C’était une belle journée ensoleillée et Unna avait eut envie d’aller se promener dans le parc. Elle était seule. Tous ceux à qui elle avait demandé de l’accompagner avaient apparemment mieux à faire cet après-midi là. Une légère mélancolie s’empara d’elle lorsqu’elle compris qu’elle allait se retrouver en tête à tête avec elle-même. Mais une fois dehors, ce sentiment s’estompa instantanément. Elle prit une grande bouffée d’air glacé et se laissa imprégner par la beauté de la nature environnante. Le paysage brillait d’une pureté étincelante.

Quelques élèves avaient bravé le froid polaire. Elle en vit même qui se lançaient joyeusement des boules de neige. Elle commença à marcher dans l’épaisse couche de neige avec ses grosses bottes fourrées, s’éloigna du château et avança vers la forêt. Quitte à être toute seule, autant l’être vraiment. La neige était immaculée. Unna se sentit comme une exploratrice qui foulait des terres vierges pour la première fois.

Elle avait vraiment besoin de cette beauté, de cette joie d’être dans la nature, de ne faire qu’un avec les éléments. Surtout après ces terribles évènements du mois de janvier qui lui donnaient froid dans le dos. Elle ne comprenait décidément pas pourquoi les êtres humains avaient si peur de ce qui était différent, de ce qu’ils ne comprenaient pas. Pourquoi ne pouvions-nous pas essayer de nous comprendre les uns, les autres ? Elle s’inquiétait terriblement pour ses parents qui avaient tenu à rester à Canterbury, une ville moldue.

Elle décida de se sortir ces idées noires de la tête et elle commença à fabriquer un tout petit bonhomme de neige.

Depuis les vacances de Noël, il n'avait pas eu de nouvelles de ses parents. Cela l'inquiétait beaucoup. Dix-neuf jours que le trimestre avait commencés, dix-neuf jours et il n'avait toujours pas une seule lettre pour le tenir au courant de la situation à la maison. Heureusement, il pouvait demander des renseignements autour de lui. Apparemment, une sorcière avait été retrouvé morte à Londres. Plusieurs sorciers avaient subi le même sort. Un incendie avait eu lieu à Pré-au-Lard. C'est un garçon abonné à la Gazette qui lui avait raconté tout ça. Les chouettes venaient remettre le courrier aux élèves, mais pas une seule créature était venue pour lui. Il aurait voulu lui aussi être abonné à la Gazette pour en apprendre plus. Cependant, toujours pas une seule lettre. Ces événements récents provoquaient l'inquiétude dans son esprit. Il ne pouvait pas s'imaginer l'ampleur de ce qu'il se passait, car il regardait cela de loin. Néanmoins, avec du recul, il est légitime de s'inquiéter pour l'avenir en vue du contexte actuel. C'était tout ce qu'il avait appris. Il ignorait totalement ce qui se passait du côté moldu étant donné qu'il se trouvait toujours dans l'enceinte du château. Il n'était pas rentré chez lui pour les vacances de Noël. Aucun cadeau n'était sous le pied du sapin le matin du 26. En tout cas, pas pour lui.

Aujourd'hui, après avoir pris son repas, il entreprend de se rendre dans le parc, car la journée ensoleillée promet d'être agréable. Le soleil darde ses rayons sur la neige immaculée du parc qui reflète ces rayons au centuple dans l'atmosphère, ce qui la rend difficile à observer. Les cimes des arbres sont recouvertes de neige. Des élèves se promènent, d'autres s'amusent. Cependant, il remarque une élève au loin qui semble construire un bonhomme de neige. Elle attire particulièrement son attention. Il a envie de se changer les idées, il part pour la rejoindre. Il laisse des traces dans la neige sur son passage. Il est arrivé devant elle, il prononce quelques mots. Sans trop de paroles, pour ne pas la déranger.

- Bonjour, comment tu t'appelles ? Moi, c'est Douglas... Est-ce que je peux t'aider ? On fait souvent des bonshommes de neige avec mes parents.

