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20 sept. 2020, 15:27
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 


9 Septembre
Lac
Deuxième année


Matin
Brume.
Partout, autour d’elle, s’enroulant autour des carreaux des fenêtres, épaisse et légère, moelleuse comme un nuage, froide comme de la glace.
Sous ses pieds, l’herbe perlée de rosée craquait, répandant dans son sillage les odeurs et les couleurs du matin.
Il était encore tôt, bien trop tôt pour que les autres soient levés.
Eux aussi, dans leurs dortoirs, leurs souffles devaient se mêler à cette couche de Brume qui effaçait le monde.
Un buisson devenait subitement une personne lointaine, enveloppée dans un épais manteau de feuillage.
Un brin d’herbe se métamorphosait en une des plus belles Fleur de Brouillard, d’un vert d’eau splendide et luisant d’humidité.
Une âme devenait aussi insignifiante que le tas de terre remué dépassant au loin, qu’un empilement de galets sur les berges ou qu’un murmure trop tôt éveillé.

La nature elle-même retenait son souffle, laissant pourtant le monde se peindre lentement de couleurs mornes et pâles.
Grisâtres, parfois.

Ses bottines effleuraient la terre, tandis qu’elle marchait le plus silencieusement possible, à une allure lente, déposant son talon sur le sol avant d’articuler méticuleusement la fin de son pas. Les herbes se redressaient derrière elle, ne faisant de son passage qu’un moment oublié, qui restera profondément endormi dans le Néant de l’inconscience.
Personne ne saurait qu’elle avait été ici.
Le sentiment de liberté que lui procurait cette dernière phrase faisait frissonner nerveusement son corps.
Excitation. Frénésie. Fébrilité.
Mais toujours des gestes aussi mesuré, pour rester dans les Tons de cette matinée.

Son jean noir lui collait à la peau depuis qu’elle était sortie, trempé de nuages, et ses cheveux ondulaient légèrement à cause de l’humidité. Une belle cascade d’onyx dans la sombre clarté de l’aurore.
Seul son pull semblait tenir le coup. Brun, fait de mailles complètement désordonnée, il avait à défaut de la beauté l’efficacité.
C’était un bien faible rempart contre la marée de brouillard, mais sans lui, elle aurait probablement fini aussi figée que la mousse décorant les arbres.

Le Lac se dessina au loin.
Elle hésita un instant, puis résolut de le laisser savourer lui aussi ce moment de solitude, sans gamin idiot pour troubler ses ondes.
Avisant un bel arbre auquel des guirlandes de nuage s’accrochait, elle s’approcha lentement de lui.
Le feuillage bruissait comme la mer, la brume dansait comme l’eau, le tronc droit faisait office de refuge au milieu de l’océan mouvementé.
Sa main se posa sur l’écorce. Son pied la rejoignit.
Lentement, elle se hissa avec souplesse dans l’arbre, s’aidant des branches les plus basses et des cavités glissantes de mousse, parvenant sans trop de mal au sommet de son esquif.

Elle avait envie de rire.
Ce matin, elle était la Capitaine de l’Aurore. Son navire mouillait dans une terre de brume, les branches claquaient comme les voiles à cause du vent, les feuilles étaient milles embruns verts et or se déversant sur le pont.
Ce matin, elle regardait l’horizon, il était à elle, à elle seule et elle pouvait le dompter à sa guise, apprendre à le connaître et à rester sur sa fine ligne.
Ce matin, elle chevauchait une mer de Brume, tout s’effaçait de son passage pour la laisser triompher face à l’Element, elle se sentait invincible sur sa frêle branche, un bras enroulée autour du tronc, penchée en avant comme pour mieux observer le lever de soleil.
*Matin*
Ce matin, le soleil allait se lever.
Ce matin, le soleil allait chasser la Mer.
Ce matin, elle allait redevenir gamine insignifiante. Plus de Capitaine, plus de boussole, rien qu’une môme perdue dans l’Ocean des corps voulant se frayer un chemin jusqu’aux salles de cours.
Ce matin, les rêves allaient s’évaporer et lui échapper.
Encore.

Se laissant tomber lourdement sur la branche, elle poussa un énorme soupir silencieux, qui fit reculer le brouillard à quelques centimètres de son visage.
Ramenant contre elle sa sacoche presque vide, ne contenant que son carnet à dessin et sa boîte de fer blanc, elle se pelotonna contre l’écorce, laissant tomber les idées de voiles et de voyage.
Elle était foutrement ancrée dans le sol.
Inutile d’essayer de s’évader.

Alors elle ressortit simplement la boîte.
Elle contenait une plume, de l’encre, et le plus important pour elle.
Un coquillage.
Nacré, de blanc et d’orange, il se poudrait d’argenté ce matin.
Ses doigts s’enroulèrent autour de ses courbes, se positionnant entre les cinq piques qui le rendaient si gracieux à ses yeux.
Le collant contre son oreille, elle se décida à fermer les yeux.

C’était peu de chose.
Mais avec le Brouillard, et les roulements des vagues tout près de son cœur...
Ça devenait un morceau d’univers entier.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

22 sept. 2020, 21:51
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 
WELMINA

Image
Troisième année, 13 ans
9 septembre 2045, entre la rosée et la brume matinale
Parc

Euphorie. Séparés. Mist.

