Une boule. C’était ce à quoi ressemblait actuellement Amy Holloway lorsqu’elle passa le Hall d’Entrée afin de sortir dans le Parc. Un sous-pull, deux pulls, sa robe de sorcière, sa cape, une écharpe, un bonnet et des gants, la professeure avait pris tout ce qu’elle avait en réserve afin de se couvrir. La neige tombait finement sur l’herbe du Parc mais étonnamment, le vent était léger également. Il n’empêchait pas que les cheveux d’Amy (qui avaient atteint une longueur considérable) lui revenaient sur le visage. La rousse descendit tranquillement dans l’herbe du Parc. Son objectif était assez simple : prendre l’air et se vider la tête. Cela faisait un bon moment qu’elle ne s’était pas aéré l’esprit, n’avait pas pensé à rien, en bref, elle voulait un peu de repos mental.

Comme si les événements du mois de mai ne suffisaient pas, il avait fallu que le bal d’Halloween tourne au drame. Des élèves avaient profité du bal pour revêtir des tenues de pseudo-mangemorts et attaquer les élèves et professeurs présents. Amy s’en était voulu d’avoir quitté si tôt la salle de bal. Elle en était partie juste après que Naomi l’ait plantée pour aller danser avec Elina, et cette attaque n’eut lieu que quelques dizaines de minutes plus tard. La professeure était ensuite retournée dans la salle de bal et avait tenu en joue les élèves incriminés en attendant que la Directrice découvre leurs visages, cachés sous des masques. Une semaine de « repos » avait été ensuite déclarée afin que tout le monde puisse se remettre de cette histoire, physiquement comme psychologiquement.

La professeure de Défense contre les Forces du Mal soupira en arrivant près de l’arbre dressé par le Directeur de Jadugara. Elle se tint là pendant un moment qu’elle ne sut estimer. Des secondes, des minutes ? Ses expirations faisaient ressortir de la fumée de sa bouche, et elle regardait le nuage s’en aller à l'opposé de l’immense arbre qui se trouvait face à elle. Sa contemplation ne s’arrêta que lorsqu’elle entendit des crissements de pas dans l’herbe enneigée. Amy tourna la tête pour découvrir une jeune élève de Serpentard qu’elle ne connaissait que peu.

« Miss Cooper, je suis étonnée que vous ne soyez pas au chaud dans votre salle commune ».

Seule, c'est uniquement comme ça que tu avais envie d'être. Tu ne sais pas vraiment pourquoi mais les évènements de la nuit du 31 octobre te reviennent en boucle deux deux jours déjà, les questions que tu pensais avoir tues ont eu la bonne idée de refaire surface et de te donner un joli mal de crâne. Initialement dans ta salle commune, tu as préféré enfiler un bon manteau et une écharpe aux couleurs de ta maison, pour simplement aller te balader un peu dans le parc, peut-être même jusqu'au lac, tu verrais bien sur le moment où tes pensées te mèneraient.

Tu montes donc les escaliers pour rejoindre le hall principal et tu quittes le château, marchant assez calmement jusqu'au parc, tu avais le temps de toutes manières. Tu ne pouvais t'empêcher te poser mille et une questions quant à ce bal, que ce soit au sujet de ta cousine ou des néo-mangemorts : On ne va pas se le cacher, c'est bien évidemment ces élèves pro sang-pur qui te font travailler les neurones la plupart du temps : Tu ne comprends rien, tu ne vois pas quel était cette joie de mettre des élèves en danger.

Encore dans tes pensées, tu marches dans la neige, un paysage qui t'apaise. Puis, une voix te parle, ce qui t'étonne un peu : Tu te pensais seule. Tu te tournes vers la personne qui venait de t'interpeller : Tu la reconnais assez vite, bien que tu ne la connaisses qu'à travers ses cours principalement. Tu t'approches un peu, légèrement souriante.

- Bonjour Miss Holloway, j'avais simplement besoin de calme et de m'aérer l'esprit, ce que ne m'offrait pas la salle commune. 

Un léger sourire semble se dessiner sur les lèvres de la jeune Serpentard. Amy lui rend son sourire puis tourne sa tête vers l’arbre. Avec le brouillard, elle n’arrivait pas à savoir si le nid était vraiment là où s’il ne s’agissait que d’une rumeur de couloir. En entendant la réponse de Lili, la professeure de Défense contre les Forces du Mal sourit jaune. Au vu du nombre d’élèves qui avaient du rester au château pour les fêtes de fin d’année, il n’était pas vraiment étonnant que la salle commune soit agitée.

