Capuche abaissée et Habillée de la traditionnel bure et manteau sombre du Clan des Sans-langue couvrant entièrement son corps, Morrigan se fraya un chemin a travers la pluie et l’orage qui continuer de gronder au-dessus de la ville de Glasgow. Cela faisait un moment qu’elle n’était pas retournée dans cette ville et principalement depuis la dispute entre elle et l’homme qu’elle chérissait à cause de sa petite sœur. Si l’on rajoute l’apparition de la guerre entre les Sorciers et les moldus, les deux amoureux n’avaient jamais vraiment chercher à se trouver du temps pour eux mais Morrigan voulait que tout ça change car les jours continuaient de passer et elle commençait à craindre pour l’avenir de son couple.

Thomas Sangblanc était un prédateur avec les femmes. Sa beauté pouvait faire tomber n’importe qui et en plus de cela c’était un joueur, manipulateur hors-pair, capable de se faire passer pour la victime dans une situation où il est lui-même l’agresseur. Mais ce n’était pas ce que craignait le plus la jeune femme quand elle aperçut le toit de la maison de son bien-aimé après de longues minutes de marches. Ce qu’elle craignait, c’est que cet imbécile ait trouvée quelqu’un pour la remplacée sans le lui avoir dit.

Une fois devant la principale porte d’entrer, Morrigan tendit l’oreille pour entendre le moindre bruit qui trahirai la présence du manteau noir. Était-il là ? était-il seul ? Malheureusement pour elle, la pluie s’écrasant sur le toit et les vitres de la maison l’empêchait d’entendre tout bruit provenant de l’intérieur du bâtiment. Après de longue seconde d’hésitation pour prendre une décision, Morrigan referma son manteau jusqu’à sa bouche pour cacher le tatouage sur ses lèvres et de sa main gantée, elle tourna doucement la poignée de la maison et pénétra à l’intérieur en refermant doucement la porte derrière elle.

Rien n’avait changé depuis son départ si ce n’est le porte manteau presque vide et les chaussures rangées correctement au bas cote de l’entrer. Quand son regard se posa sur la seule pièce de la maison éclairée, son cœur se serra et ses yeux commencèrent à devenir humide. Même si elle s’était éloignée, cette maison avait toujours une grande valeur sentimentale pour elle. Abandonnant tout doute qu’elle avait en elle, Harrison prit le temps de retirer ses bottes avant de se diriger vers la pièce ou semblait être Thomas.

-Eh bien, je vois que tu as réussi à garder la maison propre. Je ne m’attendais pas à voir la maison dans un état aussi…propre. Contente de voir qu’elle n’ait pas finis en cendre. Taquina-t-elle en s’adossant sur le mur. Est-ce qu’on peut parler ? Cela va faire sept mois qu’on ne s’est pas vu toi et moi…

Sa petite dame de flamme dansait sur son épaule. La chaleur qu'elle dégageait réchauffait la peau de son cou, dépouillée de ce cuir qui l'habillait au quotidien. Des congés, quelques jours seulement, mais salvateurs. Thomas appréciait pouvoir rentrer chez lui, juste un peu. Loin de la Citadelle, il se sentait autre chose qu'un soldat voué corps et âme à son armée. Il pouvait souffler, rendre visite à ses amis, et veiller sur Maggie. Un peu plus d'un mois était passé depuis leur première et unique nuit, et Thomas ne lui avait pas parlé depuis. La vérité, c'est qu'il ne savait quoi lui dire... ni quoi faire. Voilà bien trop longtemps qu'il n'avait pas vu Morrigan, sa fiancée. Il craignait qu'un jour elle n'apparaisse alors que Maggie se trouvait là. L'anglaise ne ferait qu'une bouchée de sa jeune et douce amie.

