Elle était seule au milieu du rayon, entourée de livres aux couverture colorées, ses petites mains enfoncées dans les poches de son gros blouson. Pourquoi était-elle là, dans cette librairie à quelques jours de son anniversaire ? Elle ne savait pas, ou du moins elle avait oublié. Avec sa mémoire d'enfant de bientôt six ans, elle ne retenait que ce qui l'intéressait, et entre autres, la raison de sa présence ici, elle n'en avait rien à faire. Tout ce dont elle voulait bien se souvenir, c'était que Thalia était à son cour de danse, et qu'elle avait hâte de jour de nouveau avec elle.
Elle ne voulait faire que ça, Eileen, jouer, encore et encore. Elle était une enfant après, tout, une enfant pleine de vie, et qui ne s'arrête jamais. Une vraie pile électrique. Les rares fois où elle ne faisait pas l'andouille à sauter et courir partout, c'était lorsqu'elle avait un livre dans les mains. Bizarrement, cela la calmait, et ça faisait du bien à la patience de ses parents. Parce que oui, la patience de ses parents avait des limites, et en aura toujours d'ailleurs.

Eileen prit un livre au hasard sur l'étagère, et s'assit là où elle était, à même le sol, sans même chercher à se mettre contre un mur, ou quoi que ce soit. Non, elle s'était assise là où elle était, en plein milieu du rayon. Elle entendait de loin les talons de sa maman claquer sur le sol, elle devait être à l'autre bout de la boutique.
Elle commença à lire... Enfin, regarder les images qui décoraient l'album. Elle ne savait pas encore bien lire, alors elle se contentait de feuilleter les livres, sans même chercher à comprendre l'histoire. Elle observait juste les images, sans se poser de questions.

Absorbée par les dessins, elle ne sentit pas se sol se dérober sous ses pieds, ou du moins ce qu'elle avait cru elle, en se rendant compte qu'elle volait. L'illustration de la page où elle s'était arrêté montrait quatre enfants qui volaient au dessus de Londres¹. Elle, elle s'était imaginé à la place du petit garçon au pyjama rose...
Elle se mit à rire, sans pouvoir s'arrêter, serrant le livre contre elle pour ne pas le lâcher, lorsqu'elle compris que non, le sol n'était pas tombé. C'était elle qui volait.


@Lancelot O'Lake Dites-moi si quelque chose ne va pas !

C'est parfait, ne vous en faites pas.

J’étais de garde dans la librairie familiale, seul, du moins si je ne prenais point en compte la volée de clients qui passaient de temps à autre. Pourquoi avais-je accepté d’empoigner les rênes de la boutique alors que ma magie me démangeait ? J’avais ce besoin de l’utiliser, mais le secret magique ne pouvait pas être dévoilé aux yeux des Moldus ; c’était ainsi, la dure loi d’un né-moldu ; vivre comme un habitant lambda dans un monde qui nous avait vus poindre, mais qui avec le temps n’était plus celui que notre cœur désirait.
Alors je prenais sur moi comme l’adulte « responsable » que je fus censé être.

Toutefois, être de garde avait quelques avantages : le premier étant que je pouvais ranger l’ensemble des ouvrages refusés à l’achat par les précédents clients ou encore mettre les présentoirs à jour ; et pour dire que cela fût bien plus amusant que ce dont j’eus pensé durant mon enfance.
Mes livres bien ancrés dans mes bras, je m’avançais en premier temps vers la section pour adolescents. Cette dernière était bien calme et vide de présence humaine ; c’était ce qu’il me fallait pour les poser dans un ordre bien précis : trié par nom d’auteur avant d’être hiérarchisé de ces noms par le référencement à la bibliothèque nationale ; cela pouvait être long, mais je me devais de connaître cela par cœur. Cependant, je commençais à sentir une étrange aura autour de moi ; magique et infantile, loin de ce que je pouvais ressentir en temps ordinaire. Je me demandais même s’il n’y avait pas présence d’un enfant magique en ces lieux. Alors, je m’approchais de ce ressentiment…

La section jeunesse s’ouvrait à moi, je n’avais donc pas tort en l’instant, et pourtant, je m’inquiétais pour la personne qui l’effectuait. Peut-être n’était-il pas au courant de la nature magique qui habitait son sang ? Je levai par conséquent les yeux et la vis. Une adorable fillette qui riait de sa situation, un Peter Pan dans le creux de ses bras. Elle semblait vivre cette histoire qui nous empêchait de grandir, mais je me devais de briser cette magie, même si je n’étais pas prêt à voir une enfant emplie d’une tristesse dévastatrice. Elle ne méritait pas cela, mais je devais le faire pour la préservation du monde Magique. Je me plaçai donc derrière elle.

