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30 août 2018, 18:39
Pluie et mélancolie  Solo 
~ Chapitre 1 ~
PDV : Sigmund Charleston
18 août 2043

Il était 1h30 lorsqu’un tambourinement se fit entendre à la porte, arrachant Sigmund des bras de Morphée. Tout en jurant et pestant, il alla ouvrir, enroulé dans son peignoir fétiche. Une jeune femme se tenait là, avachie sur un mur qui lui servait d’appui, le poing encore levé prêt à frapper une porte qui était déjà ouverte. 

« Nouvel appartement, hein ? J’ai eu du mal à trouver ! » dit-elle tout simplement, son haleine chargée d’alcool arrachant une grimace à son père.

Sans plus de cérémonie, Beth jeta quelques regards intrigués autour d’elle et entreprit de visiter l’appartement, sous le regard stupéfait de son père qui tenait toujours la porte, bouchée bée. Ses chaussures maculées de terre laissaient des traces sur le sol. Elle portait des vêtements de voyage, trempés par la pluie et abîmés par l'usure. Sigmund suivait sa fille du regard, interloqué. Sa surprise était telle qu’il ne bougeait pas d’un pouce. Puis il n’y eut plus aucun bruit de pas dans le petit appartement au cœur de Londres, juste des ronflements qui s’élevaient peu à peu depuis la chambre de Sigmund. Il ferma précipitamment la porte et se rendit aux côtés de sa fille. Il la retrouva étalée dans son lit, déjà profondément endormie. Le vieux père ôta ses chaussures et remonta la couverture jusqu’à ses épaules. C’était une drôle de surprise. Il ne l’avait pas vue depuis plus de six mois et voilà qu’elle débarquait un jour, sans prévenir, au beau milieu de la nuit. Il se laissa tomber à côté d’elle sur le sol et la contempla. Elle était belle. D’un geste hésitant, il tendit sa main gauche vers son visage et caressa tendrement sa joue.

« Tu ne seras pas partie d’ici demain matin, n’est-ce pas ? » chuchota-t-il. Les ronflements furent son unique réponse.

Sigmund saisit une couverture et s’allongea dans le canapé. Les yeux clos, il essaya de s’endormir. Ses pieds dépassaient et le cuir froid du divan lui laissait une sensation désagréable. Il ne parvenait pas à se détacher de l’image de sa fille, de son odeur d’alcool et de ses yeux ternes et fatigués. Elle aurait pu prévenir son père à l’avance de son arrivée, lui envoyer une lettre par hibou et venir à une heure convenable. Mais non. Beth ne faisait jamais rien comme les autres.

Elle était ainsi. Imprévisible, instable. Un jour, elle disait aimer la pluie. Le lendemain, elle pleurait l’absence du soleil. Elle voulait voler de ses propres ailes, mais elle avait peur de l’inconnu. Puis elle avait grandi, le déclic s’est fait. Elle est partie. Beth volait. Elle voyageait et allait, çà et là, assouvir sa soif de connaissance et d’aventure. La chouette hulotte de Beth apportait peu souvent des nouvelles à Sigmund. La jeune femme était aussi proche de sa mère qu’elle était distante avec son père. Après le divorce de ses parents, elle avait choisi d’habiter avec Ellen. Cela avait été le début de la fin pour l'homme : il avait non seulement perdu sa femme, mais sa fille dont il n’avait jamais su être proche lui semblait alors plus éloignée que jamais.