Allongé sur le grand canapé du salon, Thomas se redressa, immédiatement sur son séant lorsqu'il entendit des pas dans le couloir. Jacob ? Morrigan? Il eu sa réponse en voyant sa fiancée franchir le seuil de la parte, trempée et vêtue de son uniforme.
Thomas en resta pantois un moment, ses grands yeux d'argent plantés sur Morrigan. Sur son épaule, la petite genre de flamme agonisait, s’écroula sur ses genoux, jusqu'à disparaitre en crépitations flamboyantes.
Il observait la femme s'adosser au mur du salon, de leur salon, ses lèvres articulant quelques taquineries qui ne le firent sourire. Lui qui riait volontiers d'habitude n'en avait pas envie aujourd'hui.

« Tu veux parler » répéta t-il en appuyant son coude sur son genou, ses yeux ne la quittent pas. « Et de quoi est-ce que tu veux parler ?  »

Thomas ne savait comment se comporte avec celle qui avait partagé sa couche aussi longtemps. Avec celle qui devait partager le reste de sa vie avec lui. Il était en colère après elle, à moins que cela ne soit du dédain ? Le garçon l'ignorait.

Morrigan abandonna sa plaisanterie et posa son regard désolé sur Thomas. Il n’avait même pas daigne sourire, juste un regard indiffèrent qui fit changer le comportement de sa compagne drastiquement.

-De toi et moi. Finit-elle par dire en venant s’asseyant sur l’accoudoir du canape. Pas de ta famille, pas de la mienne, juste de toi et moi.

Au fond de son cœur, Morrigan avait tant à dire à Thomas, si celui-ci n’était pas quelqu’un à qui il fallait parle avec précaution, elle n’aurait sans aucun doute eu aucun mal à expliquer ce qu’elle ressentait aujourd’hui. Mais elle le connaissait, elle savait qu’il pouvait exploser comme une bombe à retardement. Une bombe qui causerait sans aucun doute des dégâts irréversibles dans leur couple comme cela a été il y’a presque six mois de cela.

Toujours assise sur l’accoudoir du canapé du salon, Morrigan passa sa main a l’intérieur de sa robe et y sortie sa baguette qu’elle déposa sur la table basse qui était non loin de là.
Elle ne voulait pas être perçu comme une menace par l’homme qu’elle aimait. Elle souhaitait juste parler avec lui en espérant que celui-ci comprenne qu’elle n’avait aucune mauvaise intention derrières et pour cela, quoi de plus convaincant que de se séparer de l’outil qui fait de vous une menace ?

-Avec tout ce qui se passe en ce moment, il fallait absolument que je te vois, Morrigan hésita un instant, la guerre…Les moldus, l’armée Noir, les clans… Un jour viendra où nous serons déployés sur le front toi et moi… Et quand ce jour viendra…On ne sait pas ce qui pourrait arriver et je n’arrête pas de penser à ce moment…

Depuis cette annonce de bain de sang, Morrigan cauchemardait de l’après-guerre nuit après nuit. Pas de vainqueur ni de vaincu. Juste elle dans un cimetière avec ce qu’il restait de sa famille et des membres du Conseil, regardant défilée une horde de cercueil avec écrit dessus, le nom de la victime qui reposait à l’intérieur. Chaque nuit on lui déposait le cercueil de Thomas devant-elle…Chaque nuit, elle s’effondrait en larme silencieusement dans son lit en espérant de tout son cœur de ne jamais voir son homme se faire enterrer devant ses yeux. Et chaque nuit elle regrettait de ne pas être à ses cotes pour profiter autant que possible de sa présence.

-Je tiens à toi, murmura-t-elle en le regardant dans les yeux. Plus que tu ne peux l’imaginer et l’idée de te perdre …me rend malade… Je veux rester avec toi…Pour toujours.

Morrigan resta silencieuse un moment. Elle qui hésitait à se rapprocher de son amour, n’en fit finalement rien. Elle ne savait pas comment il réagirait à ses paroles et malgré ses apparences charmeuses, Thomas était capable de faire preuve d’excès de colère inattendu. Non. L’héritière Harrison était ici pour essayer renouer son lien avec son bien-aimé, pas pour le détruire.

