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04 août 2019, 23:38
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
Londres, début août 2044


Une réunion d’anciens élèves. Quelle idée avait bien pu traverser son esprit ainsi ? Se rendre à ce genre de rencontre qu’elle détestait, qu’elle ne supportait pas. Pourquoi s’infligeait-elle cela sans broncher ? C’était sans doute sous l’appui beaucoup trop bienveillant de sa mère. L’insistance de cette dernière à vouloir que sa fille aille se montrer. Qu’elle dise à tous ceux et toutes celles qui voudraient l’entendre qu’elle travaillait à la Citadelle. C’était les mots qu’elle avait employé. Il ne s’agissait donc pas de revoir de quelconque connaissance que la sorcière aurait pu oublier avec le poids des années, non. Il s’agissait simplement d’être encore le faire-valoir de la famille Taylor. S’affirmer en digne héritière de la lignée de laquelle elle venait, comme un chien qui exposerait son pedigree. Rien de plus, rien de moins.

Et la sorcière, elle, avait une nouvelle fois acceptée les demandes de sa génitrice. L’esprit beaucoup trop occupé à ressasser ses différentes rencontres dont sa mère ne savait rien. D’abord Ursula Parkinson et sa proposition sur Poudlard. Ensuite la directrice de l’école, Loewy et son entretien assez … particulier ? Cela interrogeait la jeune femme, la mettait dans une position aussi nouvelle qu’inconfortable : faire les choses pour elle, elle ne savait pas faire. Elle allait sans doute devoir, non pas penser différemment, mais oser dire les choses, simplement.

Ne serait-ce qu’oser dire à sa mère qu’elle n’avait pas une seule envie d’y mettre l’ombre d’un pied à cette satanée réunion d’ancien élève. Organisée par une vague connaissance de Poudlard, la soirée avait lieu dans un bar chic du centre-ville Londonien. Sans doute que quelques protections avaient été mises alentours, Joanne n’en savait trop rien. Les temps étaient sans doute durs pour certains sorciers, mais pour elle, issue d’une famille de sang-pur et travaillant actuellement à la Citadelle, elle n’avait pas trop de souci à se faire.

Arrivant au lieu-dit de la soirée, poussant un loooong soupir alors qu’elle ouvrait la porte de l’établissement, nul n’aurait pu voir ou comprendre le dilemme qui se jouait dans l’esprit de la jeune femme. Cette sensation de ne pas être au bon endroit pour les bonnes raisons qui venait sans cesse la hanter. Mais là, face à ce monde qui s’offrait à elle, elle donnait encore une image fausse, mensongère. Une femme sûre d’elle, dans un tailleur d’un noir trop parfait. Issue de l’aristocratie qu’elle devait représenter alors qu’elle n’en avait ni les valeurs, ni les envies de grandeurs.

Dans cette illusion de la perfection, la jeune femme se complaisait alors sans problème. Mais depuis les interrogations de Kristen Loewy, qui semblait avoir déverrouillé la cage dorée, la sorcière avait des envies d’ailleurs de plus en plus oppressantes. Elle devait se contenir, faire face. Comme d’habitude. Alors parée d’un sourire de façade, elle salua simplement « Bonsoir tout le monde … ». Face à des visages qui ne lui disait plus rien. Sauf l’ennui qu’elle allait vivre ce soir, à n’en pas douter.

06 août 2019, 20:58
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
 « ... paléobotanique à l'institut de Paris. Et toi, tu deviens quoi ? Tu as vachement maigri depuis la dernière réu Eddy, tu es sûr que tout va bien ? »

Ce n'était pas la première remarque dans ce genre que Edward se prenait depuis le début de la soirée sur sa perte de poids soudaine, mais il ne pouvait en vouloir à aucun de ses anciens camarades de Poudlard. Depuis le renversement du Ministère de la Magie il y a trois mois de cela, le sorcier avait dû casser sa routine épicurienne en cessant de vivre le moment présent pour se consacrer à une mission plus grande que sa propre individualité : lutter contre le nouveau régime en place afin qu'aucun sorcier, lui compris, n'ait à vivre dans la terreur de se faire arrêter sous prétexte de ses origines ou idéaux. Seuls quelques mois de ce nouveau style de vie avait profondément et durablement changés sa personnalité. Il n'était plus question d'être idéaliste et rêveur, Edward était désormais terre à terre et ne cessait de surveiller le moindre détail du monde qu'il l'entourait.