C'est mon Moi-même qui m'a guidé. Mes jambes n'ont fait que subir, prisonnières de cette envie. Ce besoin de sortir. Mais je crois que je rêve encore. C'est trop pur pour être réel. Pas dans ce monde, là. Mais dans celui des rêve. Tout est possible. Les choses les plus sublimes sont imaginables. Quand on en a besoin. C'est sûrement ça que mes rêves cherchent à faire. Me montrer le sublime des rêves. En me faisant croire que c'est réel.
Et je me sens si vivante. Je flotte sur l'herbe mouillée. Tout est si fluide. Le matin est beau. Perdue dans la brume, je ne suis qu'une silhouette. Pour moi-même. J'ai du mal à me voir. Mon esprit a quitté mon corps et me regarde de loin. Une forme humaine noire. Une ombre. Un corps.
Je laisse ce corps avancer encore un peu seul. Sans vie. Probablement endormi. C'est impossible de se voir sans son esprit. Tout en étant cet esprit. Si c'est un rêve, il est si doux. Je ne veux pas être réveillée.
Propulsée par un rien, mon Moi-même reprend place dans mon corps. Les yeux fermés, je m'attend à me retrouver dans mon lit. Dans le Dortoir. Entre mes autres camarades. Avec Jolivia, sur mon oreiller. Au chaud. Mais lorsqu'ils se rouvrent. Je ne vois rien. Que le brouillard.
Ce n'est pas un rêve. C'est réel. Le Parc naît autour de moi. Cette fois-ci, je ne me vois plus faire partie de lui. Je ne vois plus mon corps, mon esprit y est emprisonné. Je ne flotte plus mais il y a quelque chose de bien différent. Les sensations. Matinales.
Le vent caresse mon cou. Auparavant, il s'amusait avec mes cheveux. Mais depuis qu'ils ne sont plus longs, mon esprit a gagné de la place sur mon corps. Un peu moins de moi, un peu plus de Moi.
L'herbe mouille mes pieds. Combien de temps s'est-il passé entre maintenant et le moment où j'étais dans mon lit ? Pourquoi je ne me rappelle plus de ce que j'ai fais ? Mais visiblement, je suis sortie sans le faire. Je n'ai même pas pensé à emmener Jolivia. Mon esprit a pris les commandes, sans que mon corps ai son mot à dire.
Et depuis que mon corps a repris le dessus, il m'en veut. Il a froid. Je n'ai enfilé qu'une veste par dessus mes habits de nuits. Les jambes et les bras à l'air, j'ai froid. L'humidité traverse mes chaussettes, seuls vêtements recouvrant mes pieds.
Mais la brume. A ce pouvoir. Celui de retenir. Peut-être de laisser l'esprit gagné du terrain sur le corps. La brume me force à commettre cette belle erreur. Celle de marcher. De me laisser porter. Et de retrouver cette sensation. Celle qui a séparé mon corps de mon Moi-même.
Je ne veux être plus qu'esprit. Sans mes longs cheveux, il était là. Plus facilement. Dans ce contact avec le matin. Il était là. Une à une, je retire mes chaussettes. Mes orteils se posent sur le sol. Sans rien entre.
M'aventurant dans la brume, je respire. Doucement. Puis en accélérant. Je le contrôle, maintenant. Mon esprit reprends de l'ampleur. Et soudain, mes jambes s'élancent. Elles franchissent avec plus de vitesse. Elles prennent de grandes enjambées. Elles courent.
Elles vont et viennent. Je ne sais plus qui contrôle. Le corps. L'esprit. Tout me fait oublier les deux. Je cours. Pieds nus. Au plein milieu du Parc. Et j'aimerais crier. Sombrer dans la folie. Me perdre dans la brume. Aller jusqu’au Lac. Et nager jusqu'à l'infini.
Mais mon corps et mon esprit s'arrêtent. Dans un temps accordé. Lorsqu'ils voient. La brume se découper. Formant quelque chose comme une silhouette. Cette fois-ci, ce n'est pas mon corps. C'est celui de quelqu'un d'autre. Et d'un arbre. Une personne et un arbre.
Mon cœur se met à battre. Et après cette course improvisée, je m'étale dans l'herbe. Peut-être que comme ça, la personne ne me verra pas. Peut-être que comme ça, mon esprit sortira de mon corps. C'est mouillé mais peu importe. Le brouillard sera ma cachette.
C'est un peu bête. Je n'ai même pas peur. Mais depuis le moment où je me suis levée, mes actes sont irréfléchis. Mais pour une fois, je les aime comme ça.
Il y avait-il vraiment quelqu'un ? Je ne crois pas l'avoir vu, finalement. Je l'ai juste senti. Elle et l'arbre. Est-elle à son sommet ? Ou simplement adossée ? Peut-être finalement qu'elle est juste devant moi. Et que c'est moi qui suis sur l'arbre. Enfin, mon esprit. Ou mon corps, je ne sais même plus.
Mais je sens que cette personne est réelle. Où qu'elle soit, elle est . Le corps et l'esprit.

Troisième année RP.
happy to be a l i v e

30 sept. 2020, 19:17
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 
Longtemps elle avait rêvé de Ça.
Ça, se faire bercer par la douce harmonie du vent chantant dans le coquillage.
C’était son Harmonie à elle, à elle seule, que personne d’autre ne pouvait entendre.
Perdue au milieu du matin, elle savourait les premières notes de la Journée.

La Brume bleue étreignait les arbres.
L’air froid et piquant de cette eau flottante emplissait ses narines et ses poumons.
Le Chant sonnait contre son oreille, résonnant dans son crâne, se diffusant dans tout son corps, lui procurant une étrange sensation de chaleur au milieu de tout ce froid.

