Une semaine. Une semaine avant le prochain match, une semaine avant ce qui sera mon premier match. Et pourtant je ne suis pas. stressé. du tout. En réalité j'avais quelque chose d'autre à l'esprit, un petit oiseau rouge vif et noir qui voletait  autour de ma tête en me chantant mes tourments à l'oreille avec un plaisir sadique. Ce petit oiseau porte le joli prénom de haine, bien que de nombreux spécimens de la même espèce avait pris l'habitude de laisser leur chant insupportable me bercer mes oreilles. Il y avait déni, un petit oiseau qui ne savait pas voler bien qu'il faisant semblant d'agiter ses ailes grises; mais également tristesse, un petit oiseau bleu qui ressemblait à un petit corbeau sous-alimenté  au chant faible et aigu qui venait souvent se poster juste devant mes yeux: puis enfin venait dégoût, un petit oiseau qui de toute évidence venait de sortir du nid mais accompagnait souvent mes épaules en posant sur mon dos sa longue que semblable à une queue de pie aux nuances verdâtres.

Ces oiseaux me fusillaient les oreilles de leurs chants plus ou moins bon à entendre, si bien que le monde extérieur me semblait dénué de son et qu'un élément devait d'abord tenter de chasser les oiseaux avant d'arriver à attirer mon attention. Attention qui restait bien souvent troublée par le come-back de tout ces petits oiseaux.

C'est dans l'espoir de m'échapper de la compagnie de ces animaux que je tente de me mettre dans un endroit insolite où rien ni personne ne viendra m'embêter, qu'il soit humain ou oiseau. Aussi j'ai enfourché mon nimbus 2001 après y avoir accroché un stock de nourriture que j'ai allégé d'un coup de baguette magique afin de pouvoir tenir toute la journée sans avoir à avoir de contact avec quiconque.

Caché derrière plusieurs touffes de feuilles, posé sur une énorme branche marron d'Ojayit, je reste là seul à manger mon sandwich, le nez dans mon exemplaire du futhark. Je pose ma bouteille de bièraubeurre qui, mal calée, tombe dans le vide. Et merde...

« Accio bouteille de bièraubeurre. »

Une nuée de petits débris de verres remontent avec scintillement et se posent en tas devant moi. Un coup de baguette et la bouteille, bien que vide, redevint comme neuve. Mon esprit lassé de fehu, d'ehwaz et d'þurisaz se laisse aller à divaguer jusqu'à laisser ma baguette changer la bouteille vide en oiseau bleu. Bon retour parmi moi tristesse...

Le souffle encore peu assuré, encore en tenue de sport, elle observait le par cet tout particulièrement cet arbre qu’elle avait tenté d’escalader en présence de sa camarade et coéquipière. Tout juste sortie d’un entrainement en solitaire. Cela pouvait paraitre étrange de mettre un point d’honneur à s’entrainer alors que les Hel’s étaient si bien partis pour la coupe à la suite de leur victoire il y a quelques semaines, un mois presque. Mais la fillette était loin d’être satisfaite de ses prestations lors des matchs. Face aux serpents c’était la précision, face aux Serdaigles la vitesse et la concentration… Il lui manquait toujours quelque chose pour qu’elle soit fière d’elle. Et puis à la fin de ses entrainements elle était bien plus détendue, bien plus apte à mettre en action les conseils de Miss Field. Elle c’était donc dirigée vers le parc toujours son balai en main pour observer le calme ambiant du parc. Elle lança un regard de défis à l’arbre qui avait vu le jour sous leurs sortilèges. Elle avait échoué la dernière fois qu’elle avait essayé de voler vers son sommet. Elle était tombée avant la fin, mais en même temps il était si haut…

Mais alors qu’elle observait la silhouette de l’arbre se découper dans les rayons du soleil, quelque chose attira son regard. Un objet, certainement petit venait de dégringoler de l’arbre. Aliénor enfourcha son brossdur pour aller voir ce qui avait bien pu tomber de cet arbre. Elle espérait que ce soit une paon noir dont on parle, elle pourrait le voir de près. Quoi que, pour un oiseau tomber ce n’est pas bon signe. Elle accéléra autant qu’elle le put mais lorsqu’elle arriva au pied de l’arbre, rien. La fillette analysa le sol, mais rien en la rappa plus que ça, si ce n’est une flaque au sol. Mais rien d’anormal en cette saison.

