Cela faisait maintenant six jours que l’attentat avait retourné le monde magique britannique et en particulier certaines personnes et leur famille, treize familles pour être plus précis. Autant de personne avaient perdu la vie ce samedi de Février.

Une pensée égoïste traversa alors l’esprit de Rafael. Pourquoi avait-il fallut que Mila, sa sœur, fasse partie de cette poignée de sorciers assassinés dans le ministère de la magie? Pourquoi elle et pas une autre? Rafael se maudissait de penser une telle chose, il ne se reconnaissait plus, ce comportement était loin d’être celui d’un homme responsable et mature et bien qu’il le sache, il ne pouvait se contrôler. Cela faisait désormais six jours qu’il ne pensait plus qu’à une chose, qu’il ne dormait plus. Il n’avait plus goût à rien, il était hanté par le souvenir de sa sœur et n’acceptait pas le fait que tout cela soit réel. Comment un homme de trente-deux ans pouvait accepter que sa petite sœur de deux ans sa cadette décède dans de tels circonstances ?

La situation était loin d’être aisée pour Rafael et sa famille mais le fait que cela fasse partie d’une attaque contre le pays n’arrangeait pas les choses. Les procédures autour de la cérémonie de décès n’étaient pas les mêmes qu’en temps normal. Rafael n’avait toujours pas pu voir le corps de sa sœur, il ne savait même pas dans quel état elle était ni même si le gouvernement le laisserait la voir une dernière fois. Le jeune infirmier avait appris pendant ses études que voir le corps du défunt pouvait aider un membre de la famille à faire son deuil mais il ne savait pas ce dont lui avait besoin. Il redoutait le moment où il verrait le corps inerte de sa sœur.

Les lettres de condoléances avaient commencé à arriver la veille, Rafael avait commencé à ouvrir celles qui lui étaient destinées mais il n’avait pu aller jusqu’au bout de cette tâche. Il y avait des lettres de sa famille, de ses voisins, ses collègues et ses amis, même certains anciens camarades de classe du jeune homme lui avait envoyé un hibou. Il n’en pouvait plus de lire les mêmes mots les uns après les autres. C’était pour Rafael un coup de poignard de plus au niveau du thorax. Après avoir passé une heure à ouvrir les courriers, il avait eu du mal à respirer et s’était senti trop mal pour continuer. Les dernières lettres étaient restées posées sur le bureau de sa chambre.

Un coup de coude discret dans les côtes ramena le brun à la réalité, sa plus jeune sœur, Talía se tenait debout à ses côtés dans le cimetière de Kensal Green. Entourés par leur famille et les amis et collègues de Mila, ils s'apprêtaient à revoir une dernière fois leur sœur. Rafael n’avait pas écouté les paroles des autorités venues faire l’éloge de Mila, il leur en voulait de ne pas avoir protégé sa sœur, il en voulait à tout le monde, il s’en voulait aussi. Il savait que le ministère de la magie n’y était pour rien mais il n’arrivait pas encore à faire preuve de discernement dans cette situation. C’est alors que les deux mots prononcés par son père lui fit oublier tout le reste. « Ouvrez-le! » Sa voix rauque avait brisé le silence qui régnait dans le cimetière. La douleur se lisait plus encore sur le visage de ce-dernier. Lui qui avait toujours été joyeux et souriant avait vieilli de plusieurs années en quelques jours.

Après quelques secondes où personne n’osa bouger, un homme s’approcha du cercueil et ouvrit la partie supérieur permettant ainsi de voir le visage de Mila. Nathan qui avait ordonné ce geste s’avança alors accompagné de sa femme accrochée à son bras. Soria, une des rares moldue à assister à la cérémonie était certainement le membre de la famille la plus forte dans cette épreuve. Elle se tenait droite dans sa longue robe noire, ses long cheveux bruns étaient tirés en arrière en une longue tresse. Personne n’osait la regarder dans les yeux plus de cinq secondes, son regard était aussi froid que la glace. Ils avancèrent tous les deux vers le cercueil, Nathan laissa éclater un sanglot tandis que Soria observa durant quelques dizaines de secondes sa fille, elle ne laissait rien transparaître.

