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23 nov. 2019, 17:16
 RPG++   Solo  Derniers moments en famille
Lorsqu'un sorcier possède un animal  magique, il a la possibilité de le faire soigner à l'hôpital vétérinaire privé Lady Orkney, sous la tamise. Elsa attendait patiemment à l'entrée , assise sur un coin du bureau d'accueil. Sa mère, Amalia Lenwood, directrice de l'établissement, lui avait proposé boissons et fauteuils confortables, mais la petite brune appréciait ici un spectacle fabuleux. Afin d'accéder au bâtiment, les sorciers devaient parcourir à pied un quai longeant le fleuve pour disparaître au coin sombre d'une arche du pont Vauxhall. Ils arboraient donc leurs plus belles tenues moldus, du kilt et veste à frange aux doudounes inadaptées par cette dernière journée d'été. Il y en avait pour tous les goûts. A cela s'ajoutait des cages camouflées en caddies, brouettes ou valises suivant la taille de l'animal. L'un d'entre eux tractait même un pousse-pousse. La palme revint à une dame en short de randonnée, bottines à semelles compensées, poncho et tricorne. Le tout en couleurs dépareillées, bien entendu.
Son père arriva le premier. Owen Lenwood détonna presque après ce défilé improbable, avec son jean accompagné d'une chemise blanche et d'un veston noir. Elsa tenait de lui sa moitié moldu, sa passion pour le bricolage et la musique, ainsi que sa tignasse. Elle retira ses écouteurs.
"Papa!
- Hé bien ma puce, que fais-tu ici?
Je m'amuse en attendant maman. Elle est au bureau.
-Emily, elle ne vous importune pas j'espère ?
-Pensez-vous monsieur! Une enfant immobile qui rigole dans son coin, c'est une partie de plaisir à côté de ma journée."
La jeune assistante tenta de cacher son émoi en se levant chercher des documents dans les armoires du fond. Elsa leva les yeux aux ciels et sauta de son perchoir. Assistantes, vétérinaires, herboristes. Toutes étaient sous le charme naturel du professeur d'histoire de l'art. Il avait une mémoire impressionnante, retenait chaque prénom et discutait joyeusement de tout et de rien avec un naturel simple, quelque soit l'interlocuteur. Même les deux Manteaux Noirs en tournée régulière entre divers établissements magiques de Londres avaient fini par le laisser en paix, allant jusqu'à le saluer cordialement depuis quelques semaines. La mère d'Elsa les avaient surnommé Charybde et Scylla. L'un était grand, nerveux et agressif, l'autre petit bedonnant et fourbe. Mais tout aussi dangereux l'un que l'autre. Ils traquaient chaque né-moldu avec une ferveur fanatique, un sourire mauvais aux lèvres et l'oeil inquisiteur. S'il en trouvaient un, même dans son droit, ils prenaient plaisir à l'humilier le plus longtemps possible, main au mûr et fouille au corps. De véritables gentlemen.
"Allons chercher ta mère avant qu'elle ne nous oublie"
Une fois à l'étage, la voix de madame Lenwood se fit entendre.
"JE ME FICHE DE SAVOIR SI VOUS ÊTES SURCHARGÉ! C'EST VOUS QUI AVEZ IMPOSÉ L'OBLIGATOIRE D'ENTRETIEN POUR SORTIR DU PAYS, OUI OU NON? ALORS DÉBROUILLEZ VOUS COMME VOUS VOULEZ, MAIS VOUS ALLEZ ME RECEVOIR RAPIDEMENT! SI IL VOUS PREND L'ENVIE DE NE PAS LE FAIRE AVANT LA FIN DE LA SEMAINE, VOUS REGRETTEREZ D'ÊTRE VENU AU MONDE!"

