Isabel avait à peine finit sa phrase qu'elle dégainait déjà sa baguette face aux événements. Elle s’apprêtait à lancer un Protego quand un grand nombre de personnes arriva de la même manière qu'Emily Fawkes quelques minutes auparavant. Elle finit par reconnaître certains membres du Ministère, avec le ministre à leur tête. Bien qu'alerte et loin d'être détendue, Isabel sentit son ventre se dénouer. Un poids s'était levé sur la menace qui pesait sur l'école.
La dernière annonce de Ricoter avant son départ laissa Isabel pantoise. Au vue des événements, cela devait être d'une importance capitale. Elle ne savait pas cependant ce que cela impliquait réellement.
Baguette toujours en main malgré le départ des français, Isabel faisait naviguer son regard entre Kristen et le ministre, un peu perdue quand à ce qu'elle devait faire.

Quand Ricoter dégaine sa baguette, Kristen serre les dents, ce qui est censé contenir sa colère. Pour elle, c'est la goutte de bièraubeurre qui fait déborder la pinte. Elle s’apprête à transplaner de l’autre côté du portail, pour lui caler sa baguette sous le nez, mais n’a même pas le temps de le faire que d’autres sorciers apparaissent. Lorsque Arseni dit que le Ministre français a été imprudent, Kristen pense qu’il ne s’imagine même pas à quel point. Les yeux de Kristen sont brillants de colère, et fixés sur Ricoter jusqu’à ce que celui-ci disparaisse. Elle semble presque réfléchir, dans son esprit, à la meilleure façon de lui arracher les orteils. Une fois ce soi-disant sorcier et ses sbires partis, elle laisse échapper un long soupir de mépris. Elle reporte son attention sur Arseni et dit d’un ton assez neutre :
« Monsieur le Ministre. C’est une bien étrange soirée. »
Elle marque une pause et le regarde droit dans les yeux.
« Je dois admettre mes difficultés à mettre les choses bout à bout. »

Kristen soupire longuement. Elle n’a pas très envie de perdre son temps avec une quelconque guerre qui toucherait son pays. Elle fronce un peu plus les sourcils, plisse les yeux, et inspire un grand coup avant de lâcher dans un nouveau soupir entre ses dents serrées :
« J’ai rarement été contrainte de voir la stupidité de si près. »
Elle avait beaucoup de mal avec le paradoxe du patriote guerroyant, c’est-à-dire entraînant son pays vers un ravage potentiel. Néanmoins, ce dont Ricoter était accusé par Arseni ne fit que rallonger la liste mentale de Kristen des raisons de vouloir lui faire payer, car sa colère avait déjà atteint son paroxysme. Ses yeux restèrent dans le vide quelques instants tandis qu'elle imaginait pour ce ministre des supplices à base de cuisses de grenouille et de baguettes. Finalement, elle demanda à Arseni :
« Qu’attendez-vous d’elle, précisément ? »
Elle n'avait aucune envie de faire courir à Aude le moindre danger, même si elle avait conscience que la directrice de Beauxbâtons devrait être reconnaissante à Arseni et son gouvernement.

A l'énoncé des révélations que faisait Arseni à propos de Ricoter, Isabel sentit une colère profonde monter en elle. Cet homme abjecte était à l'origine d'un nombre incalculable de problèmes et de douleurs dont Poudlard avait fait les frais. Si Isabel n'avait été embauchée qu'à la toute fin de l'année scolaire 2039, elle était bien évidemment au courant des événements qui avaient ébranlé les mois précédents. S'en était suivi une période sombre dont Isabel se souvenait encore avec douleur en repensant à l'arrivée de Gardner suite à l'exil d'Arseni Stoyanov. Apprendre par la bouche du Ministre que ces années d'angoisse n'étaient dues qu'à une bourse de Gallions offerte de Ricoter à McGee rendait la jeune femme folle d'un sentiment d'injustice et de rancœur. Sentiment accentué par l'annonce de ce que signifiait la rupture de ce fameux article 7.
Tandis que des picotements montaient le long de sa nuque et que ses cheveux viraient au noir, Isabel serra les dents avant de prendre la parole.

"Depuis quand savez-vous tout cela ? Il n'aurait pas été possible de l'arrêter ou le dénoncer avant qu'il n'accède à la tête du Ministère français ?"

Isabel avait conscience du ton accusateur qu'elle employait et la possible naïveté de ses paroles, mais la peur de ce qui pourrait arriver à l'école et aux élèves si le pays entrait en guerre ne lui permettait pas, à cet instant, de prendre davantage de recul sur la situation.

Kristen dévisage Arseni avec une intensité qui n’éprouve pas la moindre gêne et finit par déclarer :
« Je vois. »
Elle marque une pause.
« J'imagine qu'il en va de mon devoir de ne pas impliquer Poudlard outre mesure... et qu'une école n'est de toute façon pas le lieu pour discuter de ce genre de choses. »
Elle soupire en se figurant que les retrouvailles auront peut-être été de courte durée.

Ne prenant pas la peine de faire reprendre à ses cheveux leur couleur d'origine, Isabel écouta les paroles d'Arseni, captivée par les volutes de sa pipe. Elle regarda furtivement la main que montrait le Ministre mais ne releva pas ce trait d'humour.
"N'est-ce pas..." marmonna-t-elle aux derniers mots qu'il adressa.
La jeune femme approuva les paroles de Kristen. Elle réajusta la cape de sa robe de sorcière avant de se racler la gorge.
"Je pense que je vais rentrer informer nos collègues." Sa voix trahissait encore une certaine colère qu'elle savait déplacée en de telles circonstance, mais que la frustration de voir de sombres événements pointer leur nez jusqu'à Poudlard ne pouvait atténuer.
"Monsieur", dit-elle en inclinant de façon un peu raide la tête vers le Ministre, puis vers Emily Fawkes. Elle tourna les talons et remonta le chemin qui menait jusqu'à l'école. Elle inspira profondément afin de détendre les muscles noués de son ventre et reprit par la même occasion sa couleur châtain. Le pas pressé, elle avait pour intention de rejoindre avant tout Meilla et Nicholas afin de leur faire un rapide topo de ce qu'il s'était passé et s'assurer que tout allait bien.