Bien des choses s'étaient passées depuis que Jodie était entrée à Poudlard. Bien des choses s'étaient passées, et que Jodie ne comprenait pas.

Assise dans le Parc, au pied de l'immense arbre dont le tronc se confondait entre un bois à l'écorce blanche et un bois à l'écorce marron, torsadés l'un à l'autre, Jodie avait la tête levée vers son sommet. Elle admirait l'épais feuillage vert qui projetait son ombre sur une surface incroyable du domaine. Elle plissa les yeux, comme pour essayer d'apercevoir l'étrange créature dont elle avait entendu parler, qui aurait établi son nid là-haut. Un paon noir. Un Paon Noir incroyable, impressionnant, intimidant. Apparemment, personne ne l'avait encore vu ; mais nombreux étaient ceux qui racontaient qu'il était possible de l'apercevoir la nuit, depuis la Tour d'Astronomie. Elle toucha du bout des doigts le tronc, qui était bien trop large pour qu'elle fut capable de l'entourer de ses bras, et laissa glisser sa main le long de la ligne formée par la torsade, accompagnant son geste du regard. Jamais elle n'avait eu autant l'impression qu'un arbre était vivant. Elle laissa alors retomber sa main et entoura ses genoux de ses bras. Assise à même la terre, son uniforme, qu'elle n'avait pas pris la peine de changer après les cours, était constellé de poussière. Ses cheveux cachaient une partie de son visage dont elle avait posé le côté gauche contre ses genoux. Elle fixait le sol. Pas une seule feuille. Pas une seule feuille parterre. Comment un arbre aussi grand ne pouvait-il perdre aucune feuille. Elle resta immobile dans cette position plusieurs minutes. Elle ne comprenait pas.

Avant de venir à Poudlard, Jodie s'était renseignée. Personne de sa famille n'y était jamais allé, tous avaient rejoint les murs de Durmstrang. Elle ne connaissait personne qui aurait pu lui faire part de son expérience au sein de cette école. Elle avait donc feuilleté divers livres, et avait ainsi eu connaissance de l'incroyable Parc qui entourait Poudlard, du magnifique Lac, de la splendeur du château, de ses nombreux secrets et mystères. Bref, autant d'aspects qui auraient pu faire passer L'Histoire de Poudlard pour un parfait guide touristique. Pourtant, quand elle était arrivée, rien n'était comme elle se l'était imaginé. Si le premier soir, arrivant tard pour la Cérémonie de la Répartition, elle ne s'en était pas rendu compte, les jours d'après avaient eu raison de cette illusion : Poudlard était une île. Aucun livre ne lui avait dit. Aucun livre ne lui avait dit que le Lac Noir encerclait Poudlard. Aucun livre ne lui avait dit qu'un arbre presque plus haut que la plus haute tour de Poudlard avait poussé dans le Parc. Un arbre comme elle n'en avait jamais vu avant. Et aucun livre ne lui avait dit qu'une créature comme on n'en avait jamais vu non plus habitait en son sommet. Que s'était-il passé ?

Elle reposa son menton sur ses genoux, tout en laissant un léger soupir s'échapper de son nez. De manière générale, il y avait beaucoup de chose qu'elle ne comprenait pas et qui s'étaient passées ces derniers mois. La chute du Ministère de la Magie, pour commencer, que ses parents avaient tant bien que mal essayé de lui expliquer, tout en essayant de la paniquer la moins possible. Et puis, aussi, surtout, la découverte par les moldus du monde des sorciers. Depuis lors, si le climat avait déjà été impacté par la mise en place du Conseil des Sorciers, il n'en avait que plus été dégradé. Pour la première fois depuis longtemps, les sorciers devaient se cacher des moldus non parce qu'ils le souhaitaient, mais parce qu'autrement, ils mourraient. Et ses parents étaient bien plus rassurés de savoir Jodie à Poudlard que chez eux.

Elle porta de nouveau son regard sur la cime de l'arbre, le regard perdu entre ses feuilles. Elle ne comprenait peut-être pas pourquoi il était là, mais ça ne l'empêchait pas de le trouver majestueux.

Les pas lents accompagnés d’un frottement de brindilles derrière lui brisait le silence installé du parc en hiver. Elle était là, debout devant l’étendue d’eau qui encerclait le château, capuche sur la tête et son balai en main. Fidèle ami, son Brossdur 6 qu’elle avait trainé aujourd’hui loin des vestiaires où il restait habituellement. Elle avait besoin d’air et le vent frais de décembre était parfait pour oublier tout ce qu’il pouvait se passer dans ce grand château mais aussi là-bas dehors, dieu sais où, là où ses parents se terrent. Décidément son balai était le seul à ne pas la lâcher. Il était toujours là lui, répondant présent à chaque fois que la fillette avait besoin de lui.

