Inscription
Connexion

16 nov. 2018, 12:05
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
Dans ce parc que vous aviez vu...

Thalia Gil’Sayan, Solenn Cooper, Celo Venesi, Hugo Rolanbri

Avant ça

Image


Flic
Flac

Un,
Deux,
Trois,
Quatre,
Cinq,
Six,
Sept,
Huit,


J’en suis à trois cent vingt huit.

Flic
Flac

La goutte tombe, une autre la suit, perpétuel mouvement, quand une goutte tombe, une autre suit. Quand ça s’arrêtera ?

Flic
Flac

Dans ma tête je compte jusqu’à dix. Et quand c’est finit, je rajoute un doigt à droite.
Sur ma main droite je compte jusqu’à 5. Et quand c’est finit, je rajoute un doigt à gauche.
Sur ma main droite, je compte jusqu’à 3. Je ne peux pas plus.

Flic
Flac

J’imagine la scène sous les yeux d’un inconnu. Je deviens un inconnu, je vois la scène par ses yeux.

Le parc est sombre, un jeune garçon, vers les 12 ans, est assis sur un banc, avec un pull-over noir et une inscription blanche au dos. Il pleut et le jeune homme compte quelque chose sur ses doigts. C’est le soir, ou en tout cas, seul le haut des arbres est encore parsemé du rouge vermeil du couché de soleil. Le jeune garçon attend-t-il quelqu’un ? Quelque chose ? L’inconnu ne le sait pas.

Flic
Flac

Et je redeviens moi, Hugo.
L’inconnu ne sait pas d’où je viens, il en sera étonné, les Moldus, ne nous connaissent. Car l’inconnu ne sait pas que suis sorcier.

Flic
Flac

Alors, je n’attend rien. Rien du tout, je suis assis sur ce banc, mouillé, attendant rien du tout. En me doutant que même si j’avais pu attendre quelque chose, cette chose ne serait pas venu. Alors je reste sur mon banc attendant de me décider si je quitte ce parc.

Flic
Flac

L’inconnu a oublié de voir que moi, j’écoutais. Pas seulement le bruit des gouttes qui tombent inlassablement.

J’écoute ma musique, sur mon casque bleu métallique, éraflé et usé par le temps. Il est relié au Walkman magique que l’infirmière de l’école m’a offert.

Flic
Flac

La pluie a le même tempo que la musique, coordination d’une danse effréné. On dirait que le soleil vas quitter la cime des arbres.

Un,
Deux,
Trois,
Quatre,
Cinq,
Six,
Sept,
Huit,
Neuf,
Dix,


Plus un à la main droite, ça fait quatre.

Un,
Deux,
Trois,
Quatre,
Cinq,
Six,
Sept,
Huit,
Neuf,
Dix,


Plus un la main droite, ça fait 5.
Retour à zéro,
Plus un à la main gauche, ça fait 2.

663,
664,
665,
666,
667,

Voilà où j’en suis, je compte les gouttes d’une flaque, alors que mon dortoir, mes amis sont à Poudlard. Ma maison est à Poudlard, ma maison est Poudlard. Moi, le garçon sans accroches. Sans liens. Sans véritable pilier sur lequel construire ma vie.

Flic
Flac

Incessant.

Flic
Flac

Je haïs le temps tout autant que je l’adore. Malgré ma jeunesse, j’ai eu bien des moments pour penser à cette mesure. Certains disent qu’il court, certain disent qu’il nous rattrape. Moi je pense qu’il nous porte, qu’il nous donne la chance de pouvoir vivre un après maintenant.

Flic
Flac

Puis vient le hasard, le hasard qui fait que chaque goutte d’eau tombe à un point précis de la flaque, sans jamais être le même. Ce hasard qui fait que je suis sur ce banc. Celui qui donne aux vies un sens.

Flic
Flac

Le hasard qui fait que je ne suis pas seul dans le parc. Le temps qui fais qu’il pleut presque plus. Le hasard qui fais que ma musique passe soudainement à ma préférée. Le temps qui fais que ça fait 1243 gouttes que je suis assis sur ce banc.

Flic
Flac

L’homme qui est dans ce parc ne me vois pas. Le soleil a disparu, seule reste l’éclat orangé des nuages éparses. Ma musique prend un nouvel air. Je l’arrête, je veux écouter le chant des oiseaux. Ceux-ci s’égosillent tranquillement, communiquant en langue que je ne comprends pas.

Flic
Presque plus de
Flac

L’homme qui est dans le parc est encore là. Moi aussi, peut-être d’autre personnes viendront, mais ça, c’est le hasard et le temps qui me le diront.

Flic
.
Dernière modification par Hugo Rolanbri le 18 janv. 2019, 10:48, modifié 6 fois.

Hugo Rolanbri-IIème année
Joueur de Quidditch. Artiste à mes heures perdues.
η σιωπή είναι χρυσή

19 nov. 2018, 22:47
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
Image
AZUR EMERVEYL


Donc il pleut. Apparemment c'est le destin tragique de cette noble contrée que de se retrouver submergée par les flots dès que l'été quitte ses vertes collines. L'automne est une bien triste saison. Froide et humide, inhospitalière. C'est la porte d'entrée vers l'hiver qui est encore plus froid et humide que la saison qui la précède. Les nuages gris et cotonneux s'agglutinent contre les hautes tours de la cité de Londres. Comme la ville avait grandi ces dernières années... Les gratte-ciels de Londinium rivalisaient désormais de hauteur, n'ayant que le ciel pour unique limite à leur démesure. L'agitation des boulevards, le bruit des embouteillages, les coups de Klaxons et les conversations des passants offraient à l'oreille une symphonie chaotique que seule la pluie était en mesure de surpasser.

