Janvier 2045. Cela faisait à présent quatre mois qu'elle était à Poudlard, et il s'en était passé des choses. Des événements douteux avaient eu lieu à Poudlard, mais Maisie n'en savait pas trop à ce propos. De la même façon que depuis le début, elle restait dans sa bulle et ne parlait à personne pratiquement.

Les potins ne l'atteignaient presque pas, l'actualité n'était pas son fort. Bien sûr, de temps en temps, elle écoutait les autres élèves parler, lorsqu'elle était à table, notamment, mais sans plus. Parfois, elle se disait qu'il était peut-être temps de s'intéresser un peu plus au monde des sorciers, comme elle en faisait désormais partie. Elle avait entendu parler d'un journal pour les sorciers appelé "La Gazette du Sorcier", si elle se souvenait bien. Mais l'envie ne s'y prêtait jamais, alors elle restait dans l'ignorance.

Il n'était pas très tard lorsque Maisie se rendit dans le parc. Il était peut-être treize heures. Il ne faisait pas trop moche dehors, le soleil daignait enfin montrer le bout de son nez, alors elle en profitait pour prendre un peu l'air. L'hiver lui semblait si long, et l'été si loin. Elle avait besoin de se ressourcer, de sentir les quelques rayons de soleil réchauffer son petit corps. Maisie n'avait pas abandonné sa petite laine. Le vent était encore bien frais, et faisait encore frissonner plus d'un élève à Poudlard, dont elle.

Elle avait un peu de temps devant elle, avant de reprendre les cours, alors, déterminée à écrire une lettre à ses parents, elle alla s'installer près d'un arbre. Elle était rentrée récemment à Poudlard, il y avait quelques semaines, mais ceux-ci lui manquaient. Et puis, elle s'inquiétait aussi. Elle avait entendu dire qu'il se passait des choses chez les "moldus". Maisie n'aimait pas ce terme, elle se sentait inférieure lorsque les autres le prononçaient.

Enfin, même si elle n'avait pas cours de sitôt, elle ne souhaitait pas perdre de temps. Elle ne savait pas encore ce qu'elle allait leur écrire, à ses parents. Il allait sûrement lui falloir du temps, et quelques essais pour trouver la lettre parfaite.

Sortant un parchemin et une plume de son sac, elle se positionna du mieux qu'elle pouvait pour écrire.

Maman, papa,

J'espère que vous allez bien, et que vous n'avez pas trop de problèmes à la maison. D'autres élèves ont peur pour leurs parents, ils disent que c'est devenu dangereux. Ils disent que c'est la guerre entre nos deux mondes. J'ai peur. Je ne veux plus rester ici, certains disent que Poudlard n'est plus un lieu sûr... Je n'ai pas demandé pourquoi... Je ne voulais pas me faire encore plus peur...

Sinon, à part ça, je n'ai toujours pas réussi à utiliser ma baguette. Mes notes sont médiocres, je pense que je vais redoubler mon année. Ce n'est pas ce que je veux, mais j'ai vraiment l'impression que je ne vais jamais réussir. Pourquoi suis-je obligée de rester ici ? Je préférerais rentrer à la maison, être avec vous tous les jours et suivre des cours normaux. Les maths et la géographie me manquent beaucoup.

Je suis certaine qu'ils se sont trompés pour ma part. Comment une fille comme moi peut-elle être comme ça ? Surtout que je n'ai jamais montré un quelconque signe de magie, n'est-ce pas ?

Enfin. Ce ne sont que des détails. J'imagine que ce n'est pas le plus important. Sachez que malgré tout, je vais bien. Je suis un peu triste de temps en temps, car vous me manquez et que je me sens si seule... Mais je ne vous en veux pas, vous voulez que je réussisse, et je le comprends...

J'espère vous revoir très bientôt. Pendant les vacances prochaines, par exemple ? Je sais qu'on avait dit que je resterai à Poudlard, mais je n'en ai pas envie...

Je vous aime,

Maisie.