Elle et lui. Voilà ce qui préoccupait Morrigan. Et il y avait de quoi, impossible de l’ignorer. Des mois qu’ils ne s’étaient pas parlé. Après leur dernière dispute, plus torrent déchainé qu’averse dérisoire, Thomas s’était plongé dans ce qui méritait finalement toute son attention : la recherche de Jacob. Il avait traqué son frère avec plus d’acharnement que jamais et l’avait trouvé, et l’avait perdu. Jacob, son gentil petit frère, était devenu dangereux, et cette ruse qui l’avait toujours amusé chez lui s’était mué en un atout redoutable. Pour oublier Jacob, Thomas s’était alors accroché à une jeune fille solaire qui écartait les nuages noirs que représentaient sa mère, son frère et sa fiancée.
Aujourd’hui, Thomas ne pourrait pas éviter une discussion avec Morrigan.

L’héritière Harrison extirpa sa baguette de sa robe pour s’en déposséder. Thomas ne comprenait pas à quoi cela rimait. Il ne craignait pas, à aucun moment, que sa fiancée l’utilise contre lui. Pensait-elle qu’il pouvait imaginer une chose aussi terrible ? A moins ...
A moins que leur discussion glisse sur un terrain escarpé et dangereux. Par Merlin, était-elle au courant pour Maggie ?

Les premiers mots de Morrigan ne le rassurèrent pas dans ce sens... et finalement, le soulagement le gagna. Pas de Maggie dans cette discussion, rien que des angoisses liées à la guerre. Qui n’en-aurait pas ? Thomas n’en avait plus, étrangement... peut-être avait-il déjà trop d’inquiétude. Ce qu’il craignait le plus, c’était d’un jour devoir affronter son frère. Jamais il ne pourrait se résoudre à le blesser. Jacob, lui, n’aurait aucune hésitation.

Thomas releva ses yeux sur Morrigan. Ensemble, pour toujours, voilà ce qu’elle désirait ardemment. Leur couple avait toujours été frangible, était en cause cette arrangement qu’il y avait eu entre leurs parents. Bien sûr, ils s’étaient offerts l’un à l’autre bien avant leur idée de les marier pour quelques préservation du sang mais cela... Thomas le savait et peinait à l’oublier. On lui avait demandé d’épouser Morrigan, lui ne l’avait pas décidé. Tout cela, il l’avait fait pour sa mère, son père, sa famille. Mais pas par amour véritable. Bien sûr, il l’aimait ! L’avait aimé ?

« Morrigan, je ne vais pas mourir. » Voilà tout ce qu’il parvint à dire, car il s’agissait là de sa seule certitude. « Et toi non plus. »

La main de Thomas glissa jusqu’à celle de Morrigan pour la serrer, un peu. Il ne voulait pas lui faire du mal.

« Écoute... je ne sais pas si je suis encore capable de rester avec toi pour toujours. »

Il l’avait dit. Ses mots s’étaient extirpés de sa gorge avec âpreté, mais il l’avait dit. Thomas craignait la suite de la conversation, désormais.

Le cœur de Morrigan cessa de battre pendant une demi-seconde. Elle sentait ses mains tièdes doucement enrouler les siennes et pourtant ses mains continuaient de lui donner la sensation de froid. Les mots de Thomas l’avait frappée comme elle ne l’aurait imaginée. Lui ? Pas capable ? Ses paroles résonnèrent encore dans son esprit et tout son corps fut pris d’un frisson la faisant trembler. Elle déglutit doucement avant de resserrer tendrement ses mains dans celle de son amour.

-Moi non plus, je ne sais pas…Murmura-t-elle doucement en venant s’asseoir à côté de lui sur le canape sans que ses mains quittent les siennes. Il ne s’est pas passé une journée sans qu’une pensée n’aille dans ta direction…

Son cœur se pinça et ses yeux devinrent humides. Morrigan connaissait très bien Thomas. Ensemble ils avaient fait leurs études à Poudlard et la Sang-pur savait pertinemment que la fidèlité de Thomas n’avait jamais existée. Et malgré cette pensée en tête, elle essayait de se convaincre que l’ainé Sangblanc n’avait pas cherché a la remplace durant tous ces mois. Mais elle savait au fond-elle qu’il n’avait pas changé. On ne peut forcer quelqu’un à devenir ce que l’on veut et il était dans sa nature de toujours se mettre en chasse mais ça Morrigan s’en fichait. Ses sentiments pour Thomas étaient trop fort pour le perdre et le laisser a quelqu’un d’autre.

