Si il y a bien quelque chose qui avait manqué à Yesenia durant tout l’été, c’était le parc de Poudlard lorsqu’il était ensoleillé. La petite avait adoré passer sa première année, là, assise près d’un arbre, à l’abri du soleil, à contempler les nombreuses fleurs et plantes qui poussaient autour du château, armée de ses plus beaux crayons, dans l’espoir d’y capter une infime partie de leur beauté.

Très souvent, elle se couchait alors dans l’herbe, sur le ventre, les coudes plantés dans l’herbe, le nez à quelques centimètres de son carnet à croquis, et dessinait une grande partie de l’après-midi. Et, en ce premier week-end de la rentrée, c’est exactement ce qu’elle fit. Le soleil d’été chassait les quelques nuages de la fin de matinée. C’était le moment parfait. Elle éparpilla son matériel autour d’elle et tourna la page de son carnet.

Une brise légère faisait frémir l’herbe et Yesenia resta là, un instant à regarder dans le vide, tout simplement pour profiter du calme environnant. Passer son été dans une bibliothèque poussiéreuse à classer les livres par genres et couleurs lui avait amèrement fait regretter de ne pas avoir supplié ses parents de la laisser passer l’été chez ses grands-parents. Elle revint à la réalité par un bruit qu’elle trouvait plutôt inhabituel dans le parc. Quelque chose fendait l’air.

Elle balaya le parc des yeux, à la recherche du dit-bruit, et son regard s’arrêta sur un garçon, à quelques mètres d’elle. Il exécutait toute sorte de gestes très précis avec un long objet qui semblait être une épée, ou tout du moins qui y ressemblait. La lame sifflait très légèrement dans l’air et provoquait quelques halos lumineux çà et là lorsqu’elle rencontrait la lumière du soleil.

Yesenia le regarda un long moment, complètement fascinée. Elle prit un crayon et entreprit de dessiner le garçon à plusieurs reprise, lorsqu’il changeait de posture. Les gestes, tantôt lents, tantôt très rapides, lui donnaient du fil à retordre, mais les résultats étaient presque satisfaisants. Elle s’arrêta à nouveau pour observer le jeune sorcier, curieuse et avide d’en apprendre plus sur cette coordination de mouvements, et elle voulut à plusieurs reprises lui poser plusieurs questions, mais, ne voulant pas le déranger tant il paraissait concentré, préféra l’espionner en silence, et…. En toute discrétion ?

Aliosus tenait à prendre des habitudes saines et productives dès la rentrée, aussi, alors que ce premier week end à Poudlard était synonyme pour de nombreux camarades de détentes, les devoirs n'ayant pas encore commencé à trop affluer, lui s'était mis en tête de reprendre l'escrime médiévale, telle que la lui enseignait son père avant qu'il n'arrive à l'école.

Hélas, impossible d'emporter dans ses bagages un objet tel qu'une longue épée, fusse-t-elle émoussée pour l'entrainement, et ce pour d'évidentes raisons de sécurité. Aussi avait-il bricolé lui-même une épée de secours en bois. Pour cela il avait d'abord trouvé, lors de ses longues marches autour de Pré-au-Lard, nouveau lieu de résidence de ses parents, une branche adéquate, tant par sa longueur que par son poids. Il avait ensuite usé d'ustensiles pour y tailler une forme à peu près droite et une extrémité imitant les Zweihänder de la collection de son père. Il y avait passé de longs après midi et il serait allé bien plus vite en utilisant la magie, mais non seulement l'usage de la magie en dehors de Poudlard lui était encore interdit, mais en plus, tant que ça ne devenait pas strictement nécessaire, Aliosus se refusait à utiliser le sortilège de découpe et ce depuis que sa cousine avait été lacérée de manière ignominieuse par ce sort. A la pseudo-lame, il avait ajouté une garde, partie capitale de l'épée, et c'est sa mère qui avait solidifié le tout avec quelques sortilèges pour finir par lui donner un aspect métallique, qui ne durerait que quelques semaines tout au plus.