Puis soudain, y a une forme.
Effilée, tranchante, elle court à travers les nuées, Ombre dans les nuages, d’autant de l’un à l’autre.
Est-ce qu’elle la voit, perchée en haut de son mât ?
L’Ombre ne se soucie pas de briser l’aurore.
Elle foule les dernières bribes de nuages lui ayant résisté, laissant le brouillard à nouveau tout engloutir derrière son passage, effaçant ses traces, effaçant sa course.
Peut-être qu’à un moment elle se retournera.
Elle se retournera et se demandera si c’était un rêve, d’avoir couru comme une dingue jusqu’à l’arbre, d’avoir déchiqueté la Brume pour la sentir glisser le long de son visage et s’emmêler dans ses cheveux.

Ombre brumeuse.
Tu attires la curiosité.

Au final, elle s’écroule, au sol.
Comment ? Comme on tombe des nuages, certainement.
D’abord, ses genoux se courbent, puis sa taille diminue, elle s’enfonce dans la couche duveteuse, elle ancre ses pieds dans les herbes pour ne plus s’envoler.
Comme anéantie, au final.

Là, couchée dans l’herbe, elle pourrait presque dormir.
Son souffle ne transparaît pas dans la brume, qui semble absorber la vie de Celle qui l’avait Défiée.
Peut-être qu’elle essayait de distinguer le ciel.
Peut-être qu’elle essayait de le repeindre de ses yeux couleur Brouillard vu de là où elle était.
Peut-être qu’elle essayait de la distinguer, Elle, la créature perchée dans son arbre.

Jetant brusquement un regard vers ses bottines brunes qu’elle avait chaussé avant de partir, elle grimaça.
En fermant les yeux, peut-être que leur Couleur disparaîtrait.
Peut-être que toute sa couleur disparaîtrait pour ne laisser d’elle qu’un me aura fantomatique, roulée en boule dans son arbre naviguant sur les Brumes.

Elle remarqua alors que sa main tenait toujours fermement son coquillage contre son oreille.
Certainement elle avait voulu regarder l’Ombre comme une créature marine fendant les flots, une sirène ou encore un strangulot.
Le résultat était qu’une autre personne avait eu l’idée étrange de se rouler dans le brouillard gelé. Une autre personne qui voulait lui Voler son Aurore.

Sa deuxième main s’agrippa jalousement à une branche de l’arbre, tandis qu’elle laissa ses jambes se balancer dans le vide.
Pas envie de descendre et d’abandonner le navire.
Les capitaines devaient rester fidèles à leurs postes, elle le savait, elle l’avait lu et relu des dizaines de fois.
Rangeant le coquillage dans sa boîte, puis dans sa sacoche pour lui éviter une chute malencontreuse ou un écrasement par d’autres objets, elle tourna sa tête vers Ombre.

A quoi elle le ressemblait ? Elle le savait parfaitement.
À une de ses enfants-fantômes que les moldus jugeaient effrayantes.
Ses cheveux étaient collés à son visage à cause de l’humidité, son pantalon trop grand baillait aux chevilles, son pull pendouillait lamentablement autour de son corps, ses yeux étaient plissés par la méfiance et la curiosité.

En un mot, tout aurait pu disparaître.
Le silence.
Les couleurs monotones.
Le brouillard de l’Inconnu entre Elles.

Sauf qu’elle désirait ardemment rester dans l’Ombre, ne pas connaître cette Autre qui n’était pas la sienne allongée sur les nuages, et écouter les bruissements de la Mer.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

10 oct. 2020, 18:43
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 
Matin. Inconnu. Vivante.

Allongée dans l'herbe, je sens ses brins me caresser doucement les pieds. Ma vision n'est pas complète, en partie cachée par le brouillard ou mes sentiments perdus, mais je distingue ce qui est autour de moi. L'herbe et le vent se côtoient et je me trouve bloquée entre les deux. Est-ce qu'ils préfèrent que je parte ? Je ne cherche pas à troubler les éléments de la nature, juste à y trouver ma place.
Comme le fait la Fille près de l'arbre. Sur l'arbre, je crois. Je le vois. Grand. Imposant. Mais je ne sais pas s'il est proche ou loin. Certains concepts m'échappent à cet instant, pour une raison qui m'est inconnue. Disons que c'est l'euphorie du matin. Ou la colère des éléments qui ne veulent pas que je sois là.
Mais je ne crois pas. Le Ciel a toujours était gentil avec moi. Même s'il n'a que très peu de temps à m'accorder, il le fait quand j'en ai besoin. Parfois, je m'envole en pensée.
Peut-être est-ce l'énergie de la Fille qui me fait me sentir aussi étrange. Elle souhaite que je m'en aille et m'empêche de réfléchir correctement. Certes, elle était là, la première. Et je n'ai pas envie de la déranger. Mais je crois qu'à cette heure, le monde appartient à tout ceux qui ont le courage de le voir. Elle ne me dérange pas, puisqu'elle a eu ce courage. Elle est autorisée, je pense.
Parmi toutes ces pensées, je me demande qui elle est. Peut-être que je la connais ? Avec le brouillard, je ne pense pas que j'aurais put reconnaître qui que ce soit. J'aimerais que ce soit quelqu'un que je connaît, peut-être. Un de ceux qui ont partagé la beauté du Monde avec moi. Ou. Même celle qui a rien qu'un instant, partagé un Nous-même.
Mais je crois que la Fille sur l'arbre est une inconnue. Une des énergies que je croise tous les jours sans m'en apercevoir. Personne et tout le monde à la fois.
La Vie décidera si cette énergie doit se mêler à la mienne. Mais pour l'instant, il n'y a que le Ciel que je vois. Comme toujours, il ne me regarde pas. Il est si immense que je ne suis rien. Je le sais. Je ne demande rien.
Immobile. Je ne sais plus si je dois bouger. Je n'en ai pas envie. Et le brouillard ne dit rien. Peut-être qu'il faudrait que j'arrête de chercher ce que je dois faire. Pour juste faire ce qu'il me plaît.
Mais je suis bien là. Dans l'atmosphère d'un morceau de l'univers. Entre le brouillard. Le Magie. Et la terre.
Je n'ai pas l'habitude de sortir aussi tôt le matin matin, à Poudlard comme en Irlande. Ce soir fait de cet instant un moment du unique. Hors du monde. Avant que tout le monde se lève et que le journée commence. Reprendre les cours. Manger. Discuter avec quelque personnes, peut-être. Me rendormir. Puis recommencer.
La monotonie doit être troublée par ces instants. Celui-là. Choisi par mon esprit, uniquement et sans but, probablement. Peut-être en a t'il un. Aurait-il un rapport avec la Fille sur l'arbre ? Je ne pense pas. Je crois, de toute façon, que ce moment n'est pas fait pour réfléchir. Hors du monde. Hors du Temps. Hors de tout. Et de tout le monde.

