Louka Blackbirds
EH

Depuis que son fils lui avait appris qu’il était dans le même dortoir que son neveu, Louka n’avait plus été la même. Cela faisait si longtemps, si longtemps qu’elle avait coupé tout les ponts avec ces parents qui l’avaient abandonnée. Et par la même occasion, elle avait quitté Kirsty, sa sœur. Elle savait qu’il y avait un lien entre elle, bien qu’elle ne put jamais en profiter. Et voilà que ce lien allait pouvoir être renoué, ce dîner était un prétexte parfait.

Les vacances de Noël s’étaient déroulées à merveilles. Profitant de l’invitation des Clifford, la soirée du réveillon se déroula dans un chic hôtel de Londres. Avec une soirée spéciale organisée pour cette événement, Louka avait beaucoup pu profiter de la soirée, comme si tous ses soucis s’étaient envolés, sauf un. Celui de son fils. Mme Blackbirds avait bien vu que Roman était de plus en plus mal dans sa peau, se renfermant sur lui-même, ne prenant presque aucun plaisir en ce soir de Noël. Mais elle avait prévu quelque chose pour son fils. Enfin, pouvait-elle encore penser ou dire que Roman était son fils. N’était-il pas sa fille ? La question se résoudrait avec ce qu’elle avait justement prévu. Car malgré l’aveu de Roman, Louka n’était pas encore persuadée, il fallait être sûr que Roman était une fille dans sa tête avant de pouvoir imaginer a une transformation. La prudence était la meilleure amie dans ces moments là. Surtout qu’Azur n’était pas au courant, et il fallait trouver le bon moment pour lui dire les choses en face.

En retournant dans sa chambre, la suite 222, tard dans la nuit et aux bras d’Azur. Louka glissa son regard sous le sapin de Noël déjà encombré de cadeaux. Roman dormait, l’heure ne permettait pas de doute. Profitant de l’obscurité, Louka laissa aux oreilles de son homme quelques mots doux et s’enroula dans sa couette. Puis, réchauffée par son mari, elle ne tarda pas à s’endormir.

C’est un Roman souriant qui la réveilla au petit matin, lui au moins avait bien dormi. Encore fatiguée, elle accueillit dans ses bras et sous sa couette le jeune Blackbirds. Et pendant une demi-heure, père, mère et fils profitèrent de cet instant à trois, si unique, si doux. Puis ce fut le tour des cadeaux, Azur découvrit avec surprise un abonnement à un prestigieux magazine d’économie et d’actualité, accompagné d’un tout nouveau costard, avec comme cerise sur le gâteau un séjour pour deux dans un spa en Suisse. Quant à elle, Mme Blackbirds eut comme comme cadeau une magnifique paire de boucle d’oreille, un peu de lingerie, une robe de chambre et un superbe chevalet magique pour ses peintures. Roman lui, ouvrait ses cadeaux en silence, et même si les émotions n’étaient pas fortes chez ce garçon, Louka le voyait sourire, et ce simple sourire était important et montrait sa joie. Un paquet contenait un jeu magique de bataille navale, très bien réalisé, il permettait de jour soit seul, soit à deux, un présent de Louka. Le second cadeaux venait lui des grand-parents Blackbirds, il s’agissait de deux figurines, un chevalier sorcier et une magnifique vouivre, les deux étaient en perpétuel mouvement, et donc se battaient sans relâche. Ce qu’Azur avait offert à Roman était une boîte pour entretenir sa baguette magique, une boîte bien remplie et très utile c’était certain.

Après l’ouverture de ces cadeaux, il ne restait plus rien sous le sapin des Blackbirds, sapin qui quitta la chambre 222 à l’approche du 31 décembre 2044, il fallait fêter l’arrivé de l’année 2045. Et pendant qu’Azur alla chercher du foie gras et quelque toast, Louka sortit de sa valise personnelle un petit cadeau qu’elle tendit à Roman. Un cadeau qui ne pouvait être offert à son fils que lorsqu’Azur ne serait pas là. Patiente, elle vit que Roman était intrigué. Et, le jeune garçon l’ouvrit délicatement, découvrant avec stupeur une boîte, boîte contenant un flacon et un bout de papier. Ce flacon s’intitulait Astre Rose, c’était un parfum, un parfum pour fille. Un vrai de vrai, pas un de ces testeur que Roman prenait en douce pour se parfumer. Un vrai de vrai. Les yeux écarquillés de joie, il prit dans sa main le bout de papier pour le lire. Et ce seul petit bout de papier lui mit les larmes aux yeux. Louka était fière d’elle. Fière de ce qu’indiquait ce papier.