L'objet faisait bien un mètre vingt et pesait son poids, le garçon soufflait lorsqu'il révisait ses gardes . Garde du Jour, les coudes bien levés, la lame au dessus de la tête, puis un coup de transverse, en faisant un pas en avant. En ramenant ses coudes au plus près, la lame pointée en direction de son regard, bien horizontale, il souffrait en garde du Taureau, appelée ainsi parce que la garde de l'épée arrive au niveau du front de l'escrimeur, comme des cornes. Celle de la Charrue lui permettait de se reposer un peu, les jambes en fente, la garde basse, le faible de la lame vers le haut, elle était stable. Enfin, la garde Furieuse, prête à asséner un coup dévastateur, pratique à enchaîner en changeant de côté, l'épée fendait l'air avant de se replacer dans le dos du garçon.

Alors qu'il s'accordait une pause, tenant l'épée d'une main et essuyant la sueur de son front de l'autre, il comprit qu'il était observé, depuis combien de temps ?
"Tu n'es pas en train de fomenter une nouvelle attaque de citrouille au moins ?" Il avait reconnu Cooper, la Cooper qui avait enfermé la tête du Poufsouffle dans une citrouille l'année précédente, et avec qui il avait vu Brett après sa rupture avec... peu importe.
Yesenia, voilà, c'était ça son prénom.

Il y eut un battement de quelques secondes avant qu'Yesenia ne réalise qu’Aliosus lui parlait. Elle battit des cils et ses joues s’empourprèrent, d’une part parce qu’elle se sentait gênée de l’avoir observé si longtemps - ce n’est franchement pas poli -, et d’une autre parce qu’il avait évoqué l’une des nombreuses bêtises qu’elle avait faite l’année précédente.

Sa première année avait été si chargée qu’elle commençait à avoir du mal à compter toutes ses bêtises sur les doigts d’une main, et ses parents l’avaient punie lorsqu’elle était rentrée chez elle pour les vacances d’été. Elle avait espéré que ceux-ci oublient, en vain. Elle avait promis d’être plus sage, à son plus grand regret. Mais elle avait croisé les doigts.

Cela dit, le souvenir d’Ewen-o’-Lantern n’était pas si désagréable, du moins pas pour elle. Elle repensa à l’incroyable chute qu’avait faite Ewen et toutes les conséquences qui s’en étaient suivies. Elle sourit.

- Je suis désarmée, promis. Dit-elle malicieusement au garçon.

Cette position de faiblesse - à terre et sans baguette - la fit frémir et elle jeta un rapide coup d’œil en direction de ses affaires pour vérifier que sa baguette était toujours à portée de main. Bien que ses rencontres à Poudlard soient pour la plupart inoffensives, Yesenia avait appris qu’il était préférable de garder un œil sur sa baguette. Elle se redressa et s’assit en tailleur, le dos droit.

Profitant qu’Aliosus ait l’air disposé à discuter, elle attaqua sa longue et interminable liste de questions :

- Par contre, tu ne l’es pas, toi. Qu’est-ce que tu fais, au juste ? Demanda-t-elle en faisant un signe de tête vers l’épée de fortune que tenait le Serpentard.

Il avait pris sa camarade complètement au dépourvu, ce n'était pas pour lui déplaire, après tout, c'était un juste retour des choses après s'être laissé observé à son insu. Elle avait levé ses grands yeux verts en direction d'Aliosus et son visage avait tourné à l'écarlate, mais la menue Serpentard était bien vite remise d'aplomb. Il sourit en retour, d'un air complice, il aimait se voir renvoyer la balle avec esprit et la jeune farceuse semblait bien en avoir.

"Je révise les bases de l'escrime. C'était bien succinct comme réponse, comment développer sans être ennuyant ? C'est de l'escrime allemande, les mouvements que je faisait, là, ce sont les positions qu'on prends avant de donner des coups, ça s'appelle des "gardes" et là j'en faisait quelques unes."

Il passa sa main d'abord sur son front, essuyant la sueur qui menaçait de lui glisser dans les yeux, puis il repassa machinalement dans ses cheveux pour y replacer correctement certaines mèches rebelles qui s'étaient désolidarisées. L'air de rien, il était essoufflé, mais faisait son possible ne paraître le plus naturel possible. Son adresse à Yesenia était une bonne excuse pour faire une pause bienvenue. Elle s'était redressée, elle était droite, c'était bien.

"Et toi, qu'est ce que tu fais de beau ?" lui lança-t-il en désignant d'un coup de tête son matériel tout en allant chercher sa gourde posée dans l'herbe. Il bu deux longues gorgées, par Merlin, l'eau avait dans certaines occasions des airs de nectar.