Il aurait facilement pu renoncer à venir ce soir, mais qu'auraient pensé les sorciers si l'organisateur de la rencontré n'avait même pas été présent ? Car oui, depuis que la promotion 2030 de Poudlard avait quitté les bancs de l'école, Edward avait participé avec enthousiasme à la préparation de chacune des rencontres avec ses anciens camarades afin que leurs relations ne s'effritent pas avec avec le temps. Celle-ci étant prévue depuis décembre, il lui avait été impossible de se défiler et avait choisi de tirer profit de la rencontre. Même si le barbu n'avait pas l'esprit à la fête, il pourrait sans doute recueillir de précieuses informations auprès de ses anciennes connaissances pour la guerre à venir. Ayant été préfet de Poufsouffle à partir de leur 5ème année d'études, Edward avait été et restait populaire parmi ses camarades de classe, et il profitait des restes de sa notoriété pour amadouer les personnes présentes dans le bar.

Durant presque une demi-heure, il avait discuté avec les sorciers qui avaient libéré du temps dans leurs emplois du temps pour venir. Le Gallois sourirait, riait, mais il ne fallait pas s'y méprendre. Il arborait un masque, le masque de lui-même quelques mois plus tôt avant que le déluge n'arrive. Pour prétendre que tout allait bien et ne pas attirer de soupçons, Edward jouait un rôle qui ne lui convenait plus. S'apercevant qu'une nouvelle sorcière venait de rentrer dans le bar et semblant la reconnaître, il alla à sa rencontre.

« Oh.. Joanne, dit-il en la reconnaissant. Tu as pu venir, c'est cool ! »

L'homme sourit en regardant la femme qui se tenait devant lui. Il ne savait pas si elle le reconnaissait, mais il avait supposé que oui en lui adressant la parole. Les deux sorciers n'étaient que de vagues connaissances d'école, mais il savait suite aux dernières réunions des anciens qu'elle se trouverait être une bonne camarade pour déguster un whisky pur-feu.

« Viens on va au comptoir, on va commander à boire, tu arrives tout juste et tu dois avoir envie de prendre quelque chose. Tu pourras me raconter ce que tu deviens depuis ces dernières années. »

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » #PouffyFamily

11 août 2019, 20:55
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
Elle avait son masque d’apparat, ce sourire à toute épreuve qu’elle gardait en toutes circonstances. Voilà ce qu’elle était devenue, une ombre. Elle conservait pourtant son apparence alors qu’on s’approche d’elle, alors qu’on venait à sa rencontre. Quelqu’un qui semblait beaucoup mieux la connaitre qu’elle ne le connaissait. Elle cherchait dans sa mémoire, voulant se rappeler de ce visage qui ne lui était pas inconnu, mais pas forcément connu non plus. Elle cherchait, cherchait dans sa mémoire. Jusqu’au déclic. Penwyn. Le prénom lui échappait encore mais peu importe, elle arrivait à remettre le nom sur un visage aminci.

La proposition de l’homme ne laisse que peu de place au doute sur l’acceptation de Joanne. Comment refuser de boire un verre ? Elle vient d’arriver dans un bar où elle n’avait pas spécialement envie d’être. Alors autant en profiter. Juste un peu. Sourire de façade qui reste toutefois, parce que « raconter ce qu’elle devient » est exactement ce pourquoi elle est ici aujourd’hui. Pour faire valoir ce que devient l’illustre famille Taylor. Elle se moque d’elle-même, de sa famille. De ce qu’elle doit faire ici.

S’installant au comptoir, la jeune femme offre son meilleur sourire alors qu’elle commande un cocktail au nom alambiqué et aux alcools suffisamment forts pour l’adoucir un peu. Rien qu’un peu. « Tu sais, il n’y a rien de très passionnant à mes journées ». Elle sourit encore, se rappelant soudainement de son prénom. Edward. Eddy. Jamais elle n’aurait osé l’appeler comme cela à Poudlard. Les images sont floues, les souvenirs un peu trop vagues pour être honnête. La vision d’un jeune garçon qui protège et éloigne des ennuis. Son sourire s’agrandit à cette nostalgie presque enfantine qui règne dans son esprit.

« Et toi, tu deviens quoi ? », elle le détaille, presque de haut en bas, et se rappelle les précédentes rencontres, de loin. Des autres réunions d’anciens élèves. « Tu as des soucis en ce moment ? Tu as l’air … fatigué ». Le mot idéal pour camoufler tout ce qu’elle aurait bien pu dire à la place. Il avait l’air malade, comme rongé par un mal invisible qui grignotait chacun de ses pores. C’était quelque peu effrayant pour la sorcière. L’invisible fait toujours peur, beaucoup plus que le mal que l’on perçoit aisément.