Ce n'était pas son premier jet. Maisie avait raturé et recommencé plusieurs fois. D'ailleurs, plus d'une heure s'était écoulée, depuis qu'elle avait commencé.

Apeurée à l'idée d'être en retard, elle rangea tout dans son sac, en vrac. Elle n'avait finalement pas l'intention de donner cette lettre à ses parents. Elle en disait bien trop sur ses sentiments, elle ne voulait pas les inquiéter.

Rapidement, elle se levait et se précipitait vers le château. Dans sa course folle, elle ne fit pas attention. Sa lettre, qu'elle comptait jeter, s'en alla de son sac. Elle jonchait à présent le sol du parc de Poudlard...

Aujourd’hui Noah n’avait pas cours. Cela l’arrangeait bien. Il ne savait pas bien pourquoi mais il se sentait mal ces derniers temps, et le froid de l’hiver aggravait la situation, il ne voulait donc pas être enfermé dans une salle de classe minuscule avec des "autres" à ses côtés.

Sans lien de cause à effet le froid lui faisait penser à sa famille. Et sa famille lui manquait. Il n’avait pas pu rentrer chez lui aux dernières vacances et ne rentrerait pas non plus à celle-ci. Il ne connaissait pas vraiment les causes de ces annulations mais quoi il en soit il devrait rester ici.

Il vaquait alors à son occupation préférée, à savoir traîner dans le parc en quête d’un animal ou d’une plante à observer, mais comme lui, la plupart des êtres vivant qu’il aurait pu rencontrer craignait le gel. Le soleil avait beau pointé son nez il ne suffisait pas à réchauffer ni les corps ni les cœurs.

Le jeune garçon se traînait, rêvant d’hiberner tel un ours polaire, quand son regard se posa sur un morceau de parchemin qui traînait par terre. Par-dessus tout, Noah détestait que l’on pollue la nature. Il le ramassa afin de le jeter lorsque son regard fut attiré par l’écriture. Alors qu’il n’aurait probablement pas du, il se mit à lire.
Il fut bouleversé par le texte, notamment parce qu’il illustrait à la perfection ses sentiments et son ressenti à lui. Il devait lui répondre, immédiatement.
Noah se mit à courir pour rentrer au château, se rendit directement à son dortoir pour récupérer plume et parchemin et se mit à écrire.

Bonjour,
Tout d’abord pardonne moi, j’ai trouvé ta lettre dans le parc, et je t’avoue que je l’ai lue. Je n’aurais probablement pas du, mais l’erreur est faite. Je te la renvoie dans ce même hibou, mais laisse moi te dire que tu n’es pas seule. Je ressens exactement la même chose que toi.
Je te souhaite bon courage,
A bientôt peut être,
N.J

Il avait écrit d'une traite, sans se relire, mais moins de dix minutes après il grimpait déjà les marches menant à la volière et attrapa un hibou disponible pour faire parvenir son courrier.

Le cours auquel Maisie avait participé s'était déroulé comme d'habitude. Elle avait tant de fois essayé de produire, ne serait-ce qu'une once de Magie, rien n'était sortie de sa baguette magique. Elle avait pourtant suivi scrupuleusement les conseils de ses professeurs, mais rien n'y faisait, elle n'y arrivait pas.

La frustration de ne jamais réussir s'était transformée en lassitude. Maisie ne stressait plus à l'idée de rater ses exercices ou encore de passer pour la plus nulle de Poudlard. De toute façon, elle avait beau faire tout son possible pour réussir, rien n'y faisait.

À la fin du cours, la jeune fille repensait à la lettre qu'elle avait écrite pour ses parents. Il était clair qu'elle n'allait pas leur envoyer, trop de pensées négatives avaient été écrites. Néanmoins, elle souhaitait tout de même y jeter un dernier coup d'oeil, avant de la mettre définitivement à la poubelle.