Parfois, elle lui rendait visite. Jamais l’inverse : le sorcier ne savait que trop rarement où était sa fille. Telle était l’angoisse quotidienne dans laquelle il vivait : quand bien même il parvenait à se changer les idées, à s’occuper, une petite partie de ses pensées étaient toujours tournées vers sa fille dont il ignorait généralement la localisation et les activités. Il avait l’impression que les années, la distance et les choix qu’ils avaient faits l’un et l’autre les séparaient plus que jamais. Lorsqu’il confiait ses angoisses à son ex-femme, elle arborait toujours cet air de dédain mêlé de mépris et répliquait souvent par un « Lâche-la, elle est adulte désormais. ». Alors il se retrouvait seul, face à ses peurs et ses inquiétudes pour cette enfant  qu’il ne voulait pas voir grandir. Evelyn était le seul qui le comprenait, lui qui protégeait Elian tout comme Sigmund aurait dû protéger sa fille. *Je suis un mauvais père* Sur cette pensée, il sombra dans le sommeil, bercé par le doux bruit de la pluie. 

#783f04 - DDM de Poufsouffle à partir de mars 2049 - Tutoyez-moi !
13 sept. 2018, 09:46
Pluie et mélancolie  Solo 
~ Chapitre 2 ~
PDV : Beth Charleston

Je me tournai et me retournai plusieurs fois dans mon lit avant d’émerger totalement et de décider d’enfin me lever. Ma bouche était un peu pâteuse. J’avais soif, je crois. Mes draps sentaient étrangement la poussière et le renfermé ; un peu comme les draps de vos grands-parents qui restent enfermés des années dans un placard probablement infesté de Doxys, sans être utilisés.  Cette pensée mit du temps à faire son petit chemin dans ma tête jusqu’à me mener à l’évidence : je n’étais pas dans mon lit. Mon premier réflexe fut de vérifier si je portais encore mes vêtements : il n’était pas rare que mes quelques soirées connaissent une issue peu louable. Je constatai avec soulagement qu’en dehors de mes chaussures qui manquaient à l’appel, j’étais bien enveloppée dans plusieurs couches de vêtements.

Je plissai les yeux pour tenter de reconnaître mon environnement. J’étais dans une chambre qui puait le vieux à plein nez mais qui étrangement, semblait relativement propre. A ma gauche, une carafe d’eau pleine et un verre avaient été mis à ma disposition sur la table de chevet. Je grimaçai en apercevant une bassine sur le sol, fort heureusement vide. D’imaginer cette bassine remplie de vomi me donna la nausée. Sans plus attendre, je bus un grand verre d’eau d’une traite. A en juger par mon affreux mal de crâne, je me demandais quelle quantité de Whisky pur feu j’avais bien pu ingérer ; je me laissais trop facilement appâter par la douce tentation de la boisson. Mais uniquement en soirée, et comme j’étais probablement sortie vers vingt-deux heures ou même plus tard, c’était effectivement le soir.

Je ne mis pas très longtemps à comprendre où je me trouvais. C’était le nouvel appartement de mon père ; un endroit relativement propre et neuf rempli de vieux meubles qui accusaient déjà des décennies de service : maman avait soigneusement choisi ce qu’elle récupérait après le divorce, et papa n’avait pas eu la meilleure part. C’était toujours comme cela avec Sigmund : il était trop gentil, c’était tout simplement trop facile d’abuser de lui. Je retrouvai quelques vêtements propres au pied du lit ; je reconnus ces vieilles fringues démodées que je portais vers quinze ou seize ans. Je ne comprenais pas pourquoi papa les avait gardés depuis tout ce temps mais sur le moment, je fus tout simplement reconnaissante et m’habillai à la hâte.

Tout en me changeant, je me remémorais progressivement les événements de la veille. De passage à Londres, j’avais retrouvé quelques amis aux Trois Balais, où j’avais bu un peu plus que de raison. Les verres s’étaient enchaînés, au milieu des éclats de rire, et finalement, je m’étais retrouvée à arpenter les rues de la ville quelques heures plus tard, la tête dans les étoiles. Je n’avais pas mon balai sur moi, et je n’étais pas en état de transplaner : je me serais retrouvée désartibulée avant même de comprendre ce qu’il m’arrivait. Maman m’avait donné la nouvelle adresse de papa quelques jours plus tôt. Il vivait parmi les moldus, selon elle. Je n’avais guère l’intention de le voir ; principalement parce que je n’en voyais pas l’intérêt, mais avec quelques verres dans le nez, la perspective de revoir mon père m’avait finalement paru étrangement séduisante.

