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28 juin 2020, 14:34
 RPG +  Cursed Stars
12 décembre 2044,
00h08,
Au centre du Parc de Poudlard,
Alyona, 15 ans


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Maman dit que vous êtes belles, à briller ainsi dans le Ciel. Elle dit que vous êtes exceptionnelles. Que vous êtes fantastiques. Epoustouflantes. Attirantes. Envoûtantes. Passionnantes. Fascinantes.
Maman ne cesse de parler de vous. Chaque instant.. Elle raconte que vous étiez ses confidentes, ses amies, presque ses enfants et qu'elle ne pourra jamais vous oublier.
Elle vous appelle mes trésors, mes merveilles ou même mes joyaux.
Elle vous considère comme faisant partie de la famille. Elle passe ses journées à vous regarder. A vous observer. Ses heures à rêver de vous.
Comme si vous représentiez plus pour elle que moi.
Mais vous n'êtes que des étoiles. Des maudits points lumineux brillants dans le Ciel immense. Si loin que personne ne peut vous rejoindre. Si petites que l'on ne peut même pas vous prendre entre nos doigts. Si semblables que l'on ne peut vous discerner l'une de l'autre.

Maudites étoiles, pourquoi valez vous plus que moi ?

Moi je vis. Je respire. Mes poumons se gonflent et se dégonflent. Mon cœur valse à son propre rythme. Je bouge. Je fais. J'apprends. Je découvre. Mes Pensées m'envahissent et me questionnent. Les Bruits me torturent. Les Émotions s'emparent de moi. Mes Actes ont des conséquences. Comme mes Paroles et mes Silences. Je côtoie les autres. Je Suis et je Change.

Et vous, maudites étoiles, qu'avez-vous de spécial ?

Vous ne respirez pas. Vous ne parlez pas. Vous ne bougez pas. Vous ne pensez pas. Vous ne ressentez pas. Vous ne savez pas. Vous n'entendez pas. Vous ne vivez pas. Vous n'êtes pas. Vous n'êtes rien. Stupides étoiles. Sans cœur. Sans âme. Si lointaines. Si insignifiantes dans nos vies. Vous ne pouvez rien changer vous. Vous ne pouvez pas agir. Car vous n'êtes rien. Rien du tout.
Juste des points lumineux dans le Ciel. Vous n'êtes pas des Survivantes assaillies par les Ombres. Vous êtes les sœurs des Ombres. Vous faites partie d'elles. Vous vous faites passer pour de belles choses.
Mais vous n'êtes rien. *Stupides étoiles.*
Vous n'illuminez aucun cœur. Aucune âme. Vous êtes juste des yeux dans le Ciel immense. Des petits yeux blancs. Des petits yeux inquisiteurs. Mais tout le monde vous aime.
Pourquoi ?

Maman vous aime plus que moi. Maman vous regarde plus que moi. Vous êtes plus importantes pour elle. Elle préfère parler de vous que de moi.
Pourquoi ?
Moi je suis sa fille. Moi je suis de son sang. De sa chair. Nous vivons ensemble. C'est ma Maman.
Elle est à moi.
Et vous me l'avez volé.

*Maudites étoiles.*

Ma baguette est pointée vers les étoiles, comme une menace. Mon visage se tord. Grimace inhumaine. Les perles froides déforment mes traits. Glissent sur mes joues. Perles lumineuses. Sans vie. Symboles de la Souffrance. L'herbe est humide et vivante sous mes pieds nus. Il fait nuit. Il fait sombre. L'Espace autour de moi est glacial. Les Ombres semblent me regarder avec méfiance. L'Œil blanc me fixe de son regard austère. Les hiboux se sont tus, comme apeurés. Je sais bien que je n'ai pas le droit d'être là. Mais mon envie était plus forte que moi. J'avais besoin d'hurler ma colère en cette nuit si sombre et si froide.

« Maudites étoiles ! J'vous déteste ! Vous m'avez volé Maman et Papa ! »

Les larmes coulent. Sanglots bruyants. Sanglots déchirants. Stupides sanglots. J'suis *Faible.* Je respire bruyamment. Mes mains tremblent. Le Froid s'engouffre sous mes vêtements.
Je n'arrivais pas à dormir. Les étoiles me hantaient. Je les voyais à travers la fenêtre. Elles brillaient comme pour se moquer de moi. Moi. Dans le noir. Perdue avec les Ombres. Et elles, jolies, illuminant les yeux et les cœurs. Alors je suis allée les rejoindre. Et la Colère m'a envahie.

« Stupides étoiles... »

Ma Voix se brise. La Haine est si forte.
Maudites étoiles.
Dernière modification par Alyona Farrow le 03 août 2020, 12:30, modifié 1 fois.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

29 juin 2020, 20:48
 RPG +  Cursed Stars
RUBY, 11 ans
12 décembre 2044 Minuit passé
Parc, Poudlard


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•••

Depuis longtemps, je me prends à rêver de démasquer la Nuit. Découvrir ce qu'elle cache, quand ses enfants sont endormis. Lui tenir tête puis me rendre compte de l'inutilité de la lutte. Rester face à Elle. Me taire, écouter les bruits de l'ombre. La contempler. *D'égale à égale ?*.
Et aujourd'hui, j'ai Su, que le Moment se dévoilerait cette nuit. Depuis ce matin, l'idée tourne en boucle dans ma tête, telle une musique aux notes rayées. Je n'ai cessé d'y penser : en cours, mon attention s'envolait déjà vers les cieux, et les mots de mes professeurs se chargeaient de me ramener sur Terre. Le temps m'a paru infini. Si long. Goutte à goutte, j'ai compté les secondes, j'ai énuméré les minutes, des heures durant.
Enfin, le Crépuscule est tombé. J'étais si éveillée que je n'ai pu feindre l'endormissement auprès de mes camarades. Aucune ne m'a interpellée lorsque je me suis levée, lorsque j'ai poussé la porte de bois en silence. Elles devaient paisiblement somnoler ; moi, ma nuit ne faisait que commencer.
Mon cœur courait plus vite que moi ; ses battements emmêlés à mes pas martelaient le sol de petits coups silencieux. *C'est mal, c'est mal*, mais j'ai fait taire mes voix intérieures. Lorsque j'ai posé le pied dehors, j'ai étouffé les remords qui pointaient le bout de leur nez. Je n'allais pas regretter ; j'en étais convaincue.