Ces quelques mots lui faisaient comme une aiguille dans la poitrine, il repensait aux bons moments avec ses parents, à quel point ils pouvaient lui manquer. Il est triste, une larme coule le long de son visage. Il l'essuie d'un geste de la main.

Unna était pleinement absorbée par la fabrication de son bonhomme de neige et ne se doutait absolument pas que quelqu’un l’observait. Elle n’entendit pas le jeune homme approcher et lorsqu’il se mit à parler, elle sursauta légèrement. Elle se retourna et le dévisagea. Elle avait cette habitude d’observer les gens de manière un peu trop soutenue. Elle savait que c’était impoli et que ça pouvait être gênant mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle aimait trouver la beauté en chacun. Il se présenta, il s’appelait Douglas. Unna ne l’avait jamais vu, ou sans doute simplement croisé mais elle ne s’en rappelait pas. Il était plutôt grand et avait des cheveux blonds. Une grande gentillesse semblait se dégager de lui. Unna se releva et lui répondit :
- Moi je m’appelle Unna, je suis à Serdaigle et toi ?

Douglas lui proposa de l’aide pour son bonhomme de neige. Unna tourna ses yeux vers sa création, il était presque terminé. C’était vraiment un bonhomme de neige miniature et elle n’avait pas mis longtemps à le faire.

- C’est gentil de me proposer de l’aide. Et je serai contente d’avoir un peu de compagnie. Mais tu vois, il est presque terminé. Il ne reste qu’à trouver des cailloux pour les yeux, ça risque de ne pas être facile avec cette couche de neige ! On pourrait en faire un plus gros si tu veux. Et celui-là serait le bébé, dit-elle en riant. Mais j’y pense, j’ai toujours rêvé de construire un igloo ! On pourrait aussi leur construire leur maison ! continua-t-elle avec enthousiasme. Tu sais comment on fait ?

Unna se rendit alors compte qu'elle avait beaucoup parlé et qu'elle s'était sans doute un peu laissée emportée. Elle espérait ne pas avoir effrayé Douglas.

Elle sursaute quand il se met à parler. C'est ce qu'il craignait, il lui fait peur. Elle le dévisage, l'observe attentivement avant de s'exprimer à son tour. Sans doute, cherche-t-elle une réponse en sondant à l'intérieur ce qui se dissimule dans son âme. Elle est méfiante et prudente, cette fille a l'air d'avoir du caractère. Cela lui plaît beaucoup.

- Enchanté, Unna. Je suis à Serpentard.

Elle observe son bonhomme avant de reprendre la parole.

- De rien. Si tu veux, je peux te tenir compagnie. Oui, pourquoi pas ! J'aime bien cette idée. Faisons-en un plus gros. D'abord, il faut rassembler un maximum de neige, les cailloux doivent être cachés dessous.

Il la voit sourire. Sur ces paroles, il se met au travail. Il utilise ses mains sans gants et rassemble la neige grâce à ses bras. Les manches de sa cape d'hiver sont couvertes de neige, mais il s'en fiche. Quand on est Britannique, l'hiver, la neige, ce n'est pas un problème. Il sent des aiguilles glacées lui transpercer le bras. Ses mains deviennent bleues pendant qu'il continue de rassembler la neige autour de lui. Il ne sent plus la douleur, à cause du froid qui engourdit ses sens. Il trouve quatre petits cailloux et quatre morceaux de bois dissimulés sous l'épais manteau blanc.

- Tu vois, ils étaient bien cachés. Je crois que l'on peut utiliser les cailloux pour faire les yeux et les branches pour faire les oreilles. Enfin... Un truc dans le genre. Est-ce que tu peux m'aider à faire le plus grand ? Par contre... Pour l'igloo... Euh... Je ne sais pas... Désolé... On va trouver.