C’est alors que le chant d’un oiseau attira son regard vers le haut de l’arbre. La petite Delphillia leva les yeux et les plissa pour essayer de distinguer une forme entre ses branches et ce feuillage. Il y avait bien quelque chose là-haut, mais ça n’avait pas l’air d’être un oiseau. Aliénor fronça les sourcils et sa main se resserra autour du manche de son balai. Cette fois ce n’était pas au sommet de l’arbre qu’elle voulait aller, là où se terrait le paon, mais bien plus bas, au niveau des premières branches.

Aliénor frappa le sol de son pied pour décoller puis monter en flèche le long des troncs. La fatigue déjà présente lors de son entrainement lui revint vite et des douleurs aigues lui prirent dans les bras. Aliénor serra les dents et posa ses pieds sur la première branche visible. Elle s’équilibra comme elle le put, son balai dans une main et l’autre accrochée u tronc. Elle leva les yeux vers la masse qu’elle avait aperçue d’en bas et sa surprise fut grande. La masse noire n’était rien d’autre qu’un élève et en plus une élève qui était bien familier à la petite Delphillia.

Aliénor s’approcha du tronc afin de pouvoir glisser son balai dans l’un des enchevêtrements des troncs. Puis elle grimpa sur la seule branche accessible de la sienne. Elle devait être à peine un mètre sous Rufus, mais il était évident qu’elle était bien moins à l’aise que lui. Elle passa ses jambes de chaque côté de la branche et appuya son dos contre le tronc. Son regard se leva de nouveau vers le garçon et, avec un sourire en coin, elle lâcha :

-Trouvé. Je gagne quelque chose ?

Son ton exprimait sa désinvolture habituelle alors que son cœur battait la chamade dans sa cage thoracique par peur de se casser la gueule. Une mort certaine, c’était sans équivoque, mais bon, elle allait se détendre.

Ennuyé, ma baguette dans la main, je décide de graver mon nom sur le tronc avant de reprendre. Si je ne me trompe pas, on est pas sensé mettre les lettres muettes, le "s" à la fin de mon prénom  qui aurait été remplacé par ᛊ, la rune sōwilō serait donc absente. Mais j'ai encore un doute... Non. C'est sûrement avec toutes les lettres.

En train de graver la rune "ᚢ" appelée ūruz qui remplace le deuxième u de "Rufus", je vois alors une forme monter. Qu'est-ce que je fais ? C'est certainement un humain mais: préfet, pookav ou ami ? Il y a avait environ..   2/3 chances que ce soit un personne à qui je devrais envoyer un sort. Un sortilège de répulsion pourrait être efficace.

Encore quelques secondes avant que le la possible chute soit grave. La chute pourrait casser un os. La chute pourrait être mortelle. La chute serait sans aucun doute mortelle. Trop tard. Je reconnais le visage de la batteuse de Poufsouffle. Alienor.

Je finis de tracer la dernière lettre: ᛊ, sōwilō.  ᚱᚢᚠᚢᛊ. Rufus. Et voilà, Ojayit aura à tout jamais une marque de mon passage, on pourra dire: Le grand Rufus est passé par là. Reportant mon regard sur elle qui se pose une branche blanche, j'inspire une petite bouffée de fumée avant de laisser les cendres de cigarette se faire emporter par le vent.

