Prendre l'air lui ferait du bien, c'était souvent ce qu'il fallait à son esprit agité, elle avait toujours trop de pensées qui tournoyaient dans sa tête et elle ne parvenait pas à s'en défaire. Elle avait donc pris l'habitude de faire un tour dans le Parc pour tenter de s'en libérer, même si le lac noir et l'immense arbre rendait l'atmosphère moins joyeuse et paisible que d'habitude.

Alors qu'elle sortait, elle aperçut Lumah, cette dernière était en train de s'appliquer à quelque chose qu'Adulith avait du mal à distinguer. Curieuse, elle s'approcha de son amie et vit qu'elle était en train de faire des pliages en forme d'oiseaux. Bientôt, ces oiseaux se mirent à virevolter devant elle, et Adulith ne put s'empêcher de sourire à leur vue. Ils lui rappelaient ceux qu'elle avait fait pour décorer la Salle Commune, sauf que les siens étaient moins précis et délicats.

Adulith aimait bien faire les oiseaux, et elle prisait particulièrement le sortilège avifors qui lui permettait d'en faire apparaitre autour d'elle. Elle approcha doucement de Lumah comme pour ne pas déranger les oiseaux, elle n'était pas certaine que son amie l'ait vue et elle ne voulait pas la faire sursauter : "Tes oiseaux sont magnifiques Lumah ! J'aimerais bien savoir faire les mêmes !" Elle lui sourit et se trouva une place à côté de la poufsouffle en prenant soin de ne pas abîmer les pliages : "Je peux me joindre à toi ? Si ça ne te dérange pas !" Elle se rendit compte qu'elle posait la question alors qu'elle était déjà assise et espéra que Lumah ne lui reprocherait pas son manque cruel de tact.

Lumah s'amusait de plus en plus ; quand bien même elle aurait dû faire ça à vie, les origamis ne l'ennuieraient jamais, et elle prendrait toujours plaisir à imaginer un nouveau monde de papier, à le remodeler et à le changer à nouveau. Elle le faisait à ses huit ans, et le faisait toujours et encore. C'était elle, tous ses origamis étaient comme une extension de son âme, celle encore libre, celle qui pouvait voler sans finir bloquée, stoppée, par ces cages, celles de l'esprit. Des fois, elle avait l'impression de dépasser son vocabulaire, des dépasser le possible, et de tout simplement n'être rien, ou tout. Rien et tout, mais c'était beau. 
Lumah pensait à travers ses origamis. Elle se libérait d'un poids, les papiers dans le ciel étaient ces poids. Mais ils étaient autre chose après avoir quitté son esprit désormais vide, laissant place à l'Imagination.

« Tes oiseaux sont magnifiques Lumah ! J'aimerais bien savoir faire les mêmes ! »

La petite tourna sa tête tout de même, un instant. Une voix l'interpella, une voix familière. Son visage se mit à sourire immédiatement.

« Adulith ! » dit Lumah, euphorique.

Instinctivement, les bouts de papier qui voletaient un peu partout revinrent vers leur créatrice, puis se posèrent aux alentours, ainsi que sur sa tête et sa robe noire. Le noir de sa robe pouvait être jaloux de la couleur des oiseaux. Leur présence était presque inattendue, comme de la joie parmi de la tristesse.

« C'est gentil », la remercia-t-elle, les joues un peu rosies du compliment, mais le sourire toujours aussi bien affiché. « M'enfin c'est 'peu près mon seul talent... » Murmura-t-elle ensuite.

Adulith s'approcha d'elle, et se plaça à côté de Lumah, qui n'en était que plus ravie. Elle aimait Adulith, vraiment. Elles avaient les mêmes passions, et la fille aux cheveux-chocolat était une personne attentionnée, pleine de qualités. Elle se rappelait souvent leurs excursion. Ça aurait sûrement été bien différent si elle ne les avaient jamais rencontrées. Elle se perdrait sûrement plus, elle aurait peu être même voulu quitter Poudlard par peur, qu'aurait-elle fait cette nuit ? Qu'aurait-elle fait, après avoir cherché ce chat en vain ? Ça aurait été bien différent, elle n'aurait pas rencontré des personnes si chères à ses yeux.

« Je peux me joindre à toi ? Si ça ne te dérange pas ! » l'interpella la serdaigle.

Lumah hocha légèrement la tête, sans avoir à faire un marathon dans son esprit.

« Ça me dérange pas du tout », acquiesça la fillette. Surtout que la bleue était déjà assise, mais aussi que ça ne l'avait absolument pas embêtée à cet autre moment.

Elle rit.

« J'aime toujours autant tes cheveux ! » Avoua-t-elle ; tant pis pour le 'ça va ?' ou les questions essentielles.

Juste ce qui lui était passé par la tête, au naturel, comme on dit.