À travers ce rideau de pluie opaque, une silhouette fine et haute se déplaçait parmi les arbres effeuillés d'un parc au coeur de la ville. Dans ce lieu naturel et végétalisant, les sons étouffés de la City peinaient à arriver au creux de cet écrin de verdure trempé par la bruine anglaise. L'homme portait un manteau sombre, un imper noir dont la capuche couvrait le visage creux du personnage qui s'en était vêtu. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Je me le demande bien... D'ailleurs l'homme se le demandait aussi. Il fallait être fou pour sortir au parc par un temps pareil ! Mais les anglais ont des coutumes étranges et il fallait bien s'adapter... La preuve, l'homme n'était pas seul dans ce parc. Un garçonnet se trouvait assis sur un banc mouillé à quelques mètres de sa propre position. "Tous des fous..., songeait Azur.", car Azur était son nom et qu'il le portait avec plaisir sans toutefois en être particulièrement fier. À quoi bon s'appeler Azur quand notre âme est aussi grise que le ciel britannique...

Le gamin comptait sur ses doigts depuis une bonne dizaine de minutes déjà. Azur le regardait avec intérêt tout en restant discret. Ce garçon était... particulier. Quelque chose dans les traits de son visage mouillé par la pluie chamboulait Azur au plus profond de ses entrailles. Ses parents étaient-ils fous de le laisser sortir comme ça par temps de pluie ! Et seul en plus... Les moldus avaient un sens peu commun de l'éducation ! Enfin les moldus anglais du moins... Comment élève t'on ses enfants en Norvège ? Azur ne le savait pas. Et jamais il ne pourrait le savoir désormais.

Il continuait de scruter l'enfant tout en se demandant comment ce dernier pouvait garder un tel sang froid par un aussi mauvais temps. Lentement, il sortit un paquet de cigarette de sa poche, en choisit une en arborant un air de connaisseur avant de craquer une allumette dans le creux de ses mains, protégeant ainsi la flamme de l'eau qui se déversait de la voûte nuageuse. L'autre garçon n'avait toujours pas bougé. Il commençait à piquer la curiosité du bonhomme. Il avait bien remarqué que celui-ci regardait dans sa direction, et le garçon avait sans doute lui aussi remarqué qu'Azur l'avait vu. L'homme inspira une bouffée de fumée blanche, faisant rougeoyer l'extrémité de la cigarette. Emplissant ses poumons de nicotine, il recracha leur contenu en un souffle blanc, mélange de vapeur d'eau et de tabac carbonisé. Il se demanda s'il ne ferait pas mieux d'aller lui demander ce qu'il faisait ici, seul dans ce parc, sans ami avec qui jouer et sans parent pour l'accompagner... Cependant il n'en fit rien. Il continua de fumer en songeant au vide de son âme, comme il le faisait tous les jours depuis qu'il était arrivé en Angleterre.

Les choses auraient bien pu en rester là. Azur dans son coin et le gamin dans le sien. Chacun chez soi, chacun ses problèmes. La Terre est pleine de gens malheureux et Azur en était la preuve. Il inspira une nouvelle fois. Cette clope détruisait peu à peu chaque alvéole saine que possédaient encore ses poumons ; mais de toute façon, cela faisait 6 ans qu'il se consumait tout seul.

Gloria è felicità

20 nov. 2018, 17:52
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
Jour Indéterminé,
Londres – Parc Inconnu
2ème année


La fillette avait fait un long voyage pour arriver ici. La fugue en douce, glissant par l'arbre qui pendait à sa fenêtre avec un petit mot pour son père, puis l'autobus Moldu bondé où elle s'était installée près de la fenêtre, à regarder le paysage défiler et à gribouiller dans son Carnet. Et maintenant, elle était là. Dans ce parc inconnu, lieu de Solitude évidente.

Elle est assise sur un banc de bois, Seule sous la pluie. *Un...* Ses doigts tapotent la surface dure du banc. *Deux...* Elle laisse son corps s'affaler sur le dossier inconfortable. *Trois..* Une nouvelle goutte de pluie frappe son visage et dégoulinent sur sa peau pâle. *Quatre...* Les larmes commencent à couler.
La tristesse de la gamine se mêle à celle du ciel, grise comme les nuages qui parsèment ce dernier.
*Cinq...*
Ses mains commencent à trembler lentement, bientôt suivies de son corps entier.
*Six...*
Son visage pâle se dresse vers le ciel auparavant azur et désormais sale de pluie.
*Sept...*
Ses cheveux collent à sa peau, le froid de ce contact se répand dans tout son corps.
*Huit...*
L'espace d'une seconde, elle songe à son Carnet dans sa poche.
*Neuf...*
Son contact frais, direct sur sa peau, est bien plus dérangeant et dur que celui de la pluie.
*Dix...*
Il pourrait se tremper.
*Onze...*
En le sortant, dans quelques heures, elle pourrait trouver ses pages délavées.
*Douze...*
Elle s'en fout.
*Treize...*
Le Carnet ne sera pas abimé.
*Quatorze...*
Elle le sait.
*Quinze...*
Parce que c'est ainsi que va la Vie.

La Vie ne laissera jamais les pages du Carnet s'arracher ou s'abimer. Oh non ! Elle est bien trop cruelle pour ça. Elle prendra plaisir à voir la Gamine scruter avec détresse les Mots qu'elle a inscrit sur le parchemin. *Vie d'merde*, songe Thalia. Thalia ; parce que c'est ainsi qu'elle s'appelle. C'est son Nom ; son Nom qui ne veut rien dire. Son Nom ; pas ce qu'elle est. Son Nom ; qui ne traduit en rien sa Haine, sa Tristesse et son Désespoir. *Qu'est c'que j'fous là...* La Jaune laisse la Pensée s'infiltrer dans son Esprit. Qu'est c'qu'elle fout là ? Mais Là où ? Là dans la Vie ? Dans ce Monde de Magie ? Dans ce parc ? *Partout* Dans tous ces lieux, et dans tous les autres qui existent. Elle sait pas ce qu'elle fait ici, elle ne sait pas comment elle y est arrivée ; fillette dégueulasse, Monstre de chair. Ah ! Pourquoi est-elle donc née ? Elle aurait mieux fait de ne pas le faire ; comme ça, elle ne gâcherait pas tout ce dont elle s'approchait. Personnes comme objets.
Quand à savoir comment elle s'est retrouvée dans ce parc... C'est une autre affaire. *J'sais pas* La petite voulait juste se barrer de chez elle, un peu. Non, elle ne voulait pas. Elle en avait besoin. Oui, Thalia Gil'Sayan avait eu besoin de sortir un peu. D'être Seule, et cette fois, être Seule dans les recoins cachés du Domaine ne lui avait pas suffit ; Les Silves ne lui avaient pas suffi. Elle avait eu besoin d'aller dans un lieu Inconnu. Perdu. Sans signification ; pour ne pas faire remonter une Vague de Souvenirs.