— Ai-je droit à la réincarnation du célébrissime Peter Pan dans ma librairie ?

Elle riait aux éclats, toujours dans les airs. Elle n'était pas très haute, à quelques centimètres du sol seulement, mais elle l'était assez pour que ses pieds ne touchent pas le sol. Elle les agitait dans tous les sens. Eileen entendit au loin quelqu'un approcher, peut-être sa mère ? Elle n'en savait rien, trop absorbée par le rêve éveillée qu'elle était en train de faire.
Ce n'était pas sa mère, elle l'entendit aussitôt. C'était un homme qui parlait, qui lui parlait, qui était là, derrière elle. La voix sortit Eileen de son délire, et elle retomba brutalement au sol. Elle se retrouva sur les fesses, les jambes étendues devant elle. Elle serrait toujours le petit livre dans ses bras. Elle ne s'était pas fait mal, heureusement ! Mais le sol était dur, trop même. On était loin des tapis mous qu'elle avait à la gym.
Eileen resta quelques secondes ainsi, trop sonnée pour bouger. Les paroles de l'homme se créaient doucement un chemin jusqu'à son cerveau, le temps qu'elle les comprenne réellement lui semblait long. Puis elle se retourna d'un coup, lâchant le livre d'une main qui vint se poser sur le sol, derrière son dos. Elle fixa l'homme, la bouche entre-ouverte, puis se remit à rire. Une représentation de Peter Pan...

Qui était Peter Pan dans son livre ? Elle ne le savait pas. Peut-être le garçon avec les vêtement verts ? Ou bien celui avec le chapeau et le parapluie ? Elle ne savait pas, mais elle se doutait que le petit garçon en pyjama rose n'était pas Peter Pan. Peut-être parce qu'il n'avait pas une tête à s'appeler Peter selon elle...
Eileen se tourna complètement face à l'homme, assise à présent sur ses chevilles, un sourire amusé collé aux visage.

- J'suis pas Peter Pan !

La fillette continuait de rire avant d’entendre le son de ma voix qui provoqua sa chute — assez rude à mon goût — sur le sol de la bibliothèque. Je me rendais compte qu’il fallait aménager au mieux cette section, elle pouvait être dangereuse pour les enfants de son âge. Sa bouche dans une position choquée m’inquiéta, j’avais peur qu’elle se fût blessée par ma réaction, mais un fou rire l’eût prise à nouveau. Elle allait donc bien.
Je décidai quand même de me mettre face à elle et sur mes genoux avant même de remarquer son questionnement interne sur la profondeur de mes mots : Peter Pan  ; elle ne semblait pas le reconnaître, mais elle me dit certaine d’elle-même :

— J’suis pas Peter Pan !

Sa réactivité innocente provoqua un rire de ma part, sa joyeuseté me happait en son sein, et je ne pouvais réprimer mes émotions. J’appréciais cela, même si cela ne fut pas à faire, mais comment pouvais-je paraître insensible et trop soucieux de mon travail devant la douceur et la raillerie cristalline d’un enfant ?

— Oh, je vois… C’est donc la fée Clochette qui t’a aidé à voler. J’aurais bien aimé qu’elle me rende visite pour effectuer ce qu’elle t’a fait faire. Elle ne me le fera jamais, je suis trop adulte pour cela, et je n’ai pas assez de souvenirs joviaux pour être réceptif à la magie des fées. Mais alors, si tu n’es pas la réincarnation de Peter Pan, es-tu celle de Wendy ? Enfin, est-ce que tu te baptises Wendy pour pouvoir voler avec tant de joie ?