Lorsqu'elle fouina dans son sac, le morceau de parchemin avait disparu. Paniquée à l'idée que quelqu'un ait pu la lire, elle se mit à faire le chemin inverse. Rien ne se trouvait dans la salle de classe, la lettre devait sûrement être dans le parc, tombée sur l'herbe fraîche lorsqu'elle s'était mise à courir pour ne pas être en retard en cours.

Alors, elle se mit en route vers l'extérieur, tout en espérant y retrouver le morceau de papier.

Il n'en fut rien, le parchemin n'était pas là non plus. La panique commençait alors à la submerger, et si quelqu'un l'avait trouvée ? Ses joues devinrent rouges, elle ne pouvait imaginer que cela arriverait. Le parchemin devait s'être envolé, avec le vent. Elle devait fouiller un peu plus le parc.

Seulement quelques minutes après ses investigations, un hibou de l'école vint à sa portée, tenant dans son bec, le parchemin qu'elle semblait avoir perdu.

Contente de retrouver son morceau de papier, elle le saisit et constata qu'un autre papier était là. Qu'était-ce ? Tremblante, Maisie se mit à le déplier pour lire son contenu. Les mots inscrits sur le papier lui firent couler une larme. Sur le coup, Maisie en voulait à cette personne d'avoir violé son intimité, mais d'un autre côté, elle lui en était reconnaissante.

Peut-être était-ce pour elle le début de son histoire à Poudlard, peut-être que son malheur serait moins pénible à supporter, maintenant qu'elle savait que finalement, elle n'était pas toute seule ?

Lorsqu'elle eut repris ses esprits, la jeune gryffonne s'installa dans l'herbe, une fois de plus. Elle n'avait pas hésité longtemps avant de sortir un parchemin vierge et sa plume. Elle comptait bien répondre à la personne. La sociabilité n'était pas son fort, la preuve en était qu'elle n'avait à ce jour aucun ami. Peut-être qu'en communiquant de cette manière, elle parviendrait à chasser ses défauts-là, et à s'ouvrir un peu plus au monde et aux personnes qui l'entouraient.

En fait, elle avait juste besoin de parler. Qu'il soit un potentiel ami, ou non.

Cher "N.J",

Merci de m'avoir rendu ma lettre. Je t'en ai un peu voulu de l'avoir lue au début, mais après réflexion, je ne t'en veux plus (de toute façon, je ne sais même pas qui tu es).

Ca me rassure de savoir que je ne suis pas aussi seule que je le pensais, même si au fond, hormis les quelques mots que je t'écris, je n'ai quand même personne à qui parler.

Je trouve ça dingue de comprendre que d'autres élèves se sentent mal en ces lieux. Les autres parlent de Poudlard comme un endroit merveilleux, mais je ne le ressens pas comme ça. C'est pour moi une prison, avec permission de sortir pour voir nos parents de temps en temps. La magie n'est pas aussi extraordinaire qu'on le dit, surtout lorsqu'on ne sait pas l'utiliser...

Enfin, je m'égare.

Pourquoi ne te sens-tu pas bien, ici ? Tu en sais plus sur moi que j'en sais sur toi, alors je m'intéresse. Bien sûr, si tu n'as pas l'envie de me répondre, tu n'y es pas obligé.

En tous cas, merci encore pour ma lettre, je suis contente qu'elle n'ait pas fini entre de mauvaises mains.

J'espère te lire bientôt,

Maisie.

Etrangement, le volatile était encore à ses côtés, lorsqu'elle eût terminé d'écrire sa lettre. Alors, sans une once d'hésitation, elle lui ordonna d'aller apporter la lettre à ce fameux N.J. Elle espérait que le hibou comprenne sa demande, et que la lettre finirait à bon port.

Après avoir envoyé son hibou, Noah était retourné se balader dans la parc. Il avait besoin de réfléchir. La lettre qu'il avait lu et qui ne lui était pas destiné l'avait un peu chambouler. Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait mal. Mal d'avoir lu un courrier qui ne lui était pas destiné, et surtout il avait mal pour sa camarade.