Mais presque instinctivement, ayant peur de s’être montrée trop curieuse, trop indiscrète, elle dérive la conversation sur les autres invités. Sur le monde alentour. Elle pose une question innocente, destinée à faire changer de sujet. « Tout le monde est arrivé ? ». Elle n’a pas spécialement envie que l’homme se voit obligé de lui confier des choses qui ne la regarde pas, au fond. Peut-être est-ce un peu trop tard pour cela désormais ? Elle se mord presque la langue, laisse passer une légère grimace avant de reprendre son sempiternel sourire de façade. Toujours sauvegarder les apparences, jamais laisser passer la moindre information, le moindre sentiment. Soupir intérieur face à ce qu’elle est devenue et face à ce qu’elle ne pourra jamais être.

15 août 2019, 21:28
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
Comme il s'y attendait, Joanne n'eut pas besoin de réfléchir très longtemps pour accepter sa proposition. Les deux adultes avaient visiblement bien besoin de se rendre au bar pour se libérer l'esprit. Edward n'en pouvait plus des remarques de ces anciens camarades de classe sur son état ou ce qu'il faisait de sa vie depuis que le Ministère avait chuté, mais qu'en était-il pour Joanne ? La femme venait à peine d'arriver, ne voulait-elle pas dire bonjour aux autres adultes avant de boire un coup ? L'homme tourna en partie son flanc en direction du comptoir avec un grand sourire sur le visage, lui signifiant ainsi de passer devant. La suivant en silence, il s'assit à ses côtés et attendit qu'elle commande un cocktail - il ne se permit pas de juger de sa commande farfelue - avant de demander à son tour un whisky pur-feu au serveur.

- Arrête, je suis sûr que ta vie est bien plus palpitante que la mienne en ce moment.

Il venait de lui mentir, sans la moindre hésitation ou le moindre remord, car il ne pouvait pas révéler ce à quoi il passait ses journées. Pas à elle, ni à qui que ce soit présent dans cette pièce. Il y avait beaucoup trop d'oreilles indiscrètes ici pour qu'il puisse parler ouvertement du réseau de résistance qu'il était en train de monter avec ses amis contre le gouvernement d'Ursula Parkinson. Et puis, de ce qu'il arrivait à se souvenir, la famille de Joanne faisait typiquement partie des familles capable d'adhérer aux idées du nouveau régime. Les avait-elle suivi dans le procédé ? Sa camarade de Poudlard le questionna ce qu'il devenait, le regarda de haut en bas avant de lui demander si il avait des soucis. Le visage d'Edward se renfrogna dès lors que l'ancienne Gryffondor eut fini de parler. Lui qui pensait pouvoir éviter ce genre de questions avec Joanne, c'était raté. Sa voisine de comptoir sembla remarquer l'indiscrétion de sa question et lui demanda si tout le monde était arrivé. Mais Edward préféra répondre à sa première question.

- J'ai eu quelques soucis depuis le changement de gouvernement. Je travaillais au Ministère de la Magie, donc je suis au chômage depuis plus de trois mois. Il m'est impossible de me rendre dans les lieux sorciers sans me faire fliquer, j'ai vraiment l'impression d'être plus moldu que sorcier par ces temps ...
 
Au même moment, le serveur coupa leur conversation en leur apportant les deux verres qu'ils avaient commandés. Cette pause permit à Edward d'arrêter de parler de lui et de s'enfoncer dans le non-dit. Prenant son propre verre, il regarda son ancienne camarade de classe et dit :

- À la nôtre ! Puissent nos vies devenir moins banales et ennuyantes !

Et il cogna son propre verre contre celui de Joanne en lui adressant un sourire des plus chaleureux. Il se rappela qu'elle avait été plutôt évasive sur ce qu'elle faisait actuellement, et puisqu'elle l'avait questionné sur ses changements physiques, Edward n'eut aucun scrupule à lui reposer la même question.

- Alors, tu m'as pas dit, c'est quoi ton travail maintenant ? Tu fais quoi de tes journées ?

Avant que la femme n'ait pu répondre à sa question, il en profita pour boire une première gorgée de whisky pur-feu. La chaleur du liquide qui coulait le long de son œsophage le réchauffa et il regarda Joanne avec un sourire encore plus grand.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » #PouffyFamily

18 août 2019, 18:53
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
Il y avait du mensonge dans l’air, plein de mensonge. Mais ni l’un, ni l’autre, ne semblait s’en rendre compte pour l’instant. C’était sans doute mieux ainsi, beaucoup mieux oui. Elle et son sourire de façade qu’elle ne quittait pas. La conversation se poursuit, il indique que sa vie est sans doute plus palpitante que la sienne. Elle reste de marbre, le regard plongé dans celui de son interlocuteur. Passionnante, cette vie-là ? Elle n’en était pas certaine mais elle ne ferait aucune remarque. Ce n’était pas le temps pour ça. Joanne avait bien compris qu’elle avait mis les pieds là où il ne fallait pas, le camarade de Poudlard qui semblait enjoué quelques instants auparavant s’était renfrogné.