Je savais bien qu’elle ne pouvait pas s’appeler Wendy, mais c’était mon seul moyen pour avoir sa dénomination. Ce n’est pas tous les jours que je pouvais être témoin d’une manifestation magique chez un enfant lorsqu’il était accompagné d’un parent moldu. Alors, j’allais en profiter… je repris donc :

— Si tu as peur de me donner ton vrai prénom, « Wendy », je vais te dire le mien. Je suis Lancelot.

L'homme s'était agenouillé face à elle, au moins, elle n'avait pas a lever la tête a s'en faire mal à la nuque pour le voir. Elle le fixait presque sans ciller, un léger sourire pendu aux lèvres. Il semblait s'amuser, un peu, du moins c'était ce qu'Eileen voyait en l'écoutant parler de la Fée Clochette, sans interrompre. Elle savait que ça ne se faisait pas, que c'était impoli, alors elle se taisait. Il disait qu'il était "trop adulte"... Comment était-ce possible d'être trop adulte ? Elle allait l'être un jour, elle aussi, "trop adulte" ? Elle n'espérait pas, ça avait l'air si ennuyeux. On aurait dit que les adultes ne s'amusaient jamais, elle ne voulait pas, elle, ne plus jamais s'amuser.

- Enfin, est-ce que tu te baptises Wendy pour pouvoir voler avec tant de joie ?

Elle n'avait pas du tout compris la phrase. Encore un verbe qu'elle ne connaissait pas... Eileen pencha sa tête sur le côté, une leur interrogatrice dans le regard. Elle se retenait d'appeler sa mère pour lui demander ce que voulait dire "baptise", mais ne fit rien, l'homme avait déjà enchainé de toutes façons. La petite redressa la tête. Non, elle ne s'appelait pas Wendy, elle n'aimait pas trop ce prénom d'ailleurs. Elle secoua la tête en riant.

- Nan, nan, je m'appelle Eileen !

Il leva les bras pour s'étirer, puis, après les avoir laissé retomber mollement sur les cuisses, ajouta d'une petite voix :

- J'aime pas le prénom de Wendy d'toutes façons

Navrée pour ce retard

Ce n’est rien, ne vous en faites pas

Les sentiments présents dans les paroles de la petite Eileen me surprirent. Je ne m’attendais pas à une telle conviction, à une pareille animosité envers un simple prénom. Bien que je pouvais lui donner entière satisfaction à sa justification ; elle ne possédait pas de tort pour ne pas jauger ce prénom. D’ailleurs, moi-même ne l’affectionnais pas, elle marquait donc des points supplémentaires avec le relâchement de ses bras d’une manière spontanément désinvolte.

— Je vois, mais tu as raison, Wendy n’est pas un prénom fortement appréciable contrairement au tien !

Il était vrai, elle avait quelque chose de spécial, pas de sa nature de sorcière, mais malgré son âge corporel, je pouvais percevoir en elle une importante maturité. Et régir de cette manière était plus que rare, mais adorable quand on l’y observait avec un œil adulte et en se comparant à sa propre version enfantine. J’avais cette sensation de me revoir au même âge, et pourtant, en ce jour, je sentais qu’elle n’était qu’au début de son ascension magique. Je continuais à la regarder, avec plus de douceur, et ne pus m’empêcher de lui poser cette question :

— Dis-moi, Eileen, qu’aimerais-tu lire, j’aurais peut-être quelque chose qui pourrait te plaire ?

J’appréhendais quelque peu sa réponse, mais je souhaitais voir s’il était déjà possible de lui offrir une lecture magique sans que personne ne pût le remarquer. Elle méritait d’entrer petit à petit dans la sorcellerie, mais je n’étais pas certain qu’elle sût elle-même qu’elle avait une particularité que d’autres personnes ne semblaient pas avoir. J’allais donc attendre et considérer jusqu’à quel moment cette éventualité pouvait se faire ; je ne pouvais pas brusquer un enfant.

