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29 avr. 2019, 11:29
Le Poisson-Chat  — Edward P. 
Une soirée pluvieuse,
Avril 2044.


Le parapluie de Narcyz se faisait bousculer par d'autres parapluies pressés. Le professeur d'étude des runes n'avait probablement pas choisi le meilleur itinéraire en ce samedi, et lui qui n'aimait pas la foule se retrouvait à se dandiner pour éviter de toucher qui que ce soit. Les rues de Londres étaient bondées, et il se maudissait d'avoir choisi un samedi pour visiter, c'était une erreur à ne pas reproduire. Le talon de ses Richelieu noires bien lustrées, à la coupe tout à fait formelle - il refusait d'acheter celles à bout fleuri et aux broderies omniprésentes, l'homme préférait la simplicité - cognait durement sur le bitume humide alors qu'il repassait dans sa tête le film de sa journée.

Narcyz était resté près de Charing Cross Road, qu'il connaissait un peu mieux et qui lui offrait une sortie de choix en cas de pépin. Il avait visité les nombreuses galeries d'art du coin, le dos bien droit, le regard dur, comme s'il critiquait en son fort intérieur chacune des œuvres. Il les appréciait pourtant, et manqua même d'acheter une des œuvres pour la placer dans ses appartements, à Poudlard, mais il manquait malheureusement d'argent et avait failli présenter à l'artiste qui vendait en personne ses œuvres quatre gallions.
La chance lui avait souri un peu plus tard, alors qu'il observait l'architecture ancienne des bâtiments de Liberty London. Il trouva au sol, à peine trempé comme s'il venait juste de tomber, un billet de 50 livres sterling. C'était trop tard pour acheter une œuvre, il n'était même pas certain de retrouver son chemin jusqu'à la galerie, mais même si les lumières avaient été allumées suite à l'obscurité du ciel gris, la nuit n'allait pas tomber pour tout de suite et il pouvait continuer son exploration timide.
Mû par une curiosité de son entourage qui ne lui était pas caractéristique, il finit par entrer dans un petit bar, coincé entre deux bâtiments aux poutres marrons imposantes. Le bar s'appelait Le Poisson-Chat, c'était assez intriguant pour que Narcyz y rentre après une analyse scrupuleuse du menu à l'entrée, qui ne proposait pas grand chose. Lorsqu'il avait présenté son billet pour une pinte de bière à la pression, un duo de vieux excentriques s'approchèrent de lui en lui sommant de payer une tournée et en lui souhaitant la bienvenue.

L'homme n'avait pas pu d'alcool depuis bien longtemps, mais écrasé par la présence imposante des deux hommes, il plongea le nez dans des verres d'alcool dont il oublia le nom tout aussi rapidement. Ses collègues et élèves ne l'auraient pas reconnu, avec son visage tout rouge, les yeux rieurs et victime d'un manque flagrant de stabilité. Le bras levé au comptoir, il marmonnait des mots avant de lever le ton - faisant sursauter quelques autres clients par la même occasion - en faisant une leçon incohérente et moralisatrice à une décoration de mauvais goût : personne ne savait bien de quoi il était question.

— Allons bon Vlad', regarde c'que t'as fait du p'tit gars ! s'exclama un des hommes à la calvitie prononcée avant d'éclater de rire. Narcyz tourna la tête vers l'homme, le pointant du doigt et ouvrit la bouche pour dire quelque chose qui ne vint jamais. Il s'assit à nouveau au comptoir, une main le soutenant.
— Vous avez bien d'la chance vous, les moldus. C'est pas à Poudlard qu'on - la phrase ne trouva jamais de fin, et le trentenaire posa sa joue contre son bras allongé sur le comptoir. Son séjour à Poudlard n'était jusque là que le reflet de sa vie, toujours bien rangée, mais son altercation éclaire avec Sigmund l'avait touché plus que ce qu'il ne se l'avouait. Observer les élèves lui rappelait son enfance, et son frère et des souvenirs heureux - ou plus sombres - qu'il avait pensé avoir enterré depuis bien longtemps. Il soupira longuement sous les regards perplexes du duo et du barman qui n'avaient pas compris un traitre mot de ce qu'il avait voulu dire.

Professeur en carton à temps plein.

05 mai 2019, 20:44
Le Poisson-Chat  — Edward P. 
Personne n'aurait pu présager au début de l'après-midi que la pluie allait s'abattre sur la cité de Londres. Le ciel était d'un bleu qu'on n'avait pas eu depuis l'automne dernier et aucun nuage ne venait se profiler à l'horizon pour noircir le tableau. Avec une météo aussi clémente, il était normal de découvrir les rues londoniennes vivantes comme jamais. Les familles étaient de sortie dans les parcs pour jouer au frisbee, cerf-volants et autres jeux dont les moldus raffolent, sous les yeux envieux des personnes âgées assises sur les bancs.