Ses yeux sont embués de Larmes de Tristesse et de Colère ; de Colère contre elle-même et de Tristesse envers les Injustices. Elle fixe toujours le Ciel grisâtre ; à la recherche d'une Aide ou d'un Indice, de quelque chose pour la rendre Heureuse. Juste un tout petit peu.
Mais il n'y a rien.
Elle fixe toujours le Ciel, mais il n'y a jamais d'Espoir.
Aujourd'hui ne fait pas exception à la règle.

*1036...*
C'est la 1036ème goutte qui tombe du Ciel.
*1037...*
Elle va bientôt en avoir marre de compter.
*1038...*
Ou pas.
*1039...*
C'est apaisant.

*1040...*
Des bruits de pas.
1041...*
Y'a quelqu'un.

La tête de l'enfant se tourne vers l'Inconnu. Un homme.
Un homme de haute taille, dont seule la Silhouette est visible sous la pluie. Un homme dans le parc. *'fait chier* Elle est plus toute Seule. Elle continue de fixer l'homme ; l'homme qui a dérangé la litanie merveilleuse de la pluie. Elle a arrêté de compter ; elle ne sait plus où elle en était.
Le banc de la Poufsouffle est caché entre des arbres ; l'Autre ne l'a pas vu. Elle le scrute, cherche à comprendre pourquoi un homme comme les autres sort par ce temps. Un homme comme les autres. Moldu ou Sorcier ; quelle importance ? Ils sont tous pareil. Normaux. Et elle, elle est différente.

Il lui faut du temps pour comprendre pourquoi l'Autre ne tourne même pas un seul instant la tête vers elle. Il fixe encore quelqu'un d'autre, lui aussi.
Dans ce Monde, tous scrutent quelqu'un. Et tous sont scrutés.

C'est un garçon.
*Merde*
Un garçon dont elle ne peut même pas distinguer les traits. Un garçon qui est assis, là. Elle n'est plus toute Seule ; vraiment plus toute Seule.
Deux Autres sont maintenant là.

Deux Autres dont les Regards se croisent et se décroisent. Ah ! C'est drôle, ce petit jeu qu'ils continuent ; inconsciemment. Ils se fixent sans se fixer ; dans le dos de l'Autre. S'évitant.
C'est marrant.
La gamine aime bien les observer.
Regarder ce jeu en train de se dérouler.
Elle recommence à compter.
*Un...*

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

29 nov. 2018, 21:54
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
La pluie s'insinuait partout. Mouillait tout. Les cheveux, le visage, les pieds. La belle crinière de Solenn n'était maintenant alors plus qu'une serpillière laide. Mais ici, sous la pluie, Solenn pouvait enfin souffler. Se soustraire aux contacts répétés des enfants et aux regards de sa mère, c'était ce dont elle rêvait depuis ce matin. Elle avait même failli se mettre à pleurer. Trop de tout. Elle n'y était plus habituée. A Poudlard, elle ne créait pas toute cette attention. Personne pour la regarder et lui demander comment elle allait. Sauf Cassy. Sa Cassy. Sa p'tite Lune. Son amie. Pour toujours, enfin, elle l'espérait. Il y avait bien quelques personnes qui la saluaient, mais de façon plus rare. Mais sa p'tite Lune, elle, était là. Les deux filles se serraient les coudes. Elles étaient complémentaires, comme les autres disaient. Pas tout à fait, du point de vue de Solenn. Trop de secrets entre elles, toujours. Peut-être qu'un jour les deux filles arriveraient à en parler. A se dire tout ce qu'elle avait sur le coeur. La rousse l'espérait. Mais elle ne voulait pas non plus forcer la brune. De toute façon, la rousse n'était pas encore prête. Prête à parler de... ça. De son père. De la bête. Doucement, sans un mot, se mêlant à l'eau qui tombait du ciel, ses ennemies réussirent à passer la porte et coulèrent lentement sur ses joues. Est-ce que la troisième année ressentait ce contact ? Non. Elle ne s'en rendait même plus compte. Elle pensait être forte. Plus forte que tout ça. Ah, toujours cette petite bulle. La mauvaise et presque seule habitude de la jeune française. Ne pas se rendre compte de qui on est, de ce qu'on ressent. Dommage pour elle. Tout cela finit toujours par éclater.
En plus de la pluie, un froid digne de l'hiver s'était abattu sur la capitale. Le nez et les oreilles de la rousse étaient rouges de glace. Comme son cœur, tiens. Mais lui, était brisé en mille morceaux. Et qui pouvait recoller tout cela ? Elle-même ? Cassiopée ? Les deux ? Qui possédait une colle assez forte pour tout réparer. Pour la faire sourire à nouveau. Pour la rendre heureuse, tout simplement. Tant de questions sans réponses.
Elle marchait depuis plusieurs minutes, de sa démarche timide habituelle, et ses pas l'avaient amené jusqu'à un parc. Impossible de savoir si des gens se promenaient, un léger brouillard floutait la vision de la Serpentard. Cette dernière décida, ou plutôt ses jambes décidèrent d'aller se promener dans le parc enseveli sous l'eau. Il n'y avait rien à faire d'autre, de toute façon, hein ? Les mains dans les poches de sa cape mouillée, ses bottes prenant l'eau, elle foula très vite l'herbe détrempée. Elle continua de marcher, en fredonnant une chanson, sans savoir laquelle est-ce. Son cerveau ne s'occupait plus de ce qu'elle disait ou chantait. Après une dizaine de mètres, elle aperçut une silhouette. Assise sur un banc. Elle était plutôt menue, ce devait être un enfant. Du même âge qu'elle, environ. Solenn ne pouvait le deviner comme cela. Et aussi, elle ne savait plus quoi faire. Continuer son chemin ? Ou s’asseoir ? Car oui, elle aurait bien aimé s'asseoir au côté de la silhouette. Pas pour engager la conversation, non. Juste pour avoir une compagnie silencieuse, et penser à autre chose qu'à elle-même. Imaginer la vie de cette silhouette. Sorcière ou Moldue ? Capricieuse, gentille, radine ou encore trop timide ? Ses pas l'amenèrent alors tout simplement près de la silhouette, et la voix grave de la rousse s'éleva, assez forte pour qu'elle puisse se faire entendre sous le vacarme de la pluie.