Après quelques secondes ils se reculèrent et elle se retourna vers ses deux enfants, les invitant à imiter ses gestes. Rafael croisa le regard de sa mère et celui-ci s’adoucit légèrement. Il aperçut alors une femme brisée et meurtrie et comprit qu’ils ne pouvaient pas tous se reposer sur elle, la pauvre ne pouvait pas être assez forte pour tout le monde. Il releva alors la tête, serra la main de sa jeune sœur et ensemble ils s’approchèrent du cercueil. Trop vite à son goût, Rafael découvrit le visage de sa sœur et il ne s’était pas préparé à ça. Il avait d’abord eu l’impression qu’elle dormait, elle n’avait pas changé et semblait apaiser. Mais en se concentrant plus intensément, il vit que son thorax ne bougeait plus, ses pommettes autrefois rouges d’excitation étaient blanches et inertes. Ses cheveux étaient lisses alors qu’elles se débrouillaient toujours pour les coiffer. Les souvenirs submergèrent alors Rafael, il revit tous les moments passés avec sa sœur, à la maison, enfants, à Poudlard, au Quidditch. Il arrivait à entendre le rire de sa sœur comme si elle se trouvait à ses côtés.

Il sentait les larmes couler le long de ses joues, silencieuses et discrètes. Il ne bougea pas, sa vue se brouilla à cause des larmes qui remplissaient ses yeux mais il resta ainsi à pleurer sans bruit. Talía quant à elle se blottit dans les bras de son frère et il sentit les sanglots de sa sœur. Sa main droite vint se placer dans les cheveux de cette-dernière. Il ne pouvait déterminer combien de temps ils restèrent ainsi mais personne ne leur demanda de bouger. Tout le monde attendait patiemment que les jeunes retournent à leur place, ce qu’ils firent. Les quatre Mason se placèrent à deux mètres du cercueil, Rafael à gauche de sa mère, main dans la main avec cette dernière et Talía toujours blottie dans les bras de son frère. Les minutes passèrent ainsi et la cérémonie arriva alors à son terme. Ils restèrent ainsi pendant que les invités venaient présenter leurs condoléances.

Des poignées de mains, des accolades et ce fut enfin terminé. Nathan fut le premier des quatre à partir. Dés que le dernier invité s’en alla, il lacha la main de sa femme et parti vers la voiture en reniflant bruyamment. Quelques secondes plus tard, Talía quitta les bras de son frère, s’avança vers la pierre recouvrant sa soeur, elle posa la main dessus et souffla quelque mots, inaudibles pour Rafael et sa mère. Elle se retourna vers ces-derniers, laissant apparaître une jeune femme brisée et quelques secondes plus tard, celle-ci se transforma en chouette blanche au reflet blond et s’envola rapidement laissant Rafael seul avec sa mère. Après quelques secondes à écouter le silence, Soria ouvrit la bouche et brisa ce silence.

« Sois fort Raf’, Mila n’aurait pas voulu que nous restions tristes indéfiniment, je ne dis pas que ce sera facile tous les jours mais nous devons essayer. J’ai perdue une fille et une partie de moi et rien ne sera pareil qu’avant mais nous ne devons continuer à vivre pour elle!»

Elle serra un peu plus fort la main de son fils avant de la lâcher et d’imiter sa fille. Elle s’approcha de tombe de sa fille, se baissa pour poser sa main droite dessus et souffla « Te quiero ». Elle se releva, se tourna vers son fils et lui fit signe de la rejoindre.

Deux grandes écoles de magie attaquées en une soirée! Rafael n’arrivait pas à croire ce qu’il lisait dans le journal ce matin là. Comment une telle chose était elle possible? Poudlard et Beauxbatons avaient été témoins et victimes de deux batailles orchestrées par une seule personne, Pierre Legallet. Les révélations faites tout au long de l’article avait étonné à plusieurs reprises Rafael qui avait du mal à comprendre comment cet homme avait fait pour organiser tout cela sans se faire remarquer par les autorités des plusieurs pays touchés. Le fait le plus marquant pour lui était sans grande surprise l’attentat du ministère de la magie britannique qui avait éclaté quelques mois plus tôt. Attentat qui avait couté la vie à sa soeur.

Les mois qui avaient suivis son décès avait été une étape dans la vie de la famille Mason et tous n’avaient pas réagi de la même manière. Nathan avait été celui qui avait eu le plus de mal à faire face à tout cela. Retraité depuis peu, il avait passé la quasi-totalité de ses journées au cimetière. Il avait tout simplement perdu goût à la vie, il survivait dans un monde qui ne prêtait pas attention à lui. Excepté sa femme qui avait tout fait pour essayer d’aider le sorcier mais il était dans un état pire que ce qu’elle pouvait gérer. Elle avait organisé des rendez-vous avec des spécialistes mais il les fuyait, Rafael n’était pas sur que son père veuille sortir de cette torpeur.