Troisième année RP.
happy to be a l i v e

22 oct. 2020, 12:29
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 


Ça la démangeait, ce non-Savoir.
Avez-vous déjà ressenti cet état ? Il est bien compliqué à décrire. C’est soudain comme si une myriade d’aiguilles pourraient votre peau, emballaient votre cœur, éparpillaient vos pensées.
Et au milieu de tout ce désordre, un seul besoin. Savoir.

On le lui avait répété, elle le savait.
La Curiosité est un bien vilain défaut.
Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de l’écouter, de la laisser prendre possession de son corps, de jouer à ses côtés, se brûlant la langue de ses questions téméraires, s’écorchant les doigts de gestes malencontreux, se blessant les yeux à force de longer sans relâche dans les regards des Autres. Ce dernier point surtout était fréquent.
Peu savent toute la lumière enfermée dans un seul regard.
Et comme toute lumière, celle des yeux possède sa part d’ombre.

Elle sortit une feuille de parchemin de sa sacoche, la laissant sur ses genoux osseux, se fichant de la plier.
Elle avait vu une fille des dortoirs en faire, des origamis.
Elle savait pertinemment qu’elle était incapable d’en faire autant. Surtout pour ce qu’elle voulait en faire, de cette feuille de papier.
Saisissant son crayon, au fond de son sac, elle griffonna trois petits mots à la destination de Ombre.
Who are You ?
Sa baguette se retrouva dans sa main, chaude, accueillante comme toujours.
Elle espérait bien quelque part que la brume camoufle ses gestes, les rendent mystérieux ou même les efface. Elle ne voulait pas qu’Ombre l’épie à travers le brouillard.
Se calant un peu mieux sur sa branche, elle se concentra pour effectuer son sortilège puis traça le huit couche dans les airs au-dessus de sa feuille en murmurant « avifors ».

Un petit oiseau de papier, aux plumes rêches et aux yeux curieux était à présent posé sur ses genoux.
Ravie, elle l’observa un instant, regardant la petite tête plumeuse se pencher d’un côté ou de l’autre, la suivant du regard et plongeant ses yeux de parchemin dans les siennes.
Un beau petit oiseau pour un petit message.
Elle pouvait apercevoir sur une de ses ailes un début de mot gribouillé.
En soupirant, elle se rappela que la délicieuse minuscule créature était vouée à disparaître des qu’elle aurait rempli sa tâche.

Elle allait faire s’envoler l’Oiseau vers Ombre lorsqu’un détail la frappa.
C’était bien joli, tout ça, mais Ombre n’avait certainement pas pris de quoi lui répondre. Elle se doutait bien que les élèves présents dans le Brouillard en plein Septembre et qui plus est à l’aurore étaient rares.
C’était d’ailleurs pourquoi elle s’était enfuie dans la nappe de nuage.
Mais Ombre ne devait certainement pas avoir de quoi répondre.

Elle réfléchit un instant, laissant l’oiseau de papier lui grimper sur l’épaule, comme doué de vie propre. Elle s’était amusée à cela pendant les vacances, à envoyer des petits oiseaux de papier vers l’océan, parfois juste des oiseaux blancs, parfois accompagnés de quelques lettres.
Bien sûr, Blackfall ne les avait jamais reçu.
Elle n’avait ressenti à chaque fois qu’un pincement au cœur, lui faisant comprendre que l’oiseau était redevenu papier.
La plupart du temps, c’était parce que dans un moment d’inattention elle l’avait fait plongé dans les flots bleus, ou qu’elle l’avait perdu de vue.
Une lueur triste s’alluma dans son regard.
*Merlin, c’est con d’penser à ça...*

Reprenant le petit oiseau sur son bras, elle remarqua que ses ailes étaient déjà en train de se brouiller.
Se concentrant à nouveau, elle posa un crayon de taille ridicule dans le bec de l’oiseau, qui ne sembla pas trop dérangé de cette charge en plus.
Puis il s’envola, fondant dans la brume, rapide pour ne pas laisser le temps aux gouttes d’eau de le faire revenir à l’état de Feuille, zigzaguant devant le soleil brumeux, perçant les nuages, fondant vers Ombre.
Elle ne le vit plus, soudain, certainement perdu dans les hautes herbes dégoulinantes de rosée.

Le pincement au cœur presque trop familier vint l’étreindre.
Et voilà.
Petit Oiseau était devenu parchemin.
Comme pendant l’été, elle fit de gros effort pour oublier la douleur lui brillant le cœur. Elle se répétait sans cesse en boucle qu’Ombre n’était pas sa tante, et qu’elle renverrait l’Oiseau, qu’il n’était pas mort Noyé dans le Brouillard, comme tous ceux qu’elle avait cruellement assassiné il y avait à peine un mois.

