J'aimerais pouvoir dire que j'y arrive, que la Magie sort de ma baguette, de moi sans problèmes. Mais c'est faux. A tous les cours je me plante. J'arrive à rien, jamais.
Je ne suis peut-être pas une sorcière après tout, juste une moldue comme les Autres.
Mais non. Ce n'est pas possible que ce soit vrai. Si je suis ici, dans cette putain d'école de Magie, c'est qu'il y a une raison.
Et puis je l'ai déjà fait. J'ai déjà réussi a lancer un sort, une fois, une seule petite fois.
Puis plus rien.
C'est comme si ma soit-disant magie s'est repliée sur elle-même après cela. Juste après ce Wingardium Leviosa...

Appuyée contre un arbre, dos au château, j'attends. Quoi ? Je ne sais pas. Mais j'attends, ma main serrant ma baguette de toutes mes forces.
Je ne veux pas partir de cette école. Je ne veux pas retourner là-bas, affronter la haine de Thalia, de Maman, et peut-être aussi de Papa. Je ne veux pas, je ne peux pas, je ne survivrais pas. Alors il faut que j'y arrive.
Il faut que je lance ces putains de sortilèges, que j'arrive enfin être une sorcière.
La Magie devrait être là ? Mais non, elle ne vient pas, ou ne vient plus.

Je lève les yeux vers le ciel, le ciel bleu qui me regarde de haut. Je baisse le regard vers ma main, serrée autour du bout de bois.

- J'vais réussir.

Navrée du retard @Elfie Sweetheart

Parfois, on se tourmente pour un rien. Parfois, on ne comprend pas ce qui bouillonne dans les tréfonds de l'Âme, ce qui nous pousse à nous détruire. Parfois, on ne sait pas. Et c'est très bien comme ça.

Elfie, elle, ne savait pas ce qui la gênait. Elle creusait pour trouver la source, sans résultat. Depuis le hibou de ses parents, Elfie ne vivait plus. Le soleil avait laissé place aux nuages gris de l'orage qu'elle affectionne tant. Était-elle en colère ? Avait-elle peur ? Était-elle triste ? Abattue ? Vexée ? Elfie était frustrée de ne pas savoir. La rouquine était persuadée que lorsqu'on ne sait pas, on avance pas. Elle était bloquée; bloquée au moment où elle avait lu ce bout de parchemin miteux. Et parce qu'elle ne savait pas, les questions qui tourbillonnait dans sa tête restaient sans réponse.

Quand la jeune fille ne restait pas des heures, durant son temps libre, à fixer les murs sombres de son dortoir, elle allait se promener. Elle voyait des gens, en évitant de leur parler, mais elle en voyait. Inconsciemment, ils l'aidaient à retrouver le sourire. Parce qu'une Ombre d'Elfie est toujours une Elfie. Le sourire contagieux de la petite rousse n'était pas perdu, juste endormi, comme un volcan. Le parc était son endroit préféré. Elle emmenait un bouquin, le plus souvent, puis s'asseyait sous un chêne, emmitouflée dans sa cape de sorcière. Aujourd'hui était un jour de balade.

Le Parc, encore engourdi du froid de l'hiver, commençait à se recouvrir de pâquerettes et mille et une fleur en bouton. Les arbres nus bourgeonnaient, revêtant leur habit de verdure. Une brise fraîche, dernier fragment de la saison froide, lui ébouriffa ses mèches rebelles. Elfie rabattit sa capuche et marcha jusqu'aux ormes qui s'épanouissaient un peu plus loin. Derrière l'un d'eux, ses yeux de lynx aperçurent une mèche rousse qui voletait. Puis une main lasse et tombante, qui tenait une baguette. Instinctivement, Elfie fouilla ses poches fiévreusement jusqu'à toucher sa propre baguette en châtaigner. Elle approcha, curieuse, et entendit des murmures. Sans s'en rendre compte, Elfie se retrouvait plantée devant une jeune fille, visiblement désespérée.

Je le dois.
Plus que jamais.
Je dois réussir à lancer ces sorts.
Je dois réussir pour rester. Pour rester dans ce château et ne pas me faire renvoyer.
Je ne veux pas revoir Thalia. C'est impossible. Elle m'a fait trop de mal pour que je le supporte. Trop de mal pour que j'accepte cette haine, même désormais réciproque. Cette haine qui me détruit à petits feux chaque minutes où elle s'insinue dans mon esprit.
Elle hante mes pensées, écrase mon cœur, envahit mes poumons. Elle submerge mon Être de toute cette colère, de toute cette rancœur envers sa propre sœur.
Envers moi.