Noah avait du mal à définir ses sentiments, il avait l'impression d'avoir un peu menti à sa camarade. ses notes en classe était excellentes mais ses capacités magiques frôlait le zéro, sur ce point il n'avait pas menti. Et il se sentait vraiment triste, pas seulement de temps en temps… Mais ca il ne l'avouerais jamais.
Il réfléchissait, perturbé par le fait de savoir qu'autour de lui d'autres élèves se sentait mal. Il ne s'était jamais posé la question, semblant entouré que de personne souriante, jamais il n'avait pensé aux autres ni à leur sentiments.

Sa réflexion fut interrompu par le vol d'un hibou se rapprochant: encore une lettre, qu'il lu la boule au ventre. Il eu une soudaine envie de vider son cœur à cette inconnue, de lui raconter toute sa peine, son malheur persistant depuis des années, son mal être, mais il savait d'instinct qu'elle souffrirait pour lui, il allait trier les informations qu'il distillerait afin de ne pas la blesser d'avantage.

Bonjour Maisie,

Permet moi de m'excuser encore d'avoir lu ta lettre.
Au début, je pensait que Poudlard était un lieu pour enfant malade psychologique… et puis j'ai découvert la magie, via les autres, puisque je suis de mon côté incapable, physiquement de la pratiquer. Je suis de trop ici, et je pense que dès que j'en aurai l'occasion, je m'enfuirai.
Au faite, je m'appelle Noah et je suis desolé que tu te sentes mal.
J'espère que tu m'écriras encore.

Noah trouvait sa lettre un peu nul, pas suffisamment bien pour la fillette qui se sentait mal, mais l'envoya malgré tout. Il espérait avoir d'autre occasion de sa rattraper.

À son plus grand étonnement, Maisie n'eut pas besoin d'attendre longtemps avant de recevoir une réponse de son correspondant. Le hibou qu'elle avait envoyé une trentaine de minutes auparavant, revint vers elle avec en son bec une nouvelle lettre à son intention.

Pour la première fois depuis qu'elle était ici, la jeune fille avait lâché un sourire. Cela l'avait d'ailleurs un peu étonné, lorsqu'elle s'en était rendu compte. Même si les deux élèves communiquaient via les parchemins, cela lui plaisait et lui réchauffait un peu le coeur. Elle qui se sentait si seule, découvrait que finalement, elle ne l'était pas. Encore plus lorsqu'elle se rendit compte que ce fameux "N.J", alias Noah d'après ses écrits, ressentait les mêmes choses qu'elle.

Elle eut soudainement envie de le rencontrer. Bien sûr, ce n'était pas quelque chose qu'elle lui avouerait, parce qu'ils ne se connaissaient pas, mais étant donné les circonstances, elle savait qu'une personne comme Noah pouvait avoir un impact sur sa santé mentale. Ils vivaient la même chose, ressentaient les mêmes émotions, et dans ces moments-là, Maisie pensait qu'ils étaient parfaits pour se soutenir l'un-l'autre.

Pour la troisième fois depuis le début de la journée, la jeune Gryffonne se saisit de sa plume et d'un parchemin vierge, décidée à répondre une nouvelle fois à son correspondant.

Cher Noah,

Tout d'abord, sache que je suis ravie de connaître ton prénom.

C'est assez triste à dire, puisque nous vivons tous les deux mal notre scolarité, mais je suis heureuse de parler avec toi.

D'après ce que je lis, nous ressentons exactement les mêmes choses et au fond, ça me rassure un peu. C'est d'autant plus vrai maintenant, de savoir que je ne suis pas seule.