La soeur de Rafael, Talía avait eu beaucoup de mal durant les jours qui avaient suivi l’enterrement. Une fois transformée en chouette, elle n’avait plus donné de nouvelles pendant huit jours. Ses employeurs avaient essayé d’ailleurs de contacter sa famille pour savoir où elle était partie. Elle avait entamé son étape de deuil d’une manière étrange et propre à elle même. A son retour, huit jours plus tard, elle avait révélé à son frère qu’elle avait passé beaucoup de temps sous forme d’animagus. Elle ne reprenait sa forme humaine que pour manger et se laver. Elle avait l’impression de moins ressentir la douleur mais elle s’était rendue compte que malgré sa transformation, la douleur était toujours là et a comprit qu’elle ne pouvait pas y échapper. Elle avait donc reprit sa forme humaine et reprit ses habitudes de vies avec des difficultés à être naturelle et souriante comme à son habitude. A ce jour, elle avait reprit le cours de sa vie avec un esprit plus rebelle mais Rafael reconnaissait néanmoins sa soeur.

Soria, la mère des deux sorciers avaient été le roc de la famille, pendant longtemps. Comme le jour de l’enterrement, elle s’était montrée forte et solide. Elle avait été présente pour Nathan, avait tout fait pour lui, elle avait été présente au retour de sa fille et l’avait aidé à surmonter la douleur. Elle avait été aussi été un guide pour Rafael qui avait essayé d’être aussi fort qu’elle. Ce-dernier avait rencontré beaucoup de difficultés les premiers jours. Il n’avait rien montré aux autres mais passait ses nuits à pleurer et à se remémorer sa soeur. Il lui avait fallu quelques semaines pour retrouver un train de vie sain et normal. Ses collègues avaient été compréhensifs et l’avaient laissé faire son deuil. Au moment de revenir travailler, Rafael s’était rendu compte qu’il ne voulait pas repartir à travers le monde avec l’équipe de Quidditch. Il avait alors présenté sa démission et avait trouvé un nouveau travail à Londres, aux urgences de Ste Mangouste.

C’est lorsqu’il avait commencé à retrouver ce train de vie qu’il avait remarqué ce qu’il se passait autour de lui. Il avait remarqué que sa mère qui s’était montrée si forte jusque là souffrait en réalité d’un mal-être presqu’invisible. Elle s’était épuisée à prendre soin des autres et personne n’avait remarqué qu’elle était peut être celle qui souffrait le plus. Elle avait comme tout le monde perdu Mila, mais elle avait aussi perdu son mari et ses enfants n’avaient pas été d’un très grand soutien. Rafael avait donc mis plus de deux mois pour s’en rendre compte et avait tout mis en place pour aider sa mère. Soria avait d’abord lutter mais avait fini par laisser échapper toute sa souffrance à son fils. Ce n’avait pas été une étape facile mais cela avait permit à la famille de se relever plus fort, excepté pour Nathan qui n’y arrivait pas.

Le jour de l’été, à l’anniversaire de Talía, un événement incroyable pour la famille était apparu. Alors qu’ils parlaient tous ensemble, la plus jeune avait raconté une anecdote qui avait fait rire la famille. Cela aurait pu paraître anodin pour une autre famille mais c’était la première fois qu’ils s’entendaient rire aux éclats depuis la mort de Mila, c’était aussi la première fois que Rafael riait de nouveau. Même Nathan avait esquissé un sourire. Ce sentiment de bonheur avait été tellement bon pour la famille qu’ils en avaient rie plus longtemps. C’est à cela que Rafael pensait en marchant dans le cimetière de Kensal Green en direction de sa soeur.

Après avoir lu le journal, il avait envoyé un hibou à sa soeur lui donnant rendez-vous sur la tombe de leur sœur après le travail. Cette révélation quant à l’organisateur de l’attentat avait donné l’envie à Rafael de se retrouver avec sa sœur, ses sœurs. Marchant d’un pas assuré sur l’herbe, il aperçut au loin sa soeur, coiffée d’une couronne de nattes blondes. Il remarqua aussi deux autres personnes à ses cotés qui ne pouvaient être que ses parents. Rafael sourit à sa famille et accéléra le pas, il fut extrêmement surpris de constater que l’émotion présente chez ses personnes n’était pas la tristesse. Tous avaient un sourire discret sur le visage, même Nathan. Ce-dernier s’empressa d’ailleurs de rejoindre son fils et fit une chose qu’il n’avait pas fait depuis des années, il l’entoura de ses bras. Rafael eut d’abord du mal à comprendre cette réaction mais un regard aux deux femmes de sa famille lui permit de comprendre. La nouvelle tombée ce matin avait sorti de sa torpeur le père de famille. Il avait enfin réussi à faire son deuil et retrouvé l’envie de vivre.