Son sourire s'était effacé, pour laisser place à une moue un peu boudeuse sur son visage. C'était de la comédie bien sûr, elle ne boudait pas, il n'y avait aucun prétexte à bouder. Elle replaça négligemment une mèche derrière son oreilles puis fixa à nouveau le libraire, une lueur fière dans le regard. C'était vrai que son prénom à elle était beau, elle l'adorait, et ne l'aurait changé pour rien au monde.
Elle écouta le prénommé Lancelot lui demander ce qu'elle aimerait lire. Eileen haussa les épaules. Elle n'en avait absolument aucune idée ! De toutes façons, elle ne savait pas encore bien lire, et se contentait de regarder les images. Simplement.

- J'sais pas... Je sais même pas si ma maman voudra bien qu'on prenne un livre.

Elle songea un instant à aller la chercher pour le lui demander, mais oublie bien vite cette idée. A coups sûrs elle allait refuser, d'autant plus qu'elles allaient bientôt partir, aller chercher sa sœur à la danse. Elle se mordit la lèvre, regardant autour d'elle les étalages de livres, multicolores.

- Au pire j'vais lui demander !

Finalement, qui ne tente rien n'a rien, ça c'était sûr et certain. Elle se leva brusquement, se retint de courir en cherchant sa maman et lui demanda une fois qu'elle l'ait trouvé. Eileen la suppliait du regard, jusqu'à ce qu'elle accepte, puis elle retourna vite dans le rayon des enfants, sans prendre la peine de vérifier où était le libraire.

- Ma mère elle a dit oui !

Le sourire innocent de l’enfant disparut quelques instants pour laisser libre cours à une mine boudeuse, mais non désagréable pour autant. Je pouvais voir en Eileen qu’elle désirait en découvrir plus sur les livres ; bien que cela dût être réalisé grâce à l’autorisation de son parent.
Je la laissai donc prendre le chemin vers cette dernière et en profita pour aller chercher un livre qu’aucun Moldu ordinaire ne connaissait. Par ordinaire, j’entendais bien l’ensemble des Moldus n’ayant aucune relation avec les sorciers, puisque lorsqu’un Moldu entrait de près ou de loin avec le monde magique ; il n’avait pas d’autre choix que d’en expérimenter ce que nous appelions les bases : épopées pour enfants, les histoires qui pouvaient modifier le cours du temps sorcier. Oui, il y avait tout cela.
Alors, dans mes mains, je gardais ce qui m’avait guidé dans mon monde, même si cela était une édition pour enfant : Les contes de Beedle le barde. Ce recueil de fables était ce que les enfants du milieu enchanté admiraient, ils ne pouvaient pas dormir sans ces derniers, et je voulais le lui donner, quand bien même elle ne comprendrait pas au premier abord.

La couverture caressée par mes doigts faisait monter en moi tant de souvenirs, mais il fallait passer le flambeau. Après tout, cela n’était pas tous les jours que l’on pouvait devenir le témoin d’une manifestation magique et volontaire d’une fillette sorcière. Je souris et attendis donc la venue de l’enfant.

Je ne fus pas contraint à escompter plus longtemps avant de l’entendre s’écrier que sa mère acceptait la proposition ; j’en fus heureux, mais en même temps, une certaine crainte me prenait. Allait-elle garder le secret que j’allais lui offrir ? Ou le crierait-elle sur l’ensemble des toits ? Je n’en étais guère sûr, mais je devais essayer.
Je m’approchais alors d’elle avec ce volume mystique et je m’agenouillais à son niveau avant de lui faire un signe de silence en posant mon index sur ma propre bouche.

— Si ta maman a dit oui, j’en suis très heureux, toutefois, tu pourras prendre un des livres de ton choix. Moi, je vais te faire un cadeau, mais tu ne devras le dire à personne d’accord ?

Je n’attendis pas de potentielle réponse et lui montra l’ouvrage qui se trouvait entre mes mains. La couverture était ancienne, d’un bleu délavé et pourtant, il risquerait de lui faire plaisir.

— Je te donne ce livre. Il est magique, les dessins peuvent se mouvoir d’eux-mêmes, toi — seule — les verras. Cependant, je me dois de te le cacher où tu le souhaiteras.

