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24 janv. 2017, 17:46
 Bristol - UK  Des Vacances Difficiles  Solo - One-Shot 


Lucy arriva à la gare de Bristol Temple Mead. Retrouver un environnement de moldu était étrange, après tant de mois passé à Poudlard. Il n’y avait pas de hiboux avec du courrier, pas d’avions en papier se faisant la course, pas d’étudiants s’entrainant au sortilège Rictusempra, pas de chaudrons fumants, pas d’entrainement de quidditch, pas de fantômes, de tableaux qui parlent ni de personnes étrangement habillées.

La jeune fille avait mis ses vêtements de moldue pour l’occasion. Elle adorait son uniforme d’apprentie sorcière, mais elle devait rester discrète. Elle avait alors revêtu un chemisier blanc sous un pull en laine bleu clair ; sa jupe lisse bleue sur des collants opaques noires et des babies en cuir. Lucy observa les alentours, cherchant des visages familiers. Comme il n’y avait personne, elle suivit les instructions de son père à la lettre et alla s’asseoir sur un banc ; près du quai où son train s’était arrêté.

Elle était retournée à Bristol pour les vacances. La jeune fille n’allait pas rester longtemps chez ses parents : le Poudlard Express ne faisait que quelques allers-retours pendant les deux semaines de repos ; et Lucy avait encore des devoirs à faire. Et comme elle n’était pas autorisée à faire de la magie en dehors de Poudlard… Le plus discrètement possible, elle sortit son livre d’Histoire de la Magie, le chapitre sur les Poufsouffles.
Mais la jeune fille fut interrompue par un homme de grande taille. Il avait les cheveux châtains, coupé cours, une barbe soigneusement entretenue, des lunettes rectangulaires, un large sourire et un costume gris de bureau.

« Bonjour ma petite magicienne ! » Dit-il.
Lucy sourit. Elle rangea son livre puis serra son père dans ses bras.

Duncan Bishop était un moldu parfaitement normal, bien que son père fût – sans que personne ne le sache—un sorcier. Dès que David avait reçu sa lettre pour aller à l’école des sorciers, sa sœur et lui-même étaient allés voir l’Oncle Henry ; qui avoua les capacités hors normes de son frère ; qui tenait sa magie de leur mère.
Duncan Bishop n’était pas forcément à l’aise avec l’idée que sa fille soit elle-même une sorcière. Cependant il essayait tant bien que mal de garder cette idée pour lui-même : Lucy n’avait que onze ans ! C’était beaucoup trop jeune pour avoir ce genre d’inquiétude ! Cependant, Duncan aimerait dire que son épouse, la mère de la jeune fille, en faisait autant. Kate était une femme très gentille, mais très superstitieuse. Depuis que les sorciers étaient venus leur expliquer la situation de leur fille, Kate s’était montrée très distante vis-à-vis de sa progéniture.
Lucy savait tout cela : son père n’était pas exactement le meilleur joueur de poker du monde. Et comme disait l’autre : « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. ». Elle n’avait que onze ans, mais comprenait parfaitement la situation dans laquelle elle se trouvait.

Son père prit la malle et ensemble ils se rendirent à l’extérieur de la gare pour prendre un taxi et rentrer chez eux.

La maison des Bishops était la troisième à gauche quand on partait vers le Nord, dans un quartier modeste « bien sous tous rapports ». Toutes les maisons se ressemblaient et tous les voisins étaient aussi bon-chic bon-genre que terriblement curieux.
Le lieu de vie des Bishops, donc, avait un garage attaché au bâtiment principal. La maison, sur deux étages, était faite en briques rouges et le toit en tuiles marron. Le jardin, soigneusement entretenu par Kate Bishop, était tout ce qui avait de plus cliché pour un jardin anglais : l’herbe richement verte était tondue, les fleurs étaient parfaites, la terre était riche et bien retournée.
Lucy entra.
Il y avait devant un long couloir ouvrant sur un petit salon. À droite, il y avait deux portes menant aux bureaux, l’un appartenait à celui de Monsieur tandis que l’autre était à Madame. À gauche montait un escalier en bois. Lucy le gravit en tirant sa malle derrière elle. Quand la jeune fille arriva en haut, elle se trouva dans un nouveau long couloir : la salle de bain était à la première porte à droite, les toilettes étaient à la porte suivante. À gauche, il y avait la chambre de ses parents, la seconde était celle Lucy et la troisième était la chambre des amis. Sur les murs du couloir, il y avait des tableaux, immobiles, silencieux et donc très ennuyeux. Il y avait quelques photographies encadrées… elles aussi immobiles.