Ils échangèrent un regard amusé avant de rentrer dans le bureau.
"Encore une beuglante maman?
-Bien obligé ma chérie. Avec les délais pour obtenir un entretient à certaines périodes, sans forcer les choses, cela devient difficile. Pas de passe-droit pour les vétérinaires urgentistes? Je vais leur faire bouff...
- Oui, mais si nous allions déjeuner avant qu'une autre obligation ne te tombe dessus?"
Elsa sourit. Depuis le temps, elle avait appris de nombreuses expressions dégradantes auprès de sa mère. Faire bouffer une mandragore vivante restait dans son jargon le plus subtil.
"Ouai. T'es longue, et puis j'ai faim. C'est déjà treize heure!
-Oui, on bouge petite peste.
Sa mère avait revêtu pour leur dernier repas en famille une robe d'été simple. La seule chose qu'elle avait retenue pour être à la mode moldu, c'était que les robes une pièce avaient rarement besoin d'accessoires, facilitant le camouflage. Un chapeau de plage élégant, un sac à main offert par Elsa.
"Maman! C'est quoi ces chaussures? Où est-ce que tu as acheté des baskets à talons? C'était presque un sans faute!
- Le vendeur à certifié qu'elles étaient tendances. Je ne comprends pas.
- Des chaussures pour courir avec des talons maman? Vraiment? Sans magie je veux dire.
- Allons les filles. Enlèves les aiguilles d'un coup de baguette et c'est réglé. Enfin, tu peux?"
Ma mère s'exécuta tout en protestant vivement. Elle promit également au vendeur un problème  au fondement.
Ils quittèrent le bureau. Dans le hall, les deux charmants envoyés de la Citedelle entouraient un viel homme très mal à l'aise. Le durcissement des régulations de la magie touchaient certaines espèces magiques, très souvent pour des raisons absurdes.
"Alors ton rat est malade? Il a traîné au mauvais endroit pour finir comme ça pas vrai? Si tu lui donnait ce qu'il faut il irait très bien. Tu aurais pas évité le chemin de traverse ces derniers temps? Papier!
- Je ne crois pas non! L'établissement que je gère est privé!, tonna la directrice Lenwood d'un ton sec.Libre à vous de contrôler tout animal soumis à une régulation spécifique, mais seul MON choix dicte qui sont nos clients, magiciens ou non. Retournez auprès de la bouse de dragon qui vous serre de patronne et laissez ce pauvre homme tranquille!
Le temps était comme suspendu. Tous attendaient la réaction des deux compères.
Le petit hésitait entre laisser le viel homme ou ignorer ma mère. Le grand agita un doigt accusateur vers elle, rouge come une pivoine et ivre de colère. Il était choqué au point de ne pouvoir articuler aucun mot, produisant une sorte de gargouillement hoqueté des plus immonde.
Si la situation restait en suspens, ils finiraient par répondre. Elle était son droit, mais la maman d'Elsa risquait malgré tout de passer un sale quart d'heure. La petite décida d'intervenir.
"Maman, la bouse de dragon à une utilité contrairement à eux tu sais? Comme engrais par exemple."
L'hilarité fût générale. Sous les applaudissements de toute l'assemblée, ils préférèrent s'éclipser rapidement. Leur pouvoir partiel ne leur permettait pas de faire parler les galons ici.
"Bon, on va manger?"
Et sans attendre, Elsa se dirigea vers la sortie.
Dernière modification par Elsa Lenwood le 25 nov. 2019, 09:36, modifié 1 fois.

Je ne sais pas ce que j'ai découvert, mais ce dont je suis certaine, c'est qu'il me tarde de le savoir!

