, au sens propre. C’eut été préférable. Mais parfois, c’est comme s’il se retrouvait avec un liquide, tout pâteux, qui venaient se loger sous son épiderme. Et même en grattant, grattant sous l’eau chaude, jusqu’à s’en faire saigner, il ne parvenait pas à faire disparaître cette sensation.

Il avait le regard en alerte, les yeux encore écarquillés, ses bouclettes prenant un aspect un peu sauvage, tout en encadrant son noble visage crispé d’enfant inquiet. Il ne quittait désormais plus l’autre du regard, à la façon d’un animal effrayé, prêt à attaquer de nouveau au moindre geste suspect. Son cœur battait, si fort, comme les tambours qu’il détestait. Ça cognait contre sa cage thoracique, c’en était douloureux. Il pouvait sentir son pouls qui s’emballait, dans sa nuque et contre sa main. Ça venait palpiter contre le cuir du sac. Le cuir, le vrai, qui sent si bon et qu’il estime toujours si réconfortant. Ce cuir dans lequel ses ongles propres d’érudit venaient s’enfoncer, les articulations crispées, tendues. L’on pouvait très certainement, en tendant suffisamment bien l’oreille, les entendre craquer et caqueter, notamment dans la zone du poignet.

Son regard si clair et pourtant qui semblait si brûlant en cet instant suivait le mouvement de retrait, qui n’apaisa pourtant pas ses émotions et ses sensations tourmentées. Il se sentait mal, pour avoir été trop sollicité. Mal d’un trop-plein qu’il ne parvenait ni à gérer, ni à digérer. Il avait envie de le vomir. Pourquoi pas sur l’autre, l’ennemi, qui était venu l’agresser, alors qu’il n’avait rien fait.
Injuste, injuste, injuste.

« - P-pourquoi t’as fait ça ? »

Il avait entendu, les mots. N’y réagissait pas vraiment, à ce discours que son côté rationnel comprenait pleinement, mais qui était dépassé par l’irrationnel de la situation. Les phrases de l’autre, les bruits, même, qu’il avait émis, n’étaient finalement qu’un prétexte afin qu’il puisse rebondir par sa propre tirade.
Ses mots étaient hachés, précipités, en crescendo dans les intonations : contraste déchirant de ce qu’il était normalement. De sa tranquillité paisible uniquement troublée par ses angoisses narcissiques, qu’il connaissait désormais si bien. Là, tout était anormal, imprévu, dérangeant. Et c’est ce dérangement, qui le mettait, presque étymologiquement, hors de lui :

« - J-je t’ai rien fait pourtant. J-j’ai rien fait. Pourquoi t’as fait ç-ça ? C-c’est injuste. Pourquoi ? Il ne faut pas, n-ne faut pas. J’ai r-rien fait ! »

Dans la poursuite de cette perte de contrôle, il se sentait trembler. Sa vue se brouillait. Petit à petit, il ne discernait plus que des formes de couleur. Au moins, s’il ne voyait plus rien, ça irait peut-être mieux ? Aucune raison d’avoir peur de ce qu’on ne voit pas, pas vrai ?

Son sac, il le tenait toujours serré, contre lui. Mais ce n’était plus dans une volonté d’attaque. C’était de la défense, maladroite, qui ne se comprenait pas elle-même, qui s’échappait par signes physiques : ceux qu’il ne comprenait pas chez les autres, et qu’il parvenait encore moins à comprendre lui-même.

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06 nov. 2019, 22:46
Affreux escargot  A.L 
*Oh crotte !* pensa Blaze. *Caca d'oie. Bouse de vache. Purin !*  Il aurait bien tapoté l'épaule du garçon pour le rassurer mais se souvint de deux choses primordiales : le garçon avait dit qu'il ne fallait jamais le toucher, et Blaze avait mangé ses mains. Alors il se contenta d'observer l'autre avec de grands yeux écarquillés. *Fiente. Crottin. Je fais quoi, là.* Anathema avait la tête de quelqu'un qui venait de voir un cadavre. Il était tout tremblant et complètement paniqué. Le garçon avait l'impression que son camarade était sur le point de décéder. Peut-être était-ce le cas ? Il n'avait même pas réagi aux mains mangées de Blaze alors que c'était pourtant très rigolo. N'importe quel enfant aurait ri. Sauf peut-être Liderick mais celui-là, il avait un problème dans sa tête. Blaze se sentait complètement désemparé face à cette situation plus qu'étrange. Il ne savait même pas ce qui arrivait à l'autre. Différentes hypothèses se succédaient dans sa tête : ses parents venaient de décéder dans un tragique accident. Son chat s'était fait dévorer par un dragon. Il avait aperçu miss Taylor en petite tenue -une vision certainement terrifiante. Mais le petit sorcier continuait à lui demander en boucle pourquoi il lui avait fait ça. Blaze.  Apparemment, c'était de sa faute. Mais il ne comprenait pas ce qu'il avait pu faire de mal. Visiblement, son camarade n'avait pas apprécié le contact physique. Mais d'habitude, les victimes de Blaze attendaient d'être frappées au moins trois ou quatre fois avant de trembler et de paniquer. Celui-là n'avait eu qu'une accolade amicale. 