-La place est prise ?

Pas de bonsoir, de "excusez-moi". C'est inutile. De toute façon, elle souhaitait juste s'asseoir et rester muette. Regarder discrètement la silhouette. Pourquoi être poli quand cela ne servait à rien, ni pour l'un, ni pour l'autre ? Maintenant, elle attendait la réponse de l'autre. Qui pourrait dire non. C'était son droit. Solenn n'avait pas été polie, de toute façon.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

30 nov. 2018, 15:19
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
Jeu.

La vie se résume à un jeu.

J’observais l’homme en sachant pertinemment que celui-ci me regardait. Lorsque j’avais le dos tourné.
Comment disait-on ?
Aucun ne peut voir l’autre, tant que l’autre le regarde.
Ça devait être ça, un peu remixé par moi-même.

De dos. Il me regarde, enfin je crois.
De face. Il est de dos, je le regarde. Il ne me vois pas, enfin je crois.

Tient, le flac revient.

Flic
Flac

J’ai l’impression d’être observé à travers ce brouillard émergeant du sol même. Émergeant de la tête, de ma tempête d’idées trop clairement sombres. Alors, je joue à ceux jeu éternel. Attendant de voir lequel se montrera.

Flic
Flac
Flic

Et alors, alors que je ne m’y attends pas du tout.
On me parle.
On me demande si la place est libre

*ben en fait, j’suis assis sur ce banc en c’moment, donc te dire chère personne que la place est libre est sûrement une saleté d’erreur. En plus, je pourrai pas continuer mon jeux.*

Ce que je pense est bien différent de ce que je dis. C’est pour ça que je suis qui je suis.

Alors, seulement après ce petit instant. Je regarde cette silhouette solitaire qui a osé avancer vers moi.

Flic
Flac

Et c’est son son visage qui me stupéfie, qui me retint de lui lancer que la place n’est pas libre. Je crois la reconnaître, ces cheveux roux, cette peau blanche.

Mais comme toujours, je ne suis pas sûr. Alors dans le doute.

“La place est libre.”

Et alors, pour être sûr que je ne me suis pas trompé. Pour que le *Flic Flac* ne me laisse pas tout seul. Je marmonne.

Je marmonne quelque chose, un indice. Elle peut l’entendre, je le sais. C’est le but.

Flic
Flac

Imperceptiblement.

“Faut q’j’pense a pas rentrer trop tard. Sinon y’a Miss Kwon qui vas encore me retirer des points.”

J’ai tendu la perche. Ce que j’ai dit est totalement faux. Mais parfaitement reconnaissable par Elle. Si Elle devine de quoi je parle.

Je lui dit autre chose, plus audible.

“Moi j’m’appelle Hugo. Hugo Rolanbri. Et toi ? T’appelles comment ?”

Flic
Flac

Et alors, je regarde derrière moi. De la fumée enveloppe mon Inconnu. Il fume. C’est dommage, je pense que fumer est une faiblesse. Et le fait de voir cet Inconnu fumer, me donne l’impression qu’il est perdu.

Il m’attire autant qu’il me fait peur.
J’ai peur de re-glisser dans un de mes flashbacks.

Je détourne la tête arrête l’autre côté. Me tournant sur le banc.

Et je vois la quatrième. La personne qui me regarde. Décidément, ce parc dort autant que moi la nuit.

Flic
Flac

J’ai envie de me lever. De me lever et de crier qu’on me laisse tranquille. Que j’ai le droit d’être seul au moins là.

Comme autrefois.
Comme dans mon enfance.
Comme dans ce passé sans visage.
Comme une fête dont j’ai oublié tout les détails.

Flic
Flac

J’ai envi de recompter les gouttes.

Un,
Deux,
Trois,
Quatre,
Cinq,
Six,
Sept,
Huit,
Neuf,
Dix,

Plus un à la main droite.

J’ai perdu le nombre d’avant. Dommage.

J’ai envie de prendre ma baguette. Et de faire virevolter les gouttes d’eau avec un sort. *wingardium leviosa*. Ça serait drôle. Mais risqué. Car je suis sûrement entouré de Moldus.

Flic
Flac

7 dans ma tête.
3 à la main droite.
1 à la main gauche.

Ça fait 87. 88. 89.

Flic
Flac

J’observe la rousse. Elle a les cheveux complètement trempés. Elle a dû marcher longtemps avant de s’asseoir sur le banc. Sa peau est blanche et ses joues parsemées d’étoiles oranges. Je suis certains de l’avoir déjà vu.

Il ne s’est passés que quelques secondes entre ma question et ce moment. J’ai l’impression que le temps ralentit. Pour me faire vivre pleinement le moment.

Moment
Mament
Mamen
Maman

L’instant présent est étrange vous ne trouvez pas ?

Et pourtant je joue.

Le temps passa.

Passa
Pasaa
Pasa
Papa

De toute façon, ce n’est que ça.
Ce n’est qu’un jeu.
La vie n’est qu’un jeu.
Où je ne suis qu’un pion sur l’échiquier.

Hugo Rolanbri-IIème année
Joueur de Quidditch. Artiste à mes heures perdues.
η σιωπή είναι χρυσή

07 déc. 2018, 16:47
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
Tâche rousse.
Une Silhouette avance, slalome entre les gouttes d'eau, s'approche de l'Autre assit. Des murmures s'échappent de leurs Gouffres, inaudibles pour la petite fille. La Silhouette aux cheveux-de-feu se penche à son tour.
Deux Autres, côte à côté.
C'est joli.

Les boucles brûlantes de la fille sont bizarres. Sur son banc reculé, la fillette observe et veut s'approcher pour sentir leur épaisseur entre ses doigts fins. Les mèches sont rousses, mais pas rousses cramées, rousses de jour, même trempées et raidies par la Pluie battante. Cette couleur devrait être celle qui orne le Soleil ; la couleur d'Héméra. Encore les grecs, encore et toujours ; la Mythologie antique est aux fondements du petit Monde de la jeune sorcière, et elle prend sa place dans l'Être de la petite. Se plonger dans les Fondations est toujours aussi exaltant que la première fois qu'elle a exécuté ce saut de l'Ange fantastiques.