*Il va rev’nir, il va rev’nir, il va rev’nir...*
Ou pas. Après tout, Ombre n’avait aucune raison de lui renvoyer l’Oiseau.
Elle n’avait aucune raison de répondre à sa question.
Elle pouvait très bien rester Ombre et disparaître après cette matinée, éphémère et s’évaporant face aux gouttes de soleil.
Sa question avait été stupide. Même elle n’y aurait pas répondu.
Mais c’était trop tard.
Petit Oiseau avait parcouru le chemin.
Elle ne pouvait plus qu’attendre.

Décidément, j'aime ce cadre.
J'aime ta Plume.
Et j'aime nos Mots entrelacés dans le Brouillard.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

23 nov. 2020, 20:45
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 
Who. S'envole. Signe.

Mon corps tremble légèrement, je ne suis pas invincible, il sent le froid. Mais pas mon esprit. Il me souffle des mots, m'affirmant le contraire. Il me dit. Que je suis forte, que le monde est à moi.
Il est bien naïf s'il l'a cru un instant. Mon monde est à moi. Pas le Monde. C'est peut-être ce qu'il essaye de me dire.
Il n'en reste pas moins faible. Mais le fait qu'il ne sente pas le froid me permet de rester ici. De profiter.
Dans le bruit silencieux de cet univers infini, je distingue quelque chose. Comme un battement. Non pas de cœur. D'aile.
Je me retourne vaguement, imaginant un oiseau, profitant de ce que le Monde lui donne.
Mais je ne vois rien. Le brouillard l'a peut-être capturé. À moins que ce soit mon esprit qu'il a brouillé.
Ce n'est qu'à son contact que je remarque l'oiseau. Non pas animal. Mais pas moins réel. Non pas vivant. Mais pas moins plein de vie.
Que vient il faire ici ? Il semble tout abîmé comme s'il avait fait un grand chemin. Avant de venir mourir sur mon épaule.
Je ne peux pas le sauver, c'est son destin. Je le regarde se déplier et redevenir feuille. Il me rappelle un peu celui que j'avais créer avec une pierre. Mais celui-ci c'était moi qui l'avais fait. Alors que l'oiseau de papier semble avoir était fait pour moi. Je n'avais pas vu mourir l'oiseau de pierre. Mais celui de pierre gît juste à côté de moi.
Je ne peux m'empêcher d'être émue sans vraiment savoir pourquoi. L'énergie si particulière de cette matinée, probablement.
Remarquant un crayon sous l'oiseau défunt, mes doigts s'aventurent sur le bout de papier. Ils trouvent un message, vaguement écrit sur ce bout de feuille. Who are you.
L'oiseau venait donc de quelqu'un. C'est bizarre de me dire ça maintenant que je sais que c'est la main d'un humain. Mais j'imaginais qu'il pouvait être seul maître de lui même. Porté par la Magie. Me cherchant. Pour m'offrir un signe.
De toute évidence, il est l'œuvre de la Fille - suis-je bien sûre qu'elle est une Fille ?- sur l'arbre. Iel m'a donc vu. Et iel ne semble pas vouloir que je parte. La preuve en est le bout de papier. Et le crayon, encore plus.
Peut-être qu'iel veut savoir s'il est en mon droit d'être ici. Après tout j'ai considéré, qu'iel le pouvait, mais je ne sais pas si iel pense la même chose.
Un peu tremblante, j'attrape le crayon et le pose sur le bout de feuille. Je pensais que les mots viendraient seuls. Mais je ne sais pas. Qui je suis. Ce qu'elle doit savoir. Ce que je veut lui dire. Je ne sais pas.
Mais je doit lui répondre. Ignorer un signe reviendrait à snober le Monde. Je ne suis pas snob. Mais je ne sais pas qui je suis.
En dessous de sa question, je trace quelques lettres, quelques points, à mon tour.

... Just a Girl... Who are you ? ...


C'est bien la seule réponse que je puisse lui donner. C'est bien la première choses à laquelle on s'intéresse. Pourquoi ça changerait ici ?
Et iel qui est iel ? C'est probablement bien simple de ma part de lui retourner aussi facilement la question. Mais c'est tout ce que je veux savoir, moi aussi. Qui. A crée l'oiseau. Qui partage ce morceau d'atmosphère avec moi.
Serrant le bout de papier entre ma main je me rends compte que je n'ai aucun moyen de lui renvoyer. Je suis partie sans ma baguette.
Que je suis nulle. Mon seul moyen de continuer à communiquer serait d'aller lea voir. Et le faire détruirai la mémoire de son oiseau.
Si je ne lui réponds pas, je me sentirais mal. De l'avoir laissé.e sans réponse. D'être sans réponse.
Piteusement, je laisse une de mes mains glisser dans ma poche comme si cela pouvait m'aider.
Je ne sais pas si c'est la Magie, un signe ou un simple hasard. Mais elle était là. Ma baguette. Dans ma poche. Je n'ai pas cherche à connaître le pourquoi du comment. Mais elle était là.
Pour faire honneur à sa pratique. Je l'ai réutilisé dans un chuchotement. Avifors. La feuille est redevenue oiseau. Il s'est envolé.

Je suis navrée de ce retard, Plume.
Cet atmosphère me plaît, à moi aussi.

Troisième année RP.
happy to be a l i v e

13 déc. 2020, 09:43
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 
"Le rêve, c'est ce qui reste quand le brouillard domine."
______________________________


C'était comme si le Brouillard avait achevé de tout aspirer.
Plus un grain de poussière de ciel.
Plus un mouton de nuage un peu plus éclatant.
Juste cette nappe de brume, omniprésente, douce comme du coton et froide comme de la glace. Un contraste si saisissant, qu'elle ne pouvait s'empêcher d'être sous le charme.