*Si je l'amène à l'infirmerie comme ça, on va croire que je l'ai tapé et je vais encore avoir des problèmes* réalisa Blaze qui avait déjà eu suffisamment de soucis avec ses bagarres de l'année précédente. C'était le début de l'année et il s'était promis de rester sage jusqu'à, au moins, le mois d'octobre. *Je dois le calmer par moi-même*  décida-t-il. Peut-être qu'Anathema était allergique aux humains ? C'était une explication logique. Ça tenait la route. C'était d'ailleurs bien l'unique explication qui tenait la route. Mais dans ce cas, c'était de la faute de ce blond qui aurait du porter une pancarte "Ne me touchez pas mortels, je suis trop précieux pour vos mains crasseuses" afin d’annoncer directement la couleur. 

Tout en gardant prudemment ses mains dans le dos, Blaze se releva pour se placer face à l'autre. Il conserva une distance de sécurité entre eux tout en l'observant précautionneusement à la recherche de signes d'une réaction allergique. Assis en tailleur, il redressa bien son dos et prit une grande inspiration. « Désolé Anathema, je ne savais pas que t'étais allergique aux humains. Je voulais juste ton devoir d'histoire de la magie. Fais comme moi.  » s'exclama-t-il en postillonnant à moitié sur son interlocuteur. Il inspira lentement par le nez, bloqua sa respiration quelques secondes puis expira lentement par la bouche. Maman lui avait montré cet exercice qu'il devait faire pour se calmer quand il était très en colère et qu'il avait envie de renverser des meubles ou frapper des gens.  N'étant pas certain que l'autre l'entendait correctement comme il semblait parfaitement enfermé dans sa bulle, Blaze reprit la parole d'une voix encore plus forte : « TU INSPIRES LENTEMENT PAR LE NEZ, PUIS TU BLOQUES TA RESPIRATION PENDANT QUELQUES SECONDES, PUIS TU EXPIRES LENTEMENT PAR LA BOUCHE. ET TU RECOMMENCES. VAS-Y.  » Inspiration. Expiration. Le petit brun appliquait l'exercice avec soin mais c'était parfaitement inutile si l'autre ne faisait pas de même.

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07 nov. 2019, 15:55
Affreux escargot  A.L 
Il se sentait trembler. Il se sentait le détester, se détester. C’était contradictoire et ça tournait beaucoup trop fort et beaucoup trop vite dans sa tête. Dans les parois épineuses contre lesquelles les pensées s’accrochent et se déforment avant de repartir ensuite. C’était insupportable. C’était loin, absolument éloigné de tout ce qu’il voulait, de tout ce qu’il désirait. Il ne demandait pas grand-chose, ce n’était pas comme si il attirait l’attention sur lui, pas vrai ? Qu’avait-il fait, pour en arriver à cette situation ?
Ce n’était pas logique, rien n’était logique. Pourquoi était-ce à lui de se sentir en tort dans tout ça, alors que c’était l’autre, la menace, l’ennemi, qui lui avait causé un tel dérangement ? Rien n’était juste, rien n’allait droit, et lui se retrouvait à trembler, agrippant son sac à s’en faire mal aux jointures, à sentir son pouls frotter contre le cuir et son cœur balbutié. Des sensations insupportables qu’il avait jusqu’au bout de ses doigts : l’impression de n’être qu’un cœur palpitant et emballé, agrippé de toutes part car il n’avait pas su où bien regarder.