Heureux de retrouver son père ainsi, Rafael était resté plusieurs dizaines de minutes en compagnie de sa famille sur la tombe de sa soeur.

Rafael profitait enfin de ses vacances, il n’en avait pas eu depuis plus de six mois et sa patience au travail en témoignait. Il ne se passait pas une semaine sans qu’il ne ressente le besoin de prendre l’air pendant son temps de travail. Cela faisait alors une semaine qu’il profitait de sa famille et de ses amis. Ce mardi, il avait passé la journée chez ses parents en compagnie de sa petite sœur Talía. Les deux jeunes avaient prévu de rendre visite à Mila en fin d’après midi. Cela faisait désormais plus de deux ans que la jeune femme avait perdu la vie dans un tragique attentat. Bien que son absence se faisait ressentir chaque jour, la famille Mason avait retrouvé un train de vie normal. Il arrivait que des évènements ou des dates rappellent des souvenirs douloureux mais dans l’ensemble tout le monde avait réussi à reprendre sa vie là où elle s’était arrêtée.

À 17h30, Rafael et sa soeur entrèrent dans l’enceinte du cimetière, un bouquet de fleur dans la main gauche du jeune homme. Ce dernier avait passé beaucoup plus de temps auprès de sa famille que lorsqu’il travaillait avec l’équipe de Quidditch. Talía quant à elle partageait son temps entre le Pays de Galle et Londres pour son travail mais ils arrivaient à se voir régulièrement. Leur relation s’était renforcée ces deux dernières années bien qu’elle ait toujours été forte. Ils n’avaient jamais été aussi proches l’un de l’autre que maintenant. Les deux adultes descendirent le long du chemin en direction de la tombe de Mila en se racontant des anecdotes dont ils n’avaient pas encore eu le temps de parler.

Après quelques minutes de marches, ils arrivèrent à la tombe noire de Mila. Elle contrastait énormément avec ce qui l’entourait. L’été allait bientôt arriver et ils pouvaient déjà ressentir la chaleur des premiers soleils, ils pouvaient profiter de l’ombre des arbres déjà bien fournis en feuilles. Un temps parfait pour Rafael. Ils restèrent quelques minutes muets, faisant ainsi preuve de respect pour leur soeur. Quelques minutes plus tard les deux jeunes s’assirent devant la tombe et comme à leur habitudes ils commencèrent à parler des récents évènements les concernants. Ils n’attendaient pas de réponses de la part de leur soeur mais ils avaient l’impression qu’elle était avec eux, quelque part.

Ils parlèrent ainsi des minutes, voire même des heures, le soleil avait entamé sa descente et la fraîcheur commençait à se faire ressentir quand Talía sursauta. Rafael surprit l’interrogea du regard et celle-ci lui répondit qu’elle avait entendu un bruit de transplanage. Les deux sorciers cherchèrent la source de ce bruit, en vain. Vigilant à leur environnement ils continuèrent à parler de manière plus sérieuse. C’est alors que Rafael aperçut au loin deux personnes courir vers eux, il ne mit que peu de temps à reconnaître leurs parents. Un sourire illumina son visage mais il se mua rapidement en mou perturbée. Ses parents courraient vers eux avec un air sévère qu’ils n’avaient pas quelques heures plus tard. Rafael comprit que son père avait fait transplaner sa mère dans le cimetière. Il ne l’avait jamais fait dans les souvenirs du jeune homme, il ne savait d’ailleurs pas si c’était légal. Connaissant la mère de famille, celle-ci n’avait pas laissé le choix à son mari. Arrivés devant leurs enfants, ce fut d’ailleurs elle qui prit la parole en premier:

« Talía, tu ne peux pas retourner au travail ce soir ! Le ministère n’est plus, Parkinson et les siens ont pris le pouvoir! »

Les sourires présents sur les visages des deux jeunes s’évaporèrent aussi rapidement que leurs parents avaient transplané. Rafael avait, bien évidemment entendu parler de ce mouvement mais il n’avait pas imaginé qu’ils avaient la possibilité de renverser le ministère de la magie. Talía semblait avoir plus de difficultés à encaisser le coup, elle ne pouvait plus aller travailler, elle ne savait pas ce qui s’était passé et ne comprenait pas comment tout cela était possible. Cette nouvelle signifiait beaucoup de choses, le monde tel que la famille le connaissait allait changer. Les idéologies de ce nouveau mouvement était totalement différentes de celle de la famille Mason et allait à l’encontre de l’union entre un moldu et un sorcier, à l’encontre de l’union des parents de Rafael.