Son regard glissa sur le manche verni du balai et un léger sourire vint étirer ses lèvres. Elle fit glisser son indexe sur le bois comme elle pourrait le faire avec un animal vivant, un geste d’affection des plus simples mais pour un objet qui ne pouvait en ressentir. Mais pourquoi était-elle là, dehors avec son balai ? C’était pourtant si évident. Aliénor ne s’imposait plus aucune limite depuis que ses parents étaient partis pour l’Espagne et qu’ils l’avaient abandonnée, seule à Poudlard. Et aujourd’hui, elle avait grandement besoin de distraction. Tout semblait aller de travers en dehors de ce dôme protecteur, ils avaient si peu d’informations et déjà beaucoup ressentaient la peur. Alors s’éloigner de tout cela était devenu nécessaire pour elle. Mais cette idée lui était venu il y a, à peine quelques heures alors qu’elle était encore en classe. Un regard furtif en direction d’Eileen et cette envie lui était venue. Elle avait essayé d’escalader cet arbre double et elles avaient bien cru entendre quelque chose au sommet. Il était plus que temps de vérifier.

Alors oui elle aurait pu passer ce temps de bien meilleure façon, mais entre Rey qu’elle devait ignorer et qui en faisait autant et les autres qui posaient beaucoup trop de questions, il était mieux pour elle qu’elle ne soit pas trop entourée. Cette ambiance pesante n’aidait pas la petite Delphillia à rester calme. Elle ne voulait pas d’un autre épisode Hannah.

Elle inspira à pleins poumons l’air si frais avant de tout relâcher. Une fumée éphémère se créa devant elle et quand celle-ci fut dissipée, elle était déjà sur son balai, prête à décoller. Elle frappa du pieds sur le sol du par cet décolla sans aucun souci. Elle devait rester discrète pour ne pas se faire prendre par un prof du genre Mr Saunders qui ne se gênerait pas de l’interdire de Quidditch. Mais elle n’allait pas s’arrêter à un simple risque. Elle voulait voir, là ou tant s’arrêter à une rumeur, elle, elle voulait vérifier l’existence de cette bestiole.

Alors qu’elle volait en direction de l’arbre, prenant de plus en plus de vitesse, un souvenir lui revint. Cette course de balai contre Ennis, une Gryffondor bien trop douée pour que la petite Delphillia ne l’admette. Elle devait tout donner, comme lors de cette fois-là si elle voulait atteindre la cime de l’arbre. Il était quand même vachement haut le bougre. Elle se pencha sur son balai afin d’améliorer l’aérodynamisme ou un truc du genre et les yeux fixés sur sa cible, elle tira de toutes ses forces le manche de son balai afin de monter le plus vite possible le long du tronc de l’arbre. Concentrée au maximum, elle sentait la hauteur augmenter et son balai résister comme il le pouvait à l’attraction terrestre. Plus elle grimpait, plus cette adrénaline due à la peur et à l’excitation gagnait ses veines. Tant que ses doigts commencèrent à trembler légèrement. Elle serra les dents, elle était encore loin du haut de l’arbre et slalomer entre les branches n’était pas si simple, d’autant plus qu’elles devenaient de plus en plus nombreuses. Ses muscles se contractèrent et sous une dernière impulsion, certainement celle de trop, la main de la fillette ripa sur le manche. La petite Delphillia fut immédiatement déséquilibrée et son balai arrêta son ascension avant de tomber inexorablement vers le sol.

-Et merde…

Pourquoi ne paniquait-elle pas ? Elle avait déjà fait ça des tonnes de fois même si aujourd’hui elle était bien plus haut. Quelques branches lui griffèrent les bras et les jambes. L’une d’entre elles passa non loin de son œil gauche. Elle inspira pour se concentrer et alors que la gravité l’attirait de plus en plus vite vers l’accident, Aliénor attrapa de toutes ses forces son balai afin de se retrouver à l’horizontal. Elle serra les dents autant qu’elle le pouvait et alors qu’elle avait presque réussit son œuvre, elle aperçut des silhouettes s’approcher d’elle bien trop rapidement.

-C’est pas vrai !