Et me voilà.

Je crois respirer comme pour la première fois. En quelques instants, c'est la pénombre qui m'envahit de ses lambeaux opaques. Euphorique, je souris, encore et encore. Mes yeux se font à l'obscurité, doucement ; ils s'y fondent presque. Je jette des regards surpris autour de moi, c'est à peine si je reconnais le Parc. Dans son manteau noir, il a fière allure. Mais tout n'est pas exclusivement assombri : au contraire, je discerne la forme des arbres, leurs cimes, les chemins usés par les élèves, et je crois bien apercevoir le Lac au loin. *Pas pour cette fois* j'estime. Je réserve cette nuit au Parc ; la nuit-du-Lac viendra un autre soir.

Mon regard s'élève *enfin* vers la voûte qui me surplombe, et mon cœur fait un bond dans sa cage. Les Astres sont là. Les Étoiles veillent sur moi. Petits morceaux de blanc, elles m'attendaient ; peut-être me jaugent-elles de leur lumière, qui inonde mes cheveux à l'instant. Je les crois translucides, réellement, *c'que c'est beau*.

Je pensais être seule bien sûr, mais il y a quelqu'un d'autre. J'en suis très surprise. Quelqu'un d'autre est là-bas. Un Feu dans la Nuit ; ses cheveux se balancent au gré de ses plaintes. Ses...

« Maudites étoiles ! »

*Elle Ose ! Pourquoi elle Ose ?*. De quel droit s'adresse-t-elle ainsi aux Astres ? Je suis ébahie. Sous le choc. Furieuse. Je suis obligée d'agir, de faire taire cette Fille et ses mots insensés. À grands pas, je me rapproche d'elle ; et plus la distance se rétrécit, plus je constate que sa taille dépasse de loin la mienne. *Une Grande, alors ?*. Sûrement. Je m'en contrefous, elle n'avait pas à les insulter.

« Stupides étoiles... »

Elles résonnent trop fort dans le noir, *ses plaintes*, elle me perceront les tympans si je ne les arrête pas. *Pourquoi se plaindre ?* je m'étonne. Oh, je ne crois pas que l'Autre se plaigne à Elles ; l'Autre se plaint d'Elles.

« Eh ! Toi ! Pourquoi tu leur parles comme ça ? » crié-je à l'élève, bien déterminée à lui remettre les idées en place.

Je me plante devant elle. C'est un nouveau visage que je découvre, encadré par des mèches rousses, mais je ne cille pas. Elle pleure ; ses larmes ont beau ruisseler sur son visage pâle — fantomatique à la lueur de la Lune — , je ne cille pas.

« Les Astres sont là pour t'aider. » asséné-je d'une voix ferme. Tant pis pour la douceur, ses mots têtus me font fulminer.

these violent delights have violent ends

03 juil. 2020, 18:29
 RPG +  Cursed Stars
Elles ne me répondent pas les étoiles. Elles continuent à me regarder comme si je n'étais rien. J'suis sûre qu'elles se moquent de moi et de ma colère. Elles pensent que j'suis insignifiante. *Mais ce sont elles qui sont insignifiantes !* Que j'pourrai jamais les toucher et leur faire du mal. Mais elles ne comprennent pas. J'vais les décrocher. J'vais les décrocher pour pouvoir les faire souffrir. Elles s'effondreront. Et j'vais les mettre dans le Lac Noir pour qu'elles ne puissent plus jamais briller. Elles seront avalées. Attirées dans les Abysses Infinies des Ténèbres. Dévorées par leurs sœurs, les Ombres. On ne fera plus attention à elles. On oubliera leur lumière moqueuse. On oubliera leur regard inquisiteur. On oubliera tout d'Elles. Elles disparaitront des cœurs. Elles deviendront noires. Elles seront invisibles pour les Autres. Inexistantes. Oubliées. Abandonnées.
Et Maman me regardera enfin.

Tout à coup, une Autre. *'Sont toujours là quand on veut pas d'eux.* J'entends ses pas qui s'approchent. *Pourquoi elle vient ?* Qu'elle n'aille pas me déranger. Sauf si elle veut m'aider à décrocher les étoiles pour les enfermer dans le Cauchemar. Mais ça m'étonnerait. Les Autres, ils ne comprennent pas que les étoiles sont Méchantes. Ils ne comprennent pas qu'elles les dupent et qu'elles se moquent d'eux. Ils ne comprennent pas qu'elles volent leur souffle pour le revendre au Ciel. Ils ne comprennent pas qu'elles méritent pas toute cette attention, les étoiles. Les Autres, ils ne comprennent rien d'façon. Ils ne comprennent même que ce sont des voleuses, ces étoiles qui illuminent leurs yeux. Des voleuses de Lumière. Des voleuses lointaines. Des voleuses *d'amour*. Et cette fille, c'est une Autre. J'en suis sûre. Soudain, elle ose m'interpeller. Elle n'a pas le droit de me déranger. Je me retourne. Et je la regarde, cette Autre. Cette Gamine. On dirait une étoile, avec ses cheveux blonds. Dans un autre contexte, je crois que je lui aurais souris. Elle est jolie cette étoile. Mais elle a osé me déranger.

Je respire, longtemps. Elle se trompe, la Gamine. Comme tous les autres, elle ne comprend pas. *J'm'en doutais.* Mais j'veux pas perdre mon temps à lui expliquer. Elle le mérite pas. Alors je me dresse face à elle. Mon regard est noir. Empli de Colère. Ma tête est penchée vers elle. Comme pour lui montrer que je suis plus grande. J'veux qu'elle est peur. J'veux qu'elle en frémisse. Comme les étoiles frémiront face à ma Colère.