«Tu gagnes quelques minutes en ma charmante compagnie Lui annonçais-je avec une ironie eenuyée avec un faible rictus avant de souffler la fumée sur ma gauche. Tu montes ou tu restes là ? continuais-je  en lui faisant une place à côté de moi.  »

Je jette dans mon sac mon exemplaire du futhark fermement accroché à la branche par le biais d'un sortilège.

Les mains de la fillette se posèrent sur la branche juste devant ses cuisses et son regard tomba vers le sol. Elle n’avait pas le vertige, mais cela faisait bien longtemps qu’elle n’était pas montée dans un arbre et elle n’était pas des plus à l’aise au vu de la hauteur de celui-ci. En même temps quel hurluberlu viendrait ici alors qu’il y avait des tas d’endroits pour être tranquilles dans le château. Les paroles du batteur de Serpentard William Bakerley lui revinrent alors en tête. Il n’y avait pas d’endroit pour être tranquille à Poudlard, et aujourd’hui elle en était la preuve vivante. Elle venait certainement de déranger Rufus. Mais après tout, il venait de l’inviter à venir un peu plus haut à ses côtés.

Aliénor prit une grande inspiration avant de se décider à grimper aux côtés du Serpentard. Après tout elle faisait mumuse avec des cognards dans les airs à califourchon sur un balai, alors ce n’est pas un arbre qui allait l’arrêter. Elle se revoyait avec Eileen en bas de l’arbre la tête à l’envers et le pied coinsé entre les deux troncs. Elle c’était fait une belle bosse ce jour-là, et aujourd’hui elle était là.

-Ok.

Aliénor fit passer sa jambe droite au-dessus de la branche avant de se hisser sur celle-ci. Elle savait qu’elle pouvait le faire, sa méthode serait très certainement archaïque, mais elle y arriverait. Travailler sa volonté, voilà, on va dire que c’était la suite de son entrainement. Au pire si elle tombait, peut-être qu’elle survivrait et qu’elle ressusciterait tel un phénix, voilà qui ferait jaser les gens au château. Il n’y a jamais assez de bruit de couloir pour Poudlard.

Debout sur sa branche, elle observait autour d’elle les braches qu’elle pouvait utiliser pour grimper un peu plus. Elle se faisait son itinéraire avant de se lancer, après elle laisserait faire l’instinct et elle passerait de branche en branche comme un ruisseau trouve le chemin pour s’infiltrer n’importe où. Elle s’écarta du tronc, les bras ne croix comme un funambule avant d’atteindre une branche qui la rapprochait un peu plus de celle de son camarade. Après quelques frayeurs elle se retrouvait non loin de la branche de Rufus. Accrochée au tronc, elle en fit le tour pour poser son pied sur la branche déjà habitée par Rufus. Elle avait cette sensation de briser le règlement comme elle avait pu le faire avec Jules, en essayant de le forcer à rentrer dans le bureau du concierge. Mais elle c’était prit une sacrée taule ce jour-là. Mais peu importe. Elle rapporta tout son poids sur la même branche que son camarade qui semblait bien assez robuste pour soutenir leur poids à tous les deux. Mais alors qu’elle s’apprêtait à s’assoir, son pied glissa accélérant son assise. Aliénor laissa échapper un cri en se rattrapant, une main sur le tronc et l’autre sur l’épaule de son camarade, son coeur venait de manquer un battement et il n'était pas au bout de ses peines. Elle n’eut même pas le temps de jeter un coup d’œil à son camarade qu’elle vit sa baguette tomber vers le sol.

-Oh non !

Aliénor se pencha autant qu'elle le put et le plus rapidement possible, mais elle ne pouvait rien faire. Elle se voyait déjà sans baguette, elle ne savait pas comment faire, c’était si précieux pour un sorcier. L’histoire de Cassandre volant sa baguette à Angel revint dans l’esprit de la fillette. Non, elle ne voulait pas vivre ça, même si ici, elle était la seule responsable. Elle aurait mieux fait de partir en vadrouille dans le château visiblement...