La petite battit des cils, enregistrant chaque mot qu’Aliosus prononçait, quelque part dans sa tête. Ainsi, le garçon s’entrainait à l’escrime allemande. C’était bien curieux, pensait-elle, qu’un sorcier puisse posséder un bâton non magique alors qu’il peut tout simplement se munir de sa baguette pour faire tout ce qu’il veut. Comme donner des coups, ou plutôt lancer des sorts. Cela rendait le garçon plutôt intriguant aux yeux de la deuxième année.

- Des gardes… murmura-t-elle pour elle-même, ajoutant ce nouveau mot à son dictionnaire mental.

Les gardes avaient quelques similitudes avec les duels de sortilèges. Certes, elle trouvait cela étrange de s’entrainer sans baguette magique, mais après tout, ce n’était pas si mal. Apprendre l’escrime devait donner un sacré avantage à Aliosus lorsqu’il se retrouvait en duel. Peut-être devrait-elle en faire de même… Se concentrer sur la gestuelle, et ancrer ses pieds dans le sol tout en faisant abstraction du bruit environnant relevait du défi pour la petite Serpentard. Elle espérait pouvoir s’améliorer au cours de l’année.

- Oh euh… Rien de particulier. Dit-elle, rougissante, se rappelant qu’elle avait fait quelques croquis du garçon.

Elle rouvrit son carnet à croquis à une autre page au hasard. C’était un dessin un peu flou, aux pastels, d'un plant de Dictame réalisé pendant l'été. Se rendant compte qu'elle s'était un peu éparpillée sur l'herbe, Yesenia rangea de manière désordonnée ses crayons dans le bocal en verre qui lui servait généralement de récipient pour y tremper ses pinceaux, tout en laissant le soin à Aliosus de jeter un oeil à ses dessins.

- Comme d'habitude, je viens squatter le parc pour dessiner. C'est vraiment devenu mon coin préféré du château. Elle s'interrompit un instant, puis, pour briser le silence : Je peux voir ton épée ?

Yesenia avait l'air intriguée, cela fit un peu froncer les sourcils du garçon, ce n'était pas particulièrement étonnant, à sa place il l'aurait sans doute été aussi, mais il n'avait pas anticipé un quelconque intérêt envers ses entraînements de la part de qui que ce soit. Il s'essuya le coin de la bouche et fit quelques pas pour la rejoindre tandis que son souffle reprenait peu à peu un rythme plus bas. Il s'assit en face d'elle, bien content de sentir ses jambes se délasser un peu.

Sa camarade reprit son carnet pour lui montrer une page au hasard, d'après son visage elle n'avait aucune envie de partager ses travaux les plus récents. C'était son bon droit, pensa le garçon, même si sa curiosité avait été piquée. Elle lui glissa sous les yeux une page où avait été esquissé une plante et se mit à ranger ses affaires éparpillées autour d'eux. Aliosus ne quitta pas la carnet des yeux par politesse, il n'était jamais agréable d'être dévisagé lorsque l'on considère être embarrassé par une de ses mauvaise habitude, comme le manque d'organisation, mais il mis ces secondes à profit pour se concentrer et raviver sa mémoire. Il connaissait cette plante, oui, un dictame, le nom lui revenait. Ici la plante avait une allure évanescente, comme vue dans un mirage. Le dessin lui fit penser à l'été.

«Je comprends, j'aime encore plus y passer du temps depuis que le lac entoure le parc, ça me rappelle un peu chez moi. » Il se surpris lui-même à être aussi franc, ce genre de considérations personnelles franchissait rarement la bouche du Serpentard.

Il entreprit de tourner les pages, c'était un carnet coloré, pour ce qu'il connaissait de Yesenia celà ne l'étonna pas. Il s'arrêta sur une page noircie d'études de silhouettes. Il les identifia comme des élèves de l'écoles, croqués dans leurs actions quotidiennes. Ce n'étaient que des sortes de prises de notes, mais il fut frappé par la vie qu'elles dégageaient. C'était plein de mouvements, et ça le renvoyait à ses propres dessins généralement tristement statiques.

«Bien sûr, il saisit son arme d'entraînement pour lui tendre, pommeau en avant. Ce n'est pas une vraie épée, impossible d'en faire venir une ici malheureusement.»