« Dégage Gamine. »

Et soudain, comme une brève lumière, des Pensées. Des Pensées libres, qui me sont propres. Mais elles me font mal par leur vérité et leur sincérité.
Au fond de mon coeur, j'ai peur. Peur de moi-même. Peur de l'effet de la Colère sur mon Ame. J'suis pas comme ça d'habitude. Normalement, j'lui aurais souris, un grand sourire lumineux comme le soleil. Normalement, j'lui aurais parlé avec douceur. Normalement, j'm'en aurais voulu de la rejeter comme ça, de lui parler comme ça. Normalement, jamais je n'aurais osé lui parler sur ce ton. Mais j'suis pas comme d'habitude. J'ai l'impression que c'est une autre Moi au fond de mon Ame. J'ai l'impression que je n'ai plus le contrôle de mes gestes, de mes actes, de mes mots. Et c'est terrifiant.

Mais la Haine reprend le dessous. Et mes Pensées ne sont plus que son Echo.

« Dégage, ou tu le regretteras. »

Je pointe ma baguette vers elle. Vers cette Autre qui ressemble tant à une étoile. Vers cette Autre qui me gêne. Vers cette Autre qui pense que les étoiles m'aideront. Oui, elle regrettera ses mots. Elle regrettera de se risquer ainsi à me dire ce que je dois et ce que je ne dois pas faire. Elle regrettera à me dicter mes gestes et mes paroles. Elle regrettera tout, cette Autre.

Les perles continuent de rouler sur mes joues. J'me sens mal. J'me sens mal sous ces étoiles immobiles qui m'ont tout pris et face à cette autre qui me parle mal. J'me sens si mal. Comme si un gouffre au fond de mon coeur s'était ouvert. Mais faut être forte. *Les étoiles me regardent.*

Ah, les Maudites Etoiles. Elles m'ont tout pris.
Et l'Autre ne comprend pas.
*Stupide Autre.*
*Stupides Etoiles.*

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

03 juil. 2020, 22:55
 RPG +  Cursed Stars
L'inspiration qu'elle prend me donne quelques secondes de répit. Quelques secondes pour analyser mes actes, et leurs conséquences. Je manque cruellement de discernement, à ne pas voir plus loin que le bout de mon nez. Et l'impulsivité me fait faire des choses surprenantes, encore plus lorsque mon esprit se trouve drogué par les vapes de la Nuit.
Je consacre une de ces secondes à penser à *regretter*. Bien sûr, la seconde d'après, je n'y pense plus. Le regret est une de ces choses naturelles qui s'invite dans un esprit après une action un peu folle, comme celle que je viens d'accomplir. Mais il se trouve que le regret ne fait pas partie des émotions qui m'envahissent à l'instant. Il ne se situe pas parmi la rage, l'insolence ou la témérité.
Je n'ai pas à regretter ce que j'ai fait et surtout, je devine, ce que je m'apprête à faire. Parce que quoi qu'il advienne, l'Autre aura entendu mes mots. Je peux bien lui jeter encore à la figure pour que ça imprime. Ensuite, dans les jours *ou les nuits* à venir, elle y repensera et elle comprendra. Je lui facilite gentiment la tâche. *Sauf que l'Aut’ semble pas apprécier*.
Je prends enfin conscience de l'erreur qu'elle m'entraîne à commettre. En temps normal je n'ai pas à me soucier des Autres, le terme les définit parfaitement dans ce sens. Alors par Merlin, pourquoi suis-je en train d'aider une Autre, malgré la colère qui me prend ?
Je réfléchis, un temps ou deux. Et puis la réponse s'impose. *J'me soucie pas d'elle. J'me fous d'elle ! J'me soucie des Étoiles*. Ça semble si naturel, lorsque je le pense.

Je me souviens d'Aelle Bristyle. La Grande-qui-se-croyait-influente. Cette Autre lui ressemble diablement ; à penser tout savoir, tout diriger et se tenir éloignée des minables Première Année. Elle me juge à l'instant de son regard, *le mêm’ regard qu'Aelle*. Mon cœur recule de frayeur, mais mon corps ne ploie pas. *‘l'a pas intérêt*.
Elle me crache un « Dégage Gamine. » et je fronce les sourcils d'incompréhension. Ensuite, je soupire.
Elle m'en crache un autre, puis des menaces. Qui me forcent à faire quelques pas en arrière, à contrecœur. Je suis dégoûtée par son Être : l'Autre dans toute sa splendeur.

« Calm’ toi, tu veux. Je me désespère à ne pas pouvoir adoucir ma voix. Mais je sais très bien que l'Autre m'en rend incapable. Alors t'es de ceux à qui on peut rien expliquer sans qu'ils se vexent ? T'as la gentillesse d'un Manteau Noir, t'étonne pas si personne vient sécher tes larmes à ma place.
Je prends une brève inspiration, mais je n'en ai pas fini. Je veux la forcer à écouter ce que j'ai à dire avant qu'elle ne me fasse quoi que ce soit. Je n'aime pas perdre mon temps avec ces Autres stupides, encore et toujours, ceux qui n'en valent pas la peine. Je lui dirai tout ce que j'ai sur le cœur, et je m'endormirai ce soir la conscience tranquille. Je prierai les Astres de bien vouloir lui pardonner, à cette Autre qui ne sait pas ce qu'elle dit.
Très bien, j'peux te laisser là dans ton spleen et partir plus loin. Le Lac m'attend. J'compte sur toi pour pas leur faire de mal, hein. »

Je murmure cette dernière phrase, le souffle coupé. *Le Lac m'attend*, oui, cela devient vrai. L'Autre me vole la nuit-du-Parc, alors je m'enfoncerai plus loin dans l'obscurité, baguette lumineuse à la main. D'ailleurs, je compte bien interloquer l'Autre par les mots que j'ai prononcé. Pourquoi donc le Lac l'attendrait-elle ? pense-t-elle sûrement entre deux pauvres sanglots. Son attention se reporterait peut-être sur autre chose que les Astres et ma mission s'en trouverait accomplie : je les aurais sauvées.
Fixant le bout de son bâton d'un air méfiant, je pose mes pieds derrière mon corps et recule de quelques pas. Lentement. Comme un animal effarouché par la folie de l'homme prédateur. Je dois bien l'avouer, j'ai trop peur de sa baguette pour lui tourner le dos. Je ne suis pas aussi idiote qu'elle.