Mots soulignée pour la compétition n°1 Au fil des mots

Et hop, me voilà avec une voisine à partager ma branche. Soufrant une petite bouffée de fumée, je ne régis pas à sa réaction face à ça baguette qui perd quelques mètres d'altitude toutes les secondes. Le visage inexpressif, le regard légèrement vitreux je fias un petit mouvement de baguette.

«Accio baguette d'Alienor récitais-je en soupirant »

La baguette fit demi tour et vint à une certaine vitesse vers nous. Au bout d'une petite minute elle revient se loger au creux de ma main gauche, je lui tends sa baguette pour la faire décompresser.Je lui tends une bouteille de bièraubeurre dont je fais sauter le bouchon.

« Sers toi, j'ai prévu tout pour passer la journée ici, seul. Dis-je d'un ton de dont il était difficile de distinguer la mélancolie. Mais tu peux rester. m'empressais-je d'ajouter »

J'aurais préféré rester seul avec mes oiseaux, bien que tristesse, haine et dégoût soient enfermés dans une cage formée d'indifférence. Déni lui est fièrement perché sur le haut de ma tête et émet des petits bruits graves pour tenter de m'empêcher d'entendre le chant de tristesse qui est aidé par ses compères, bien qu'il dirige largement le cœur, j'ai du mal à entendre les paroles, seule la mélodie, comme un lointain écho, arrive à passer outre les piaillement de déni pour se loger au creux de mon oreille. Le regard légèrement vitreux, je me charge de faire la conversation en estimant que rester silencieux paraîtrait impoli.

«Donc tu as appris la nouvelle ? On va pouvoir s'affronter au Quidditch maintenant. Pâle sourire. »

Ne lâchant pas des yeux sa baguette, Aliénor n’entend même pas la voix de son camarade prononcer la formule qui ramène la baguette de la fillette dans sa main libre. La fillette lui adresse un grand sourire avant de ranger sa baguette puis attrape le breuvage sorcier en observant le sac de Rufus et tout ce qu’il a pu apporter ici. *Seul* La fillette tourne la tête vers le Serpentard, elle était venue ici par pure curiosité et elle ne ce n’était pas vraiment demandée si elle le dérangeait. Mais elle n’a pas le temps de protester contre elle-même qu’en une pirouette habile le garçon la rassure.

-Cool.

Elle porte doucement le goulot de la bouteille à ses lèvres. Son père lui avait déjà fait goûter des boissons alcoolisées, mais elle n’en avait jamais eu entre les mains réellement. La bièraubeurre était certes peu alcoolisé mais quand même, elle se sentait comme une grande en fait, perchée sur cette branche si complexe à atteindre, cachée du monde extérieur par quelques feuillages. La parfaite cachette. Elle avala sa gorgée avant de répondre au garçon.

-Oui j’ai entendu ça, les bruits de couloir vont vite à Poudlard. Mais vu comme tu te débrouillait face au saule, ça ne m’a pas surprise.

Aliénor tenta une œillade envers son camarade, il semblait entre deux mondes, comme elle pouvait l’être lorsqu’elle dessinait. Mais être invasive n’était pas son truc, certes elle n’avait pas la langue dans sa poche et manquait souvent de tact, mais elle ne voulait forcer personne à lui raconter sa vie. Elle-même ne le ferait pas, alors bon. Elle se laissa aller à ses pensées observant le parc en contre-bas, finalement sa peur c’est volatilisé avec le temps. Son premier match… Ce n’est pas pareil que de voler seul, les tribunes qui crient, Aliénor se souvenait de cette sensation d’étouffement de casque sur la tête, même si elle avait passé tout son match sur le banc.

-Tu verras c’est différent, c’est les supporters le plus grand changement, toujours du bruit, tout le temps, à la fin t’as la tête en compote.