Bien qu’avide d’en savoir plus, la deuxième année resta silencieuse lorsqu’Aliosus mentionna son « chez lui ». Certes, le sujet n’était pas réellement tabou à Poudlard, mais il arrivait que certains élèves soient tristes lorsqu’on posait trop de questions sur leur maison. La petite avait donc apprit à laisser les élèves s’exprimer librement sans les questionner trop vivement sur ce sujet. Elle sourit aimablement et perdit son regard dans le parc.

- Je n’ai pas connu le lac dans sa forme de… lac. Mais ça devait être très joli.

Il n'y avait rien d'autre à ajouter. A vrai dire, elle avait été même quelque peu surprise de découvrir Poudlard sous la forme d'une île et non comme le château qu'avaient connus ses parents. Cependant, elle s'était directement habituée et avait pu créer ses propres souvenirs au fil des mois.

Aliosus feuilleta les pages tout en s’arrêtant ça et là sur quelques croquis. Rougissante, Yesenia attendait un quelconque commentaire, mais Aliosus resta silencieux à ce sujet. Tant mieux, elle n’était pas du genre à mettre ses jeunes talents d’artiste en avant.

Aliosus lui tendit ensuite son épée. Yesenia se releva pour accueillir l’objet entre ses mains. L’épée était lourde et presque aussi grande que la Serpentard. Maladroitement, la petite prit le manche entre ses deux mains et observa la lame. Elle ne parvint pas à la tenir tout à fait correctement mais sentit immédiatement ce que n’importe quel dueliste pouvait ressentir.

Une sensation de pouvoir intense parcourait sa poitrine et ses bras. Le poids du bien et du mal semblait s’abattre sur ses épaules. Les pieds bien à plat sur le sol, la petite fit quelques mouvements trahissant son inexpérience, et la lame fendit l’air très légèrement.

- Elle est magnifique. Dit-elle simplement. Ça fait longtemps que tu t’entraînes ?

C'est vrai que Yesenia faisait partie de la première génération d'élèves à ne connaître Poudlard et son parc que sous sa forme d'île, isolée du reste du monde. En y repensant, il se demanda si les raisons qui avaient été à l'origine de ce changement étaient encore valables ? Les coupures de journaux sur la destruction d'une école entière en Asie lui rappelèrent brutalement que la réponse était oui, oui, plus que jamais Poudlard était menacé. Pas par les moldus et encore moins par le Conseil des Sorciers, mais par cet ennemi bien plus puissant.

«C'était très beau oui, et puis on pouvait au moins imaginer aller dans la Forêt Interdite.» c'était surtout le souvenir d'une première année qui s'était presque entièrement déroulée sans accros. Une première année qui, de septembre à mai, n'avait été qu'une suite de surprises plus belles les unes que les autres. La rencontre d'Irisia, le départ de la délégation chinoise, les premiers match de Quidditch, la découverte d'Alice dans les tribunes et le secret de leur lien de sang... Une année riche qui avait finie dans la peur et la crainte. Cette peur et cette crainte devenue deux compagnons de route quotidien. C'était curieux comme on s'habituait à cet état de fait.

Son épée en main, Yesenia paru plus confiante. C'était souvent l'effet que ça lui faisait aussi, un peu comme tenir sa baguette. On se sentait puissant, plus sûr de soi. La serpentard fendit l'air un peu maladroitement mais Aliosus voyait pourtant qu'elle y mettait du sérieux. Il appréciait cela.
«Depuis que je suis petit oui. C'est mon père qui m'a entraîné pendant longtemps, c'est une vieille tradition familiale.» Il s'approcha d'elle après avoir délicatement reposé le carnet de croquis et de peintures sur le sol.
«Pour faire des mouvements, ta main haute doit pousser la garde... le manche si tu veux, et la main en bas doit tirer dessus. La bascule se fait entre les deux, et pas au niveau de la lame, tu vois ce que je veux dire ?»

Il s'était remis spontanément dans la même position que lors de ses entraînements au duel avec Hannah Lyse. Côté à côté avec son apprentie du jour, pour qu'elle puisse calquer ses mouvements.