« Je comprends, ça doit être assez agité sous le Lac. Je pourrais en dire autant de la salle commune de Serdaigle, ils sont tout aussi nombreux et il y a un bruit de fond incessant ».

Elle fait une légère pause, soufflant sur l’une de ses mèches tombée devant ses yeux, puis reprend.

« Avec les événements du bal, ça n’aide pas non plus à avoir une salle commune… Détendue, dirons-nous. Comment vous sentez-vous par rapport à ça, d’ailleurs ? Est-ce que vous avez été voir la cellule psychologique qui avait été mise en place ? Même si vous n’étiez pas au bal – je vous avoue que je n’ai pas prêté attention à qui se trouvait au bal avant cet incident – ça peut toujours faire du bien ».

Amy n’avait pas pris la peine de se rendre à la cellule psychologique qui avait été mise en place début novembre. Tout le monde y était convié mais elle avait choisi de ne pas y aller. Elle redoutait que l’entretien s’oriente sur un autre sujet que celui initialement prévu. Il était donc un peu (très) hypocrite de sa part de demander si Lili Cooper avait utilisé la cellule psychologique alors qu’elle-même n’avait pas daigné s’y rendre. Mais soit. Son regard resta obstinément fixé sur le haut du tronc de l’arbre, espérant y voir ne serait-ce qu’une plume de paon. 

Désolée pour la piètre qualité de cet écrit.

Tu vois que la professeur te rend ton sourire, ce qui te rassure un peu. Il est plutôt rare pour toi de parler avec des enseignants en dehors des cours mais tu te dis que c'est bien dommage, étant donné que tu passes une année entière à leurs côtés, cela peut parfois être une bonne chose.

Tu l'écoutes t'expliquer l'atmosphère de la salle commune de Serdaigle et tu comprends donc assez vite qu'elle est sûrement ici pour les mêmes raisons que toi, tu n'as même pas eu besoin de le lui demander.

Le bal.. Sujet sensible pour presque tous, tu grimaces légèrement en entendant ta professeure en parler mais tu comprends et tu remercies silencieusement le geste : En parler pourra peut-être t'aider à y faire face.

- Et bien, je pense que cela a touché plus ou moins tout le monde mais je ne suis pas allée à la cellule non, je n'ai pas tellement eu de gros problèmes, c'est simplement que j'y repense de temps en temps et que..

Tu hésites à continuer : Tu as du mal à te confier et tu te demandes si ta question ne sera pas stupide. Cependant, quelque chose te dit que tu ferais bien si tu continuais.

- Je me demande : Comment peut-on faire ça ? Je veux dire, mettre des gens en danger, des enfants pour la plupart, pour une question de sang ? C'est.. ridicule, je dirais.

Cet évènement t'a donné encore plus envie de garder le secret quant à ton statut, simplement pour t'éviter des problèmes et d'être mise dans le même panier que tous les Autres.

Le regard de la professeure de Défense contre les Forces du Mal se détourna du sommet de l’arbre pour s’orienter vers la jeune élève de Serpentard qui venait de reprendre la parole. L’entendre qu’elle ne s’était pas rendue à la cellule psychologique fit sortir un petit « mh » de sa bouche, plutôt contrariée par le fait que Lili Cooper n’avait pas pris la peine de le faire. Néanmoins, elle était plus que mal placée pour lui faire la morale, donc elle n’ajouta rien de plus. Lorsque l’élève de Serpentard demanda comment il était possible de mettre des enfants en danger pour une question de pureté de sang, la rousse soupira.

« Je suis d’accord avec vous, c’est tout à fait ridicule ».

Elle fit une courte pause, puis reprit.

« Certains ne pensent pas comme nous, malheureusement. Comme dans les années 90, la pureté du sang redevient l’une des préoccupations principales de certaines personnes qui pensent que les Nés-Moldus ou même les Sang-Mêlé n’ont pas le droit d’exercer la magie, que leur place se trouve à Azkaban. Je suis moi-même de ce qu’on appelle « Sang-Pur » mais au grand jamais je ne pourrais penser que les Nés-Moldus ou les Sang-Mêlés n’ont pas les mêmes droits que de « vrais » sorciers ».

« Par conséquent, mettre en danger les trois quart de l’école n’a pas semblé déranger ces élèves qui avaient des… Revendications, aussi ridicules soient elles. Du moment que leur satisfaction personnelle était mise en avant, c’est tout ce qui leur importait. Je suis vraiment peinée qu’on ait pas vu ça arriver plus tôt ».