Sa vue était un peu brouillée, il se sentait un peu désespéré. Il ne voulait pas se mettre à pleurer. Pas en public, c’était pour les faibles, et il ne devait pas être faible. Normal, oui, faible, non. Ce n’était pas bien et il devait au moins essayer de faire quelque chose de bien pour se calmer. Mais plus il essayait de ne pas y penser, plus il y pensait. Plus il tentait de ravaler ses larmes, plus ces dernières voulaient sortir. Il sentait le sang battre contre ses tempes, sa mâchoire se crisper douloureusement, comme ses doigts sur son sac. Ses jambes commençaient à lui faire mal, à rester dans cette position où un genou n’était pas replié comme il faut. Où il est de toute façon, toujours trop souple pour se rendre compte que ses mouvements sont néfastes pour lui.

Et c’est là, qu’il sentir l’autre se rapprocher. Il sentir surtout les postillons et une grimace de dégoût profond apparu sur son visage si peu déformé par les émotions. Dans une lenteur presque craintive, comme s’il craignait de ne plus savoir comment utiliser sa main ou son bras, il vint s’essuyer avec la manche de sa robe de sorcier, avant de venir appuyer sa main contre ses yeux. S’il le pouvait, il enfoncerait ses doigts dans ses orbites. Ça faisait un peu mal, mais ça permettait de ne pas pleurer.
Il cessa d’appuyer et d’une main se prit une mèche de cheveux, quelques bouclettes sauvages, qu’il tira tandis qu’il sentait l’autre se positionner en face de lui, se rapprocher. Il se crispait de nouveau, en tirant sur cette mèche. Parce qu’avoir mal, lui permettait de rejoindre une sensation connu, qu’il maîtrisait. La douleur, ça ne s’ignore pas, mais on peut s’en accommoder, si on vit avec longtemps. Il vivait avec depuis longtemps, savait s’en accommoder. Voulait surtout s’accommoder d’une douleur physique, plutôt que cette espèce de douleur émotionnelle qui était en train de le submerger, le noyer, sans qu’il ne puisse rien faire.

Et puis, une exclamation, une voix forte, des mots, qui lui firent perdre ses moyens. Face à cette exclamation inattendue, sa main relâcha sa mèche. Il avait sursauté, se crispant un peu, mais au moins, il voyait devant lui. Avisait l’autre. Il ne s’en était pas rendu compte, mais il avait commencé à respirer rapidement, à calquer sa respiration sur ses battements de cœur, alors que ces derniers étaient bien loin d’adopter un rythme calme et serein.
Le bruit avait été fort, mais il grimaçait déjà. Ça commençait à lui tirer les muscles du visage de manière désagréable. Trop désagréable.

Avec la menace, qui ne voulait pas partir. Qui lui parlait. Des mots qu’il n’entendait pas seulement mais qu’il comprenait.
Rapidement, son regard clair se détourna, son autre main se décrispa du sac, progressivement, et il ramena ses mains sur ses avants bras, s’enlaçant, appuyant contre la chair, afin de sentir les os en dessus, se rassurer de pouvoir sentir quelque chose de concret sous toute cette masse organique si affreuse, si immonde, au point qu’il en ait envie de vomir quand il prenait sa douche.

Les pensées ne partait pas, les sensations demeuraient, son cœur battait beaucoup trop fort mais il tenta. Une profonde inspiration, qui vint lui racler la gorge. Puis un arrêt, et enfin expirer. Ça accélérait son cœur, comme s’il était en train de faire un effort, de courir. Il allait trop vite et s’efforça, progressivement, de ralentir. La douleur qu’il s’infligeait en se serrant si fort lui permettait de mieux se concentrer. D’y aller progressivement. Et au fur et à mesure qu’il parvenait à retrouver un semblant de calme respiratoire, ses mains se faisaient moins oppressives et finir par elles aussi se détendre.
Il poursuivit l’exercice, encore un peu. Parce qu’il lui semblait que l’air venait dans sa tête, et lui permettait d’en chasser pleins de choses. Il continuait, car il mit du temps, avant de pouvoir retrouver un certain contrôle sur ses battements de cœur. Il continuait, car ce n’était pas ainsi qu’il regagnait le contrôle, d’ordinaire, après une crise. Ça finissait bien plus mal que là.

Et en retrouvant petit à petit son calme caractéristique, il semblait presque garder ses sourcils froncés, du fait de sa perplexité. Encore une fois, il avait l’impression de ne rien comprendre à la situation.