Le Petit Oiseau, Einini, il s'était envolé.
Bien loin, vers d'autres cieux?
Il s'était peut-être perdu en chemin.
Il s'était peut-être rendu Autre Part, là où le ciel était plus mauve, et les Lacs plus bordés de Nénuphars?
Il s'était refait un monde de papier-mâché.

Calée contre le tronc de l'arbre, elle pourrait presque l'entendre respirer.
Pas un souffle de vent n'effleure les branches tremblotantes. Pas un oiseau ne s'est déposé sur une brindille pour réveiller peu à peu la nature.
Et le seul Einini capable de faire quelque chose au monde s'était envolé.

Et c'était parce que le monde était flou et brouillé qu'elle aimait ces matins.
Et c'était parce que rien ne permettait de deviner les visages des Autres qu'elle aimait ces matins.
Et c'était parce que les jeux du soleil lui étaient inconnus qu'elle aimait ces matins.
Elle avait fait déjà de belles rencontres le matin.
Le souvenir d'une fille blonde, en haut d'une tour d'astronomie s'imposa à elle.
Puis il s'embruma, fut parcouru d'ondes comme la surface d'un Lac, et se superposa à celui d'une fille aux cheveux noir jais, en haut de la tour d'Astronomie, un fantôme à ses côtés.

Un long frisson la parcourut.
Peur de se faire prendre une nouvelle fois. Peur de ne pas arriver à s'en sortir, de se faire mettre la main dessus avant de rentrer au château.
Elle avait été bête de sortir : il faisait froid, et c'était dangereux.
Mais l'attrait du Brouillard avait été plus fort. Beaucoup plus fort, comme toujours.

Elle l'a entendue, avant de savoir qu'il arrivait.
Il?
Einini.
Comme si cela pouvait aider l'oiseau à se diriger, elle siffla une petite trille dans l'air. A défaut de savoir chanter, elle savait au moins siffler convenablement.
L'oiseau se déposa sur ses genoux relevés, puis en un bruit de froissement qui lui sembla se répercuter à l'infini, il se remétamorphosa en feuille.
Un simple bout de papier.

A un autre moment, elle se serait jetée sur la réponse. Elle l'aurait lue avidement.
Au lieu de quoi, elle tritura la pointe de la feuille, hésita un peu avant de lire son contenu.

... Just a Girl... Who are you ? ...


Sans qu'elle ne se l'explique, son cœur se mit à battre plus vite.
Excitation? Peur? Mélange des deux?
Ces deux émotions s'épousant si parfaitement qu'ils ne devenaient qu'un? Et alors? De quoi pouvait-on parler dans ce cas? Excitapeur? Eh bien, elle ressentait de l'Excitapeur dans ce cas.

Fébrile, elle saisit à nouveau le crayon, qui se suspendit un seul instant avant de poursuivre une trajectoire comme si elle avait été définir il y a bien longtemps dans l'espace.

I...I'm a piece of the fog, I guess. I hope?
But They call me Girl too.

Être un morceau de brouillard, capable de disparaître à chaque instant. Oui, ça lui plairait.
Un chuchotement, un mouvement de la main et la frêle petite bestiole était de retour.

"Vole, tout beau."

Un murmure qui alla se perdre dans la ouate.
La créature lui rendit son regard, puis lentement, s'envola.
Un Messager du Brouillard.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

08 janv. 2021, 18:54
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 
Calme. Renaît. Ose.

Une seconde après l'avoir relâché, je me demande si l'oiseau va revenir. Avec une réponse. Il pourrait se perdre, dans le brouillard. On y voit rien. Mais il est animé par la Magie, je crois qu'elle battrait et gagnerait contre n'importe quel temps.
Ramenant mes jambes à ma poitrine, je m’assois dans l'herbe. Mes mains se mouvent, seules, comme pour attraper la brume. C'est agréable. Je pourrais rester ici toute la journée. Rien qu'à regarder mes mains virevolter. Et sentir le brouillard, à mes côtés.
Mais il disparaîtra, quand la journée commencera. Et je disparaîtrais aussi. Peut-être que je disparaitrais, avant. Je pourrais me faire prendre, je suppose qu'il est bien trop tôt pour considérer que les élèves peuvent vagabonder à leur guise. Je n'aime pas briser les règlements, et sans ce message, mon passage dans le brouillard aurait été bien plus court. Mais j'ai envie de savoir si l'oiseau va revenir. Et qui est cette personne dans l'arbre. Enfin, pas vraiment qui. Juste ce que je peux savoir d'elle. Alors je reste. Aussi longtemps que me le dictera mon Moi-même.
Après tout, si je respectais parfaitement le règlement, cette journée aurait été banale. Je n'aurais pas côtoyer le brouillard. Je n'aurais pas parler avec l'oiseau. Peut-être que le couvre-feu a été instauré pour offrir un moment intense à ceux qui osent le briser. On n'irait nul part sans oser.
Donc j'ose.
Un sourire aux lèvres, je mets mes sens aux aguets. La curiosité me pique et l'oiseau devrait être de retour dans peu de temps. S'il revient.
Mais je n'arrive qu'à capter l'énergie du brouillard. Celle de la personne sur l'arbre est bien trop loin. Et celle de l'oiseau, probablement trop dure à capter. Je me demande comment les autres perçoivent la mienne. N'étant pas très expressive, je ne la vois pas comme quelque chose de très percevable. Peut-être juste quand on y fait attention. Quand on la cherche vraiment. Je ne crois pas que quelqu'un ai déjà fait assez attention à moi pour sentir pleinement mon Moi-même. Mais certaines personnes ont certainement déjà du en avoir un aperçu.
Cette fois-ci, je n'ai pas entendu l'oiseau. Il s'est posé sur moi et j'ai ressenti un frisson. Ma curiosité m'envahis, mais je m'estime déjà chanceuse d'avoir put revoir l'oiseau. Il aurait put redevenir feuille avant de me rejoindre. Il aurait put trouver quelqu'un d'autre. Il aurait put se perdre dans le brouillard.
Je le regarde se transformer en feuille. Et je vois ça comme un ressuscité qui serait mort de nouveau. Ça me fait un peu de peine, sans que je puisse expliquer pourquoi. L'oiseau renaîtra avec ma réponse de toute manière. Peut-être que je devrais voir ça comme une naissance, plus qu'une résurrection.
Avec le plus grand soin, je déplie le papier. Mon interlocutrice est donc une Fille, ou du moins c'est la façon dont on l'appelle. Un morceau de brouillard.
Je lève les yeux, cherchant ce morceau de brouillard. Je distingue l'arbre, mais plus la silhouette. Est-ce que maintenant qu'elle n'est plus si mystérieuse, son apparence est camouflée pour laisser place à ses mots ? Mais je suis curieuse, bien trop. Et les mots me viennent facilement lorsque je reprends le papier.