- Je…Je sais que je suis loin d’être la femme parfaite, reprit-elle en inspirant profondément avant de se rapprocher un peu plus de lui. J’ai beaucoup de défauts qui m’ont rendu et me rendent détestables… et je t’en demande sincerement le pardon. Morrigan marqua une pause et pausa doucement sa tête contre l’épaule de Thomas. C’est vrai…moi-même je ne sais pas si le ‘pour toujours’ m’irait en verite…Mais je sais ce que murmurent mes sentiments et ils me disent de continuer la route avec toi encore un moment… Parce qu’au plus profond de moi…Je t’aime Thomas…

Les mains de Morrigan se libérèrent de l’emprise de celles de thomas et sa main gauche vint prendre délicatement sa main droite en laissent ses doigts embrasser les siens.
C’était la première fois depuis longtemps que Morrigan n’avait pas prononcée ces mots. Elle ne voulait pas que sa se termine. Quand bien même si Thomas était alle peut-être voir d’autres fille, elle était prête à se battre s’il le fallait pour gagner son cœur.

En ces temps troubles, Morrigan ne pouvait pas vraiment parler de ses problèmes à sa famille. Thomas était le seul a qui elle pouvait se confier sans subir la pression de la famille et ne plus l’avoir serait mettre en danger son stresse qui ne cesse de grandir depuis voilà maintenant plusieurs mois.
Dans un geste lent et doux, la jeune femme releva la tête pour regarder amoureusement le jeune Sangblanc. Dans un geste qui semblait durer des heures, elle vint déposer ses lèvres avec tendresses sur la joue de Thomas avant de reposer sa tête sur son épaule en inspirant discrètement son parfum.

Secrètement, elle espérait que les deux familles n’avaient jamais existée et qu’eux deux seuls perduraient dans ce monde sans problème ni responsabilité.

C’est avec surprise que Thomas entendit les mots de Morrigan. Elle ne hurlait pas, n’avait pas fondue en sanglot. Non, elle avait acquiescé, tout simplement. Thomas en était tout abasourdi.
Il se repris bien vite, croisant le regard humide de sa fiancée. Il se haïssait de lui faire du mal, hélas il y était contraint. Thomas pourrait très bien continuer à voler de femme en femme, mais le remord le rongeait à chaque départ.
A chaque départ... pas tout à fait. Maggie était différente de chaque femme qu’il avait connu. Ce n’était pas de l’amour qu’il ressentait pour elle. Peut-être pas. C’était différent de ce qu’il ressentait pour Morrigan. Le trouble le hantait.

Morrigan, assise à ses côtés, sa peau contre sa peau, reprit la parole, et Thomas l’écouta sans mot dire. Elle semblait perdue, elle aussi. C’était bon signe, peut-être allait-il se séparer sans remord ni regret.
Hélas non, Morrigan avait prononcé ces mots qu’il ne voulait pas entendre ce soir. Ces trois mots qui ajoutait un peu plus de culpabilité. Trois petits mots qui avaient bien plus de puissance que n’importe quelle démonstrations, quelle qu’elles soient. Les lèvres de Morrigan contre ses doigts, sa tête contre son épaule, rien n’avait cette intensité foudroyante.

« Je... »

Il se retrouvait muet, sa gorge trop serrée pour parvenir à laisser un seul mot la franchir, et le baiser de Morrigan sur sa joue cloua ses pensées. Lui qui avait été si sûr de lui, ne savait plus.
Thomas ne savait plus si il l’aimait encore, si il l’avait seulement aimé un jour. Il n’aurait pas dû en douter un seul instant, mais le fait était qu’il ne s’était jamais vraiment posé la question. La voilà, la grande erreur.
Comment réagirait-il si il venait à la voir dans les bras d’un autre, elle, la femme à laquelle il avait été prêt à confier son avenir ? Cela non plus, il ne le savait pas. Il aurait dû savoir.