Douglas eut l'air enchanté de sa proposition et ils commencèrent leur grand bonhomme de neige.
- On peut le faire en trois parties, je m'occupe de la boule du milieu et toi de celle du bas ?
Le jeune serpent se mit au travail avec enthousiasme, tandis qu'Unna fabriquait tranquillement une moyenne boule, puis une plus petite pour la tête. Douglas trouva des cailloux pour les yeux et Unna les pris et les installa joyeusement. C'est à ce moment-là qu'elle se rendit compte que Douglas n'avait pas de gants, que ses mains étaient glacés et qu'elles commençaient même à devenir bleues !
Elle n'avait pas ce problème et était très bien équipée : des bottes, des gants de ski et une grosse doudoune moldue. Unna n'aimait pas le froid et était plutôt frileuse. Elle aurait aimé habiter dans un pays chaud, sous les tropiques. Jamais elle ne ferait un bonhomme de neige sans gants. La situation de Douglas l'inquiéta beaucoup et elle se sentait vraiment gênée de ne pas s'en être rendue compte avant, elle qui était pourtant très observatrice en temps normal. Elle enleva ses gants, prit les mains de Douglas dans les siennes pour lui réchauffer et lui dit :

- Mais Douglas, tu es fou de faire un bonhomme de neige sans gants ! Tes mains sont complétement glacées ! Oublie l'igloo. Il vaudrait peut-être mieux rentrer boire quelque chose de chaud pour se réchauffer, qu'est-ce que tu en penses ? En tous cas, je trouve que notre bonhomme de neige est très réussi, dit-elle en lui souriant car elle ne voulait pas finir sur une note négative. Elle tenait toujours les mains de Douglas et espérait qu'il ne soit pas trop gêné par la situation. Bien qu'elle commence à l'être légèrement aussi, elle ne voulait pas le laisser souffrir comme ça.

Il a les mains gelées, mais pourtant, il ressent la plus belle sensation du monde. Unna vient de faire un geste important à son égard, elle tient ses mains dans les siennes pour les réchauffer. Elle a l'air d'être gênée par la situation, mais elle sourit. Il lui sourit en retour. Dans la brise glaciale de l'hiver, leurs yeux se croisent et ne se quittent pas pendant plusieurs instants. Il n'entend plus le bruit autour de lui, il ne voit plus les élèves qui jouent, il ne voit que ses yeux et son visage.

- Merci Unna, mais tu devrais garder tes gants. Avoir les mains bleues, ça m'est déjà arrivé. C'est vrai que ce n'est pas très agréable. Mais ça va beaucoup mieux grâce à toi.

Visiblement plus intimidé que mal à l'aise, il essaye de paraître fort. Il ne veut pas lui monter qu'il a mal pour qu'elle ne s'inquiète pas. Il sent la chaleur de ses mains se répandre sur les siennes, ce moment semble suspendu dans le temps. Son corps s'engourdit et ses idées tournent en boucle, il ne sent plus le froid intense qui déchirait ses mains quelques minutes auparavant. Il grelotte. On n'a jamais vraiment fait attention au simple fait de son existence depuis qu'il est arrivé à l'école. C'est presque comme si tout le monde ignore qu'il est élève dans cette école. Il ne peut pas les blâmer, il ne s'est pas montré très avenant et attentionné à l'égard de ses camarades. Pour lui, le sentiment prime sur le reste. De la buée s'échappe de sa bouche à chaque expiration. Il ne se sent pas à l'aise avec n'importe qui. Il veut surtout rencontrer les bonnes personnes et construire des amitiés solides. Tout d'un coup, une fille lui montre pour la première fois un signe d'affection, un geste tendre. Bien sûr, il est rationnel et ne s'emballe pas. À ses yeux, ce geste est innocent, il n'y a pas de mal à apporter son aide. Quelle chouette fille !

- Ce que tu fais, c'est vraiment gentil. Jamais personne n'avait fait ça pour moi. Oui, notre bonhomme est franchement classe. C'est une réussite et c'est grâce à toi.

Son enthousiasme, était le bon. Encore une fois, son instinct l'a guidé vers une bonne personne. Il doit parler à cette fille, apprendre à la connaître. Elle a cette chose en plus que les autres n'ont pas. C'est-à-dire, un cœur généreux et de la bienveillance. D'ailleurs, elle doit sûrement être un ange pour être aussi gentille. Il ne voit que cette explication. Il n'a pas l'habitude de recevoir des gestes d'affection, il peut paraître froid comme la neige de prime abord. Malgré tout, cela est lié à sa personnalité cyclothymique qui peut alterner très vite entre l'enthousiasme et le désespoir. Il a peur de faire une erreur, de passer pour quelqu'un de bizarre devant elle. Il serre ses mains contre les siennes.