Désolée pour mon retard, j'espère que ça te plaît ! 

Lumah avait l'air de bonne humeur et contente de la voir, ce qui rassura Adulith, au moins elle ne la dérangeait pas. Elle fut surprise par le compliment de son amie, auquel elle ne s'attendait pas, il était rare qu'on la complimente ainsi : "Ah heu merci, toi aussi !"
Elle s'arrêta une seconde se disant que sa réponse n'avait aucun sens, ce qui la fit sourire, il fallait qu'elle s'entraîne à répondre aux compliments. Mais elle savait que Lumah la connaissait assez pour ne pas lui tenir rigueur de sa réponse maladroite.
Adulith était toujours contente de retrouver son amie, elle avait beaucoup de centres d'intérêt en commun (à part peut-être le vol sur balai), et Lumah avait un côté rêveur qui convenait bien à la personnalité de la serdaigle souvent perdue dans ses pensées.

Son regard se posa sur les origamis qui les entouraient : "Où tu as appris à faire tout ça ? Tu sais faire d'autres animaux ?" Elle savait que Lumah aimait, comme elle, les créatures magiques et surtout celles "trop mignonnes".
Elle se demanda s'il était possible de faire un niffleur ou un botruc en papier, comme ceux qu'elles avaient trouvé en mars dernier (ceux-la bien réels !). En tout cas, elle trouvait ces pliages vraiment jolis et elle avait bien envie d'en avoir un. Peut-être que Lumah accepterait de lui en faire un... Elle trouverait ensuite un sort pour le rendre solide et elle pourrait le garder comme porte-bonheur ! On lui avait toujours appris à ne pas réclamer, mais elle se dit que si c'était à une amie c'était différent, et puis, Lumah serait peut-être contente qu'elle veuille un de ses pliages, alors elle demanda : "Tu crois que tu pourrais m'en faire un pliage ? Je le garderai en souvenir comme ça !"

Lumah était joie ; elle était bonheur ; elle se sentait légère, son sourire - le vrai -, l'accompagnait, la nature et l'air frais la confortaient, et le soleil illuminait encore, en ce mois-ci, le grand parc, sans être limité par le lac d'un noir sombre et triste qui entourait le château, prison.

La petite sentait encore, en cet instant, chacun de ses membres ; elle se sentait vivante, et libre. Ses origamis, comme la continuité de ce qu'elle était, d'elle même, volaient avec cette même détermination, ce même désir d'aventure, et, comme le soleil, ils étaient loin de se retrouver enfermés par le lac. Comme son imaginaire, ses pensées, ils voyageaient.


La petite sentit ses joues se teinter de rose, incontrôlables, lorsqu'Adulith lui retourna son compliment. Son sourire la conforta cependant, et Lumah, comme contaminée, sourit à son tour.

La bleue la comprenait, elles avaient tant de points communs que ça en l'en ébahissait presque elle-même - enfin ébahir, c'est un bien grand mot, mais elle ne s'était vraiment jamais trouvé tant de points communs avec d'autres gens - ; comme les animaux, surtout les créatures fantastiques et mignonnes. Aussi c'était avec plaisir, un plaisir non contenu, qu'elle acceptait qu'elle s'asseoir à côté d'elle. Et avec autant de plaisir qu'elle entendait ce qu'elle avait à dire.
Attentive, elle avait tourné sa tête, laissant ses oisillons faire leur vie un instant sans son tutorat, pour écouter Adulith. A sa première question, elle ne fut pas étonnée ; pourtant, même si la seconde était tout aussi normale, elle fut quelque peu abasourdie que la fille aux cheveux chocolats la lui pose. On ne lui avait jamais, à son souvenir, demandé cela. En outre, elle mit un certain temps avant de trouver la réponse, si tenté que celle-ci existe.

« J'ai appris toute seule, enfin, en regardant— » des tutoriels sur l'ordinateur ? Lumah se reprit. Elle ne savait pas si Adulith était née de moldus, elle également. « — gens en faire. »

La petiote posa un instant son regard la Serdaigle, en se demandant ce qu'elle voulait dire par « d'autres animaux ».

« Oui, je crois... », dit-elle seulement, incertaine.

Son regard s'illumina lorsqu'Adulith, qui ne tentait pas, elle non plus, de cacher son excitation, lui demanda de créer un niffleur ; sans prendre la peine de lui répondre, Lumah se saisit de son papier, cherchant les couleurs qui pouvaient convenir - c'est à dire du noir et du beige - parmi toutes ces couleurs vives. Puis, lorsqu'elle les eut dénichées, elle tenta de se rappeler, au mieux, de son niffleur - celui qu'elle avait gardé suite à leur excursion avec Théa et Adulith -. Et, enfin, elle commença, hésitante, à plier le papier, en se remémorant les nombreux pliages qu'elle connaissait.