Elle vira sur la droite et ses jambes frôlèrent le sol. Elle manqua de se retrouver face contre terre, mais heureusement ses réflexes n’étaient pas perdus. Le souffle court, elle s’arrêta quelques mètres plus loin. Cette situation était étrangement familière et la première fois c’était une fille de sa maison qui avait eu la peur de sa vie. Cyanna. Aliénor retomba sur ses pieds le balai en main et souffla doucement pour calmer son cœur qui s’emballait. Oui c’était elle qui était en faute et elle le savait, mais la colère qu’elle avait au fond d’elle se raviva comme un volcan endormi trop longtemps. Elle se retourna avant de fouler l’herbe du parc d’un pas bien trop brusque. Elle tomba face à deux personnes qu’elle ne prit même pas le temps d’analyser. Encore à quelques mètres d’eux, elle éleva la voix.

-Putain qu’est-ce que vous faites là ? Sérieusement, ça aurait pu être bien pire !

Crier comme ça ne servait à rien, mais Aliénor et le contrôle c’est une grande histoire. Mais alors qu’elle s’approchait toujours, elle reconnu le visage du garçon de Serpentard. Elle s’arrêta net en le fixant. Elle soupira bruyamment avant de dire en un souffle presque imperceptible :

-Manquait plus que lui…


Mots soulignés pour la compétition 1 Au fil des mots

Jodie se retourna avec surprise vers la personne qui la tira de ses pensées. C'était un garçon, pas bien plus âgé qu'elle, qu'elle n'avait jamais vu avant. Ou jamais rencontré.

« Bonjour. Excuse moi si je t'ai surpris c'était pas le but mais je regardais la cime et euh...'fin voilà. »

Elle l'observa, clignant des yeux, sans le couper. Les joues du garçon rougirent légèrement.

« J'ai pas pu m'empêcher de remarquer que tu regardais l'arbre...Moi aussi il me fascine j'aimerais bien en savoir plus sur lui mais je ne sais pas grand chose...Et toi ? .... Au fait j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Alexei enchanté ! »

Il ponctua sa phrase d'un sourire. Il avait l'air un peu maladroit, peut-être timide, ce qui lui conférait une certaine douceur et gentillesse. Jodie se releva, tout en se présentant.

« Moi c'est Jodie. »

Elle ne lui en voulait pas de l'avoir tirée de ses pensées. Elle orienta son regard vers l'arbre, parcourant son tronc du regard jusqu'à sa cime, là où se trouvait quelque part le nid du Paon Noir. Elle resta les yeux fixés dessus.

« Moi non plus je connais pas grand chose à cet arbre. Je ne sais même pas pourquoi il est là. Enfin, je suppose qu'il est là pour une raison. »

Non, définitivement, cet arbre n'était pas le genre d'arbre qui était là juste pour décorer un jardin. S'il magnifiait néanmoins le Parc de Poudlard, Jodie ne pouvait se résoudre à penser qu'il avait été planté simplement pour sa beauté. L'ouïe de l'enfant fut alors attirée par un bruit qui déchira l'air, de l'autre côté de l'arbre. Surprise, elle fit quelques pas autour du trop large tronc et lança un regard à Alexei. Elle vit alors un balai filer le long de l'énorme torsade blanche et marron, dirigé par une personne dont il lui était impossible d'identifier le visage, ou même le sexe.

« Mais qu'est-ce qu'il fait... »

Elle l'observa poursuivre sa course effrénée vers le sommet de l'arbre. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait, ni ce que cette personne cherchait à faire. Jodie ne s'interrogea pourtant absolument pas sur le caractère dangereux de cette entreprise, mais restait plutôt seulement captivée par ce mince bout de bois, ridicule par rapport à ce contre quoi il se battait, dansant et virevoltant autour des branches. Bientôt, elle le perdu de vue, trop haut, englouti par l'épais feuillage. La jeune Serdaigle resta comme interdite, ne sachant que faire. Allait-il se passer quelque chose ? La personne allait-elle redescendre ? Elle n'eut pas le temps de s'interroger avec plus de profondeur sur ces questions que rapidement, elle vit le balais retomber. Seul. Il fut suivi d'une silhouette, dont les mouvements du corps étaient portés par la puissance de l'air. Un bras se tendit, et rattrapa le manche. Jodie tourna à moitié son visage vers Alexei, sans être capable de détacher son regard de la scène.

« Je... Alexei... »

Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire. Elle restait immobile, ne sachant absolument pas comment réagir devant une telle situation. Même si elle avait essayé d'y penser, elle aurait été incapable de trouver un sortilège adapté ; et pour cause, elle n'en connaissait pas suffisamment, étant seulement en première année. Elle suivit donc simplement du regard le corps tomber, tomber, tenter de se rattraper, remonter sur son balai, puis se redresser d'une chute qui paraissait pourtant inévitable. Le balai se retrouva à une distance effroyablement proche du sol, avant de brusquement virer sur la droite, puis de s'arrêter quelques mètres plus loin. La silhouette retomba sur ses deux pieds et descendit de son balai, avant de le prendre dans sa main, puis se rapprocha de Jodie et d'Alexei. C'était une fille.