Une volute de fumée sinue devant le visage de la jeune Gil'Sayan, flottant dans l'air humide. Ses narines s'ouvrent pour humer brièvement le léger nuage gris, avant qu'elle ne retrousse ses lèvres en une moue de dégoût profonde sous le poids acre de l'odeur. Son regard se fixe aussitôt sur l'Autre-Adulte, celui qui est toujours debout, plus loin. Seul ; comme elle.
*Tsss...*
Elle s'en doutait ; c'est bien ça. Une étincelle crépitante frémit entre les doigts de l'homme, des volutes de fumée s'échappent de son Gouffre entrouvert. Une pensée attire soudain Thalia : si elle Plonge dans le Gouffre de l'Autre, est-ce que tout va être noirci par la fumée nocive ? Cette supposition traine en longueur, refuse de s'en aller. L'enfant n'arrive plus à visualiser autre chose qu'un Monde fripé et noirci, malade. Le Gouffre d'un homme qui fume ; comme l'Autre qui joue avec le gamin assit.

La bataille de regard est toujours là ; chacun jette un regard à l'autre derrière son dos. Et puis le garçon brise la litanie monotone du jeu sans fin ; il se tourne. Un mouvement à peine perceptible, mais ses Perles lourdes qui pèsent sur la petite sont suffisantes pour la faire frémir. *Dégage* Hôte ton regard trop lourd d'elle, garçon impatient. L'Autre n'a pas été capable d'attendre la fin du jeu, une boule d'amertume se forme dans le ventre de la fillette quand elle s'en rend compte. Pourtant, elle sait bien que le jeu n'aurait pas de fin, car le Monde n'a pas de Fin, qu'il est Infini et que l'Infini est sans Fin. La Vie a une Fin, elle, une Fin brusque et imprévue, et cette Vérité est gravée au plus profond de l'âme de la gamine, bien que ce ne soit pas une Certitude. Peut-être une autre Vie commence après la Fin de celle-ci, ou peut-être qu'une autre étape de la Vie commence à la Mort. Tout cela est au-delà du Discernable ; c'en est agréablement frustrant.

*Fumée*

Pourquoi fume t-il, l'Autre qui respecte le Jeu sans Fin ? La fumée dans la gorge, provoque t-elle quelque chose de particulier ? Est-ce que ça réchauffe, est-ce que ça brûle d'une drôle de manière tout son Être ? Cette sensation, la gamine la connait, mais pas dans le même Contexte.
Pourquoi il fume ?

*Qui*

Suppositions.
Qui sont-ils, tous ses Autres sans Nom ? Toi, toi, et toi.
Une rouquine comme ça, elle en a déjà vue une. Une gamine aux cheveux d'Héméra, oui. Où ? Le lieu reste foutrement Invisible, c'est dérangeant. Connaitre sans connaitre.
Rêves Envolées.
Toi, t'es un garçon sans famille qui rêve au Futur en espérant qu'il soit heureux.
Toi, t'es une fille un peu trop seule qui vit dans le Présent en espérant qu'il s'améliore.
Toi, t'es un homme qui se perd dans les erreurs du Passé et qui regrette sans arriver à comprendre que le Temps a passé.
Toi, toi, et toi.
Elle suppose ; elle ne sait rien.
Et elle ?
Elle est qui ?
Elle sait. Ou pas ?
Elle sait plus. Plus vraiment.

Si. Elle est une petite fille Perdue dans le Passé, qui vit dans le Présent sans en profiter et qui rêve à l'Avenir sans savoir ce qu'elle espère. Passé, Présent, Futur. Des Limites, des Frontières qui s'estompent peu à peu. Passé, Présent, Futur. N'est-ce pas un peu la même chose ? Le même Temps, diffracté ?

*Tue*

La Vie tue. La Vie, et la Mort. La Vie est donnée, la Mort est offerte. Certains meurent en méritant de vivre ; d'autres vivent en rêvant à la mort. Vie, Mort. Bien, Mal. Qui est qui ?
La Vie tue, brusquement. La Vie, c'est un serpent vicieux qui s'enroule lentement autour des gens, et qui les bouffe, un jour, comme ça. Maman s'est fait bouffée par le Serpent, Mamie aussi. Est-ce qu'elles sont dans le Royaume souterrain d'Hadès ? *Veille sur elles, Perséphone* Elle prit alors qu'elle ne Croit plus.
Des gens se font bouffer par le Serpent ; mais Thalia, c'est pire. L'enfant s'est fait mordre, un crochet du Serpent a glissé sur sa peau quand il a bouffé Maman, et le Venin est là. Il fait son chemin, peu à peu. Elle est infectée. Elle peut infecter les gens.

*Fumée qui tue*

La Vie tue avec son Serpent. Pourquoi l'homme fait-il cela ? Est-il à ce point idiot ? Il lui fait penser aux imbéciles du Château qui se créent des Prisons dans des pièces minuscules ou dans des Idées reçues alors que le Château et ses Murs de Pierre sont un assez dur Carcan comme cela.

Elle a envie d'aller le gifler. De lui hurler des insultes à la face, de lui murmurer des Mots vicieux à l'oreille. *La Mort va t'prendre, un jour, Autre Imprudent ! À quoi bon t'tuer plus vite, merde ! Lâche ta cigarette, j'suis sûre qu'tu sais qu'elle t'bouffe tout entier mais qu'tu la gardes quand même parc'qu'elle t'réchauffe, qu'elle t'fait du bien dans l'Présent. Arrête, parc'que bientôt, le Présent sera Passé et le Futur sera Présent. Et là, ton Futur, c'est les Remords et la Mort !*

Le Jeu s'est arrêté.
La Pluie tombe toujours mais elle a oublié de compter.
La Fin du Jeu est arrivée.
Que doit-elle faire ?
La Fille-Soleil est avec le Garçon-Tricheur, le Garçon-Solitaire.
L'Homme-Triste a pour seule compagnie sa cigarette de mort.
Qu'est ce qu'elle fait ?