Du moins c’était son souvenir, maintenant, elle avait appris à passer outre. Elle restait concentrée sur son match, plus rien ne l’atteignait mis à part ses piètres performances. Mais peu d’élèves pouvaient vraiment le remarquer, après tout son équipe gagnait, alors ils ne pouvaient pas mal jouer… Et bien si. C’était en collectif qu’ils avaient brillé, mais la petite Delphillia elle, avait raté la plupart de ses actions ce qui lui avait un peu miné le moral, comme a la fin du match contre Serpentard.

Aliénor avala difficilement sa salive et but une nouvelle gorgée pour faire passer cette amertume. Elle ne voulait pas penser à ça, elle c’était déjà entrainée aujourd’hui, pas la peine de se punir encore, même si c’était sa spécialité. Les marques sur ses phalanges avaient disparu, elle avait parlé avec Eileen, mais la douleur était toujours bien présente et la colère coulait encore dans ses veines. Mais elle apprenait et avec le temps, elle se maitriserait.

-Dommage, t’affrontera pas le meilleur batteur de Poudlard.

Un sourire fendit ses lèvres alors qu’une nouvelle fois, la bouteille venait à la rencontre de ses lèvres, le rire, voilà comment elle ferait passer ses idées noires. C’était bien plus efficace que n’importe quelle boisson, encore plus si son camarade rentrait dans son jeu. Après tout elles étaient à égalité avec Irene, quoi qu’elle était peut-être un peu plus forte. Rien ne prouvait que la petite Delphillia était au-dessus bien au contraire, mais se venter en rigolant, c’était son arme. C’était bien mieux que de pleurnicher sur son sort, sans façon.

J'inspire une dernière bouffée de fumée avant de laisser mon mégot, finis, dans une bouteille d'eau vide et compressée  qui contenait la plupart de mes déchets. Je me décide enfin à me forcer à laisser les oiseaux de côté en me concentrant pour ne plus percevoir leurs piaillements incessants. Je vais les transformer en nuggets ces saletés, je veux plus les entendre. 
Sa voix me revient aux oreilles. Je tourne la tête juste à temps pour percevoir une œillade qui me fait sourire.

« J'espère que tu les enverras aussi vite que le saule cogneur. Tu penses que si il se trouve un balais il pourrait se faire une carrière dans le Quidditch ? Demandais-je avant de lui rendre son œillade »

Je réfléchis longuement à ce qu'elle a dit sur la différence entrainement et match. Je n'étais pas vraiment dans les tribunes la plupart des matchs, peut-être y suis-je allé une ou deux fois, mais avoir un château vide de pratiquement tout ses occupants habituels n'était pas désagréable. Pouvoir squatter le canapé de la salle commune impunément ou même tenter d'utiliser ce temps libre pour préparer des choses douteuses loin des regards indiscrets.

Ça tête en compote, elle ne l'avais apparemment pas fait aller beaucoup quand elle avait été régler quelques comptes avec Sparks, celle qui avait joué au poste de Gardienne. Non. c'est méchant. Elle avait quand même bien été insultée selon les rumeurs. Et si la Poufsouffle l'aurait frappée ça aurait été amplement justifié, mais en bon Serpentard ils auraient pris un malin plaisir à la dénoncer à miss Montmort.
Le meilleur batteur de Poudlard ? Qui c'est ?

«Que veux tu ma chère, je ne pourrai jamais m'affronter moi-même et j'en suis bien triste. Tu te rends compte ? Jamais je ne pourrai affronter le meilleur batteur de Poudlard. Ironisai-je d'un ton faussement désolé. »

Je peux enfin lâcher un ricanement qui a pour effet presque immédiat de rendre muet les oiseaux.