Oktavia Oklavost
psychologue de l’humain
Votre problème n’en est un qu’aux yeux des autres

Oxford

Louka pouvait résoudre avec l’aide de cette Mme Oklavost la question qui turlupinait le quotidien de Roman.

Roman Blackbirds
IH

Nous y étions, le fameux soir. Enfin. J’avais emporté avec moi le jeu de bataille navale, pour y jouer avec Antonn s’il voulait. Ce fut d’ailleurs lui qui nous ouvrit la porte presque instantanément. Et il était plutôt bien habillé, une cravate rose qui détonnait, mais ça allait bien, c’est Maman qui apprécie bien ces couleurs habituellement, c’est sur, elle va adorer Antonn. Antonn invite alors mes parents à aller au salon pour les présentations et à moi, il me propose de visiter. Je lève un regard interrogateur vers Papa et Maman. Je leur demande sans leur dire si je peux aller avec mon cousin.

Tu peux y aller Roman, Ant... oui, Antonn sera content de te faire visiter. Et nous on va voir la sœur de Maman et son mari dans le salon. Et quand vous aurez fini, tu viendra, toi aussi il faut te présenter non ? C’est Papa qui a répondu, souriant, confiant, même s’il a buté sur le prénom d’Antonn.

Alors, je vais suivre Antonn et découvrir sa maison.

J’ai apporté quelque chose pour que l’on puisse jouer quand nos papa et maman parleront.

Je sors de mon sac le jeu de bataille navale que j’ai eu à Noël, si je me souviens bien il aime les échecs, alors pourquoi pas la bataille navale ? Je souris, et je me laisse guider dans la maison Clifford.

Azur Blackbirds
EH

Il avait veillé à ce que tout soit parfait. Vraiment tout.

Sa femme s’était habillé d’une splendide manière, de toute façon, tout ou presque allait à Louka, c’était comme un don qu’avait la jeune femme, et Azur ne s’en plaignait absolument pas. Elle, elle était parfaite.

Pour Roman, ça avait été une autre histoire. Son fils avait fait un peu d’histoires pour choisir lui-même ce qu’il voulait porter. Et Azur avait cédé, son fils était décidément bien fort et lui tenait bien tête, c’était ce qu’il attendait de lui, être un homme fort. Roman avait donc opté pour un pantalon bleu ciel, une chemise rouge-rose et un petit veston bleu clair lui aussi. Azur s’était dit qu’il avait du goût, le tout était très beau.

Il avait été acheter une petite bouteille de vin français pour Mr. et un penditif ornementé pour Mis.

Cette soirée allait être parfaite.

—

Une fois dans le salon des Clifford, il prit la main de sa chère Louka et la présenta avant lui, il était gentleman, les femmes d’abord. Il raconta ensuite un peu leur histoire et dit avec amusement à quel point le hasard était surprenant, deux famille séparée pouvaient se retrouver. Kirsty avait peut-être perdu Louka, mais Mme Clifford allait découvrir qui étaient les Blackbirds. Une de perdue, trois de retrouvés.

IH

La maison d’Antonn est vraiment belle. Je me demande tout de même s’il a vu que je lui avait ramené un jeu,. Je le garde donc à la main le temps de la visite, le cachant dans mon dos, craignant qu’en fait, il n’aime pas la bataille navale. Quoiqu’il en soit, sa chambre est vraiment magnifique. Peut-être aurai-je le droit d’avoir moi aussi un plafond qui ressemble en tout point à un ciel étoilé, peut-être même Papa pourra l’ensorceler pour faire comme si c’était un vrai de vrai ciel, ça me plairait beaucoup.

EH

Antonn a vraiment une collection pour le coup étonnante de BDs. Même Roman qui lisait beaucoup n’en n’avait jamais vu de bibliothèques comme elle. C’est vraiment très grand en fait chez lui. Un peu comme chez Roman en fait. Le sang des Clifford servirait donc-t-il à leurs possesseurs d’avoir de magnifiques et incommensurables demeures ? Roman n’en sait trop rien. Quoiqu’il en soit il avait faim et il fallait aller voir les parents.

IH

Timidement, je lui remontre le jeu de bataille navale. J’ai l’impression’ qu’un fossé nous sépare. Lui est si joyeux, si expressif, si clair. Moi je suis seulement sombre, asocial. Et pourtant nous sommes cousins. Et pourtant il m’a vu alors que je voulais aller dans l’autre dortoir, celui des filles. Et il ne m’a pas pour autant rejeté. Comme quoi la famille ne reniait pas toujours les siens.
Mon estomac grogne. Ma bouche s’ouvre.

Je crois que j’ai faim. Tu me guides jusqu’à nos parents ?