Un hoquet s'échappe de mes lèvres, je tente de reculer, me cognant instantanément à l'arbre derrière mon dos. Je pensais être seule, je m'étais assurée de l'être. Mais non. Elle a du me voir, peut-être, ou me suivre, ma baguette à la main, sachant pertinemment qu'on n'est pas censé avoir le droit de s'en servir en dehors des cours.
Je sens mes joues devenir rouges et brulantes.

- Oh ! Euh... Salut ?

Je baisse la tête, laissant mes cheveux retomber, cachant ainsi mes joues écarlates. Pourquoi est-elle là, putain ? Ne pouvait-elle pas aller ailleurs, que de me suivre moi ? Serait-il possible que je sois seule quelques fois, totalement seule, loin de tout, de rien...
Et si elle m'a entendu ? Si elle a entendu... et compris ce que je fais avec ma baguette magique serrée fermement dans ma petite main... Si elle a comprit que je m'apprête à lancer des sorts.
*Je dois réussir*
Et si... Et si elle pouvait m'aider à réussir ?

- Dis... Tu... T'es forte en Sortilèges ?

Les joues empourprées, la rouquine restait paralysée, les pieds ancrés sur l'herbe tendre. L'incongruité de la situation paniquait son cœur. Elfie avait honte. Ses lèvres s'entrouvrirent, sa langue se délia, mais aucun son ne franchit la barrière sa gorge. Un flot de questions; remises en questions, tourbillonnait dans sa tête.

« -Euh, salut, balbutia-t-elle en réponse à son vis-à-vis, qui semblait troublée. Je suis vraiment désolée, je ne sais pas ce qui m'a poussé à t'épier. Je suis une andouille. »

Sa voix était rauque. Un goût acide lui emplit la bouche, avant de se dissiper. Était-ce la saveur de la honte ? La vraie, la légitime ? Elle secoua ses cheveux. L'inconnue, elle, parut soudain plus apte à la conversation. Elle posa une question. Sortilèges ? Elfie n'était pas une virtuose de la baguette, mais peut-être pourrait-elle l'aider...Juste un peu. Non. Elle s'était promis de s'infliger la solitude en guise de punition. L'interdiction de s'adonner à quelconque interactions sociales. Elle ne méritait pas d'être une sorcière, elle ne méritait pas d'être ici, elle ne méritait pas sa famille. Et voilà. Cela recommençait. Elfie n'était plus capable de réfléchir sans penser aux conséquences, et à l'avant.

Prise d'un vertige, ses jambes se dérobèrent sous elle et elle tomba. Non. Il fallait oublier, avancer.

« -Je peux t'aider, oui. Enfin, ça dépend sur quoi tu travailles... »

Elle se releva, étourdie, et se para d'un grand sourire.

Elle s'excuse.


Mes joue s'empourprent de plus en plus, comme si elle n'étaient déjà pas assez rouges. J'aime pas ça, que les Autres s'excusent, auprès de Moi. Je n'aime pas ça, je les accepte pas, ces excuses. Elle existent, arrivent dans mon esprit, mais restent sans qu'elles ne soient classées. Elle restent juste là, voguant en plein milieu du flot incessant de mes pensées.
Puis un jour elles ressortent, lorsque c'est Moi qui les prononce. Lorsque c'est Moi qui m'excuse, qui demande un pardon dont je ne connais la finalité.

- C'est pas grave...

Je n'ai pas parlé, juste chuchoté. Un murmure rauque... Je parle encore, la voix toujours enrouée. Est-elle forte en Sortilèges, elle ? Contrairement à moi, qui ne sait strictement rien faire. *Rien*.
Puis elle tombe, s'échoue par terre sous mes yeux. Je lâche ma baguette qui retombe sans un bruit sur l'herbe fraiche, tandis que mes mains s'agrippent sur son bras. Pourquoi est-elle tombée, d'un coup ?
Les mots qu'elle lâche avant que je n'ai pu parler s'insinuent dans ma tête, au fur et à mesure que mes mains desserrent leur prise.
Sur quoi est-ce que je travaille ?
...Tout ?
Je la vois se relever. Je la vois, mais je ne regarde pas.

- Euh... Lu.. Lumos ?

Un rire gêné s'échappe de mes lèvres. Tout ce que j'ai fait, c'est dire le premier sort qui me venait en tête. Et probablement le seul que je puisse réellement réaliser sans avoir besoin d'autre chose.

J'aime tellement pas ce post...

La honte s'empare de son corps, mais la rousse reste stoïque. Elle inspire, puis expire. Son sourire ne doit pas flancher. L'inconnue en face d'elle paraît déstabilisée. Elle a dû avoir l'air ridicule. Quelle andouille.