Aliénor échapper un léger rire dans un soupir. Leur petite joute face au Saule cogneur c’était amusant, mais ça n’avait rien à voir avec un vrai batteur. Il ne visait personne et ne faisait que dévier en donnant de la force, aucun effet, aucune cible prédéfinie. C’était un jeu bien différent que celui de jouer face à quelqu’un et surtout d’avoir la responsabilité de protéger ses coéquipiers. Aliénor préférait largement se prendre les cognards elle-même plutôt que de voir ses amis encaisser le choc violent. Elle leva la tête vers le haut de l’arbre qui montait encore et encore comme à l’infini. Ça avait quelque chose d’envoutant, de captivant et ça apaisait un peu la fillette. C’est alors que son regard fut attiré par des oiseaux qui voletaient ou se posaient bien trop près des jeunes gens. Aliénor arqua un sourcil en en observant un. Elle se risquerait presque à étendre la main vers lui, mais la voix du garçon la ramena sur terre, enfin sur sa branche exactement.

Aliénor porta une main à sa poitrine, prenant un air faussement outré et touché, sa bouche s’arrondissant avant qu’elle ne relève la tête l’air fière et qu’elle ne lâche le garçon du regard pour qu’il se perde de nouveau entre les feuilles et les rayons du soleil qui dessinait des arabesques sur les autres branches.

-T’as intérêt à briller après ce que tu viens de dire, parce que si le meilleur batteur de Poudlard n’est pas encore le même dans toutes les têtes, on verra bien qui il est à la fin du championnat !

La fillette était bien loin de penser qu’elle pouvait être considérée comme la meilleure batteuse de Poudlard, elle en était encore loin, elle qui ratait tous ses cognements, s’en était presque affligeant. Elle fit légèrement tournoyer la bieraubeurre dans sa bouteille, c’était bizarre non ? Venir avec un tel attirail en haut d’un arbre pour rester seul toute la journée ? Il y avait des gens qui aimaient être seul, mais à ce point ? Aliénor n’était pas vraiment du genre solitaire et même si se retrouver seule de la dérangeait pas, l’être trop longtemps la rendait folle. Alors toute une journée, sans rien dire à personne, à boire et à fumer, à ruminer ses pensées le plus sombres ou ses souvenirs les plus lumineux. Maintenant que la question était apparue dans la petite tête de la Delphillia, elle ne pouvait plus s’en séparer, elle voulait savoir s’il y avait quelque chose, où si seulement, le garçon était un solitaire qu’elle dérangeait par sa présence.

-Pourquoi tu voulais être seul ? T’aime pas les gens ?

Aliénor était franche et sans filtre, elle n’avait pas vraiment de tact et on la connaissait pour cela, c’était aussi ça qui lui apportait souvent des problèmes, lorsqu’elle s’énervait elle retenait encore moins ses pensées qui fusaient et lui faisaient dire des choses qu’elle ne voulait pas vraiment où faire des choses qu’elle regrettait. Comme avec Eileen, sa coéquipière. Mais la fillette n’avait pas de pensée pour ses actes passés pour l’instant, son regard était encré au profil de son camarade, attendant une réponse à sa question, qu’il assouvisse sa curiosité ou qu’il la chasse comme une malpropre.

Petite note: les oiseau sont métaphoriques, ils ne sont pas réels. 

Aliénor eut la bonne réaction, celle que j'attendais. Celle qui me donna un petit rictus qui fut suivit d'un regard en coin amusé. Bien sûr que le meilleur batteur n'est pas le même dans toutes les têtes, mais en tout cas, si déjà je ne reste pas sur le ban des remplaçants pour le match prochain, je serai un petit peu content. Après pour la question des cognards, il faut juste que je m'entraîne encore un petit peu. Je n'ai plus eut d'accident notable depuis la fois où je me suis cassé les doigts de la main droite et encore ce n'était pas si grave. Le lendemain je pouvais tout faire avec ma main comme si rien ne s'était passé.