Je sais désormais que tu as les mêmes problèmes que moi, la magie reste un grand mystère. As-tu déjà montré signe de magie, quand tu étais petit ? Il paraît que nos pouvoirs se manifestent toujours à un moment, dans notre enfance, bien avant notre arrivée à Poudlard. Personnellement, je ne crois pas que ça se soit produit un jour. Mes parents ne m'ont jamais rien dit à ce sujet. C'est pour cela que je pense comme toi, je n'ai rien à faire ici. À quoi ça sert, que nous restions tous les deux dans cette école, si nous ne savons pas pratiquer ? C'est un peu le monde à l'envers, les moldus auraient sans doute plus besoin de nous que Poudlard et les sorciers en général.

En réfléchissant un peu, je t'avoue que la fuite ne m'était pas venu à l'esprit. Que dirais-tu de fuir ensemble, si l'occasion se présente ? Nous aurons peut-être plus de chance d'y parvenir, en se serrant les coudes. Si tu es d'accord, n'hésite pas à m'écrire de nouveau.

J'ai la sensation d'avoir enfin trouvé un ami à qui parler, à qui me confier et qui comprend d'autant plus les choses que n'importe qui d'autre.

J'attends ta prochaine lettre avec impatience.

Bien à toi,

Maisie.

De la même façon que la fois précédente, Maisie rendit son bout de parchemin au volatile à ses côtés. Cette fois, elle regardait l'oiseau s'envoler. Peut-être que le destinataire se trouvait dans le parc. Peut-être pourrait-elle mettre un visage sur ce mystérieux Noah.

Depuis le dernier hibou de sa camarade Maisie, Noah avait fait une pause dans leurs échanges. Non pas qu’il n’ait plus envie de discuter avec elle mais il avait surtout eu besoin de réfléchir. Il s’était livré un peu trop facilement et cela l’inquiétait, n’étant pas dans ses habitudes.

Il avait également mis plusieurs jours avant de lire le courrier qu’il avait reçu. Et maintenant qu’il se sentait un peu mieux, il avait repris la lecture de tous les parchemins et s’était mis à répondre à ses camarades, en commençant par Maisie.

Bonjour Maisie,
Tout d’abord excuse moi pour le temps que j’ai mis à te répondre, mais je ne me sentais pas très bien. Pour autant cela me fait plaisir d’échanger avec toi !

Pour répondre à tes questions, je n’ai jamais prononcé je moindre mot, alors la magie… il n’y a aucune chance ! Et puis j’imagine qu’on m’en aurait parlé ! je viens d’une famille de Moldu, un truc si énorme aurait forcément fait parler !

J’accepte avec plaisir ton invitation à fuir d’ici. Tu as des idées ? Je pensais traverser le lac à la nage, qu’en penses-tu ?

J’aimerais vraiment t’aider, mais je ne sais pas quoi faire pour toi.

Qu’en pensent ta famille ? Tu as envoyé ta lettre ?

A bientôt Maisie,

Prend soin de toi surtout.

Noah savait que sa lettre n’était pas à la hauteur de la tristesse de sa camarade, mais il était perdu depuis plusieurs jours et il ne savait plus quoi dire ni quoi faire. Il avait l’impression que tout ce qu’il entreprenait était un échec.

Il n'en fit rien. Lorsque le hibou quitta Maisie, celui-ci s'en alla là où ses yeux ne pouvaient pas le suivre. Ce n'était pas encore le moment pour elle de voir à quoi ressemblait ce mystérieux Noah.

La jeune fille attendit dans le parc jusqu'à ce qu'il fasse un peu trop froid pour y rester plus longtemps. Elle avait attendu patiemment l'arrivée du hibou avec un nouveau courrier pour elle, mais celui-ci n'avait pas fait de réapparition.

La jeune gryffonne avait été un peu déçue, elle ne savait pas réellement pourquoi, mais discuter à travers les parchemins avec une personne dont elle ne connaissait pas l'identité lui mettait du baume au cœur. Peut-être était-ce parce qu'ils ne se connaissaient pas, justement. En discutant de la sorte, la jeune fille ne se sentait pas jugée, et aucun sentiment négatif ne se faisait ressentir. Elle se disait que si Noah avait bien voulu communiquer avec elle, c'était parce qu'il l'avait voulu. Et il n'y avait rien de bien méchant dans leurs propos.

