Les mots en italique et soulignés sont pour mon défi d'avril.
Malheureusement, il fut difficile pour Taylor de croire que son amie puisse prendre une stratégie de niveau aussi bas. Elle connaissait cette diversion, un peu trop d'ailleurs, pour l'avoir subie trop souvent. Alors, elle ne préféra pas bouger, restant dans l'ombre de son arbre, attendant avec autant d'attention qu'un commissaire de quartier un suspect en cavale.
Son regard faisait des aller-retour entre le bonhomme de neige et la direction opposée à la voix. Où pouvait-elle bien être ? Pas très loin, mais le nombre de cachettes dans ce recoin était assez élevé. Alors comment faire ? Comment agir, sans trahir sa propre position.
Un excès de frustration la fit serrer les poings. Athéna allait la rendre folle comme un démon pouvait le faire avec ses victimes. Oui, elle était la cible, la proie d'Athéna, comme Athéna était la sienne.
Lentement, elle se mit à chercher du regard, l'ombre de son amie sur l'asphalte, malheureusement, la journée n'étant que peu entamée, les néons de la ville étaient tous éteins et seul le soleil pouvait lui venir en aide, sans pour autant que les nuages ne le cachent comme ils le faisaient en cet instant.

Ce n'est pas juste, le temps se joue de moi, quel traître !

Son regard, empli de mauvaise humeur, pouvait faire comprendre à n'importe qui, qu'elle ne supportait pas d'être vue comme une novice, et surtout de cette manière. Cela en était humiliant.
Un soupir franchi la barrière de ses lèvres, elle serait prête à attendre la moindre trahison du temps sur son amie, quitte à devenir un esquimau vivant sur cette branche d'arbre. Cependant, elle lança un regard en direction des adultes. Eux, savaient sans doute les positions des deux parties, elle devait en avoir les réponses, et l'idée qu'ils n'allaient guère intervenir lui donnait une envie d'user inutilement certaines de ses boules-de-neige pour se trahir et avoir ne serait-ce qu'un peu d'action...

De leur côté, les parents Bagholmes continuaient une longue discussion avec les parents Taylor, tous avaient deviné, sans difficulté, les emplacements respectifs des deux enfants. Ce qui ravivait une certaine flamme dans le cœur de Benedict, il avait vu sa fille se mettre dans un mutisme sans fin depuis de si longues années que la voir si joyeuse avec une enfant de son âge lui paraissait quelque peu étrange et tout bonnement rassurant.

— Je suis content de voir que nos filles s'entendent parfaitement. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu Taylor s'amuser de la sorte, fit-il en replaçant correctement son écharpe. Et votre fille semble être un exutoire de joie, c'est d'un apaisement.

Il pensait chaque mot prononcé, sa fille souriante et heureuse lui avait tant manqué par le passé, que la retrouver avec cette joie de vivre loin de la timidité lui montrait que la page Roxane avait été tournée, mais pour combien de temps ? Combien de temps avant qu'une séparation vienne entacher ce magnifique tableau ?
Tellement de questions sans réponses qu'il ne voulait guère partager, mais dont il n'en pensait pas moins.

Benedict laissa entrevoir un sourire d'amusement en voyant la fillette de la famille Taylor sortir d'elle-même en énonçant le fait de devoir finir en bonhomme de neige si rien ne se passait. Il comprenait, et compatissait, juste avoir l'image de sa propre fille en reine des bonshommes des neiges ne l'aidait pas à retenir un rire.

— Je comprends, sa joie est même communicative.

Finir en bonhomme de neige, en voilà une idée des moins rassurantes. Taylor afficha un regard surpris lorsque son amie sortit de sa cachette pour se jeter dans un tas de neige juste à ses pieds. Alors, elle n'était pas aussi loin qu'elle l'eut crû. Elle venait donc, de se faire rouler dans la farine à chercher la moindre trahison de sa part.
Intéressant et tout bonnement amusant. Le sourire de Taylor se voulut bien plus rude quand Athéna vint à la regarder en lâchant un simple mot : Trouvée. Effectivement, sa cachette venait de se faire découvrir, mais il n'en valait pas plus pour permettre à la jeune Bagholmes de retirer sa veste d'hiver pour la jeter sur son amie.

— Ah bon ? Pourtant, moi, je ne te vois pas, Athéna.

Sa voix se voulait plaisante et un peu moqueuse, avant de descendre de sa branche pour sauter sur le corps recouvert de son amie. Elle n'allait pas la perdre de vue une seconde fois. Prenant de la neige dans sa main, Taylor retira le haut de la couverture de fortune de son amie et lâcha dans une voix pleine de rire :

— Ouvre la bouche, Athéna, l'avion de neige va atterrir !

Imitant ainsi le bruit de l'avion, la jeune Bagholmes étala la neige sur le visage angélique et guerrier de son amie. Oui, Valak venait juste de prendre le dessus sur Satan, et ce, pour la première fois de la journée, sans pour autant oublier que la vengeance était un plat qui se mangeait... Froid !