*Vas-y*

Ses mains se posent d'elle même sur le banc, poussent fort pour la relever. Elle relève le visage et laisse les gouttes de pluie lui dégouliner dans le cou, laver ses problèmes. Bientôt, la petite Gil'Sayan est debout, avance vers l'Autre.

Ses Perles se fixent dans celles de l'Homme. *Oui, c'est toi que j'viens voir* Un sourire triste se dessine sur les lèvres de l'enfant. Elle entrouvre son Gouffre, parce qu'elle est juste devant l'Homme-Triste. Qu'est-ce qu'elle doit faire ? *Arrête* Elle ne croit pas au Destin ; elle ne doit rien faire. Elle va faire.

« Pourquoi ? Tant de gens sont aspirés par le Serpent de la Mort, tant de gens nous quittent quand nous aimerions qu'ils restent. Pourquoi hâter sa Mort, pourquoi hâter la Fin ? »

Le murmure s'est échappé de ses lèvres. Sous la pluie battante, l'Autre va devoir écouter profondément pour l'entendre. Mais l'Homme a l'air désespéré, peut-être bien qu'il veut mourir. Comme elle. Ou pas ? Est-ce qu'elle veut mourir ?
Elle ne sait plus.

« Même si l'on pense mériter la Mort, laissons la Vie décider à notre place. Elle est cruelle, beaucoup trop ; jouons son Jeu et cessons de nous perdre dans le Passé ou de rêver au Futur. Le Présent est là, et c'est lui qui déterminera la suite. Si l'on souhaite quelque chose, agissons pour le trouver. Pour saisir notre chance. Et si on l'a déjà laissé passer... on se perd dans les Remords en oubliant de vivre. Mais on en aura peut-être une autre, d'accord ? L'étincelle qui brûle au bout de votre cigarette n'est pas celle de l'Espoir mais celle de la Tristesse. Laissez là partir, s'éteindre sous la pluie... »

L'Homme ne doit pas commettre la même erreur que l'enfant ; il ne doit pas Sombrer. Quand on est tout au fond, c'est toujours trop dur de remonter. La Force n'est que rarement donnée.

*Respire*

Respire, pense à Maman.
Pense à la Pluie qui frappe le sol.
Elle a de la chance, la Pluie.
Elle ne pense pas, ne réfléchit pas.

La petite veut être comme la Pluie.
Fondre pour se transformer en goutte d'eau sans soucis.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

08 déc. 2018, 12:01
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
Azur inspira une fois de plus la fumée de tabac qui émanait de sa cigarette. Son extrémité rougeoyait, insensible aux assauts de la pluie qui faisait vaciller la flamme qui la consumait. Il ferma les yeux tandis que la nicotine se propageait dans ses poumons avant de traverser ses alvéoles brulées. Elle passa peu à peu dans son sang, offrant à son cerveau cette sensation de satisfaction liée au plaisir mortel de la clope. Drogue douce qui tue doucement mais qui tue tout de même. Azur s'en fichait. Il inspira encore plus. Ça le détendait. Pendant qu'il fumait, il ne pensait à rien. Il se concentrait sur la fumée qui parcourait son corps de long en large, elle le transperçait comme un rien. Il rouvrit lentement les yeux après avoir expiré une nouvelle bouffée blanche. C'est fou comme il aimait ça...

Un rapide coup d'oeil en direction du gamin. Il n'était plus seul. Une petite rouquine l'avait rejoint. Bon... Au moins il n'allait pas passer son temps à... à rien faire dans un square vide et pluvieux. La fillette s'assit à côté du bonhomme. Ils n'avaient pas l'air spécialement amis, mais qu'importe ? À cet âge on s'en faisait vite des amis, aucun souci à se faire là dessus. Azur les regarde encore un moment avant de lever les yeux au ciel. Les jeunes..., pensa-t-il. Ils savent pas la chance qu'ils ont d'avoir leur âge et toute cette insouciance... Il ne dit rien. Les gouttes tombaient encore sur la capuche de son imperméable noir, comme des milliers de petits martèlement sur le plastique hydrophobe. Une douce musique pour l'âme disait-on ? N'importe quoi..., songea Azur.

Soudain, un troisième enfant fait son apparition dans ce parc d'habitude si calme. Une gamine. Encore une. Était-elle amie avec les deux autres ? Azur n'en savait rien et il accordait autant d'intérêt à ces êtres insignifiants qu'au mégot cramoisi de sa clope d'hier matin. Pas moyen d'être tranquille ici... L'homme regarda la fillette et remarqua qu'elle dégageait quelque chose de triste et de fade. Elle lui faisait penser à un morceau de charbon blanchi par la cendre, un miroir rayé, un arbre sans feuille. Il fronça les yeux. Quels problèmes pouvait-on avoir à son âge ? Elle ne savait absolument rien de la cruauté du monde. Azur tourna la tête. La vision fantomatique de la gamine lui tordait le ventre, mais lorsqu'elle se dirigea dans sa direction, il du faire face à son regard tout aussi vide et fade que le reste de sa personne.

Maintenant elle était là, juste en face de lui. Elle le dévisageait avec insistance et Azur n'aimait pas ça. Pas du tout, même. Qu'est-ce qu'elle me veut ? Elle lança la première phrase. "Pourquoi ?" avait-elle murmuré. Sa voix était quasiment imperceptible à travers le son de la pluie qui tombait inlassablement sur le sol froid du square. Azur n'aimait pas les "pourquoi" parce que les "pourquoi" impliquaient d'autres "pourquoi" qui en impliqueraient d'autres et ainsi de suite jusqu'à s'enliser dans une farandole de questions inutiles et fatiguant. Dans la vie "pourquoi" ne servait à rien. Il le savait. À quoi bon chercher la cause si la conséquence est tout de même présente. Le résultat est là, et savoir "pourquoi" il est là n'apportait rien à personne. Enfin si, cela apportait simplement d'avantage de confusion.

-"Tu ne te poses pas les bonnes questions, fillette. La question n'est pas de savoir pourquoi, mais comment."

Il prit une nouvelle bouffée, plus profonde encore que toutes les précédentes. Il retint la fumée dans ses poumons le plus longtemps possible avant de la recracher vers le ciel.

