Rp privé avec @Rose Allister



Joy était là, assise sur un tapis de feuilles mortes, adossée à un chêne. Ses genoux contre sa poitrine, la tête appuyée sur l'arbre, elle regardait d'un œil absent les arbres alentours. Ils avaient presque tous revêtus leur robe orange ou rouge d'automne. Certains étaient déjà nus ou presque, comme en témoignant les feuilles rousses et marrons qui jonchaient le sol.

Il faisait plutôt frais mais Joy n'y pensait pas. Le froid ne la dérangeait pas. Elle était trop fatiguée à ce moment là pour penser à autre chose. Autre chose qu'à sa mère, à ses sœurs, à chez elle.

Était-ce un coup de cafard ? C'était bien le premier. Elle avait pourtant été si heureuse de quitter la maison pour rentrer à Poudlard. Être tranquille loin de sa famille qui lui mettait constamment la pression, même de façon involontaire, semblait être un rêve. Mais aujourd'hui elle ressentait ce vide en elle.

Elle lui manquait ? Son insupportable famille avec qui elle passait son temps à s'engueuler ? Peut-être, après tout elle les aimait quand même. Même si elles étaient souvent insupportables, sa sœur et sa mère étaient les prunelles de ses yeux. Joy tenait à elles.

Et puis bien sûr, il y avait Harper. Encore et toujours. Est qu'il y avait une seconde dans sa vie où elle ne ramenait pas quelque chose à Harper ? Un moment où elle ne pensait pas à sa petite sœur ?

Elle était elle-même surprise par la puissance du lien qui les unissait toutes les deux. Elle n'avait pourtant pas eu tant de temps pour la connaitre mais assez pour lui donner tout l'amour qu'il était possible à un humain de donner.

Mais c'était trop tard maintenant. On se rendait toujours compte des choses trop tard. Ça a toujours été un des gros problèmes de Joy : ce n'était que quand quelqu'un lui manquait qu'elle comprenait à quel point elle tenait à lui, souvent trop tard.

Épuisée, esseulée et pleine de souvenirs, elle ne put s'empêcher de se laisser aller. Elle voulait pleurer, elle devait pleurer. Elle devait laisser les larmes sortir. Il y avait tellement de choes au fond d'elle qu'elle avait l'impression d'exploser. Alors elle fondit en larmes et laissa échapper toute la frustration et la douleur au fond d'elle avec d'inaudibles sanglots.

Comme chaque soir, Rose se promenait dans le parc. Cela lui permettait de se changer les idées et de prendre l’air. Elle aimait la sensation de ses cheveux volants au vent et la vue du ciel de Poudlard.

Il faisait froid ce soir, c’était le début de l’automne. Il allait bientôt faire sombre, comme les jours raccourcissaient. Rose fit volte-face et marcha en direction du côté est du château : elle rajusta son écharpe jaune pour ne pas laisser passer le vent.

Elle regarda les arbres: ils avaient revêtu leur robe colorée. Rose aimait ces couleurs chaudes: jaune, orange, marron. Elle sourit en repensant aux après-midi qu’elle avait passé avec sa famille à ramasser les feuilles pour réaliser des herbiers. Elle aimait beaucoup la botanique.

C’est alors que Rose fut interpellée par un bruit: elle crut entendre un reniflement de nez. « Qu’est-ce que...? » Elle regarda autour d’elle et vit une jeune fille assise par terre, au pied d’un arbre et dans le froid. Rose se trouvait à quelques mètres derrière elle.
Elle devait être à Gryffondor, d’après son uniforme. Elle avait les yeux rouges et reniflait.

La jeune fille avait-elle vu Rose? La Pouffy n’en était pas convaincue. Elle hésita soudainement: devait-elle aller la voir et lui demander ce qui n’allait pas ou la laisser pleurer seule? Certains préféraient la solitude mais la réponse semblait plutôt évidente à Rose. Elle sortit de son coin et s’approcha de la Gryffone toute étonnée, elle s’assît à côté d’elle, et appuya son dos contre le tronc.

@Joy Turner désolée pour le retard

Perdues dans ses douloureuses pensées, Joy n'entendit pas les pas de quelqu'un qui approchait. Elle était déjà loin d'ici, se noyant dans un déluge de souvenirs et de regrets. Elle ne voulait plus rien, elle se sentait juste si vide.

