Lourd.

Le château est lourd. Un poids s’abat sur celui-ci. Un poids de stresse, un poids de travail, un poids lourd et lassant.

Soupir.

Une ambiance plombée. Pesante. L’anxiété se ressent des cuisines jusqu’en haut des tours. Les examens. Aussi cruels qu’ils soient, ils sont importants. La boule de stresse pénètre dans le ventre de chaque élève soucieux de réussir. Elle fait mal. Et elle prend grande ampleur. Parfois, certains sont capables d’en faire abstraction. Elle reste là, lourde dans le ventre, mais l’esprit optimiste la rend plus douce. Et moi, je tente d’user de cette manière. Mes résultats sont bons, je ne veux tout gâcher. Alors je profite des rayons de juin, autant que l’Astre Solaire puisse nous en donner. Je descends vers le parc verdoyant, aux côtés de Max, connue il y a presque un an. Je me souviens encore de nos deux robes répugnantes et parsemées de strass. Elle avait les cheveux longs. Elle me paraissait immense. Et elle l’est toujours, mais sans cette intimidation de première rencontre, je la considère davantage.

Dehors, il fait chaud. Une douce chaleur qui vient apaiser mes paupières ivres de calme. J’ouvre les yeux, et le spectacle n’est pas vraiment celui attendu. Les sportifs, les rêveurs et les artistes ont tout laissé de côté pour gratter sur leur parchemin jauni, à l’aide de leur plume largement gorgée d’encre. Manque. Il manque ce tout. Ce brin de vie. Il manque la Folie. Il manque l’Ivresse.



Revenez, instants de délire.



La formule. Trois mots. Une cible. Et une folie magique déposée sur cette tension bien trop tendue. Je repense encore à ce fameux parchemin. Un faux ? Une copie ? Il paraissait sacrément vieux, et l’écriture n’était que peu lisible.



“C’est beau la folie. ”

Je regarde la blonde. Pense-t-elle à cela ? Mes pensées s’évaporent, quand je laisse mes paroles prendre place :

- Eh ! Max ! Tu t’souviens d’la… formule ?

La folle envie de rire quant à l’avenir d’une pareille chose, tire mes lèvres un peu plus. Mes yeux se plissent et parlent à eux-seuls.

Ça doit marcher.

Enfin, tu voulais pleurer, pleurer de joie cette fois, c’était bientôt le temps de faire sa valise, et dire adieu à cette prison pour deux mois. Seulement.. A vrai dire, tu ne voulais pas retourner à Poudlard, bien que l’obligation brisait tes rêves..
Il n’y avait pas que l’obligation qui brisait tes rêves à vrai dire. Les examens aussi ; ils brisent tes rêves de partir en vitesse de là, avec le risque de redoubler. Rester un ans de plus, hors de question. Mais tu étais plutôt détente par apport aux élèves qui révisaient en permanence, stressaient pour rien, et s’arrachaient les cheveux.



Tu avais ta baguette dans la poche de ton sweat noir qui s’apparentait à tes idées trottant dans ta tête. Quelle idée de se mettre en sweat en cette chaleur d’été brûlante. Mais tu étais à l’aise pour faire ton affaire alors, tout allait bien.
Tu n’avais jamais ensorcelé quelqu’un.
Encore plus par une formule trouvée dans un vieux parchemin.



Tu avais une complice, bien que le plan n’était pas difficile, de l’aide était le bienvenue. Tu la connaissais en plus de ça. Fille des amis de tes parents, plutôt sympa, tu crois même qu’elle est rouge malgré elle. Bref, concentres toi au lieu de penser. Tu marches, et tu la vois, elle, celle qui va t’aider, elle vient vers toi. Tu as la formule ? Oui. Tu l’as, tu l’aura toujours, car ça doit marcher.

-Évidement, on va réussir, je te le promet. dis-tu, puis tu pris un temps de pose où tu souris sadiquement Qui sera l’heureux élu ?