Method in the Madness
Ière année RP : 2043-2044
Théana : there's alchemy between us

07 nov. 2019, 23:42
Affreux escargot  A.L 
Inspiration. Expiration. Blaze pratiquait ses propres exercices sur lui-même. Il avait moins besoin de se calmer que son camarade, mais cela lui faisait aussi du bien. Il voyait Anathema un peu comme l'une de ses bombes moldues qu'il aurait accidentellement activée, et qu'il lui fallait désormais désamorcer. Et il était complètement paniqué à l'idée que le garçon puisse exploser -pas au sens littéral du terme, mais s'il faisait une réelle réaction allergique à Blaze, alors peut-être risquait-il la mort. Si un élève mourait à cause de lui, qui savait combien d'heures de retenue il aurait ? Puis il devrait vivre avec ce sentiment de culpabilité, aussi. Une fois, il avait marché par accident sur une grenouille et il avait senti ses os se briser sous son pied. Il avait l'impression d'être une horrible personne et était pris de nausées à chaque fois qu'il y repensait. Anathema n'était pas une grenouille mais sa mort le rendrait probablement aussi triste. Son cœur accéléra soudainement à cette pensée. Il fut pris de sueurs froides. Ses mains s’agrippèrent aux pans de sa cape, qu'il serra de toutes ses forces pour essayer de canaliser ses angoisses. Anathema. ne. devait. pas. mourir.

Il inspira profondément. Fit une pause de quelques secondes. Puis expira doucement. Fut à nouveau pris de panique en apercevant ses mains toujours cramponnées à sa cape. Elles étaient censées être dans son estomac. Si le blond les voyait, il saurait qu'il avait menti et que l'arme du crime -ce qui avait causé cette si violente réaction allergique, était encore présent sur la surface de la terre et pouvait faire d'autres victimes. Il les cacha nerveusement dans son dos et jeta un regard vers son camarade pour vérifié s'il avait remarqué quoi que ce soit. Ce dernier semblait en meilleure forme -bon, il avait toujours la tête de quelqu'un qui vient de voir un cadavre, mais il ne tremblait plus -ou moins, Blaze avait du mal à bien voir, et il semblait plus apaisé. Le petit brun se détendit instantanément. La bombe semblait désamorcée. Du moins, pour le moment. Il continua à l'observer tout en répétant lui aussi ses exercices de respiration pour achever de calmer son petit cœur inquiet. Quand il estima que l'autre avait l'air à peu près normal, il poussa un soupir de soulagement. 

« Désolé. Je ne sais pas trop ce que je t'ai fait mais visiblement, j'ai fait une bêtise. Pas fait exprès, alors tu le diras pas aux professeurs, n'est-ce pas ? » dit-il à voix basse comme s'il demandait une faveur qui ne devait être entendue de personne d'autre que le petit blond. Il redoutait la colère de leur directrice de maison. Il l'observa avec inquiétude, ses grands yeux noisettes posés sur lui.  « Est-ce que tu te sens un peu mieux, maintenant ? » s'enquit-il. Il aurait voulu s'approcher de l'autre, poser sa main sur son front pour vérifier l'absence de fièvre, ou tout simplement lui tapoter le dos comme sa maman lui faisait quand il n'allait pas bien. Mais il gardait cette distance de sécurité entre eux, de peur de déclencher une nouvelle réaction allergique. Tout en estimant la distance qui les séparait, le regard de Blaze glissa sur le sol et... sur le gros et affreux escargot qui se trouvait pile entre eux. L'habituel sourire malicieux du petit sorcier fleurit sur ses lèvres.  « Si tu ne veux pas me parler, tu peux te confier à cet escargot, si tu veux. Il est un peu moche mais il a quand même l'air un peu sympa, au fond.  » proposa-t-il. Et si ce garçon bizarre se décidait à parler à l'escargot, il pourrait imiter la voix du gastéropode pour dire quelque chose comme "Donne ton devoir d'histoire de la magie à ce gentil garçon qui t'a aidé à te calmer !" parce que cet Anathema avait beau être à l'ouest, Blaze, lui, ne perdait jamais le nord.