« -J'ai des problèmes d'équilibre, ça m'arrive souvent. »

C'était faux. Ce minuscule mensonge lui coûtait, mais peut-être allait-il réussir à sauver sa dignité. Elfie se racla la gorge, puis chassa des mouches imaginaires pour combler le malaise.

« -Lumos ? Ça ne devrait pas trop être difficile. Je peux t'aider sur Nox, son contre-sort, aussi, et l'essentiel à savoir sur les sortilèges de première année. Après, c'est à toi de me dire. »

Elle ne voulait pas en faire trop. Elle ne voulait pas la blesser, en minimisant ses capacités. Ses problèmes oubliés, son cerveau opérait un focus sur son objectif. Un objectif qu'elle abordait avec froideur, mais qui finalement pourrait l'aider à se changer les idées.

« -Hum. Elle sortit sa baguette. Il faut que tu tendes le bras, mais pas trop, puisque ça concerne la baguette. Tu vois les 5 étapes d'un lancer ? Il faut que tu les fasses toutes et que tu sois au calme. Inconsciemment, Elfie percevait les battements de cœur accélérés de l'autre fille, qui témoignait d'une grande agitation intérieure. Voilà, ensuite tu inspires, et tu expires, pour avoir l'esprit libre. »

Elle se retourna vers l'inconnue, et la fixa droit dans les yeux.

Désolée de changer de personne comme ça d'un coup mais c'est plus simple pour moi

Elle continuait à fixer le sol, gênée, les joues rouges. Elle n'aimait pas demander de l'aide, pas comme cela du moins. Elle se sentait totalement nulle. Nulle et ridicule. Elle hochait la tête, lorsque la fille lui proposa de l'aider pour Nox également. Elle n'avait pas la force de refuser. Après tout, c'était elle qui lui avait demandé.

- Ouais, à la rigueur.

Elle releva la tête, écoutant ce que lui disait la fille. Les cinq étapes d'un lancer, bien sûr qu'elle les connaissait. Elle savait qu'il fallait se concentrer, faire le vide dans sa tête, puis visualiser le sort, dire la formule, faire la gestuelle et s'aider de ses sentiments. Elle les connaissait, par cœur presque. Le plus dur était toujours de les réaliser.
Eileen sentait son coeur battre de plus en plus vite. Elle se forçait à respirer lentement, pour calmer les battements, sans succès apparemment. Pourquoi stressait-elle autant ? Pourquoi à chaque fois qu'elle s'apprêter à lancer un putain de sortilège son corps entier la lâchait ?

La fille se tourna vers elle, planta ses yeux dans les siens. Eileen ne comprit plus rien à ce moment là. Dès l'instant où un éclat de rire franchit ses lèvres, que son bras retomba mollement contre sa jambe, elle ne comprit plus rien. Pourquoi riait-elle ? Elle-même ne le savait pas. L'éclat était sorti tout seul, sans qu'elle ne s'en rende compte. Mais elle s'était mit à rire, comme ça, sans s'en apercevoir, *comme avec Lexa*.

- Pardon...

Elle tourna la tête, serrant les lèvres pour tenter d'arrêter de rigoler. Cela avait au moins eu le mérite de la détendre un peu, son cœur ne battait plus trop vite pour elle. Elle se remit face à la fille, fixant un arbre pour se concentrer.

- Bref du coup.

Elle tendit un peu son bras devant elle, fixant un arbre en inspirant profondément pour se concentrer.

La tête lui tourne. Des gouttes de sueur perlent sur son front plissé. Les yeux écarquillés, déterminée à ne pas s'effondrer une nouvelle fois, Elfie inspire bruyamment pour se concentrer. Elle lève les yeux un instant, puis les ferme, nauséeuse. Le ciel ondule au-dessus d'elle, tandis que son malaise s'accroît. L'herbe ondoie, elle aussi, en mille et une vaguelette prêtes à l'engloutir. Pitié ! implora-t-elle mollement.

Pour ne pas perdre la contenance, Elfie s'adossa à l'arbre l'air de rien. Et l'inconnue éclata de rire. Pourquoi riait-elle ? Elfie avait-elle encore fait quelque chose de mal ? S'était-elle moquée ? Avait-elle dit quelque chose de drôle ? Bête à dire mais elle déteste les gens qui se bidonnent sans raison.

« -J'ai... Les mots restent coincés au bord de ses lèvres. Dis quelque chose de drôle ? »

Inspire. Expire. Son mal au cœur s'échoit par vague dans tout son corps. Ses jambes flageolent encore un peu, mais son mal-être probablement dû à sa chute s'apaise. De concert avec l'inconnue, Elfie enjoint à se concentrer derechef. La fillette règle sa position malgré des vertiges persistants.