« Tu devrais en aimer un autre que moi » parvînt-il enfin à dire. Il se releva, se détachant de ses lèvres et de ses mains. En quelques pas, il s’éloigna, ses doigts s’enfonçant dans ses épaisses boucles blanches. Il ne la voyait pas, ne voulait pas la voir, pas pour le moment.

« Je ne peux pas continuer avec toi. Je n’y arriverai pas. »

Thomas inspira lourdement, jetant sa tête en arrière. C’était beaucoup plus compliqué qu’il ne l’avait imaginé.

-Comment ça tu n’y arriverais pas ? Demanda la jeune femme en se levant doucement du canapé. Je ne comprends pas…
Morrigan ramena sa frange derrière les oreilles pour mieux apercevoir Thomas qui s’était détachée d’elle.
-Aimer un autre que toi ? Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ? Personne dans ce monde ne saura égaler l’amour que j’éprouve pour toi ! Qu’est ce qui te prends à parler comme ça ?

L’ancienne garde noire déboutonna le haut de son manteau pour laisser sa bouche tatouée enfin respirée. Sa gorge était serrée et ses yeux devinrent claire à l’approche des larmes refusèrent de tomber par sa simple volonté de ne pas se montrer faible devant lui. Non, la Morrigan qu’il était censée connaitre n’était pas une jeune femme qui s’apitoyait sur son sort et suppliait pour comprendre.

-Est-ce que…Est-ce que tu vois quelqu’un d’autre ? Demanda-t-elle doucement en essayant de cacher sa tristesse. Je te connais presque par cœur, Thomas… en trois quatre mois…Je me doute bien que tu as dû regarder autre part…Je me trompe ? Dit moi la vérité...

Elle se doutait de ce qu’était la vérité. Pas dans les détails mais après avoir été autant amoureuse, on finit par connaitre un peu la personne envers qui les sentiments vont. Une part d’elle voulait connaitre la vérité, un autre en avait peur. Car si ses craintes étaient confirmées comment réagirait-elle ?

Lui qui refusait de la regarder, Morrigan se montra aussi forte qu’elle le pouvait pour continuer à le regarder sans s’effondrer. En quelque pas, elle réduisit la distance qu’il y’avait entre elle et lui. Elle posa une main sur son épaule et le tourna doucement vers elle pour qu’il puisse lui dire la vérité face à face.

Dans quel fichu pétrin venait-il de se précipiter? Thomas haïssait les séparations. C’était du temps, de la tristesse, de la colère, c’était une explosion de sentiments tous contraires. Une tempête, un raz de marée, un torrent de flammes. Et chaque partenaire en pâtissait.

Thomas sentait son cœur se serrer, se serrer encore et encore dans sa poitrine, à mesure que Morrigan parlait. Il aurait aimé lui répondre, lui cracher de le laisser, de seulement prendre ses maudites affaires et de quitter son appartement... mais rien ne lui vint. Pas un souffle. Rien qu’un silence. Il n’avait pas envie de se battre avec elle.

La main de Morrigan sur son épaule l’arracha brutalement à son mutisme

« J’ai vu plusieurs femmes. » lâcha t-il.

C’était cruel, mais au moins, c’était dit. Morrigan se targuait de le comprendre, n’est-ce pas ? Alors, elle comprendrait. Thomas n’avait jamais été de ces hommes à jurer fidélité à une seule femme. Il pensait que Morrigan ne l’aurait pas oublié. Après tout, elle l’avait connu à Poudlard.

Thomas regardait Morrigan de toue sa hauteur, ses yeux pénétrant les siens en quête de chaque émotion. Il la connaissait, savait qu’elle se cachait.

