Solar n'avait pas imaginé un instant rendre visite à Hernando jusqu'à la fameuse lettre. Mais il lui avait proposé un rendez-vous chez lui, pour discuter de certaines choses. Bien sûr, la jeune femme avait une légère appréhension: connaissant son caractère, l'idée d'être en tête à tête et dans ses appartements, elle s'imaginait déjà qu'il risquait de faire son mâle en chaleur, le Brésilien ardent dans la cité Londonienne froide et pluvieuse.
Mais elle s'était préparée. Laissant quelques insectes pour le petit déjeuner de Shelob, Solar avait prit son gros manteau et la carte de la ville. Cette fois-ci, pas de Sigmund pour l'aider. En plus, la jeune femme l'évitait parfois, à cause du moment honteux où elle pleurait comme une madeleine.

Arrivée sur le Chemin de Traverse, elle s'était dirigée côté moldu, et avait sortit sa carte. Elle suivait scrupuleusement cette dernière, manquant parfois de se prendre un passant ou un poteau. Sa maladresse la fit légèrement rire. Plusieurs minutes passèrent, et la pluie menaçait de tomber. À quelques centaines de mètres des appartements de son ami, une voix l'interpella. En se retournant, elle découvrit un homme familier... Qui était-ce ? Il avait des cheveux châtains sombre et un regard de renard qui lui rappelait...

"-Hey, c'est Solar n'est-ce pas ?

La jeune femme eu un frisson, et recula d'un pas. Emmett ! Que faisait-il ici ?

-Oh, alors tu as fini par te réfugier à Londres, la cracmolle ? Je ne pensais pas te revoir un jour.

Il s'approcha d'elle, l'air amusé. Le sourire malsain qui pendait à ses lèvres ne plaisait pas du tout à Solar.

-Je ne suis pas une cracmolle, répliqua-t-elle sèchement. Sinon, je n'enseignerais pas à Poudlard !

Solar baissa d'un ton de peur que les passants écoutent leur conversation. Lui s'en amusait, laissant échapper un petit rire moqueur.

-Est-ce que la directrice est au courant au moins ? Ou elle est devenue tellement sénile qu'elle engage des gens douteux sans même vérifier leurs compétences ?
-J'ai suffisamment de talent pour...
-Oh ! coupa-t-il. Pourtant tu n'avais pas l'air sûre de toi, à l'époque...
-Fiche-moi la paix ! cria Solar, avant de tourner furieusement les talons.

Emmett ne la suivit pas, sûrement inquiet qu'on puisse penser qu'il harcèle une jeune femme en pleine rue. Solar sentait les larmes monter, mais était bien résolue à se calmer. Son pas décidé l'emmena bien vite chez Hernando, où elle appuya rageusement sur la sonnette d'entrée. Quelques instants plus tard, il ouvrait.
Hernando n'avait pas changé. Sa peau était toujours d'un beau bronzage, et son allure ne trompait pas sur son assurance. Si à l'époque c'était un adolescent beau et mignon, maintenant l'homme avait acquis une beauté virile qui devait faire tomber beaucoup de femmes. Mais pas Solar.

-Je suis content que tu sois là, avoua-t-il en préparant le thé. Installe-toi, je t'en prie.

La jeune femme le regardait d'un air suspicieux. Il était bien plus doux qu'autrefois. Ou était-ce une ruse ? Elle ne s'attarda que très peu sur la décoration épurée, simple et banale des lieux. Il habitait là, mais ne devait pas passer beaucoup de temps ici. Elle prit place dans un fauteuil moelleux et attendit, sans dire un mot. Il revint avec le thé et prit place en face de la jeune femme.

-Comment ça va ?
-Ça va.
-Tout se passe bien à Poudlard ?
-Oui...

Ils burent le thé en silence, jusqu'à ce qu'une voix brise le calme ambiant.

-Gougnafier ! Enflure ! Cornichon pourri !

Un animal ressemblant à un furet venait d'apparaître dans la pièce, prenant déjà ses aises sur les genoux de Solar. Étonnée, elle ne réagit pas de suite mais cela la détendit de se retrouver avec un Chartier entre eux.

-Désolée, c'est le Chartier d'un ami, mais je le garde pendant ses vacances. Il s'appelle Bart.
-Bouse de veracrasse ! répliqua l'animal pour Hernando.