« -Concentre-toi, chuchote-t-elle, et maintenant inspire et visualise. Le bout de ta baguette s'illumine, la lumière s'amplifie, éclot comme une petite fleur au matin. Expire lentement sans quitter cette image. Lève ta baguette et dit : "Lumos" ! en l'abaissant. »

Le bout de la baguette d'Elfie émit la lumière caractéristique.

Elle se sentait mal vis-à-vis de la fille qui, apparemment, semblait croire qu'elle avait dit quelque chose de drôle... alors que pas du tout ! Elle n'avait rien dit de drôle, en tous cas pas aux yeux d'Eileen. L'éclat de rire qui avait franchit ses lèvres quelques instants plus tôt, suivi d'autres, était tout purement nerveux. Elle n'avait rien contrôlé. Rien. Et elle ne l'avait pas senti venir non plus, cet éclat. Elle agita nerveusement les mains en s'excusant, laissant tomber sa baguette par la même occasion.

- Nan, nan t'inquiète ! C'est... Elle déglutit difficilement, détourna le regard. C'est nerveux, désolée.

Tout ça l'avait déconcentré, elle sentait que la fille l'avait remarqué aussi, car elle lui chuchota de le faire. De se concentrer. Si seulement elle pouvait y arriver plus vite, tout serait plus facile ! Elle avait du mal à la garder, sa concentration, et décroché au bout de quelques minutes à peine. Et la fille qui lui parlait... ça n'aidait pas vraiment. Mais elle fit avec. Au début de l'année, elle avait eu un cour sur la concentration, et même si elle l'avait complétement foiré lui aussi, elle s'en souvenait. Il fallait juste se canaliser. Et ne pas penser à tout ce qui se passait autour.
Elle vit du coin de l'oeil le bout de la baguette de la fille s'illuminer. Elle aurait pansé que ça la découragerait, qu'elle aurait abandonné dès qu'elle aurait vu la lumière. Mais non.Bizarrement, pour une fois même, ça lui redonna un semblant de courage. Et de persévérance, chose qu'elle avait perdu avec le temps.
*J'vais réussir*.

Elle hocha la tête, se décala. Faire face à la Serpentard était un peu trop déconcentrant à son gout. Puis elle fit ce qu'avait dit la fille. S'imagina le bout de sa baguette s'allumer, doucement, comme l'éclosion d'une fleur -ce qu'elle n'avait jamais vu. Puis elle abaissa sa baguette...

- Lumos !

Le bout de sa baguette s'éclaira. A peine. Juste d'une petite lueur. Mais c'était déjà mieux que rien après tout. C'était même déjà super pour elle.

- C't'était bien, nan ?

Elfie observa l'innommée se concentrer et préparer sa baguette. Son regard était attentif et ses mouvements appliqués, légèrement parasités par la tension et la volonté de bien faire. La jeune Sweetheart croisa les doigts derrière son dos; elle savait à quel point il était parfois compliqué de triompher de ses difficultés à lancer un sortilège, même le plus simple.

Son talon d'Achille est la métamorphose, enseignée à Poudlard par le professeur Aydan Lynch. Les problèmes récurrents auxquels Elfie a dû récemment faire front n'ont guère amélioré ses fragilités. Au prix de l'étude, l'enfant a favorisé les pleurs et les idées noires. Un frisson fiévreux interrompit sa réflexion et lui permit de remarquer la minuscule lueur que la baguette de l'inconnue venait de produire. Son cœur gonfla de fierté -et de nausée.

« -Bravo, euh ? Elfie remarqua qu'elle ne connaissait pas son prénom, mais opina du chef en signe d'approbation lorsque la Serdaigle la questionna sur son ressenti. Ré-essaie une dernière fois, en y mettant toute... Nausée. Ta force ! Les profs disent très souvent que plus tu vas le faire, plus cela deviendra un automatisme ! termina-t-elle avec un sourire léger. »

Avant de poursuivre, Elfie récita son mantra préféré pour dissimuler son malaise. Inspire. Expire. La sueur trempe sa chemise et perle sur son front déjà moite. Inspire. Expire.

« -Tu sais, moi aussi j'ai beaucoup mal avec certains trucs, et puis, j'ai pas, euh, grandi, euh, dans le monde magique. J'espère secrètement que tu n'es pas une pro-sorcier, par contre, dit-elle en riant presque, vaine tentative pour se relaxer. En tout cas, j'ai l'impression que tu n'es pas si nulle que tu ne devais le penser avant que je n'arrive, et j'en suis très contente. »