Ses genoux repliés contre sa poitrine, des larmes tombaient sur ses jambes. Elle devait avoir l'air plutôt pathétique, en larmes contre un arbre. Elle enfouit sa tête entre ses genoux et voulut crier. Crier pour évacuer ses peurs et ses insécurités, crier pour faire sortir tout ce qui était resté enterré au fond d'elle. Mais elle ne pouvait pas crier. Pas ici, pas maintenant. Elle ne voulait pas qu'on la prenne pour une folle, il ne fallait pas qu'elle attire l'attention sur elle. Alors elle devait rester silencieuse.

Elle releva la tête, tenta d'essuyer ses larmes mais ses joues ne restaient jamais sèches bien longtemps. Ce ne fût que quand elle entendit les feuilles mortes au sol craquer à côté d'elle qu'elle se rendit compte que quelqu'un venait de s'asseoir à côté d'elle, contre le même chêne qu'elle. Elle sursauta et se tendit, se rendant compte qu'elle devait l'avoir vu pleurer.

Elle s'arrêta immédiatement, essuyant ses yeux et essayant de paraître forte. De quelle droit cette jeune fille se permettait de troubler ses pensées mélancoliques et de la surprendre dans cette position de faiblesse ?

Les regards des jeunes filles se croisèrent. Une panique soudaine envahit Rose: les yeux pleins de reproches de la Gryffone étaient entrain de lui lancer de violents éclairs. Elle avait mis du temps à se rendre compte de la présence de la Pouffy et avait essuyé ses yeux larmoyants à la hâte avant de tourner la tête vers elle.

Rose avait pris la mauvaise décision: elle aurait dû rentrer au château et la laisser seule, car il était clair que la dernière chose au monde qu’elle désirait était que quelqu’un s’assoit à ses côtés. Et pourtant, ce quelqu’un, cette personne l’avait fait, et elle s’appelait Rose Allister. La Pouffy ravala sa salive, le silence pesant commençait à devenir embarrassant. Rose sentait la Gryffone près de la crise de larmes. « Par la barbe de Merlin, qu’est-ce que je fais là moi? Quelle idée! »

Maintenant, il était trop tard pour reculer. Rose déglutit encore, et se résigna au fait qu’elle se devait de prendre la parole. Qu’allait-elle pouvoir dire? Un simple « Bonjour, ça va? » paraîtrait impoli et irrespectueux, elle aurait tout aussi put dire « Je suis désolée, je n’aurais pas dû venir, je te laisse » mais là situation aurait été gênante. Donc Rose finit par s’adresser à la Gryffone en ces termes:

- Tu sais, tu peux pleurer. C’est pas grave de pleurer. Tout le monde pleure. C’est une façon d’extérioriser ses sentiments. Moi aussi j’ai peur de pleurer en public, ça me dérange que les gens me voient, et pourtant, c’est bien, ça libère. Peu importe pourquoi tu pleures, ça aide toujours.
Qui était-elle pour dire cela? Personne, évidemment mais il arrivait à Rose de se prendre pour un poète parfois...

@Joy Turner

@Rose Allister

Joy se sentait particulièrement vexée mais écouta tout de même ce que l'inconnue avait à lui dire. La jeune fille semblait stressée mais ce qu'elle lui dit perturba la Gryffondor. Elle se sentit d'abord insultée qu'une fille qui ne connaissait rien d'elle essaye de lui expliquer ses propres sentiments. Mais elle se rendit rapidement compte que sa tirade faisait sens au final.

Joy avait toujours considéré qu'il n'y avait que les faibles qui pleuraient. Et plus que tout, elle détestait être faible ou le paraître. C'était peut-être ridicule mais que quelqu'un lui dise que pleurer était normal lui enlevait un grand poids.

Mais est-ce que ses pleurs l'aidaient vraiment ? Ça elle n'en savait rien. Certes, ça la defoulait pas mal mais ça remuait aussi de vieux sentiments qu'elle essayait d'enfouir quelque part dans un coin reculé de sa tête. Peut-être que cette fille avait raison, que c'était normal d'extérioriser toutes ces choses difficiles pour ne pas que sa tête explose à force d'être pleine de toutes ces douleurs.

- Je ne pense pas que ça me fasse du bien de pleurer. Ça me fait juste me sentir tellement faible et vulnérable.

Pourtant, elle devait avouer qu'elle se sentait un peu plus légère maintenant que les larmes avaient coulés. Peut-être que ses sanglots avaient amincie sa culpabilité et sa tristesse, au moins un court temps.