« Ce que tu veux, je ne peux pas te le donner. Je suis lassée de toi, comme je me suis lassé des femmes avant toi. C’est cruel, pas vrai ? de te dire ça après ce qu’on a vécu. Et j’en ressens aucun remord. Aucun. Tu as envie de ça, toi ? Je sais que non. Je n’ai pas de place pour notre histoire. C’est comme ça. Tu n’y peux rien, et je n’y peux rien. Alors ... contentons nous de nous quitter sans rendre tout cela compliqué. »

Il n’avait pas flanché, pas une seconde. Ses yeux n’avaient pas quitté les siens. Thomas s’attendait à recevoir la paire de claque qu’il méritait. Il encaisserait. Cela lui permettrait peut-être de la haïr un peu, rendant cette séparation plus simple. Il l’aimait quand même un peu, cette femme. Assez pour ne pas vouloir lui faire de mal.

Les mots de Thomas avait frappé son ex-petite amie dans l’estomac de manière sec. Morrigan recula de quelque pas en arrière et alors qu’elle se sentait pleurer, son corps refusait de montrer une once de tristesse devant cette homme sans cœur, sans respect ni loyauté. L’envie de le frapper était immense, l’envie de le plaquer au sol et de couvrir sa gorge avec ses mains avant de serrer le plus fort possible était un sentiment indescriptible. Thomas Sangblanc, un homme sans parole ni fidélité. Depuis Poudlard il n’avait pas changé ne serait-ce que d’un cheveux et Morrigan non plus. Ce n’était pas la première rupture qu’elle vivait avec lui et comme la dernière fois, même malgré ses mots crus, Morrigan restait amoureuse de cet homme qui venait de la laisser tomber sans aucun remord ce qui rendait cette rupture encore plus difficile à comprendre.

Le regard vitreux, la bouche légèrement entre-ouverte et les yeux humides, Morrigan recula de quelque pas vers la table basse et se pencha pour récupérer sa baguette et serra aussi fort que possible la base de son arme. Elle resta figée un instant dans le salon et continua d’appuyer son regard sur Thomas en canalisant autant que possible sa tristesse et sa rage qui menaçait d’éclater d’un instant à l’autre. Il ne méritait pas de vivre. Si Morrigan partait, il continuerait à faire du mal aux autres. A d’autres femmes comme elle, a qui il donnerait le sentiment de sécurité et la promesse d’un futur remplit d’utopie.

Finalement, Morrigan rangea sa baguette sous son uniforme noir. Elle ne pouvait se résoudre à lui faire du mal, ses sentiments envers lui était encore fort et malgré le mal qu’il lui avait fait, il restait un membre du Conseil en tant que manteau noir. Toujours avec ce regard indiffèrent, Morrigan arriva au niveau de Thomas et lui donna un coup d’épaule pour passer son chemin comme s’il n’était qu’un obstacle invisible et tourna vers la gauche avant de monter les escaliers avec la valise qu’elle avait ramenée pour rejoindre ce qui était autrefois la chambre à coucher qu’elle partageait avec l’autre en bas.

Elle y trouva ses robes dans le dressing qu’elle rangea d’un simple coup de baguette. De son ancien coté du lit, elle fut surprise de voir sur sa table basse des photos du couple, dansant dans les bras de l’un et l’autre en souriant, en rigolant. Lentement, Morrigan s’empara de l’une d’elle et prit un instant pour s’observer le cadre avec attention. Elle se voyait joyeuse dans les bras d’un Thomas qui semblait tout aussi amoureux…Mais a combien de femme avait-il lancée ce même regard ? Serrant une dernière fois cette image contre son cœur, elle essaya de se rappeler de ce moment de joie qu’elle avait ressenti ce jour-là en essayant de se convaincre que ce qu’elle avait vécu n’était pas qu’un simple rêve qui était en train de s’écrouler. Mais quand elle revint à la réalité, elle n’avait plus la force de se retenir et déglutit plusieurs fois avant de fondre en larme sur le lit en essayant d’étouffer ses sanglots dans ces bras. Elle avait tant donnée pour ce couple, tant sacrifiée pour le retrouver et aujourd’hui, c’était lui qui avait abandonné. L’amour de sa vie venait de la briser en mille morceaux et ne ressentait absolument aucune honte ni aucune peine…Peu importe ce qu’elle ferait, elle n’arriverait pas à le faire sentir coupable. Il ignorait ce qu’était la culpabilité, il ignorait ce qu’était la loyauté tout comme la fidélité et au fur et à mesure que Morrigan découvrait le visage de Thomas Sangblanc…La grande de la haine vint enfin s’implanter dans son esprit, brisant en mille morceau le cadre qu’elle tenait entre les mains à travers plusieurs larmes cristallins. Un jour, elle le lui ferait payer.