Les examens… Pour certains, ils étaient si loin … mais pour toi, ils étaient encore bel et bien présents. La mine un peu stressée et le regard légèrement vide, tu marchais dans le parc en traînant des pieds. De nombreux livres dans les mains parmi lesquels potions, botanique, ou bien encore vol pesaient lourd dans ton esprit. Les examens pratiques étaient prévus pour la semaine prochaine et tu te sentais de plus en plus angoissée.

Noah t'avait proposé de réviser avec lui dans le parc en compagnie de quelques-uns de ses amis et tu avais immédiatement accepté la proposition. Heureuse de passer du temps avec lui, mais surtout, contente de pouvoir profiter des connaissances des cinquièmes années pour t'aider en cas de difficulté. Malgré tout, tu ne pouvais t'empêcher d'y aller au ralenti. Cela faisait déjà plus d'un mois que la période intense des examens avait été annoncée et que tu la subissais de plein fouet. Outre la pression constante que les professeurs exerçaient, il fallait rajouter à cela tes propres ambitions…

Tu levas les yeux quelques instants vers l'horizon, observant au loin, la forêt interdite désormais séparée du reste du château par le lac, puis, ton regard se tourna vers deux premières années. Normalement, ces derniers avaient désormais fini leurs épreuves. Tu leur adressas un mince sourire, accompagnée d'un hochement de tête en guise de sympathie avant de baisser une nouvelle fois les yeux et … Poursuivre ta route en direction du Lappacho, le lieu de rendez-vous.

Le monstre de pierre abritant chacun des élèves enivrés par la chaleur estivale a lui aussi, peint sur son visage, une couleur terne et maussade. Les examens font chavirer les cœurs, les esprits et les peurs, ils rongent le ventre des plus anxieux, tourmentent les soucieux, et laissent à leurs démons, la liberté de poser sur chaque tête le stress dévastateur. Quiconque souhaite réussir, écope de la boule dans le ventre, symbole du mélange d’émotions entremêlées, où trône en leur milieu la Peur, le Doute, et la Confusion.

Heureusement, les nôtres sont déjà partiellement envisagés, et le stress n’a plus lieu d’être. Je tourne la tête vers la blonde. Le demi-cercle me fait croiser le regard d’une jeune fille que je semble connaître… son visage m’intrigue. Certaine de l’avoir déjà vue, je me creuse la mémoire.

Une Aînée que je connais ?
Quand ? Comment ?
C’est qui déjà ?
Je… ?



Maximilian. Elle. Elle qui nous avait apporté l’aide nécessaire et inattendue pour ce devoir de métamorphose qui m’en avait fait voir de toutes les couleurs. Devoir, qui d’ailleurs, s’était vu noté d’un Optimal, et je n’en suis pas peu fière. Elle qui esquisse un fin sourire en notre direction. Elle que je ne saurais nommer.

- Ce… Elle. Je la connais. Elle nous avait aidé Maximilian et moi il y a quelques mois…

Le regard finalement tombé dans le vide, je le replonge dans les yeux de Maxine. Je ne sais que trop penser.



Une cible ? Et si ?

Tu ne savais comment vous alliez réussir dans un lieu aussi surveillé en pleine chaleur. Mais quand on ouvre la porte de la curiosité, rien ne peut nous résister.
Swann regardait quelqu’un alors tu te tournes pour regarder aussi, une fille au visage inconnu. Qui était ce ? Swann l’a connaissait, de part sa vision. C’était sûr. Tu te concentra sur ton regard avant de le passer sur le visage de Swann et lui tapoter l’épaule pour la remettre vers toi. Il fallait se concentrer sur notre objectif et non sur les élèves qui passaient dans le parc. Surtout maintenant.

Ton sentiment que Swann connaissait cette fille était vérifié et approuvé. Elle l’a connaissait et.. Max aussi. Il traine avec des filles maintenant.. ? Déjà à la Volière et maintenant ? Ta jalousie te montait un peu au cerveau mais tu essayais de te concentrer sur ton objectif qui n’avait pour l’instant pas le point gros, la victime. Non, Maxine je sais à quoi tu penses, tu veux.. Tu veux que la victime soit cette fille. Tu souris diaboliquement à Swann.