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09 juil. 2020, 23:13
 RPG +  Cursed Stars
Je ne sais plus ce que je fais. Je ne sais plus ce qu'il se passe. Je ne sais plus rien. Je sais simplement que je suis noyée. Noyée sous mes émotions. J'n'arrive pas à les contenir. J'n'arrive pas à les arrêter. Elles me bouleversent et m'épuisent. Elles sont trop puissantes, trop dévastatrices. Mes genoux tremblent. Je suis perdue. L'océan de mes émotions frappe mon corps, brise mon visage, s'empare de mon être. Je suis terrifiée par cette puissance. Et cette fille face à moi qui me regarde, voit-elle la puissance de ces vagues incessantes ? Voit-elle mon corps prêt à s'effondrer sous la force de l'océan ? Mais pourquoi toute cette hargne contre moi ? Pourquoi toute cette Colère ? *Les étoiles.* Oui, les étoiles. Ce sont elles qui ont créé la vague qui me noie. J'en suis sûre. Les étoiles ont trop de pouvoir sur les hommes. Elles volent, influencent et brisent. *Maudites étoiles.* Elle vient de vous ma Colère, je le sais. Et je vous haïe pour ça.

Tout tremble autour de moi : l'Œil Blanc, les Etoiles, l'horizon, l'Autre. Où est-ce moi qui tremble ? Je n'arrive pas à faire la différence, mes yeux sont voilés par la Colère qui m'étouffe. Mes lèvres s'entrouvrent mais les vagues ne veulent pas déborder de mon Être. Vagues de Colère. Vagues d'Haine. Elles m'emprisonnent dans leur souffle. Mon poing se referme. Mes ongles s'enfoncent dans ma peau. Mais la Colère est toujours là, emprisonnant mon coeur dans son cercueil de glace. *Va-t'en, Colère.*
Et les étoiles ? Aurais-je oublié les étoiles ? Non. Je ne peux pas oublier les étoiles. Ces maudits points si lointains, ceux qui brillent dans les yeux de Papa et Maman. Je ne peux pas les oublier. Elles me rendent jalouse ces étoiles. *Mais alors, c'est de la Jalousie ou de la Colère ?* Je ne sais pas. Peut-être un peu des deux. Après tout, peu importe ce que c'est, ça me submerge et je risque de me noyer. Ou peut-être est-ce déjà fait.

Oh, elle avait presque disparu de mes Pensées, cette Autre étoile face à moi. Mais ses mots me percutent, creusant un chemin entre ma Colère et mon Âme. Est-ce moi qui ne suis pas calme ? Est-ce moi qui se vexe ? Est-ce moi qui ai la gentillesse d'un Manteau Noir ? Est-ce moi dont elle parle ? Je crois bien. Pourtant, je n'arrive pas à me reconnaître dans ses Mots.

« Non… C'est pas moi ça… » Et si … *Non.* « Tu te trompes. »

Mais je sais que j'essaye de me convaincre. Car c'est bien de moi qu'elle parle. C'est bien moi qui lui ai craché des mots au visage et qui ai pointé ma baguette sur elle. C'est bien moi qui ai dirigé ma Colère vers elle. *Mais c'est la faute des étoiles !* Oui, c'est d'elles que me vient la Colère. Ma Colère. Je n'arrive plus à tenir debout, c'est trop difficile, trop de colère. Mes genoux s'effondrent et je tombe, agenouillée sur l'herbe humide. Mon regard est perdu. Je ne me reconnais plus dans mes actes.

« … Le Lac m'attend… » Le Lac. *Elle est folle.* Elle s'en va vers le Cauchemar Noir. Elle va se faire engloutir. Il va l'attirer dans ses Abysses. C'est ce qu'elle fait tout le temps, l'Eau. Elle ne peut pas partir, cette Autre. Elle reviendra pas si elle part. Le Cauchemar l'avalera et elle sombrera dans les Ténèbres. Mon souffle a disparu. Il a disparu avec ses Mots. Je crois bien que j'ai peur pour cette étoile.

Soudain, je reviens à moi. A mes Pensées. Mes Pensées libres. L'Océan d'émotions est parti. Envolé. *Evaporé dans la Nuit.* Mais les étoiles sont toujours là. Et leur regard me brûle toujours. *Tant pis, l'Autre a besoin de moi.*

« 'Pars pas là-bas ! C'est dangereux ! »

Et la peur, de nouveau, qui m'engloutie face à la vision de ce Lac Noir et de cette étoile, perdue dedans. Mais n'est-ce pas ce que je souhaitais ? Les étoiles dans le Lac ?
Non. Pas cette étoile. Cette étoile ne brille pas dans les yeux de Maman. 'Faut pas qu'elle y aille.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

30 juil. 2020, 17:17
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Stoïque, quelques questions défilent dans mon esprit sans que je n'aie le temps de réellement les arrêter. Toutes tournent autour de cette Fille étrange qui, pour ne plus s'en prendre à elle-même, s'en prend aux autres. Typique aussi des Autres. Je crois que je me demande ce qu'elle a l'intention de faire, de dire, et si je peux discerner ses actes futurs sur ses traits. Mais ses traits sont juste hébétés, son air ahuri n'est pas très intéressant. J'en ai assez de rester ici, j'ai la désagréable impression de lui tenir compagnie et c'est à l'opposé de ce que je souhaite.

Peut-être aurais-je mieux fait de partir immédiatement, sans me retourner. Ainsi, je n'aurais pas eu à entendre les mots qu'elle souffle, comme ressortie d'un mauvais rêve. Et si elle vient d'en sortir, moi, j'y plonge tête la première.