A mesure qu’il parlait, elle se sentait fondre, littéralement. Parce qu’il évoquait les restrictions que le Conseil des Sorciers avait mises en place. Il était fliqué par le gouvernement pour lequel elle travaillait. Si quelques instants auparavant elle avait cru pouvoir se détendre, la sorcière devait bien l’admettre, la détente n’allait pas durer. Elle crut voir une porte de sortie – bienvenue – en la personne du serveur qui apporta leur commande. Elle l’observa prendre son verre, en fit de même presque en miroir, et répondit par un sourire à ce toast bienveillant.

Et c’est à ce moment précis, au moment même où le verre de la jeune femme atteignit ses lèvres, qu’il pose la question que Joanne redoutait. Prenant grand soin de ne pas recracher l’intégralité de son verre sur son ancien camarade de classe, elle repose son verre sur le comptoir avec une brutalité qui ne lui ressemble pas. Elle contient également le hoquet de surprise qui veut se frayer un chemin vers la sortie, comme la sorcière à cet instant. Une fuite en avant qui serait inespérée.

« Et bien … » une longue pause, un long soupir alors que ses yeux azur n’ont pas quitté le visage aminci qui lui fait face. Et bien tu vois Eddie, je travaille à la Citadelle, ce haut lieu mirifique qui te fait vivre comme un paria. Non, elle ne pouvait pas lui dire ça, elle le savait. Pourtant la question était posée et elle devait y répondre. Alors, prenant une bouffée d’oxygène nécessaire à sa survie, la sorcière lâcha un « Et bien, je travaille comme archiviste, à la Citadelle, justement … » avant de lâcher un rire nerveux.

Sentait-elle que sa révélation n’allait pas être au gout de Penwyn ? Il suffisait simplement de repenser à son petit laïus d’introduction pour savoir que la soirée allait être encore moins joyeuse que prévue. Elle ne lâchait pas son sourire de façade, pas plus que sa main ne lâchait son verre, sur lequel ses doigts dansaient nerveusement. Une valse un peu trop rapide, manquerait plus que son cocktail s’étale sur le comptoir et la soirée serait vraiment parfaite. Mais après tout, pourquoi cela la mettait-elle si mal ? Y’avait-il au fond de la conscience de Joanne, une petite voix qui s’animait, s’éveillait ? Etait-il possible que quelque chose la perturbe ? Ou était-ce le simple fait de voir l’homme face à elle, qui semblait malade, aminci, fatiguée. Véritable preuve vivante de ce qu’était la politique d’Ursula Parkinson.

20 août 2019, 21:01
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
Après avoir trinqué avec son ancienne camarade de classe, Edward but une première gorgée de whisky pur-feu en attendant qu'elle réponde à sa question. Il tentait d'imaginer sa réponse en attendant qu'elle décide à lui l'avouer, ne remarquant pas qu'elle hésitait longuement à lui le dire. N'osait-elle pas dire qu'elle était bibliothécaire dans une école moldue ? Ou peut-être vendeuse pour une boutique du Chemin de Traverse ? Oh non, et si elle était femme au foyer à s'occuper d'une ribambelle de mioches ! L'homme s'attendait à tous, sauf à la réponse qu'elle lui donna. La surprise fut tellement grande qu'il ne put s'empêcher, même en mettant sa main devant la bouche, de recracher une bonne partie du spiritueux qu'il était en train de savourer sur le comptoir. 

En temps normal, le sorcier aurait été fortement gêné de s'être mis dans une telle situation, mais il se contenta d'essuyer le coin de sa bouche avec son poing droit et de regarder fermement Joanne. L'attitude assez posée qu'il avait tenté de maintenir depuis le début de la soirée disparut en une fraction de seconde, son corps se raidit et un regard noir parcourut ses yeux en regardant Joanne. Devant lui, ne se tenait non plus une vague connaissance, mais l'ennemie, une femme ayant accepté de travailler pour le régime tyrannique d'Ursula Parkinson en connaissant parfaitement ce dans quoi elle s'engageait. Le rire nerveux de la femme ne fit qu'envenimer la situation, et dans un excès de colère, sans doute provoqué par la fatigue, Edward tapa du poing sur la table, renversant une faible quantité du contenu de son verre sur le comptoir. Il se tourna vers elle, pour ne pas que les autres sorciers puissent entendre ce qu'il avait à dire - il ne voulait pas attirer plus d'attention qu'il ne venait déjà de faire et lui dit sur un ton mauvais :

- Tu as perdu tout sens de la moralité ou quoi ? Travailler pour ... elle ? Supporter un régime ségrégationniste qui cherche à reléguer les Nés-Moldus comme des sorciers de seconde zone ?