Les rires se propagèrent entre les deux amies de longues dates, bien avant que Taylor ne se retrouve allongée sur la poudreuse de l'hiver, les cheveux s'humidifiant à une vitesse folle, prenant ainsi cette couleur blanche. Et cela ne semblait guère la déranger, comme si ce n'était pas la première fois que cette situation arrivait, aimant cela au contraire. Elle sentait sa joie, son envie de continuer cette bataille, et surtout, ressentait pour une énième fois un sentiment d'amitié puissant, un sentiment qui depuis Roxane avait été rare, précieux et destructeur. Pourtant, cette fois, tout fut à son avantage, elle ne risquait pas de les perdre, un démon ne pouvait pas perdre un démon, une amie qu'elle considérait comme une sœur à aider, soutenir et qui faisait la même chose en retour.
Taylor laissa donc Athéna faire tout ce qu'elle voulait d'elle, si elle pouvait la voir sourire en réponse à ses actes, alors elle faisait. Son sourire s'accentua à la remarque de son amie, elle n'avait pas tort en fin de compte.

— Tu sais Valak, les cheveux blancs ça te va pas si mal.
— Oui, je sais, je sais, Athéna. Mais toi, ça te va aussi, Satan des neiges !

Elle lança de la neige sur son amie, avant d'éclater de rire en chantant une partie d'une chanson d'époque, recommençant ses gestes avec une répétition inépuisable.

— Libérée, Délivrée, je ne mentirais plus jamais, Libérée, Délivrée, c'est décidé, je m'en vais.

Les rires prirent le dessus sur toutes choses de l'existence pendant quelques instants que même le froid et ses conséquences ne furent que secondaires et obsolescences. La jeune enfant qu'avait été Taylor ressentait juste le besoin de passer ce temps précieux avec sa nouvelle meilleure amie, membre de la famille qu'elle avait choisit, membre de sa famille que lui avait gentiment offert l'école de sorcellerie. Alors, elle profitait du moindre moment de joie que la vie lui offrait comme si ce jour présenté représentait le dernier de sa jeune vie.
Le cœur battant la chamade, le souffle chaud, elle s'extasiait, subissait les méandres du bonheur, d'une joie trop longtemps contenue par le passée. Elle jubilait comme si cette vision subsistait comme la renaissance d'une simple amitié. Et, sans aucun doute, Taylor aimait cela.

Au loin, le regard des parents à l'égard de leur progéniture se faisait bien plus insistant. Aucun n'avait pu laisser échapper la vision des tremblements austères des enfants causés par le froid occupant Londres en cet hiver deux-mille-quarante-trois.
Benedict adressa un regard à ses pairs, l'idée de rentrer réchauffer leurs enfants tailladant son esprit, tout en gardant en tête de que cette rencontre était sans doute bien trop rapide pour qu'ils puissent acceptés son offre.

— Souhaiteriez-vous venir dans notre demeure familiale pour que nos filles puissent continuer de s'amuser ensemble et pour ainsi leur permettre de se réchauffer par ce temps d'hiver, et ainsi, puissiez aussi bénéficier d'une tasse de boissons chaudes à votre convenance et ainsi discuter dans de meilleures conditions hermétiques ? présenta-t-il à l'encontre de ses nouveaux compagnons de vie.

La surprise frappa de plein fouet la jeune élève de Gryffondor, son amie, sa meilleure amie découvrirait dans quelques minutes sa demeure, sa maison et surtout l'antre de sa vie : Sa chambre. Comment réagirait-elle lorsqu'elle verrait les nombreux manuels d'histoire posés contre le mur, ainsi que le blason des quatre maisons de Poudlard peint sur la devanture de son lit ? Elle semblait terrifiée, car elle ne connaissait pas à l'avance la moindre des réactions de sa camarade ?

Elle hocha donc distinctement la tête, elle devait faire avec bien qu'elle n'en fut absolument pas prête. Jamais elle n'avait laissé quelqu'un découvrir une grande part d'elle depuis Roxane. Jamais elle ne s'était permis de se dévoiler bien plus que ses apparences.


— Euh... ouais... ouais...

Son regard masquait tout de même l'incrédulité de la peur. Elle allait faire avec, et répondrait à la moindre demande de son amie.

J'espère qu'elle ne fuira pas la quantité monstrueuse de livres sur l'Histoire de la Magie, comme Ulysse peut le faire lorsqu'il voit un simple livre, et ce, qu'il soit ouvert ou fermé.

Sa pensée s'effaça alors qu'elle enfilait son manteau, attrapant au passage la main de son amie, elle devait la guider jusqu'à la maison, oubliant totalement qu'elle devait lui présenter sa grand-mère maternelle ainsi que son grand-père paternelle puisqu'ils vivaient encore tous deux avec sa famille.
Rejoignant ainsi leurs parents, Taylor afficha un sourire gracieux à son père, elle ne pourrait jamais le remercier de briser ses barrières sans lui demander son avis. Il avait raison cependant et elle ne put que le comprendre lorsqu'il lui rendit son sourire.

— Je suis heureuse que vous ayez accepté la demande de mon père, Monsieur et Madame Taylor, fit Taylor d'une manière assurée, comme si le simple fait de tenir la main de son amie lui prodiguait force et courage, de vraies qualités que possédaient les véritables Gryffondor.

Mais moi, suis-je sincère ? Certainement quand il s'agit d'Athéna, mais pourquoi ?

Mille excuse pour le retard Valak u.u