La mention de la forêt interdite fit retenir son attention à la deuxième année. Il est vrai qu’elle n’avait jamais pu y accéder de près ou de loin. Ce qui était bien dommage, pensa-t-elle, la forêt interdite devait regorger de toutes sortes de plantes toutes plus intéressantes les unes que les autres. Bien sûr l’idée de s’y aventurer de nuit lui aurait plu, mais elle était légèrement trop trouillarde que pour s’y promener seule. Les rares fois où elle avait quitté son dortoir, elle avait eut peur de tomber sur de mauvaises rencontres. Fort heureusement, le Baron Sanglant ne semblait pas s’intéresser à elle, et elle en était tout à fait rassurée car il provoquait chez elle un effroi terrible.

- Carrément, une tradition familiale ? Répondit Yesenia, impressionnée.

Aliosus devait faire partie de l’une de ces vieilles familles de sorcier où l’on transmet beaucoup de choses de fils en fils. Chez les Cooper, c’était un peu différent. On apprenait les joies de faire une belle potion, ou de connaître quelques plantes sur le bout des doigts. Cela lui était amplement suffisant, bien qu’elle eut envie à plusieurs reprises d’en connaître d’avantage sur sa famille paternelle.

La petite continuait à fendre l’air maladroitement avec l’énorme épée d’Aliosus. Il s’approcha un peu plus d’elle, pour lui montrer quelques gestes plus techniques. Yesenia hocha la tête pour montrer qu’elle avait compris, tout en imitant le garçon.

- Comme ça ? Dit-elle en exécutant des gestes peu précis et gauches. Tu as trouvé des partenaires avec qui tu peux t’entrainer ? À Poudlard, j’veux dire.

Yesenia commençait à sentir ses muscles tirer dans ses avant-bras. Il fallait avoir une certaine force pour pouvoir tenir l’épée à bout de bras pendant si longtemps. Yesenia se réjouit que sa baguette ne fasse que vingt-sept centimètres. Elle baissa un instant l’épée, pour reposer ses bras endoloris.

«Une tradition oui. Le premier Nerrah connu maniait ce genre d'épée, bien plus impressionnante en réalité, et c'est resté dans la famille depuis quatre cents ans environ.» Aliosus n'avait pas vraiment l'habitude de s'étaler sur ses racines, pourtant depuis ces deux dernières années il avait découvert énormément de choses. Il y avait eu les chroniques de ses ancêtres, offert par son père, mais écrit en vieil allemand et qu'il n'avait pas le droit d'apporter à Poudlard ce qui ralentissait considérablement sa traduction. Il y avait eu Alice, évidemment, qui avait ouvert l'horizon de son sang de manière incroyable, et Noël dernier où il avait pu mettre des visages, des odeurs, des textures, des sons sur le nom Nerrah. Il s'était senti étranger dans ce château familial aussi labyrinthique que mystérieux, sombre, écrasant, ne révélant ses secrets que pour récompenser une exploration poussée. Ce sentiment de décalage avait fini par disparaître dans la boue, la sueur et le sang de la chasse de Yule. Il n'avait depuis jamais cessé de se sentir un peu plus Nerrah chaque jour qui passait.

Yesenia corrigea un peu son mouvement mais il n'en résultat pas d'amélioration notable. Comment lui en vouloir ? Il pouvait comprendre que spontanément on puisse voir dans une épée un outil aussi simple d'utilisation qu'un marteau : lever, abaisser et recommencer. La réalité était toute autre, surtout pour une épée à deux mains. Quand on finissait pas s'habituer à son maniement ça devenait un vrai plaisir que de faire danser la lame autour de son point d'équilibre. Mais pour le moment, sa camarade ne faisait que s'épuiser, comme lorsqu'il avait fait ses premiers entraînements.
«C'est mieux, encouragea-t-il, mais il faudrait que je puisse te montrer avec une deuxième arme d'entrainement pour que tu vois les mouvements.» Un vrai entrainement aurait de toute façon commencé par des échauffements et un petit cours sur les différentes parties d'une épée, poignée, garde, lame, gouttière, fort et faible...

«A vrai dire je n'ai jamais cherché de partenaire. C'est la première fois que je m'entraîne à Poudlard, avant je faisais ça chez moi, mais l'année dernière, quand miss Loewy nous a privé de vacances au printemps... Bref cette année je me suis dit que comme ça au moins j'aurai de quoi m'occuper.»