-Mmh.. Et si c’était elle dis tu en insistant du regard notre victime ? Elle a l’air d’avoir un bon profil nan ?

Bref, quel prétexte. Tu voulais lui lancer cette formule, qu’elle est cette ivresse et ça lui monte à la tête, tenter l’impossible autant le faire sur la bonne personne.

Au nom de Maximilian, je sens la tension se resserrer à petit feu. Mais je ne dis rien. Leurs histoires ne m’intéressent guère et la peur de m’immiscer involontairement dans celles-ci tente subitement de me ronger. Alors j’acquiesce pour moi-même. Me confirmer que je ne suis pas coupable. L’Aînée semble aller réviser, et Maxine me parle à Mots Doux.

Bon profil ?

Je suis reconnaissante pour ses actes, alors pourquoi ne pas la soulager. Être enivrée par le bonheur, que demander de plus ? Être plongée dans un sentiment neuf laissant flotter à la surface stress et fatigue s’étant libéré de ton corps, que demander de plus ? Une formule que certains pourrait craindre, mais qui pourrait être un échappatoire pour d’autres.

Échappatoire.

Celui dont rêve les Hommes avides de Liberté. Celui dont rêve chacun des Hommes. Lui. Toi. Moi. Vous. Tous.

Échappatoire.

La fenêtre ouverte de la cellule. La fissure dans le mur. La trappe du grenier. S’en aller. Partir. Au-delà. Par-delà. Et oublier.



Un seul souvenir.

Une seule émotion.

Qu’un but.




Je regarde la blonde de mes yeux cafés et plissés par un sourire naissant.

- Ça me va ! Hin-hin !

Tu analysais ce que tu allais faire, elle fallait s’y prendre bien pour ne pas subir et la honte du rejet du sort. Tu ne savais pas comment la fille s’appellait donc heureusement que ce n’est pas demandé dans la formule, sinon ça n’aurait marché pour moi. Tu t’avances discrètement derrière ta victime. Le souffle court, le stresse à haute tension. Tu ne stressais jamais, mais peut être le fait de ne pas être un monstre et de penser que ça leur potentiellement ne jamais se retirer de sortilège et causer un potentiel renvoi te fout les jetons.
Tu dis signe à Swann de venir. Tu étais assez loin de ta victime pour pouvoir parler à Swann discrètement.

Tu avais ta baguette dans la main, tu étais en position. Rappelle toi, Ut Ebrius Est. Rappelle toi. Concentre toi bien sur les effets que peut avoir le sortilège. Tu étais en position mais incapable de tirer. Incapable de formuler une quelconque formule.

Tu veux pas l’faire en première ? Sil te plaît

Là Maxine, tu es particulièrement lâche, mais faut avouer que tu es comme ça à abandonner les charges trop lourdes à porter. Donc tu les donnais aux autres, avec un peu de chance, Swann comprendra et ne dira rien, et au pire des cas, elle s’énerve, la fille nous crame et notre plan est fichu

Mots peu précieux frôlent mes deux oreilles.

Relâchement ? Effroi ? Anxiété ?

Peu importe.
Elle ne veut pas saisir l'opportunité. Pourtant je l'en sais pas capable. Elle en est capable. Mais sa raison, jamais ne lui soufflera les Mots Doux de la Confiance.



Je hoche alors la tête. J'irai. Sans "s". Futur. J'irai. Persuadée. Et il le faut.

Je m'avance dans l'herbe printanière, verte et lumineuse, vers la fille. Elle. La rendre heureuse. Que demander de plus ?