"Tu parles de ça, pas vrai ?, dit-il en jaugeant la cigarette fumante qu'il tenait en main. On a tous une façon différente de gérer nos peines, comme tu dis. Certains se plongent dans l'alcool, d'autres dans les livres. Certains s'isolent, se coupent du monde et ne deviennent plus que l'ombre d'eux même, d'autres fument jusqu'à s'en faire cramer les bronches. LA question n'est pas de savoir pourquoi la vie ne leur convient pas, mais comment ils peuvent faire pour rendre leur existence pitoyable un tant soit peu supportable..."

Azur se tut. Il voulu tirer une nouvelle bouffée mais il ne restait quasiment rien de sa cigarette, presque entièrement consumée. Il la lâcha par terre et écrasa le mégot de la pointe de sa chaussure.

"Et toi, Miss ? Qu'est-ce que tu fais là toute seule ? Tu devrais sans doute rejoindre les autres enfants sur le banc. C'est pas moi qui saurai soigner tes peines, j'en suis désolé... J'en ai déjà trop à soigner pour moi même..."

Il se tut.

Gloria è felicità

08 déc. 2018, 20:03
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
Une voix de jeune garçon résonna dans l'air, et s'enfuit bien vite, emporté par la pluie. Solenn s'assit alors, sans d'autres mots, ni trop près du garçon, ni trop loin. La troisième année ne l'avait toujours pas regardé et ne souhaitait pas le faire. Un croisement de regard pouvait amener à trop de choses. Une conversation, par exemple. Les gouttes coulaient sur son visage, chatouillant son nez. Elles caressaient ses mains. La rousse pouvait presque imaginer sa p'tite Lune lui prendre les mains, comme elle aimait tant le faire. Solenn imagina sans mal le regard vert émeraude de la brune se perdre dans le sien. Son visage, si dur et si beau à la fois. La relation que les deux filles avaient ne cessaient de s'agrandir, et dépassait tout ce que la rousse n'avait jamais ressenti pour quelqu'un qui ne faisait pas partie de sa famille. C'était beau et indescriptible. Un indéfinissable et minuscule sourire s'afficha sur ses lèvres fines. Mais il s'effaça très vite, bien trop vite. La réalité venait de la rattraper.
Les paroles de l'inconnu l'avait troublé. Quoi ? Le visage doux de la professeure et directrice de Serpentard s'afficha dans son esprit. Serait-ce possible ? Une coïncidence comme celle-ci était si rare. Comment la jeune fille aurait pu deviner qu'elle s'était assise à côté d'un humain capable de faire de la magie ? La surprise l'avait rendue muette, sa bouche s'ouvrit, se referma, de la pluie s'immisça dedans mais aucun son ne sortit et le garçon se présenta tout simplement. Comme si ces paroles prononcés juste avant n'étaient rien, rien qu'un petit indice de rien du tout.
Pour la première fois, Solenn tourna la tête vers l'inconnu. Des lunettes rondes. Ce profil. Ce nom. Alors, souhaitant avoir plus d'indices à ce jeu que ce "Hugo" avait instauré, et qui commençait à plaire à Solenn, la Serpentard déclara :

-Faudrait pas perdre d'points, les autres t'en voudront. Moi c'est Solenn.

Et, tout en essayant de suivre des yeux une goutte, chose totalement hypnotisante, elle continua d'une voix vague :

-J'aime bien voir les émeraudes tomber...

Cette phrase n'était pas très discrète. Elle allait peut-être perdre le jeu. Tant pis. Elle le savait maintenant. Elle avait compris. Sa baguette caché dans sa grande poche et dont elle avait presque oublié l'existence sembla se réveiller. Elle était joli sa baguette. Mais Solenn ne l'utilisait jamais. Sauf en cours, et encore. Elle n'aimait pas vraiment la magie. Même si sa répugnance pour ce bout de bois s'effaçait d'année en année. Peut-être que l'année prochaine, elle aimerait jeter des sorts. Non. La rousse était nulle. En magie. Sa moyenne le prouvait. Aucun talent. Tout ce qui sortait de ce bout de bois était un filament de magie, alors que ses camarades lançaient des cascades sur leurs scarabées.
Le garçon se retourna, essayant d'apercevoir quelque chose. Mais quoi ? La curiosité l'emportant, la rousse se retourna à son tour, pour voir seulement une silhouette avec une masse étrange faite de fumée tournoyant autour de lui. La française fronça les sourcils. Elle se remit dans sa position initiale. L'homme, car visiblement c'en était un, semblait troubler Hugo. Solenn le ressentait. Pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée, ne connaissant ni Hugo, ni l'homme.
Ses sourcils roux se froncèrent une fois de plus lorsqu'une autre silhouette apparut. Impossible d'entendre la conversation, mais Solenn avait remarqué que la jeune fille avait lancé des mots. Même trop loin pour voir son visage, et aussi trop floue par la pluie, la jeune fille aux longs cheveux rappelaient à Solenn quelque chose. Mais impossible, totalement impossible de savoir. Qui était-elle ? Etait-ce une sorcière ? Oui, sûrement. Solenn ne connaissait plus vraiment de Moldu de son âge. Etrangement, dans ce parc, un rendez-vous de sorciers s'étaient créés. Parce que, et c'était d'autant plus déroutant, la rousse avait l'impression que l'homme était aussi un sorcier. Pourquoi ? Impossible de le dire. Mais cela lui sautait aux yeux, lui paraissait parfaitement clair.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

13 déc. 2018, 08:32
 Chroniques des Emerveyls : Ch II  PAPA
1 et 2

-mais tu as oublié le 3 !- me dira-t-on.

-Oui et non.- telle serait ma réponse.

Je ne l’ai pas mis on est d’accord, mais en ne le prononçant pas, vous avez remarqué qu’il n’était pas là. Alors là seulement, j’aurai attiré votre esprit. Puis je vous aurai engloutit dans la marée noire de mon monde. Comme ça, à chaque fois que vous verrez ces *1 et 2* vous penserez à moi, je m’inciserai dans votre saleté de mémoire mâle foutue, je mettrai à défaut vos idéologies . Tous ces *1 et 2* que vous lirez, ce sera moi, même si ce n’est pas moi. En math, en comptant les moutons. Vous penserez à moi, le mot que votre esprit formera sera Hugo Rolanbri. Hugo Rolanbri, 1 et 2, Hugo Rolanbri, 1 et 2.