« Non… C'est pas moi ça… Tu te trompes. »

Vient-elle de dire que j'étais dans le faux ? L'erreur ? L'échec ? *Je...*.

Puis elle tombe.

L'Autre vient de tomber, mais je ne bouge pas d'un pouce. C'est à mon tour d'avoir l'air hagard. Et je reste plantée devant elle, sans que l'idée de la relever ne me vienne. Sauf qu'il y a une raison à cela.

Cette masse, désormais informe sous les voiles de la Nuit, fait resurgir en moi une dérangeante réminiscence. *En octobre, hein ? À la Bibliothèque...*. Une petite Chose qui s'était écroulée sous mes yeux épouvantés. Une petite Chose que j'évitais soigneusement depuis. Un petit Cauchemar éveillé.

« A... Ash... »

Et cette Autre me ramène la vision vendémiaire sous les yeux. L'espace de quelques secondes, comme plongée dans les eaux du Lac Noir, je n'entends plus ma voix et ses inflexions tremblantes. Terrifiées, et tremblantes.
Il fait froid. Le constat me glace lorsqu'une bourrasque fraîche manque de me déraciner. Au moins, elle déracine mes sinistres pensées et me ramène, sans douceur, sur la terre ferme. Je suis là, face à l'Autre, à me dépêtrer de mes tourments. À quoi pensais-je, avant, *déjà ?*
Je manque de m'étrangler de surprise lorsqu'elle m'interpelle. *Oh, ‘me souviens*. Je manque aussi de me frotter les yeux — ce qui n'aurait servi à rien dans la Nuit — et d'écarquiller les oreilles. Pour être bien sûre que l'Autre vient de me donner un ordre. M'intime de rester ici.

Je ne savais pas qu'il était possible de se mettre en colère sous Nyx. Maintenant, je le sais.

« Attends un peu. Je n’me trompe pas, je te dis ce que j'ai vu. Je me fiche que tu n’sois pas ‘comme ça’ le jour. Déjà qu'être énervée après les Astres est idiot, si tu répands ta tempête sur les autres c'est... C'est toi l'idiote. »

Ma poitrine se contracte et s'emballe au rythme de mes phrases. Je suffoque presque, tentant sans relâche de repousser la chape qui pèse sur mon thorax. Elle est est lourde, bien lourde. J'expire la vigueur dans mes mots du mieux que je le peux, en espérant qu'ils forent son cœur tourné vers les mauvaises idées.
À la manière d'une oublieuse, j'enterre tous mes actes et tous mes mots dans ma mémoire, au fil de cette stupide discussion. C'est pour mieux m'en rappeler demain, et ça, je le sais très bien.
Demain dès l'aube, je retrouverai la Fille dans mes Pensées et je devine déjà que je ne veux pas la retrouver dans la réalité. Penser à elle dans mon crâne est suffisant. Et si l'Autre me recroise au détour d'un couloir, j'imagine que je m'échapperai de sa poigne mentale aussi vite que je le pourrai.

« Ne cherche pas à m’protéger. J'ai pas besoin d'aide, merci. Mais toi, peut-être que si. »

Je l'imagine un instant, se lançant dans un discours grandiloquent où ce sont les Grands qui doivent aider les plus petits. Ce serait bien son genre, *non ?*. Ces ancres larguées dans nos mentalités sont idiotes. L'Autre ne sait même pas respecter la Nuit et ses Filles, comment pourrait-elle m'aider ? *M'aider à quoi*, d'ailleurs ?
Elle. Ne. Sait. Rien. De. Moi.
*C'est tout*. Six mots. Six mots censés rentrer aisément dans sa cervelle. L'Autre s'imagine qu'elle peut m'aider tout court ? *J’veux pas d’ton aide !* je voudrais soudain lui crier. Et l'Autre s'imagine qu'elle peut me mettre en garde après m'avoir menacée ? Son comportement s'est radicalement métamorphosé. D'hostile, il est passé à bienfaiteur. C'est complètement dénué de Sens.
Ou bien mes Mots ont eu leur effet. *Ce s'rait plaisant, oui*. Il faut croire que je garde mon Verbe de jour comme de nuit. *Alors, ‘va les laisser tranquilles, les Étoiles ?*. Je ne suis pas du genre à implorer pour obtenir ce que je veux, mais cette fois, je conjure les Puissants d'exaucer ma prière.
Si mes Mots ont eu leur effet, alors l'Autre va certainement s'excuser. En fait, c'est peut-être sa manière de s'excuser, ces ordres indélicats qu'elle me lance. *Ew, des excuses d'une Autre...* je constate, écœurée. Mais il est trop tard, pour la rancunière que je suis ce soir. *Maudites étoiles*, qu'elle disait... Elle n'avait pas à Oser. Un dernier regard dans ses pupilles toutes sombres, et je tourne les talons pour de bon.

J'en rêvais depuis de longues minutes, mais les envies diffèrent souvent des Rêves. Je ne sais plus si j'ai toujours envie de me rendre au Lac. Peut-être devrais-je rentrer. *Foutue Autre*.

these violent delights have violent ends

06 août 2020, 15:50
 RPG +  Cursed Stars
Le froid mord ma peau de ses dents de glace. Le vent hurle de sa voix stridente. L'herbe me caresse de ses doigts délicats. Et le ciel est dégoulinant d'étoiles. Des milliers de *maudites* étoiles. Mais l'une d'elle est tombée du ciel comme une jolie goutte d'eau pour venir se dresser face à moi. De sa voix assurée, elle a osé me dire que les étoiles vont m'aider. De sa voix d'enfant, elle a osé me demander de me calmer. De ne pas toucher aux étoiles. Puis je l'ai menacée. Frémissement qui parcourt mon être. Moi. J'ai menacé une Autre. Le visage de Maman se glisse dans mes pensées. Son regard choqué. Sa bouche entrouverte. Ses mains jointes sur son coeur. Son dégout. J'ai menacé une Autre. J'ai menacé une étoile. Mais je ne ressens aucun regret. Je ne ressens aucun besoin de m'excuser. Juste ce profond choc et cette honte qui me noie, scelle mes pensées, éteint mon regard, arrache mon souffle, fait trembler mes membres, plonge mes émotions dans un spirale indescriptible d'incompréhension, perfore mon coeur de sa puissance et brûle doucement mon âme.