« Putain qu’est-ce que vous faites là ? Sérieusement, ça aurait pu être bien pire ! »

Jodie resta immobile, fixant l'inconnue dans les yeux, la bouche légèrement ouverte. Elle avait du mal à réaliser tout ce à quoi elle venait d'assister.

« Manquait plus que lui… »

Elle capta ces quelques mots et tourna instinctivement son regard vers Alexei. Elle comprit que tous deux se connaissaient déjà, mais ne se sentait pas, à ce moment précis, particulièrement concernée par le sous-entendu de cette phrase. Elle réorienta donc son regard vers la jeune fille, et secoua la tête, cherchant à se remettre les idées en place.

« Je... je suis désolée. Je sais pas, j'ai... Je savais pas quoi faire. »

Elle s'arrêta là, observant son corps, à la recherche d'une éventuelle blessure.

« Tu t'es pas fait trop mal ? T'as eu de la chance, bon sang. »

Jodie replongea ses yeux dans les siens, presque impressionnée. C'était typiquement le genre de chose un peu idiote et inconsciente que son frère aurait pu faire, mais qu'elle n'aurait absolument pas jugée comme telle.

Désolé du retard j'avoue que ce rp est complètement passé sous mon radar



-Pour protéger...



-Jusqu'à preuve du contraire c'est pas interdit de se promener dans le parc

Son regard se posa réellement sur la fillette que lorsque celle-ci ouvrit la bouche pour s’inquiéter de l’état d’Aliénor. La troisième année allait très bien, elle n’était pas en sucre et bien au contraire, elle était plutôt solide. Ce n’est pas une petite chute de balai qui allait lui faire du mal, peut-être un ou deux bleus mais rien de plus. Et encore aujourd’hui elle n’est pas vraiment tombée, elle a failli, mais elle n’est pas tombée.

Mais alors qu’elle allait répondre, le Serpentard prit la parole. Aliénor leva les yeux au ciel, oui son reproche était stupide en soi et elle le réalisait bien, mais la frayeur qu’elle a eue, l’adrénaline et le fait qu’il soit là ne permet pas vraiment à la jeune fille de réfléchir correctement. Heureusement pour lui le calme de la fille a ses côtés apaisait un peu la colère grandissante de la jeune Delphillia. Aliénor prit une grande inspiration en fermant le yeux, abaissant à un rythme normal les battements de son cœur.

-Moi ça va.

Aliénor passa une main dans ses cheveux encore un peu retournée par ce qu’il venait de se passer. Au combien c’était de sa faute, ils n’avaient même pas eu le réflexe de se coucher au sol, si Aliénor n’avait pas viré au dernier moment l’accident aurait été potentiellement catastrophique.

-Putain on a eu chaud…

Aliénor adressa une œillade au garçon de Serpentard. Elle n’aimait pas vraiment le ton qu’il avait employé et quand bien même il y avait cette fille à côté qui n’avait rien fait, Aliénor n’allait pas le laisser lui parler comme ça. De toute façon, la douceur, la délicatesse, le tact, tout ça, était absent du corps de la jeune fille alors ça allait sortir autant que ça sorte directement.

-Et toi si c’est pour dire des banalités pareilles ferme-la.

La troisième année soupira de plus belle avant que son regard ne retombe sur son balai qui lui aussi aurait pu avoir sacrément mal. Au fond, elle se fichait de risquer sa vie à elle, mais mettre en danger les autres ce n’était absolument pas son but et elle s’en voudrait à vie de faire du mal à quelqu’un. Mais en plus de ça, si elle abime son balai, son précieux balai, elle serait effondrée. Tout ça pour avoir la chance de voir la créature qui crèche là-haut… Elle aurait du s’en douter que ce n’était pas possible, les branches de l’arbre deviennent trop dense, c’est impossible de voler là-dedans. Du moins impossible pour Aliénor, elle n’a clairement pas le niveau. Peut-être un jour, mais elle espère bien que d’ici là, Poudlard n’aura plus besoin de telles protections. Mais on ne l'y reprendra plus, elle avait essayé sa curiosité était satisfaite, elle n'allait pas risquer sa vie une seconde fois. Pas de fois de la même façon du moins.