La chute est dure.

*1 et 2*

Intérieurement, vous rigolez, vous vous dites, -pas mal son petit tour à lui, mais je vais l’oublier-. Mais je vais devenir un fléau, un cauchemar dont vous ne sortirez pas, spirale infernale.

Du coup, après vous avez 3. Mais après 3 ?

C’est 4, indéniablement. L’infini n’a de limite que celle de votre imagination.

1 et 2.
Moi.



Pour en revenir au banc et pour créer un lien :


La fille rousse s’est finalement assise. Cela fait plaisir. Et ceci entraîne cela, l’expression est bien connue. Elle avait répondu. Et sa réponse avait confirmé mon interprétation. Elle est à Poudlard. J’hésite encore sur la maison. Ce que j’avais dit auparavant était le 1, elle le 2. Alors, il faut un trois, pour terminer la belle suite. Je regarde droit devant moi. Et ma bouche s’ouvre.

“J’préfère les émeraudes émeraudes, pas toi ? Leur couleur est singulière, belle. Faudra que je pense à aller faire mes devoirs, le temps s’égrène, mais le sable ne coule pas, il faudra que j’aide un peu les autres. Tu sais ? Une coupe ne se gagne pas comme ça.”

Alors, je décide de jouer un peu, jouer avec les mots.

“C’est quoi ton sort préféré ?”

J’ai buté sur le [« s »], je sais qui elle est, mais il existe toujours des oreilles indiscrètes. N’importe qui aurait pu comprendre [quel est ton sport préféré ?]. Rien n’est plus simple de jouer.

La vie est un jeu

Jeu
Jou(e)
Mou
Moi

Alors je joue.

Si la fille savait ce que je cachait, peut-être serait-elle partie depuis bien longtemps. Mais tel un vautour, je joue avec la proie, avant qu’elle ne tombe dans mes griffes. *Non ! J’suis pas un de ces vautours bouffeurs de chair ! J’suis mieux que ça !*. Une autre voix susurre le contraire, je suis pire. Ou pas. Damoclès ou le choix éternel. Mes mains se crispent sur mes cuisses.

Je jette un coup d’œil derrière moi tentant d’oublier.

1 et 2. Moi

La quatrième personne a bougée. *où es-tu !!!*. Et je vois. *NON ! PAS LUI ! TU N’AS PAS LE DROIT D’INTERVENIR SUR LUI ! IL ÉTAIT À MOI !*. Ma rage me consume. La personne n’a pas le droit ! Elle a osé quand même, je suis sur qu’elle savait ce que je faisais. *POURQUOI !!??!! POURQUOI TU M’AS FAIS ÇA !!??*. La rage me ferai pleurer, la tristesse quant à elle, fait glisser une de ses gouttes salées le long de la joue.

La personne est une fille, enveloppée dans le nuage blanc-gris de la cigarette de l’homme. *La fille n’a pas le droit !!! Non !! Pas le droit !!*.

1 et 2. Moi

Je veux oublier. Tout oublier. Redevenir comme avant. Sans avoir une seule idée. Aucune pensée. Rien. Rien du tout... me laisser bercer par l’instant présent, qui m’a quitter dès que j’ai songé au passé.

Je le veux. Profondément.

Mais une phrase revient, une phrase tirée de pensées obscure. Je ne sais plus si c’est de moi. « À quoi bon oublier maintenant, puisque mort tu ne seras plus rien d’autre qu’un souvenir. ».

Alors pourquoi oublier ? Pour se séparer de mauvais souvenirs. Alors je tilte. Mon enfance envolée. Je l’ai oubliée... J’ai oublié la vérité. *C’est pas possible ça ! J’suis un gosse comme les autres, c’est juste que j’suis né à six ans*

La vérité. Je veux bien la voir moi la Vérité, qu’elle me dise tout ce qu’il y’a et surtout, tout ce qu’il n’y a pas. Car la Vérité s’est bien gardée de me dire ce qu’il n’allait pas *Hein ouais Vérité ! Tu m’as rien dit ! J’t’attends quand même ! Et puis si tu viens pas, c’est moi qui viendrait te chercher !!*

Mon visage impassible ne reflète rien. Rien de ce qu’il se passe dans ma tête. J’ai toujours été introvertis. Sans jamais, jamais montrer mes émotions. Et pourtant, des fois, j’en aurai un grand besoin. Un grand besoin de pleurer les larmes de mon corps, de rire aux éclats, de tout déchirer autour de moi. Mais quelque chose me bloque, cette impression redoutable. Au cachot les sentiments et je le retrouve seul. Impuissant face au monde.

1 et 2. Moi

Alors le monde continue, et le monde, c’est Toi. Toi tu continues sans moi. Les grains de sables coulent, tombent dans le sablier. Tandis que moi, je suis bloqué en haut, trop gros pour passer. Les grains passent quand même. Et je reste, sans Toi. Ton avenir se forge, plein de choses, d’escales, d’imprévus, de joie ; tandis que lors de Ton voyage, moi, je reste au port. Bloqué dans cette position inconfortable.

Alors, Tu me bouffe.

Et je ne suis plus rien que 1 et 2. Un petit souvenir dans vos esprits, une image floue d’un passé oublié. Tu ne te souviendras pas de moi. Tandis que vos personnes resteront gravées dans la chair de mon esprit.

Alors je pleure.
Assis à côté d’une rousse aux cheveux sales et au cœur pur. Pas loin d’un homme qui se défonce à la cigarette, face à une fille au corps blanc et à l’âme noire.

*Putain de vie*.

Alors pour oublier, je joue.

De toute façon, ce n’est que ça.
Ce n’est qu’un jeu.
La vie n’est qu’un jeu.
Où je ne suis plus qu’un pion sur l’échiquier.
Ce pion qui se fera bouffer par la reine noire.

Hugo Rolanbri-IIème année
Joueur de Quidditch. Artiste à mes heures perdues.
η σιωπή είναι χρυσή