Noah l'avait soulagée et peut-être qu'elle ne lui dirait jamais, mais elle en était très reconnaissante.

Quelques jours plus tard, après avoir imaginé tant de scénarios sur le silence de Noah, Maisie reçut de nouveau une lettre. Son cœur s'était mis à palpiter, elle était heureuse. C'était un sentiment agréable et si doux, qu'elle n'était pas prête d'oublier.

Ce sentiment fut néanmoins vite remplacé par un sentiment de tristesse. Elle se sentait mal vis-à-vis de Noah. Non pas qu'elle ait quelque chose à se reprocher vis-à-vis de lui, mais plutôt vis-à-vis d'elle-même. Maisie était si préoccupée par ses propres tourments, qu'elle n'avait jamais vraiment pensé aux tourments des autres. Elle n'était pourtant pas la seule élève à Poudlard, et comme elle le constatait, elle n'était pas seule à aller si mal et d'avoir l'impression de toucher le fond.

À peine eut-elle le temps de finir de lire le dernier mot de la lettre, qu'elle s'empressa de s'installer pour répondre à son camarade. Elle n'était pas très douée pour les mots de réconfort, mais elle allait essayer.

Cher Noah,

Je suis très contente d'avoir reçu de tes nouvelles. Je commençais à m'inquiéter. Je sais bien que nous ne nous connaissons pas, et pourtant, j'ai l'impression d'être ton amie depuis toujours. Nous sommes pareils et j'espère que ces quelques mots réchaufferont ton cœur.

Je ne suis pas d'un grand réconfort, je peine toujours à trouver les mots pour consoler les gens, mais sache que si tu as besoin de parler, ou de ne pas parler, je suis là pour toi.

Nous avons donc un autre point commun : jamais nous n'avons pratiqué de la magie, même dans notre plus tendre enfance. Raison de plus pour ne pas rester ici. Est-ce que tu savais qu'il était possible pour les sorciers de lancer des sortilèges sans prononcer le moindre mot ? Il parait que c'est plus difficile à maîtriser, mais du coup, ça veut dire que rien n'est perdu pour toi. Même si tu ne parles pas, tu peux quand même apprendre à te servir de ta baguette.

J'imagine que ma question est indiscrète mais... pourquoi n'as-tu jamais prononcé un mot ? Je comprendrais que tu ne veuilles pas me répondre. Et si tu me réponds, je t'autorise à me poser, à ton tour, une question indiscrète.

Sinon, pour la fuite, je ne suis pas sûre que traverser le lac à la nage est une bonne idée. Des bruits courent dans le château, tu n'as rien entendu ? Apparemment, une créature vit dans le lac, et ramène les élèves au bord du lac lorsqu'ils tentent de s'échapper. Enfin, si j'ai bien compris bien sûr. En plus, je pense que ce serait dangereux pour nous, il doit y avoir beaucoup d'espèces dangereuses dans ces eaux, et nager aussi longtemps pour atteindre les rives opposées est un risque. Nous pourrions mourir de froid, ou noyés.

Par contre, il me semble qu'il y a des barques, à Poudlard. Non ? Sinon, j'imagine qu'on peut essayer de traverser la grande forêt à côté du lac. Mais je ne sais pas où elle mène...

Tu m'aides déjà beaucoup, en répondant à mes lettres. Tu en as déjà fait plus que tous les autres en quatre mois de présence ici. Je pourrais dire que tu es comme mon sauveur, le héros qui me permet de sourire un peu plus chaque jour. Je ne pourrais jamais assez te remercier pour ça.

Concernant ma famille... Non, je n'ai pas envoyé ma lettre. Je la trouve un peu trop personnelle et je dévoile trop de sentiments négatifs. Je ne voudrais pas les inquiéter. Je leur écrirai bientôt.

À bientôt, cher Noah. N'oublie pas de prendre soin de toi, toi aussi.