Un regard de dédain traversait son visage tandis que ses lèvres se retroussaient. Où était passé la Joanne Taylor qu'il avait connu à Poudlard ? Ils n'avaient jamais été de grands amis à Poudlard, loin de là, mais Edward se rappelait encore très bien la fois où il l'avait sorti d'un mauvais pas. Ennuyée par d'autres élèves de Poudlard qui s'en prenait à elle à cause de son côté marginal qui n'aimait pas se mêler à la foule, l'ancien préfet de Poufsouffle avait pris sa défense en faisant fuir ses brutes. Jamais il n'aurait cru qu'elle puisse renverser la situation et se mettre à son tour à marginaliser d'autres personnes.

- La Joanne Taylor que j'ai connu à Poudlard, et que j'ai défendu contre cette bande d'imbéciles qui lui cherchait des noises aurait honte de toi, pestiféra-t-il en agitant les mains sous l'énervement. Tu penses être devenu une femme plus forte en te comportant ainsi ? Te comporter comme tes agresseurs de l'époque, il y a que ça de vrai, hein ? Tu ne vaux pas mieux qu'eux, voilà tout.

Pour se calmer, Edward se tourna à la perpendiculaire du comptoir pour ne plus avoir Joanne dans sa ligne de mire et but d'une traite son whisky pur-feu à peine entamé, lâchant même une grimace lorsque le liquide entama sa descente dans son estomac.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » #PouffyFamily

21 août 2019, 00:17
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
Une gerbe de whisky pur-feu plus tard, quelques secondes qui défilent, tout au plus. Et la cruelle sensation qui s’empare des viscères de la jeune femme : elle a commis une erreur. Elle l’avait senti venir, bien entendu, mais elle était là pour ça alors il fallait bien qu’elle assume un peu. Son regard défaille, s’attarde sur le verre qui tourne entre ses doigts. Elle sursaute lorsque le poing d’Edward s’écrase sur le comptoir. Elle tremble presque lorsque son regard croise celui de son ancien camarade. Un noir intense, un visage déformé par la colère. Elle n’a pas envie d’entendre ce qu’il veut lui dire, elle n’a pas envie de subir cette colère quand elle-même se résout à survivre plutôt qu’à vivre. Elle déglutit alors qu’il lui fait face, et crache ses premiers propos sur un ton déplaisant.

Elle écoute, les yeux oscillant parfois entre le regard noir de son interlocuteur et son verre qui n’a de cesse de tournoyer. Elle a perdu le gout à ce cocktail, elle ne veut rien de plus que s’enfuir à toutes jambes de ce bar, de cette réunion à laquelle elle n’aurait pas dû assister, de cette vie dont elle est seulement spectatrice et jamais actrice. La haine qui habite Edward vis-à-vis d’Ursula Parkinson ne laisse que peu de place au doute à la sorcière : elle ne ressortira pas vraiment indemne de la discussion.

Il y a les mots, le discours profondément empli de mépris. Mais il y a surtout le regard, ce regard colérique, son visage traversait par la hargne. Elle n’aime pas ce qu’elle voit bien entendu, elle a envie de se camoufler, de se cacher, de partir loin, très loin. De ne jamais plus recroiser le regard de cet homme, ni d’aucune autre personne à vrai dire. Elle n’en peut plus de jouer à la poupée avec sa propre vie. Pourtant, pourtant cette fois encore elle serre les dents. Rogne presque l’intérieur de ses joues.

Mais malgré tout ça, elle reste là, immobile, alors qu’il vocifère et gesticule à son encontre. Elle prend en pleine face le souvenir de leur passé commun. Cette rencontre au détour d’un couloir, une bande de jeune sorciers dont Joanne ne se souvient plus ni du nom ni des visages. Comme si sa mémoire avait volontairement effacé ce qui ne lui convenait pas. Une lueur, dans les moqueries. Quelque chose, quelqu’un qui s’interpose et fait fuir la bande. Les yeux papillonnent alors qu’elle écoute d’une oreille ce qu’il a à dire. Ce qu’il a envie de lui transmettre. Elle sait oui, qu’il a raison. Sur toute la ligne. Mais il ne connait pas ses chaînes à ses poignets, il ne connait pas les entraves qu’elle subit, au quotidien. Chaque jour durant. Il ne sait pas ce qu’elle doit faire pour survivre, juste survivre.