Ce dernier l'emporta dans une pièce à part, histoire de pouvoir en placer une sans casser l'ambiance. Il remerciait tout de même cet invité inattendu pour avoir fait rire la jeune femme qui ne s'était pas déridée depuis son arrivée.

-Tu voulais me parler de...
-Ah, en fait pas vraiment. Mais on devrait en parler, c'est vrai.

Solar regarda ailleurs, l'air de se braquer. Hernando comprit le signal, et avala une gorgée de thé pour continuer:

-En fait, ta mère m'a demandé un service.

La jeune femme se tourna de nouveau vers lui. Sa mère ne lui en avait pas parlé.

-Ta filleule doit venir cet hiver. Voir Londres, et entraîner un peu son Anglais. Une sorte de repérage je crois. Comme tu n'as pas de logement en dehors de Poudlard, elle m'a demandé si je pouvais l'héberger, et j'ai accepté. Mais il faut bien que tu le sache, pour lui rendre visite.

Solar n'en revenait pas. Lui ? Héberger une jeune fille ? Elle devait avoir seize ans, si ses souvenirs étaient exacts. La jeune femme paraissait indignée, en colère et effarée. Hernando se sentait un peu embarrassé.

-Tu vas héberger une fille chez toi ? Une fille... Innocente ? dit-elle sur un ton qui ne laissait pas de place au doute. Toi ? Non, non je ne suis pas d'accord.
-Pourquoi ? répliqua Hernando sur un ton de défi. Tu crois que je vais m'amuser avec elle ? Lui retirer son innocence ?

Solar s'apprêtait à répliquer, mais se contenta de froncer les sourcils.

-Alors c'est comme ça. Je croyais qu'il y avait peut-être autre chose, une raison différente, mais en fait ça a toujours été ça. Là, tu crois que moi, du haut de mes 27 ans, je vais coucher avec elle. Tu es sérieuse Solar ? Tu me pense encore comme ça ?
-Les gens ne changent pas facilement, éluda-t-elle.
-Oh, bien sûr ! s'emporta-t-il en se levant. Cette histoire remonte à une dizaine d'années ! J'étais jeune, un adolescent stupide et en pleine puberté, et j'abusais de mon succès, oui ! J'ai été complètement idiot, je le sais, merci ! Cependant j'ai changé, mûrit, j'ai grandit !

Il était en colère. Hernando s'imaginait qu'elle avait tiré un trait sur tout ça. Mais visiblement, c'était plus facile à dire qu'à faire.

-Vicente et Felipe ont grandit. Ils ont mûrit eux aussi, sont passés à autre chose concernant mon comportement d'avant, et ils ne vivent pas dans le passé ! En fait, nous avons tous les trois grandit, mais pas toi ! Tu es restée dans ton espoir de vivre ton amour pleinement avec Vicente. Tu crois encore que je suis un salop. Tu pense encore que Renata est vivante aussi ? C'est ça ? Grandis un peu !
-Comment peux-tu... Laisse Renata !

Solar s'était levée. Les mots blessaient bien plus facilement que n'importe quelle arme. Qu'il ose parler de leur défunte amie, et de l'amour qu'elle portait encore à son meilleur ami, c'était trop. Ses larmes ne pouvaient plus se contenir. Hernando, qui la regardait d'un air furieux, se détendit un peu. Elle ne faisait pas exprès de pleurer.

-Je sais bien que c'est stupide, mais c'est plus fort que moi ! gémit-elle. C'est difficile...

Il s'approcha d'elle et se contenta de lui prendre l'épaule.

-Lâche un peu prise Solar. J'ai peut-être été rude, mais il faut vraiment que tu pense à toi. Ton avenir n'est pas avec Vicente. Essaye de le comprendre, d'accord ? Tire un trait une bonne fois pour toute. Tu verras, ça te fera le plus grand bien.

Elle ne répondit rien. Mais ses mots la touchait. Solar tenta de se calmer, et ils restèrent silencieux durant ce temps. Seul le chartier dans la pièce voisine tentait de se faire entendre, mais ce n'était qu'un bruit de fond. Finalement, Hernando rompit le silence.

-Le week-end prochain, samedi soir, tu es libre ? Rejoins-moi devant mon appartement, et je t'emmènerais quelque part.

Elle lui jeta un regard curieux, rougit par les larmes.

-Tu le sauras en temps voulu."