J'ai menacé une Autre. Et je ne me reconnais plus.

Je relève les yeux. L'étoile de ma honte me regarde. Mais elle ne semble pas là. Elle est ailleurs. Ses lèvres s'ouvrent légèrement mais je ne peux saisir le son qui en sort. Le vent noie tous les bruits et les emportent avec lui. L'étoile tombée du ciel crache soudain ses mots à ma figure. Plus mordant que le froid. Plus blessant que le vent. Je suis une idiote. C'est ce qu'elle a dit. Et je n'ose la contredire. Une idiote qui a menacé une autre. Une idiote qui a menacé les étoiles. Les affreuses étoiles. Une idiote rongée par la colère. Une idiote bouffée par la jalousie. Une idiote brûlée par les rêves.

J'aimerais qu'elle s'excuse, cette étoile. Pour ces mots. Pour ces autres étoiles qu'elle protège. Pour son arrogance. Pour la colère qu'elle a nourrie dans mon coeur. Mais je sais bien qu'elle ne le fera pas. C'est une étoile inconsciente de ses mots. C'est une étoile inconsciente du fait qu'elle soit dans le faux. Peut-être que je devrais lui apprendre ? Lui apprendre la réalité sur les étoiles ? Lui faire comprendre qu'elles ne sont pas ce qu'elle pense ? Oui. Peut-être. *J'pourrai l'aider comme ça.* C'est une jolie idée. J'vais lui apprendre ma *la* vérité. Mais en douceur, pour qu'elle ne subisse pas le choc que j'ai vécu.

Je ne fais plus attention à ces autres mots. Ils s'effacent de ma mémoire avant même que je ne les y grave. Mots éphémères. Un sourire s'est installé sur mon visage. J'vais lui conter la vérité. Elle va comprendre. Elle va apprendre. Peut-être qu'elle sera en colère contre elle-même d'avoir cru que les étoiles avaient quelque chose de beau. Peut-être qu'elle niera mes paroles. Qu'elle n'y croira pas. Mais je comprendrai. Avant l'acceptation, il y aura le déni. C'est normal. Elle va faire le deuil de ses étoiles. Je me relève et m'approche d'elle pour marcher à ses côtés.

« Tu as dit que les étoiles pouvaient m'aider. Mais tu comprends pas. Si elles pouvaient m'aider, pourquoi est-ce qu'elles n'arrêteraient pas de me faire mal ? »

Ma voix n'est presque qu'un murmure. Mes mots ricochent sur le vent. Je la regarde, cette fille, et la laisse un instant réfléchir à mes paroles. Mes yeux plongés dans les siens. *Elle comprendra. J'en suis sûre.*

« Les étoiles sont des voleuses. Elles volent les cœurs. Elles volent ton temps. Et puis, elles sont si lointaines. Si inexistantes. Tu ne pourras jamais les toucher, jamais les attraper, jamais les comprendre. Elles ne pensent pas les étoiles. Elles ne vivent pas les étoiles. Elles ne sont pas les étoiles. Tu 'devrais pas croire en elles. Elles perforent les cœurs de leur lumière pour que leur reflet brille dans tes yeux. »

Etouffement. Ma cage thoracique se sert, se contracte autour de mon coeur. J'peux plus respirer. Les larmes reviennent briller dans mes yeux. Elles glissent sur ma peau de neige. Ma peau froide comme la glace. Le vent s'est arrêté de mordre et de souffler un instant. Pourtant, sa voix remplie toujours mes oreilles. J'étouffe en silence.

« Elles m'ont volé mes parents. »

Inspiration pleine de colère. Mes yeux brillent d'étincelles. Mes points se referment et mes ongles s'enfoncent dans ma peau. Encore une fois. Une dernière fois.

« Les maudites étoiles. »

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

10 oct. 2020, 15:20
 RPG +  Cursed Stars
Entendre sa voix m'épuise. C'est un bruit de fond incessant, dérangeant, qui se faufile en moi comme du poison lent. Elle ne s'arrête pas, hein. Elle s'entête, cette Fille insupportable. Mon corps se raidit, crispé jusqu'aux extrémités de mes phalanges. Les traits de mon visage se contractent probablement eux-aussi, mais l'Autre ne peut pas le voir, de dos. Elle me retient du bout de ses mots, me provoque. « Mais tu comprends pas. » *Ferme-la !* ma bouche articule silencieusement, écumante de rage.
Entendre ses affirmations m'épuise. Elle ne fait même pas l'effort de daigner m'écouter, ou même de comprendre mon point de vue. Comment peut-on donc arriver à une conversation saine avec ce genre de Fille ? C'est impossible.

« Tu t’fais du mal toute seule, c'est tout. » je réplique d'un ton froid et austère. Mais je doute qu'elle ait quoi que ce soit à faire de mon jugement.

Non, elle continue, s'engouffre encore dans son délire accusateur. M'ordonne quoi faire, m'affirme ses évidences. *C’est rien qu’un tissu d’mensonges*. Elle ne veut rien entendre, et cela me met hors de moi. Elle me pousse encore derrière mes limites de patience, sans s'en rendre compte. *Elles m’ont volé mes parents, ah ouais ?*.
Mais je ne ressens plus rien à son égard. Il n'y a que le vide, celui qui nous sépare.

Brutalement, je me retourne, à quelques mètres de son exaspérante personne. Ma voix est montée d'un ton : sans m'en apercevoir, je crie. Je lui griffe le visage avec ma vérité.