Une seule larme s'était mise à couler, pendant qu'elle écrivait la lettre. Maisie retenait les autres, elle devait être forte. Forte pour elle, forte pour ses parents, et forte pour Noah.

Depuis sa dernière correspondance avec Maisie, le jeune Serdaigle s’en voulait de ne pas avoir pris de ses nouvelles plus tôt. Il s’en voulait de l’avoir fait attendre et il s’en voulait encore plus du contenu de son hibou. Il allait la blesser et la culpabiliser. Or, il ne voulait pas du tout cela. Au contraire son absence de réponse était pour la protéger, elle n’allait pas bien, en aucun cas il ne devait lui rajouter de peine en plus en lui dévoilant ses propres douleurs, ses propres failles et ses propres tourments. Il devait être fort, la soutenir, et non l’entraîner vers le fond avec lui.

Dorénavant il ferait tous les efforts du monde pour lui épargner toutes douleurs et frustrations, quitte à rajouter des blagues dans tous ses hiboux s’il le fallait pour lui arracher des sourires.

Bonjour Maisie,
J’espère que tu m’as pardonné de t’avoir fait attendre la dernière fois, je suis encore désolé. Maintenant je ferai des efforts pour te répondre plus rapidement. Je suis désolé également que tu sois encore plus triste par ma faute.

Aujourd’hui, rien de triste, et peut être même je rajouterai une petite blague afin d’essayer de te faire sourire.

Pour le lac j’ignorait cette rumeur, pourtant ça me donne envie d’essayer, j’aimerais bien voir les créatures qui le peuplent d’un peu plus près !

Pour la forêt interdite, les rumeurs que j’ai entendu à son sujet son encore pire que celle du lac ! Il semblerait qu’une araignée géante y ai vécue avec son millier de bébés il y a quelques temps. Je n’ai pas envie de savoir si la rumeur est vraie et ce qu’ils sont devenus.

Pour me faire pardonner du temps d’attente, je vais répondre à ta question : je n’ai jamais réussi à parler, je crois que je fais un blocage, car j’ai toutes les capacités pour le faire. Il y a aussi d’autres raisons, que je te révélerai un peu plus tard je pense.

Concernant ta lettre, tu devrais l’envoyé telle qu’elle. Cela te ferait du bien et ta famille pourrait te soutenir.

J’ai envie de te rencontrer Maisie. Maintenant !

Pour la blague, il faudrait repasser il n'en connaissait aucune.

Les larmes de Maisie avaient cessé de couler, elle se sentait beaucoup mieux. Elle n'aurait jamais imaginé, en échangeant avec Noah, que sa perception changerait à tous les niveaux. Maintenant, elle avait envie d'essayer, de ne plus penser au regard des autres. C'était peut-être plus facile à penser qu'à faire, mais telle était sa décision et pour le moment, elle était motivée à la respecter.

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter le parc pour retrouver son lit, la jeune fille vit au loin un hibou qui semblait se diriger vers elle. Noah lui avait répondu. Un large sourire se dessinait sur ses lèvres à cette idée, et Maisie attendit patiemment que le volatile soit à sa portée.

Lorsqu'il lui tendit le morceau de parchemin, la jeune fille s'en saisit immédiatement et s'empressa de le lire. Chaque phrase lui donnait le sourire, jusqu'à la dernière où elle sentit son coeur sortir de sa poitrine. Se rencontrer ? Maintenant ? La jeune fille ne s'était pas préparée psychologiquement à voir son correspondant. Elle se mit soudainement à paniquer. Noah attendait sûrement une réponse rapide, mais elle avait besoin de réfléchir. Allait-elle fuir ? Ou alors allait-elle prendre son courage à deux mains ? Telles étaient les questions qu'elle se posait. Elle n'imaginait pas prendre une décision à ce sujet si rapidement.