Un essai par terre. Elle prit son papier, à nouveau, et restructura, suivant les étapes de celui qu'elle avait raté, son niffleur.

Quand elle en fut enfin fière, elle tendit à sa coéquipière d'aventures la créature en origami, avec un grand sourire.

« Ça te va ? », demanda-t-elle, un grand sourire aux lèvres.

Adulith était sincèrement impressionnée, surtout quand Lumah lui indiqua avoir appris seulement en observant les autres. Elle aurait aimé avoir un talent elle aussi, n'importe lequel, mais quelque chose qui change de la magie. Elle savait faire apparaitre de jolis oiseaux grâce à son sortilège favori, elle s'était entraînée à faire des oiseaux qui, selon son humeur, prenaient des formes et de couleurs différentes. Ses apparitions tenaient de plus en plus longtemps et elle aimait s'exercer à ce sortilège.
Mais elle ne trouvait pas que c'était un talent, après tout, la maîtrise d'un sort était possible pour tous les sorciers, avec un peu d’entraînement... Elle aurait aimé avoir un talent qui ne nécessite pas de magie, en tout cas pas seulement. Certains avec un talent musical, d'autres dessinaient merveilleusement bien, et un grand nombre de ses camarades s'essayaient à l'écriture. Sans compter les sportifs, les acteurs, les joueurs d'échec...

Elle observa avec intérêt Lumah accéder à sa demande et se mettre à créer un niffleur. Sans qu'elle parviennent à capturer le détail des étapes dans son esprit, son amie réussit à faire apparaitre l'animal dans le papier en peu de temps. Adulith était stupéfaite et ravie, elle prit délicatement le Niffleur dans ses mains : "Il est super Lumah ! Tu es vraiment forte, j'aimerais bien savoir faire la même chose. Ou non pas forcément la même chose, mais être douée dans un truc comme toi tu vois ? Peut-être que j'ai un talent caché mais je ne l'ai pas encore trouvé !" Elle sourit, autant à son amie qu'à son Niffleur.

L'animal était vraiment bien fait et elle se jura de le garder en souvenir. Elle avait une idée, il lui faudrait trouver un sort pour le rendre incassable. La fragilité faisait la beauté des pliages de Lumah, mais si elle voulait conserver le sien, il lui fallait le mettre à l'abri des déchirures : "Je vais réfléchir à un moyen de le rendre solide, comme ça je pourrai le garder en souvenir longtemps. Je vais le mettre sur ma table de nuit, ou dans mon sac comme ça je l'aurai toujours sur moi...!"

Lumah avait l'air heureuse, et Adulith se sentait plus paisible. Voir son amie faire tranquillement ses pliages avait quelque chose de reposant. Il y avait tant de choses qui pouvait la tracasser qu'Adulith était contente de s'offrir cette pause. D'autant plus avec son amie, qui souriait tranquillement et semblait imperturbable dans sa décision de passer un moment sans problèmes.

Lumah était certaine qu'Adulith avait un talent, mais elle n'allait pas non plus lui dire l'inverse, ce n'était pas trop son genre. La serdaigle espéra qu'elle avait raison, elle le découvrirait peut-être un jour. En tout cas elle était sûre que ce n'était ni le dessin ni le chant. Elle jouait parfois un peu de piano et de guitare, mais n'était pas une virtuose et ne s’entraînait pas assez pour le devenir. Peut-être avait-elle un don caché pour le Quidditch ? Cette idée la fit sourire et elle se revit lors du premier cours de vol, non pas soucis à se faire de ce côté là...

Avant que ses pensées ne commencent à trop dériver, Lumah avait repris la parole, elle était pour l'idée de consolider le pliage. Bien sûr, il y avait forcément une formule, elle la trouverait dans un livre de sort. Sinon, elle en inventerait une... Ce ne serait pas la première fois, et elle aimait bien avoir de nouveaux défis à relever en sortilège.

"Oui tu as raison, j'irai voir à la bibliothèque et au pire je trouverai bien une formule moi-même ! Après j'aime bien l'idée de fragilité des pliages, c'est ça qui les rend beaux aussi..." Elle repensa à la tranquillité qui se dégageait de Lumah quand elle était occupée avec ses feuilles de papier "Tu as l'air vraiment détendue quand tu fais tes origamis, c'est agréable, il y a tellement de gens stressés, moi la première, ça fait du bien de se poser un peu comme tu fais, tu devrais proposer des ateliers origamis ouverts à tous, ça détendrait tout le monde !".

Cela l'amusa d'imaginer les élèves et les professeurs assis dans l'herbe devant Lumah, concentrés sur leurs morceaux de papier à écouter les conseils avec attention, elle était sûre que son amie ferait une très bonne professeure, même si se retrouver devant plein de personnes en train de la regarder et de l'écouter l'intimiderait sûrement.