Alors quand il eut finit, elle accuse le coup. Le laisse se détourner. Peu importe après tout, elle ne veut pas le retenir. Pas faire de nouveau coup d’éclat. Cela ne servirait à rien. Elle se relève, se redresse, quitte la chaise sur laquelle elle avait posé la moitié de son postérieur. Elle déglutit à nouveau. Sa gorge est serrée, elle étouffe presque. Elle ferme les yeux un instant, pour ravaler les larmes qui veulent sortir, s’extirper, s’enfuir. Pourtant quand elle les rouvre, il n’y a que de la détermination. A quoi ? Elle n’en sait rien. Mais le « Tu ne vaux pas mieux qu’eux » de Penwyn résonne encore à ses oreilles.

« Malheureusement, si tu as la possibilité de choisir ta vie, moi je ne l’ai pas » qu’elle lâche de manière abrupte, sans aucun détour. Etait-ce une excuse pour justifier son choix ? Non, bien sûr que non. Mais elle tenait tellement à la satisfaction de son père – qu’elle avait cru perdre un temps – qu’elle fermait les yeux sur beaucoup – trop – de chose. Elle était prête à partir, à s’enfuir mais d’autres mots franchirent la porte de ses lèvres. Des mots qu’elle n’aurait jamais pensé dire. « Mais vas-y, t’as raison, tu sais au fond, je n’ai toujours été qu’une bâtarde, ça ne changera jamais ». Oui, elle était déterminée, à ne vivre qu’au travers du choix des autres, de leurs regards, sans jamais n’avoir rien à y redire. Tristesse infinie.

25 août 2019, 18:20
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
La rage ne le quittait plus d'une semelle, son sang bouillonnait à l'intérieur de sa tête, ses pensées s'enchaînaient tellement vite qu'il n'avait plus le temps d'en suivre la frénésie rythmée. Longtemps idéaliste de nature, Edward n'avait longtemps vu que le bien chez les autres et avait du mal à penser que l'on puisse autant changer. Comment était-il possible que la Joanne Taylor qu'il avait côtoyé à Poudlard puisse avoir à ce point changer ? Mais passer du côté des oppressés à celui des oppressants était chose commune si on ne voulait pas rester indéfiniment la proie de la bêtise humaine. Devenir méchant pour ne pas qu'on le soit envers soi. C'était le chemin que son ancienne camarade de classe semblait avoir pris.

Il était toujours incapable de la regarder dans les yeux, ne voulant pas s'énerver plus contre elle qui ne l'avait déjà fait. Les yeux fixés sur les colonnes de bouteilles en face de lui, il ne disait pas un traître mot mais sa tempe continuait de s'agiter et il agitait machinalement son verre vide de whisky pur-feu entre ses mains. Elle se levait, partait. Edward ne la retiendrait pas, il n'avait plus rien à lui dire, rien de plus que ce qui avait déjà été dit. Et pourtant, sa voix se distingua de nouveau dans le tumulte de la soirée autour de lui. Joanne prétendait ne pas avoir le choix, contrairement à lui. Lâchant son verre, il se retourna sur le tabouret pour lui faire de nouveau face avec un air d'autant plus courroucé sur le visage. Sa dernière phrase le frappa néanmoins comme un coup de poing en plein milieu de l'estomac. Une bâtarde, était-ce vraiment comme ça qu'elle se définissait ? Se mordant la lèvre inférieure, il se leva du tabouret de bar pour se rapprocher de la femme et éviter que d'autres personnes puissent l'entendre.

- Tout le monde a le choix. Tu te mens à toi-même si tu te prétends le contraire, souffla Edward entre ses dents pour ne pas crier. Il faut seulement assumer les conséquences des choix qu'on prend, ce que tu ne sembles décidément pas prête à faire.

Il souffle longuement en défiant la sorcière du regard. Cela faisait bien longtemps qu'il n'était pas rentré dans une colère aussi noire. Il avait accusé le choc lors de la chute du Ministère, de la disparition du Chaudron Baveur et les conséquences que cela a pu avoir sur sa vie, mais voir une ancienne camarade qu'il avait sorti d'un mauvais pas agir de la sorte le faisait sortir de ses gonds. Les bonnes actions n'engendraient pas forcément des gens biens.

- On n'est plus à Poudlard - et même là ça en était ridicule - pour que tu te qualifies encore de bâtarde. C'est toi qui fais ta vie, et personne d'autres. Si tu as décidé de travailler à la Citadelle, c'est parce que tu adhères un minimum à leurs idées, personne ne t'a forcé. J'aurais pu les rejoindre suite à la chute du Ministère, mais j'ai des valeurs et je m'y suis tenu. C'est quoi ta bonne excuse ?