La jeune fille répondit de façon plutôt agressive. Elle semblait vexée et blessée. Évidemment, Rose n’aurait jamais dû s’assoir, ou lui dire quoi que ce soit. Pourtant, c’était trop tard... Elle comprenait ce que la Gryffonne voulait dire, car elle aussi, elle avait ce sentiment de faiblesse lorsqu’elle pleurait devant quelqu’un, mais malgré tout, le fait de pleurer libérait grandement. Quelque soit la raison de sa tristesse, elle était sure que la fille le ressentait aussi, mais qu’elle refusait de l’admettre.

- Tu sais, je comprends ce que tu ressens. Ça me fait pareil à moi aussi, je me sens faible et vulnérable, surtout quand je suis face à quelqu’un: même quand je suis avec mes parents! Et pourtant, tu peux pas nier le fait que ça libère... Je ne sais pas pourquoi tu pleures, mais je crois que c’est un sujet sensible. Je suis désolée de t’avoir dérangée ici, j’aurais pas du je crois... Je pense que je vais te laisser, je comprends que tu veuilles rester seule...

Rose s’excusa platement auprès d’elle et se leva. Elle ignorait si elle allait la laisser partir sans rien dire, ou si elle allait la retenir. Rose espérait secrètement que la Gryffonne lui demande de rester, mais il ne fallait quand même pas trop rêver. Rose prit ses affaires posées sur le sol, et se retourna face à la fille:

- J’aimerais bien qu’on fasse connaissance, peut-être plus tard... Tu as l’air d’une personne bien.

@Joy Turner

@Rose Allister

Joy écouta la fille sans afficher de réaction. Elle était en plein débat intérieur avec son esprit. Une part d'elle brûlait d'envie de s'ouvrir et de continuer la discussion avec elle et l'autre ne souhaitait que son départ pour continuer à ruminer en solitaire.

Elle dit quelque chose à propos de ses parents et Joy ne pu s'empêcher de se demander si elle avait pleurer ne serait ce qu'une fois devant sa mère depuis le départ d'Harper. Elle ne s'en souvenait pas, elle n'avait pas le souvenir d'avoir montré sa douleur à qui que ce soit après qu'elle ai tenté de faire son deuil. Deuil qui paraissait si long maintenant.

Et enfin, la jeune fille proposa de partir. Le cœur de Joy sembla battre un peu plus vite. C'était bien ce qu'elle attendait depuis que cette fille l'avait dérangé, n'est-ce pas ? Alors pourquoi se sentait-elle si mal à l'aise à l'idée de se retrouver seule à nouveau ? C'était difficile à avouer mais la présence de cette inconnue bienveillante était presque apaisante pour la Gryffondor.

Elle voulu la retenir mais sa fierté l'en empêchait. C'était comme si son corps était figé, qu'il ne lui appartenait plus. Elle restait droite et froide de l'extérieur alors qu'un gigantesque feu brûlait à l'intérieur d'elle. L'intruse ramassa ses affaires et se leva, sur le point de partir.

Elle parla de devenir amies ou quelque chose comme ça mais Joy n'écoutait plus à ce moment là. Elle était obnubilée que par une seule chose : la peur de se retrouver seule à nouveau avec une tristesse bien trop lourde pour elle. Pour la première fois depuis longtemps, la solitude lui pesait et elle sentait qu'elle avait besoin de quelqu'un. Quelqu'un pour la voir faible, quelqu'un qui pourrai connaitre et ainsi porter ne serait-ce qu'un minuscule bout de son fardeau.

Alors sa voix s'éleva, faible mais décidée, telle une complainte ou une prière.

- Reste, s'il-te-plaît.

Rose s’arrêta instantanément. Le temps était comme figé. Lentement, un petit sourire se dessina au coin des lèvres de Rose. Sa petite ruse avait réussi, et elle en était fière. Elle se retourna, et dévisagea la jeune fille. Son visage arborait une expression déterminée et indifférente, les larmes avaient définitivement cessé de couler, et elle semblait être passée à autre chose mais le léger tremblement dans sa voix disait tout le contraire. Comme pour beaucoup, cet air de « dure à cuire » pour reprendre une expression moldue, n’était qu’une façade, un masque... C’est à cet instant que Rose réalisa que la Gryffonne était peut-être moins rude qu’elle n’y paraissait. Peut-être qu’au fond, c’était une personne gentille, mais que quelque chose l’empêchait de faire ressortir cet aspect aimable de sa personnalité.

Confiante, Rose lui dit:
- Tu veux que je reste? Vraiment? Bon...