Cher Noah,

Ne t'en fais pas, je ne t'en veux absolument pas. Nous avons tous besoin, à un moment où à un autre, besoin de prendre un peu de recul. Tu as fait ce qui te semblait le mieux pour toi, et je ne peux pas t'en vouloir pour ça. Tu n'as pas à être désolé pour moi, je ne suis pas triste par ta faute. Bien au contraire, tes lettres me donnent à chaque fois le sourire, tu égayes mes journées.

Je te suivrai, si tu décidais d'y aller pour de vrai. Mais il faudra se préparer à toutes les possibilités, je ne suis pas sûre qu'on puisse se défendre face à des créatures qui nous veulent du mal. Notre baguette ne nous servira à rien, il faudra s'équiper à la moldu : des pierres qui coupent assez pour blesser un ennemi, des bâtons ou que sais-je...

Je ne savais pas ces rumeurs sur la forêt... Je suis du même avis que toi finalement, je n'aimerai pas me retrouver face à ces araignées géantes. Déjà les petites me font peur, je n'imagine même pas me retrouver face à des grandes. Beurk !

Je comprends mieux ! Ca viendra un jour, c'est peut-être comme la magie. En prenant notre temps et et en faisant les efforts nécessaires, je suis sûre que nous pourrions tous les deux y arriver. Ce ne sont que des étapes à franchir et nous avons toute la vie pour les atteindre.

Merci pour tes conseils. J'ai réfléchit un peu et... je pense que je vais les suivre. Tu as raison.

Penses-tu que c'est une bonne idée ? Je veux dire, de ce rencontrer. J'ai beaucoup de facilités à te parler par courrier, mais le face à face risque d'être totalement différent...

Maisie s'arrêta d'écrire un instant. Elle réfléchissait encore. Allait-elle y aller ? Prendrait-elle le risque de rencontrer Noah ? Si ça se trouve, après cette rencontre, celui-ci ne voudrait peut-être plus la voir...

Elle stoppa net ses pensées négatives. Il fallait qu'elle soit optimiste. Alors, elle reprit sa lettre.

Oh et puis tant pis. Je veux bien te rencontrer. Que dis-tu de se retrouver dans 1h devant le lac ? Je t'y attendrais.

Maisie

Sans se relire, elle envoya ce qu'elle pensait être sa dernière lettre.

Fin du RP pour ma part, je te laisse conclure. Merci Noah, j'ai beaucoup apprécié l'écrire avec toi !

Depuis son dernier hibou envoyé à sa camarade Maisie, Noah ne cessait de tourner en rond. Il avait proposé à la jeune fille de la rencontrer et il savait qu’il jouait quitte au double. Il était stressé, soit la jeunette voulait le rencontrer et il avait peur. Soit elle voulait couper tout contact et il avait peur de cela aussi… Les deux réponses l’effrayaient, et chacune apportait son lot de questionnement.

Que feraient-ils s’ils se voyaient, comment allaient-ils communiquer, et qu’avaient-ils à se dire ?
Mais comment pourrait-il rattraper le coup si elle refusait, leur relation serait elle gâchée à jamais ou pourraient ils continuer à communiquer par hibou ?

Sa réflexion fut interrompu par l’arrivée impromptue du même hibou qu’il avait missionné peu de temps auparavant. Il lu sans plus attendre la réponse, et pris sa plume dans la foulée. Il lisait un paragraphe, faisait une pause lecture et ainsi de suite.

Chère Maisie,
Jamais je n’accepterai que tu me suives dans le lac car je refuse de te mettre en danger. Figure-toi que je n’avais pas pensé que le lac serait peuplé de créatures méchantes, il semblerait que mes connaissances en créatures magiques sont archi nulles.
Je te propose que nous restions encore quelques temps à Poudlard afin de peaufiner notre plan d’évasion.

Noah venait de finir sa lecture. Il décida de tout barrer pour ne laisser qu’une seule phrase.

Bien sûr que c’est une bonne idée, à tout de suite, je serai en avance !

Il attacha le parchemin à la patte de l'oiseau et parti en courant vers le bord du lac qu'il voyait au loin.