Edward croise les bras en la toisant de haut - il devait bien faire une demi-tête de plus qu'elle. Que pouvait-elle bien avoir à lui dire pour justifier son implication dans le Conseil des Sorciers ? Elle n'était certes qu'une archiviste, mais ça n'avait pas d'importance. Lorsqu'on choisit de travailler pour le Diable, on le fait consciemment.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » #PouffyFamily

29 août 2019, 19:40
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
Si elle avait su que cette soirée se déroulerait de la sorte, il était évident qu’elle ne serait jamais venue. Pourtant, elle était là, debout, prenant toute la rage de Penwyn au visage. Penwyn qui, désormais, ne lui accordait plus le moindre regard. Il avait les yeux rivés sur les bouteilles qui lui faisaient face, comme s’il voulait se les accaparer pour oublier la discussion qui avait lieu entre eux. Si l’on pouvait appeler cela une discussion. Car la sorcière, une fois encore, avait l’impression de devoir rendre des comptes, sans arrêt, alors qu’elle n’était qu’un pion, qu’un pantin que l’on bouge au gré de ses besoins, de ses envies. Jamais les siens, de besoin ! Jamais les siennes d’envies, ce serait trop simple !

Mais voilà qu’un mouvement se fait entendre – le bruit du tabouret qui se meut dans une colère non feinte. Le regard noir qui la fusille, sans aucune trace d’une quelconque affinité. Non, rien que le vide de la hargne, ce noir infâme qui enferme les âmes. Elle ne voit pas qu’il se mord la lèvre – sans doute pour éviter de lui hurler dessus ? – tout ce qu’elle voit, c’est qu’il se rapproche d’elle et que son regard n’a pas changé. Qu’il se rapproche dangereusement d’elle avec le même regard que pouvait avoir sa mère quand elle désirait la punir. Elle tressaille. Elle n’aime ni l’attitude d’Edward, ni ce qu’elle voit dans ses yeux. Elle aimerait sortir mais cela est impossible, il se fait accusateur par les mots. Lui indique qu’elle se ment à elle-même. Qu’elle doit assumer les conséquences de ses propres choix. Elle ricane, c’est nerveux, elle n’y peut rien, elle n’arrive pas à retenir ce ricanement qui s’enfuit de ses lèvres pourtant scellées quelques instants plutôt.

Mais il continue, ne prend sans doute pas conscience que brasser la jeune femme ainsi n’amènera rien de positif à leur discussion. Rien de plus qu’une sourde colère qui se réveille dans sa poitrine, qui remue ses entrailles et qui s’apprête à délier sa langue. « C’est toi qui fais ta vie, et personne d’autres … ». Elle vrille, à chaque mot qu’il prononce, à chaque fois qu’il semble la pointer du doigt comme un paria qu’on ne voudrait pas approcher. Lui pourtant, se tient droit devant elle, la toise de toute sa hauteur, les bras croisés sur sa poitrine, comme un chien qui refuserait de lâcher sa proie, le regard de Penwyn ne lâche pas Joanne, qui finit par céder.

« Tu te trompes Edward ». Ce n’est pas de la colère qui sort, pas tout de suite en tout cas. C’est un murmure à peine audible, comme si toute la conversation, comme si tout le flot de parole prononcées par Penwyn l’avaient rendu malade. Malade à s’écrouler, à mourir, là, maintenant. A n’être que le vide suprême, pour ne plus rien sentir ni ressentir. Ni douleur, ni peine, ni morale à deux noises. « J’ai aucune foutue idée de quelles sont leurs idées, j’avais aucune conscience de ce qu’ils faisaient avant d’y mettre les pieds ». Regard sur la gauche, sur la droite, elle se rapproche à son tour, murmure pour ne pas être entendue. « Toi tu as la possibilité du choix, je te dis que moi je ne l’ai pas. Je suis née pour n’être que le pantin de ma famille. Et si j’ose, si j’ose ne serait-ce qu’une seule fois, m’éloigner du chemin qu’ils tracent pour moi, alors c’est foutu. Tu le comprends ça ? ». Une pause alors qu’elle s’éloigne, se rassoit à un tabouret. Pas le même non, elle s’est écarté d’au moins un bon mètre.