« Qu’est-c’que ça peut m’faire ? J’m’en fous, tu sais ? »

Je voulais être la Tempête qui remue ses pensées, mais rien n'y fait. On pourrait croire qu'elle porte toute la misère du monde dans sa propre voix. Pauvre petite chose qui ne sait rien faire d'autre que se justifier ridiculement. Et elle ose me sourire, en plus ! *‘se fiche de moi !*.

« J’perds mon temps avec toi. Laisse-moi ! Et tais-toi, aussi ! »

J'arrache ma baguette de son écrin en une fraction de seconde. La voilà soudain dans ma main, belle, fière, indomptable, menaçante. Elle s'abrite entre mes doigts et je me sens bien plus grande que la Fille, maintenant. C'est grisant. La différence d'âge entre nous me semble toute évaporée. Ainsi armée, je sais quoi faire, maintenant. *Pourquoi j’y ai pas pensé plus tôt ?*.
Il me faut faire sortir ce feu qui me consume de colère, ravage mon intérieur, à cause de cette idiote d'Autre. Ma volonté est immense ; je veux lui faire payer ses injures, ses insultes, son impertinence, son acharnement, son absurdité. La seconde suivante, mon bâton de bois fend l'air en silence, pointé sur l'Autre qui l'a tant cherché ; et la clameur du sortilège s'échappe de ma gorge, libératrice, pour déchirer la Nuit.

« Oscausi ! »

Un lourd silence s'abat sur nous deux. Parce que l'autre n'a plus de bouche, et je la contemple d'un air mi-dégoûté, mi-satisfait à cette vision. *Enfin*. Plus de bouche pour dire du mal des Étoiles. Plus de bouche pour se plaindre. Rien qu'une étendue de peau, lisse et inutile. *Ell’ s’y attendait pas, hein ?*. J'en suis infiniment ravie. La désagréable impression qu'elle me sous-estimait persistait en moi. Je l'ai attaquée, parce que la colère me bouffe. Et qu'elle le méritait. D'ailleurs, je ne compte pas m'arrêter là. Ce n'était finalement pas le bon Moment pour passer du temps avec Nyx, et je me morfonds ici. Je ne veux pas qu'elle me voie m'enfuir — car c'est ce que je projette de faire. Je veux qu'elle voie bleu, rien qu'un moment. Je veux que la fournaise des Étoiles s'abatte sur elle, et la punisse. Pour la seconde fois, je brandis ma baguette et l'agite d'un mouvement leste, pleine de détermination. Que j'aime mes sortilèges de feu.

« Flamavo ! »

Et dans la Nuit noire jaillissent des langues de feu indigos, qui entourent aussitôt la Fille en un cercle aveuglant. Elles sont belles à danser ainsi autour de l'Autre. À presque la narguer. Elle se trouve maintenant emprisonnée dans sa stupidité. Après tout, si elle n'avait pas manqué de respect aux Astres, rien de tout cela ne serait arrivé. Dans quelques temps, la nuée de flammes aura disparu, alors impossible de profiter trop longtemps du spectacle. Je me fiche d'avoir des Pensées aussi cruelles et malveillantes ; l'Autre a assez malmené ma soirée. Peut-être bien qu'elle gémit encore, muette ; peut-être pas. Elle ne peut plus voir où je suis, je ne peux plus voir comment elle est. Je suis fière de mon lancer mais je n'ai pas le temps de m'attarder ; je me sauve en direction du château. Emportant dans la bouche un arrière-goût amer, celui d'une nuit inutile.

these violent delights have violent ends

07 déc. 2020, 21:12
 RPG +  Cursed Stars
Je suis navrée : ce retard est terrible.

L'Autre, la gamine, la fille, l'inconsciente, l'étoile-tombée-du-Ciel, elle ne m'écoute pas. Elle m'ignore, par Merlin, elle m'ignore. Elle ne s'intéresse pas à mes explications, à tout ce que je lui dis. Elle s'entête, cherche à rester derrière le peu qu'elle croit savoir, ne s'intéresse pas à ma vérité ni même à mon point de vue et ferme les yeux sur ce qui est vrai. Cette enfant est stupide ; la vérité me tombe brutalement dessus et je me demande comment j'ai fait pour ne pas la découvrir plus tôt. Oui, elle est stupide, terriblement stupide. Elle préfère ne pas m'écouter et continuer à se cacher derrière ses fausses-vérités. Elle veut faire la Grande et la fière à m'ignorer ainsi, à se foutre de mes mots et de mon ressenti. Elle veut continuer à croire à ses mensonges et à se montrer intouchable. Elle se pense plus intelligente, hein ? plus mature et plus forte mais elle n'est *rien* de tout cela. Elle n'est qu'une gamine arrogante et méprisante qui se moque du monde et se croit assez importante pour avoir le droit de se foutre des Autres. Je devrais avoir pitié d'elle et de son ignorance, chercher, coûte que coûte, à lui montrer la vérité afin qu'elle arrête de vivre dans le mensonge. Je devrais réessayer de lui expliquer calmement, jusqu'à ce qu'elle comprenne, qu'elle ne se trompe plus. Pourtant, je n'en ai ni la force ni l'envie. Cette gamine me dégoûte. Je n'arrive pas à comprendre comment peut-on choisir de rester aussi stupide et bornée. Je ne comprends pas cette Autre et, étrangement, je ne peux m'empêcher de la détester. Elle est méprisante quand j'essaye de lui expliquer ma vérité. Elle est arrogante quand j'essaye de lui sourire. Elle est butée quand j'essaye de l'instruire. Et Merlin sait que je déteste ces réactions.