Je passais une main distraite sur mon ventre en repensant aux folies de la veille. Pour le bien de la petite chose qui grandissait en moi, il allait falloir que je change mes habitudes. Je vérifiais longuement dans le miroir que mon état n’était pas voyant, mon père n’était bien évidemment pas au courant et je ne souhaitais pas recevoir un long sermon de sa part alors que j’avais la gueule de bois. Fort heureusement, à deux mois de grossesse, cela passait relativement inaperçu. Satisfaite, je suivis l’odeur de la nourriture jusqu’à la cuisine où se trouvait mon père.

Il était encore vêtu d’étranges vêtements ; les couleurs s’associaient très mal et je me demandais ce qu’il lui avait pris de mettre un gilet jaune au-dessus d’une chemise bariolée, accompagnée d’un pantalon troué. Je ne fis aucune remarque : j’avais perdu espoir de lui inculquer un quelconque sens de la mode bien des années plus tôt. Je m’approchai tout doucement de lui, ne sachant pas par quoi commencer. « Papa… ? »

#783f04 - DDM de Poufsouffle à partir de mars 2049 - Tutoyez-moi !
05 oct. 2018, 23:24
Pluie et mélancolie  Solo 
~ Chapitre 3 ~
PDV : Beth Charleston
Ma voix était à peine plus audible qu'un murmure, et pourtant, mon père se tourna vivement vers moi. Je le fixai un moment dans les yeux, mal à l'aise, avant de quitter son regard pour m'intéresser au déjeuner. La table était déjà dressée ; divers mets plutôt simples mais variés étaient placés dans une configuration précise et ordonnée, comme si tout avait été mesuré au millimètre près. J'eus envie de faire un commentaire sur l'angle étrange que formait la salière par rapport à la poivrière pour taquiner mon père mais je m'abstins ; son regard mi-accusateur mi-inquiet était plutôt dissuasif. 

« Pourquoi mange-t-on du poulet et des petits-pois au petit déjeuner ?  demandai-je finalement tout en prenant place sur une chaise.
- Peut-être parce que nous sommes déjà en début d'après-midi ? » Son ton froid et cassant me dissuada de tout commentaire supplémentaire. Je pris les cuillères et me servis allègrement dans les plats. Bien qu'un peu barbouillée, je devais avoir plus faim que je ne le pensais car la cuisine de mon père me parut meilleure que d'ordinaire. 

Il mangeait avec un peu plus de parcimonie et me resservit lorsque j'eus fini mon assiette. Le repas se fit dans le plus grand des silences. Je me demandais quand est-ce que l'interrogatoire allait commencer mais cette ambiance, bien que pesante, ne me déplaisait pas. ll me posa finalement quelques questions sur mon travail et mes occupations. Je répondis de manière brève mais m'efforçai tout de même de satisfaire sa curiosité ; je savais qu'il ne me lâcherait pas. Il apprit donc que j'avais emménagé avec Lucas, que je présentai comme étant mon colocataire. C'était aussi accessoirement mon petit ami et le père de mon enfant à naître mais je ne me sentais pas prête à avoir une telle discussion avec mon père. J'en dis plus sur mon travail et la formation en viticulture que je suivais parallèlement à tout cela, et me tus lorsque j'estimai avoir dit le principal.

Mon regard distrait tomba sur une grosse enveloppe posée en bout de table. Je sus aussitôt de quoi il s'agissait : une petite aide financière de mon père pour renflouer un peu mes économies. L'enveloppe semblait moins remplie que d'habitude, je me demandais combien de gallions elle renfermait. 