Je fis tourner les pages, m’arrêtant sur le conte Le sorcier et la marmite sauteuse ; et la laissa regarder l’image du chaudron qui opérait le courant d’une cuillère en son sein et qui détonait sur l’ensemble de la feuille.

Une fois qu'elle fut retournée dans le rayon des enfants, elle vit le libraire s'approcher d'elle, s'agenouiller puis poser son index sur sa propre bouche. Il lui demandait de se taire. Pourquoi ? Cette question la démangeait, mais elle se retint de la poser, hocha la tête à la place. Non elle n'allait pas parler, elle était trop intriguée pour cela.
Elle écouta l'homme parler, hochant la tête à chaque question qu'il lui posait. Non elle n'allait en parler à personne, et elle tiendrait parole. Eileen n'était pas du genre à briser ses promesses, même lorsque celles-ci étaient silencieuses. Le libraire lui montra le livre qu'il tenait dans ses mains. Il était bleu, délavé, mais elle sentait déjà qu'elle allait, ce livre. Pourquoi ? Elle ne savait pas, c'était son intuition qui le lui disait. Son petit doigt qu'il lui indiquait qu'elle devrait se taire, passer tout ça sous silence si elle voulait avoir, puis peut-être le garder, ce livre.

- De me le cacher ?

Elle avait chuchoté, car il lui avait dit de rester silencieuse. Mais elle ne comprenait pas, pourquoi le cacher ? Il devait avoir ses raisons, c'était sur et certains, mais elle ne les saisissait pas. Mais si il ne fallait en parler à personne, de ce livre, c'était peut-être -sûrement- pour cette raison qu'il fallait le cacher.
Eileen se laissa une nouvelle fois tomber par terre, elle ne voulait plus être debout. Ses doigts tapotaient sur le sol pour se canaliser. Elle regardait à peine l'image qu'elle avait sous les yeux.

Je regardais Eileen se poser à même le sol de la section enfant de la librairie, cela était à la fois surprenant et prévisible ; ce n’était pas tous les jours qu’un fils de nature moldue pouvait découvrir, avant Poudlard, les livres à disposition magique comme les illustrations mouvantes ; ou bien même les textes sur les situations qui se retrouvaient semblables à la vie de notre Nouveau Monde.
Sa question quasiment silencieuse me fit légèrement sourire. Ce n’était pas d’elle que je devais cacher ce livre, mais des Moldus. Qui acceptait les sorciers alors qu’on en a cru légende pendant des siècles ? Certains parents, mais ce n’était pas toujours le cas… Les géniteurs nous conduisaient vers une voie qu’ils conjecturaient sûre avant que la magie vienne y mettre le grain de sel. Et c’était des diverses réactions que je voulais la protéger, enfin, devait tenter de le faire tandis que je ne la connaissais que depuis si peu de temps.
Cependant, je hochais la tête à cette question. Oui, j’allais le cacher, mais au fond de moi, je savais qu’un jour elle retrouverait. Elle le récupèrerait à chaque instant où elle en aurait besoin, envie de s’échapper du monde non magique, et ce, d’où qu’elle se trouvât. Je la laissai dès lors prendre, contre elle, cet écrit que je lui donnais. Elle n’avait pas à en avoir peur.

— Quoi qu’il arrive, il t’appartient désormais. Si je dois te le cacher, c’est parce que certaines personnes ne doivent pas le découvrir, car il est très spécial. Alors pense très fort à le rendre minuscule, il pourrait devenir un livre jouet pour tes propres ours en peluche… Et en songeant très fort à le restituer à sa taille normale, peut-être le fera-t-il ? Mais je sais que tu y arriveras…

Je procurais ces conseils sans maîtriser si cela était envisageable. J’étais au fait qu’enfant possédait une magie considérablement malléable ; j’avais pu faire ce que mon esprit imaginait. Mais une fois l’âge et les véritables sorts invoqués, ce genre de sorcellerie infantile et si puissante vouait à se dissiper jusqu’à la possibilité de faire exploser notre ressentiment le plus fort. Je me relevais donc avant de lui tendre la main. Essayant de lui donner l’envie de voir d’autres livres…

— Sinon, tu veux toujours du livre volant de Peter Pan ?