«Pourquoi tu voulais être seul ? T’aime pas les gens ? Demanda-t-elle »

La question m'a sonné au oreilles alors que je perds toute expression faciale. Je porte la bouteille à ma bouche et en boit une longue gorgée, la finissant quasiment. Je reste quelques secondes le regard dans le vide avant de tourner mes yeux bleu pervenche vers elle Les yeux dans les yeux. Pourquoi ? Qu'est-ce qui lui dit que j'ai envie d'en parler ? Je prends une inspiration avant de poser mes yeux dans le vide.

« Sans vouloir paraître impoli, commençais-je, j'ai pas... envie d'en parler. Je veux dire, personne n'est au courant et je veux pas que la première personne qui passe le sache. C'est pas que je ne te fais pas confiance mais... Bref.  J'avais besoin de ruminer tout ça loin des gens. Finis-je d'une voix rauque »

Je finis le reste de ma bièraubeurre cul-sec, je l'envoie en l'air et la détruis d'un «réducto» bien placé, bien conscient d'avoir anéanti l'ambiance. 

« C'est juste un truc de merde à propos de mes parents.»

Le garçon encra son regard à celui d’Aliénor après qu’elle eut prononcé ses quelques mots. Elle ne voulait pas le braquer et pourtant avec ce regard, elle le voyait bien l’envoyer bouler et lui dire de le laisser tranquille comme il l’était avant qu’elle n’arrive. Mais il détacha son regard de la fillette ce qui lui fit froncer les sourcils. Elle n’aimait pas être coupée de cette source d’information infinie qu’était le regard. Mais il enchaina avec des mots, mots que la petite Delphillia étudia avec attention à la vue du sérieux de son ton.


La fillette ferma les yeux en se détournant du profil du garçon à la suite de cet aveu. Qu’il ne veule pas en parler, elle le comprenait totalement, elle-même étant très secrète sur sa vie privée et ses sentiments. Mais un petit sourire se dessinait sur ses lèvres à la suite de la dernière phrase. *Les parents*. C’était toujours les parents hein, toujours. Ils pouvaient être aussi loin qu’ils voulaient, ils arrivaient à nous faire du mal, à nous faire douter et à nous faire faire des conneries. Ses parents avaient beau être de retour en Grande-Bretagne, ses préoccupations étaient toujours aussi complexes, ses questionnements intenses et sa rancœur toujours aussi amère. C’étaient des créatures bien plus complexes que celles que la fillette étudiait en Soin aux créatures magiques. Un véritable nœud pour le petit cerveau de la fillette qu’elle ne parviendrait certainement jamais à comprendre.

-T’inquiète, t’es obligé de rien, je suis juste curieuse et un peu trop franche, t’as le droit de me dire que j’aurais mieux fait de me taire.

Elle voulait éviter au maximum l’animosité avec Rufus, déjà qu’elle n’avait pas vraiment la côte auprès des enfants de Salazar alors autant éviter que le seul qui la supporte et qu’elle supporte se mette à la haïr. Ce serait vraiment con et pas très encourageant vis-à-vis de sa réputation dans la maison des verts. Mais dans tous les cas, elle n’en était pas là.

-Les parents c’est trop bizarre, j’ai arrêté d’essayer de comprendre. En tout cas tu t’es dégoté un sacré spot ici.

Tentative plus ou moins discrète de montrer à Rufus qu’elle comprenait qu’il ne veuille pas parler de ses problèmes et surtout lui montrer que ça ne changeait rien pour la fillette. Après tout, tout le monde à des problèmes. Plus ou moins important, mais ce n’est pas ça qui définie une personne bien au contraire, les épreuves font partie de nous mais c’est comment on les surmonte qui font ce que nous sommes, pas la nature des épreuves elles-mêmes. Aliénor but une nouvelle gorgée, puis une autre. Si un jour elle avait pensé partager sa première bièraubeurre sur les premières branches d’un arbre magique, elle n’y aurait pas cru.