« Comment vas-tu ? » s'enquit-il d'une voix plus douce. « Je m'inquiète beaucoup pour toi chérie, tu sais.
- Je vais bien. J'ai vu maman la semaine dernière. Elle a rencontré un homme, tu étais au courant ?» A en juger par son air surpris, non, papa n'en savait rien. Je maudis aussitôt mon manque de délicatesse et décidai de changer de sujet. « Et toi ? Tu as trouvé un nouveau travail ou tu fais encore des enquêtes bizarres sur les moldus ? » Il ne releva pas ma petite pique ; je n'avais pas pu m'en empêcher, mais je ressentis à son regard sa désapprobation.

« J'ai été embauché à Poudlard. Je vais être professeur d'étude des moldus » dit-il avec un sérieux alarmant. L'humour de mon père était pitoyable mais puisque je me sentais déjà coupable de débarquer à l'improviste et de l'embêter, je fis pour une fois l'effort de rire à sa plaisanterie. Mon rire dans un premier temps discret se fit plus prononcé ; finalement, il était plutôt amusant d'imaginer mon père essayer d'enseigner à des adolescents. 

« Oui bien sûr, et moi, on m'a proposé d'être ministre de la magie ! » Étrangement, le regard de mon père se fit encore plus sévère. Je ne compris pas immédiatement quel avait été mon faux pas ; il ne pouvait tout de même pas être sérieux. Je savais que Poudlard peinait à conserver la plupart de ses professeurs sur une longue durée ; mais l'école n'en était tout de même pas au point d'embaucher le premier venu, si ? 

« Je vais pouvoir garder un œil sur Elian, ainsi. » reprit-il en ignorant son hilarité. Je me calmai aussitôt. Ce n'était pas une blague. J'étalai un peu de beurre sur une tartine de pain pour m'occuper les mains le temps que l'atmosphère se détende, et me plongeai dans mes réflexions. Il ne tiendrait probablement pas une année entière ; je me demandais même comment il avait fait pour réussir son entretien d'embauche. Et surveiller Elian, sérieusement ? C'était toujours ainsi, avec lui. Surveiller les moindres faits et gestes des enfants. Veiller à chaque détail. Croire qu'il en sait plus que ses cadets parce qu'il a plus d'expérience. Certes il n'avait pas bridé ma liberté autant qu'Evelyn le faisait avec son fils, mais j'étais lasse de me sentir encore comme une enfant à ses yeux, alors que j'estimais être depuis trois ans déjà une véritable adulte.

« Ouais, je vois. Bon courage, hein. ». Nous nous regardâmes un moment, un silence gênant s'était installé. Ayant terminé mon repas, je me relevai et saisis l'enveloppe que je soupesai le plus discrètement possible. Plus légère que prévu ; soit il était devenu avare, soit les finances étaient difficiles. Il me glissa aussi un paquet de bonbons dans les mains, ce qui m'arracha une grimace. Il me voyait vraiment comme une enfant. Un paquet étrange attira mon attention, et le regard de mon père, qui avait suivi le mien, s'illumina.

« Ton cadeau d'anniversaire ! » Il déballa lui-même ledit cadeau et me le présenta sous tous les angles. « Une brosse à dent électrique ! Cela fonctionne avec des piles, tu n'as pas besoin d'une prise, donc tu peux l'utiliser partout. Et ça peut aller sous l'eau ! C'est bien, non ? Même une sirène pourrait l'utiliser ! J'ai acheté une centaine de piles pour te faire une petite avance, tiens, mets cela dans tes affaires ! Bon anniversaire, ma puce. » Il glissa le tout dans mon sac. Mon père était toujours étonnamment bavard quand il s'agissait de parler d'artefacts moldus.
 
« Merci, à plus. » Sans un mot de plus, je quittai l'appartement après avoir brièvement embrassé mon père. Même si ces rencontres n'étaient pas toujours des plus agréables ; et celle-ci d'autant plus qu'elle était totalement imprévue, cela avait un avantage certain. Je serrais l'enveloppe remplie de gallions contre moi, un sourire aux lèvres.  
~ FIN DU RP ~

#783f04 - DDM de Poufsouffle à partir de mars 2049 - Tutoyez-moi !