Celui-ci jeta un regard à sa mère qui partageait les mêmes pensées que lui. Elle espérait ne pas se faire remarquer par le nouveau mouvement. Leurs membres risquaient de lui lancer un oubliette à Soria qui était, selon eux, une moldue qui en savait beaucoup trop sur les sorciers. Que se passerait-il si une telle chose arrivait? Rafael ne pouvait imaginer une telle situation, il ne laisserait pas cela arriver. Il s’empara de sa main et lui fit passer ce message sans parler, seulement avec son regard. Comme à son habitude, elle réagit en femme forte et acquiesça discrètement. Talía n’avait toujours pas dit un mot et Rafael devinait ce à quoi elle pensait. L’un de ses lieux de travail avait été pris par les mains de l’ennemi. Elle ne savait pas comment allaient se passer les prochains jours ni même les prochains mois. Malgré tout, Rafael connaissait bien sa soeur et savait qu’elle trouverait le moyen de sortir de cette impasse.

Ce que les quatre Mason ne disaient pas mais à quoi ils pensaient tous était que cette attaque contre le ministère leur rappelait l’attentat survenu deux ans plus tôt. Le nouveau parti n’avait rien à voir avec l’organisation qui avait mené l’attentat mais Rafael ne pouvait s’empêcher d’y repenser. Le monde magique était constamment en changement et le jeune sorcier regrettait sa jeunesse où il y avait moins de problèmes politiques.

Les Hommes, qu’ils soient moldus ou sorciers, n’arrivaient pas à se remémorer leurs erreurs passées. Dans les deux mondes des guerres avaient éclatées, des milliers de morts avaient été comptés pendant et après ces guerres mais ils ne pouvaient s’empêcher d’imiter les erreurs du passé. À 34 ans, Rafael était déjà las de faire parti d’un monde politique aussi instable et violent mais malgré tout, il ne pouvait se résoudre à laisser un tel mouvement s’installer en Grande Bretagne et il suivrait tout cela de près.

Rafael trainait des pieds en direction de la tombe de sa sœur. Il réprima un bâillement, il n’avait pas dormi de la nuit et la fatigue se lisait sur son visage. Comment une telle chose avait pu arriver? Une fois encore, un attentat avait eu lieu à Londres et cette fois-ci il y avait eu des morts autant chez les sorciers que chez les moldus. Que serait la prochaine étape? Les Hommes n’en avaient pas marre de se battre ainsi? Pire encore, les sorciers mettaient en danger le secret de leur existence pour des idéologies différentes. Rafael avait beau savoir que les problèmes politiques de son pays n’étaient pas nouveaux, il ne comprenait pas que cela puisse prendre de telles proportions. Cette fois-ci, c’était l’Hopital Ste Mangouste qui avait été pris pour cible, son lieu de travail, où encore 24h plus tôt il travaillait.

Le sorcier avait l’impression que le monde lui en voulait à lui et sa famille. Il lui avait d’abord pris sa sœur, Malia. Quelques années plus tard, Ursula et les siens avaient volé le travail de Talía et sa meilleure amie Eleanor. Et aujourd’hui, c’était à son tour d’en faire les frais directement, il se retrouvait sans emploi. Et dans tout ça, il y avait toujours eu des morts qui eux n’avaient rien demandé. Que se passerait-il la prochaine fois? Une fois de plus, Rafael se sentait dépassé par les évènements et fatigué de tout cela. Il avait demandé à sa meilleure amie de le rejoindre ici, il avait besoin de compagnie, il ne voulait pas être seul. De toute évidence, elle lui avait répondu par Patronus qu’elle serait présente pour lui et ils avaient prévu de se retrouver sur la tombe de Mila à 9h ce matin là.