Détermination naît sur le tapis de frissons qui me chatouillent le bas du ventre. Je dois être concentrée. M'enfermer dans une bulle. Faire abstraction des Autres. De Maxine. D'Eux. Plus que Baguette. Moi. Et Elle. Cible. Dont je suis reconnaissante. Je lui rends quelque chose. Je lui offre un brin de bonheur. Petite tige au milieu du bouquet. Petite tige et son bourgeon le Sourire. Qui florira de Joie. Qui florira d'Ivresse.



Je le sais. Je le sens. Je vais réussir. Je dois me persuader. Je brandis ma baguette. En tête, une image. En tête, émotions et visage heureux. En tête, réussite.

Volonté.

Sentiment capricieux.
Sentiment bien prenant.
Il te possède.
Et tu en es le seul maître.
Partir ?
Rester ?
Tu choisis.
Je choisis.
Et je le garde. Sentiment, je m'imprègne de ton ardeur.



Coup sec en sa direction. Coup sec en sa chevelure. Je l'atteindrai.

Lorsque tu reçus le sortilège, ce fut comme si toutes tes pensées et tous tes tracas s'envolaient d'un seul coup. Ta marche se stoppa d'elle-même et tu restas la, sans avancer durant quelques secondes. L'allure alors chancelante, tu vacillas légèrement, sur la droite, puis sur la gauche avant d'avoir soudainement un hoquet.

Ta vue se troublait et tu sentais ta tête te tourner. Tu resserras un peu plus contre toi les nombreux livres que tu portais avant de relever la tête pour observer le lac. Tu n'avais pas vraiment conscience que ton état avait été modifié et pour preuve, tu ne savais plus vraiment ce que tu faisais là. Ton regard légèrement éméché se porta sur la pile de livres que tu tenais toujours fermement contre ta poitrine et tu tentas de lire le titre du premier livre, sans vraiment y parvenir.

Finalement, alors que tu redressais une nouvelle fois la tête pour observer le parc, tu aperçus un attroupement de jeune gens non loin de l'eau, sous le couvert d'un arbre. Une tête blonde attira ton attention et tu te mis à marcher en direction de ce dernier d'une démarche pour le moins… originale !
On ne pouvait pas dire que les deux jeunes gens n'avaient pas réussi leurs missions, car pour l'heure, c'était même plutôt un franc succès ! T'observaient-ils de loin ? Tu n'en savais rien puisque tu n'avais pas vraiment conscience de ce qui venait de se produire… Toujours étant que désormais, dans ta demi-conscience, tu ne savais pas pourquoi tu devais rejoindre ce groupe et ce jeune homme blond. Tu n'arrivais pas à mettre un nom sur son visage pour l'instant, mais tu le connaissais et … il était sacrément mignon dis donc …

Formule porte ses fruits, puisque le filament de magie venu s'enrouler dessine sur le visage de la victime le sourire de l’Ivresse.

Elle titube, elle tangue, sous le mouvement de ses jambes aimantées à un Autre. Sa démarche inégale, vers un petit groupe d'étudiant dans un voile d'ombre, donne à mes yeux la fierté d’avoir réussi. *Réussi*. Ma baguette crie victoire, tout comme les pulsions de mon coeur ardent, et je me tourne vers la blonde à mes côtés, Maxine, lui transmettant le même sourire qu’à la brune déjà dans l’Au-delà.

Aurais-je aimé recevoir cette émotion poussée dans l’extrême ?

Être joyeuse au point de ne plus guider mon être frêle avec réelle conscience ? Je ne connais ce ressenti, mais le risque de l’expérience n’aurait été refusé par Raison hardie.

“ Tu vois, ça n’a pas été bien compliqué ! ”

Et j’expire en haussant les épaules, arborant ce même sourire fin, puis laisse la blonde dans ses pensées, me retournant vers la Prison de pierre. Ma mission est accomplie, il est temps de laisser l’Ivre brune profiter de ces instants heureux. Et je pars, laissant dans mon dos les aventures prochaines que vivra la chanceuse, allègre de lui avoir permis ce cap, et ivre, à ma façon, de retrouver la fraîcheur de pierre de la Cage.