Désolée pour le retard !

Mère lui avait dit un jour que l’amour était le plus beau des fardeaux. Quand lui avait-elle dit cela, déjà ? Thomas ne parvenait pas à s’en souvenir. Peut-être était-ce après une dispute avec Père. À moins que cela ne ce soit passé après une exclusion temporaire de Poudlard. Il n’avait jamais su comment prendre ces mots là. Était-ce des mots pour rassurer, ou plutôt une mise en garde ? A ce moment précis, son épaule frapper par celle de la femme qu’il avait aimé, il aimait encore un peu, Thomas ne voyait aucun réconfort dans ces sentiments. L’amour, ce fardeau, n’était rien de plus qu’un boulet à sa cheville. Il n’y avait rien de facile, rien de beau. Cet amour ci, comme les autres, Thomas ne savait qu’en faire. Il le brisait à chaque fois qu’il se déposait entre ses doigts. Avec Morrigan, Thomas pensait qu’ils auraient pu s’aimer longtemps, peut-être même assez longtemps pour avoir des enfants. Une fille qui lui ressemblerait, mais qui aurait les traits de Morrigan. Ou ceux de Maggie ?

Thomas prit son visage dans ses mains, avança a l’aveugle jusqu’à son canapé, dans lequel il s’assit à nouveau. Il ne suivrait pas Morrigan, qui était certainement occupée à ranger leur affaire. Ce serait une erreur. Lorsqu’elle avait empoigné sa baguette, ses yeux plongés sur Thomas, il avait cru un instant qu’elle le tuerait d’un seul sortilège. Elle en était capable. C’est pour quoi il avait serrer sa propre baguette dans sa poche, prêt à dégainer pour se protéger. Jamais il n’aurait pu la blesser, mais il était hors de question de mourir ainsi, tuer par une de ses femmes. *Une de mes femmes* répéta t-il intérieurement. Pour qui se prenait-il à penser ainsi ? Pauvre Morrigan, pauvre Maggie, pauvre Ann, pauvre Jane, April, Andrea, Cora, Mary... a moins que ce ne soit Maya. Thomas se laissa aller dans son canapé. Quel enfoiré il faisait là. Incapable de se souvenir de ces femmes, ses femmes comme il l’avait cruellement pensé.

« Je suis vraiment une belle ordure » murmura t-il au plafond. Trop idiot pour s’attacher aux femmes, trop fier pour leur dire à quel point il aurait aimer pouvoir rester avec elles à jamais. Un jour, il lui faudrait pourtant faire un choix. Il ne pourrait pas décemment rester ainsi, à passer de fleur en fleur comme une abeille. Mais... il était pourtant satisfait de cette vie là, non ? Les femmes, non, mais lui ?

Thomas se redressa sur ses pieds. Il prit une grande inspiration, et quitta le salon à pas de loup pour prendre les escaliers. Il avança dans le couloir, lentement, jusqu’à rejoindre l’entrée de leur chambre à coucher. Il n’aurait pas dû venir, il le su en voyant Morrigan et ses larmes, Morrigan et d’autres choses. Tout lui soufflait de s’en aller, de quitter la maison pour la laisser avec son deuil. Mais il resta là, dans l’embrasure de la porte, à la regarder. Ce n’était pas une bonne idée, et cela il le sentait au fond de son cœur et de ses tripes.

Fuis, lui murmurait son instinct.