Rafael arriva un petit peu avant l’heure prévue, il n’arrivait pas à dormir et ne supportait pas de rester dans son appartement vide. Il s’était donc vêtu d’un gros manteau et avait assisté au lever du soleil en se promenant dans les rues de Londres. Après, il s’était rendu au cimetière et avait attendu Eleanor pendant une petite demi-heure. Cette dernière avait du, elle aussi faire face, à la perte de son travail lorsque Parkinson avait pris possession du ministère de la magie. Désormais, elle faisait des petites missions de protection pour certains membres de l’ancien régime. A cela s’ajouter une activité secrète auprès d’un rassemblement qu’elle avait quelque fois évoqué auprès de Rafael. Ce dernier la vit arriver dans le cimetière et elle mit peu de temps à le rejoindre et très vite l’enlaça. Ils restèrent ainsi quelques minutes puis ils se rassirent l’un à côté de l’autre près de la tombe de Mila qui était devenue un lieu de rendez-vous depuis longtemps. Eleanor regarda son ami et lui souffla:

« — Raf’ tu n’as pas dormi encore... Je sais que ce n’est pas facile, je suis passée par là mais tu ne peux rien y faire c’est trop tard.

Comme à son habitude, elle avait identifié directement. ce qui avait travaillé Rafael toute la nuit. Cela faisait maintenant plus de vingt ans qu’ils se connaissaient, ils avaient passé toute leur scolarité à Poudlard ensemble et se connaissaient par cœur. Elle savait que Rafael se sentait coupable de ne pas avoir été présent à l’hôpital la veille. Il avait finit son service à 19h et était parti trente minutes avant l’attaque de Ste Mangouste. Il s’en voulait de ne pas être resté plus longtemps. Toute la nuit, depuis qu’il avait entendu parlé de cette évènements, il s’était refait sa soirée avec différents scénarios. Les cernes violacés sous ses yeux étaient là pour en témoigner, il n’avait pas dormi de la nuit.

— Je sais que c’est trop tard mais... Je ne sais pas, si j’étais resté plus longtemps, peut-être que j’aurais pu me rendre utile, faire sortir quelques patients! J’aurais pu...
— Mourir! Oui tu aurais pu mourir sans rien pouvoir faire! Tu aurais pu te retrouver ici avec ta sœur! C’est ça que tu veux?

Eleanor ne lui avait pas laissé le temps de terminer sa phrase et elle savait qu’il fallait utiliser la manière forte pour recentrer Rafael. Elle avait raison, il n’était pas indispensable et n’aurait peut-être rien fait de plus que ce qui n’avait déjà été fait. Il aurait peut-être perdu la vie lui aussi, il ne pouvait se morfondre ainsi et il le savait. Eleanor avait utilisé les bons mots. Ils étaient durs mais vrais, il ne pouvait pas revenir dans le passé et les choses étaient telles qu’elles étaient. Que se serait-il passer s’il était resté au travail et s’il avait perdu la vie? Ses parents auraient perdu un deuxième enfant, Talía se serait retrouvée fille unique. Non, il ne pouvait pas refaire le passé. Rafael ferma les yeux et baissa la tête, il serra la main de sa meilleure amie et reporta son attention sur la tombe de sa sœur. Eleanor raffermit son attention sur la main de Rafael et parla de nouveau.

— Tu ne veux peut-être pas penser à cela tout de suite mais je vois que tu veux te rendre utile. Je t’ai déjà parlé d’eux et je sais que si je leur parle de toi ils te trouveraient un rôle et tu pourrais aider. Tu n’as pas besoin de me donner une réponse aujourd’hui mais penses y d’accord?

Les paroles de sa meilleure amie firent écho dans l’esprit de Rafael. Elle n’avait pas besoin de préciser qui était le « ils », elle lui en avait déjà parlé. Il avait en effet besoin de se sentir utile et de lutter contre tout ce qu’il se passait. Il ne pouvait pas rester les bras croisés ainsi et voir sa famille mourir, perdre son travail et bientôt peut-être se diviser. Il devait agir et sa meilleure amie lui en donnait les moyens. Il la regarda dans les yeux et lui sourit d’un sourire sans joie. Il acquiesça et lui répondit à son tour:

— Merci Eleanor! J’y réfléchirai, c’est promis! »

Les deux amis partirent du principe que le sujet était clos et n’en parlèrent plus de la journée. Ils évoquèrent ensuite les possibilités qu’avaient Rafael. Elle lui parla du Quidditch mais il n’était pas très emballé de repartir tout de suite et elle continua à lui chercher des pistes. Les minutes passèrent et le sujet changea à nouveau et très vite, Eleanor réussit à redonner un semblant de sourire à son meilleur ami.