23 nov. 2019, 18:21
 RPG++   Solo  Derniers moments en famille
Le visage plongé dans les mains, Elsa était morte de honte. Jamais elle ne s'était affiché de la sorte en public, jamais elle n'avait osé crier ainsi sur qui que ce soit depuis son âge de raison. Sauf son frère peut-être. Ce dernier riait bruyamment au récit que leur père se plaisait à narrer, mimant brièvement les mines déconfites et la foule hilare.
La petite famille s'était rassemblée dans un restaurant calme non loin de l'hôpital. Il sentait la friture, mais c'etait leur coin. Éric, le grand frère, était l'unique membre de la famille à comprendre un peu les Manteaux Noirs. Il appréciait leur dévotion à protéger le monde magique, même si ils allaient bien trop loin à son goût. Aussi blond que sa mère, le jeune journaliste parcourait le Royaume-Uni en quête d'article sur les artisans sorciers. Le magasine pour lequel il travaillait parlait de bricolages, créations et inventions magiques en tout genre. Il rapportait parfois de petites choses à sa soeur, cadette de presque 10 ans. Aujourd'hui, pour fêter son départ à Poudlard, il avait rapporté un buvard très éfficace. Il pouvait absorber de grandes quantités d'encres multicolores sans en être marqué et relâcher l'ensemble afin de le vider par d'un simple ordre verbal.
"Tu sais soeurette, j'ai pas mal hésité à prendre celui avec embrouillamini pour t'embêter, mais foutriquet t'allais tellement mieux!
- Tu te crois drôle grande perche?
-Enlèves tes mains on comprend rien.
- Je disais merci, ça me seras très utile.
-Mouais."
Le serveur amena les bières des trois adultes et le soda d'Elsa, ainsi qu'un plat plat du jour à chacun. Le pauvre moldu s'essaya à la magie en faisant apparaître un bouquet de fleurs en tissus de nul part. Si le petit numéro semblait avoir un bon succès auprès des enfants moldus, Elsa eût du mal à feindre la joie. Son père intervint avant le malaise.
"Bravo! Ne faites pas attention, elle boude car dès demain, c'est l'internat."
Il aimait les petites choses qui rendent les gens moins caustiques, même les pieux mensonges. Elsa trépignait d'impatience à l'idée de se rendre à Poudlard. Elle avait hâte d'apprendre la magie, de voir de nombreuses choses en toute liberté, parentale du moins. Elle n'était pas bien sociable, se retrouvant constamment dans des situations où elle ne comprenait pas ce qu'on attendait d'elle ou s'en fichait éperdument. Elle pouvait se montrer très turbulente, disparaître en quête d'une fleur en plein Londres, d'un lieu à peindre ou d'un bidule à bricoler. La patience infinie de son père et l'impétuosité de sa mère donnait de surprenante réactions à ses escapades. C'est au cours de l'une d'elle que sa rencontre avec Léon avait eût lieu. Un garçon peu bavard, dehors par tout temps, joueur et explorateur à ses heures perdues. Il suivait Elsa par curiosité et admiration, essayant de deviner son prochain coup ou le prochain terrain qu'ils considéraient bientôt.
Elle regarda par la fenêtre. Son seul ami n'avait pas pu venir et elle n'aurait pas l'occasion de le revoir avant noël. Son embarras se teinta de nostalgie, effaçant sa dernière ébauche de sourire. Résignée, elle attaqua son rôti sans enthousiasme. Les trois discutaient du dernier article de son frère, qui l'aurait certainement intriguée un autre jour. Elle calma prestement son estomac, sirota son coca, répondit distraitement de temps à autre, se préparant mentalement à la suite du programme. Sa mère et elle voulaient s'offrir un après-midi de lèche vitrine avant son départ, sans son papa. Les Manteaux Noires ne le laisseraient pas rentrer, et de doute façon, il aurait vite abandonné pour se réfugier dans un bouquin en terrasse d'un café.
"Puisse que je ne serais pas des vôtres après le déjeuner, laisses moi également donner mon cadeau de rentrée à Poudlard. Ta maman m'a prévenu que ton réveil à pile ne fonctionnerai pas là-bas. Je t'en ai acheté un beau, qui t'obligera à te lever pour l'école.
-Merci Papa."
Elsa préféra reporter l'étude du réveil à la soirée.
"Ça sera étrange de plus avoir à te pousser hors de ton lit chaque matin. Tu vas me manquer.
- Je suis pas encore dans le train Papa. Me jettes pas dehors!"
Elsa masqua deux larmes en admirant la fenêtre une nouvelle fois. Ils allaient lui manquer.

Reducio

Je ne sais pas ce que j'ai découvert, mais ce dont je suis certaine, c'est qu'il me tarde de le savoir!