- Ce serait sympa de discuter autour d'une boisson chaude, mais je veux construire cet igloo dont tu rêves d'abord. J'ai peut-être une idée. Tiens, regarde !

Il garde sa main gauche dans les mains d'Unna, il lui montre plus loin un arbre avec l'index de sa main libre. Aux racines de cet arbre, il y a de la neige, mais aussi de grosses branches cassées. Sûrement à cause d'une tempête de neige. Le bois doit être mort, assez solide pour tenir une structure.

- Il faut créer un dôme à partir de ces branches. Regarde.

Il enlève délicatement sa main de celles d'Unna, sans gestes brusques. Il ne veut pas passer pour un goujat. Encore une fois, il cherche à l'impressionner pour lui montrer qu'il peut faire l'igloo de ses rêves. Il pose une branche de manière verticale sur l'arbre attenant. Il s'éloigne de quelques mètres et s'élance en donnant un gros coup de pied au milieu. Celle-ci a du mal à céder. Il relâche tous ses ressentiments dessus, cela lui fait du bien. Elle tient encore par ses extrémités. Cependant, il est maintenant possible de créer une courbe à partir de cette branche pour réaliser le toit du dôme.

- Tu vois, il faudrait faire pareil avec les autres pour créer un dôme assez solide afin de pouvoir tenir la neige compacte que l'on aura posé dessus. C'est mon père qui m'a appris à faire ça.

Il continue de casser les grosses branches qu'il trouve. Il les agence de telle sorte à ce que les bonshommes soient à l'intérieur. Le dôme est quasiment parfait.

- Qu'en penses-tu ? Il ne reste plus qu'à compacter la neige maintenant. Il faut faire de petites sortes de briques de neiges puis l'on viendra recouvrir le toit de l'igloo. Mais c'est dommage, car on les verra plus. Je te propose de laisser deux petites ouvertures pour faire les fenêtres et une petite sur le toit pour que tout le monde puisse les voir s'ils passent à côté.

Alors qu’Unna tenait les mains de Douglas dans les siennes, leurs regards se croisèrent un moment. Le jeune garçon avait des yeux bleus azur, presque identiques à ceux de Unna. Du bleu dans du bleu. Les joues de la jeune fille rosirent légèrement.

Elle eut alors une pensée pour Steve. Serait-il jaloux de la voir tenir les mains de quelqu’un d’autre que lui ? Sans doute pas, ils ne se voyaient plus beaucoup depuis quelques temps et Unna se demandait pourquoi. Ils s’étaient tout simplement éloignés, sans pour autant s’être disputés.

- Ce que tu fais, c'est vraiment gentil. Jamais personne n'avait fait ça pour moi. Ses mots résonnèrent dans l’esprit de Unna. Elle espérait tout de même qu’il y ait des personnes pour prendre soin de lui.

- Vraiment ? C’est sûrement parce que personne ne t’a jamais demandé de faire un bonhomme de neige sans gants, fit-elle en riant. Et si c’est une réussite, c’est aussi grâce à toi, jamais je n’aurais fait un aussi gros bonhomme de neige toute seule !

Quoi qu’il en soit, le geste d’Unna était désintéressé. Elle ne pensait qu’aux mains glacés de Douglas qui devaient le faire souffrir atrocement et essayait simplement de faire ce qu’elle pouvait pour qu’il aille mieux. Malgré tout, sentir les mains de Douglas serrer les siennes également lui procura une douce chaleur et le sentiment de solitude qu’elle éprouvait depuis quelques temps s’estompa. Une impression étrange s'empara d'elle, elle se sentit tout d'un coup extrêmement proche de Douglas, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Elle chassa cette idée de sa tête : Qu'est-ce qui te prend Unna, se dit-elle, c'est la première fois que tu le rencontres...