Son regard était désormais fixé sur Lili Cooper, attendant de voir si elle allait donner son avis personnel sur la situation. 

Tu es contente de voir que ta professeure te comprend et est même d'accord avec toi. Elle développe un peu tout ce dont sur quoi tu as du mal à mettre des paroles et tout semble bien plus clair dans tes pensées : Oui, il y a clairement discrimination et cela est plus que ridicule, cela peut facilement te faire sortir tes griffes, tu le sais. Personne ne mérite ça, c'est certain.

Pourtant, une information sur ta professeure retient ton attention : Tout en ayant le même discours que toi, elle a également le même statut que toi, ce qui te déconcerte un peu : Certes, tu ne fais pas spécialement attention aux statuts des autres mais cela te rassure un peu et te montre qu'il n'y a pas que des sang-pur qui sont pour la discrimination des non sang-pur.

- Ça me rassure que vous disiez ça car, c'est exactement ce que je pense : Apparemment, en plus de la distinction entre moldus et sorciers, il en faut d'autres entre les sorciers pour nourrir les égos de certains.

Tu hésites à poursuivre, étant donné que tu risques de dévoiler quelque chose d'assez important sur toi, qui était un secret et connu par un petit comité bien restreint et en qui tu as confiance. Seulement, tu te dis, en ce moment même, que, si quelqu'un pouvait te comprendre, ce serait bien Miss Holloway :

- Je tiens ce discours depuis la chute du gouvernement, pour rien au monde je ne changerais d'avis. Seulement, j'ai tu le statut qui m'a été imposé et qui, malgré tout, peut me mettre dans le même panier que ces néo-mangemorts, peut-être même que certains penseraient que je joue un double jeu mais cela...

Tu fais une pause, tu te sens un peu ridicule de tourner autant autour du pot :

- Je suis une sang-pur et personne n'en est réellement au courant car je ne veux pas que cela me porte préjudice quant au parti dans lequel je suis. 

La bombe est lâchée, plus qu'à attendre la réaction de ta professeure.

Au fur et à mesure des paroles de la jeune sorcière, Amy acquiesce d’un hochement de tête. Lorsqu’elle entend parler de double-jeu, la professeure de Défense contre les Forces du Mal lève un sourcil. A quel moment un enfant pourrait jouer un double jeu ? Au moment où la Serpentard parle du statut qui lui a été imposé, Amy comprend : Lili Cooper est de Sang-Pur et ça lui porte préjudice. La jeune fille confirme quelques secondes plus tard ce que la rousse vient de penser. L’avantage d’Amy, c’était que son statut de Sang-Pur était celui américain. Dans tous les cas, sa « pureté de sang » ne serait pas un problème vis-à-vis des nouvelles lois sorcières. Pour les adultes, de Poudlard du moins, c’était plus simple.

Pour les enfants, ça avait tout l’air d’être une autre paire de manches, surtout au vu de ce que Lili en disait. Si cela lui portait préjudice au point où elle avait essayé de garder le secret au maximum, ça voulait dire que les tensions entre les élèves étaient bien plus fortes que ce qu’elle avait pu imaginer.

« J’ai peut-être été un peu naïve de me dire que tout allait bien chez les élèves alors. Ça ne m’a pas l’air d’être le cas. Je pense que vous faites bien de ne pas le dire. Non seulement votre statut de sang ne regarde personne, comme celui des autres ne regarde qu’eux, mais surtout, cela pourrait en effet vous attirer des ennuis de la part de ceux qui sont farouchement opposés aux sang-pur ».

En fait, la situation était terrible. Plus personne ne pouvait vivre normalement, tant les Nés-Moldus que les Nés-Sorciers, Sang-Mêlés et Sang-Purs. Amy se permit de proposer quelques conseils à la jeune Serpentard.

« Du moment que vous ne tombez pas dans la même extrême que Miss Harrison ou les… Néo-Mangemorts du bal, je pense que vous n’aurez aucun problème. Vos convictions rejoignent les miennes, je pense que vous êtes sincère. N’entrez pas dans les discussions à propos du statut du sang, évitez les si vous pouvez, cela ne pourra être que positif pour vous en attendant que tout revienne à la normale ».

Heureusement, la professeure réagit bien à ton annonce. En réalité, tu ne savais pas vraiment ce que cela allait donner, tu t'es dit que tu en faisais peut-être un peu trop par apport à cette histoire : Si ton statut est su, peut-être que ce ne serait pas vraiment un gros problème mais, malheureusement, tu en doutes fortement.