...I feel like i'm in a dream.
And... you seem very mysterious, Girl...


Impatiente de le voir s'envoler vers la Fille, je fais renaître l'oiseau. C'est marrant, j'ai l'impression qu'il est différent à chaque fois qu'il renaît. Peut-être est-ce en fonction de notre Magie, ou bien de son affaissement au fil des trajets mais il n'est jamais le même. Comme si ce n'était pas une renaissance, mais plutôt une descendance.
Il a filé. Vers ce morceau de brouillard si lointain. Tout semble si calme. J'aime bien.

Troisième année RP.
happy to be a l i v e

06 févr. 2021, 09:11
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 
"Wake. Woke. Woken."
______________________________


Les secondes s'écoulaient.
Elle ne pouvait pas les entendre vraiment.
Leur son cristallin appartient aux complexes et délicats mécanismes des montres et des horloges. Elle aime leurs battements réguliers comme les pulsations d'un métronome, leurs retards comblés par le silence, la crainte qui étreint son cœur lorsqu'elle croit le temps arrêté.
Mais finalement, les secondes filent.
Et Tic, voilà qu'elle est passée. Tac, encore une autre qui meurt.
Meurent chaque jour, et renaissent l'heure suivante, à la même place sur leur cadran.

Le temps, c'était un peu comme la Magie.
Insaisissable, complexe. Mais contrairement à elle, il ne peut pas être contrôlé.
On ne pouvait pas transformer le Temps en oiseaux pour s'envoyer des morceaux de mots à travers l'espace.

La forme derrière la nappe cotonneuse s’affaisse.
Peut-être qu'elle va s'effriter elle aussi dans la brume, comme un rêve se brouillant avec les premiers rayons du soleil.
Elle aimait voir les miroitements des premiers rayons, dansant dans l'aurore.
Les couleurs avaient beau être étouffées, atténuées, diluées dans le brouillard, elles se cachaient peut-être, mais elles étaient là.
Tout comme l'Ombre était là.
Et c'était très bien comme ça.

Est-ce que Ombre regrette? Est-ce qu'elle voudrait rester dans sa chambre, dans son lit, sous sa couette, reposer sa tête sur son oreiller et se lover contre une peluche ou un animal de compagnie?
Est-ce que Ombre est plus âgée? Est-ce qu'elle trouve son oiseau peu réussi, est-ce qu'elle la trouve Bizarre de parler à travers ce biais, alors que des mots auraient pu tout arranger?
Ou alors, Ombre n'est pas comme les Autres. Ombre aime le silence, et sait à quel point il est fragile.
Ou alors, Ombre ne sait rien du tout. Et elle se fait des illusions.
Brouillard, maître de ses pensées.

C'était tellement plus facile, les Mots écrits. On pouvait les remanier, les raturer, les rouler en boule ou les étaler largement sur la feuille.
Dans l'air, toutes les lettres semblaient espacées de la même distance. Des mots plats, qu'on ne pouvait pas rattraper ou effacer. On pouvait faire tellement de bêtises à l'oral.
Alors qu'à l'écrit, la musicalité était autre, les pauses se faisaient sans blanc. Pas de gêne, que de la simplicité.
Des mots fluides, des mots-oiseaux, des mots-messagers.
Limpides, mais pas tranchants. Relevant les nuances de la brume.

*Flap flap*

Ces douces ailes fendant l'air, caressant l'eau hésitant entre deux états : celui-la rapprochant du soleil, ou celui-la replongeant vers la terre.

Elle recueillit l'oiseau de justesse avant qu'il ne tombe par terre.
Ses doigts ancrés dans l'écorce, elle souffla de soulagement, éparpillant un peu de brume.
*Moins une.*

Fébrile, excitée, elle déplia la feuille, déchiffrant sans mal les Mots.

...I feel like i'm in a dream.
And... you seem very mysterious, Girl...


Un petit sourire éclaira son visage.
Mystérieuse.
Pas bizarre, mystérieuse.
Ça changeait. C'était agréable.
*Ombre n'est pas les Autres*

Prenant son fusain, elle retourna la feuille, écrivant un peu plus serré pour garder un maximum de place.
Cette conversation était prometteuse.
Elle était solaire, lumineuse, ensongée, embrumée, calme, limpide, floue, mystérieuse puisque Ombre aimait ce mot, chantante, harmonieuse avec le brouillard, transcendante dans le petit soleil, bleue, verte, ocre ou mauve, elle était arc-en-ciel, et elle l'aimait.