La Pouffy avança et revint à sa place initial. Elle posa ses affaires, et se laissa tomber au pied de l’arbre.
Rose ouvrit la bouche, mais s’interrompît juste avant de prononcer les premières syllabes de ce qu’elle avait l’intention de dire. Rose pensa soudainement que peut-être, la Gryffonne voulait de la compagnie, mais pas de conversation. Le concept paraissait étrange à la Pouffy mais probable. Ne sachant que faire, Rose décida de se taire et d’attendre que la fille relance la conversation.

@Joy Turner désolée pour le retard

@Rose Allister pas de soucis

Joy se sentit soulagée que la jeune fille reste. Pour une obscure raison, elle avait besoin de compagnie. Elle resta silencieuse de longues minutes, essayant d'oublier les battements irréguliers de son cœur. Elle tenta vainement de chasser de sa tête l'image de sa famille mais elle en était incapable : plus elle essayait et plus le sentiment de manque se faisait fort. Elle se demandait ce qu'elles faisaient en ce moment, si sa mère travaillait toujours autant ou si elle allait mieux, si Liv avait dit à ce gars qu'elle avait le béguin pour lui... Et surtout où serait Harper aujourd'hui. Elle voulu se battre contre ces pensées, les chasser le plus loin possible mais elle ne pouvait tout simplement pas.

Elle finit arrêter de lutter. Joy laissa pleinement ses sentiments douloureux se faire entendre. De nouvelles larmes dévalèrent ses joues mais rapidement son rythme cardiaque s'apaisa. Les larmes sèchèrent et la Gryffondor finit par se sentir un peu mieux. Elle avait toujours cette douleur sourde au fond d'elle mais elle se sentait plus apaisée. Comme si le gros de la tempête venait de passer.

Alors elle se tourna vers l'inconnue et lui adressa ce qu'elle voulait être un sourire.

- Désolée que tu ai du assister à... ça.

Elle se sentait plutôt gênée maintenant et vraiment honteuse de s'être autant laissé aller devant une inconnue. Mais tant pis. Maintenant elle devait assumer, surtout que c'était elle qui lui avait demandé de rester.

- Je m'appelle Joy au fait. Et je suis pas comme ça d'habitude.

D'habitude, car aujourd'hui rien n'était habituel. Pour le meilleur comme pour le pire.

Elle s’appelait donc Joy. Un joli prénom, peu commun, qui pourtant ne semblait pas correspondre à son humeur du jour.

- Enchantée, je m’appelle Rose.

Que pouvait-elle dire de plus? Une légère gêne s’installa chez Rose. De peur d’un nouveau silence, elle décida de lancer la conversation:

-Et bien, peut-être que tu pourrais commencer par m’expliquer pourquoi aujourd’hui n’est pas comme d’habitude justement?

Évidemment, au vu du tempérament de la Gryffone, Rose ne s’attendait pas à recevoir une réponse directement, elle allait devoir s’armer de patience et de subtilité pour parvenir à tirer quelque chose de sa bouche. Cela tombait bien, Rose avait ces qualités. Elle n’avait pas le caractère apparemment plutôt renfrogné de Joy. À vrai dire, elle était une personne douce, gentille, attentionnée, intelligente, peut-être trop bonne justement, peut-être cela faisait-il toute sa faiblesse. La Pouffy se savait appréciée des autres, on aimait sa compagnie malgré le fait qu’elle ne fasse pas partie des « populaires » de Poudlard. Elle était à l’écoute, prête à conseiller et très aimable.
Pourtant, en ce moment Rose se sentait vulnérable, comme si il lui manquait quelque chose, comme si elle avait envie d’être plus que la gentille Pouffy qui aide les autres. Peut-être que c’était justement cette fille assise à ses côtés qui lui donnait l’impression d’être trop « parfaite ». Joy était visiblement triste, mais il était apparent que quelque chose la rongeait de l’intérieur, que son passé, sa vie lui était difficile. Rose sentait bien qu’elle n’avait pas eu la même vie que Joy. Elle avait toujours eu ce qu’elle voulait, eu une enfance rêvée, de bons amis, une gentille famille aimante. C’était une enfant digne de sa maison, une petite élève modèle correspondant au cliché de la petite Poufsouffle. Mais enfin, pourquoi le simple fait d’être à côté de Joy remuait tant d’émotions dans le petit cœur de Rose? Elle n’en avait pas la moindre idée. Quoiqu’il en soit, Joy avait aiguisé sa curiosité au plus haut point...

@JoyTurner désolée pour le retard et ce piètre post