- Cette situation nous affecte tous à des degrés différents, je suppose, dis-tu un peu embarrassée. En soi, hormis... ces élèves-là, il n'y a pas vraiment de gros soucis mais on voit que les fréquentations de certains sont pour la plupart triées.

Miss Holloway a raison, cela ne regarde que toi et tu espères que cela ne sera pas annoncé à ton insu, bien que aies l'impression que ce sera bel et bien le cas un jour, malgré tout. Tu écoutes attentivement ses conseils que tu gardes précieusement car tu n'as aucune envie d'avoir à faire face aux regards de tes amis qui pourraient se demander à quoi tu joues.

- Merci beaucoup Miss, je ferai très attention. 

Revenir à la normale, est-ce que cela sera possible, un jour, dans un futur proche ?

- Vous pensez que ce gouvernement ne va pas durer ?

Tu aimerais y croire mais il faut dire que plus le temps passe, moins tu as espoir. Ce gouvernement gagne en puissance chaque jour et ce, malgré la résistance qui est mise en place.

« En attendant que tout revienne à la normale » oui, mais quand ? C’était la question qu’Amy se posait depuis de longs mois maintenant. D’abord le renversement du gouvernement, puis la découverte des sorciers par les moldus suite à l’attaque de Sainte-Mangouste, un joli combo qui ne ramènerait pas la paix dans le monde des sorciers de sitôt. La professeure n’écouta que d’une oreille les paroles de la jeune Serpentard, réfléchissant plutôt à ce qui pourrait arriver de pire après la situation actuelle ? Destruction de Poudlard ? Exécution de tous les sorciers sans distinction de sang ? Après tout, il valait mieux envisager les pires des situations.

L’attention de la professeure de Défense contre les Forces du mal revient sur Lili lorsque cette dernière lui demanda si le gouvernement actuel allait durer dans le temps. Les lèvres d’Amy se fendirent d’un rictus avant qu’elle ne reprenne la parole.

« J’espère qu’il ne va pas durer, en effet. Je ne vois pas pourquoi les Nés-Moldus ou les Sang-Mêlés n’auraient pas le droit de vivre en paix avec les Nés-Sorciers et les Sang-Pur. Nous avons tous le même gêne, c’est donc complètement stupide de… Comment dire ça ? Punir ceux que le gouvernement considère coupables simplement parce qu’ils ne font pas partie d’une espèce de race supérieure. On se croirait de retour au vingtième siècle, c’est aberrant ».

Du racisme en fait, il n’y avait pas d’autres mots pour décrire cette situation. La professeure de Défense contre les Forces du Mal soupira puis reprit la parole.

« Mais bon, pour l’instant on ne peut pas faire grand-chose ici, si ce n’est protéger au maximum les élèves ».

Evidemment, Amy ne ferait pas mention du RSSL face à une élève. Elle était tenue par le secret et même sous la torture, elle ne le lâcherait pas.

Entre espérances et faits, il y a un grand fossé et cela ne fera sans doute pas exception au nouveau gouvernement. Même si beaucoup se sont positionnés comme résistants, il y en a tout de même qui sont bien contents de cette situation, leur profitant grandement. Au moins, ce n'est pas le cas de tous les sang-pur.

Tu hoches la tête, bien d'accord avec ce que ta professeure de défense contre les forces du mal te dit. Elle doit sûrement s'en rendre compte plus facilement que toi car beaucoup de choses t'échappent, et c'est bien normal, difficile de saisir la réalité sans penser naïvement que ce n'est pas aussi grave que ce qui est dit, en tout cas, pas pour le moment.

- Espérons que cela ne dure pas et que le pire est derrière nous. 

Tu n'y crois pas tellement mais tu ne peux pas faire grand-chose par toi-même. Certes, le MERLIN peut aider mais ce ne sera jamais assez pour contrer définitivement ce gouvernement ridicule.

- C'est vrai, nous avons plutôt de la chance ici...

Mais cela ne t'empêche pas de t'inquiéter pour tous ceux qui sont dehors, comme tes parents ou même ta soeur, tu ne sais pas ce qu'ils vont devenir et ça, c'est le cas pour des milliers et des milliers de sorciers. Tu ne peux même pas te dire que cette inquiétude se relâchera un jour parce que tu ne sais pas quand, tu n'en as aucune idée.