Perhaps, we're all in a dream that ends when we wake up?
I like "mysterious"...
You seem different. I like different people.

Rangeant le fusain, elle reprit sa baguette dans sa main droite, la tapotant un instant contre sa paume, hésitante.
Le paysage était flouté, et elle ne parvenait plus à discerner Ombre.
*Et si elle était partie?*

Haussant les épaules, elle refit naître l'Oiseau, et l'envoya à la Recherche de Ombre.
Son cœur espérait de toutes ses forces qu'il arriverait à la retrouver.
De ces moments où l'espoir est si fort qu'il en fait mal.

Navrée de cet abominable retard...
Mais je suis toujours aussi heureuse de retrouver notre instant atemporel...
La musique choisie est un peu trop longue pour ce Pas. Mais j'espère qu'elle te plaira tout de même.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

14 mai 2021, 23:12
L'Ombre du Brouillard  PV~W.MacM. 
. NORMALE .

L'oiseau part. L'oiseau revient. Tout cela aurait put être tellement monotone. Elle aurait put patienter avec empressement. Répondre, et attendre de nouveau. Mais cet empressement est une forme d'attente. Particulière. Pas celle qui vous donne envie de vous morfondre. Plutôt celle qui vous ravive. Celle qui n'est pas toxique. Une attente plus agréable que l’événement.
On passe la majeure partie de notre vie à attendre que les choses arrivent. Mais Elle avait le droit de décider que ce ne serait pas son cas. Et cela commençait ici. Elle passerait la majeure partie de ce moment à profiter. À imaginer. Sans se poser de question.
Et pendant l'infime partie, lorsque l'oiseau se reposera sur Elle. Elle écrira. Entre deux douces période d'attente.

Est-ce possible d'empêcher le tourbillon de pensées dans sa tête ? Elle pense aux Temps. Elle pense à l'oiseau. Elle se pose des questions. Qui est-elle ? Quand est-ce que l'Atmosphère se brisera ? Comment pourra elle retrouver cette énergie, plus tard ?
Elle ne comprends pas que c'est en réfléchissant qu'Elle la brise.
Mais ne lui en voulez pas, il lui faudra peut-être un peu plus de temps pour. S'oublier.

Elle est consciente d'aller bien. C'est un bon pas. Mais Elle se le répète. Tu vas bien. Tu vas bien. Comme si Elle cherchait à s'infliger ce bonheur. Ce n'est qu'une pure joie passagère, Elle ne devrait pas la gâcher en se disant que c'en est une.
Elle fait partie de ces personnes qui passent du temps à savoir s'ils sont heureux. Ils gâcheront leurs meilleurs moments. Ils pleureront quand ils perdront ce qu'ils auraient put chérir. Puis ils se mentiront à eux-même. Mais Elle, Elle ne s'en rend pas compte.

Elle se dit. Je vais essayer de profiter. Mais Elle rate sa promesse en se le disant.

Peut-être pas tant que ça. Le bruit d'oiseau qu'Elle avait presque oublié la réveille de ses rêveries. Peut-être qu'Elle a gagné parce qu'Elle en avait oublié ce qu'Elle faisait là.
Peu importe, ça ne compte plus.

L'échange lui plait. Elle n'attends pas plus pour découvrir le message de la mystérieuse inconnue. L'infime seconde pendant laquelle l'oiseau devient plat comme le serait l'eau du lac sans vent, est déjà bien trop longue.

Ses propres mots lui arrivent devant les yeux, en premier. Elle relit les mots. Se demande si Elle a vraiment écrit ce qu'Elle lit. Son avis n'a pas changé depuis les quelques minutes qui la séparent du moment où Elle l'a écrit. Le souvenir de l'avoir fait ne lui revient pas, pourtant. Il s'est envolé. Comme l'oiseau.
Maintenant, ils appartiennent à la Fille sur l'arbre.

Elle serait touchée que ceux de la Fille, écrit sur ce morceau de papier, soit à Elle, une fois envolé dans sa direction. La jeune Fille ne pourra certainement jamais lui demander, alors Elle considère que c'est le cas.

Ses mots lui plaise.
Elle pense. Ses mots sont précieux.

S'il y a bien une chose à laquelle Elle ne réfléchira pas. C'est sa réponse. Elle est consciente - ou Elle ne l'est pas, justement - qu'Elle n'a pas besoin de peser ses mots. La Fille est trop loin pour que Welmina sente un quelconque jugement. Et contrairement à une discussion instantanée, Elle peut y mettre fin quand Elle le souhaite.
Ce n'est pas son intention, bien sûr.

... I don't wan't to wake up, Girl.
And I like "different". But we're all the same.


Elle n'est pas sûre d'avoir raison.
Mais Elle doit reconnaître avoir eu peur.
Qu'est-ce qu'elle veut dire ? Par différent.

Elle pense. Je crois que c'est bien.

Mais Elle est probablement dans la moyenne. Normale.

L'oiseau redevient feuille. À chaque aller-retour, il change. Est-ce parce qu'il s'abime ou est-ce que ce n'est pas le même ?
Peut-être qu'il garde la même énergie. Qu'il est le même. Même usé par le temps.


J'espère que mon soudain changement de personne et de style n'est pas un problème. Je m'excuse aussi bien pour le manque de qualité de cet Écrit, je ne suis pas vraiment habituée à la troisième personne, que pour le retard. Tu as déjà été très compréhensive avec ça, merci encore.
La musique était magnifique. Merci pour ces notes.

Troisième année RP.
happy to be a l i v e