« J’ai aucune excuse, aucune. Mais tu vois, quand on te menace chaque jour durant, quand tu prends l’habitude de n’être rien, de n’exister que pour servir, alors tu ne poses plus de question, et tu fais. Non par envie, mais par survie ». Survivre, oui, c’était ça le mot. Depuis qu’elle était petite elle survivait, difficilement, mais elle tentait de s’accrocher à cette vie qui ne voulait d’elle que comme d’un pion sur un jeu d’échec. « Mais ça, c’est sans doute quelque chose qui t’échappe, non ? Ou que tu refuses de voir sans doute ». Jugement sans aucune valeur, simple retour des choses, elle se sait blessée, comme un animal pris au piège. Au fond, ne savait-elle pas qu’il y avait un fond de vérité dans les propos d’Edward ? Une larme silencieuse roula sur la joue de la jeune femme. Larme qu’elle ne tarda pas à faire disparaître d’un geste rageur.

10 sept. 2019, 23:04
Amères retrouvailles  feat Edward Penwyn 
Les bras croisés, Edward attendait impatiemment la moindre réponse venant de Joanne. Sa colère ne semblait pas s'amenuiser. Au contraire, plus la réponse se faisait attendre, et plus il devenait irriter.  Cherchait-elle vraiment une excuse pour l'amadouer ou bien se refusait-elle à lui répondre ? Après le discours qu'il lui avait tenu, elle se devait de réagir immédiatement, que ce soit en s'énervant ou en s'effondrant. Mais elle restait telle qu'il l'avait toujours connu, droite et impassible, ne laissant transparaître aucune émotion, comme si elle risquait de disparaître à tout moment si son masque tombait.

Son interlocutrice commença à se justifier, mais le début de sa réponse ne lui plût pas. Comment pouvait-elle n'avoir aucune idée de ce que le Conseil des Sorciers faisait avant d'y mettre les pieds ? Leurs intentions avaient pourtant été bien claires dès le début, nul doute ne faisait sur leur idéologie. Seule une personne docile ne se serait pas posé des questions plus tôt sur l'organisation qu'elle rejoignait. Et de ce qu'Edward en apprit, c'était le cas. Après que la sorcière se soit rapproché de lui pour que leur conversation demeure un peu plus privée, Joanne lui apprit qu'elle n'avait non pas rejoint le régime d'Ursula Parkinson par conviction, mais parce que sa famille l'y avait contrainte. L'homme ne put s'empêcher de déglutir en pensant aux différentes possibilités qu'avaient pu avoir sa famille pour la contraindre - car oui, il ressentait qu'elle ne lui mentait pas.

Son attitude changea brusquement suite à ses dernières révélations. Sa colère tomba comme une douche froide qui parcourait le long de son dos et il ne savait plus du tout où se placer. Il existait une pression au-dessus des épaules de Joanne qu'il ignorait, pression tellement importante qu'elle ne se sentait pas capable de reprendre le contrôle de sa vie et se contentait de se soumettre à autrui. Ce n'était pas viable sur le long terme, son ancienne camarade de classe devait accumuler beaucoup de rancœurs et il en avait déjà fais un peu les frais. Ses bras se relâchèrent, et son regard s'attendrit lorsqu'Edward lui dit :

- Qu'est-ce que tu fous encore avec eux si ils te traitent comme ça ? Tu as jamais pensé à te tirer ?

À cet instant, le Gallois n'avait plus qu'une seule envie. Prendre Joanne dans ses bras pour la réconforter et lui dire que sa famille ne la méritait pas, qu'elle devait s'en éloigner le plus loin possible. Mais il savait que la femme n'était pas du genre à s'épancher sur les affections physiques et que ce geste l'aurait plutôt rendu mal à l'aise. Au lieu de ça, Edward se contenta de faire un sourire gêné en coin, sourire qui disparut lorsqu'il remarqua une trace qu'avait laissé une larme sur sa joue. Il se sentait mal de l'avoir mis dans cette situation. Si la Gryffondor avait réellement adhéré aux idées du Conseil des Sorciers, il ne s'en serait pas voulu, mais là, c'était différent.

- Tu vas me dire que c'est pas facile de se tirer de ta famille, mais crois-moi, c'est pas difficile. Ne les vois plus, ignore leurs messages. Ils n'ont rien de bon à t'apporter et tu peux très bien vivre sans eux, dit-il d'un air beaucoup plus apaisé. J'suis sûr que tu as pas mal d'amis qui pourraient t'aider à t'en sortir. Je... La famille, c'est celle qu'on choisit.

Edward avait hésité à dire qu'il pourrait lui-même apporter son aide, mais comment aurait-il pu être crédible après la scène qu'il venait de lui faire. Il ne connaissait pas son histoire, ne comprenait certes toujours pas pourquoi elle n'était pas partie plus tôt de chez ses parents - qu'est-ce qui pouvait bien l'en empêcher - mais voulait en son fort intérieur l'aider à se sortir de ce mauvais pas.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » #PouffyFamily