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
Appelez-moi Ada ou Lest ! ♦

12 nov. 2019, 16:00
Affreux escargot  A.L 
A force, il avait fini par se calmer. Il n’était pas certain que cette technique soit très efficace sur le long terme, ou bien qu’elle pourrait marcher à tous les coups, mais le plus important en cet instant, était le résultat. Qui était plutôt positif, s’il devait faire un compte et décomptes de ses dernières actions et sentiments.
Il ne pouvait pas dire qu’il se sentait soulagé, car ce n’était pas vrai. Cependant, il se sentait plus apaisé que précédemment, où tout n’était que bruit et chaos. Et pas mal d’effroi. Et d’angoisse. Il préférait à tout cela, à ce surplus qui venait le noyer par vagues, un calme apathique, loin de tout mais surtout des autres. Et encore au-delà, de lui-même. Car c’était bien ça le plus insupportable dans toute cette affaire.

Ses mains avaient quittées ses bras pour revenir serrer son sac de cours, qu’il tenait contre lui à la fois comme une protection, à la fois comme un réconfort. C’était son bouclier contre le monde autour de lui. Son bouclier qui le protégeait et qu’il devait utiliser. Sa barrière. Surtout contre la personne en face de lui. Cette même personne qui était un peu à l’origine de tout.
Il sentit naître dans son cœur une vague d’agacement envers ce personnage si exubérant, si éloigné de lui-même. Une pointe d’agacement qui se traduisit corporellement par des sourcils froncés, une petite moue. On le voyait rarement aussi expressif, mais il avait tout autour de lui la poussière de ses barrières entre lui et le monde. C’était un tas de poussière piquante, comme des débris de verre. Ce n’était pas très agréable : il se sentait transparent.

Il se contenta ainsi de ne rien dire. Il n’avait pas envie de répondre à une question directe et ne se sentait pas non plus d’humeur à se justifier auprès de l’intrus, qui demeurait toujours une menace à ses yeux.
Cependant, ce dernier mentionna son ami l’escargot, qu’il observait tout à l’heure. A cette mention, son regard fut tout de suite happé par le gastéropode, se trouvant non lui de lui, non loin de l’autre. Un peu comme un entre-deux. Le seul à se trouver sur le juste-milieu. Cette mediocritas stoïque à laquelle il aspirait et que les événements extérieurs à lui semblaient vouloir lui refuser. Il aimait les tragédies, certes. Ça ne voulait pas dire pour autant qu’il voulait en vivre une.

Il poussa ainsi un profond soupire, pas dirigé contre l’escargot, mais peut-être contre lui-même. Bien qu’on ne puisse pas vraiment expirer contre soi-même, bien que ce soit tentant.
Il expira ainsi pour l’escargot, témoin discret de ce drame d’enfants sensibles. Et c’est aussi à l’escargot, qu’il s’exprima. Parce que ça lui semblait toujours plus simple, de s’adresser à un tiers-parti, qui n’avait pas connaissance de toute l’affaire. Au moins, ce dernier pourrait-il être objectif.

« - ça va. » C’était dit sans conviction mais son ton neutre ne laissait pas vraiment de place à une contradiction. « ça va », parce que ça allait mieux que précédemment, et qu’il voulait déjà ne plus y penser. D’ailleurs, il avait envie de partir. Mais pas avant d’avoir déposé un petit bagage trop lourd pour lui : comme s’il déchargeait ses poches des cailloux ramassés sur le chemin.

« - Et non, l’escargot n’est pas moche. Et oui, tu as fait une bêtise. Et il ne faut pas recommencer. » C’était dit un peu rapidement, avec une intonation un peu acide pour un enfant. Mais il ne semblait pas revanchard. Simplement fatigué, et presque prêt à déguerpir. « - Je vais y aller. » C’était confirmé. Mais avant, le voici qui regarde le camarade venu le déranger, presque comme s’il demandait une permission. Presque. Car c’était surtout un air de contrariété, qui habillait désormais sa figure. Contrariété de finalement, ne pas connaître le fin mot de l’histoire.

« - Pourquoi t’es là ? »

C’est vrai ça, après tout, pourquoi ? Ce n’était pas comme s’il était venu chercher l’énergumène. Lui ne venait chercher personne : il était bien trop socialement passif pour. Par contre, il attendait souvent. Et là, il était prêt à attendre, avant de s’en aller. Car il ne manquait plus qu’une réponse définitive pour qu’il puisse retrouver sa tranquillité et aussi, apprendre de cet événement, pour que cela ne se reproduise plus.

Method in the Madness
Ière année RP : 2043-2044
Théana : there's alchemy between us