Les mains de Douglas semblaient s’être réchauffées. Apparemment, il voulait absolument construire cet igloo pour Unna. Elle se sentit très touchée qu’il veuille le fabriquer pour elle alors qu’il risquait de se faire mal. Elle n’osa pas le couper dans son élan et elle était heureuse qu’il garde sa main dans la sienne tout en lui expliquant son idée. Puis elle le regarda, bouche bée, construire un dôme pour servir de structure à l’igloo. Elle était vraiment impressionnée par sa force et sa persévérance. Elle lui répondit :

- Ouahh, bravo Douglas, c’est magnifique ! Super, c’est une bonne idée... Mais si tu sens que ça ne va pas, surtout, tu me le dis et on rentrera se réchauffer, d’accord ?

Il sent qu'Unna a beaucoup de choses sur le cœur et qu'elle n'ose pas se confier à lui. Il sent cette incertitude de son côté à elle qui semble peser sur leur rencontre. Il y a quelque chose qui ne va pas. Quelque chose qui lui a demandé des efforts pour le contenir. Il espère que cela n'est pas trop grave. Il sent qu'elle veut lui dissimuler ses pensées, ses faiblesses et sa tristesse. Il veut qu'elle se confie à lui, il veut la soulager de ce poids qui semble peser sur ses épaules, l'empêchant de profiter pleinement de ce moment.

- Ce n'est pas tout à fait exact, j'ai l'habitude de prendre froid comme ça, mais je ne suis jamais tombé malade, pas une seule fois, même pas une petite grippe. J'ai l'impression que tu es préoccupée par quelque chose. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que l'on t'a fait du mal ?

Le regard brillant d'un intérêt grandissant à son égard, il contemple ses deux grands yeux bleu briller comme des pierres précieuses. Il la regarde avec bienveillance, une lueur de curiosité perce dans son regard fixe et rêveur. D'ailleurs, c'est ce qu'il aime, rendre service et que les autres l'apprécient pour cela.

- Alors, je n'aurais jamais fait ce bonhomme de neige si je ne t'avais pas vu le faire avant. C'est donc aussi une réussite, surtout, grâce à toi. Je ne suis que l'exécutant docile de tes désirs de construction.

Il essaie de la rassurer. Il continue son dur labeur en assemblant de grosses mottes de neige, afin de faire ce qui est censé représenter les briques de l'igloo. Il espère qu'elle lui confiera l'objet de ses doutes et de ses incertitudes afin qu'il puisse lui venir en aide.

- Merci beaucoup. Promis Unna et dès que l'on aura terminé, c'est moi qui t'offrirai un chocolat chaud, dit-il en souriant. Tu m'aides pour terminer ? Le principe est simple, rassembler la neige afin d'en faire de jolies briques pour mettre sur l'igloo. On pourra parler du sujet qui te préoccupe en même temps si tu as envie. Moi, je te raconterai comment ça se passait à la maison avec mes parents.

- Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que l'on t'a fait du mal ?

Unna se posa la question. Son regard se perdit dans le vague un moment. Est-ce qu’on lui avait fait du mal ? Pas réellement, pas intentionnellement en tous cas. Steve n’avait certainement pas voulu la blesser. Cependant, son absence laissait un vide dans son cœur qui recevait milles petites aiguilles glacées, à chaque fois qu’elle pensait à lui. Ce qu’elle évitait tout simplement de faire ces derniers temps.

Unna ne répondit pas. Elle ne savait pas comment aborder ce sujet pour le moment. Elle regarda simplement Douglas, qui lui offrait un regard plein de bienveillance. Il avait dû remarqué que Unna n’était pas au mieux de sa forme. Elle se demanda comment il avait pu le deviner, car il ne la connaissait pas du tout. Il devait avoir une bonne intuition. Sa gentillesse lui réchauffa le coeur. Elle se demanda un instant s’il n’était pas un ange tombé du ciel avec ses cheveux blonds et son empathie.

- Je ne suis que l'exécutant docile de tes désirs de construction.

La dernière phrase de Douglas fit rire Unna aux éclats.