Ayant envie de profiter de ce beau temps, Edward Penwyn s'était rendu au Chemin de Traverse pour y faire quelques emplettes. Comme attendu, l'allée marchande sorcière était tout aussi bondée que le Londres moldu, et il avait dû se frayer un chemin parmi la foule pour attendre les boutiques. Entre l'achat de friandises pour son hibou et d'un nouveau jeu de cartes magiques - son précédent exemplaire n'ayant pas survécu à une soirée bien arrosée -, il avait rencontré un collègue de travail et sa fille à la glacerie et s'était arrêté un bon moment pour discuter avec eux.

Après être repassé par le Chaudron Baveur pour retourner dans le monde moldu, Edward constata avec surprise que le temps avait radicalement changé : le ciel s'était assombri et une averse s'abattait sur une ville désormais grise. Il était bien trop tard pour qu'il s'attarde au pub sorcier en attendant la fin de la pluie. Courant vers le kiosque à journaux le plus proche, il se saisit du premier journal papier sans en regarder l'éditeur et donna quelques pièces au kiosquier pour s'acquitter de son dû. Avec l'abri de fortune que lui conférait le journal déplié sur la tête, Edward courrait dans les rues de Londres pour rejoindre son appartement. Néanmoins, la pluie ne semblait pas vouloir s'arrêter, et il dût se résigner à chercher un abri à mi-chemin. À quelques mètres de lui se trouvait l'entrée d'un bar dans lequel il avait déjà eu l'occasion de boire quelques coups avec des amis moldus : Le Poisson-Chat.

C'est les cheveux dégoulinants et les habits trempés - un journal n'est pas une bonne idée pour se protéger de la pluie, il le saura - que Edward rentra dans le bar. S'avançant vers le comptoir, il ne prit pas la peine de scruter les occupants de la pièce du regard et s'apprêtait à commander une bière bien fraîche lorsqu'un mot dans une conversation avoisinante attira son attention. Moldus ? Se pourrait-il que... Son regard qui était pourtant si enjôleur et rayonnant d'habitude se changea en un masque de froideur lorsque le mot Poudlard parvint à ses oreilles. L'homme qui venait de faire allusion au monde magique ici était facilement distinguable des autres de par sa taille et ses cheveux quasi-blancs. En observant l'expression interloquée des autres, Edward sût qu'il s'agissait de réels moldus et que l'homme venait de commettre une infraction au secret magique sous le coup de l'alcool. *Je ne peux même pas être tranquille un seul week-end, toujours des sorciers pour ne pas savoir se tenir* 

Après avoir soupiré longuement, le Gallois contourna les deux hommes avant de tapoter l'épaule du sorcier bavard pour attirer son attention. Il avait retrouvé son sourire - du moins tentait-il d'en avoir un en apparence - et regarda tour à tour les trois hommes qui semblaient être perdus.

- Oh, tu connais ce jeu ? s'exclama-t-il en direction du sorcier avant de dire pour les moldus : C'est un nouveau jeu à la mode, c'est sorti il y a quelques semaines. J'sais pas si vous connaissez des MMORPG en VR ? C'lui là se passe dans le royaume de Pou du Lard, où il y a une guerre entre les mauldurs et les orcs.

Voyant les visages décontenancés des moldus, Edward savait que son discours avait fait son effet. Travailler au bureau de désinformation lui avait appris à inventer des excuses rapidement. Celle-là n'était certainement pas la meilleure qu'il n'ait jamais sortie, mais elle ferait son travail. Il se retourna alors vers le sorcier, tapotant une autre fois sur son épaule et lui dit :

- Viens-là, ne les ennuyons pas plus longtemps ! Prenons cette table là-bas, dit-il en pointant de son index une table dans le fond, nous pourrons parler du jeu Azkaban ensemble sans les importuner. Bonsoir messieurs finit-il par dire aux moldus en les saluant d'un geste de la main avant de se diriger vers la table qu'il avait indiqué.

Il avait fait exprès de ne pas déguiser sa menace aux yeux du sorcier, en employant le nom de la célèbre prison des sorciers désormais fermée depuis plusieurs années, afin d'être sûr qu'il le suive et qu'il ne reste pas auprès des moldus à révéler l'existence du monde magique.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » #PouffyFamily