Dans sa chambre, Lucy retrouva toutes ses affaires exactement comment elle les avait laissées en partant pour le Chemin de Traverse. Le lit était poussé contre le mur à droite de la porte, le bureau était sous la double fenêtre. L’armoire était à gauche de l’entrée. Les murs étaient couverts de poster d’animaux et de chanteurs et d’acteurs moldus. Tout cela faisait bien pâle figure comparée aux merveilles que Lucy avait découvert dans le monde des sorciers et sorcières.
La première chose qu’elle fit fut de poser sa malle dans un coin, l’ouvrit et en sortit les livres de cours, qu’elle posa sur son bureau. Puis, Lucy alla retirer tous les posters sur les murs. Elle regarda le résultat de son travail. Elle se rendit alors à son bureau, ouvrit ses livres. Sur une belle feuille de papier, la jeune fille dessina une chouette. Sur une autre, un magnifique aigle, puis un hippogriffe … Bon, ses talents en Art étaient très limités. Toutefois Lucy se montra très satisfaite de son travail. Elle afficha avec un grand sentiment de fierté ses dessins sur les murs.

Tout-à-coup, son père entra doucement dans la chambre en frappant délicatement à la porte. Il hésita, surtout en apercevant la nouvelle décoration. Toutefois il ne fit aucun commentaire.
Il avait abandonné son costume pour un jean-t-shirt des plus simples. Il tenait dans son bras libre un plateau avec une théière de thé, deux tasses et des biscuits. Lucy fit immédiatement de la place sur son bureau. Avec son éternel sourire, Duncan Bishop servit le thé. Ils échangèrent les nouvelles. Le premier raconta des affaires familiales et la situation plutôt encourageante à son travail. La seconde communiqua les informations qu’elle avait reçues de David dans ses lettres. Avec fierté, elle lui montra son bulletin de notes. Et avec grande fierté, son père la félicita. Puis Lucy vit les yeux de son géniteur tombé sur ses livres de cours.

« Métamorphose, Niveau 1. » Lut-il sur la couverture. « Peux-tu vraiment transformer des objets ? »

Lucy hésita à répondre. Que pouvait-elle lui dire ?
« Pas trop. C’est difficile et le professeur me fait peur. Il s’est transformé en ours en classe le premier jour ! Et il est très strict. » Répondit-elle.
Duncan hocha la tête avec le sourire d’un père qui écoute les aventures imaginaire de son enfant. Mais au moins il écoutait attentivement et essayait d’imaginer les scènes que sa fille racontait. Lucy le regarda en silence.
Sa mère n’était pas à la maison. Sa mère était une mère au foyer, il était trois heures de l’après-midi. La voiture était devant le garage, mais son sac à main, son manteau et ses chaussures préférées étaient absents. Alors Lucy observa son père boire son thé. Il lui cachait quelque chose… Ou plutôt, il cherchait dans son esprit quelque chose à dire. Le bon moment, les bons mots.


« Où est maman ? » Demanda Lucy, finalement, après avoir bue une gorgée de thé.

Duncan Bishop demeura silencieux un long instant. Il posa sa tasse. Croqua dans un biscuit. Il essuya ses mains pour ouvrir le livre de cours sur la métamorphose. Faisait-il semblant de lire ? Lucy ne put le dire. Cependant elle savait qu’il n’avait pas vraiment envie d’en parler. Éventuellement il abandonna sa lecture. En caressa nerveusement le livre, les yeux baissés, il dit :
« Elle est chez ta grand-mère. »
« Quand pense-t-elle revenir ? » Demanda Lucy.

Elle avait demandé, mais au fond d’elle, elle connaissait déjà la réponse. Son père demeura longtemps silencieux.

« Ta mère et moi avons eu… une dispute. » Dit-il. « Et une autre. Puis une autre. Et puis je suis parti au travail et elle était partie. »

Lucy avala la nouvelle. Sa mère allait revenir, n’est-ce pas ? Une réponse positive était tout ce qu’elle voulait entendre.
«Ta mère et moi allons divorcer. » Continua Duncan. «Les représentants sorciers s’occuperont de camoufler ta scolarité auprès du juge. »


Lucy avait passé le reste de la journée sans la moindre énergie. Sa mère était partie. Elle ne voulait pas revenir. Personne n’allait l’y contraindre.

Plus tard dans l’année, Lucy reçut une lettre du Ministère annonçant le divorce de ses parents, ainsi que la douloureuse nouvelle que sa mère avait donné tous les droits de garde à son père. Pour Lucy, rien n’allait changer… si ce n’était que sa mère ne voulait plus la voir.


Les livres sont la vie: mangez-les!
(Signature: Midnightblue / 191970)