- Oh Douglas, tu réalises tous mes rêves inavoués de cheffe de chantier ! J’espère que tu t’amuses quand même aussi !

Unna était tellement heureuse de pouvoir penser à autre chose et de pouvoir rire un peu. Elle commença à former des blocs de neige pour construire cet igloo dont elle rêvait. Jamais elle n’en avait fabriqué avant. Jamais elle ne se serait attendue le matin même à ce qui se prévoyait pour cette journée, qui se révélait plutôt magique.

- On pourra parler du sujet qui te préoccupe en même temps si tu as envie. Moi, je te raconterai comment ça se passait à la maison avec mes parents.

Sans savoir pourquoi, elle sentit qu’elle pouvait avoir confiance en Douglas et commença à lui parler de sa vie, tout en continuant à rassembler de la neige :

- Tu sais, je suis plutôt inquiète pour mes parents. Ce sont tous les deux des sorciers mais nous vivons dans une ville moldue, à Canterbury, et ils ont décidé de ne pas déménager. Même si je reçois souvent de leurs nouvelles, je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter. Et puis… Elle hésita un moment et se dit qu’ouvrir un peu son cœur ne pourrait pas lui faire de mal. Et puis, je me sens plutôt seule en ce moment. Mes amis sont plutôt occupés, mon frère aussi et… il y a ce garçon dont j’étais plutôt proche mais ces derniers temps on se voit moins et ça me rend un peu triste... En tous cas, je suis contente de partager ce moment avec toi, je ne me sens plus seule depuis que tu es là, dit-elle avec un grand sourire.

- À votre service madame, je m'amuse beaucoup, dit-il lui aussi en riant quand il pense à cette phrase. C'est agréable de lancer des blagues lorsque l'on ne se sent pas bien. Ils continuaient à former de petites briques de neige pour recouvrir les bonshommes de neige qui restaient là, impassibles en train de les observer. Son rêve cet instant est de trouver un sortilège qui leur ferait danser la valse et chanter des opéras, que tout le monde puisse profiter de ce moment magique. Les briques qu'ils formaient tous les deux étaient modestes, mais tout à fait convenable pour les agencer sur le dôme de fortune. Cette expérience valait le coup. C'est bien de s'amuser de temps en temps pour oublier les problèmes qui nous empêchent de voir le positif. Lui, il veut voir le verre à moitié plein en toutes circonstances. Jamais il n'a désespéré d'obtenir les réponses. Il avait la patience pour endurer les épreuves et la force pour les surmonter avec beaucoup de persévérance. Il sentait que son amie Unna était courageuse, qu'elle savait contrôler ses sentiments. Chose dont lui était incapable.

- C'est la même chose pour moi, je suis inquiet pour eux. Sauf que mes parents ne m'ont pas donné de nouvelles depuis dix-neuf jours exactement. Depuis, je vis un peu dans l'angoisse et l'attente est assez insupportable. Nous vivons aussi dans une ville moldue. Ils ont une entreprise, ils sont responsables d'une ferme biologique. C'est ma mère qui est la fondatrice et mon père en est le gestionnaire. Elle s'appelle Elizabeth, il s'appelle William. Mon père est un sorcier, ma mère est une personne sans pouvoir magique. Nous vivions à la façon des moldus, je jouais exclusivement avec des enfants moldu. Je ne les oublierai jamais, je les adore et j'ai hâte de les revoir pour les vacances. J'espère qu'à cause des événements récents mes relations avec eux ne seront pas changées. Moi aussi, j'ai perdu une amie. Elle a disparu de l'école du jour au lendemain. Je ne comprends pas pourquoi, mais c'est la vie.

Il repensait à la lettre qu'il avait écrite, ayant fini de parler, il se rendait compte que l'igloo était terminé.

- On a plutôt bien réussi, est-ce que tu ne trouves pas ? Ne t'inquiète pas pour Steve, je suis sûr que tu auras des nouvelles. Ne perds jamais espoir, garde confiance en toi et en l'avenir. Tu peux me considérer comme ton nouvel ami.