J'aurais aimé me calmer, la considérer avec pitié, rester détendue et pacifique pour lui faire comprendre que ses paroles ne m'ont pas atteinte. Pourtant, je n'y arrive pas, comme si tout cela, était devenu *la goutte qui fait déborder le vase*. Je ne peux plus contenir ces émotions dévastatrices. Plus elle parle en me jetant ses Mots à la figure et plus je la sens grandir en moi ; la Colère. Ce n'est pas comme ces sentiments doux, envahissants mais agréables, fleurissant dans mon corps et mon âme. C'est plus fort, plus *dévastateur*, bien plus terrible. La Colère n'est pas une jolie fleur ou un beau végétal s'épanouissant sous le regard de l'Astre du Jour ; la Colère est bien plus dure. Le sentiment est comparable à un feu et à ses Danseuses de Lumière. Il brûle au fond de ma poitrine, hurle aussi fort que la Douleur, m'emplissant bien plus encore que les vagues de mes Pensées, cherche à me remplir et s'introduire dans chaque partie de mon corps. Je suis étrangère à mon propre esprit, spectatrice de ma colère, et cela me *terrifie*. J'ai l'impression d'être à la fois aspirée et en dehors de tout cela, comme si ce n'était pas vraiment moi. C'est étrange, ce sentiment, comme si ma Colère était un être à part vivant dans mon propre corps. Une partie de moi se sent écrasée quand une autre brûle *elle va m'tuer putain*, dévastant mes pensées et grossissant sous ma poitrine. Par Merlin, je crains d'avoir perdu le contrôle de mes émotions. Terrible sentiment, sais-tu que tu me fais affreusement peur ?

La Colère me fait du bien, au début. Elle m'offre une énergie jusqu'alors peu connue. Elle m'offre une certaine puissance, une jolie confiance et dessine un sourire inquiétant sur mon visage. C'est agréable, ce feu insaisissable sous ma poitrine, grondant et hurlant, dévastant et déchirant, terrifiant et inconnu. Je serais presque tentée de le laisser m'envahir -oh, que ce serait formidable, toute cette Haine hurlant en écho dans mon corps et dans la Nuit. Pourtant, je ne le fais pas. Peut-être parce que je n'ose pas vraiment. *Et si ... ?*

Et soudain, elle se retourne. Je n'ai pas le temps de réagir ni même de pointer ma baguette vers elle. Je ne l'aurais pas crue capable de s'attaquer à moi. Faiblesse. Je n'ai pas été prévoyante. Je n'ai pas été assez sur mes gardes. Je l'ai cru trop stupide pour brandir sa baguette, sauf que cette fois-ci, c'est moi qui suis stupide. Sa baguette brille et je reste immobile, bien trop étonnée par son geste. La surprise me quitte presque au moment où son sortilège m'atteint. Les secondes semblent devenir des heures. J'attrape ma baguette mais il est déjà trop tard. Elle a osé me lancer un sortilège ; qui plus est ce sortilège. Et par Merlin, que je me sens ridicule ! Moi je n'ai pas réagi. Je n'ai rien fait ! Trop sûre de moi, hein ? Idiote. La surprise provoquée par l'attaque vient raviver ma colère. Tout brûle en moi. Je suis un rayon du Soleil dans la nuit. Je brûle pour éteindre les étoiles. Je brûle pour hurler ma colère *douleur*. Je brûle, et, peu importe les flammes dont elle m'a entourée, je retrouverai cette enfant idiote. Je la retrouverai et je me vengerai.

Me venger ? Moi ? Ce comportement est-il dû à l'influence des étoiles perfides au-dessus de mon crâne ? Merlin sait que je ne suis pas comme cela ! Jamais je ne me vengerai. Jamais je ne lui infligerai quoi que ce soit. Cette colère n'est pas mienne. Non, moi je ne suis pas faible. La colère est pour les faibles, Maman le disait toujours. Il ne faut pas être en colère. Il ne faut pas en vouloir aux Autres, c'est eux qui sont stupides. Je ne m'abaisserai pas à son niveau. Je ne jetterai pas des sorts juste pour crier ma colère. Je ne laisserai pas cette part de moi-même qui cri justice prendre possession de mon corps. Si justice il doit y avoir, elle se fera d'une autre manière. Maman dit que l'agressivité ne mène à rien. Maman dit que pour se défendre, il faut savoir user des mots. Et Maman aura toujours raison *sauf en ce qui concerne les étoiles*. Ce n'est pas attaquer que j'aurais dû tenter de faire. Ce n'est pas me mettre à son niveau qui aurait été la bonne option. J'aurais dû me défendre ou même l'empêcher de s'attaquer à moi avec le Maléfice du Saucisson. Finalement, c'est elle la lâche. L'étoile qui s'enfuit sans oser regarder ce qu'elle a provoqué. L'étoile maudite.

Ma fierté est blessée par cette fille. Je me sens presque ridicule ici, incapable de bouger, d'appeler à l'aide ou même de me sortir de là. La honte pèse sur mes épaules, écrasant comme le silence le peu de fierté qu'il me restait. La gamine s'est moquée de mes croyances et de mes pensées. Elle m'a ridiculisé sous le voile bien trop sombre de la nuit. Elle a dévoilé mes faiblesses aux étoiles — ou peut-être est-ce moi qui l'ai fait ? Je suis ridicule et toute cette colère dont les braises sont encore chaudes dans mes pensées, toute cette colère, cette surprise et cette affreuse tristesse me font encore mal ; tout cela sous les étoiles. Pensez-vous qu'il aurait été facile pour Niké de pleurer devant Apollon ? Et pour Athéna de pleurer devant des Hommes ? Jamais elles n'auraient pleuré. Elles sont bien plus fortes que cela. Moi aussi je ne dois pas pleurer. Les perles translucides ne font qu'augmenter la souffrance. Les perles humides ne devraient pas dévaler mes joues sous les étoiles. Les Astres ne devraient pas être témoin de ma faiblesse. Non, rien de tout cela n'aurait dû se passer. Pourtant, les larmes roulent sur mes joues ce soir, débordant de mon Âme brutalisée. Je voudrais hurler cette souffrance mais je n'ai plus de bouche. Je voudrais hurler cette douleur mais je ne peux plus crier.
Et je continuerai à maudire les étoiles, pour toute cette douleur. Oh oui, je m'en fais la promesse.

Merci.
Merci mille fois.


FIN DU RP.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique